L'introduction Cours Droit Penal General

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Cours de Droit pénal général

Professeur Slimani Amina


Université Mohammed V Rabat

Bibliographie
Bibliographie marocaine

Constitution
Code pénal
Code de procédure pénale
Charte de réforme de la justice
M. DRISSI ALAMI MACHICHI, Manuel de droit pénal général, Les éditions
maghrenines, Casablanca, 1974
M. AMZAZI, Précis de droit criminel, Première éd. 1994, Publication APREJ ,
Dar Nachr Almaarifa
M. DRISSI ALAMI, Procédure pénale, éd. Kamar Rabat, 1981 (en arabe)
A. El Khamlichi, Droit pénal, Partie générale, Librairie Al Maarif, Rabat, 1985 (
EN ARABE
A . ALAMI, commentaire du droit pénal, partie générale, éditions dar nachr
almaghribia, Casablanca, 2007 (En arabe)
S. Nassraoui, Théorie générale de droit pénal marocain, Tome 1 Librairie Al
Maarif, Rabat, 1983 (en arabe)

Ouvrages spéciaux
M. AMZAZI, La sanction ? Editions APREJ Rabat 1993 ( en arabe)
M. AMZAZI, sous la direction de, Constitution et droit pénal, APREJ, Rabat
1994 collectif,
M. AMZAZI, Essai sur le système pénal marocain, editions centre J.Berque,
Collections description du Maghreb, 2013

Bibliographie française
 X. PIN, Droit pénal général, Dalloz, coll. Cours, 5ème éd., 2012 ;
 R. BERNARDINI, Droit pénal général, Gualino, coll. Manuels, 2003 (cf.
P. KOLB et L. LETURMY) ;
 Ph. CONTE, P. MAISTRE du CHAMBON, Droit pénal général, Colin.,
U Droit, 7ème éd. 2004 ; Procédure pénale, Colin, U Droit, 4ème éd.,
2002.
 B. BOULOC (continuation du G. STEFANI, G. LEVASSEUR, B.
BOULOC), Droit pénal général, Dalloz, 23ème édition 2013 (B.
BOULOC seul) ; Procédure pénale, 23ème éd. 2012 ;
Le plan de l’introduction
1. Définition du droit pénal
2. Distinction du droit pénal général avec les autres sciences criminelles
3. Objet du droit pénal
4. Finalités du droit pénal
5. Histoire du droit pénal
6. Les fondements doctrinaux du droit pénal général

Avant propos
Le droit pénal général s’intéresse à un phénomène social particulièrement grave
appelé criminalité ou phénomène criminel. Le phénomène criminel n’est pas
récent, il est présent dans toute société
Il est variable selon les pays. Il change également de nature et de dimensions
d’une époque à une autre.
Le phénomène criminel est lié au regard que chaque société porte, à un moment
donné de son histoire, sur les comportements qui violent les règles régissant la
vie en société, l’ordre social.
• L’ordre social est essentiellement variable, c’est une notion évolutive :
• Variable d’abord dans l’espace:
selon les régimes socio-politiques considérés :
• Régimes répressifs des pays capitalistes ou socialistes, ce qui se traduit
par un ordre pénal, un système répressif différent dans ces pays. la pensée
pénale dans les pays socialistes résulte directement des principes
directeurs de la doctrine socialiste ( Voir à ce sujet Alami Machichi,
op,cit, p 97 etss)
• Variable dans le temps:
Les conceptions de l’ordre social varient en fonction des transformations
sociales, économiques, culturelles. Les comportements réprimés par le
droit pénal subissent l’impact de l’évolution des mœurs.
• Par exemple:
• En Europe, la laïcisation du système pénal a entrainé un changement
progressif et collectif dans la conception de l’ordre social. Ainsi, des
comportements qui étaient autrefois considérés comme nuisibles,
attentatoires à l’ordre public ont été « décriminalisés » et donc ne sont
plus des infractions pénales. ( blasphème, suicide, avortement, adultère,
relations sexuelles hors mariage, homosexualité etc)
Cependant, dans les pays attachés à la religion, on y trouve des
dispositions incriminant des actes portant atteinte à la religion ( lire à ce
sujet article Amzazi, « islam et droit pénal au Maroc », Archives de
politique criminelles, 1986)
• Exemple:
La rupture du jeune du ramadan en public (article 221 CP)
• Les relations sexuelles hors mariage( art 490 CP)
• L’homosexualité (art 489 CP)
• L’avortement ( art 449 CP)
• Adultère ( art 491 CP)

Dans ce cours de droit pénal général, il ne s’agit pas de saisir les causes du
phénomène criminel ; une telle analyse est l’objet d’une autre science appelée
criminologie ni de prétendre analyser les différentes réponses sociales : peines et
mesures de sûretés étudiées par les sciences pénitentiaires ou pénologie. En
revanche, il s’agit de préciser les principes généraux relatifs à l’infraction, à
l’auteur et à la réponse pénale
INTRODUCTION

Paragraphe 1. Définition du droit pénal

Pour définir le droit pénal, il faut répondre aux questions suivantes


Quel est l’objet du droit pénal, quel est son utilité pratique?

Il y’a deux manières de définir le droit pénal:


• D’une manière stricte, c’est la définition des infractions et de leurs
sanctions,
• D’une manière plus large, retenue aujourd’hui, c’est l’ensemble des
règles qui réglementent dans un pays la prévention et la répression des
infractions par l’Etat
Le droit pénal peut ainsi être défini (au sens large) comme l’ensemble des règles
juridiques qui organisent l’exercice de la répression par l’Etat.
1. Le droit pénal détermine les infractions;
2. précise les conditions de la responsabilité de l’auteur de l’infraction;
3. Les faits justificatifs et les causes de non imputabilité
4. Le droit pénal fixe les différents types de peines ou de mesures de sûreté
qui pourront être prises contre ceux qui auront porté atteinte à l’ordre
social.
5. Il détermine de quelle façon des peines et des mesures pénales seront
effectivement exécutées.

Levasseur le définit ainsi: « le droit pénal est la branche du droit positif


ayant pour objet l’étude de la répression par l’Etat des comportements de
nature à créer un trouble intolérable pour l’ordre social »
Le droit pénal est donc la branche du droit positif qui définit les faits qualifiés
« d’infractions » ainsi que les « peines » qui s’y appliquent.
Ces deux mots constituent les concepts clés du droit pénal :
L’infraction est la transgression grave qui consiste dans le fait pour une
personne d’enfreindre par la violence, la ruse voire l’indiscipline, ce qui est
interdit par la loi sous la menace d’une peine, cet interdit frappé d’une peine se
nomme « l’incrimination » qui est classé en crime, délit ou contravention.
Ainsi, et pour qu’une infraction puisse être reprochée à une personne, il est
nécessaire qu’il existe préalablement à son geste une incrimination, donc un
interdit et une peine, et inversement une peine ne saurait être prononcée sans
interdit, ni infraction.

De là, il apparait que le droit pénal est un droit original qui remplit une double
fonction:
• une fonction à la fois expressive: c’est un droit qui interdit.
• et une fonction répressive : c’est un droit qui punit.

Paragraphe 2 : Fonctions du droit pénal

Le droit pénal a donc une double fonction:


D’abord, une fonction expressive car toute incrimination repose sur un choix de
valeurs ou d’intérêts dont le respect est jugé indispensables au maintien de
l’ordre social.
C’est l’aspect axiologique du droit pénal qui justifie qu’il soit un droit
sanctionnateur.
Bien que le droit pénal serait « l’ultima ratio » de la réaction sociale, un droit de
renfort, un droit d’exception qui intervient en dernier recours.
On assiste à l’heure actuelle à une multiplication d’incrimination de
comportement (inflation pénale)
Cette intervention du droit pénal le rend préventif et risque d’être perçue
comme plus oppressif que répressif ( Xavier pin, p 5)
Ensuite, une fonction répressive:
Il s’agit d’un droit qui punit les auteurs d’actes violents, rusés ou indisciplinés,
portant atteinte aux valeurs qu’il protège.
Cette façon de lutter contre le crime est souvent contesté par la doctrine
( abolitionnistes). Mais elle s’est maintenue faute de mieux.
Bien que les peines soient adoucies, la peine est de moins en moins douloureuse
car elle n’est plus une emprise sur le corps du coupable. Son but est aujourd’hui
orienté vers la réinsertion, elles continuent à soulever des problématiques et
susciter le débat. ( conditions d’exécution des peines non conformes avec les
exigences actuelles de la dignité, surpeuplement carcérale,) ce qui pousse les
condamnés au suicide. (xavier pin, op.cit, p5.
La peine de mort partage les législations et porte atteinte aux principes et droits
fondamentaux reconnus universellement aux personnes ( le droit à la vie) malgrè
son maintien cela n’a pas freiné la hausse de la criminalité. ( voir étude El
Hamdaoui sur la peine de Maroc au Maroc)

Paragraphe 3/ L’objet du droit pénal

Le droit pénal a donc pour objet la détermination des faits qui troublent l’ordre
social.
L’article 1 du CP dispose que la loi pénale détermine et constitue en infractions
les faits de l’homme qui à raison du trouble social qu’ils provoquent, justifient
l’application à leur auteur de peines ou de mesures de sûretés.
• Trois observations peuvent être déduites de cet article:
1- Cette formule précise tout l’objet du droit pénal général.
2- cet article montre que le trouble à l’ordre social est le seul critère
que le législateur marocain retient comme base à l’incrimination.
Le législateur a donc toute la latitude pour fixer et préciser les
comportements constitutifs d’infractions.
3- « Cet article confère au législateur la liberté de « déterminer » sans
en avoir à s’en expliquer « les faits de l’homme qui provoquent
un trouble social » et de « les constituer en infractions » .
Voir M.Amzazi, Eléments de droit criminel, 2013 ( p,60)

Le droit pénal ou droit criminel matériel comprend deux catégories de règles:


D’une part, celles qui traitent des infractions, appelées droit pénal spécial et font
l’objet du livre troisième du code pénal.
Cette partie dite spéciale, se présente sous forme de catalogue des crimes, délits
et contraventions. Répartis entre différentes rubriques portant chacun un intitulé
censé renseigner sur son contenu, sur sa nature et parfois sur la valeur protégée.
D’autre part, il y’a les règles de droit pénal général. Cette partie rassemble les
règles qui précisent pour la majorité des infractions les conditions relatives à
l’incrimination, à la responsabilité, aux délinquants, aux peines, aux mesures de
suretés et aux modalités d’application des sanctions.
Les dispositions du droit pénal sont destinées à protéger les valeurs essentielles
de la société.
La vie en société nécessite le respect d’un certain nombre de règles ayant trait à
la famille, à la morale, à la religion, aux rapports sociaux entres les individus ou
entre les individus et les autorités.
Les lois pénales conseillent d’agir ou de s’abstenir comme le législateur le
recommande :
Pour que l’ordre social soit préservé;
Pour que les libertés et intérêts s’autrui soient sauvegardés ;
Pour que la vie en société soit harmonieuse;

Il s’agit de valeurs humaines fondamentales et des droits individuels essentiels:


Le droit pénal protège la vie et l’intégrité physique en réprimant le meurtre, les
coups et blessures et les tortures.
Le droit pénal protège la dignité humaine en réprimant les atteintes à l’honneur
et à la considération des personnes.
La liberté individuelle en réprimant l’arrestation illégale ( art 436, 440) et la
détention illégale arbitraire ( art 227 et 228 CP).
Il protège les droits à la propriété en réprimant les infractions portant atteinte
aux biens ( vol, escroquerie, abus de confiance etc).
Il protège la vie privé en réprimant les atteintes à l’inviolabilité du domicile
( art 230 et 441 CP)
La violation du secret de la correspondance ( art 232 CP)

Parag 4. Evolution historique

Pour comprendre le droit pénal marocain actuel, Il convient de faire deux


observations préliminaires :
• Le droit pénal issu du code de 1962 s’inspire essentiellement du DP
moderne, de l’évolution occidentale du droit pénal européenne et
particulièrement française.
• Par conséquent pour le comprendre dans ses vraies dimensions, il
convient de donner un aperçu historique sur cette évolution et partant
celle de la peine.
• L’approche historique permet de mieux comprendre l’évolution des
mécanismes du droit pénal jusqu’à nos jours et par là même de mieux
saisir l’essence de cette matière.
• L’étude de l’évolution du droit pénal et partant celle de la réaction sociale
est nécessaire pour comprendre le droit actuel.

A. Le droit pénal dans les temps anciens.


Cette période est divisée en périodes suivantes:
• Période de la vengeance privée.
• Période de la Justice privée
• Période de la justice publique
(voir à ce sujet Adolphe prins: développement historique du droit pénal , extrait
de « science pénale et droit positif »Bruxelles, Paris 1899, Drissi Alami
Machichi, Droit pénal général, 1974, p57-8

1. LA VENGEANCE PRIVEE
Elle est marquée par plusieurs particularités :
• l’absence totale de la notion de l’Etat;
• Prédominance du phénomène de la vengeance du sang;
• La justice s’exerce sous forme de vengeance ;
• La famille, le clan ou la tribu offensée se vengeait sur l’auteur de
l’infraction ou sur un membre du groupe de celui-ci ;Le chef de famille
exerçait cette justice: mise à mort, bannissement.
Elle a différentes conséquences:
• La vengeance n’est guère organisée, quand un membre du clan est victime
d’une agression, c’est toute la famille, tout le clan, qui va agir pour le
venger et la riposte peut être portée contre l’agresseur lui-même ou tout
autre membre de sa famille ou de son clan.
• Absence de la personnalité de la peine
• Responsabilité pénale collective
• Absence de règle d’équivalence ( la riposte disproportionnée à l’atteinte
2. PERIODE DE LA JUSTICE PRIVEE
Ses caractérisée sont les suivants :
• un rétrécissement du domaine de la vengeance privée.
• Des limitations aux conséquences fatales de la vengeance privée furent
apportées:
• L’autorité du chef de la famille fut limitée, le droit de vengeance n’est
reconnu qu’à la victime de l’agression ou sa famille et uniquement contre
l’auteur de cette agression. (prémisse du principe de la personnalité des
lois)
Des conséquences sont à relever :
• Glissement vers la responsabilité individuelle ( abandon noxal)
• Instauration de la loi du talion.( la vengeance doit être proportionnée en
intensité et en nature à l’agression ) toutefois, la victime peut opter pour
la composition ( arrangement amiable avec l’auteur de l’agression ou son
groupe) appelé prix du sang sorte d’indemnité à titre de réparation du
préjudice.
• Généralisation de la pratique de la composition ( au début volontaire, puis
tarifiée et légalisée)

3. Periode de la justice publique


Ses principales caractéristiques sont :
• L’apparition de la justice publique concourt avec celle de la notion
moderne d’Etat. La justice privée était déclenchée par les particuliers, les
victimes;
• L’Etat se substitua aux particuliers, désormais seul détenteur du pouvoir
de rendre la justice et d’organiser la répression, les particuliers sont tenus
de se conformer aux règles et procédures établies par l’autorité publique.
• L’Etat augmenta le nombre des infractions publiques ( avant des délits
privés)
• L’Etat exigea une part de la composition ( c’est l’amende du droit positif
et les dommages-intérêts; la première revient à l’Etat la deuxième à la
victime).
Les conséquences de cette évolution :
• Cette période est marquée par la sévérité des peines
• La peine de mort s’applique à des infractions légères (hébergement
d’esclave fugitif, dégradation d’immeubles, etc…
• La peine était effrayante, vengeresse et intimidante.

4. L’époque contemporaine

Tout en conservant sa structure générale qui demeurent largement dominée par


les principes de la doctrine classique ou néoclassique (La justice pénale connaît
une véritable mutation d’abord avec les positivistes dont les idées s’implantent
partout dans le monde. Ensuite, le mouvement de défense sociale qui prendra le
relais.). Un vaste mouvement d’idées au sujet du phénomène criminel et de la
politique pénale. Cette époque connait une importante production législative en
matière pénale marquées par les courants doctrinaux de deux écoles notables:
L’école positiviste et l’école de défense sociale.

C. Evolution du droit pénal marocain

« Les conceptions philosophiques et la pensée pénale du XVIIIèsiècle, qui ont


donné naissance au modèle libéral de politique criminelle, ont eu un impact
indéniable sur l’esprit et le contenu du code pénal et du code de procédure
pénale ou des lois pénales particulières applicables au lendemain de
l’indépendance ».
« le propre du modèle libéral de politique criminelle n’est pas de libérer le droit
pénal de l’emprise étatique. Sa particularité est de soumettre l’Etat, dépositaire
du monopole de la punition, au droit et d’édicter un ensemble de principes et de
garanties qui assurent la protection des droits et libertés reconnus aux citoyens »
lire à ce sujet Amzazi, op,cit, Essai sur le système pénal marocain, 2013,p 26).

Sur les Modèles de politique criminelle: Delams Marty, les grands systèmes de
politique criminelle, PUF, 1992,

Le code pénal marocain a été promulgué le 26 novembre 1962 ,C’est un texte


qui comporte la législation de base en matière répressive, mais il ne contient pas
toute la législation pénale marocaine ( textes spéciaux)

Ce code contient (malgré les lacunes) des dispositions modernes: mesures de


sureté qui ont un caractère préventif, L’admission de la responsabilité pénal des
personnes morales, etc. Le code pénal de 1962 s’inspirait en grande partie du
code français:

Des idées des néo-classiques en liant la responsabilité pénale au discernement,


prévoyait un minimum et un maximum, échelonnait la peine en fonction de la
gravité, les circonstances atténuantes et le sursis à exécution de la peine.

Des idées des positivistes: des mesures de sûreté et de prévention à côté des
sanctions, de l’obligation pour le juge de tenir compte de l’état dangereux du
délinquant , de l’aggravation de la peine en cas de récidive.

1-À ses débuts, le droit criminel marocain était identique au droit français .
Cette dépendance va diminuer au lendemain de l’indépendance. Actuellement
les deux codes se distinguent sur des sujets essentiels:
-à l’organisation de la responsabilité pénale des personnes morales, l’intégration
de l’état de nécessité et de la légitime défense des biens dans l’énumération des
causes d’irresponsabilité
-La distinction entre les troubles des facultés mentales et leur affaiblissement
au titre des causes de non imputabilité.
En effet, ces variations se justifient par le lien étroit qui existe entre le droit
pénal et les spécificités socioculturelles du pays notamment les incriminations
relatives aux mœurs et à la famille .
Si en France, le droit criminel a connu des avancées importantes dues à plusieurs
contraintes, au Maroc, le code pénal est devenu un texte figé et rétrograde, face
à la rareté des réformes, la faible place consentie au droit international depuis la
constitution de 1962.

• 2- respect des engagements internationaux:


Outre les spécificités socioculturelles, les lois internes sont davantage tributaires
des engagements souscrits par l’Etat au plan interne et international.

Le Maroc a ratifié la majorité des instruments internationaux des droits de


l’homme, de lutte contre le crime organisé, le terrorisme, le blanchiment de
capitaux, la traite des êtres humains etc.

Il s’agit là d’une ouverture indirecte sur le droit international pénal, Ces


engagements internationaux ratifiées par le Maroc ont été à l’origine des
réformes qu’a connu le droit pénal ( CP et CPP) à partir de 2003.

• 3- les réformes du code pénal marocain:


Le processus de mise en place de ces réformes et qui s’est accéléré à partir des
années 2000 a pour objet d’accompagner le changement en matière de
consécration de l’Etat de droit et des droits de l’homme, l’harmonisation des
dispositions internes avec les chartes et conventions internationales ratifiées par
le Maroc. De même que pour sanctionner d’autres actes graves qui échappait
jusque là de l’emprise du droit pénal.
• la loi 07-03 complétant le code pénal (art 607-3 à 607-11) vient remplir le
vide législatif qui existait en matière de lutte contre un nouveau genre de
criminalité relatif aux systèmes de traitement automatisé des données .
( promulguée par dahir du 11 novembre 2003)
• De nouvelles incriminations inspirées du droit international qui interdit le
racisme, et toute forme de discrimination ( loi 24-03).

• La création de délits nouveaux reflète des préoccupations d’actualité ou


liées aux modes de vie contemporains, ainsi en est il du harcèlement
sexuel, ou du délit de répression de certaines formes d’exploitation
abusive de l’être humain (conditions de travail), les délits commis contre
des enfants (utilisation pour mendicité, commerce sexuel, vente….)
• Loi 24-03 relative à la protection pénale de l’enfant et de la femme
modifiant les articles 13/ 138-139-140 / 408-418-459-(1)/461(1),475 (1),
491-497-502 et 503. a crée de nouvelles dispositions visant la protection
de l’enfant, de la femme ( incrimination du harcèlement sexuel / égalité
entre l’homme et la femme en matière d’excuse légale en cas d’adultère).
• Et la loi 38-00 complétant l’art 307 et qui vise la lutte contre la montée de
la criminalité et les agressions contre les citoyens au moyen d’armes
blanches.
• La loi 03-03 relative à la lutte contre le terrorisme, la loi 43-04 du 14
janvier 2006 luttant et sanctionna la torture.
• la loi 43-05 relative à al lutte anti-blanchiment de capitaux du 17 avril
2007, modifiée et complétée par la loi 13-10 (20 janvier 2011) introduites
dans notre code pénal.
• Le projet de réforme du CP 10-16 introduisant les peines alternatives
4-La constitution de 2011
Avant 2011, les principes directeurs de droit pénal consacrés par la constitution
étaient peu nombreux et sans effets tangibles sur le dispositif répressif.
la constitution de 2011 consacre le droit à la vie, interdit la torture, les crimes
contre l’humanité, les crimes de guerre et le génocide . elle Annonce la refonte
des dispositions relatives à al criminalité des affaires. Elle condamne la torture
et les traitements inhumains ou dégradants. Interdit les atteintes à l’intégrité
morale et physique du citoyen.
• ( voir à ce sujet Amzazi, Essai sur le système pénal marocain, p107 et ss).
Parag. 4 Les fondements doctrinaux du droit pénal

Évolution de l’étatisation du droit de punir à l’époque moderne:

L’influence des idées des philosophes et des penseurs particulièrement à partir


de la seconde moitié du 18 ème siècle est importante, se développent des
doctrines fondées sur des concepts différents pour:
• l’étude du phénomène criminel
• pour l’étude de la réaction sociale, les fonctions et les finalités de la peine.
En raison de l’influence qu’ils ont exercé sur l’élaboration et l’évolution du
droit pénal moderne et sur la théorie de la peine. Trois courants vont être
brièvement analysées:

• La doctrine classique
• La l’école positiviste
• Le courant de défense sociale

a) La doctrine classique

Dès la fin du 18ème siècle, le phénomène criminel fit l’objet d’études


d’ensemble menées par des juristes. Les premières réflexions se focalisent sur le
problème du « droit de punir »
• L’école classique nait grâce au débat d’idées engagée par les partisans de
la justice absolue dont le célèbre Kant puis joseph de Maistre qui
élaborent la théorie de la justice absolue.
• Très peu de temps après la promulgation du code pénal de 1810, celui-ci
fait l’objet de critiques assez vives.
• Ces doctrinaires s’opposent catégoriquement au concept utilitariste du
droit de punir, visant à prévenir les crimes, et ainsi à assurer la défense
sociale.
• Kant pense que dès que l’ordre social a été troublé par une infraction, la
peine doit s’appliquer même lorsqu’elle s’avère inutile. Joseph de
Maistre incriminait tous les faits immoraux même quand ils ne
provoquent aucun trouble à l’ordre social.
• Pour eux, la peine a une fonction exclusivement morale: il convient de
châtier, de punir le coupable afin que celui-ci expie sa faute.
• Toute faute doit être sanctionnée, même si la peine infligée est inutile,
afin que justice soit faite.

Inconvénient: dangereuse, cette doctrine sanctionne même des faits qui ne


choquent point l’opinion publique, confond morale , religion et droit pénal,
viole les droits fondamentaux de l’homme
• Cette école n’a pas eu une influence importante sur le droit pénal.

Fondement:
• 1- l’idée du contrat social
• Pour cette école, le droit de punir est un pouvoir délégué par les individus
à l’Etat.
• Par conséquent, l’Etat doit se conformer aux termes du contrat social, qui
lui fait obligation de respecter la loi qui est l’expression de la volonté
générale ( la loi est au dessus de l’Etat).
• Donc, seule la loi doit définir les infractions et en fixer les peines
correspondantes ( garantie de la liberté d’action ou d’abstention du
citoyen et donc sa sécurité) avant d’agir l’individu sera averti que tel fait
constitue un délit et que s’il le commettait, il serait passible de telle peine
(d’où l’importance de la codification inexistante dans l’ancien régime)*
• Cette idéologie du contrat social est le fondement du fameux principe de
la légalité des délits et des peines, devenu la clé de voûte de tous les
systèmes répressifs occidentaux,
• 2- le double postulat: libre arbitre et fonction utilitariste de la peine
• Le libre arbitre est un principe fondamental pour les classiques
• Il repose sur l’idée de faute morale qui est inséparable de l’idée de liberté
dont la peine ne sera que la sanction naturelle.
• L’homme est un être libre, il est tout a fait maître de ses actes.
Seulement, pour devenir citoyen, il est présumé avoir adhéré au contrat
social qui lui impose de se conformer aux lois de la cité. Commettre un
délit pénal, c’est donc choisir en toute liberté de violer les termes de ce
contrat original.
Deuxième postulat:
• La peine est efficace pour lutter contre la criminalité. Le délit traduit de la
part du délinquant un mauvais usage de sa liberté. En lui infligeant une
peine: un châtiment, une souffrance. On doit pouvoir lui faire retrouver le
bon usage de sa liberté.
• Les classiques attribuent en fait à la sanction pénale une double finalité:
rétributive ou morale mais aussi utilitaire; repris dans la célèbre formule
de l’école classique « pas plus qu’il n’est utile, pas plus qu’il n’est
juste ».

Bentham a insisté sur la fonction utilitaire de la peine, conçue comme un


moyen de prévenir le crime par la crainte qu’elle fait naître.
Les Inconvénients de l’école classique
• Vision abstraite de l’infraction et non pas comme une réalité humaine
complexe,
• Relégation au second plan du délinquant (réalité vivante)
• Alors que le délit devient le centre d’intérêt
Remise en cause de la doctrine classique: L’école néo-classique:
Les auteurs néo-classiques ( Gizot et Rossi )réclament un rééquilibrage des
fondements du droit de punir et des fonctions de la peine. Ils appuient une
politique d’individualisation de la sanction, admettent l’utilité des mesures
préventives à côté des mesures répressives

C ’est l’école positiviste qui constitue la doctrine opposée à la classique. cette


sanction doit favoriser l’amendement et la réinsertion. »

b) Le temps des doctrines modernes

La justice pénale connaît une véritable mutation d’abord avec les positivistes
dont les idées s’implantent partout dans le monde.
Ensuite, le mouvement de défense sociale qui prendra le relais.

A/ L’école positiviste
Sources :
Tirée de la philosophie positiviste d’Auguste comte (philosophe français mort en
1857). L’école positiviste nait en Italie au cours de la seconde moitié du 19 e
siècle .
• Trois ouvrages de base sont à l’origine de la doctrine positiviste:
• « l’homme criminel » du docteur lombroso, publié en 1876.
• « sociologie criminelle » du pénaliste Enrico Ferri en 1881.
• « criminologie » du magistrat Garofalo en 1885

Le contexte intellectuel de cette époque était influencé par le « scientifique »


( croyance naïve dans les progrès illimités de la science). Les positivistes
sollicitent respectivement l’anthropologie, la sociologie et la psychologie pour
réfuter le postulat du libre arbitre.
Ils sont à l’origine des sciences criminologiques.

Postulat: le déterminisme
La pensée positiviste rejette le postulat du libre arbitre, elle est avant tout
déterministe: L’homme n’est donc pas libre, il n’a pas le choix de son
comportement en général et de son comportement criminel en particulier.

L’homme pense et agit sous la pression de contraintes : dont les causes selon
lombroso sont à rechercher dans l’homme, alors que pour Ferri c’est dans la
société qu’il faut voir la cause ultime de la criminalité.

Apports:
L’école positiviste propose une conception radicale fondée sur le principe
d’irresponsabilité morale. Étant donné que l’homme est déterminé dans ses
pensées et dans ses actes, il n’est pas libre, et faute de ce libre arbitre, toute
référence à la notion de culpabilité ou de responsabilité morale devient sans
l’objet, absurde. Se considérant comme des hommes de science, les positivistes
n’hésitent pas à soutenir que le criminel est un microbe social qui menace la
bonne santé du corps social.
Cette menace , cet état dangereux implique la nécessité pour le corps social de
réagir, de se défendre, de sorte que la sanction pénale est pour eux une exigence
de défense sociale et non pas l’expression d’un impératif moral ( les positivistes
ne se demandent plus si c’est moralement juste, ils affirment que c’est
socialement utile).
Cette défense sociale pourra prendre la forme : soit de mesures préventives, soit
de mesures de sureté.
-L’apport principale de cette école était que la prévention devait passer avant la
répression . cette doctrine a mis l’accent sur l’importance de la prévention du
phénomène criminel.
Introduisant l’approche réaliste dans l’analyse de la délinquance ( personnalité
du délinquant, causes concrètes, individuelles et sociales de la criminalité)
Ces idées animent d’ailleurs le droit pénal contemporain.( voir titre II du livre I
du Code pénal

B/ L’école de défense sociale


Ce courant doctrinal a eu une grande influence sur la pensée pénale
contemporaine. L’école de défense sociale a été lancée en Italie, au lendemain
de la seconde guerre mondiale( F.Gramatica en 1947)
• Apports:
Ce mouvement considère le problème criminel comme un problème humain qui
ne peut être traité qu’en fonction de la personnalité de chaque délinquant. D’où
la constitution d’un dossier de personnalité contenant les observations d’une
équipe d’experts: médecins, psychologues, sociologues, tous ceux dont la
contribution peut éclairer le juge sur la personnalité profonde du délinquant*
Pour les partisans de ce mouvement la sanction pénale doit avoir pour but
ultime la socialisation du délinquant ou son reclassement social.

Selon cette doctrine, pour protéger la société contre le phénomène criminel


la réaction sociale doit avoir un double objectif:
• Le premier est de protéger la société bien avant la commission des
infractions;
• Le second objectif c’est la réinsertion non seulement des délinquants
mais de toute personne considérée comme anti-social par la
rééducation
En conclusion, ce sont les grands courants doctrinaux qui fournissent au
législateur les éléments de base de sa politique criminelle

PARAG. Contenu du droit pénal


Le droit pénal regroupe deux principaux ensembles de règles qu’il est aisé de
distinguer : le premier concerne le droit pénal général= il comprend les règles
qui déterminent les conditions générales de l’incrimination, de la responsabilité
et des peines (livre premier du code pénal (art 13 à 109) et dans le livre 2
application à l’auteur de l’infraction des peines et des mesures de spuretés (ART
110 à 162). Le second groupe constitue le droit pénal spécial. Il se présente
comme un catalogue d’infractions selon différentes catégories= biens
personnes ; ordre public etc(livre troisième du Code pénal marocain.
C’est le droit pénal matériel qui doit être distinct du droit pénal formel : cette
partie réunit l’ensemble des règles concernant la nature, l’organisation et le
fonctionnement des investigations policières de la poursuite, de l’instruction, du
jugement et des voies de recours ainsi que les règles relatives à la compétence et
les différentes phases du procès pénal : le code de procédure pénale.

Parag. LA PLACE DU DROIT PENAL DANS LES AUTRES SCIENCES


CRIMINELLES
Le droit pénal ou le droit criminel contient des règles de fond et des règles
de forme. Il se distingue des autres sciences criminelles
La criminologie
Elle se présente comme une science qui envisage le crime en tant que déviance
sociale, mais aussi comme un acte humain résultant de facteurs prédisposant ou
criminogènes (individuels, familiaux, sociaux économiques ...) et de là, elle se
donne pour objet de rechercher et de disséquer les causes du crime, d'analyser la
personnalité du criminel et de proposer les moyens et les mesures les plus
appropriés de prévention et de lutte contre le phénomène criminel. En un mot, il
s'agit d'une approche foncièrement scientifique du phénomène criminel.

Droit pénal de Droit pénal de Relations avec la criminologie


fond forme
Le droit pénal de Le droit pénal de Distinction : certes, le droit pénal
fond ou le droit forme, ou droit et la criminologie ont le même
substantiel est une processuel ou objet : le crime et le criminel,
science normative, encore procédure mais elles ne l'étudient pas sous
imposant les pénale, est un le même angle. Le droit pénal a
normes de ensemble de pour objet essentiel la législation
conduite sociale, règles juridiques répressive. La criminologie,
normes de qui organisent le quant à elle, est une science de
comportement, et procès pénal : constations ; elle décrit la
les différentes organisation conduite criminelle, elle
formes de judiciaire, droits recherche dans les faits les causes
sanctions que l'État et obligations des du crime ; elle étudie le criminel.
met en œuvre pour policiers, des Alors que le droit pénal utilise des
en assurer le juges, des méthodes juridiques reposant sur
respect. C’est le personnes l'interprétation des sources du
droit des poursuivies et de droit, la criminologie est une
infractions et des leur(s) discipline empirique qui repose
sanctions. victime(s), des sur l'observation des faits.
avocats.... Cette opposition n’empêche pas
l’existence de certains rapports.
Rapports : les juristes utilisent les
recherches et les résultats
criminologiques lorsque, par
exemple, ils souhaitent la
modification d'un texte de droit
(mesures de sûretés tient compte
de la "dangerosité" du
délinquant : notion issue des
recherches criminologiques). De
même, pour individualiser la
sanction, les juges doivent tenir
compte des conditions sociales ou
psychologiques de l’auteur de
l’infraction. Réciproquement, les
criminologues se référent le plus
souvent à la notion d’infraction
telle que définie par le droit
pénal. Le droit pénal définit l'axe
autour duquel ils mènent leurs
recherches.

Distinction avec la criminalistique : Il s’agit de l'ensemble des techniques


utilisées lors d'une procédure pénale pour établir les faits matériels
constitutifs de l'infraction et la culpabilité de son auteur. Telle la biologie
et la recherche de traces d'ADN. Mais il y a aussi, chez les physiciens, la
balistique qui étudie les armes et le tracé des balles, chez les chimistes, la
toxicologie qui étudie les poisons, chez les médecins, des spécialistes de
l'autopsie ou de la description des blessures...

Distinction avec la pénologie : Pénologie ou sciences pénitentiaires


comprend l’étude des peines et des mesures de sûretés. La pénologie englobe
une dimension criminologique tournée vers l’étude des moyens permettant
d’atteindre l’objectif de réinsertion poursuivi par les nouvelles réponses
pénales au phénomène de la délinquance et de la criminalité. On y inclut
même l'étude du Droit pénitentiaire c'est à dire essentiellement le régime des
prisons et le statut des prisonniers.

Distinction avec la politique criminelle : Feuerbach (1803) paternité de


cette formule définit la politique criminelle comme « l’ensemble des
procédés susceptibles d’être proposé au législateur ou effectivement utilisés
par celui-ci à un moment donné dans un pays donné pour combattre la
criminalité ». La P. crim. s’intéresse aux principes directeurs portant aussi
bien sur la théorie générale de l’infraction, sur le droit pénal spécial que sur
les peines, y compris leur exécution et sur la procédure pénale.

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