29-Les Grands Faits Divers - Affaire Yvette Et René Balaire

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CHRISTOPHE HONDELATTE a git YVE iE & RENE BALA'TRE (ILS N’EN AVAIENT POURTANT BALAIRE) LES AMANTS DIABOLIQUES DE BOURGANEUF Nous sommes le 23 février 1970, sur les routes de la Creuse. Il est tard mais quelques voitures passent encore. Non loin de Saint-Bonnet- Briance, un chauffeur routier remarque un épais nuage de fumée qui s’éléve du fossé. Alarmé, il ralentit. Il y a eu un accident, une voiture est en train de briler. L’homme s’arréte, se gare en hate sur le bas-cété, et se précipite vers le véhicule pour porter secours a ses passagers. Allongée dans Vherbe, a cété de la voiture, une femme est inconsciente. Et, encore prisonnier dans la voiture, & la place du conducteur, le corps d’un homme achéve de se calciner. Son premier réflexe est de mettre la femme en sécurité sur le bord de la route, loin de la voiture accidentée. En la déplagant, il se rend compte qu’elle est consciente. La femme a été éjectée, et elle est bien vivante. Le chauffeur alerte immédiatement les gendarmes : « Il y a eu un accident ! Oui, un accident, une voiture en feu ! Le conducteur est mort, mais la passagére s’en est sortie... Elle a été éjectée ! » Lorsque les gendarmes et les pompiers arrivent sur les lieux, la femme a complétement repris ses esprits, et se présente immédiatement : « Je m/appelle Yvette, Yvette Balaire. Mon mari et moi sommes quincailliers a Bourganeuf. Nous étions & un congrés professionnel & Brive... René a dQ s’endormir au volant, il était trés fatigué... » Comprenant que son mari ne s’en est pas sorti, Yvette éclate en sanglots. Elle est emmenée V’h6pital et placée en observation. Dés le lendemain, la nouvelle fait le tour de Bourganeuf. «T’es pas au courant ? René, René Balaire, le quincaillier de la grande tue ? Il est mort ! Oui, tué dans un accident de voiture ! Mais Yvette, sa femme, elle s’en est sortie ! » Ce n’est pas trés grand, Bourganeuf, un gros bourg tout au plus. Alors évidemment, Yvette et René Balaire, tout le monde les connait. Et c’est justement pour cette raison que, d’emblée, personne ne va croire A cette histoire d’accident. Personne ! Yvette Balaire, pensez-vous ! Elle est connue pour avoir la cuisse légére, comme on dit. Et surtout, elle a un amant notoire, Bernard Cousty. Tout Bourgancuf sait bien que ces deux- 1a prennent du bon temps... Alors, la mort de René Balaire, entre nous... a doit plutot les arranger, les deux tourtereaux. Trois jours aprés l’accident, on enterre le pauvre René. Yvette est absente. On la dit en état de choc. Admettons, mais tout de méme, ne pas venir 4 l’enterrement de son mari... Ga ne se fait pas, si ? Les rumeurs vont bon train. A vrai dire, ga faisait un moment que tout le monde se demandait ce que René faisait encore avec Yvette. Méme leur mariage avait suscité ]’émoi dans la ville. Yvette, 4 l’€poque, était fille-mére d’un petit garcon, Gérald, que René avait adopté sans sourciller. Remarquez, il n’a peut-étre pas eu tort de l’adopter, ce gamin, car figurez-vous que c’est lui qui, aprés I’accident, a écrit au procureur pour demander une enquéte. Sans cela, cette affaire serait sans doute restée un malheureux accident de voiture. Voici ce qui intrigue Gérald — et ce qui intrigue pas mal d’habitants de Bourganeuf : aprés l’accident, en examinant la voiture, on a constaté que la portigre du passager était fermée A clef. Comment Yvette aurait-elle pu &tre projetée hors de la voiture ? L’enquéte est lancée. Et une enquéte, dans ce genre d’affaire, commence toujours par une expertise. En examinant la voiture, pas besoin d’étre Einstein pour remarquer tout de suite que quelque chose cloche. L’avant de la voiture est pratiquement intact alors que l’arrigre est complétement détruit. Cela n’a pas de sens ! Quand une voiture prend feu, c’est par le moteur, donc par l’avant. La version d’ Yvette commence a vaciller, Qui dit enquéte dit également autopsie. On exhume donc le corps de René. La aussi, pas besoin d’aller plus loin pour constater qu’il y a un probleme. Sur la radio, entre les lombaires, on distingue nettement une balle de revolver. Bingo ! Ce n’était donc pas un accident. Les comméres de Bourganeuf avaient raison. Mieux encore, le médecin légiste révéle que René est mort brilé vif, qu’il respirait encore lorsqu’on a mis le feu a la voiture. Les traces de dioxyde d’azote retrouvées dans son sang ne mentent pas. FEvidemment, Yvette est immédiatement convoquée a la gendarmerie. On la fait sasseoir et, dans un geste savamment étudié, le gendarme qui Vinterroge lui met sous le nez la balle de revolver qu’on a retrouvée dans le corps de son mari. La veuve éplorée est prise de court, elle n’était pas du tout préparée A ce retournement de situation. Elle pensait avoir réussi son coup. Alors, comme un ballon qui se dégonfle, elle avoue tout. Oui, c’est un meurtre. Et ce meurtre, elle l’a monté avec son amant, Bernard Cousty. Ni une ni deux, l’amant la rejoint en garde 2 vue A la gendarmerie de Bourganeuf. Et lui aussi se débine tout de suite, et raconte l’incroyable scénario de cet assassinat. Ce soit-l, sur le bord de la route, le couple a croisé un auto-stoppeur et a décidé de s’arréter. Evidemment, l’auto-stoppeur en question n’était autre que Bernard Cousty, affublé d’une fausse barbe. Le déguisement était grotesque, René 1’a reconnu tout de suite et s'est mis en colere, insultant sans vergogne l’amant de sa femme. Les deux hommes ont commencé a se battre. Le cocu et l’amant, un vrai vaudeville ! A un moment, René a réussi s’emparer d’une clé & molette et s’en est servi pour frapper Bernard. Ce dernier a alors dégainé son revolver et logé une balle dans la poitrine de René. Bernard raconte la suite de cette soirée macabre : « Il y avait un pont, pas loin. On a remis le corps de René dans la voiture, a la place du conducteur, puis on 1’a poussée dans le fossé. Et voila, on I’a aspergée d’essence et on y a mis le feu. » Pour cela, ils ont dQ utiliser plusieurs bidons d’essence. Ensuite, Yvette s’est couchée dans Vherbe, 4 c6té de la voiture, et a sagement attendu qu’on les retrouve. Bernard quant a lui s'est éclipsé avec sa voiture, qu’il avait garée dans un chemin forestier, non loin de la scéne du crime. Puis il est rentré chez lui, & Aubusson, non sans avoir jeté son arme dans 1’étang de Chantegrelle. Il s’en est fallu de peu pour que les deux tourtereaux passent a travers les mailles du filet. Mais ils ont été trop négligents. S’ils n’avaient pas commis la bétise de laisser la porte passager verrouillée, s’ils avaient aspergé la voiture d’essence a l’avant et non pas A I’arriére, et si Yvette avait pris la peine de s’amocher un tout petit peu... leur histoire aurait pu passer comme une lettre a Ia poste ! Le mari enterré, la voiture a la casse, et on avait un crime parfait. Mais désormais, il s’agit d’un meurtre avec préméditation, en un mot, d’un assassinat. Et il faut maintenant dénouer l’écheveau des responsabilités. Selon Yvette, c’est Bernard qui a tiré. Elle n’est que sa complice. Mais qui a eu l’idée de ce plan ? Qui a joué quel réle précisément ? C’est ce que va tenter d’établir 'enquéte en vue du proces de ceux que l’on surnomme désormais « Les amants diaboliques de Bourganeuf ». Si l'on considére les choses froidement, quels avantages Yvette pouvait-elle tirer de la mort accidentelle de son mari ? Un bon nombre. D’abord, c’est elle qui hérite de la quincaillerie et de la maison. Elle touche également I’assurance décés que René venait de contracter, pour un montant de 270 000 francs. Et par-dessus tout, elle peut désormais vivre au grand jour son amour avec Bernard, son amant depuis cing ans Méme si ce n’est pas elle qui a tiré — et donc tué René -, elle a tout de méme joué un réle majeur dans cette histoire. Et Bernard, alors ? Il est agent commercial chez EDF et veuf... depuis deux mois ! Sa femme Ginette a été emportée par une grippe la nuit du réveillon de Noél 1969. Elle est l'une des victimes de la grippe de Hong Kong, qui a sévi en France de 1968 & 1969 et qui a fait prés d’un million de victimes dans le monde entier. Ce fameux 24 décembre, Bernard a dQ faire venir le médecin deux fois : la premiére pour constater les symptémes de Ginette, une forte fiévre et des douleurs. La seconde pour constater le décés. Le médecin n’en était pas revenu, tout était allé si vite ! Il avait méme dit a Bernard : « Une femme si jeune et en bonne santé, qui meurt d’une grippe en quelques heures... Je n’ai jamais vu ga ! » Tl avait méme refusé de délivrer un permis d’inhumer et avait alerté la police. Une courte enquéte avait été menée. Mais 4 Aubusson, Bemard a bonne réputation. Le médecin avait fini par signer I’acte de décés, et I’on n’avait plus parlé de cette histoire Et maintenant, il n’est pas trés difficile d’envisager un scénario macabre, un plan tordu. Bernard Cousty aurait-il tué sa femme avant de s’en prendre au mari de sa maitresse ? S’agit-il d’un double meurtre ? La réponse est oui. La scéne des aveux est surréaliste. Cela fait des heures que Bernard est en garde & vue a la gendarmerie de Bourganeuf. Des heures qu’il explique comment il a tué René Balaire. Des heures qu’on lui demande de décrire le réle d’ Yvette. Il est en train de relire sa déposition, il s’appréte a la signer... Quand soudain, il léve la téte et lache au gendarme qui est en face de lui : « J’ai aussi tué ma femme. » Une fois de plus, on n’est pas passé loin du crime parfait ! Bernard explique que sa femme avait réellement la gripe, que le médecin ne s’était pas trompé. C’est peu apres sa visite qu’il lui a préparé un bouillon, un « bouillon de 11 heures » comme on dit, dans lequel il a ajouté des barbituriques pilés. Puis il a demandé 4 sa fille Michelle de Vapporter & Ginette. I] faut étre tordu pour demander une chose pareille a sa propre fille... Aprés s’étre assuré que Ginette dormait a poings fermés, il a aspergé son oreiller d’une forte dose d’éther. La pauvre femme est morte asphyxiée. Et voila les gendarmes avec une deuxiéme enquéte sur le dos. Ils ordonnent I’exhumation du corps de Ginette pour procéder A une autopsie. Quand le médecin légiste ouvre le cercueil, deux mois aprés Vinhumation, ’odeur d’éther est saisissante et le prend a la gorge. On retrouve bien des traces de barbituriques dans le sang de la victime et sa mort, précise le légiste, est survenue par étouffement. Et voila, deux assassinats pour le prix d’un ! La presse de 1’ époque, qui se passionnait déja pour cette histoire d’amants diaboliques, devient hystérique. Car ce sont deux crimes d’amour, deux crimes passionnels. Les amants de Bourganeuf font la une de tous les journaux. Reste encore a déterminer qui a fait quoi dans cette histoire. Yvette Balaire et Bernard Cousty étaient amants depuis cing ans. Comment et pourquoi en sont-ils venus a éliminer leurs conjoints plutét que de divorcer, tout simplement ? Reconnaissons que le divorce, dans les années 1970 et dans la Creuse, était plutét mal vu. A I’époque, on divorgait « pour faute » : il fallait accuser l’autre et s’embarquer dans une procédure longue, cotiteuse et violente. Le divorce par consentement mutuel n’existait pas encore. Mais est-ce que cela explique pour autant que Bernard et Yvette aient choisi de tuer ? Certainement pas. Si tous ceux qui n’osaient pas divorcer s’étaient entretués, on aurait eu une chute démographique vertigineuse. L’explication du divorce impossible est bien trop simpliste. Qu’a-t-il bien pu se passer dans la téte de ces deux-la pour qu’ils perdent la raison a ce point ? C’est exactement le sujet de ce qu’on appelle l’enquéte de personnalité, systématique dans les affaires criminelles. Peut-étre que la clé de l’histoire est 1a. Commengons par Yvette. A Bourganeuf, elle jouait un peu les bourgeoises. Un petit cété « m’as-tu-vu », un manque de simplicité... Pour dire les choses comme elles sont, elle « pétait plus haut que son cul ». René, c’était tout l'inverse. Un homme simple, en bleu de travail et casquette A carreaux qui, malgré sa position de commergant du centre- ville, faisait & c6té des petits travaux de plomberie pour arrondir les fins de mois. II ne prenait pas d’airs, René, au contraire. Alors que Bernard... Bernard était toujours en costume, le coup de peigne impeccable. Et du bagout, avec ca ! Il travaillait pour EDF. Arrivé simple agent, il avait gravi les échelons pour devenir commercial, rien de moins. A I’époque, ga en jetait. René savait bien sfir que sa femme le trompait. Mais il tenait manifestement A sauver les apparences. Pour lui, hors de question de divorcer ! C’est tout de méme étonnant... Car c’était seulement pour les apparences. Tout Bourganeuf savait qu’il ne passait plus les portes, comme on dit... Pendant cing ans, Yvette a joué le jeu. Les bras de son amant la journée, et ceux de son mari le soir. Maitresse enfiévrée et épouse dévouée dans la méme journée. Puis un jour, elle en a eu marre de jouer la comédie... Et voila tout ce qu’il y a A apprendre sur ce trio. Entre nous, rien d’extraordinaire. Rien qui puisse expliquer un double meurtre. L’un des enjeux du procés est de savoir si le couple de criminels va rester uni ou si, comme c’est souvent le cas, ils vont la jouer chacun pour soi. Car les voila tous les deux en prison, inculpés pour homicide volontaire. On compte beaucoup sur la reconstitution pour lever le mystére. On les conduit tous les deux a Saint-Bonnet-Briance, sur la scéne du crime. La oii, avec sa fausse barbe ridicule, Bernard s’est fait passer pour un auto-stoppeur avant de tuer René d’une balle de revolver, avec la complicité de sa maitresse. On leur demande de rejouer la scéne. Bernard avec sa barbe, Yvette dans la voiture. Mais, manifestement, ga les secoue beaucoup. Bernard est livide, il a perdu toute sa faconde. Yvette s’évanouit. On est obligé de l’évacuer et de la ramener en prison. La reconstitution est un échec, mais, finalement, ce n’est pas trés dérangeant : on sait que c’est Bernard qui a mis le feu a la voiture et que, par voie de conséquence, c’est lui Vassassin. Yvette, quant a elle, est sa complice. On en profite pour conduire Bernard a I’étang de Chantegrelle, 1 od il dit avoir jeté son revolver. Des plongeurs ont été mobilisés. Bernard désigne sans hésiter Vendroit od il aurait jeté l’arme, mais les plongeurs ne retrouvent rien. Le juge voudrait maintenant savoir qui a eu l’idée de cette mise en scéne ridicule, la barbe, I’auto-stoppeur et tout le reste. Ils répondent dune seule voix : « C’est que je ne m’en souviens plus. » Amnésie générale ! Le duo tient le coup... Mais jusqu’a quand ? Une premiére faille est mise en lumitre : Yvette ne savait pas que Bernard avait empoisonné sa femme... Vous comprenez en tout cas pourquoi cette affaire passionne la presse. Un vaudeville grandeur nature, dans la Creuse, qui risque fort de se terminer par deux coups de guillotine au petit matin, a la prison de Guéret. C’est en général le prix d’un meurtre avec préméditation... Pour Bernard en tout cas. Pour Yvette, cela va dépendre de sa défense. Un bon avocat peut lui éviter la mort. Le procés des amants diaboliques s’ouvre le 29 mai 1972 devant la cour d’assises de Limoges. Bernard Cousty et Yvette Balaire arrivent au tribunal sous les huées de la foule. On les siffle, on les insulte... Pas de pitié pour le couple de meurtriers ! Les journalistes, évidemment présents, décrivent la sc8ne par le menu. Dans le box, Bernard Cousty impressionne par sa carrure. On parle d’un « grand gaillard, brun aux épaules larges, aux pommettes un peu lie-de-vin, un homme massif et sant ». Yvette, quant a elle, est décrite comme « une petite créature maigre au teint de cire » dans laquelle on devine néanmoins « quelque chose d’ardent ». Et, dés le premier jour, ce qui devait arriver arriva. Le grand gaillard et la petite créature, ce couple adultére et meurtrier, explose en vol. Cela n’a rien d’étonnant. Si l'avocat d’Yvette, M* Pleinevert, veut sauver la téte de sa cliente, il doit 1’éloigner le plus possible des crimes de son amant. A partir de maintenant, c’est chacun ‘Yvette donne le ton lorsqu’elle déclare : « A vrai dire, je voyais bien qu’il ne tournait pas rond... J’ai tout fait pour le dissuader, pour Varréter. J’y suis pas artivée. » Au deuxiéme jour d’audience, tout le monde retient son souffle. Gérald, le fils d’ Yvette et du défunt René, s’approche de la barre. On se souvient que c’est lui qui a déclenché l’enquéte, en alertant les gendarmes sur les incohérences du discours de sa mére. A I’époque, on en avait déduit qu’il avait, comme beaucoup de monde, des doutes sur les conditions de la mort de son pére adoptif, et sur le rdle qu’avait joué sa mére. Eh bien tout le monde s’était trompé | C’est ce qu’il prétend a la barre : « Tl a commencé a y avoir des rumeurs. On disait que ce n’ était pas un accident mais un crime. C’est pour faire justice et laver ma mére de tout soupgon que j’ai écrit au procureur. Avant de le faire, j’ai consulté ma mire & I’hépital of elle se trouvait encore. Elle m’a dit d’écrire la lettre en ajoutant que cela la soulagerait... » Yvette I’aurait donc encouragé a la dénoncer, en quelque sorte. C’est bien ce qu’il dit. Les jurés vont adorer... Et Yvette n’a pas fini de surprendre tout le monde. Au cours du proces, elle va en sortir de bien bonnes ! « J’étais horrifiée par cette idée d’assassinat et lui ai fait promettre de ne plus y penser. » « Si j’avais su que l’homme qui attendait sur le bord de la route le 23 février était Cousty, je ne me serais pas arrétée bien sir. » Ce A quoi le président répond, ironique : « Comme vous auriez bien fait, madame ! » Du cété de Bernard, la situation est plus désespérée. Il tente de se défendre tant bien que mal en disant que René voulait le tuer, qu’il ne supportait plus la liaison de sa femme, qu’il ne voulait plus étre un mari complaisant. II tente méme de plaider la Iégitime défense, le fameux soir de l’assassinat : René |’aurait violemment attaqué et il lui aurait tiré dessus uniquement pour sauver sa propre peau. Son avocat, M* Bonnenfant, en est réduit & dire qu’il n’est pas certain que Bernard ait tué sa femme. C’est osé : Bernard a tout de méme avoué le crime lui- méme, sans qu’on lui ait rien demandé. Et maintenant, on voudrait nous faire croire qu’elle est morte de la grippe ! Cette thése fait sourire l’audience... Personne n’est dupe ! Rendez-vous donc pour le verdict. Lorsque le président demande aux deux accusés s’ils ont quelque chose a ajouter pour leur défense, Bernard Cousty répond : « J’éprouve un profond remords et je souhaite pouvoir me racheter. » Yvette, quant a elle, répéte, en larmes : « Je ne suis pas coupable, je ne suis pas coupable, je n’ai pas voulu la mort de mon mari ! » Les jurés délibérent pendant une heure et demie. La sentence tombe. Yvette Balaire sauve sa téte et écope de dix ans de réclusion criminelle. Bernard, en revanche, est condamné a mort. L’affaire semble bouclée... Jusqu’a ce qu’un des jurés, un mécanicien, se léve et demande a prendre la parole. C’est absolument interdit et, coup de chance pour Bernard, cela renvoie le procés en cassation. Et la cassation, c’est la certitude d’un nouveau procés. Bernard, évidemment, saute sur l’occasion et décide de se « pourvoir », comme on dit. Le 28 mars 1973, Bernard Cousty est de nouveau jugé, seul cette fois-ci, et condamné 4 la réclusion criminelle a perpétuité par la cour d’assises de Bordeaux. Fin de course pour ces deux amants diaboliques.

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