Photovoltaique Lafleur
Photovoltaique Lafleur
Photovoltaique Lafleur
Energie renouvelable :
Les cellules photovoltaïques
LAFLEUR Alexandre
Introduction ...................................................................................................................3
B. Filières technologiques...........................................................................................13
I) La filière silicium .......................................................................................................................13
II) Filières chalcogénures Polycristallins.......................................................................................15
III) Filière organique......................................................................................................................16
Conclusion...................................................................................................................25
Annexe 1 : Simulation des besoins d’un chalet en été et de l’installation d’un système
autonome .....................................................................................................................26
Annexe 2 : Besoins en matériaux................................................................................28
Annexe 3 : Avantages, inconvénients et performances des filières les plus matures
industriellement...........................................................................................................30
Introduction
Dans un premier temps nous étudions la lumière du soleil qui arrive sur la cellule, puis le
processus d’absorption de l’énergie lumineuse par le semi-conducteur et la jonction p-n. Nous
décrirons ensuite la mise en oeuvre de ces principes dans les modules photovoltaïques. Enfin, nous
détaillerons les particularités des cellules tandems.
I) Rayonnement solaire
Le Soleil est une « petite étoile » de 696 000 km de rayon et de masse 1,99 × 1030 kg. Sa
température intérieure, supérieure à 10 millions de degrés, permet aux réactions nucléaires de
fusion de transformer à chaque seconde environ 6 millions de tonnes de sa masse en énergie
rayonnée dans l’espace. En première approximation, le Soleil rayonne globalement comme un
corps noir de température TS = 5 800 K. Les satellites ont permis de mesurer avec précision le
spectre réel solaire hors de l’atmosphère terrestre, qui diffère légèrement du spectre théorique du
corps noir à 5 800 K dont la répartition spectrale du rayonnement électromagnétique est donnée par
la loi de Planck :
B
M λ = Aλ−5 exp( − 1)
λT
Où
A = 3,74.10 −10 W .m −2 .μm −1
B = 14,39.10 −3 m.K
Hors atmosphère, l’énergie moyenne annuelle reçue par la Terre est d’environ 5,5 kWh/m²
et par jour. En traversant l’atmosphère, le rayonnement solaire subit une atténuation et une
modification de son spectre, à la suite de phénomènes complexes d’absorption par les gaz, de
diffusion par les molécules, et d’absorption et de diffusion par les poussières et les aérosols. Ainsi
la couche d’ozone absorbe la majeure partie du rayonnement ultraviolet, tandis que la vapeur d’eau
absorbe le rayonnement infrarouge. Le flux énergétique reçu au sol dépend ainsi de nombreux
facteurs et son maximum au sol ne dépasse guère 1 000 W.m-2 avec un spectre décalé vers le rouge
par rapport au spectre hors atmosphère (figure 2.c).
Pour tenir compte de la position relative du Soleil qui modifie l’épaisseur d’atmosphère traversée,
on introduit un coefficient m appelé masse atmosphérique ou nombre d’air masse m proportionnel à
la distance parcourue dans l’atmosphère, qui sera fonction de la latitude.
p 1 z
m= exp(− )
1013 sin A 7,8
.
Différents spectres AMm (Air Mass = m) du rayonnement solaire après la traversée de
l’atmosphère sont reportés sur la figure 1, ces spectres sont obtenus pour z = 0 (niveau de la mer)
1
et p = 1013 = p atm , et alors m ≈ .
sin A
Ainsi, outre l’influence de l’atmosphère, le flux solaire reçu au niveau de la terre dépend :
- de l’orientation et de l’inclinaison de la surface ;
- de la latitude du lieu et de son degré de pollution ;
- de la période de l’année ;
- de l’instant considéré dans la journée ;
- de la nature des couches nuageuses.
Pour l’absorption, on utilise des matériaux semi-conducteurs dont les niveaux d’énergie des
électrons ont une structure de bandes qui présente un gap Eg entre la bande de valence et la bande
de conduction. Dans un semi-conducteur à l’équilibre thermodynamique à 0 K, la bande de valence
est complètement remplie et la bande de conduction est vide, le matériau est isolant. Néanmoins, si
l’on fourni assez d’énergie à un électron pour qu’il puisse passer de la bande valence à la bande de
conduction, il pourra migrer sous l’application d’un champ électrique, le matériaux est conducteur.
Le trou laissé par l’électron dans la bande de valence est lui aussi un porteur de charge, et contribue
aussi au courant. (figure 3)
Le rendement théorique maximal d’une cellule photovoltaïque est de l’ordre de 25%. Cependant,
des recherches portent sur des cellules comportant plusieurs couches qui présentent des spectres
d’absorption plus larges. Par exemple, une première couche absorbe les photons d’énergie faible
(Si pour le rouge et infrarouge), puis une seconde couche absorbe les photons d’énergie élevée
(GaAs pour le bleu). Sur ce principe, des cellules à 3 couches ont permis des rendements supérieurs
à 30 %, mais elles restent du domaine du laboratoire vu la complexité de réalisation.
Certaines cellules photovoltaïques pourront être réalisées à partir de matériaux adaptés à un spectre
donné (cellules pour l’espace, pour la lumière solaire au sol, pour la lumière artificielle...). Parmi
les autres facteurs de choix figurent la disponibilité du matériau à l’état cristallin et la facilité de
créer une jonction p-n dans ce matériau.
Dopage de type N
L’impureté est un atome donneur d’électron, la présence de cet atome sera caractérisée dans la
structure en bandes d’énergie par un niveau occupé d’énergie légèrement inférieure à Ec.
L’électron du donneur pourra très facilement passer dans la bande de conduction et constituera une
charge libre. Le niveau de Fermi est alors proche de Ec.
Dopage de type P
L’impureté est un atome accepteur d’électron, la présence de cet atome sera caractérisée dans la
structure en bandes d’énergie par un niveau vide d’énergie légèrement supérieure à Ev. Le niveau
vide de l’accepteur pourra facilement capter un électron du haut de la bande valence. Le trou laissé
par ce dernier dans la bande valence constitue un porteur libre. Le niveau de Fermi est alors proche
de Ev.
Le dopage est au coeur du dispositif qui permet de créer le champ électrique dans la cellule
photovoltaïque : la jonction P-N.
Figure 4 : Niveau d’énergie de la jonction avant la formation de la jonction
ρ ( x)
ΔV ( x) = − .
ε 0ε r
Lorsque l’équilibre est atteint, le champ électrique correspondant à la barrière de potentiel est
suffisant pour équilibrer les courants de diffusion des porteurs de charge, d’où un courant global de
diffusion nul. Les niveaux d’énergie au voisinage de la jonction sont alors donnés par la figure 6.
On peut étudier le comportement de cette jonction lorsqu’on impose une tension à ces bornes. En
polarisation directe, la barrière de potentiel est abaissée et un courant de porteurs majoritaires
important peut se développer. En polarisation inverse, le courant de porteurs minoritaires est très
faible et varie très peu avec la tension appliquée tant que cette tension est inférieure à la tension de
claquage (diode Zener). La loi de Shockley donne la caractéristique courant-tension de la jonction
(figure 7).
eV
I d = I S (exp( ) − 1)
k BT
Une cellule photovoltaïque est composée d’une jonction P-N éclairée par un flux de lumineux.
Nous étudions dans la suite le comportement électrique de ce dispositif.
IV) Photogénérateur
Si on soumet la jonction à un flux lumineux, des paires électron-trou sont crées par les
photons dont l’énergie est supérieure à Eg. Les électrons de la bande de conduction soumis au
champ électrique généré par la jonction, migrent de la zone dopé p vers la zone dopée n, ce qui
nous donne un courant négatif. La caractéristique courant-tension d’une jonction éclairée par un
flux lumineux est donnée figure 8. Nous voyons que sur une certaine plage (basse tension zone IV)
de tension, la jonction éclairée se comporte comme un générateur de courant dont l’intensité est
proportionnelle à celle du flux lumineux incident.
eV
I p = I cc − I S (exp( ) − 1)
k BT
On représente alors la cellule idéale par le schéma équivalent (figure 9), qui fait intervenir un
générateur de courant Icc proportionnel au flux lumineux sur la cellule et une diode qui caractérise
le comportement lorsque la cellule est polarisée :
Pour obtenir des tensions plus importantes (une cellule a une tension d’environ 0,6V), on
monte ces cellules en séries sur des panneaux solaires. Les cellules sont ensuite conditionnées en
fonction de leur utilisation. Par exemple, pour les panneaux en silicium cristallin, on place les
photopiles élémentaires entre deux support (généralement en verre) après les avoir reliées entre en
série par des fils conducteurs extra-plats, ensuite, on utilise une résine d’assemblage pour joindre
les deux supports. (Opération dite d’encapsulation).
Le rendement des cellules industrielles au silicium reste encore faible (inférieur à 15 %),
mais de grands espoirs sont permis grâce à l’obtention en laboratoire de rendements supérieurs à
25% avec des matériaux (AsGa) et des technologies différentes (multicouches).
Le coût de fabrication des matériaux monocristallins à très faible nombre de défauts est
actuellement le facteur qui freine l’utilisation de l’énergie solaire. Les matériaux amorphes dont les
procédés de fabrication sont moins coûteux (dépôts en couches minces par évaporation sous vide)
sont très prometteurs. Le silicium amorphe dont l’effet photovoltaïque a été mis en évidence dès
1976 est, de nos jours, largement employé, malgré un rendement plus faible que le silicium
monocristallin.
Dans la partie suivante, nous allons étudier les différentes voies qu’a ouvert la recherche
pour le développement de ces dispositifs incontournables dans l’avenir.
B. Filières technologiques
L’industrie des photogénérateurs est largement dominée par les composés en silicium dont
l’exploitation a été favorisée par l’essor de la microélectronique. Jusqu’à la fin des années 1980, les
forces de changement venaient de réactions négatives aux deux chocs pétroliers. Depuis une
quinzaine d’années, le changement est poussé par la nécessité positive de stabilisation du climat de
la planète et depuis peu, il est tiré par les opportunités alléchantes d’investissements dans des
systèmes de production d’énergie plus performants, plus propres et plus efficaces.
Nous présentons dans cette partie les technologies majeures du photovoltaïque. Le silicium
cristallin domine largement le marché (80% de parts de marché). Plusieurs recherches portent sur
des matériaux susceptibles de baisser le prix de l’énergie photovoltaïque. On distingue trois grandes
familles que nous présenterons dans ce chapitre :
i) la filière silicium
ii) les chalcogénures polycristallins
iii) les cellules photovoltaïques organiques
I) La filière silicium
Les deux raisons pour lesquelles des limitations sont à prévoir sur le moyen terme sont :
Le tableau 3 présente les rendements de différents modules soumis à des puissances lumineuses de
1kW/m² (lumière extérieure) et 100W/m² (lumière en intérieur).
II) Filières chalcogénures Polycristallins
Dans la filière polycristalline, deux options se détachent nettement depuis quelques années par leurs
performances et leur simplicité de mise en oeuvre : la filière CdTe et la filière CuInSe2 (et sa
variante Cu(In,Ga)Se2 encore dénommée CIGS), toutes deux le plus souvent associées à une
couche fenêtre au CdS.
CdS/CdTe
Jusqu’à une date récente, il était admis que la filière au CdS/CdTe représentait l’approche la
plus prometteuse pour les cellules de nouvelle génération. CdTe paraissait être un matériaux idéal
pour les cellules solaires en films minces pour au moins trois raisons :
- le gap d’énergie est de type direct : ainsi le coefficient d’absorption est élevé (> 105 cm-1 dans le
visible) et la couche absorbante ne nécessite pas plus de quelques micromètres pour absorber 90 %
du spectre solaire, autorisant par conséquent l’utilisation de matériaux relativement impurs dont la
longueur de diffusion des porteurs minoritaires ne dépasse pas quelques micromètres ;
- la valeur du gap Eg = 1,45 eV est idéale pour la conversion photovoltaïque du spectre solaire ;
- de nombreuses méthodes existent pour déposer CdTe avec une vitesse de dépôt très élevée tout en
gardant une qualité raisonnable.
On obtient des rendements compris entre 10% et 16%. Entre 1999 et 2001, BP Solar (Etats-Unis), a
pratiqué une production en série de cellules utilisant CdTe. Le rendement des cellules était de 14%,
celui des modules, 8%.
Cu(In,Ga)Se2
Un tel semi-conducteur, dopé avec un donneur, qui contient des électrons dans la bande de
conduction, est dit de type n. De manière symétrique, un dopant de la colonne III (bore) ne possède
que 3 électrons périphériques. Dans les conditions normales, un électron de valence voisin est
aisément transféré (accepté) sur cet atome trivalent. Un trou est ainsi généré dans la bande de
valence (charge positive p). Le semi-conducteur dopé avec un accepteur est dit de type p.
Enfin chacun de ces matériaux organiques est soit plus favorable au transport des électrons,
soit plus favorable à celui des trous. Cette propriété est indépendante du type du semi-conducteur.
Elle est déterminée par le recouvrement des orbitales entre les molécules. Lors du choix des
matériaux pour fabriquer une cellule, une règle doit être observée : un donneur doit être
transporteur de trous et peut éventuellement être dopé par des impuretés de type p. Inversement, un
accepteur doit être transporteur d'électrons et peut contenir des impuretés de type n.
Après dissociation, l'électron passe dans l'accepteur tandis que le trou reste dans le donneur.
L'énergie de l'ensemble [électron + trou] dissocié est égale à la différence entre les niveaux
énergétiques de chaque charge, c'est-à-dire I pD – c A. Pour que la dissociation puisse se produire,
elle ne doit pas consommer d'énergie, donc E ex doit être supérieur à I pD – c A. Un raisonnement
analogue montre que la même condition prévaut pour les excitons générés du côté accepteur de la
jonction. Pour obtenir une dissociation des excitons efficace, il est donc indispensable de contrôler
les niveaux énergétiques des matériaux. Pour une famille de composés donnée, l'ingénierie de la
chimie organique permet, dans certaines limites, de choisir ces valeurs par modification de la
structure moléculaire.
Pour améliorer le rendement de conversion des cellules photovoltaïques organiques, chaque
étape du fonctionnement doit être optimisée. Les trois principaux obstacles rencontrés dans les
cellules qui utilisent des matériaux solides sont liés :
• (2) aux faibles valeurs des mobilités des porteurs ; sauf exception, elles se situent
entre 10–3 et 10–6 cm2 · V–1 · s–1 selon les matériaux étudiés ;
• (3) aux problèmes de stabilité de ces matériaux et donc de vieillissement rapide des
composants.
Des efforts de recherche importants sont actuellement menés sur chacun des aspects des cellules
photovoltaïques organiques : chimie, physique, etc. La compréhension du fonctionnement de ces
composants est cependant loin d'atteindre celle des cellules en silicium. Ces dix dernières années,
l'immense progression de leurs performances permet d'espérer une commercialisation prochaine de
ces cellules : Siemens a annoncé le 7 janvier 2004 avoir augmenté le rendement de ces cellules
solaires à bases d'hétérojonction en volume au-delà de 5 % pour une durée de vie de 10 ans.
C. Application des modules photovoltaïques et étude
économique
I) Différentes utilisations des cellules photovoltaïques :
D’un point de vue technique, les systèmes photovoltaïques ne contiennent aucune pièce
mobile. Ils sont fiables, requièrent peu d'entretien, sont silencieux et ne produisent aucune émission
de polluants. Ce sont des systèmes modulaires : les éléments de base (modules de cellules solaires)
sont vendus dans un vaste éventail de capacités d'alimentation électrique qui vont d'une fraction de
watt (par exemple les montres et les calculettes à pile solaire) à plus de 300 watts. L'interconnexion
des modules permet d'obtenir la puissance qu'exige l’application recherchée. Cette modularité et
cette fiabilité sont les avantages les plus importants, d’un point de vue purement pratique, des
cellules photovoltaïques. Cependant, il est essentiel de réaliser les limites de ces systèmes.
Pendant longtemps, le handicap des cellules solaires résidait dans le fait que la quantité
d'énergie nécessaire à leur fabrication dépassait celle qui pouvait être générée pendant toute leur
durée de vie (garantie de 15 ans). En partant d'un kilogramme de silice, on obtient 100 g de silicium
monocristallin pour une dépense énergétique de l'ordre du MWh. De plus, la moitié de ce cristal est
perdue au cours de la découpe en tranches de 300 µm d'épaisseur. Aujourd'hui, le temps de « retour
sur investissement énergétique » a été réduit. Dépendant de l'ensoleillement, il est de 3 à 7 ans pour
les modules en silicium cristallin, il est inférieur à 2 ans pour les films minces installés dans les
pays du pourtour méditerranéen. Une autre critique souvent formulée par les détracteurs du
photovoltaïque concerne l'utilisation de produits hautement toxiques (bains d'acide chlorhydrique,
de soude, solvants, composés fluorés, silanes...) pendant la fabrication des cellules. Enfin le prix de
revient des modules photovoltaïques reste aujourd'hui élevé , ce qui entraîne un coût du kWh de
l'ordre de 0,25 à 0,5 e soit environ 10 fois le coût du kWh nucléaire. De même l’énergie
photovoltaïque est fortement limitée par sa période d’utilisation. Ainsi, elle ne produit pas
d’énergie la nuit et son utilisation en hiver diffère de son utilisation l’été. En effet, l'orientation des
modules photovoltaïques est généralement fixe pour des raisons de coût et de robustesse. Dans
l'hémisphère nord, une orientation au sud est souhaitable avec une inclinaison par rapport à
l'horizontale adaptée au besoin. Une inclinaison minimale maximise la production d'été, tandis
qu'une inclinaison importante maximise celle d'hiver. Elle peut être choisie pour maximiser la
production annuelle, ce qui est intéressant lorsque le système est couplé au réseau avec une
tarification unique de rachat.
A partir de ces informations, nous pouvons facilement définir trois genres de systèmes
photovoltaïques suivant leur utilisation. Ceux sont les systèmes autonomes, hybrides et connectés à
un réseau. Les deux premiers sont indépendants du service public de distribution d'électricité; on
les retrouve surtout dans les régions éloignées et s’explique par la fiabilité et la faible demande
d’entretien du système.
Les systèmes autonomes dépendent uniquement de l'énergie solaire pour répondre à la
demande d'électricité. Ils peuvent ainsi comporter des accumulateurs – qui emmagasinent l'énergie
produite par les modules au cours de la journée – servant la nuit ou lors des périodes où le
rayonnement solaire est insuffisant. Ces systèmes peuvent également répondre aux besoins d'une
application (par exemple, le pompage de l'eau) sans recours aux accumulateurs. En règle générale,
les systèmes photovoltaïques autonomes sont installés là où ils constituent la source d'énergie
électrique la plus économique. Cependant, cette part de marché est également utilisée par les
systèmes hybrides. Ceci s’explique par des raisons environnementales ou parce que vous avez
besoin d'un système fiable ou qui fonctionne sans être relié à un réseau. Les systèmes hybrides, qui
sont également indépendants des réseaux de distribution d'électricité, sont composés d'un
générateur photovoltaïque combiné à une éolienne ou à un groupe électrogène à combustible, ou
aux deux à la fois. Un tel système s'avère un bon choix pour les applications qui nécessitent une
alimentation continue d'une puissance assez élevée, lorsqu'il n'y a pas assez de lumière solaire à
certains moments de l'année, ou si vous désirez diminuer votre investissement dans les champs de
modules photovoltaïques et les batteries d'accumulateurs. Enfin, les systèmes de production
d'énergie photovoltaïque connectés à un réseau sont une résultante de la tendance à la
décentralisation du réseau électrique. L'énergie est produite plus près des lieux de consommation –
et non pas seulement par de grandes centrales thermiques ou hydroélectriques. Au fil du temps, les
systèmes connectés à un réseau réduiront la nécessité d'augmenter la capacité des lignes de
transmission et de distribution. Un système connecté à un réseau produit sa propre électricité et
achemine son excédent d'énergie vers le réseau, auprès duquel il s'approvisionne au besoin; ces
transferts éliminent le besoin d'acheter et d'entretenir une batterie d'accumulateurs. Il est toujours
possible d'utiliser ceux-ci pour servir d'alimentation d'appoint lorsque survient une panne de réseau,
mais ce n'est pas nécessaire.
L’utilisation la plus intéressante, à notre avis, de ces cellules se fait en autonome. En effet,
si votre habitation est située à bonne distance d'un réseau électrique, il peut être moins coûteux de
produire votre propre électricité plutôt que de payer pour l'installation de lignes de transmission
visant à raccorder votre système au réseau. Les groupes électrogènes au diesel, à l'essence ou au
propane constituent les options de rechange courantes, mais bien des gens les trouvent bruyants,
polluants et coûteux à entretenir et à faire fonctionner. Nous développerons donc ces utilisations
ultérieurement.
Malgré ces différentes limites nous pouvons comprendre facilement que le marché du
photovoltaïque est un marché en plein développement. Ainsi, la vente des modules photovoltaïques
augmente en moyenne de 35 % par an depuis 1998. On estime la vente mondiale de modules en
2004 à environ 990 MWc, soit 3,2 milliards de dollars de chiffre d’affaire avec un prix moyen de
vente à 3,1 $/Wc. Aujourd'hui, les modules PV sont vendus en grandes quantités (> 100 kW) à
environ 2,5-3 EUR/Wc. Le phénomène nouveau, c'est que les deux tiers de ces ventes se font au
Japon et en Allemagne dans des systèmes domestiques connectés au réseau. Ceci s’explique
principalement par une volonté du gouvernement de développer l’utilisation globale des énergies
renouvelables et principalement le photovoltaïque. Nous comprenons facilement que ce marché n’a
pas encore fini son expansion. Son utilisation n’est encore développée en Afrique par exemple alors
qu’il existe un réel marché là-bas.
II) Les différentes cellules à couches minces d’un point de vue
économique :
Comme nous l’avons vu, les cellules à couches minces proposent de sérieux avantage sur
les cellules à silicium monocristallin, bien que celui-ci représente 80% des ventes de cellules
photovoltaïques. Voyons quels sont ses avantages.
Tout d’abord, nous savons que sa bande interdite plus faible permet une meilleure
absorption de l’énergie lumineuse. Ainsi, cela permet d’avoir des modules de faibles puissances
aussi bien utilisables en intérieur ou en extérieur. Pour le grand public, on y trouve des objets aussi
divers que les calculettes de poche, les montres, les sonnettes de portes, les lampes de poche, les
détecteurs de présence, les lampes de jardin, les toits ouvrants d'automobiles, les modules souples
pour le camping et la navigation de plaisance.
Si les petits systèmes grand public ont été le principal débouché du silicium amorphe
pendant de nombreuses années, des produits souples de grandes dimensions et des applications
pour les bâtiments sont visées depuis la fin des années 1990. Ainsi des éléments de façade de
plusieurs mètres carrés, des panneaux semi-transparents, des tuiles, des bardeaux et autres éléments
de toitures incorporant des cellules amorphes ont été développés en coopération avec les verriers et
les professionnels du bâtiment. Depuis quelques années, les produits phares pour les applications
des systèmes photovoltaïques en Europe sont basés sur les éléments de construction des bâtiments.
Les modules classiques montés sur des supports métalliques disparaîtront peu à peu du champ des
applications bâtiment et seront remplacés par des modules intégrés aux allèges, en pare-soleil ou en
toiture.
Le produit sur lequel l'industrie a déjà établi sa réputation est la façade. C'est dans les
régions septentrionales de l'Europe que ce produit a le plus de succès (Allemagne, Danemark, Pays-
Bas). Il est encore très lié aux programmes de démonstration et se vend plus sur la base de
considérations de prestige que sur la capacité du système à produire du courant électrique de façon
économique.
On peut aussi incorporer la fonction d'ombrage directement dans les vitres du bâtiment.
Pour cela, on se sert de vitrages semi-transparents qui peuvent incorporer des cellules
photovoltaïques. De cette façon, l'énergie solaire qui ne rentre pas dans la salle n'est pas perdue
mais sert encore à produire de l'électricité.
Si l'on souhaite obtenir un véritable effet de semi-transparence (plus fin que celui obtenu
avec l'espacement des cellules au silicium cristallin), et voir une véritable image, il est nécessaire
de pratiquer des ouvertures sous forme de lignes ou de petits trous dont la distance interligne (ou
intertrou) est inférieure au diamètre de la pupille. Ainsi, un observateur situé à l'intérieur (côté de
faible éclairement) même s'il se trouve proche des vitres peut réellement voir les images au travers.
Enfin, il existe d’autres systèmes tel que la toiture, les pares soleil ou la véranda qui ne sont pas
encore mature d’un point de vue technico-économique.
Bien que la filière silicium amorphe soit en recul actuellement, on ne peut pas passer par
pertes et profits les choix faits pour cette filière par des sociétés aussi prestigieuses que ECD,
Canon, Fuji, Sanyo, Kaneka ou Solarex. Nous pensons cependant que le a-Si:H seul, même en
jonction tandem a un avenir limité à cause de son rendement photovoltaïque insuffisant. Associé à
du silicium cristallin comme le fait Sanyo (procédé HIT), il donne d'excellents résultats (les
modules commerciaux HIP 190 BE de 190 W à 16,1 % sont en effet champions toutes catégories)
(voir annexe 3).
Le silicium microcristallin n'a pas encore fait ses preuves au niveau d'un produit industriel,
les vitesses de dépôt étant trop lentes. La filière CdTe a un formidable potentiel industriel grâce aux
vitesses de dépôt très élevées, à la configuration en verre superstrat, et au coût de production le plus
faible pour des rendements photovoltaïques corrects. Malheureusement le matériau CdTe ne
passera probablement pas la barrière environnementale dans certains pays. Les cellules Grätzel ne
sont pas fiables et encore trop loin de la maturité pour les envisager à court terme.
Aussi, la filière la plus pertinente reste à notre avis la technologie CIGS qui combine le
meilleur compromis de haut rendement, de bonne stabilité et de faible coût potentiel sans offenser
l'environnement.
III) Les cellules photovoltaïques utilisées en autonome au Canada:
• À alimenter des lampes, des radios, des téléviseurs, des pompes et plusieurs autres
appareils d'usage courant au chalet et à la maison;
• À alimenter des clôtures électriques, des pompes à eau et d'autres dispositifs
employés en agriculture;
• À faire fonctionner les systèmes de pompage et de circulation de l'eau des
installations d'aquaculture et de pêche sportive;
• À assurer une source d'électricité fiable aux gîtes et aux camps de chasse et de
pêche;
• À charger une batterie ou à en maintenir la charge lors d'activités de loisirs faisant
appel à des véhicules de plaisance ou des voiliers, par exemple;
• À alimenter des appareils portatifs tels que des ordinateurs;
• À alimenter des appareils d'éclairage extérieur;
• À assurer une source d'électricité fiable pour de nombreuses applications
commerciales;
• À réduire les factures mensuelles du service de distribution d'électricité.
-« La technologie solaire électrique n'est pas efficace dans les climats froids. »
Des milliers de systèmes photovoltaïques d'un bout à l'autre du Canada (et des millions de
systèmes installés partout dans le monde), destinés à une multitude d'applications, ont fait la preuve
que ces mythes étaient faux. Il est vrai que les conditions au Canada représentent un défi particulier
quant à l'emploi de l'énergie photovoltaïque, mais un système adéquatement conçu peut s'avérer
une source d'énergie fiable dans la plupart des régions éloignées. Nous montrerons maintenant les
possibilités d’une telle technologie.
Pour les propriétaires d'un camp de pêche, un système hybride bien conçu pourrait présenter
des avantages financiers, qu'il combine l'énergie photovoltaïque à un groupe électrogène au diesel,
à une éolienne ou aux deux. Le coût de fonctionnement élevé de la production d'électricité par
génératrice dans les endroits éloignés peut inciter les propriétaires à chercher des solutions de
rechange, notamment les technologies d'énergie renouvelable. Dans bien des cas, un système
hybride Photovoltaïque-Diesel s'avère intéressant puisqu'il est rentable, simple et fiable.
Depuis quelques années déjà, nombre de produits, comme des montres, des calculatrices et
des jouets, sont alimentés à peu de frais par des piles photovoltaïques fiables et pratiques. Équipés
de minuscules cellules qui produisent de l'électricité même lorsque l'éclairage est mauvais, ces
produits de consommation fonctionnent sans piles coûteuses qui doivent souvent être changées. De
nos jours, il existe aussi dans le commerce des blocs d'alimentation photovoltaïque qui servent à
faire fonctionner des appareils plus gros. D'une capacité d'une fraction de watt à bien plus de 100
watts, ces blocs peuvent être connectés en série ou en parallèle pour répondre à divers besoins. Ils
peuvent servir de source d'alimentation directe ou recharger des accumulateurs. Ces systèmes
pratiques sont employés au Canada pour alimenter toutes sortes d'appareils, des radios,
magnétophones à cassettes et caméras aux articles de décoration de parterre, lampadaires et
batteries de voilier ou de planeur. La propreté et le fonctionnement silencieux des systèmes PV sont
considérés comme un atout majeur pour bien des activités de loisir.
Les clôtures électriques à alimentation photovoltaïque sont de plus en plus populaires dans
les provinces de l'Ouest, particulièrement dans les pâturages du nord. Plusieurs éleveurs du nord de
l'Alberta et de la Colombie-Britannique ont installé des modules photovoltaïques pour recharger les
batteries de clôtures électriques ordinaires. Ces batteries ne s'épuisent jamais. Non seulement la
technologie photovoltaïque élimine-t-elle les frais et les inconvénients d'une vérification régulière
des batteries, mais elle permet aussi d'installer une clôture moins coûteuse que celle à fil barbelé,
autre solution de remplacement à la clôture électrique classique. De plus en plus, les agriculteurs et
les éleveurs canadiens constatent que les systèmes photovoltaïques, qui peuvent fonctionner tout
l'été sans entretien, leur offrent un moyen pratique de clôturer les pâturages éloignés. Le pompage
de l'eau est l'un des usages les plus intéressants de l'énergie photovoltaïque. En agriculture, la
demande d'eau atteint son maximum par temps chaud et sec, c'est-à-dire précisément au moment où
l'on a accès au maximum d'énergie solaire. Un système simple sans accumulateurs est tout indiqué
pour l'irrigation des cultures qui peuvent survivre sans eau lorsqu'il ne fait pas soleil. Par ailleurs,
quand les besoins en irrigation sont indépendants des conditions météorologiques, il peut s'avérer
plus économique de stocker l'énergie sous forme d'eau pompée plutôt que dans de coûteux
accumulateurs. À l'heure actuelle, il y a, au Canada, plusieurs millions d'hectares de pâturage isolé
inexploités parce que le coût du pompage de l'eau, selon les méthodes usuelles, dépasse les revenus
potentiels. Pour bien des agriculteurs et des éleveurs canadiens, les systèmes de pompage à
alimentation photovoltaïque offrent une solution rentable.
Conclusion
Le marché des systèmes photovoltaïques autonomes pour lesquels la comparaison au coût
de l’électricité du réseau ne se pose pas, pourrait se satisfaire longtemps de la technologie des
cellules photovoltaïques en silicium cristallin, dont le coût baisse petit à petit. Cependant, même à
long terme, cette technologie ne sera pas compétitive pour les systèmes déjà connectés au réseau
dans les pays industrialisés. Les nouvelles filières technologiques actuellement à l’étude,
permettent d’avoir un espoir pour qu’à long terme, le photovoltaïque soit compétitif.
Annexe 1 : Simulation des besoins d’un chalet en été et de
l’installation d’un système autonome
Annexe 2 : Besoins en matériaux
Annexe 3 : Avantages, inconvénients et performances des
filières les plus matures industriellement