Defense Et Restauration Des Sols
Defense Et Restauration Des Sols
Defense Et Restauration Des Sols
DEFENSE
ET
RESTAURATION
DES SOLS
Pierre RUELLE
Modou SENE
AVANT PROPOS
FICHE Nol
Le ruissellement a des effets visibles lorsque le volume d’eau qui circule et son énergie sont
suffisants pour provoquer des destructions. Dès lors, il pourra endommager des pistes, même
lorsqu’elles auront Cté stabilisées par de la latérite, couper en de multiples endroits les pistes
agricoles (photos 11 et 12), attaquer certains quartiers des villages, entailler les parcelles de
culture aux ruptures de pentes (photo 13). Les villageois directement menacés dans leur vie
quotidienne, essaient dès lors de lutter et de parer au plus pressé avec beaucoup de difficultés
et souvent peu d’efficacité face à l’ampleur prise par les phénomènes..
1.1
En fait, le ruissellement et l’érosion hydrique qui lui est liée ne sont pas continus, ce qui les
rend plus difficiles à analyser: pendant plusieurs pluies, voire tout un hivernage, ils peuvent
être tout a fait négligeables avant d’atteindre une niveau catastrophique. Le lien avec l’effet de
pratiques développées depuis plusieurs années n’est dès lors établi que progressivement,
comme le montrent les discussions avec les paysans.
Différentes formes de l’érosion hydrique en découlent. L’érosion en nappe est très pro-
gressive et difficile à percevoir. Elle entraine les particules les plus fines (l’argile), l’humus et
les éléments minéraux. Dans le cas du ruissellement concentré, l’eau a une énergie suffisante
pour arracher des particules de terre (photo 14)et former des rigoles, des ravineaux puis des
ravines qui entaillent de plus en plus profondément la surface du sol et deviennent difficiles
à franchir. Dans certains cas, sur une large surface, toute la couche supérieure du sol, qui est
la couche fertile, peut être emportée, on a alors une surface nue oh rien ne pousse («badland»).
Les paysans savent que cette évolution négative s’est poursuivie avec l’augmentation des
surfaces cultivées. Ceci a entrainé le défrichement de surfaces auparavant en forêt puis, faute
d’autres disponiblités, a conduit à mettre en culture des terres de qualité de plus en plus
médiocre avec des sols superficiels et fragiles. Les autres causes citées font mention de la
culture attelée et du dessouchage, de la surexploitation des forêts et parcours pour le bois et le
fourrage. Mais, il est impossible de revenir en arrière ! Il faut tenir compte de l’augmentation
de la population, des modifications des techniques (la traction attelée est un acquis sur lequel
personne ne désire revenir), et des effets du climat: la diminution de la pluviométrie a amplifié
et aggravé la tendance à la dégradation du milieu.
Cette analyse est incomplète si elle ne s’appuie pas sur une étude des causes physiques des
phénomènes, pour laquelle il est utile de rappeler quelques évidences:
- lorsque la pluie tombe sur le sol, elle a d’abord tendance à s’infiltrer et le surplus éventuel.
ruisselle si la topographie le permet.
- toute l’eau ne s’infiltre pas si la pluviométrie est supérieure à la capacité d’infiltration du
sol.
Dans la zone tropicale, les pluies sont souvent très violentes et prennent l’allure de «trom-
bes» d’eau: la pluviométrie horaire varie au cours de l’évènement pluvieux, mais atteint fré-
quemment 100, 15Omm/h ou plus, si on considère des intervalles de temps de 5mn (photo 15).
Les sols, souvent sableux en surface, ont une bonne infiltrabilité: en régime permanent sous
lame d’eau, on peut mesurer des valeurs de lOOmm/h, en bas de pente sur les bourrelets de
berge des marigots, ou même des valeurs supérieures sur sable dunaire. Mais sous l’impact des
gouttes de pluie, la structure de surface du sol est détruite et il se forme une croûte (bien
connue des paysans) qui limite fortement l’infiltration. Dès lors les meilleurs sols se trouvent
incapables d’infiltrer toute la pluie: il apparait un ruissellement généralisé et c’est dans ce
contexte qu’il faut situer les interventions à proposer, dont la définition est établie avec les
paysans.
1.2
ISRA - FICHE TECHNIQUE Np 1
Les fiches techniques suivantes de Défense et Restauration des Sols, encore appelées par les
Anglo-saxons, et peut être de façon plus juste, Conservation des Eaux et des Sols constituent
un ensemble dont il convient de faire apparaitre la cohérence.
Les quelques indications résumées ci-dessus montrent qu’il existera toujours du ruisselle-
ment, aussi il est nécessaire, tout en intervenant pour favoriser l’infiltration, de raisonner des
dispositifs propres à maitriser le ruissellement et en premier lieu à éviter qu’il ne se concentre,
Ce premier résultat peut être obtenu en mettant en place des dispositifs filtrants qui ont
l’avantage de laisser passer l’eau excédentaire et donc ne risquent pas d’être emportés commme
les diguettes en terre. Deux types de dispositifs seront envisagés: les cordons de pierres
constitués de blocs de cuirasse et les haies vives seules ou associées à des herbacées, sous
forme de lignes d’arrêt. Un maillage du paysage se mettra ainsi progressivement en place,
absorbant l’énergie du ruissellement, provoquant le dépot des matériaux transportés, indui-
sant un supplément d’infiltration et un étalement de l’eau non infiltrée.
Dans les zones non cultivées, il est souhaitable de favoriser la vie biologique du sol:
l’influence des termites sur la porosité du sol, notamment, est très importante, leur activité
n’est possible qu’en présence de matière organique et donc d’une végétation abondante. La
protection de l’état acquis dépend ensuite du développement du couvert végétal: arbres,
arbustes, strate herbacée. Il s’agira donc souvent d’inverser un cycle défavorable par des
opérations de Défense et Restauration des Sols s’appuyant sur la Foresterie des zones
non cultivées, prenant en compte forêts et parcours, productions de bois et de fourrage.
Dans les zones de cultures, un rôle de premier plan est évidemment dévolu aux techniques
culturales. La préservation d’un état favorable dépendra étroitement de la stabilité structu-
rale du sol, des espèces cultivées et de la croissance de la culture fournissant un fort taux de
couverture. Ceci nous conduit à prendre en compte l’itinéraire technique dans son ensemble
et plus largement le système de culture. Les techniques de DRS rejoignent d’ailleurs presque
toujours les techniques d’intensification.
Des dispositifs complémentaires pour répondre aux besoins des villageois pourront
s’ajouter aux propositions précédentes: plantations champêtres pour reconstituer un paysage
à parc, compatible avec la culture attelée, lorsqu’il est souhaité; fossés de dérivation pour
évacuer les excédents d’eau dans certains cas particuliers; protection de pistes, traitement des
passages d’eau et ravines . . .
Les techniques de DRS doivent aussi déboucher sur une gestion de l’eau excédentaire (uti-
lisable par épandage, par stockage...) qui sera abordée ultérieurement.
Toutes ces techniques peuvent rarement être développées en même temps dans l’aménage-
ment global d’un finage villageois. Elles doivent dans tous les cas, il ne faut pas l’oublier,
procéder d’une volonté des villageois concernés, en tenant compte des interactions entre les
différentes interventions souhaitables afin d’éviter des incohérences préjudiciables.
1.3
ISRA - PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE
FICHE No2
I.-ROLE
Le cordon de pierres est composé d’un alignement*de blocs de cuirasse. Il fait partie des
dispositifs utilisables sur les zones de ruissellement en nappe ou les passages d’eau encore peu
marqués. Il doit :
-laisser filtrer l’eau; comme de plus il est submersible, il ne sera pas emporté en cas de fortes
pluies (contrairement aux diguettes en terre)
-favoriser l’étalement de l’eau et éviter la formation de ravineaux et rigoles
-diminuer la vitesse de l’eau et donc son énergie (sa compétence) et provoquer le dépot des
particules de terre, des graines et débris végétaux qui étaient transportés par le ruissellement
-permettre la rétention d’une faible quantité d’eau en amont (lame de quelques cm), son
infiltration et donc le stockage d’une quantité d’eau supplémentaire au niveau du cordon de
pierres (photo 22).
Les blocs de cuirasse sont disponibles en assez grande quantité dans le sud Sine Saloum. Mais,
la quantité facilement accessible aux paysans implique que I’on réserve leur utilisation aux sites
où il existe des ressources à proximite et aux zones difficiles ou les autres techniques ne sont
pas utilisables.
Dans le second cas, ils sont indispensables dans les passages d’eau, en particulier dans les
cultures, même s’il est nécessaire de les transporter depuis une distance importante.
Q
III ARACTERI TI
31.-Disposition
Le cordon de pierres doit être isohypse, c’est à dire selon les courbes de niveau, ou au moins
perpendiculaire à la ligne de plus grande pente.
La première étape sera donc le repérage des lignes de même altitude ou courbes de niveau et
lignes de plus grande pente. Cette opération peut être réalisée avec un matériel topographique
classique simple, niveau automatique et mire (prix moyen 7000 FF HT) ou à l’aide de la technique
plus robuste du niveau à
eau (2 jalons en bois de
1 2m gradués reliés par un
tuyau flexible transparent
plein d’eau). Dans le cas
des pentes faibles, le re-
pérage est plus difficile.
Les courbes de niveau sont
marquées au sol par la mise
en place de petits piquets
/ (fig.21).
/’
Pour éviter des contours compliqués, les courbes peuvent être légèrement redressées pour
se rapprocher d’un parcours rectiligne plus facile à utiliser. Dans ce cas, des circulations latéra-
les d’eau peuvent se pro-
duire, elles seront contro-
lées par la mise en place
de petits épis perpendi-
culaires au cordon (fig.22
et 23) composés de quel-
ques blocs de cuirasse.
,’ ,*/’
‘i.-/d-.---
’ A’ j/ ,/’/“’ r----
_,
-_---A -. -- --._ -.--~-y ,/’
/ L
2.2
‘SRA - FICHE TECHNIQUE NQ2
-A
fie.23 : mise en nlace d’éois latéraux a!Q,w
Pour les parcelles de culture, il faut impérativement, respecter les contraintes de la culture at-
telée, sinon le paysan ne pourra adopter la technique proposée. Cela implique un redressement
important de la courbe de niveau et son déplacement éventuel pour obtenir simplement une ligne
(ou deux ou trois portions de lignes droites) perpendiculaire à la ligne de plus grande pente, en
limite de parcelle (fig.24).
---_--_--~*
----------’
----__--*
L’expérience montre que les paysans sont prêts à accepter ces contraintes si leur champ est
dégradé et si l’on pertube le moins possible le travail en traction attelée: lignes droites de lon-
gueur suffisante, avec le moins possible de «pointes» dans les parcelles et écartement entre les
cordons suffisant (cf infra). L’implantation des cordons doit obligatoirement se faire avec
l’accord du propriétaire du champ - évidence qu’il n’est pas inutile de rappeler.
2.3
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 2
s
32.-Ecartement
Le choix de l’écartement entre les cordons doit se faire avec pragmatisme. Les formules
diverses proposées ont été établies en général pour l’Afrique du Nord ou Madagascar, pour des
diguettes et non des dispositifs filtrants et ne tiennent pratiquement jamais compte de l’infiltra-
bilité des sols. Il convient d’adopter des propositions simples et d’envisager des corrections
ultérieures en cas de problèmes.
Dans les zones non cultivées, forêt et parcours, si le sol présente une rugosité naturelle
importante (présence de blocs, cailloux, graviers), ce qui est un cas fréquent, la compétence du
ruissellement est réduite et le rôle du cordon de pierres est de limiter la concentration du
ruissellement et de favoriser localement l’implantation d’une strate herbacée (photo 22),
arbustive et arborée. L’écartement pourra être de 30 m ou plus suivant la pente et l’état du milieu.
Les cordons sont à raisonner dans un ensemble (cf fiche n”5). Il est important de les implanter aux
ruptures de pente (photo 23) ainsi qu’en amont et à proximité immédiate des cultures.
A titre d’exemple, on peut proposer des cordons de pierres de 30 à 40 cm de haut tous les 50 à
60 m pour une zone dégradée en présence d’un sol rugueux, avec une pente de 3%.
Dans la zone cultivée, la pente est en général plus faible, voisine de 0,5 à 1,5 % mais le sol est
nu et lisse au moment des premières pluies. Un écartement de 30 à 50 m est compatible avec la
culture attelée et à adapter au parcellaire. Le paysan implantera sa culture en suivant le cordon
de pierre et donc perpendiculairement à la pente.
33.- Constitution
Les cordons doivent jouer efficacement leur rôle de filtre et de dissipateur d’énergie. On
trouve couramment des blocs de cuirasse sous forme de parallélépipèdes de 20 à 30 cm de côté,
aux bords arrondis (sauf dans les vallées alluviales et sur certains talus où ils sont plus petits).
Pour éviter que le ruissellement ne se concentre entre les blocs (fig.26) où des espaces importants
peuvent exister, il faut placer dans ces interstices des blocs plus petits et des cailloux. De même
2.4
MA - FICHE TECHNIQUE N* 2
les blocs doivent rester bien en place même si des animaux marchent sur le cordon, il faut donc
les caler correctement chaque fois que nécessaire lors de la mise en place des blocs, une bonne
stabilité est un facteur indispensable à l’efficacité et la pérennité du dispositif.
__.----.- -...-~
34.-Orgu~~isalion du chaniiet
La collecte requiert un minimum de matériel: pics, pioches et barres à mine. Le transport peut
s’effectuer avec des charettes à boeufs sur de courtes distances, sinon il sera intéressant de
prévoir un camion. Lors de la mise en place, il est indispensable de prévoir quelques adultes et des
enfants pour le calage et le remplissage des espaces entre les blocs par des cailloux. (fig.26)
IV.- ENTRETIEN
Les cordons de pierres isohypses présentent une très bonne pérennité, même lorsqu’ils sont
situés à proximité d’un passage de troupeau. Cependant, un minimum d’entretien est souhaitable
chaque année pour remettre en place les blocs et cailloux déplacés. Cette opération dans un
parcours nécessite environ 0,5 personne x jour/an pour 1000 m de cordons.
Dans le cas de parcelles de culture (2,5 ha), sur bas glacis, isolées de l’amont, la mise en place
de 3 cordons de pierres dans les passages d’eau a fait chuter le charriage (mesure dans une fosse
à l’exutoire de la parcelle) de 1 T/ha/an environ à 200 kg/ha/an dès la première année (l’expe-
rimentation se poursuit).
Ces indications illustrent sur quelques cas particuliers l’effet des cordons de pierres isohypses
lié au redémarrage de l’activité biologique. en amont de cordons: dépots avec résidus organiques
provoquant une intervention des termites, dont les galeries font réapparaitre une macroporosité
favorable à l’infilration; ces mêmes dépots fournissent un milieu favorable a la mise en place
d’une strate herbacée. Dés lors, le processus peut s’inverser, les particules fines sont aussi
arrétées et un mince horizon de surface se remet en place, il se produit une «reveg&alisation» a
partir du cordon de pierres.
Le controle du ruissellement par ce dispositif est surtout visible au départ sur l’amélioration
de la densité des cultures (et le rendement) dans les passages d’eau des parcelles cultivées.
Toutefois si une quantité d’eau importante arrive sur une parcelle, le traitement de tout un
versant à l’amont peut ne pas être suffisant pour controler la dégradation et protéger la culture
contre le ruissellement. Dans ce cas, compléter ce traitement par l’utilisation de fosses de
dérivation pour évacuer l’eau excédentaire est envisageable si les conditions topographiques sont
favorables (et seulement dans ce cas, fiche en préparation). De même, la «revegetalisation»
nature@ peut être complétée par des plantations de ligneux en amont ou en aval du cordon (cf
fiches n 4 et 5).
2.6
ISRA - PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE
FICHE N O3
A - ASPECTS GENERAUX
LROLE
Les haies vives placées de manière isohypse ou au moins perpendiculairement à la pente auront,
comme les cordons de pierres, un effet sur le ruissellement en nappe ; dans le cas de ruissellement
concentré, elles devront être associées à d’autres techniques. Composées d’arbres et d’arbustes, avec
une bonne implantation et des ramifications importantes dès la base (haies fermées), elles pourront:
- jouer un rôle de filtre, favoriser une répartition uniforme de l’eau de ruissellement et le dépot des
matériaux transportés
- avoir une efficacité importante dès les premières pluies, qui sont très agressives pour des sols nus:
en tant que plantes perennes, le démarrage de lavégétation se fera à la fin de la saison sèche ou au début
de l’hivernage
- permettre la formation d’un talus progressif qui s’appuyera sur la haie et pourra induire un
nouveau profil d’équilibre dans la parcelle
- avoir une action sur la circulation des animaux et donc contribuer au controle des surfaces
sensibles au ruissellement et à l’érosion.
Les haies vives ont leur place en limite des zones de cultures et surtout dans la zone appro-
priée, d’une part en bordure des parcelles et des pistes et d’autre part au sein des parcelles
lorsque leur dimension est suffisamment importante. Elles doivent permettre de constituer un
maillage de la zone cultivée à l’intérieur duquel pourront prendre place les autres interventions.
Il faut noter que les haies sont bien acceptées par les paysans ainsi que l’ont montré les expérimen-
tations et ce d’autant plus qu’ils ont à faire face à des problèmes d’érosion dans leurs champs.
Les caractéristiques physiques des sols confrontées aux particularités des pluies tropicales mon-
21 2425-226626 T
NTPELLIER Cedex
DIRECTION DES RECHERCHES SUR LES SYSTEMES
AGRAIRES ET CECONOMIEAGRICOLE
Laboratoire N~ional de Recherchea VB(érinairti BP 20570 32 04 42
Gn~ml,rcdiauialstimpcrlmluninl-,sRA-,ggo
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 3 a
trent qu’elles sont nécessaires sur l’ensemble des unités de paysages présentes sur la toposéquence: le
ruissellement nait sur toutes les parties d’unversant et il ne faut pas seulement compter avec l’arrivée
d’eau des parties hautes ( cf fiche n”1).
L’implantation de haies requiert une certaine stabilité foncière car l’effet de la haie ne sera pas
immédiat, sa réussite demande un entretien (cf infra) et elle impose des contraintes (changement du
sens du travail, respect d’une zone non sarclée...). Si elle est aussi un moyen d’affirmer l’appropriation
d’une surface, l’accord et la participation des utilisateurs de la parcelle est indispensable pour mener
à bien l’installation de la haie.
31.- Disposition
Comme dans le cas des cordons de pierres, les haies vives sont à placer en courbe de niveau, mais
en milieu cultivé, les contraintes de la culture et du parcellaire en place sont à prendre en compte. Cela
implique des courbes «redressées* s’appuyant sur les limites des champs et plutôt formées (si
nécessaire) de portions
de droites de longueur
suffisantes pour la cul-
ture attelée. Il n’est pas
inutile d’insister sur l’ac-
cord formel des utilisa-
teurs des parcelles pour
que les plantations soient
préservées lors des sar-
clo-binages et plus en-
core lors du soulevage
de l’arachide !
Sur des zones sensi-
bles, une modification de
l’utilisation d’une partie
de la parcelle (planta-
tion d’arbres, eucalyptus
APRES
par exemple, cultures associées mil / niébé . . . ) pourra être proposée au paysan pour pouvoir restruc-
turer la partie restante, implanter des haies et avoir un travail du sol perpendicuiaire à la pente (fig.31)
32.-Ecartement
La distance optimale entre les haies se situe entre 30 et 50 m en fonction de la pente, des
caractéristiques du sol (sa sensibilité à la l’érosion, ses propriétés vis à vis de l’infitration) et surtout
la géométrie des parcelles ainsi que nous l’avons déjà indiqué. Cette distance pourra éventuellement
être réduite dans les quelques cas où la pente est forte.
En ce qui concerne l’espacement entre les plants, diverses études montrent qu’il n’y a pas de
différences entre un écartement de 0,30 et 0,50 m : laf ermeture de la haie est pratiquement aussi rapide
dans les deux cas. Aussi d’un point de vue pratique, on choisira 0,50 m, sauf pour les euphorbes
(Euphorbia balsamifera) où 0,30 m reste conseillé.
33.-Constitution
34.-Organisation du chantier
Le repérage de ITemplacement des haies devra se faire avant l’hivernagepour qu’une bande
de 2m de large ne soit pas mise en culture et qu’évidemment le sens du travail de la parcelle et du semis
soient modifiés si nécessaire. La bande sera matérialisée par un piquetage soigneux.
Les autres opérations, trouaison et plantation seront réalisées pendant la saison de culture et à ce
titre devront s’insérer dans le calendrier cultural, un compromis doit être trouvé entre l’optimum et les
périodes où les paysans seront moins chargés en travail.
La trouaison est trèsimportante pour la réussite del’installation dela haie. La trouaisonva définir
le volume de terre où seront améliorés l’infiltration et le stockage de l’eau. Dans cette zone meuble les
racines du plant vont se développer rapidement pour dépasser un seuil critique avant la saison sèche.
Pour un plant isolé, on réalise obligatoirement un trou cubique de 50 cm de côté. Pour une haie, on
creusera donc une tranchée continue de 50 cm de large et 50 cm de profondeur. Enfait, la
pratique montre que ces caractéristiques sont très exigeantes en travail. On pourra se contenter d’une
tranchée de 20cm de large et de 50cm de profondeur, sans effet significatif sur les plants.
La tronaison sera réalisée lorsque les cultures seront implantées et après le premier sarclage, donc
entre la deuxième quinzaine de juillet et le début du mois d’aout.
L’ouverture de la
tranchée est réalisée par
un double passage de
charrue en traction bo-
vine, par exemple, for-
mant une dérayure. Elle
est reprise à la pelle et
au pic, la terre étant stoc-
kée à l’aval de la tran-
chée (fig.32),ce qui per-
/’ ,/ &’ 5 0 c.*2
mettra de stocker l’eau ,” i /
de ruissellement dans la /’ /
tranchée. Si le sol est
encore dur parce que trop
&r. 32 : trouaison: réalisation de la tranchée
ISRA - FICHE TECHNIQUE NQ 3 a
sec, le travail sera arrété pour attendre une humectation par les prochaines pluies et réaliser cette
opération avec un minimum d’efforts.
Lorsque les dimensions requises sont atteintes, lef ond et les parois de la tranchée sont saupoudrées
de Dursban ou Dielpoudre (Dieldrine), produit ayant une bonne persistance pour protéger les
futures plantations contre les termites. La dose est d’une boite d’allumettes (soit environ 15g) pour
lm de tranchée. Ce produit se présente sous forme de poudre blanche et il est indispensable d’éviter
les contacts avec la peau, comme pour tous les produits de traitement. On utilisera donc dans toute la
mesure du possible des gants et on se lavera soigneusement après traitement, avant de manger ou de
fumer.
Immédiatement
après, la tranchée est re-
bouchée; le sol est tassé
modérément comme pour
toute plantation; mais on
laisse un petit creux: une
rigole de 5 cm environ au
niveau de la tranchée
(fig.33),cequiva permet-
tre à l’eau de s’accumuler
dans la tranchée lors des
prochaines pluies, de
compléter le tassement du
sol et de constituer un
stock de sécurité pour le
plant qui sera mis en place.
Il est donc important qu’il
s’écoule une semaine au
minimum entre le rebou-
chage de la tranchée et la
plantation.
Pour des réalisations paysannes, les plantations se feront toujours lorsque l’hivernage est bien
installé car il n’est pas question d’arroser les arbres ou arbustes mis en place, et lorsque le calendrier
des travaux fait apparaitre un peu de temps libre. La date souhaitable se situe autour du 20 juillet,
mais la période la plus «réaliste», est le mois d’aout.
Concernant les temps de travaux, la longueur de tranchée ouverte est voisine de 20 m/personne/
jour; pour le rebouchage, on comptera environ 50 m/personne/jour.
La plantation doit se faire peu de temps après une pluie pour que les plants disposant à la fois des
dernières pluies et des réserves stockées dans la tranchée puissent passer sans dommage une période
séche éventuelle (photo 31).
De même, pour diminuer le stress de la plantation et permettre une bonne adhérence de la terre
autour des racines dans le cas de plants en gaine plastique, un arrosage copieux sera fait en pépinière
durant les 3 jours précédant la plantation (pour que la terre du sachet soit bien humectée jusqu’au fond
du sachet).
Le transport des gaines est une opération longue. Dans le cas de chantiers importants ou éloignés,
une partie des plnts doit être acheminée la veille de la plantation.
3.4
ISRA - FICHE TECHNIQUE NQ 3 a
fin. 34 : plantation
- FICHE TECHNIQUE Np 3a
Les sachets sont déposés régulièrement tous les 0,50 m sur la tranchée de plantation. On creuse un
trou correspondant exactement à la dimension de la gaine (ce qui est facilement réalisé au coupe-coupe
ou sor-sor): vérifier la profondeur, le sommet de la terre du sachet devant se trouver exactement au
niveau du sol (photo 32). Le fond du sachet plastique est coupé avec un couteau tranchant, ce qui
permet de sectionner et d’éliminer en même temps l’extrémité de la racine en «crosse» (photo 33); le
sachet incisé sur toute sa longueur est maintenu autour du plant (fig.34) et on le glisse dans le trou. Le
sachet étant retiré doucement, la terre est tasséefortement autour du plant pourassurer un bon contact
avec la terre de la tranchée.
En prenant en compte le temps de transport depuis la pépinière, une journée de plantation permet
de planter environ 1000 plants avec une vingtaine de personnes, fonction de l’éloignement des sites.
W.-ENTRETIEN
En 3ème année, la haie est pleinement installée. Pour obtenir des ramifications importantes dans
la partie basse, les arbustes sont taillés à 30cm du sol. La tailleestf aite avec un sécateur ou une cisaille
et non un coupe-coupe pour ne pas briser le bas des tiges tant que leur section est faible. Pour éviter
que la haie ne concurrence la culture par ses racines superficielles il est conseillé de les couper en
passant une dent affutée (rasette) à 50 cm de la haie. Cette opération rejoint les techniques culturales,
travail à la dent en traction bovine (cf fiche n06).
La haie pourra être fertilisée et son effet de filtre renforcé en accumulant, des résidus de récolte,
paille de mil par exemple au pied des arbustes. Ainsi une sorte de compost s’élaborera au cours de
l’hivernage.
Les deux problèmes les plus difficiles à résoudre sont la protection contre le bétail et le feu. Dans
le premier cas, le choix d’espèces peu consommées peut apporter une solution. Dans le second, qui est
3.6
ISRA - FICHE TECHNIQUE Np 3 a
aussi celui des plantations forestières, la réalisation de larges bandes pare-feu par des feux précoces
réalisés avec la collaboration des Eaux et Forêts est sans doute une voie réaliste lorsque l’hivernage a
été favorable au développement d’une biomasse importante.
V.-EFFICIENCE ET LIMITES
Après l’installation d’une véritable haie, avec les accummulations de résidus de récolte, les dépots
des matériaux en suspension dans les eaux de ruissellement, un effet cumulatif provoquera la
formation d’un talus. Il faudra alors surveiller les écoulements éventuels le long du talus s’il ne suit pas
exactement la courbe de niveau et mettre en place des épis comme dans le cas de cordons de pierres.
Après plusieurs années un nouveau profil d’équilibre devrait s’établir dans la parcelle.
Le développement d’un talus et de la haie vont induire l’existenced’un nouveau milieu (ou biotope)
qui aura une influence sur le comportement des parasites et ravageurs des cultures. Ce phénomène est
en cours d’étude, mais il semble certain que cette bande pourra servir de refuge, en saison sèche, à
certains ravageurs comme les iules. Dès lors, le traitement contre ces parasites pourrait être facilité,
leur destruction par la dépose d’appats le long de la haie sera plus économique qu’un traitement en
plein dans la parcelle.
Les contraintes d’entretien pour les paysans sont plus importantes dans le cas des haies que des
cordons de pierres. Cependant, ainsi que nous l’avons évoqué, il est souhaitable que la haie puisse
répondre à certains besoins des paysans ainsi le travail nécessité par la conduite de la haie sera assumé
sans difficulté.
Rappelons que pour renforcer l’efficacite de la haie, il pourra être nécessaire de l’associer à des
cordons de pierres ou à des graminées pour f ormer une ligne d’arrêt (cf infra). De plus, entre les haies,
les techniques culturales auront leur place, la préservation du milieu doit aller de pair avec une
amélioration des itinéraires techniques dont le but est l’accroissement des rendements.
FICHE TECHNIQUE N” 3 b
DEFENSE ET RESTAURATION DES SOLS
FICHE No3 :
Plusieurs points sont à prendre en compte: l’association ou non de différentes espèces d’arbustes,
l’introduction au sein de la haie d’un petit nombre d’arbres, le rôle que l’on souhaite faire jouer à la
haie.
Tout d’abord pour les haies utilisées dans le cas de techniques de DRS, compte tenu des remarques
déjà faites, on doit utiliser des arbustes et non des arbres. La nécessité d’une bonne fermeture de la
haie, et de limiter les risques vis à vis des prélèvements des animaux, des ravageurs, du feu . . .. milite
en faveur d’un mélange d’espèces différentes: haie multispécïfique, avec des ports différents
(étalement plus ou moins important des branches). L’alternance des différences espèces est préféra-
ble à une succession de bandes d’une espèce,puis d’une autre.
Les haies doivent s’intégrer au système de culture des paysans, cela implique que la haie puisse
fournir une contribution par une production intéressante pour les paysans. Elle peut concerner:
- le fourrage, en saison sèche l’alimentation des animaux comporte une proportion de ligneux
atteignant 30% ou plus
- la production de bois de feu, bois de service (piquets, perches pour les cases, brancards . ..)
- des produits pour l’alimentation (feuilles ou fruits pour la cuisine, la consommation) ou la
pharmacopée
Tab.31: Taux de renrise global des haies en 1988. nlantations 1986 et remnlacements 1987
* très forte pression des troupeaux ** passage dufeu * * * dans passage d’eau très décapé
3.9
- FICHE TECHNIQUE 3b
Pour satisfaire a cette nécessité, des arbres peuvent parfaitement prendre place au sein des haies.
Le choix des espèces (développement, port...), tiendra compte de l’emplacement de la haie: intérieur
de parcelle, bord de parcelle, bord de piste, limite de zone de ctilture.
Parmi les espèces testées en milieu paysan, 4 d’entre elles sont à retenir: Acacia nilotica
andosonii, Bauhinia rufescens, Piliostigma reticulatum, Ziziphus mauritania.Elles paraissent
assez plastiques, leur comportement est sensiblement le même sur les différentes stations où elles ont
été plantées (tab.31), ce qui correspond auxindications dela littérature. Il faut préciser queles plants
ont été produits en gaines plastiques en pépinière villageoise et n’ont pas fait l’objet de protection
physique contre les troupeaux; la participation de la population aux opérations et une information a
permis de controler partiellement la pression des animaux. Les 3 dernières espèces sont présentes
localement, et la première, Bauhinia, introduite il y a une quinzaine d’années se maintient par place.,
Les graines ont été récoltées localement et traitées à l’acide sulfurique (cf fiche n”4).
Deuxautresespèces doiventetre déconseillées: Prosopis juliflora, dont les plants dépérissent après
une bonne reprise et Leucaena leucocephala, qui semble bien,se comporter mais étant très appété, ne
peut survivre aux prélèvements continus des animaux. Pour Prosopis.juliflora, il serait peut-être
possible de trouver, parmi les très nombreuses variétés, certaines plus adaptées à ce milieu. Pour
Leucaena leucocephala, une production de fourrage n’est envisageable qu’avec une protection.
En cas de très forte pression des animaux, en particulier caprins, Acacia nilotica adansonii et
Bauhinia rufescens arrivent à se maintenir.
3.10
FICHE TECHNIQUE N” 3 c
DEFENSE ET RESTAURATION DES SOLS
FICHE No3 :
C- LIGNES D’ARRET :
Les bandes d’arrêt constituées d’herbacées spontanées («les mauvaises herbes») sont refusées
actuellement par les paysans. On en trouve quelques unes de 20 à 50 cm de large, qui lorsqu’elles sont
par hasard placées en travers de la pente ont une certaine efficacité. En fait de telles bandes ont pour
but premier, dans la plupart des cas, la séparation des champs de femmes. De plus, ces bandes ne sont
pas efficaces aux périodes cruciales du début de l’hivernage. Des bandes d’arrêt peuvent par contre
être réalisées en associant herbacées et haies. 11est alors possible d’utiliser des espèces perennes
se disséminant peu dans les cultures et bien acceptées par les paysans, à cause de leurs utilisations
possibles. Une très bonne complémentarité existe avec la haie et on aura un dispositif dont le rôle de
filtre est renforcé.
Les graminées peuvent être placées à 1 m en amont de la haie et pour avoir une assez bonne
fermeture sur la ligne, on adopte un espacement de 30 cm au repiquage.
Actuellement 4 espèces ont été testées. Deux ont un très bon comportement: Andropogon
gayanus et Panicum maximum Cl.
Andropogon gayanus (photo 35) est spontané dans la région. Il suffit de prélever des touffes après
une période de pluie. On les partage pour obtenir des éclats de souche de 3 à 5 tiges avec des racines
en bon état. On les «pare» comme pour repiquer des plants de mil: les tïges et les racines sont coupées
3.11
RECHERCHE EN AGRONOMIE
ET CULTURES ‘/P/RIERES
a 10-15 cm. Ces éclats sont alors soit plantés immédiatement soit conservés en «jauge» dans la
pépinière. La plantation se fera après la mise en place de la haie, la même année ou (de préférence)
l’année suivante. Un procédé de repiquage semblable au mil est utilisable; mais pour une plus grande
rapidité des opérations, procéder avec un pelle bèche, comme pour repiquer certains légumes comme
les choux. Evidemment, on opèrera immédiatement après une assez forte pluie, pendant une période
pluvieuse, en général en août. Il ne faut pas oublier que l’on va mettre en place des plants avec des
racines nues, sans arrosage, donc les conditions de plantation vont conditionner entièrement la
réussite ou l’échec.
Pour le Panicum maximum Cl, un meilleur résultat est obtenu avec une production de plants en
pépinière. Réaliser vers le 20 juin une planche dans la pépinière de ligneux (cf fiche n”4) en procédant
comme pour une culture légumière. Sans creuser, on entoure une planche d’une petite bordure de terre
de quelques cm, on arrose la veille et on sème en répartissant régulièrement, en ligne. On les recouvre
d’une petite couche de sable: attention, les graines sont petites et la couche doit à peine les recouvrir.
Ensuite on arrose avec un arrosoir muni d’une pomme ou mieux d’une rampe, l’eau ne doit pas stagner
ni emporter les graines. La levée est assez rapide; fin juillet, les plants de Panicum sont prêts à être
transplantés. Un fort arrosage permet de les arracher sans difficulté; s’il sont trop développés et s’ils
risquent de se coucher après plantation, on les «pare» comme 1’Andropogon gayanus; la plantation se
réalise de la même façon.
L’entretien comprend le controle du bon état des plants après la pluie suivante; puis un suivi
commun de la ligne et de la haie (protection contre les animaux, les feux de brousse). L’apport de
résidus de récolte entre la haie et la ligne d’herbacées, sera aussi bénéfique (cf A IV) (photo 36) .
Ces herbacées lorsqu’elles sont bien installées pourront donner du fourrage, et l’andropogon
gayanus fournit de plus des grandes tiges qui servent de chaume pour réaliser les toits des cases.
Les réserves s’accumulent dans le bas des tiges aussi lorsqu’on les coupe, il faut prendre soin de
laisser quelques cm au niveau du sol pour que les plantes puissent redémarrer, ce qu’elles réalisent
d’ailleurs avant l’hivernage.
La mise en place des herbacées demande un travail limité avec un taux de réussite proche de 100%
si le moment de plantation est bien choisi.
3.12
ISRA - PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE
Photo no31 :
Chantier de plantation :
mise en place
des plants
Photo no33 :
Découpe du sachet
ISRA - PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE 1
1 Photo no32 :
Photo n-34 :
Bande d’arrêt avec
Panicum Cl
dans une parcelle de mil
en début de saison sèche
(4 mois après plantation).
Noter la bande pare-feu.
-
ISRA - PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE
FICHE N-4
PEPINIERES VILLAGEOISES
Remarque le contenu de cette fiche résulte des opérations conduites localement et des
échanges avec le PARCE, volet «Plantations villageoises» ,avec lequel s’est établi
une collaboration suivie. Il s’agit donc d’expérienceset de résultats acquis en milieu
paysan, à replacer dans le contexte du Sine Saloum au Sénégal. Ce suivi a révélé
l’importance de certaines pratiques que rassemble cette fiche.
I.-ROLE
La plupart des projets implantent des pépinières centrales gérées directement par le projet
(pépinières en régie) et mettent ensuite en place des pépinibres décentrali’sées dans les villages.
Souvent, dans un premier temps, ce sont des pépinières relais où les plants destinés au village, après
«démarrage» en pépinière centrale, sont déposés avant l’hivernage pour éviter les difficultés de
circulation sur les pistes et étaler les livraisons dans le temps. Cette technique permet aux paysans de
disposer des plants en temps opportun et de réaliser les plantations avec des plants en bon état, sans
le stress du transport auquel certaines espèces sont particulièrement sensibles.
Cependant une démarche différente est apparue indispensable: pour une appropriation réelle
par les paysans des techniques proposées, les pépinières villageoises ont un rôle irremplaça-
ble et central à jouer. Qu’elles soient collectives ou individuelles, elles sont un point de
passage obligé pour la pérennisation de toutes les opérations de DRS et de reforestation. En
deux à trois années, si la formation et l’encadrement sont assurés efficacement, ces pépinières
doivent devenir autonomes, entièrement prises en charge par les paysans et continuer à
fonctionner après la fin du projet (ou des opérations de recherches) pour répondre aux besoins des
villageois.
nement spécifique. Il se développera ainsi une habitude de produire les plants pour les besoins des
villageois et la vente. Dans ces conditions, le travail étant «rémunéré», les plants produits correspon-
dront a une demande effective et seront plantés; le matériel de la pépinière, remplacé lorsque c’est
nécessaire.
Cette pratique a donné satisfaction lorsque la pépinière peut satisfaire les différents besoins du
village. Elle doit permettre de produire: les plants (ligneux et herbacées) nécessaires aux opérations
de DRS, ceux recherchés pour la production de bois de service ou autre (eucalyptus par exemple), mais
aussi les fruitiers, les plants maraichers souhaités par le village. Dans cette fiche, par souci de
simplicité, nous limiterons au cas des espèces utilisables en DRS et aux eucalyptus.
II.-SITE D’IMPLANTATION
La surface occupée par une pépinière est réduite. On produit de2 à 5000 plantsdansune pépinière
villageoise (avec 10 à 15% de plants supplémentaires pour compenser les destructions par les insectes
et les maladies mais il est inutile de produire des plants en excédent par rapport aux besoins exacts).
Pour cela, une surface de 100 à 200 m* est largement suffisante.
Pour fournir les plants pour la campagne, la pépinière sera mise en place de mars à fin août. Pour
les fruitiers, en fonction des espèces, 2 années sont nécessaires et un maintien permanent de la
pépinière est particulèrement souhaitable; il faut donc en tenir compte lors du choix de l’emplace-
ment.
31.-Disposition
1Om
i
i------ 1
des sachets de polyéthylène noir ou 650 plants
blanc, de la forme d’un tube fermé
au fond, de dimension standard 25 à
30 cm de long pour 10 à 12 cm de
diamètre. Il est très important
/ fruitiers i
--.
i---- -- .-- /
-- --1
il
:!
,lO m
large (fig.41).
fig.41 : nlan tvne de la pépinière villageoise
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 4
Les sachets seront placés côte à côte et enterrés sur les 2/3 de leur hauteur (fig.42). D’autres
possibilités existent: certains posent les sachets sur le sol et les maintiennent par des planches ou des
cailloux etc., d’autres proposent de les placer sur une grille (grillage à gabion) au dessus du sol pour
éviter les attaques des termites et que les racines ne sortent des sachets.
1 2 mchd% ,naz +x
'It'_:___l'?~:~~~r__r-:_T'r:~~~
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1 m
<L- ~- ----...---- ---3
La pépinière devra être close correctement pour protéger les plants de la divagation des animaux.
Une clôture solide, renforcée par des épineux est indispensable pour interdire le passage aux petits
ruminants attirés par les jeunes poussesvertes ! Il n’est pas utile que la cloture soit très élaborée, mais
ilfaut surtout avoirune porte fermée correctement. La pérennisation dela pépinière étant nécessaire,
comme nous l’avons indiqué, on profitera de cette clôture pour planter à l’intérieur une haievive qui
sera protégée et pourra remplacer à terme la cloture «morte».
Le travail le plus contraignant est la réalisation de la cloture et la préparation des gaines. Il est à
commencer en mars. Les gaines sont remplies avec un mélange de 2/3 de sable et 1/3 de f nmier
bien décomposé, proportion à moduler éventuellement suivant la richesse du fumier. On trouve
fréquemment du sable transporté par l’érosion et déposé sur les pistes,il conviendra parfaitement, de
même que l’horizon de surface assez grossier de certaines parcelles. Pour le fumier ou terreau, on
utilise des résidus organiques, par exemple tas d’ordure ménagères, résidus de battage de mil que l’on
trouve toujours en abondance dans les villages. Ils doivent être bien décomposés et pour cela avoir
passé un hivernage sinon leur fermentation lors de l’arrosage va élever suffisamment la température
pour arréter la germination des graines semées.
Pour 1000 gaines, le volume de terreau nécessaire est de 1 m3, celui de sable, 2 m3 environ.
Les quantités nécessaires sont mesurées avec des cuvettes en plastique pour avoir les bonnes
proportions et on mélange soigneusement avec une pelle ronde, sable et fumier pour former un tas
homogène.
L’“empotage” peut commencer. A l’aide d’un arrosoir muni d’une «pomme», le mélange est
humidifié et remué à nouveau. Chaque gaine est remplie progressivement en plaçant de petites
quantités de mélange que l’on tasse en tenant le haut de la gaine et en tapant le fond sur le sol. Ce
4.3
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 4
processus est poursuivi jusqu’à remplir complèttiment la gaine. Il est très important d’éliminer
com-
plètement l’air et d’avoir un bon tassement, ce qui n’est possible qu’avec une humectationcorrecte.S’il
reste des poches d’air dans la gaine, les racines du jeune plant ne pourront pas se développer
correctement et formeront des «crosses». Un petit espace de 0,5 cm restera vide au sommet de la gaine
et permettra a l’eau de s’accumuler pendant l’arrosage avant de s’infiltrer (fig.43).
Les gaines pleines sont ensuites rangées dans les planches que l’on prépare en même temps, en
séparant les gaines pour les différentes espèces. Chaque ligne correspond en général à 12 gaines.
Pour l’empotage seul, un adulte remplit 40 à 80 gaines à l’heure, soit 300 à 600 gaines par jour. En
fait habituellement il s’agit d’un travail collectif réalisé par une partie de la population comprenant des
hommes, des femmes et des enfants. Cette intégration permet que tout le village soit concerné par
l’entretien ultérieur et surtout la surveillance contre la divagation des animaux. Mais les temps de
travaux sont évidemment allongés; pour l’ensemble des opérations depuis le transport du sable et du
fumier jusqu’à la mise en place des gaines dans les planches, 90 hx personne environ sont requises pour
1000 gaines.
Le village ou le groupe de paysans, s’il s’agit d’une pépinière collective, doit obligatoirement
désigner deux responsables de la pépinière pour que la surveillance, l’arrosage et l’entretien soient
assurés en permanence. Ce seront les interlocuteurs de 1”‘encadreur” pour cette opération qui durera
plusieurs mois.
Ensuite, les gaines sont arrosées tous les jours pendant une semaine. Cela permettra de compléter
4.4
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 4
le tassement, de faire germer la plus grande partie des mauvaises herbes (et donc de désherber) et
d’avoir la gaine entièrement humectée pour le semis.
Pour l’arrosage, il est souhaitable de prévoir un fût de 2001 pour stocker l’eau. L’arrosage est
effectue avec des arrosoirs munis de «pomme» pour avoir une bonne répartion de l’eau. L’arrosage de
chaque moitié de la planche est faite à partir des deux allées latérales et en débordant largement dans
les allées. La quantité d’eau nécessaire est d’environ 101 par m2 de planche et par jour.
Pour les espèces locales,la récolte des graines se fait sur de beaux arbres en tenant compte de la
maturité et du temps de conservation (cf annexe). Des semences d’origine sélectionnée peuvent être
achetées auprès de I’ISRA CNRF à Dakar. Pour éviter les attaques d’insectes, il est conseillé de
décortiquer les fruits, d’éliminer les graines endommagées, de les traiter avec un insecticide, (par
exemple HCH) et de les enfermer dans un sac plastique.
Pour beaucoup d’espèces, un traitement, ou «scarification» est nécessaire pour que la graine
absorbe de l’eau et germe. Diverses méthodes de scarification existent : eau chaude,acide sulfurique,
passage au mortier, eau froide . . . Pour la plupart des espèces locales et en particulier tous les acacias
(cf tab.43), le traitement à l’acide est le plus sûr et donne des taux de levée proche de 100% avec des
graines de bonne qualité.
L’acide sulfurique technique (64-65Y0) est acheté chez les fournisseurs de produits chimiques
(Prolabo, Hoetsch...). Cet acide est de même nature que celui utilisé dans les batteries mais très
concentré. L’acide de batterie ne permet pas d’avoir un traitement efficace. Il faut prendre de grandes
précautions en utilisant cet acide car il détruit les tissus et provoque des brûlures graves. Il ne faut
jamaisverser de l’eau dans l’acide car il se produit une ébullition «explosive»: pour se débarrasser de
l’acide après usage, on creuse un trou dans le sol et on le verse doucement dans le trou.
Pour le traitement des graines, il faut disposer de bocaux en verre (bocaux à confiture, à olives...),
d’une passoire avec un treillis métallique fin pour récupérer les graines après traitement, d’un petit
morceau de bois pour remuer les graines, d’une montre pour controler le temps de trempage, d’eau
pour rincer les graines après trempage, et éventuellement de gants en plastique pour éviter les
brûlures.
Pour toutes les espcccs, sauf 1’Eucalyptus dont nous traiterons en 44, le semis est réalisé en pla$ant
2 à 3 graines par gaine, que l’on enfonce légèrement et recouvre avec le doigt. Il ne faut pas trop
enfoncer les graines, les «premières feuilles» ou cotylédons doivent sortir du sol de 2 à 14 jours après
le semis (fig.43). Un premier arrosage est effectué aussitôt après semis et une étiquette d’identifica-
tion précisant l’espèce et la date de semis est mise en place. L’arrosage est poursuivi (au minimum)
deux fois par jour, le dessèchement de la graine après un début de germination provoquera évidem-
4.5
/WA - FICHE TECHNIQUE N* 4
ment la mort du germe. Le semis est une opération assez rapide et doit être fait avec les responsables
de la pépinière (20 secondes/graine).
Ce sont de très petites graines (1500 graines par gramme env.). Deux solutions peuvent être
proposées:
- confection d’un germoir et arrosage au pulvérisateur. Il faut prévoir 3 g. de graines pour 2000
plants.
- semis direct dans les gaines: méthode de l’aiguille et arrosage à l’arrosoir muni d’une rampe
en plastique remplaçant la pomme. La quantité de graine requise est un peu supérieure.
Dans les deux cas, de bons résultats sont obtenus si le pépiniériste est motivé et utilise correctement
les ombrières,l’encadreur a un rôle très important à jouer. En effet, les jeunes pousses sont trèsf ragiles
et doivent être protégées du soleil.
La préparation des gaines est la même que pour les autres espèces: empotage, arrosage une
semaine, désherbage.
Pour le semis (fig.44), mettre 0,5 cm d’eau dans un verre. Plonger une aiguille ou une fine lamelle
de bois dans le verre pour l’humecter sur 0,3 cm au maximum; puis enfoncer l’aiguille dans les graines
d’eucalyptus. Plusieurs graines restent collées à l’aiguille; elles vont servir à ensemencer une gaine.
Pour cela enfoncer l’aiguille à 45’ dans la terre de la gaine sur une profondeur n’excédant pas 1 cm et
retirer l’aiguille; les graines restent dans la terre, mais comme elles sont très petites, il ne faut pas
qu’elles soient placées trop profondémment sinon elles ne pourront pas lever. Arroser ensuite avec
l’arrosoir muni de la rampe, ce qui permet d’avoir un arrosage en pluie très fine. La rampe ne doit pas
goutter sur les gaines aussi on déborde largement en dehors des planches.
4.6
‘SRA - FICHE TECHNIQUE NQ4
L’arrosage est a doser avec précaution: il s’agit de maintenir humide la surface des gaines sans
excès d’eau, par plusieurs arrosages quotidiens. En effet, les risques de développement des champi-
gnons (notamment fonte des semis) augmente avec la quantité d’eau apportée.
En même temps, les planches d’Eucalyptus doivent être protégées contre le soleil. Pour cela, il
est possible d’utiliser des crintings (1 pour 500 gaines), que l’on place sur des supports à une vingtaine
de centimètres au dessus des gaines. Il faut mettre et enlever les crintings selon l’intensité du
rayonnement solaire, la présence ou non d’harmattan, en faisant preuve de bon sens. A titre indicatif,
le shéma suivant peut être proposé:
- semaine n’l: ombrière permanente dès le semis
- semaine n”2: dès que la levée commence, plantules au stade cotylédonnaire, les ombrières ne
sont laissées en place qu’aux heures les plus chaudes (12h - 16h env.)
- semaine n”3: au cours de cette semaine la période sans ombrière est augmentée chaque jour.
En effet à la fin de cette semaine, les ombrières seront supprimées. 11faut éviter le dessèchement des
plantules.
Le repiquage ou transplantation des plants se fait dans les gaines vides (où rien n’a levé), lors
de l’éclaircissage. Il s’effectue lorsque les plantes ont entre 2,5 et 5 cm de haut (stade 2 à 3 paires de
feuilles). Le repiquage est délicat, il faut éviter de léser les radicelles des jeunes plantules lors de leur
prélèvement (arrachage) dans une gaine où il y a eu plusieurs levées et de leur repiquage dans une gaine
vide (risque de crosse de repiquage si l’avant trou n’est pas assez profond). On utilise pour ces
opérations une spatule de repiquage, petite baguette de bois de 0,5 cm de large (fig.45) et auparavant,
évidemment l’ensemble des gaines aura fait l’objet d’un arrosage pour que le sol soit humide.
Après repiquage une ombrière sera maintenue pendant 2-3 jours pour limiter la mortalité due au
stress du repiquage et otée ensuite. L’arrosage sera fait à l’aide de la rampe pour éviter de coucher trop
de plantules.
IV.- ENTRETIEN
Les mauvaises herbes sont régulièrement arrachées dans les planches et les allées.
Une dizaine de jours après le début de la levée (3 à 7 jours après semis, sauf pour Ziziphus
mauritiana pour lequel la levée est très longue), les gaines vides où aucune graine n’a germe sont
enlevées et regroupées à part pour effectuer un repiquage, voire un resemis. Le regroupement des
plants par espèce et par date de semis permet d’avoir des plants de taille homogène, sinon les plus
développés étouffent les derniers semis. En cas de nécessité un deuxième resemis pourra être effectue.
Une surveillance régulière est à assurer contre les maladies et les insectes. Pour les maladies, il
faut prendre garde aux éventuelles fontes de semis: disparition des plantules qui noircissent après
4.7
ISRA - FICHE TE,CHNIQUE NQ4
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avoir levé correctement. Cela peut être dû à un excès de fumier dans le mélange sable/fumier ou a un
excès d’arrosage. Dans le premier cas, la préparation de nouvelles gaines avec un mélange moins riche
peut s’avérer nécessaire pour les espèces sensibles. Dans le deuxième cas, vérifier que l’eau ne stagne
pas longtemps après l’arrosage des gaines noyant les plants, diminuer un peu l’arrosage et gratter
délicatement la croûte qui a pu se former à la surface des gaines. Pour détruire les champignons, en
même temps, traiter en pulvérisant un produit fongicide type Bénomyl ou Manèbe. Réaliser le même
traitement si des taches apparaissent sur les feuilles plus tard.
4.8
‘SRA - FICHE TECHNIQUE N* 4
Pour Ies insectes, les problèmes peuvent venir des termites: vérifier régulièrement tous les 10
jours en soulevant quelques gaines par planche. En cas d’attaque, ij faut sortir toutes les gaines et
traiter à la dieldrine ou au Dursban ou encore au HCH (cf fiche n 3 Haies vives). Pour les autres
insectes, en particulier les chenilles, pulvériser un produit type Décis OU Thiodan.
Pour tous les traitements, il faut prendre soin d’éviter les fortes chaleurs et préférer le soir, sinon
on peut «griller» les plants.
Eventuellement, une brûlure peut apparaitre au bout des feuilles, parallèlement à un dépot blanc
à la surface du sol. Dans ce cas, l’eau utilisée pour l’arrosage est probablement salée, il faut d’urgence
rechercher un autre puits dont l’eau ne serait pas ou moins salée pour sauver la pépinière.
Au bout d’un mois et demi environ, suivant les espèces, les racines atteignent les f onds des gaines
et les traversent. Il faut levérifier et déplacer régulièrement lesgaines (c’est le «cernage») tous les
mois en coupant proprement au couteau les racines et pivots qui dépassent. Ainsi des racines actives
se maintiendront dans la gaine; sinon la destruction de nombreuses racines au moment de la plantation
sera catastrophique et la mortalité sera élevée. Pour contrecarrer le stress entrainé par la destruction
des racines en cas de déplacement trop tardif, les plants seront arrosés plus abondamment et
fréquemment si un flétrissement important apparait.
Dans tousles cas, vérifier 8 jours avant la date présumée de la plantation que les racines ne sont pas
à nouveau sorties des gaines et réaliser alors d’urgence un nouveau déplacement (photo 43).
Lorsque les plants sont bien développés, au bout d’un mois à un mois et demi, supprimer les plants
excédentaires en ne laissant qu’un seul plant par gaine.
En cas de développement trop important des plants, une taille à 30 cm environ (même pour les
Eucalyptus), au sécateur ou au couteau bien affutéest nécessaire. Elle rendrales plants plus vigoureux
et evitera qu’il ne se couchent sur le sol lors de la plantation.
Ainsi que nous l’avons noté les pépinières villageoises peuvent produire des plants de qualité
excellente avec un taux de remplissage des gaines supérieur à 90%. Un minimum d’appui, par un
encadrement bienf ormé et motivé, est requis pendant 2 à 3 campagnes pour que les paysans acquièrent
les techniques de base; des tournées régulières sont nécessaires pour rappeler les principes et parer aux
imprévus (maladies, insectes...). Cela est absolument essentiel pour que les paysans se sentent
soutenus et aidés.
Les pépinières doivent répondre à une demande des paysans et conduire à responsabiliser’ ces
paysans en les formant à la production des plants qu’ils souhaitent planter. Une politique d’animation
est nécessaire, conduisant à une prise en charge par les villageois de leur besoins en ligneux. Après
l’arrêt des projets, la production pourra se poursuivre en s’appuyant si nécessaire sur les services
traditionnels (agriculture et forêt).
Le rôle de l’encadrement ne se limite pas à la pépinière, les plants produits doivent ensuite être
plantés. Il n’est pas inutile de rappeler cettevérité élémentaire, car les tournées de terrain permettent
trop souvent de découvrir des plants abandonnés dans les pépinières ou même sur les sites de
plantation. Il est donc important de ne pas produire trop de plants ; la plantation est abordée dans les
fiches 3 et 5.
Les plantations s’effectuent dans le contexte réglementaire des codes fonciers et forestiers dont il
4.9
M?A - FICHE TECHNIQUE NQ4
faut tenir compte: il faut que le paysan s’approprie les plantations et ne pense pas qu’il puisse y avoir
un autre propriétaire que lui (sinon les plantations ne seront pas protégées, ni entrenues, ni évidem-
ment exploitées). Une participation financière au matériel nécessaire à la pépinière, ou l’achat des
plants est une étape de ce processus d’appropriation qui conduira à une gestion active des ressources
ligneuses et in fine à l’ensemble des terroirs villageois..
Pépinières forestières
Pépinières fruitières
Maraichage
octobre à mars
4.10
ISRA - FICHE TECHNIQUE NQ4
Total 48750 F
Complément
4.11
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 4
Acacia acide 60 mn
holoséricea
Combretum ratt
glutinosum
Combretum tap
nigricans
4.12
1
Feretia santier
apondantera
Leucaena acide 30 mn
leucocephala
4.13
ISRA - PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE
FICHE No5
I.- ROLE
Les interventions de DRS ne doivent pas être dissociées de la gestion de la ressource ligneuse et
donc de la foresterie. Par suite des défrichements successifs, les surfaces actuellement en forêt sur les
terroirs villageois occupent les parties les moins fertiles avec des sols superficiels et souvent fragiles.
Topographiquement, ces zones, si l’on exclut lelit des marigots, dominent les parcelles de culture dans
l presque tous les cas, par leur situation sur les parties les plus élevées ou bien aux ruptures de pentes
où apparaissent des affleurements de cuirasse. Elles ont une trèsgrande influence sur le ruissellement:
ce sont sur ces sites qu’il prend naissance dès le début des pluies et qu’il se met en vitesse, acquérant
une énergie suffisante pour provoquer de l’érosion. Utilisées à la fois comme source de bois et comme
parcours, elles sont surexploitées: les prélèvements sont supérieurs à la production aussi bien en ce qui
concerne les herbacées que les arbustes et les arbres.
Localement, des surfaces très dégradées,entièrement dénudées apparaissent. Sur les sols com-
pacts de ces «badlands», parsemés de plaques noires de lichens, l’eau de pluie ne s’infiltre plus, mais
ruisselle entièrement.
.
5.1
INSTITUT SENEGALAIS DE RECHERCHES INSTITUT DE RECHERCHE EN AGROI NOMIE
AGRICOLES TROPICALE ET CULTURES VIVRIERE- S
BP 3120 DAKAR SENEGAL IRAT / CIRAD
@ 21 24 25 - 22 66 28 Telex 3117 ISRA SG B.P 5035
34032 MONTPELLIER Cedex
DIRECTION DES RECHERCHES SUR LESSYSTEMES
AGRAIRESETL’ECONOMIEAGRICOLE France
Laboratoire National de Recherches VBt&inaires SP 2057 0 32 04 42
ISRA - FICHE TECHNIQUE IV* 5
3
Les forêts et parcours ont donc un rôle à jouer dans la maitrise du ruissellement:
- en infiltrant sur place une partie de la pluie. Pour ce faire, le sol doit avoir de bonnes
caractéristiques physiques entretenues par une activité biologique importante (la présence de résidus
sur le sol permet à l’activité biologique et notamment aux termites de créer une porosité forte pour
infiltrer l’eau) et être protégé contrel’agressivité des pluies tropicales par un couvert végétal abondant
(herbacées, arbustes, arbres)
- en retardant l’écoulement de l’eau qui n’a pu s’infiltrer: étalement des crues.
Le rétablissement et le maintien d’un couvert satisfaisant dans les forêts passe certes par une
diminution des prélèvements, la régénération «artificielle» par plantation ou semis, la préservation de
la régénération «naturelle» mais aussi par la satisfaction des besoins des villageois en dévelop-
pant des productions de bois et de f ourrage sur de nouvelles surfaces. 11 peut s’agir de parcelles
réservées seulement à la production de bois (exemple classique de la parcelle d’eucalyptus) ou de
production à partir de haies d’arbres et d’arbustes placées en limite ou dans les parcelles de culture,
toutes associations entre ligneux et cultures vivrières que l’on désigne par agroforesterie. Ce point a
été traité dans la fiche n”3.
Le cas des «badlands» doit être traité à part. Fort heureusement ils n’occupent encore que des
étendues très limitées. La couche de surface a été emportée par l’érosion, laissant apparaitre un
horizon infertile. Donnant naissance à un très fort ruissellement ils constituent des points à partir
desquels l’érosion s’étend. Pour inverser cette évolution, il faut faire redémarrer une activité biologi-
que par une action physique et la mise en place d’espèces pionières pour une «revégétalisation» de ces
surfaces.
Les interventions sur les forêts et parcours, zones non appropriées doivent être jointes à celles
réalisées dans les zones de culture auquelles elles sont topographiquement liées pour avoir des
chances de succès. Dans ce cas, ainsi que nous l’avons observé, un groupe de paysans sera motivé pour
protéger ses cultures, comprenant très bien l’intérêt de controler le ruissellement dès sa naissance; il
pourra s’approprier le dispositif sur la forêt prenant non seulement part à sa réalisation, mais à son
entretien et sa maintenance.
Parallèlement aux autres techniques de DRS et notamment les cordons de pierrres iso-
hypses (cf fiche n02), il est nécessiare de réaliser une régénération soit «artificielle», par plantation
et/ou semis, soit naturelle.
21. - Plantation
Lorsque lavégétation présente est pauvre, il est nécéssaire de prévoir des plantations. Il s’agit en
s’appuyant sur les ligneux en place d’obtenir un couvert en tenant compte des potentialités estimées
du site, sans prétendre atteindre des objectifs de production. Plutôt que de disperser des plants
difficiles à entretenir, on s’attachera à «regarnir» les zones qui en ont le plus besoin. L’infiltration
insuffisante et les caractéristiques du sol souvent médiocres imposent de rechercher les moyens de
stocker le maximum d’eau de ruissellement. Pour cela, on propose classiquement:
5.2
- les arêtes de poisson (fig.51), deux petites diguettes en V constituées de pierres et terre,
collectent le ruissellement vers un jeune arbre planté à l’intérieur du V
- les demi-lunes (fig.52), diguettes avec une forme plus ouverte en arc de cercle.
Ces dispositifs ont été testés mais avec la pluviométrie du sud Sine Saloum (700 mm env.), ils
n’apportent ni une meilleure reprise, ni une meilleure croissance qu’une simple Cuvette au niveau du
trou de plantation rehaussée à l’aval (fig.53) par une courte diguette. Le travail requis dans ce cas
est beaucoup moins important, mais l’effet est tout à fait significatif.
VUE EN COUPE
5.3
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 5
Le choix des espèces doit s’appuyer sur les caractéristiques pédologiques du site, les espèces
locales présentes et tenir compte de la pression animale probable. Le tableau 51 présente le cas des
espèces pour lesquelles des indications intéressantes sont disponibles dans le milieu étudié. Acacia
bivenosa, dont le port semblait intéressant dans la lutte antiérosive, et utilisable dans les passages
d’eau dépérit rapidement et doit être exclu. II en est de même de Prosopis juliflora et de Leucaena
leucocephala, déjà cités à propos des haies (fiche n’3): le premier ne convient pas pour ce type de sol
et le second trop appété ne peut se maintenir. Acacia holosericea, d’origine australienne a un bon
comportement et permet de «regarnir» rapidement des espaces clairsemés, sa pérennité au delà de
quelques années est sujette à caution. Il pourrait servir de relais en association avec d’autres espèces.
Acacia seyal préfère normalement les sol argileux avec de l’eau disponible mais il peut se développer
sur certains sites favorables (termitières et accumulation artificielle d’un minimum d’eau). Acacia
nilotica adansoni présenfe unef ortecroissance même sur les sols difficiles s’il est implanté avec soin;
il a de plus l’avantage de résister aux feux de brousse, mais il donne dans ce cas des repousses de
moindre qualité. Deux espèces peuvent encore être signalées: Acacia sénégal, qui croît lentement
mais est robuste, et Ziziphus mauritiana, plus adapté en limite des zones de parcours. Pour Cordyla
pinata et Pterocarpus erinaceus, espèces assez recherchées mais qui se maintiennent difficilement à
partir de plants en gaines, l’utilisation de barbatelles ( plants mis en place en racines nues après 2 ou
3 années de pépinière pour avoir une tige de 1,5m environ qui est hors de portée de la dent des
animaux), a été un échec. La maitrise de la plantation avec une trouaison de très grande dimension en
est sans doute en partie la raison.
L’organisation du chantier est à l’évidence voisine de celle conseillée pour les haies (fiche n’3)
et les mêmes règles s’y appliquent.
Un accord pour la protection contre les animaux et les prélèvements en bois devra tout
d’abord être obtenu pour le site choisi par les villageois dès la saison sèche et avant la mise en route de
la pépinière.
La trouaison est commencée dès que possible après les premières pluies; en général en juillet,
le sol est humecté jusqu’à une profondeur suffisante et le calendrier des opérations culturales le
permet. Il faut réaliser un trou wbique de 50 cm de côté; on aura ainsi un volume de terre travaillé
suffisant, propice à l’infiltration et au stockage de l’eau et bien exploré par les racines. De cette
trouaison correcte dépendra le taux de reprise et le développement des plants. Si le sol est trop sec, la
trouaison se fera par étapes, en stockant la terre et les cailloux à l’aval du trou (fig.53); le ruissellement
remplira ainsi le trou à la pluie suivante et humectant une nouvelle couche de sol.
Lorsque les dimensions sont atteintes, un traitement contre les termites est appliqué en sau-
poudrant les parois du trou d’une quantité correspondant à une boite d’allumettes (15 g. env.) de
Dielpoudre ou de Dursban ou, en dernier ressort de HCH, qui est moins persistant. Prendre les
précautions nécessaires pour la manipulation de ces produits et en particulier se laver les mains
soigneusement après traitement. En rebouchant et en tassant la terre ensuite, on prend soin de laisser
une petite cuvette, au niveau du trou, de 5cm de profondeur (fig.53) et de disposer les cailloux et la
terre restante en arc de cercle pour rassembler l’eau de pluie dans la cuvette obtenue, ainsi que nous
l’avons déjà dit. Le matériel nécessaire comprend : pics, pelles rondes et barre à mine (si des blocs sont
présents).
La plantation se fait lorsque l’hivernage est installé et le temps disponible, souvent vers début
aout. Une plantation trop tardive, en septembre, ne permettra pas aux plants de reprendre avant l’arrêt
des pluies.
5.4
FICHE TECHNIQUE
Pour que les plants disposent à la fois des derniéres pluies et des réserves stockées dans le trou
(qui est rebouché depuis au moins une semaine) et puissent passer sans dommage une période séche
éventuelle, la date de plantation doit se situer peu de temps après une pluie.
De même pour diminuer le stress de la plantation et permettre une bonne adhérence de la terre
autour des racines dans le cas de plants en gaine plastique, un arrosage copieux sera fait en pépinière
durant les 3 jours précédant la plantation (pour que I’humectation atteigne le fond du sachet).
Les plants étant déposés sur le site, on creuse un trou correspondant exactement à la dimension
de la gaine (ce qui est facilement réalisé au coupe-coupe ou au sor sor), on vérifie la profondeur, le
sommet de la terre du sachet devant se trouver exactement au niveau du sol. Le fond du sachet plastique
est coupé avec un couteau tranchant. Le sachet est incisé sur toute sa longueur mais maintenu autour
du plant (fig.54) que l’on glisse dans le trou. Le sachet est retiré doucement et la terre tassée fortement
autour du plant pour assurer un bon contact avec la terre du trou de plantation.
Les temps de travaux sont difficiles à estimer, la trouaison est le plus souvent progressive et les
caractéristiques des sols très variables, on peut estimer que dans des conditions moyennes, un adulte
réalise 6 trous par jour (rappelons qu’on admet comme norme de terrassement lm3/personne/jour).
Lors de la journée de plantation collective, il est possible de planter environ 1000 plants.
Avec l’arrivée de la saison sèche, surtout si l’hivernage a été favorable, les risques de feu de
brousse sont importants, la réalisation d’un pare-feu tout autour de la zone plantée s’impose donc.
Une bande de 5m minimum est à dégager entièrement en coupant soigneusement les herbes et les
jeunes arbustes et en ratissant tout ce qui est sur le sol pour l’éliminer.
En deuxième année, il faut rétablir la cuvette autour du plant avant l’hivernage pour assurer
son approvisionnement en eau. En juillet un désherbage dégagera les jeunes arbres et parallèlement,
au moment des nouvelles plantations ou plus tôt si possible on procèdera au remplacement des
manquants. Celle-ci s’effectue sans refaire la trouaison.
Un pare-feu reste toujours nécessaire dès la fin du deuxième hivernage et les années suivantes.
Son utilisation est encore limitée en milieu paysan oh les conditions sont très différentes de celles
que l’on rencontre en station, cependant le semis direct est une technique rapide dont la mise au point
se poursuit et qui pourrait donner de bons résultats. Dans les sols plutôt lourds où il serait utile les
résultats restent à confirmer.
Notons qu’il a été expérimenté avec succès pour Acacia adansoni nilotica et Acacia sénégal. Le
semis est à réaliser en poquets avec des graines traitées (cf fiche n’4) et éventuellement prégermées,
dans des «cuvettes» décrites ci-dessus pour les plantations. Le problème est de semer immédiatement
après une pluie sur un sol suffisamment humide... car il ne peut être question d’arroser ensuite ! et
5.5
ISRA - FICHE TECHNIQUE Np 5
I\ /Y--+
. l ‘-
‘bo.
fig. 54 : dantation
5.6
ISRA - FICHE TECHNIQUE Np 5
souvent 1e dessèchement trop rapide de l’horizon de surface compromet la levée. Pendant les premiers
jours, les plantules sont à défendre contre les prédateurs et en particulier contre les iules; l’utilisation
d’appa& au CJranox ou au HCH semblable à ceux employés pour l’arachide donne de bons résultats.
Nous ne nous étendrons pas sur l’entretien encore plus important que pour les plantations. La
croissance des jeunes arbres inférieure à ceux issus de plantations obère cette technique dans les
utilisations courantes pour l’instant.
Bien quelesforêtset parcours soient tr& dégradés, les études en coursf ont apparaitre qu’il existe
encore des potentialités importantes.
Habituellement on distingue: les rejets de souche (repousses qui apparaissent sur une souche
après qu’un arbre ou un arbuste ait été coupé), les drageons (pousses qui se développent sur des
racines à une distance plus ou moins éloignée du tronc principal) et les jeunes pousses issues de
graines par semis naturel.
Sur la Communauté Rurale de Thysse Kayemor, quels que soient les sites, une bonne régénéra-
tion naturelle a été mesurée en 1988, à partir de rejets ainsi que de semis naturels, pour les 6 espèces
suivantes: Combretum glutinosum et Combretum nigricans, Feretia apodanthera, Acacia
macrostachya, Acacia sibériana, Dichrostachysglomerata; et suivant les stations: Opilia celtidifolia,
Heeria insignis, Grewia villosa, Securidaca longepedunculata, Bombax costatum ainsi que quelques
Lannea acida, Sclerocarya birrea, Cassia siberiana...(tab.Z) La présence d’une demi douzaine
d’espèces intéressantes est à souligner.
La régénération naturelle a donc un rôle important à jouer et elle doit être prise en compte dans
les interventions sur les zones def orêts et parcours en parallèle avec les plantations et éventuellement
semis directs déjà évoqués. Elle doit s’inscrire dans un shéma plus global de gestion et d’aménagement
des terroirs villageois. Cependant elle est difficile à mettre en oeuvre car elle impose un controle non
seulement des coupes de bois mais aussi du paturage et des passages de troupeaux. Une adhésion
complète de la part des villageois est nécessaire mais non suffisante: les personnes coupant du bois, les
animaux en divagation et les troupeaux peuvent provenir des villages voisins.
Ainsi que nous l’avons indiqué, ces parcelles, portant des espèces à croissance rapide, contri-
buent à diminuer les prélèvements sur les forêts naturelles où la majorité des espèces est à croissance
lente. Pour une production optimale, il s’agit de choisir des parcelles ayant de bonnes caractéristiques
pédologiques. Ainsi pour des Eucalyptus les premières exploitations des perches, dans la région de
Koungheul par exemple, ont été réalisées deux ans après plantation et une deuxième deux années plus
tard dans des parcelles à proximité des marigots. Mais, d’un autre côté, des quantités de bois et des
perches tout à fait acceptables peuvent être obtenus sur des sols moinsfavorables ou marginaux, il ne
faut pas l’oublier cokme le montre le tableau 53 pour Eucalyptus camaldulensis (avec des résultats
5.7
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 5
L’espèce la plus utilisée est Eucalyptus camaldulensis qui, a la croissance la plus forte et
présente une bonne plasticité. Dans la zone étudiée, il est à préférer à Eucalyptus microthecha qui
donne de moins bons résultats.
Sur des sols difficiles, il pourra être judicieux de choisir Acacia nilotica adansoni, qui est très
robuste et démarre rapidement; ou en bas de pente, sur des sols argileux, Acacia seyal; on peut ajouter
Acacia holoséricea, d’origine australienne, qui s’adapte à de nombreuses conditions et est trèsvigou-
reux (tab.53). Ces espèces ne donnent pas des perches de la même qualité que les Eucalyptus et sont
généralement moins recherchées par les paysans.
Dans tous les cas, la trouaison est à réaliser avec soin et en respectant les dimensions déjà
indiquées (50X50X50 cm) dans II.-Forêts et Parcours. Les autres recommandations s’appliquent
aussi; en terrain plat, une cuvette sera ménagée au pied du plant pour favoriser le stockage de l’eau,
avant son infiltration, en terrain en pente, celle-ci sera rehaussée à l’aval.
La plantation sont faites aussi tôt que possible, dès l’installation de la saison des pluies vers le
20 juillet, pour que les arbres profitent de l’ensemble des pluies pour s’installer et commencer leur
croissance.
La réussite et la rapidité de croissance sont étroitement liés à la réalisation d’une bonne trouaison
qui conditionne stockage de l’eau et développement racinaire, et à l’entretien indispensable pendant
deux campagnes. Il faut désherber, pour éviter la concurrence pour l’eau et la lumière, protéger et/
ou surveiller contre les animaux, même pour les espèces peu ou pas consommées. En effet, les petits
ruminants coupent les jeunes pousses mais les bovins cassent facilement les tiges, en p?rticulier des
Eucalyptus; en cas de repousse, la croissance est sérieusement handicapée (tab.53). En général, une
cloture n’est pas indispensable (étant réalisée avec des branches coupées en forêt... elle conduirait
dans des conditions difficiles à la destruction d’une quantité de boisvoisine de celle que l’on essaie de
produire); d’une part un désherbage soigneux enfin de saison des pluiesva éviter queles troupeaux ne
soient attirés par la présence de fourrage, d’autre part la simple traversée de la parcelle même par des
troupeau important ne provoquera que des dégats très limités qui ne justifient pas l’investissement
5.8
FICHE TECHAMXJE Np 5
d’une cloture : il sera plus simple de remplacer quelques plants l’année suivante. L’information des
bergers par contre sera importante.
La protection contre les feux de brousse ne doit pas être oubliée, elle passe encore par un
désherbage suivi d’un ratissage des herbes sur toute la parcelle. Dans le cas de bons sols, une culture
intercalaire d’arachide est possible pendant une à deux campagnes, elle retardera un peu la croissance
mais conduira les paysans à assurer naturellement un bon désherbage et le soulevage laisse le sol
absolument nu: une parcelle d’arachide est reconnue comme constituant un pare-feu idéal!
Dans le cas des Eucalyptus, après la coupe les souches rejettent assez abondamment. Le paysan
conservera un nombre de rejets plus ou moins important suivant le type de produit dont il aura besoin;
il faut cependant savoir que le système racinaire alimente les rejets par quartiers, il n’est donc pas
judicieux de ne laisser qu’un seul rejet pour obtenir une meilleure croissance.
Sur ces surfaces, la trouaison est difficile. Elle se fera par étape en utilisant l’accumulation d’eau
de ruissellement dans l’avant trou pour humecter progressivement le profil. Seule une action mécani-
que peut en effet ameublir ces sols et restituer une perméabilité permettant l’infiltration de l’eau. Il
est donc necessaire de réaliser la trouaison longtemps avant la plantation pour assurer un stockage de
l’eau, facilité par la réalisation soignée d’une cuvette après rebouchage du trou, complétée par une
diguette solide à l’aval..
Les plantations, pour que les plants bénéficient du maximum d’eau sont à réaliser en quiconce;
l’écartement utilisable reste 3X3m, ce qui permet d’avoir rapidement une bonne densité.
Les espèces testée sont rassemblées dans le tableau 54. L’Acacia holoséricea s’installe
rapidement dans ces conditions difficiles et maintient une bonne croissance, ce qu’il n’était pas inutile
devérifier. Acacia nilotica adansoni ainsi qu’Acacia sénégal et Ziziphus mauritiana sont aussi à
retenir; l’utilisation de plusieurs espèces paraît en effet souhaitable.
Des plantations de Sisal, en courbe de niveau à partir d’une trouaison réalisée sous forme de
tranchée, comme pour les haies, et avec un écartement entre les plants de 0,30m sont aussi utilisables
et complémentaires. Dans les sites d’étude, après une très bonne reprise, le Sisal a malheureusement
été détruit par les lapins et rats palmistes en mai.
Evidemment, ces plantations gagneront à être associées aux autres techniques de traitement du
ruissellement, comme les cordons de pierres, les murets de pierres sèches dans les passages d’eau...
5.9
tab.51 : Taux de renrise et croissance des ligneux en zone de narcours et forêts
NOMBRE
TAUX DE HAUTEUR MOYENNE
TOTAL
ESPECES REUSSITE en m. en dec. 88 REMARQUES
DE PLANTS
(année de plantation)
STATION : COLOBANE T
sol peu profond, horizon induré dès 0,5m environ, présence de blocs et dalles fissurées
STATION : COLOBANE II
sol peu profond, horizon induré dès 0,5 à 0,7m, présence de blocs et dalles fissurées
STATION : PILIDAR
sol profond >2m, pas d’induration, présence locale de gravier, à partir de 0,7m présence de blocs
5.10
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 5
5.11
ISRA - FICHE TECHNIQUE NQ5
EUCALYPTUS CAMALDULENSIS
parcelle 32 4,0**
10,171
ACACIA HOLOSERICEA
Pilidar cf supra ligne de 9 4,95
pierres (0,301
parcours 39 3.22
& (0.26)
forêt 15 1‘24
(0.065)
bord 15 2,27
parcelle2 (fJ,O8)
5.12
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 5
Tab.54 Taux de reprise et croissance des ligneux sur zone dépradée - badland -
Acacia macrostachya 20 70 25
Acacia senegal 15 80 85
Ziziphus mauritiana 16 70 76
* Valeur à titre indicatif: fort coefficient de variation sauf pour Acacia holosericea
Remarque: La plantation a été protégée contre les animaux par une cloture renforcée
par des épineux.
5.13
FICHE TECHNIQUE N” 6
DEFENSE ET RESTAURATION DES SOLS
FICHE No6
1. ROLES
Dans les zones cultivées du sud du Saloum, l’existence d’une importante érosion hydrique, même
sur des parcelles isolées de tout apport d’eau de l’amont, implique la mise en oeuvre de techniques
culturales conservatrices du milieu, à l’echelle de la parcelle. Les façons culturales apparaissent donc
comme un complément indispensable aux aménagements de DRS qui sont à réaliser par ailleurs.
Bien que l’efficacité du labour ait été démontrée maintes fois en station comme en milieu
paysan, cette technique n’est pas appropriable à l’heure actuelle par les paysans. Elle n’est donc pas à
proposer.
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abmdoim National de Rwherohas VBttkinak~ SP 2057 @ 32 04 42
En effet, sa réalisation, pourtant aisée en début comme en fin de cycle en raison de l’humidité
suffisamment élevée du sol, entre en concurrence avec d’autres travaux champêtres non différables
(semis ou récolte). En saison sèche, la prise en masse des sols rend impossible le labour en traction
animale.
La prise en compte de cesfacteurs suggère la mise en oeuvre d’autres techniques culturales. Dans
l’état actuel de nos connaissances, nous préconisons la réalisation d’un travail à la dent en sec en
traction bovine, et, en culture arachidière,le sarcla-buttage de prélevée, appelé radou-baligne.
1. Sites de réalisation
De par l’existence d’un ruissellement diffus ou en nappe dans la plupart des parcelles de culture,
le travail à la dent en sec est applicable à l’ensemble des unités de paysage de la toposéquence, à
condition que la texture du sol autorise l’obtention de-mottes de taille suffisante. Toutefois, les zones
les plus soumises à l’érosion en nappe doivent être traitées en priorité. C’est le cas, en particulier, des
sols de bordure de plateau plus ou moins cuirassés, et de tous les sols de glacis très faiblement
structurés, sans rugosité de surface,~et très battants du fait de leur faible teneur en matière organique
et de leur taux élevé en limons et sables fins.
Cependant, dans les zones ou l’on observe un ruissellement concentré, cette technique est à
proscrire, sans quoi le remède escompté deviendrait pire que le mal. Dans ces cas, il est préférable
d’employer les techniques citées dans les fiches précédentes (petits seuils en pierre, par exemple).
2. Caractéristiques :
L’outil :
11s’agit d’une dent RRS (Ressort Réversible Simplifiée), dont le schéma est donné en figure 6.1.
De conception simple, elle peut êtrefabriquéelocalement, et adaptée facilement sur un bâti «Ariana»
(cf. photo 6.1), dont il existe de nombreux exemplaires au Sine-Saloum. En l’absence de ce type de
matériel, on peut également envisager la fabrication d’un bati spécifique.
La réalisation du travail :
Pour des raisons d’état sanitaire des animaux de trait, il serait à priori préférable de réaliser le
travail à la dent en début de saison sèche. Pourtant, étant donnée la divagation du bétail, nous
préconisons l’exécution du travail enfin de saison sèche de manière à ce que le micro-relief créé ne soit
pas totalement détruit par les passages répétés des animaux.
La force de traction exercée par une paire de boeufs ou de vaches de race Djakoré de gabarit
moyen est largement suffisante.
Pour ne pas fatiguer outre mesure les animaux de trait, il faut compter, en moyenne, environ 12
heuresde travail, soit 2 journées de 6 heures, pour couvrir 1 hectare. Sur certains solslourds de plateau,
le temps de travail peut être doublé et le jumelage de deux paires de boeufs peut devenir nécessaire si
l’on désire un travail suffisamment conséquent.
6.2
ISRA - FICHE TECHNIQUE N* 6
I
3. Entretien :
En raison de l’abrasion rapide du fer constituant la dent, le soc doit être retaillé ou retourné
(caractère réversible de l’outil) après, au plus, un hectare de surface travaillée (inter-rang 0,5 m)
4. Ejjicience et limites :
La rugosité de surface obtenue par le travail à la dent en sec est très efficace pour limiter la
circulation des eaux de surface des deux premières pluies. Malheureusement, sur les sols mis en culture
de manière continue sans restitution d’aucune sorte, elle disparaît très rapidement en surface de la
ligne travaillée, bien qu’il subsiste unef orte porosité sous la croûte de battancef ormée. (D’où l’intérêt
d’un couplage avec un apport de matière organique.)
Du fait d’une infiltration accrue, il résulte une progression plus rapide du front d’humectation et
du front racinaire. En 1987, quarante-cinq jours après le début des pluies (184 mm en 6 épisodes
pluvieux), sur sol de bordure de plateau, le front d’humectation est de 40 cm plus profond en zone
travaillée; ce qui peut être très intéressant pour l’alimentation hydrique de la culture en cas de
sècheresse temporaire de début de cycle.
En 1987, le rendement en mil avec travail à la dent et semis en sec fut de 19% supérieur par rapport
au témoin.
1. Sites de réalisation :
Cette technique, tout comme le travail à la dent en sec, est appliquable, avec les mêmes
restrictions que ce dernier, à l’ensemble des unités de paysages de la toposéquence, mais elle ne se
pratique que sur arachide. Dans la mesure où elle ne constitue pas de contrainte particulière pour les
paysans du point de vue du calendrier cultural ou de la disponibilité en matériel, le radou baligne peut
s’effectuer sur toutes les parcelles d’arachide.
2. Caractéristiques :
La réalisation de la technique :
Le semis étant isohypse ou au moins perpendiculaire à la ligne de plus grande pente, le radou
baligne est effectué en lieu, date et place du radou (sarclage de prélevée) classiquement réalisé, c’est-
à-dire au plus tard 48 heures après le semis.
Ils’agit,commelemontrelafigure2,decréerunepetitebuttesurlalignedesemisenliantàl’aide
6.3 I
1 ISRA - FICHE TECHNIQUE NQ6
d’un chiffon les deux dents ou rasettes arrière de l’outil sarcleur. Lors de chaque passage, on réalise
ainsi deux demi balignes de part et d’autre de l’outil; le retour dans l’interrang contigu f ormant le demi
baligne complémentaire (photo 6.3).
On obtient un dénivelé maximum moyen de 7 à 8 cm, étalé sur 15 cm de part et djautre de la ligne
de semis. Pour des rangs d’arachide distants de 50 cm, 30 cm sont donc remaniés (photo 6.4).
Dans ces conditions, le radou baligne permet de retenir en moyenne 40 mm de pluie sans
débordement, si l’on suppose qu’il résiste sans détèrioration à l’agressivité des pluies. De fait, ce petit
buttage offre une assez grande résistance aux précipitations, puisqu’en 1988, après un cumul de plus
de 100 mm comprenant un événement pluvieux de plus de 80 mm en 1 heure, il pouvait encore stocker
plus de 30 mm en moyenne. Peu à peu, le micro-modelé s’adoucit pour finalement disparaître un mois
après sa réalisation. A cette date, la végétation doit prendre le relai en matière de contrôle du
ruissellement.
De plus, par «effet mulch », il permet de conserver l’humidité superficielle du sol et donc
d’accroître la résistance à la secheresse de l’arachide en début de cycle.
6.4
fin.61 : dent Ressort Réversible SimDlifiée (CEEMAT)
-. ,-.
CARRE DE 20 mm x 40 mm
pour fixation
les bâtis
dent sur
-
l-
-
ETANCON : L = 35 cm
I = 6 cm
e = 12 mm
L
ECHELLE : 1/2
VUE DE PROFIL
ISRA - PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE
Photo no61 :
Travail à la dent
v’
en fin de
saison sèche
Photo n-62 :
Eclatement du sol
obtenu
à la dent RRS
-
ISRA - PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE