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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL

MESURE DE L'IMPACT DU COMMERCE INTERNATIONAL SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL


DES INDUSTRIES CANADIENNES

MÉMOIRE

PRÉSENTÉ

COMME EXIGENCE PARTIELLE

DE LA MAÎTRISE EN ÉCONOMIQUE

PAR

Jean-Marc SUPPER

SEPTEMBRE 2012
-.

1
1
1

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL


Service des bibliothèques ·

Avertissenient

La diffusion de ce mémoire se fait dans le'. respect des droits de son auteur, qui a signé
le formulaire Autorisation de rep;oC:Juire et de diffuser un travail de recherche de _cycles
supérieurs (SDU-522 - Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que <<conformément à
l'article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l'auteur] concède à
l'Université du Québec à Montréal une lic~nce non exclusive d'utilisation et de .
publication oe la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour
'des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l'auteur] autorise
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intellectuelle. Sauf ententè contraire, [l'auteur] conserve la liberté de diffuser et de
commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire._ »
REMERCIEMENTS

Je remercie mon directeur de mémoire, Kristian Behrens, pour son soutien, ses conseils ainsi
que pour son attention et sa disponibilité. Je tiens également à remercier Wilfried Koch et
Pavel Sevcik, pour leurs commentaires pertinents et précieux.
TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ....... . ... . ........ .... ....... .......... ................. .. .... .. .. ..... ...... ... ..... ... . ... . ... .. .. v

INTRODUCTION ........... .. ........... ..... ... . .. .... .... .... . .. .... .... .. ... . ... ....... ... ..... ..... .. 1

CHAPITRE 1
REVUE DE LITTÉRATURE ... .. .. ... . ...... ........ . .. ... .... .... ....... .......... .... ............... 5

1.1 Les modèles théoriques de commerce international. . ... .. . ... .. ...... ... .. .. . ... ........ ... .... 5

1.1. 1 Les modèles de corrunerce intersectoriels .......... . .... . ...... ......... .......... .............. 5

1.1. 2 Les modèles de commerce intrabranche ... .. ... . .. ....... . .. ....... ... .. ....................... .. 9

1.2 Revue de la littérature empirique ....... ...................... . ... . ........... .. ... .... . .. .. ... .. .... 13

1.2.1 Relation entre le commerce international et l'emploi ........ .................... .... ......... 14

1.2.2 Relation entre le commerce international et les salaires ..... ..... .... .. .. ........... ... ..... 17

1.2.3 Relation entre le commerce international et les inégalités salariales ...... ... .. ... ... ... . 20

CHAPITRE II
ANALYSE EMPIRIQUE : DONNÉES ET MÉTHODOLOGIE ........... . .. ...... . ... .. ....... 25

2.1 Présentation des trois bases de données ......... ... .. ........................ .. ................. ... 25

2.2 Présentation des variables ..... ................... . .. . ... ............................................. 27

2.3 Présentation des trois modèles empiriques .... ...... ........ ....... .. ... .. .. .............. . ..... .. 28

CHAPITRE III
ANALYSE DES RÉSULTATS ... .............................. . ............ . ........................ .33

3. L Effet sur l' emploi ....... .. .. . ............ . ......... ....... .... ... .. ............ . ............. ..... ..... 33

3.2 Effet sur les écatis de salaires .............. ....... .... .. .......... ...... ........ .................... 37

3.3 Effet sur les salaires .. .... . ... .. .. ......... ..... .... .. . .. ........ . .. . ... .. ...... . ..... ... .. ........... .41

3.4 Effet sur la probabilité de perdre son emploi de façon involontaire ... ... . ..... ...... . .. .... .46
iv

CONCLUSION .................... .. ....... .. ........ . ......... .. ... .. . .. ... . ..... . .. .. . ......... .... ... .50

ANNEXE ...... .. .. . ... . ... .. .. .. ... .. .. . .... .. ........ .......... ... . ... . ....... .... . .. .. .. .... ... .. . .. . .. .54

BIBLIOGRAPHIE ...... ..... . .. . . .. . . . .. . . . ... . .... . . ... .... . .... .. .... . ....... .... ... . . .. ... . . . .. .. . .. 69 1

. 1

1
RÉSUMÉ

Le présent mémoire s'intéresse à la relation entre le commerce international et le marché du


travail des industries canadiennes pour la période de 1993 à 2007. L'analyse va se présenter
en trois niveaux : premièrement, nous régresserons l'impact du taux d'exportation et du taux
d'imp01iation sur toutes les industries et sur tous les travailleurs. Dans un second temps, nous
diviserons les industries en secteurs intrabranches, extrabranches et en secteur mixte. Enfin,
nous contrôlerons l'effet province en incluant des données provinciales du taux d'importation
et d'exportation et en ajoutant un effet fixe province.

Les résultats indiquent que la hausse du taux d'importation réduit le nombre d'emploi et
augmente la probabilité de perdre son emploi de façon involontaire. Un autre point est que les
salaires ne semblent être que faiblement exposés au c01mnerce international. Enfin, l'impact
du commerce international varie selon l'aspect intrabranche ou extrabranche des industries et
l'effet province agit de façon sensible sur les quatre thèmes du marché du travail en industrie
canadienne.

Mots-clés : commerce international, exp01tation, importation, emploi, salaire, industrie.


INTRODUCTION

En juin 2010, à l'occasion du Sommet du G20 à Toronto, d'importantes manifestations ont eu


lieu dans les rues de la Capital ontarienne. Les manifestants scandèrent des slogans tels que : « un
autre monde est possible» ou « Les peuples d'abord, pas la finance! » et provoquant même
quelques incidents à la marge de cet événement. Si ces manifestations ont été fotiement marquées
par le contexte de la crise de 2008-2009, les mouvements qui accompagnent systématiquement
les Sommets du G20 ou du G8 axent un des principaux points de leurs contestations sur
l'organisation du commerce international et sur la globalisation financière. Ces mouvements,
nommés habituellement« altermondialistes », constituent l'expression la plus visible du rejet de
la libéralisation des échanges. Toutefois, les opinions défavorables envers la mondialisation
économique sont loin d'être limitées au seul milieu des militants altennondialistes. Plusieurs
enquêtes 1 montrent qu'une partie importante de l'opinion de plusieurs pays de l'OCDE perçoit de
2
manière négative l'internalisation des échanges. Un sondage réalisé en 2008 par la « BBC World
Service » et le « Program on International Policy Attitudes » révèle que sur 34 3 pays interrogés,
22 ont une majorité de répondants qui affirme que « la globalisation économique incluant le
commerce et l'investissement» croît trop vite. Panni les pays concernés figurent le Canada
(61 %), les États-Unis (54%), la France (64 %), l'Espagne (68 %), la Grande-Bretagne (55%),
l'Allemagne (52%) ou encore le Japon (50 %). Dans cette enquête, 27 des 34 pays ont une
majorité d'opinions qui estime que les «avantages et les inconvénients de l'évolution

1
Voir les annexes p. 66 pour davantage de résultats d'enquêtes d'opinions.

2
World Public Opinion« Widespread Unease about Economy and Globalization » adresse à la date du 27
mars 2012 : «http ://www. worldpublicopinion. org/pipa/articles/btglobalizationtradera/446.php»

3
« In total 34,528 citizens in Argentina, Australia, Brazil , Canada, Chile, China, Costa Rica, Egypt, El
Salvador, France, Ghana, Germany, Great Britain, Guatemala, Honduras, India, Indonesia, Israel, ltaly,
Japan, Kenya, Lebanon, Mexico, Nicaragua, Nigeria, Panama, the Philippines, Portugal, Russia, South
Korea, Spain, Turkey, UAE, and the United States »
2

économique de ces dernières années» n'ont pas été partagés de manière équitable et dans 12 de
ces pays, une forte corrélation est observée entre ces deux propositions. C'est le cas des USA, de
la France, de l'Allemagne, du Japon et de la Grande-Bretagne.

Pour les pays de l' OCDE, ces opinions négatives répondent à un phénomène économique majeur
depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, c'est-à-dire, l'accroissement important des
échanges mondiaux. De 1950 à 2003, le volume des échanges de produits manufacturés a été
multiplié par 45 ,79 tandis que pour la même période le PIB mondial a été multiplié par
«seulement » 7,74 • Si cet accroissement du commerce est dû à certains facteurs technologiques,
tel que l'abaissement des coûts de transport où l'amélioration des communications, la hausse des
échanges a aussi été fotiement favorisées par des politiques de libéralisation commerciale mises
en place depuis 19475 . Il est intéressant de remarquer l'écart entre d'une part, l'adhésion d'un
grand nombre de responsables politiques des principaux pays de l'OCDE aux politiques de
libéralisation, et d'autre part, le rejet de ces mesures par une partie importante de la population
de ces mêmes pays. Ce fossé entre les opinions favorables et les opinions défavorables nous
amène à nous demander quel est réellement l'effet du commerce international sur le marché du
travail. Est-il plutôt responsable d'un accroissement du chômage, d'une baisse des salaires et de
la hausse des inégalités, comme le craignent ses opposants ? Ou est-il facteur d 'une baisse des
prix, d'une plus forte stimulation de la croissance, d'une augmentation du revenu et d' une plus
grande efficacité économique, tel que suggéré par les partisans des projets de politique
commerciale ?

Comparé aux autres pays de l'OCDE, le Canada se situe souvent à des mveaux inférieurs
d'opinions défavorables vis-à-vis de la mondialisation. Considéré comme une petite économie
ouverte, la taille de son territoire et l'abondance des ressources naturelles semblent donner au
Canada certains avantages dans la compétition mondiale. Le 11 avril 2011 , le Canada et l'Union

4
L' Organisation Mondiale du Commerce, international tracte statistics 2004, adresse le 23 mars
2012 :http://www. wto.org/englishlres_ elstatis_ e/its2004_ e!its04_ longterm_e.pdf

5
À la création du « General Agreement on Tarif!s and Trade » (GATT) en 1947, la moyenne mondiale des
droits de douane fut de 40 %. Lors de son remplacement par L'<<Organisation Mondiale du Commerce» en
1995, il y eut huit cycles de négociation qui aboutirent à 1' abaissement à 5 %de la moyenne mondiale des
droits de douane.
3

Européenne ont signé la conclusion de la septième négociation en vue de réaliser un accord


commercial global sur l'échange de marchandises. Pourtant, un précédent accord de libre-
échange, conclu avec les Etats-Unis en 1988, a eu un cetiain coût sur le marché du travail des
industries canadiennes. L'impact à court tenne de cette mesure a été estimé à une perte de
121 086 emplois en industrie entre 1988 et 1993 selon Trefler (2001). Au-delà des effets de cowi
terme qui suivent une politique de baisse des tarifs douaniers, nous pouvons nous demander quel
est l'effet qu'aura en moyenne une variation des importations et des expmiations sur les
industries canadiennes. En admettant, avec la littérature qui traite de ce sujet, que les variations
du commerce international agissent sur le marché de l'emploi en industrie, nous pouvons nous
demander également si le commerce international a un impact uniforme et homogène sur toutes
les industries du Canada. Plus précisément, y a-t-il des caractéristiques propres aux industries,
aux travailleurs, ou aux provinces qui déterminent l'effet du cmmnerce international sur le
marché du travail ?

Cette question constitue la problématique centrale de ce mémoire. À l'aide d'articles choisis pour
leur pertinence et d'une analyse empirique, nous avons extrait un ensemble de propositions qui
tentent de répondre à la question que pose la relation entre le commerce international et le marché
du travail dans les industries canadiennes.

La littérature économique est abondante sur ce sujet. S'il existe un certain consensus autour des
effets du commerce sur l'emploi, il en est tout autrement s'agissant des salaires et à moindre
degré des inégalités salariales. Les études qui portent sur l'effet du commerce international sur
l'emploi avancent toutes que le nombre de travailleurs s'est réduit dans les industries face à la
hausse des importations. Sur le thème des salaires, peu de relations statistiquement significatives
ont pu être mises en avant par la littérature. Parmi celles qui ont été avancées, le commerce
international aurait contribué à hausser les salaires selon certains auteurs 6 , tandis que pour
d'autres il les aurait au contraire diminués 7 . Toutefois, la plupati des auteurs s'accordent sur le
fait que le commerce a un impact limité sur cette variable. Enfin, les résultats du rapport entre le
commerce international et les inégalités de salaires canadiens ne font pas non plus consensus dans
la littératme économique. Certains articles avancent l'augmentation des écatis de salaires sous

6
Tretler, (2004); Beaulieu, (2000) et Zakbilwal, (2000)
7
Townsend, (2008); Breau et Rigby, (2009)
4

l'effet du commerce international 8 quand d'autres affirment leur diminution9 . De ces articles, nous
avons extrait certaines propositions simples sur 1' effet du c01mnerce international sur le marché
du travail pour les comparer avec les résultats de notre propre analyse empirique utilisant des
microdonnées de Statistiques Canada.

L'analyse empirique que nous avons effectuée s'intéresse à la relation entre le co1m11erce
international et le nombre d'emplois, les salaires, les inégalités salariales et la précarité de
l'emploi. Notre analyse se présente en trois niveaux :premièrement nous analyserons l'impact du
commerce sur toutes les industries et sur tous les travailleurs, puis dans un second temps nous
diviserons les industries en secteurs intrabranches et en secteurs extrabranches. Enfin, nous
contrôlerons l'effet province dans la relation entre le c01mnerce international et les thèmes clefs
du marché du travail en industrie. Notre étude met en évidence un certain nombre de résultats.
Premièrement, nous observons que la hausse du taux d' importation réduit le nombre d' emplois
ainsi que l'écart de la moyenne des 20% des salaires les moins élevés et des 20 % des salaires les
plus hauts. Également, le taux d'importation augmente la probabilité de perdre son emploi de
façon involontaire. Autre point, les salaires ne semblent que faiblement varier avec le commerce
international. Deuxièmement, l'impact du commerce international varie selon que le secteur des
industries soit de type intrabranche 10 ou extrabranche. Cette variation est la plus visible dans le
cas des écarts de salaires et dans le cas de la probabilité de perdre son emploi de manière
involontaire. Enfin, l'effet province est un facteur qui agit de façon sensible sur les quatre thèmes
que nous étudions.

Le présent mémoire est composé de trois parties. Dans la première section, nous présenterons
notre revue de la littérature, en séparant la littérature théorique de la littérature empirique. Dans la
deuxième section, nous décrirons les différentes bases de données que nous avons utilisées ainsi
que notre modèle économétrique. Dans la troisième section, nous présenterons les résultats de

8
Breau et Rigby, (2009), Baldwin et Mohammed Rafiqu zzaman, (1998)
9
Trefler, (2004)
10
Les termes intrabranche, intrasectoriel extrabranche et extrasectoriel seront utilisés comme synonyme
aux termes intraindustriel et extraindustriel. Cela permettra de d' éviter un nombre trop important de
répétition. Pour une définition des concepts de commerce intrabranche et extrabranche voir p. 11.
5

notre modèle et nous discuterons de leurs interprétations. Enfin, nous conclurons, dans une
dernière section, sur la signification de nos résultats.
6

CHAPITRE I

REVUE DE LITTÉRATURE

La revue de la littérature présentée dans la première partie porte sur les modèles théoriques de
commerce international. Dans une seconde partie, nous aborderons les études empiriques
consacrées à ce sujet.

La présentation de la littérature théorique suit le plan suivant : dans un premier temps, nous
expliquerons les principales conséquences sur l'emploi, les salaires, et les inégalités salariales des
deux principales théories classiques du commerce international. Elles concernent toutes les deux
le commerce intersectoriel. Ensuite, nous aborderons ces mêmes thèmes à travers deux modèles
qui analysent l'échange de biens différenciés qui sont produits au sein du même secteur entre
deux pays. Pour conclure, nous mettrons en évidence, les différences de prédiction entre les
modèles intersectoriels et intrasectoriels.

Dans la partie suivante, nous vérifierons si les résultats de la littérature empirique confirment ou
réfutent les théories, ou avancent des faits nouveaux par rapport aux conclusions des modèles
théoriques. Nous nous intenogerons enfin sur la robustesse des résultats de la littérature
empirique et sur la cohérence des propositions qu'apportent les différents auteurs.

1.1 Les modèles théoriques de commerce international


7

1.1.1 Les modèles de commerce intersectoriel.

A-1. Avantage comparé et réallocation de l'emploi

Le modèle des avantages comparés Ricardien montre que l' intérêt qu'a un pays de se spécialiser
dans la production du bien pour lequel il dispose d'un avantage comparé est basé sur les
différences technologiques. Cette spécialisation va lui permettre d 'allouer ses factems de
production vers le secteur pour lequel, comparativement aux autres secteurs, il est le plus
productif. Avant d'aborder les conséquences de cette spécialisation sur le marché du travai l, nous
allons revenir sur les éléments clefs du modèle qui sous-tendent ce résultat. Nous prenons le cas
célèbre où deux économies en autarcie produisent chacune deux mêmes biens à l'aide d'un seul
facteur de production, le travail. La productivité du travail diffère entre les secteurs de chaque
pays. En comparant la productivité du travail entre les secteurs des deux pays, chaque économie
aura un prix relatif différent. Ces inégalités entre les prix relatifs des biens vont amener la
formation d'un avantage comparé pour chaque pays. Quand les pays vont s'ouvrir au commerce,
chacun se spécialise dans la production du bien pour lequel elle possède un avantage comparé.
Dans le sectem qui se spécialise, le prix relatif du bien va augmenter ainsi que la demande de
travail. Avec les hypothèses de mobilité parfaite du factem de production, la réallocation qui suit
la spécialisation n'a aucun impact sur la quantité totale du facteur travail employé, il n 'y aura
donc ni diminution ni augmentation du nombre d'emplois, mais un transfère intersectoriel des
quantités de travail.

Proposition 1 : Le commerce international n'agit pas sur les quantités de travail employées, mais
sur leur allocation entre les différents secteurs. Il augmente la quantité de travail employée par le
secteur dans lequel l'économie se spécialise et il diminue la quantité d'emploi du secteur dans
lequel! 'économie ne se spécialise pas.

A-2. Dotations factorielles et prix relatifs des facteurs


8

La théorie de Heckscher-Ohlin reprend certains éléments de la théorie des avantages comparés,


mais prolonge l'analyse du prix relatif des biens et en déduit de nouvelles conséquences pour la
rémunération des facteurs. Le modèle reprend le cas d'une économie composée de deux pays
dont chacun possède deux secteurs distincts de production. Toutefois, les facteurs de production
vont être au nombre de deux et les différences relatives entre les secteurs des deux pays ne sont
plus issues de variations dans les technologies, comme dans la théorie Ricardienne, mais d'une
dotation inégale des facteurs de production. Chaque pays dispose d'un facteur relativement
abondant et d'un autre relativement rare. En autarcie, il y aura un secteur qui produira un bien en
employant de façon intensive le facteur abondant et un autre secteur qui utilisera de façon
intensive le facteur rare. Lorsque les deux pays s'ouvrent au commerce, chacun se spécialisera
dans la production du bien qui est produit par le secteur qui utilise de façon intensive le facteur
abondant. Cette spécialisation augmentera le prix du bien dans lequel le pays se spécialise et
diminuera le prix de l'autre. L'apport de Stolper et Samuelson (1941) est de montrer qu' à la suite
de l'ouverture des frontières la variation des prix relatifs des biens entrainent une variation plus
que propotiionnelle de la rémunération relative des facteurs. Cela conduit à une diminution de la
rémunération réelle du facteur de production rare et à une augmentation réelle de la rémunération
de l'autre facteur. La diminution de la rémunération du facteur de production rare est absolue, car
même en considérant la baisse du prix du bien importé, le pouvoir d'achat de cette catégorie de
facteur est plus bas en situation de libre échange qu'en situation d'autarcie. Les auteurs
démontrent ce théorème par le fait qu'une hausse du prix relatif du facteur abondant va entrainer
une baisse du ratio facteur abondant sur facteur rare dans la production des deux secteurs. Cette
baisse du ratio va augmenter mécaniquement la productivité marginale du facteur abondant et
baisser celle du facteur rare. La baisse de la productivité du facteur rare, combinée aux variations
du prix des biens, va induire une baisse relative et absolue de sa rémunération.

Lorsque ce modèle est appliqué pour expliquer les échanges entre pays développés et pays en
voie de développement, il est convenu d'utiliser le travail non qualifié comme facteur rare du
pays développé et le travail qualifié comme facteur rare du pays en développement. Pour un pays
développé, ce modèle prédira ainsi qu ' une ouverture des frontières aura pour conséquence une
baisse relative et absolue des salaires des travailleurs non qualifiés et une hausse relative et
9

absolue des salaires des travailleurs qualifiés. Mécaniquement, ce mouvement inversé des salaires
va accroître les inégalités de rémunération entre ces deux groupes .

Proposition 3 : Le modèle de Heckerscher-Ohlin prédit que, dans un pays comme le Canada, le


commerce international va diminuer les salaires des travailleurs non qualifiés et augmenter ceux
des travailleurs qualifiés.

Proposition 4 : Les variations contraires des salaires de ces deux catégories de travailleurs vont
creuser leurs écarts de rémunération.

Nous pouvons faire une remarque sur la manière dont ces deux modèles prédisent l'effet du
commerce sur l'emploi. À la suite d'une ouverture des frontières, la quantité totale de facteurs de
production employés sur le long terme dans l' économie ne varie pas, mais la quantité de facteurs
employée par chaque secteur change. Il n'y a donc pas d'impact du commerce sur les quantités
totales sur le long terme, mais sur l'allocation intersectorielle des facteurs de production. Cela est
dû à l'hypothèse de mobilité intersectorielle parfaite des facteurs de production. Toutefois, si
nous remplaçons cette hypothèse par une hypothèse de mobilité intersectorielle imparfaite,
l 'ouvetiure des pays au commerce aura des conséquences différentes sur les quantités totales des
facteurs travail employées. Une hypothèse de mobilité imparfaite a une certaine pertinence
lorsque nous considérons que les compétences des travailleurs qui sont requises dans un secteur
ne se transfèrent pas mécaniquement vers un autre secteur. Afin de développer cette remarque,
nous pouvons imaginer un modèle où deux pays produisent chacun deux biens à l'aide de trois
facteurs de production. Parmi ces trois facteurs, le premier est parfaitement mobile entre les
secteurs et les deux suivants sont immobiles. Le facteur mobile peut être considéré comme du
travail qualifié et les deux immobiles seraient du travail possédant des compétences spécifiques
liées au secteur qui les emploie. Nous ajoutons une autre hypothèse qui est la rigidité à la baisse
de la rémunération des facteurs immobiles. Pour justifier cette hypothèse, nous pouvons penser à
la situation des industries où une convention collective assure un salaire minimum aux
travailleurs. En autarcie, le modèle prédira le plein emploi des trois facteurs de production tel
qu 'il est décrit par les deux modèles précédents. Lorsque l' on ouvre les frontières au commerce,
le prix relatif des biens de chaque pays va changer. Le bien que le pays exporte et dans lequel il
se spécialisera verra son prix relatif augmenter ce qui haussera dans le même temps la
10

rémunération du facteur immobile qui est nécessaire à sa production. En revanche, le prix du bien
que le pays va importer va diminuer. Dans le modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS), la
diminution du prix relatif du bien importé entraînait une diminution relative et absolue de la
rémunération du facteur employé intensivement par cette industrie. En modifiant l'hypothèse de
la mobilité parfaite et de la flexibilité des prix des facteurs , l'aj ustement à court terme ne se fait
plus par un changement du prix relatif et un transfeti intersectoriel des facteurs de production.
Puisque le prix du facteur immobile du sectem qui importe est rigide, l'ajustement se fera par une
diminution des quantités employées de ce facteur. En l'absence de mobilité parfaite, il n'y aura
plus de transfeti de ce facteur inemployé vers le secteur qui exporte, ce qui va entraîner au niveau
national du chômage pour une partie du factem précédemment employé dans le secteur des
importations. À long terme, l'économie retourne au plein emploi par la reconversion des
compétences du factem immobile, c'est-à-dire que les travailleurs aux compétences spécialisées
de l' industrie qui est devenue importatrice traversent une période de formation pour obtenir la
capacité de travailler dans l'industrie qui exporte ou dans les services, qui sont relativement plus
protégés de la concunence internationale. Ce changement d'hypothèses fait passer un modèle de
commerce extrasectoriel d'une situation de plein emploi où le commerce international affecte les
rémunérations des facteurs à une situation où le commerce intemational crée du chômage à court
terme.

Dans un article sur la relation entre la libéralisation du commerce mexicain et l'emploi, Jeffrey D.
Sachs, Howard J. Shatz, (1994), reprennent le modèle H.O.S. en relâchant l'hypothèse
d'immobilité entre les pays d'un factem de production : le capital. Le factem travail est divisé
entre les emplois qualifiés et les emplois non qualifiés et parmi les deux secteurs de production,
l 'un combine du capital avec de l'emploi qualifié et l'autre utilise du capital avec de l'emploi non
qualifié. Les deux pays qui commercent ensemble ont une répmiition des factems différents où
l 'un dispose en abondance de capital et de travailleurs qualifiés quand l'autre possède une
abondance de travailleurs non qualifiés seulement. Les auteurs expliquent que l' ouvetiure des
frontières entre les deux pays va inciter, dans le pays fortement pourvu en capital, le sectem qui
utilise du travail non qualifié à transférer une partie de son capital vers le pays qui n'en dispose
que faiblement. Ce transfeti en capital se fait en raison du plus faible coût de l'emploi non
qualifié dans le pays qui en est fortement doté. Ce mécanisme abouti selon les auteurs à deux
11

alternatives pour les emplois non qualifié du pays développé. Soit les salaires sont flexibles et le
nombre de travailleurs reste constant en ajustant leur salaire à la baisse, soit les salaires sont
rigides et le nombre de travailleurs dans ce secteur diminue. En revanche, il n'y a pas dans ce
modèle de transfert de travailleur d'un secteur à l'autre. Dans le cas où les salaires sont ri gides,
les travaillems qui perdent leur emploi sortent de l' industrie pour aller dans les services.

Proposition 5 : Si les hypothèses de mobilité pmfaite des facteurs entre les secteurs et
d'immobilité parfaite des facteurs entre pays sont levées, l'ouverture au commerce international
associée à une rigidité salariale crée une diminution de la quantité du facteur travail employé et
donc du chômage. Cette diminution provient du secteur ne disposant pas d 'avantage comparé.

1.1.2. Les modèles de commerce intra industriel.

Si les théories des avantages comparés et des dotations factorielles expliquent les échanges
intersectoriels entre nations aux économies différentes, elles ne couvrent pas une part importante
des flux internationaux où l'échange entre deux pays s'opère entre biens différenciés produits par
11
les mêmes secteurs industriels. Le commerce intrasectoriel représente pourtant plus de 76,2 %
des échanges du Canada pom la période de 1996-2000 avec, c01mne principaux pmienaires, les
États-Unis, l'Angletene et le Japon. Ces trois pays ont un niveau technologique et des dotations
factori elles proches de celles du Canada. Les théories qui analysent le commerce de façon
intersectorielle ont donc clairement des limites dans l'explication des échanges canadiens .

L'indice de Gmbel-Lloyd mis en avant par Grubel et Lloyd (1975), est utilisé pour déterminer si
le commerce d'un bien est de type intrasectoriel ou extrasectoriel 12 •

11
ÉCHANGES INTRABRANC HES ET INTRAGROUP ES ET - OCDE ; adresse le 23 mars :
http://www.oecd.org/dataoecd/6/ 19/2752933.pdf

12
Il est calculé à l' aide de la formu le suivante :
GLi= 1- (\(exportation i -importation iJV (exportation i +importation i))
où « i » est le secteur concerné.
12

Plus l'indice se rapproche de 1, plus les échanges soilt intrasectoriels. Inversement, si l'indice se
rapproche de zéro, cela signifie que le commerce dans ce secteur est de plus en plus intersectoriel.

B-1 . Effet de taille de marché et commerce intrabranche.

Paul Krugman, dans un article intitulé: « Scale Economies, Product Differentiation, and the
pattern ofTrade » (1980), présente un modèle qui aborde le commerce intrabranche et offre ainsi
une explication au commerce entre deux pays qui disposent de dotations factorielles similaires.

L'article s'articule autour des concepts d'économies d'échelle, de concmrence imparfaite et de


bien différenciés. L'introduction des notions de coût de transport et de taille de marché va se
joindre au concept d'économie d 'échelle et de concmrence imparfaite pour démontrer qu'il existe
une tendance pour les pays à être des exportateurs nets des biens pour lesquels ils disposent d'une
fotie demande intérieure. Lorsqu'il existe des coûts au transport, le prix des expotiations va
augmenter. Si les coûts de production sont similaires entre les pays, il sera plus profitable de
produire près du plus grand marché pour minimiser les coûts de transport et pour exploiter les
gains liés aux économies d'échelles. La hausse de la productivité consécutive à l'existence des
rendements croissants va entraîner une augmentation du taux salarial entre le pays qui dispose
d'un plus grand marché intérieur et le pays au plus petit marché.

Proposition 5 : Dans un marché de concurrence monopolistique où il existe des coûts de


transport et des industries opérant avec des rendements croissants, les exportations augmentent
les salaires des travailleurs del 'industrie qui produit à proximité d 'un marché de grande taille.

Ce modèle est explicite sur les salaires, mais il n' énonce pas directement les conséquences du
commerce intrabranche sur l'emploi. Toutefois, à pattir du cadre de ce modèle, si la demande
n'est plus caractérisée par des élasticités de substitution constantes, mais par des élasticités de
substitution variables, la libéralisation du c01mnerce international aura des conséquences sm la
réallocation intrabranche des travaillems par l'intermédiaire d 'une réallocation des profits et des
prix des firmes du secteur. Dans un atiicle de Behrens et Murata (2012), le commerce
international aura pom conséquence d'accroître la concurrence envers les firmes d'un même
13

secteur, ce qui va réduire le nombre d'unités de production qui possède une échelle de production
et une marge de profit inefficace. Cette hausse de la concurrence va entraîner chez les firmes d'un
même secteur une rationalisation 13 de leur activité. Cette rationalisation va accroître l'efficacité
globale du secteur et diminuer leur marge de profit. Les auteurs de cet article prédisent donc que
le commerce international va avoir des effets de rationalisation des firmes d'un secteur ce qui va
diminuer leurs marges de profit et augmenter l'efficacité du secteur.

Pour aborder l'évolution de l'emploi en commerce intrabranche, nous allons nous référer aux
travaux issus de la théorie des firmes hétérogènes.

B-2 . Modèles avec firmes hétérogènes

Dans un article de 1999, Bernard et Jensen (1999) mettent en évidence le rôle des firmes -- et
patiiculièrement les firmes exportatrices -- dans le commerce international. Reprenant ce sujet,
Bernard, Redding et Schott (2007), patient du constat que pour l'année 2000, sur les cinq millions
et demi de firmes qui produisent aux États-Unis, seuls quatre pour cent exportent. Sur les quatre
pour cent qui exportent, dix pour cent se partagent 96 pour cent du total des exportations. Au
final, 0.4 % des firmes américaines se partagent 96 % des exportations. Outre ce constat, les
firmes exportatrices se distinguent très largement des firmes non exportatrices par un ensemble de
caractéristiques. Elles sont plus productives, elles emploient de façon plus intensive du capital
humain et du capital physique et offrent de meilleures rémunérations à leurs salariés. Les auteurs
ajoutent que ce n'est pas le fait d'exporter qui cause les performances des finnes , mais c'est
plutôt les firmes les plus compétitives qui s' orientent vers les marchés d'expmiations . Une fois
devenues exportatrices, les firmes augmentent plus rapidement leur nombre d'emplois et leurs
quantités de production qu'une firme qui reste exclusivement sur le marché domestique. Si
l'expo1iation ne cause pas de meilleures performances, elle amplifie néanmoins le développement
des firmes déjà les plus performantes . Selon les théories des firmes hétérogènes (e.g., Me litz et

13
Nous entendons par rationalisation une réorganisation de la structure de l'industrie où une diminution
du nombre de firmes augmente l' échelle de production de chaque unité et entraine une augmentation de
l'effi cience du sect eur.
14

Ottaviano, 2005), la diminution des ban·ières tarifaires va faciliter l'internationalisation des


firmes les plus productives qui opèrent dans le marché domestique et offrira aux firmes
expmiatrices une accélération de leur développement. Pour ces deux groupes de firmes , cela va se
traduire par des gains de parts de marchés étrangers au-delà des pertes de parts de marchés
domestiques suite à la concurrence internationale, ce qui va entraîner leur expansion. Par
contraste, on observera la disparition ou la contraction des firmes les moins productives. À
l' équilibre, l'élimination des firmes les moins productives et l'augmentation de l'activité des
firmes les plus productives vont mécaniquement augmenter la productivité moyenne du secteur et
le salaire moyen du secteur. L'évolution du nombre total d'emplois en industrie va dépendre du
rapport entre la création d'emploi issue des firmes les plus productives qui entrent sur le marché
des expmiations et la destruction des emplois due à l'élimination ou à la contraction des firmes
les moins productives. Dans le modèle issu des travaux de Bernard, Red ding et Schott, 2007, les
firmes hétérogènes opèrent de façon intersectorielle et intrabranche. Le secteur disposant d'un
avantage comparé dispose une grande probabilité d'être un exportateur net de bien tandis que le
secteur qui n'en dispose pas à des chances élevées d'être un importateur net. Pour un pays,
l'ouverture commerciale de ses frontières entraîne une réallocation de l'emploi à la fois à
l'intérieur d'un même secteur et entre les différents secteurs de production. Dans le secteur qui
dispose de l'avantage comparé comme dans celui qui n'en dispose pas, l' élimination des firmes
les moins productives va entraîner des destructions brutes de l'emploi. Entre les secteurs, un
déplacement de travailleurs va se faire du secteur sans avantage comparé vers le secteur avec
avantage comparé. Le solde de cette réallocation de l'emploi sera donc positif pour le secteur à
l'avantage comparé et négatif pour l'autre secteur; de même qu 'au sein d'un même secteur, les
firmes moins productives enregistreront une perte nette du nombre de leur emploi tandis que les
firmes les plus productives connaîtront une hausse de leur effectif de travailleurs. Au niveau de
l'économie, le solde de l'emploi industriel de cette réallocation va donc dépendre d'une part, du
pourcentage d'emploi qu'utilise le secteur sans avantage comparé par rapport au secteur qui a un
avantage comparé et d'autre part, du nombre d'emplois dans des finnes à faible productivité
comparée au nombre d'emplois dans les firmes les plus productives. Une économie où l' emploi
est davantage réparti dans le secteur qui dispose d'un avantage comparé et dans les firmes les plus
productives aura une forte probabilité d' avoir une augmentation nette de son nombre d'emplois
industriels suite à une libéralisation du commerce. Inversement, si l'emploi en industrie est en
15

majorité répartie dans le secteur sans avantage comparé et au sem de firmes faiblement
productives, le solde d'une libéralisation commerciale risque fort d'être négatif pom l' emploi
total en industrie.

Proposition 6 : L'ouverture au commerce international réalloue une partie de l'emploi du secteur


sans avantage comparé vers le secteur disposant d'un avantage comparé. A cette réallocation, le
commerce international opère une sélection des firmes au sein de chaque secteur qui conduit à
l 'élimination des entreprises les moins productives et à l 'accélération des compagnies les plus
productives. Cette sélection va augmenter la productivité moyenne du secteur et le salaire moyen
du secteur, et l'emploi pour les firmes les plus productives. Le commerce international opère
donc une double réallocation du travail à la fois au sein même de la branche et au niveau
intersectoriel.

La présentation de ces différentes théories nous apporte un ensemble de propositions auxquelles


nous ajoutons une remarque; les effets du commerce sm l'emploi, les salaires ou les inégalités
salariales peuvent avoir des conséquences différentes, voire même inverses, selon que les
échanges soient extrasectoriels ou intrabranches.

Il serait donc intéressant de mesurer de façon empirique l'effet du commerce intemational sur les
industries intrabranches et extrasectorielles. Ces remarques vont sous-tendre notre analyse
empmque.

1.2 Revue de la littérature empirique

La littérature qui traite empiriquement des effets du commerce ou des politiques commerciales
sur le marché du travail canadien est abondante et variée. Par souci de concision et de pertinence,
nous présentons seulement les études qui sont soit considérées comme les références les plus
importantes, soit celles qui apportent un éclairage complémentaire sm un aspect précis de notre
suj et.
16

1.2.1 Relation entre le commerce international et l'emploi

Gaston et Trefler (1997) ont estimé l'impact sm le marché du travail canadien de l'accord de
libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Pom la période de 1988 à 1993, ils trouvent que
sur les 390 600 destructions d'emploi, 15% de cette perte a été provoquée par les nouvelles
réglementations commerciales. Lorsque les autems divisent les industries selon leur niveau de
syndicalisation, d'exposition aux importations, ou de protection tarifaire, les coefficients perdent
de lem significativité statistique. La baisse des taxes douanières états-uniennes est également sans
effet statistique sm l'emploi canadien.

Beaulieu (2000) reprend les données de l'accord de libre-échange et trouve des résultats proches
de ceux de Gaston et Trefler (1997). Pour la période de 1983 à 1996, il observe qu ' une baisse de
1 pom cent des tarifs douaniers canadiens entraîne une baisse de 1,9 % de l'emploi en industrie.
La baisse des tarifs états-uniens n'a pas eu d 'effet sur l'emploi . L'auteur sépare ensuite l'emploi
entre travaillems en production et travailleurs hors production. Ces deux catégories sont un proxy
de l'instruction des travaillems. Elles sont basées sur les travaux de Schmidtt et Mishel (1996) qui
ont observé une corrélation positive de 0,85 entre le statut de l'employé et le niveau d'éducation.
Cette corrélation va dans le sens où les travailleurs hors production sont en moyenne plus
diplômés. L'effet de la baisse des tarifs varie sensiblement selon la catégorie de travailleur
concernée. Les travailleurs en production subissent une petie de 2, 1 % pour chaque pourcentage
de réduction des tarifs canadiens, tandis que l' emploi hors production n'a pas été sensible aux
variations de ces tarifs douaniers.

Dans un article publié en 2001, Trefler (2001) revient sur l'étude des effets de l'accord de 1988
pom les années allant de 1988 à 1996. Il conclut que la réduction des taxes sur les marchandises
entrant au Canada ama été responsable non pas de 15 %, mais de près de 31 % de la baisse du
nombre d'emplois en industrie. De plus, la part de destruction d'emploi imputable aux accords
s'élève à 60% pour les industries qui étaient le plus protégées par les tarifs avant ces accords. Les
emplois affectés à la production sont les seuls à avoir des coefficients statistiquement
significatifs, autrement dit, la réduction du nombre de travailleurs en industrie a été tirée par cette
17

catégorie. À propos de la baisse des tarifs douaniers états -uniens, l'auteur ne trouve pas de
coefficients statistiquement significatifs.

Dans un document de recherche issue de l'institut de Statistique du Canada Sébastien


LaRochelle-Côté, 2005, observe que la relation entre la baisse des tarifs douaniers et l'emploi est
aussi déterminée selon deux caractéristiques propres aux firmes : la productivité et le levier
financier. Il en conclut que, pour cette période, les fitmes les moins productives ainsi que celles
qui sont le plus endettées ont davantage réduit leur nombre d'employés . Quand les accords de
l'ALENA faisaient diminuer de 3,6% l'emploi dans les fitmes dotées d'une productivité
moyenne, les firmes moins productives ont réduit leurs effectifs de 15,1 %.

Les conclusions de ces études empiriques confirment les propositions que les modèles théoriques
ont formulées sur l'emploi. À travers ces articles, nous voyons une tendance solide se dessiner: la
baisse des baiTières tarifaires canadiennes a réduit l'emploi en industrie tandis que la baisse des
barrières états-uniennes n'a pas eu d'effet sur celui-ci . Ces articles mettent également en relief un
autre élément: l'impact du libre-échange sur l'emploi est fonction d'un ensemble d'autres
facteurs , comme l'exposition du secteur aux importations, l'affectation ou non de l'emploi à la
production, et la compétitivité moyenne des firmes du secteur.

La réduction de l'emploi en industrie ne doit cependant pas sous-entendre que cette tendance agit
directement en diminuant l'emploi global de l'économie canadienne. Le graphique ci-dessous
présente le taux d'emploi dans le secteur des services et le taux d' emploi dans le secteur
manufacturier. Nous voyons que si le nombre d'emplois en secteur manufacturier diminue au
cours du temps, le nombre de travailleurs dans le secteur des services ne cesse au contraire
d'augmenter.

14
Graphique 1

14
Données issues de Statistique Canada. Enquête annuelle sur les manufactures et l'exploitation forestière
(EAMEF).
18

Nombre d'emploi dans le secteurs des


services et dans le secteur de la fabrication

Nombre d'emploi en unité.

12000000

10000000

8000000 - Fabrication
- services
6000000

2000000

Année.

Dans le même temps, nous voyons dans le graphique ci-dessous qu 'en dehors des deux périodes
de hausse en 1984 et en 1993, le chômage national reste relativement stable.

15
Graphique 2

15
Données issues de Statistique Canada. Enquête sur la population active (EPA) tableau CANSIM 282 -
0086. Statistique Canada, 2012.
19

Pourcentage de Taux de chômage canadien


chômeurs
14,0% - . . . . . .,_______. __~-· ·--· · --··----·-·-~-----~-·· ·-- · ·-· -····---···--··-- . . . . . . . . . . . . . . . . ... . . _. . . ~---· ·"' """'""'"~ . . _... . _ . . . . . _~_. . ._. . _. .__

12,0%

10,0%

8,0% -·

6,0%

4,0%

2,0%

1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
Année.

Cela semble suggérer que les pertes d'emploi en industrie ont été absorbées par le secteur des
services.
20

1.2.2. Relation entre le commerce international et les salaires

L'atiicle de Trefler et Gaston (1997) ne trouve que très peu d'impacts significatifs de la baisse des
tarifs douaniers canadiens sur les salaires canadiens, même lorsque l' on sépare les industries entre
celles qui sont les plus protégées, les plus syndiquées ou les plus exposées aux importations. La
baisse d'un pour cent des tarifs douaniers états-uniens augmente de 0,5 % les salaires canadiens.
Toutefois, cette relation n'est statistiquement significative qu'au niveau de confiance de 90 %.

Beaulieu (2000) trouve également que la baisse des tarifs canadiens ou états-uniens n'a eu que
très peu d 'effet sur les salaires . La baisse des droits d'entrée canadiens n'a pas eu d'impact sur les
rémunérations canadiennes, quel que soit le type de travailleur. Pour leur part, les droits d'entrée
états-uniens n'agissent que sur les travailleurs hors productions. Une baisse de 1 % des tarifs
états-uniens augmente de 0,8 % la rémunération des emp loyés hors production.

Dans l'atiicle de Trefler (2001), l'auteur trouve des relations statistiquement significatives entre
les accords de libre-échange et les salaires des travailleurs industriels. La diminution conjointe
des banières canadiennes et états-uniennes entraîne une hausse de la moyenne des sa laires de 3
pour cent sur huit ans, pour tous les travailleurs. Si cette hausse est statistiquement significative,
elle est économiquement faible. L'auteur précise toutefois que cette hausse a concerné les seuls
travailleurs en production, la baisse tarifaire n'a pas eu d'effet sur les emplois hors production.

Les trois articles précédents présentaient les résultats d'analyses obtenus à partir de données
salariales macroéconomiques. Les articles qui suivent se sont servis de microdonnées pour
estimer l'impact du commerce international sur les salaires.

Townsend (2007) reprend l'analyse de l'impact des accords commerciaux sur les salaires des
travailleurs industriels pour la période de 1981 à 1998. Un des principaux apports de cet article
est de mettre en évidence l'importance des caractéristiques individuelles pour l'identification de
l' effet de la variable d'intérêt sur la variable dépendante. Pour cela l'auteur compare trois
spécifications à l'aide d 'une base de données à coupe h·ansversale. Dans l' une, les variables des
caractéristiques individuelles sont absentes . Dans une autre, les variables socio-économiques des
21

répondants sont contraintes pour être invariables dans le temps et enfin, dans la dernière, ces
variables varient à travers les périodes. La seule spécification qui donne des résultats significatifs
est celle dont les variables sur les caractéristiques individuelles variaient dans le temps. En
retenant ce modèle, l'auteur trouve qu'en moyenne une baisse de 1 pour cent des taxes douanières
canadiennes entraîne une réduction de 0,4 % des salaires. La baisse est plus importante pour les
travailleurs les moins diplômés. Le coefficient obtenu pour les travailleurs syndiqués est
identique, tandis que les travailleurs non syndiqués connaissent une diminution de leurs salaires
supérieure de 0,1% par rapport aux travailleurs syndiqués.

Breau et Rigby (2009), s'intéressent à l'effet des importations sur les salaires et sur les inégalités.
Un des points clefs de leur article est de mettre en évidence l' impact de la provenance des
importations en fonction de la richesse du pays exportateur. La relation entre les importations
provenant des pays à hauts revenus et les salaires canadiens est nulle. En revanche, les
importations issues de pays à bas revenu agissent en diminuant la rémunération des travailleurs
les moins diplômés. Les auteurs estiment une réduction de 1, 1 pour cent des salaires ce cette
catégorie si le taux de pénétration des importations augmente de 100 %. Toutefois, les travailleurs
les plus diplômés ne subissent pas de baisse de salaire pour ce type d'importation. À cela, les
auteurs ajoutent que les régions du Québec et des Prairies sont davantage affectées que celles du
reste du Canada. Enfin, les auteurs reprennent la classification des secteurs élaborée par Baldwin
et Rafiquzzaman (1994) qui divise les industries en cinq catégories : celles qui sont basées sur des
ressources naturelles, celles qui emploient de façon intensive le travai l, celles qui disposent
d'économie d'échelles, celles qui produisent des produits différenciés et celles basées sur le
développement technologique. Les seules industries à être touch ées par les importations
provenant des pays à faibles revenus sont les secteurs qui emploient de façon intensive le facteur
travail et ceux qui produisent des biens différenciés. Les autres ne subissent pas d' impact vis-à-
vis de ce type d' importation.

Zakhilwal (2000) présente également un article sur l'incidence du commerce international sur les
salaires des Canadiens. Cet article nous intéresse, car il utilise la même base de données que nous
pour notre analyse empirique. L'auteur analyse l'effet conjoint du taux d'importation et du taux
d'exportation sur les salaires des travailleurs selon leurs niveaux d'instruction. L'auteur observe
que la hausse du c01m11erce international augmente, en moyenne, l' ensemble des salaires des
22

travailleurs. Enfin, l'auteur trouve que le conunerce international a un effet amplificateur sur les
écarts de salaires entre travailleurs instruits et travailleurs moins instruits. Nous pouvons donc
conclure que, d'après cet article, si le commerce augmente tous les salaires, la hausse que
connaîtront les travailleurs instruits sera proportionnellement plus forte que celle des travailleurs
non instruits.

Si certains des articles ci-dessus corroborent les prédictions des modèles théoriques, d'autres, en
revanche, s'en éloignent fortement. Breau et Rigby (2009) confirment le théorème de Stolper-
Samuelson puisqu'ils trouvent que le commerce interbranche diminue les salaires des travailleurs
moins diplômés. Pour sa part, Trefler (2001) ne s'inscrit pas dans la perspective de ce théorème,
car la hausse des salaires observée par l'auteur conceme la catégorie de travailleurs en moyenne
moins diplômés. Autre point, le nombre de coefficients statistiquement significatifs qui ont pu
être observés par les auteurs entre les salaires et le commerce international est en plus petit
nombre que ceux qui ont été mis en avant sur le sujet de l'emploi. De plus, la robustesse de ces
résultats est également inférieure à celle trouvée sur le thème de l'emploi. Enfin, les significations
de ces relations ne sont pas cohérentes entre les différents auteurs . Nous pouvons donc en
conclure que l'impact du commerce international sur les salaires est une relation difficile à
mesurer et sur laquelle il n'y a pas de fort consensus. Nous remarquons toutefois que l'utilisation
de microdonnées semble foumir davantage d 'estimations significatives. Cela nous amène à
souligner l'importance des caractéristiques individuelles pour l'estimation de variables sur les
salaires. Pour conclure, nous remarquons un point commun avec les résultats sur l'emploi, le
commerce agit différemment sur les salaires selon le secteur, la région, le poste du travailleur, et
la provenance des impo1iations. Nous allons tenir compte de cette réalité dans notre analyse
empmque.

1.2.3. Relation entre le conunerce international et les inégalités salariales

Dans l' article de Trefler (2001) les inégalités mesurées ont diminué de deux pour cent sous l'effet
de la hausse du salaire des travailleurs en production. L'auteur note à ce propos que cette baisse
des inégalités est issue de la hausse des salaires des travailleurs en production; «earnings gains
--- ---------- --- - -- - - - - - - - - - - --

23

were completely driven by earnings for production workers rather than non-production
workers».

Dans un document de recherche de Statistique Canada, John Baldwin et Mohammed


Rafiquzzaman (1998) analysent l'effet conjoint de la technologie et du commerce sur les
inégalités de salaire entre travaillems en production et hors production. La période couverte par
ces au tems s'étend de 1980 à 1989. Après avoir classé les secteurs en six groupes différents de
technologie cités plus haut, les autems concluent que l'utilisation de technologies de pointe
favori se l'expmiation qui elle-même permet d'offrir de meillems salaires. Le lien entre
1'avancement de la technologie, une plus fmie exportation et une hausse des salaires est conduit
par les économies d'échelles issues d'une meilleure intégration du progrès technique. De plus, les
secteurs aux technologies plus avancées sont aussi ceux qui ont une plus forte proportion de
travailleurs hors production. Par contraste, les secteurs les plus intensifs en travailleurs sont plus
«perméables» aux importations, ce qui contribue à contracter leurs activités sous l'effet de la
concurrence et, par effet de ricochet, lems salaires. À partir de ces résultats, les auteurs concluent
que la hausse des inégalités salariales s'est creusée en partie par la dynamique de la technologie et
du commerce international. Quand les sectems ayant intégré plus de technologies de pointe
connaissent une augmentation de leurs activités d'exportation, les répercussions positives sur les
salaires des travailleurs hors production agrandissent les inégalités salariales avec les travaillems
en production.

Zakhilwal (2000) trouve qu 'une hausse du taux de commerce intemational 16 augmente l'écart de
salaire entre les travaillems en industries les moins diplômés et ceux qui sont diplômés.

Enfin, Breau et Rigby (2009) estiment l'effet du commerce sur les inégalités mesurées en
fonction du diplôme et trouvent que les importations provenant des pays à revenu élevé sont sans
effet sur cette relation. Pour les importations provenant des pays aux plus faibles revenus, les
inégalités augmenteraient de 2% si le niveau des importations augmentait de 100 %. Au niveau
régional, c'est le Québec et l'Ontario qui présentent le niveau d'inégalité le plus élevé. Si la

16
Le taux de commerce est obtenu en additionnant les exportations et les importations de chaque industrie
et en divisant cette somme par la production totale de 1'industrie.
24

valeur de la hausse de 2 % peut sembler faible , les auteurs précisent que parmi les variables qui
agissent de façon significative sur les inégalités, les caractéristiques individuelles comme l'âge, le
sexe et le statut temps partiel ou temps plein ont un effet nettement plus important que le
commerce intemational.

La mesure de l'impact des politiques de libre-échange ou du commerce international sur les


inégalités salariales fait ressortir certaines tendances. Toutefois, les résultats qu 'avancent les
différents auteurs ne sont pas forcément cohérents les uns avec les autres. Si pour certains la
baisse des barrières tarifaires a diminué l'écart salarial (Trefler, 2001 ), pour d'autres les disparités
salariales se sont accmes sous l' effet du commerce international; notamment par le biais des
importations. Il ressort également de ces articles que l'effet du commerce est fonction de
plusieurs autres facteurs. Cette remarque étant valable pour tous les thèmes sur le marché du
travail, nous soulignons à nouveau l' importance de l'hétérogénéité de l'envir01mement dans
lequel s'opère le commerce international. Cet élément va être le fil conducteur principal de
l'analyse empirique que nous allons présenter. Afin d'intégrer dans notre analyse les facteurs que
nous jugeons les plus pertinents, nous émettons deux hypothèses supplémentaires que nous allons
tenter de vérifier par notre analyse empirique.

Proposition 8 : Le commerce international n'agit pas uniformément sur les différentes provinces
canadiennes, il varie selon la composition industrielle des régions.

Proposition 9 : Les caractéristiques individuelles et notamment l'âge, le sexe et le niveau


d'éducation sont des variables qui déterminent l'impact du commerce international sur les
individus.

À travers la revue de la littérature empirique, nous remarquons que les auteurs incluent dans lems
analyses différents aspects du marché du travail pom estimer l'i mpact du commerce international
sur l'emploi, les salaires et les inégalités. L'exposition du secteur aux baisses tarifaires, l'effet
province, les caractéristiques individuelles ou le contenu technologique figmaient parmi les
facteurs qui ont été pris en compte par les auteurs. Toutefois, la dimension intrabranche ou
extrabranche des industries n'a pas été analysée par les articles que nous avons mentionnés. Cet
25

aspect est pourtant important dans la mesure où, d' une part, il structure les modèles de commerce
international et, d'autre pmi, la littérature théorique prédit des conséquences différentes selon le
caractère intra ou extrabranche des industries. Grâce à l'indice de Grubel-Lloyd, nous
distinguerons donc les industries intrasectorielles, extrasectorielles, et les autres industries dont la
valeur de l'indice se situe entre celles des deux précédentes .

Autre point sur les salaires, si certains articles utilisent des variables de caractéristiques
individuelles afin de purger l'hétérogénéité entre observations, l'utilisation d'effets fixes individu
n'a pas été incluse par ces auteurs. De plus, une seule étude emploie un échantillon en panel qui
ne s'étend, cependant, que sur une période de trois années. En incluant des effets fixes individu,
notre travail empirique peut davantage contrôler l'hétérogénéité individuelle. À cela, l' étendue
plus longue des panels de notre base de données offrira un échantillon qui permettra d'obtenir
plus de répétitions donc plus de variation et d'information pour la même observation.

Également, à l'exception de Breau et Rigby (2009), les articles présentés ci-dessus concernent la
période autour de la date des accords de libre-échange (ALE et ALENA), c'est-à-dire, fin 1980 et
début 1990. Toutefois, si l'analyse des conséquences à comt terme qui suivent une politique
commerciale est fondamentale pom la compréhension du commerce international, il est aussi
intéressant d'observer au-delà d'un impact à comt terme l'effet moyen qu'amont les variations
des importations et des exportations sm les industries.

Enfin, ajoutons que si sur l'emploi ces articles observent une diminution du nombre de salariés
suite aux variations du commerce international, cette baisse ne se traduira pas nécessairement par
une plus forte précarité de l' emploi ou par une hausse du chômage. En effet, il est théoriquement
possible qu'une diminution de l'effectif employé puisse se faire sans qu' il y ait une augmentation
égale du nombre de licenciements. Nous pouvons envisager, par exemple, le non-remplacement
de travaillems partant à la retraite ou l' anêt de l'embauche de travailleurs temporaires. De plus,
parallèlement à la perte d'emploi dans le secteur manufacturier, le nombre d'emplois dans le
secteur des services est en hausse presque constante, comme l'indique le graphique ci-dessous. Il
est donc possible que la perte d'emploi en industrie ait était absorbée, complètement ou en parti e,
par le secteur des services. Pour ces raisons, si ces articles mettent en lumière un effet de
diminution de l'emploi en industrie, ils n'abordent pas explicitement les conséquences sur le
-- 1
1

26

chômage ou sur la précarité des travailleurs. Afin d'explorer cette question, nous avons constmit
une variable qui mesure la probabilité qu'a un employé à temps plein de perdre son emploi de
façon involontaire. Cette variable permettra de déterminer en moyenne si les variations du
commerce international se traduisent par une plus forte chance d'être mi s au chômage. Nous
estimerons ainsi l'impact du commerce sur un proxy pour la précarité de l'emploi.

Afin d'organiser notre analyse, nous présenterons successivement les quatre aspects du marché
du travail en industrie sur lesquels nous estimons l'effet du commerce international. Nous
commencerons par le nombre d'emplois, l'écart de rémw1ération entre la moyenne des vingt pour
cent des salaires les moins élevés et la moyenne des vingt pour cent des salaires les plus élevés,
les salaires des individus, et la probabilité pour un travailleur à temps plein de perdre son emploi
de manière involontaire. Pour chacun de ces aspects, nous diviserons notre analyse en trois
parties : l'impact du commerce sur tous les travailleurs; l' impact du commerce selon les
industries séparées en secteur intrabranche, extrabranche et mixte; et enfin l'impact du commerce
pour tous les travailleurs où l'effet province sera contrôlé. Il y aura une seule exception à cet
ordre, elle concernera la variable des salaires . Pour cette variable, nous ajouterons une dimension
supplémentaire en séparant la population de notre échantillon entre les personnes possédant un
diplôme postsecondaire et les personnes n'en possédant pas. Nous ajoutons cette distinction pour
les salaires afin de placer notre analyse dans la perspective du modèle des dotations factorielles
où le travail non qualifié représente le facteur rare et le travail qualifié représente le facteur
abondant.
27

CHAPITRE II

ANALYSE EMPIRIQUE : DONNÉES ET MÉTHODOLOGIE

Pour notre analyse empirique, nous avons construit une base de données à partir de trois sources
statistiques différentes : la base de données sur le Commerce international canadien de
marchandises (CICM), l'Enquête annuelle sur les manufactures et l'exploitation forestière
(EAMEF), et l' Enquête sur la Dynamique du Travail et du Revenu (EDTR).

2.1 Présentation des trois bases de données

2.1.1 . Présentation de la CICM.

La base de données du CICM 17 est une base de données qui fournit des infonnations sur le
commerce canadien. Elle est disponible en ligne et permet d'obtenir notamment des statistiques
sur l'importation, l'expmtation, la production totale, la balance c01mnerciale et les réexp01tations.
L'unité de mesure est au choix : le dollar canadien ou le dollar états-uni en. Cette base de dom1ées
offi·e la possibilité
r
de séparer les données selon la destination des exportations et l'origine des
importations et elle permet de choisir entre des données nationales ou des données provinciales.

17
Adresse le 23 mars 201 2 :
http:llwww. ic.gc.ca/sc_mrktiltdstltdoltdo.php?/ang=36&headFootDir=lsc_mrkti/tdstlheadfoot&productType=NAICS
&toFromCounlly=CDN&cacheTime=962115865#tag
28

Les classifications qui sont utilisées par cette base comprennent le Système de Classification des
18
Industries de l'Amérique du Nord (SCIAN), et le Système harmonisé (SH) international • Nous
utiliserons la classification SCIAN, car elle est commune aux trois bases de doru1ées que nous
utilisons. Les industries sont disponibles à un niveau d'agrégation SCIAN à deux chiffres, jusqu'à
un niveau SCIAN à six chiffres. Pour notre présente étude, nous utiliserons cette base de données
pour extraire trois variables : le niveau de production du secteur SCIAN à quatre chiffres, le total
des exp01iations et le total des importations. Nous avons extrait ces variables au niveau national
et provincial.

2.1.2. Présentation de l'EAMEF.

L'EAMEF est une enquête qui concerne les secteurs de la fabrication et de l'exploitation
forestière. Elle a pour but de décrire le profil et l'activité des entreprises manufacturières
canadienne afin de rendre .disponibles des informations précises et de haute qualité sur les
industries canadiennes. Les données sont prélevées auprès des entreprises qui produisent dans le
secteur manufacturier ou forestier, l'unité statistique étant l'établissement. L'échantillon compte
environ 99 000 établissements manufacturiers et forestiers et les fichiers sont sous forme
transversale. Les principaux thèmes que cette enquête aborde sont reliés à l'activité industrielle.
Il s'agit principalement de l'emploi, des revenus, des coûts de divers entrants, des ventes, des
stocks ou de la valeur ajoutée. Nous avons choisi cette enquête pour l'information qu'elle fournit
à propos de certaines variables clefs de notre étude. De plus, l'enquête offre une dimension
provinciale et son regroupement sectoriel organisé selon le Système de Classification des
Industries de l' Amérique du Nord (SCIAN) rend possible son appareillement avec les
microdonnées sur les sa~aires et sur l'emploi de l'Enquête sur la Dynamique du Travail et du
Revenu.

2.1.3. Présentation de l' EDTR.

18
L'ancien système de Commerce canadien par industrie (CTI) a été remplacé par le SCIAN en 1997.
29

L 'EDTR est une enquête longitudinale réalisée par l'Institut de Statistique du Canada. L'objectif
de cette enquête est d'explorer la réalité des Canadiens sur le thème du revenu, du travail et de la
famille. Cette enquête débute en 1993 et elle est menée auprès des ménages. Pour les besoins de
notre étude, l'avantage de cette enquête provient du fait qu'elle a deux caractéristiques : d'une
part la stmcture en panel de son échantillon, et d'autre part la couverture par des microdonnées du
thème du revenu et de l' emploi . Les variables que nous utilisons sont le salaire horaire à la fin de
l' emploi ou à la fin de l'année, la situation du répondant sur le marché du travail, la raison de
l'arrêt de son emploi, le nombre d'heures travaillées par semaine, 1'âge, le sexe, le niveau
d'instmction, et la taille de l'entreprise dans laquelle le répondant travaille.

Lorsque nous combinons cette enquête avec l'EAMEF et la base de données sur le CICM, nous
disposons d'une base de données qui joint les variables macroéconomiques de l'industrie et du
commerce avec des microdonnées sur la situation concernant le marché du travail des répondants.
Une observation dans cette base va posséder plusieurs dimensions : l'identifiant individuel,
l 'année, le secteur SCIAN et la province. Ces quatre dimensions vont constituer les quatre indices
que prendra une observation. Si sur une année une observation peut être assignée à plus d'une
province ou plus d'un secteur SCIAN, elle ne pourra pas, en revanche, changer son indice
individu. Sur plusieurs années, les observations indicées au même individu auront donc une
dimension identique à travers le temps et cela entraînera de l'invariance pour certaines
caractéristiques individuelles propres au même répondant. Face à cette caractéristique propre aux
données en panel, nous utiliserons une spécification appropriée, notamment le modèle des
moindres carrés ordinaires avec effets fixes.

2.2 Présentation des variables 19

Afin de mesurer l'impact du commerce international sur différentes variables du marché du


travail, nous allons présenter une série de résultats de régressions portant sur les quatre variables

19
Les principales statistiques descriptives des variables sont en annexe p. 72.
30

clefs du marché du travail que nous avons discutés précédemment: le nombre d'employés, l' écart
de rémunération entre la moyenne des vingt pour cent des salaires les moins élevés et la moyem1e
des vingt pour cent des salaires les plus élevés 20 , le salaire horaire et la probabilité d'être licencié.

Les variables du nombre d'employés, de l'écart de rémunération entre la moyenne des vingt pour
cent des salaires les moins élevés et la moyenne des vingt pour cent des salaires les plus élevés et
du salaire horaire seront utilisés dans les régressions sous forme de logarithme.

Nous avons organisé la présentation des résultats en divisant les variables en deux groupes : les
variables dépendantes macroéconomiques et les variables dépendantes issues des rnicrodonnées.

Les variables explicatives que nous utilisons sont les ratios importation sur la production du
secteur et exportation sur la production du secteur. Ces variables seront également utilisées dans
les régressions sous forme de logarithme. Elles sont issues de la base de données sur le
Cormnerce international canadien de marchandises.

2.3 Présentation des trois modèles empiriques

2.3 .1. Régressions des variables dépendantes macroéconomiques.

Pour commencer notre analyse des effets du commerce international, nous présentons l'équation
qui va être utilisé afin de régresser les variables macroéconomiques.

Le premier type d'équation utilisera le modèle des moindres carrés ordinaire et est de la forme
suivante:

Yst = {11 Xlts + {12 X2ts + at + f:ts


où l'unité statistique est le secteur SCIAN. « t » indique la période et « s » le code SCIAN du

secteur de l'industrie. «Xl» et« X2 »sont les deux variables d'intérêts et «Cl » est l'effet fixe

20
En annexe, nous avons également présenté les régressions pour les salaires appartenant au dix pour cent
les plus bas et au dix pour cent les plus hauts .
31

« année». Cette variable se compose d'un ensemble de données dichotomiques qui représentent

chaque année de l'échantillon, moins une. Enfin, «E »est le terme d'erreur.

L'effet fixe «année» agit en absorbant les variations de Y qui sont dues à sa dimension
temporelle et qui sont identiques pour tous les secteurs SCIAN. Par exemple, cet effet va
contrôler les hausses annuelles de la valeur nominale de Y liées à l'inflation.

Avec le modèle des moindres carrés ordinaires, nos coefficients vont estimer une moyenne de
l'effet de la variable X sur la variable Y, où chaque observation a le même poids.

Si cette spécification tente de démontrer l'existence d'une relation entre nos variables d'intérêts et
les variables dépendantes, elle peut aussi amener les coefficients à capter d'autres phénomènes,
comme l'impact de la composition industrielle sur la variable dépendante.

Les termes « between »et« within »vont nous permettre de mieux expliquer la signification des
résultats de cette spécification.

L'aspect « between » différencie les observations selon chaque groupe au mveau transversal.
Dans notre échantillon, les différents groupes se composent des 86 secteurs industriels SCIAN (4
chiffres). Cet aspect portera donc sur les variations des X et des Y entre chaque secteur pour une
année donnée.

Par exemple, si Y était les inégalités de salaires, nous pouvons imaginer que la répartition des
industries serait de telle sorte que les secteurs aux plus fmtes disparités salariales seraient aussi
ceux qui expottent le plus. Le coefficient du taux d 'exportation X indiquerait un effet positif des
exportations sur les inégalités salariales sans que cette relation soit réellement causée par l'action
des exportations sur les écarts de salaires. Cette relation serait plutôt un résultat de composition
industrielle et dans ce cas le coefficient serait déterminé par l'effet between

L'aspect « within » différencie chaque observation au sein d'un même groupe. Dans notre cas, il
s'agirait de l'évolution dans le temps des X et des Y à l' intérieur d'un même secteur SCIAN.
C'est cet impact que nous cherchons à identifier: comment est-ce que des changements dans les
importations et les exportations d'un secteur influencent les changements de l'emploi et des
inégalités dans ce sectem?
32

En l'état, la première spécification va donc produire des coefficients qui risquent de capter un
effet de composition. Afin de neutraliser l'aspect « between » de nos dom1ées, nous avons ajouté
un effet fixe « sectem industriel ».

Avec l'effet fixe industrie, l'équation à estimer devient:

Yts = P l Xlts + fJ 2 X2ts + a t+ Ys + ~ts

où «Y» est un effet fixe secteur. Cet effet va pmger l'aspect « between » de notre échantillon,
c'est-à-dire l'effet de composition sectoriel sur la variable dépendante. Ainsi , les coefficients des
variables d'intérêts vont estimer un effet moyen de la variation des variables indépendantes sur
les variations de la variable dépendante; et ce, quelle que soit la période ou l'industrie. Nous
pouvons remarquer qu'imposer un coefficient unique pour tous les secteurs et toutes les périodes
est une hypothèse forte, même après avoir contrôlé pour les différences entre industries et pour
l'effet temporel. Afin affiner notre estimation nous allons ajouter deux niveaux d'analyse
supplémentaire. D'une pari, nous avons séparé les secteurs SCIAN en fonction du type de
commerce auquel ils correspondent. Pour cela, nous avons formé trois groupes d' industries à
partir de l'indice de Grubel-Lloyd. Le commerce intrabranche sera composé des industries dont
l'indice sera supérieur ou égal à 0.66 et le commerce extrabranche comprendra les secteurs dont
l'indice prend des valeurs entre 0 et 0.33. Enfin, le dernier groupe inclura les secteurs restants.
D'autre pari, nous avons contrôlé pour les effets de chaque province sm les variables
dépendantes. Pour cela, nous avons remplacé dans notre échantillon les données commerciales
canadiennes par des données commerciales régionales . À la suite de cette transformation, nous
avons ajouté un effet fixe« région» pour capter d'éventuelles différences entre les provinces par
rapport à l'emploi, aux salaires, et aux inégalités salariales. Cela amène les variables expliquées
et explicatives à posséder trois indices. Enfin, nous avons traité l'hétéroscédasticité de
l'échantillon par le test de robustesse sm les écarts-types. À cette fin, nous avons utilisé la
cormnande «robust» du logiciel Stata.

2.3.2. Régressions avec les variables dépendantes microéconomiques


33

Pour le deuxième type de régressions, les variables dépendantes sont issues des données
microéconomiques de l'Enquête sur la dynamique du travail et du revenu. Nous utilisons le
modèle des moindres canés ordinaire avec effets fixes pour la variable des salaires et un modèle
probit pour la probabilité qu'a un individu de perdre son emploi de façon involontaire.

Le modèle des moindres carrés est de la forme suivante :

Ytsi = /11 X1tsi +pz XZtsi + LOGÂGEti + LOGÂGEI\2ti +at+ Ys+ 6i + f:tsi
Dans ces régressions, l'unité statistique est l'individu. Deux nouvelles variables ont été incluses,
il s'agit du logarithme de l'âge et du logarithme de l'âge au carré 21• Ces deux variables vont

contrôler les effets d'expérience. « i » est l'identifiant de la persom1e et «li» est une variable

dichotomique qui indique en 1 l'individu « n » et en 0 si ce n'est pas l'individu « n ». Cette


variable est l'effet fixe «individuel » et elle purgera les caractéristiques observées et inobservées
de l'individu qui sont invariables dans le temps et qui sont conélées avec la variable dépendante.
Le type de caractéristique qu'il inclura pourrait être, par exemple, le sexe ou le niveau
d'éducation, à condition que ces deux informations ne varient pas dans le temps (ce qui est
généralement le cas). Cette spécification possède aussi un effet fixe temps. Il va agir de la même
façon dans cette spécification que dans celles avec variables macroéconomiques . Une différence à
noter est que dans cet échantillon, les panels s'étendent au maximum sur une période de six
années. Le troisième indice « s » indique le secteur SCIAN et «a» sera l'effet fixe «industrie»
indicé « s ». Cette spécification tente de déterminer une relation entre le taux d'ouverture
commercial du secteur auquel appartiennent l' individu et la variable dépendante. Si au niveau
« between » la différence entre secteurs SCIAN introduit un biais identique à celui qui risquait
d'apparaître avec les données macroéconomiques, au niveau « within » cette spécification
présentera une pmticularité. Ici, le groupe « within » n'est plus le secteur d'industrie, mais
l'individu. La variable dépendante de chaque groupe peut ainsi avoir plusieurs secteurs SCIAN au
cours de son apparition, c'est-à-dire qu 'un individu peut se déplacer d'une industrie à une autre.
Cet aspect va appotter un deuxième effet de composition qui peut induire les coefficients

21
Si nous utilisons les variabl es de l'âge et de l'âge au carré sans les mettre en logarithme le résu ltat est
pratiquement identique. Pour voir les résultats avec ces deux variable en niveau : p. 63
34

d'intérêts à capter l'impact de la mobilité intersectorielle sur les salaires en plus de l'effet de la
répartition industrielle. De plus, à l'effet de mobilité des individus, les coefficients peuvent
également prendre en compte l'éventualité où les individus les plus productifs se déplacent vers
les secteurs qui disposent de la plus forte productivité et donc de meilleures rémunérations.
L'effet fixe «industrie» va également agir sur ces effets de composition et de mobilités . En
neutralisant le lien entre les caractéristiques de chaque secteur et les salaires, 1' impact que va
entraîner la mobilité d 'un individu va être contrôlé, car l'action des différences entre les
industries sur les salaires sera purgée.

Dans cette spécification, les coefficients vont estimer un effet moyen des variations du taux
d'importation et d'exportation sur les salaires. Ce coefficient sera également identique pour tous
les secteurs, tous les individus et pour chaque période de temps dormée.

La deuxième équation va servir à estimer de façon non linéaire la probabilité de perdre de


manière involontaire son emploi. Un des modèles non linéaires qui permet d'utiliser de manière
consistante les effets fixes individuels est le logit. Toutefois, pour nos microdonnées, l' inclusion
d 'effets fixes «individus» présentait un désavantage majeur, qui est de réduire l'échantillon de
plus de 80 %. Cette réduction est due au fait qu'un effet fixe « individu » crée autant de groupes
qu' il y a d ' individus. Au sein de chacun de ces groupes, si la situation sur le marché du travail ne
varie pas dans le temps, les probabilités calculées seront des « prédictions parfaites» soit de 0 soit
de 1. Les variables d'effets fixes ayant une telle probabilité créaient de la multicolinéarité, ce qui
entraînait leur exclusion et ainsi une f01te réduction de l'échantillon. Afin de remplacer l'effet
fixe« individu », nous incluons dans l'équation un ensemble de caractéristiques individuelles qui
purgeront, au moins en partie, l'hétérogénéité des observations. Ces caractéristiques comprennent
le logarithme de l'âge et le logarithme de l'âge au cané, le niveau d'éducation, la taille de la
firme, le sexe et une variable dichotomique qui indique 1 si la variable dépendante de l'individu
au temps « n-1 »était identique à la variable dépendante du même individu au temps « n ». Cette
dernière variable permet de contrôler la persistance (l'autocorTélation) dans notre modèle.

La spécification à estimer sera la suivante :


35

Ytsi = {J1 X1tsi + {J2 X2tsi + SEXEi + LOGÂGEti + LOGÂGE /\ 2ti + TAILLEi

+ DIPLÔMEi + Yt-1si +at+ Ys + ôi + Etsi


36

CHAPITRE III

ANALYSE DES RÉSULTATS

3 .1 Effet sur 1' emploi

La diminution du nombre d'emplois en industrie est le résultat le plus robuste mis en évidence par
la littérature empirique. Notre analyse de l'impact du commerce international sur le marché du
travail commence donc par la variable du nombre de travailleurs par secteur industriel. À travers
ces résultats, nous verrons que les importations ont un effet important sur le nombre d'emplois.
De plus, il existe des différences entre les secteurs selon le fait qu'ils commercent de manière
intrabranche ou extrabranche. Enfin, l'effet du commerce sur cette variable est également affecté
par un effet province.

Des tests de robustesses ont été faits pour déterminer si les tendances qui étaient captées par les
coefficients ne relevaient pas d'une omission de variable. Vu le rapport étroit entre le commerce
international et le progrès technique, une variable qui approxime l'effet du progrès 22 technique
sur le marché du travail a été placée dans des régressions pour tester la robustesse de nos
modèles. Les résultats de ces régressions présentent des valeurs presque identiques à celles qui
ont été obtenues sans la variable qui approxime le progrès technique.

22
Voir les annexes pour plus de détail sur cette variable.
37

Tableau 1 : présentation des r ésultats des régressions avec un effet fixe année et secteur
scian.

La variable dépendante est le nombre d' emplois par secteur. Elle a été générée en prenant le
logarithme du nombre d'employés par secteur SCIAN à 4 chiffres .

EMPLOI 1) industries 2) Extra Intra Mixte 3) E.F. Régions

Log du Taux d'ùnportation -.305 *** -.365*** -.265 *** -.347*** -.644 ** *
Écart-type (.041) (.120) (.060) (.112) (.018)

Log du Taux d'exportation -.001 .117 -.045 .030 -.188***


Écart-type (.030) (.143) (.067) (.105) (.021)

Ontario ...... ...... ........ ........ 1.110***


Écart-type (.024)

Les Prairies ........ ........ ........ ........ -.639***


Écart-type (.033)

Les Maritùnes ........ ........ ........ ........ -2.069* **


Écart-type (.053)

Colombie Britanique ........ ........ ........ ........ -.562** *


Écart-type (.034)

R_carré ajusté 0.886 0.821 0.921 0.137 0.634


Constante 9,28 8,835 9,36 9,359 7,13

Observations 1149 100 589 458 3695


les trois étoiles(***) signifie que le coefficient est signific atif à plus de 99.99 %.
les deux étoiles(**) signifie que le coefficient est significa tif à 95%
l'étoiles (*) signifie que le coefficient est significatif à 90%
38

1) Pour toutes les industries

Le coefficient du taux d'exportation n'est pas statistiquement significatif. Selon les données et
selon cette spécification, le taux d'exportation n 'a pas d'effet sur le nombre d 'emplois. Le
coefficient du taux d ' importation est significatif à plus de 99.99% et sa valeur est de -0,3 05. Cela
signifie qu 'une hausse de 100 % du taux d' importation diminuera de 30.5% le nombre
d'employés à taux d'exportation constant.

Le pourcentage de la diminution moyenne du nombre d' emplois par secteur et par année est fort,
mais attendu. Il est confonne aux prédictions de la littérature théorique et aux résultats des études
empiriques précédentes. Nous interprétons nos coefficients par le fait qu 'une hausse de la
concurrence des importations élimine les firmes les moins compétitives ou diminue leur part de
marché, les forçant ainsi à réduire leur quantité de travail demandée. De plus, les secteurs en
concurrence par les importations ont tendance à se contracter au profit des autres secteurs.

Toutefois, nous pouvons ajouter un élément à cette interprétation. L'effet négatif des importations
n'agit peut-être pas de manière univoque sur l' emploi. Nous pouvons considérer la possibilité que
ce résultat soit la somme de deux tendances opposées des impmiations sur l'emploi . En effet, si la
hausse de la concunence par les importations pénalise les secteurs domestiques produisant les
mêmes sortants, elle peut dans le même temps, agir en réduisant les ptix des entrants que d'autres
secteurs utilisent dans leur processus de production. Pour les finnes qui utilisent les produits
importés des autres secteurs, cette baisse du prix des entrants se reporterait en une hausse de
l'activité et de l'embauche finale . Ainsi, le signe et la valeur du coefficient du taux d'importation
peuvent refléter un bilan de ces deux effets.

2) Les trois types de commerces

Si l'on sépare les secteurs selon le type de commerce auquel ils appartietment, nous voyons que
les résultats sont assez proches de la première spécification, tant pour la valeur des coefficients
que pour leur significativité statistique.

De façon attendue également, les secteurs les plus touchés par une hausse du taux d' importation
sont ceux qui opèrent en commerce extrasectoriel traditionnellement associé à des produits plus
39

homogènes et moms différenciés. Toutefois ces légères différences de valeurs ne sont pas
statistiquement significatives. En testant la signification statistique des différences de valeurs des
23
coefficients , nous observons qu ' il n'est pas possible d'affirmer avec un niveau de confiance
élevé qu ' il y a une différence de valeur statistiquement significative des valeurs de ces trois
coefficients.

3) Spécification pour les variations par région

En assignant le Québec comme province de référence, lorsque 1' on utilise des données régionales,
nous apercevons quelques changements. Premièrement, les différences de valeurs des coefficients
régionaux indiquent que la localité de l'industrie a un fort effet sur l'emploi.

D'autre part, la valeur absolue du coefficient du taux d'importation augmente et le signe du


coefficient du taux d'exportation devient négatif. Pour les deux coefficients, les résultats sont
statistiquement significatifs à un niveau de confiance de plus de 99,99 %.

Le signe négatif du taux d'exportation peut s'expliquer non pas par l'effet direct des exportations,
mais par l'action d'une baisse du dénominateur de ce taux qui est le montant de la production. Si
la production baisse et que le niveau des exportations reste constant, le ratio affichera une
variation positive sans que la quantité des exportations ait effectivement augmenté. Ce qui nous
amène à cette interprétation, est le fait que si l'on remplace le taux d'exportation par une variable
qui mesure le montant brut des expmiations (et non pas en ratio à la production), le coefficient
ainsi obtenu est positif et significatif à un seuil de plus de 99,99 %.

Dans un deuxième temps, le phénomène de sous-traitance peut fournir une interprétation


alternative à la relation négative du taux d'expmtation avec l'emploi. Plus commune au
commerce intra-industriel, la sous-traitance agit comme une baisse de la valeur ajoutée produite
localement sans diminuer les montants enregistrés des expmtations ou des importations. Pour
illustrer cela, nous utiliserons un exemple. Considérons un bien exporté dont le processus de
production se réalise en trois étapes. La valeur de ce bien à l'exportation sera égale à son prix de
vente et non à la valeur ajoutée produite localement. Si une des étapes du processus de production

23
Voir a nn exe pour les résultats de ce test.
40

est sous-traitée dans un autre pays, la valeur emegistrée comme exportation sera la vente du bien
à la première étape et la vente du bien à la troisième étape. Nous voyons que la chaine de
production locale va donc se réduire tout en augmentant le niveau de la valem des exportations
emegistrées. La sous-traitance internationale ou une chaine de production internationale peuvent
donc réduire la production mesurée en valem ajoutée et, par conséquent, l'emploi, tout en
augmentant le montant des exp01tations emegistrées (donc le taux d'exportation).

En conclusion, nous observons que ces résultats sont globalement conformes avec les modèles
théoriques et la littérature empirique. Une hausse des imp01tations entraîne une diminution du
nombre d'emplois. D'autre part, nous constatons également que le commerce extra branche est
plus destructem d'emploi que le commerce intra branche. Enfin, l' analyse au niveau régional met
en relief d'une part une relation négative entre l'emploi et le taux d'exportation et d' autre part des
tendances plus importantes de la destruction d'emploi causées par le taux d' importation.

3.2 Effet sm les écatis de salaires

Selon la littératme empirique existante, le rôle que joue le commerce international quant aux
inégalités salariales est plus ambigu que pour le nombre d'emplois. Si certains autems estiment
qu'il a diminué les éca1ts de salaires, d'autres trouvent un effet inverse. Les régressions qui vont
suivre établissent que les importations réduisent les inégalités. De plus, si l'aspect intra ou extra
branche du conunerce ne révèle que peu de différences, la dimension régionale met en avant une
tendance des exportations à augmenter les inégalités salariales .
41

Tableau 2 : présentation des résultats des régressions sur les écarts de salaires avec un effet
fixe année et secteur scian.

ÉCART DE SALAIRE 20% 1) industries 2) Extra Intra Mixte 3) E.F. Régions

Log du Taux d'importation -.195*** -.425** -.114 -.344 -.109***


Écart-type (.066) (.180) (.083) (.224) (.018)

Log du Taux d'exportation .012 -.289 .108 .189 .053***


Écart-type (.050) (0.163) (.083) (.111) (.019)

Ontario ........ ........ ........ ........ .407***


Écart-type (.033)

Les Prairies ........ ........ ........ ........ .081 **


Écart-type (.036)

Les Maritimes ........ ........ ........ ........ -.144***


Écart-type (.045)

Colombie Britanique ........ ........ ........ ........ -.138* **


Écart-type (.052)

R_carré ajusté 0.441 0.505 0.465 0.505 0.3043


Constante 2,63 1,05 2,9 2,77 2,37

Observations 1250 99 656 495 3190


les trois étoiles (***) signifie que le coefficient est significatif à plus de 99.99%.
les deux étoiles(**) signifie que le coefficient est significatif à 95%
l'étoiles(*) signifie que le coefficient est significatif à 90%

La variable dépendante est le logarithme de l'écart entre la moyenne des salaires les 20% les plus
hauts et la moyenne des salaires les 20% les plus bas, par secteur d'industrie Scian.

1) Pour toutes les industries


42

Les coefficients des exportations et des importations sont négatifs, toutefois, avec cette
spécification, nous n'observons pas de relation significative entre le taux d'exportation et les
inégalités de salaires. Le taux d'importation est statistiquement significatif à un niveau de
confiance supérieur à 99 %, les élasticités ainsi estimées indiquent que si le taux d'importation
augmente de 100% l'écmi de la moyenne des salaires se trouvant parmi les 20% des deux
extrémités de la distribution salariale diminuera de 19,6 %.

En observant la dynamique de la moyenne des salaires se situant parmi les 20% les plus bas et de
24
la moyenne des salaires se situant parmi les 80% les plus élevés, nous remarquons une hausse
25
importante de leur écati dans le temps . Toutefois les secteurs les plus exposés aux importations
cmmaissent une croissance plus faible de cet écati. Le coefficient négatif du taux d 'imp01iation
ne s'interprète donc pas en prêtant aux importations un effet qui diminue de manière absolue les
écatis de la moyenne salariale entre les 20 % des plus bas salaires et les 80 % des plus hauts. Les
importations agissent plutôt en diminuant de façon relative les écarts entre les secteurs plus
exposés et les autres secteurs.

Les théories des firmes hétérogènes se prêtent à l'explication économique de ce résultat. Quand
les firmes les moins productives sont éliminées par la concmrence des importations, cette sortie
entraîne mécaniquement une hausse de la productivité moyenne du travail. Cette hausse se
reporte automatiquement sur le salaire moyen, ce qui explique que par l' intetmédiaire de la
suppression des emplois les moins rémunérés, la hausse du taux d'importation diminue la
26
croissance des inégalités de salaires .

24
Voir en annexe

25
Voir en annexe
26
Toutefois, deux conditions doivent s'ajouter pour que cette explication soit valide. La première est que la
distribution des salaires ne soit pas de type Pareto, c'est-à-dire que les plus bas salaires ne connaissent pas
une densité si forte que leur élimination augmenterait 1'écart type de la distribution salarial. La deuxième
condition est que la hausse du taux d'importation n'augmente pas les salaires du dernier décile plus
rapidement ou plus fortement qu'il ne sort du marché les firmes distribuant les salaires les plus bas. Car
dans ce cas, l'élévation des hauts salaires serait plus importante que la disparition des plus bas, et les
inégalités continueraient à croître.
43

Lorsque l'on prend comme écart salarial le premier et le demier décile plutôt que les deux
27
premiers et les deux demiers déciles, les coefficients nous donnent des valeurs très similaires .

Le taux d ' exportation n'est toujours pas statistiquement significatif et la valeur du coefficient du
taux d'importation est de -0.185 au lieu de -0.1 96, statistiquement significatif à un niveau
supériem à 99 %.

2) Les troi s types de commerces

Pour le cas des éca1is de salaires , seules les industries qui opèrent en commerce extra sectoriel ont
un coefficient significatif nous présentons donc pas les autres résultats. Le coefficient du taux
d'importation a un seuil de significativité de plus de 95 % et sa valem est de -0.425. Cette valem
est plus que deux fois supérieme à celle trouvée avec la première spécification, ce qui révèle à
nouveau la plus grande sensibilité des secteurs opérant en commerce extra branche aux échanges
intemationaux. Cela s' explique par le fait que les secteurs possédant un indice de Grubel-Lyod
qui indique un commerce plus extrasectoriel produisent des biens plus homogènes que les autres
industries. Sur de tels biens, l'élasticité de substitution entre imp01tations et production
domestique est plus fo1te ce qui rend ces industries plus sensibles à la concunence par les prix
que peut représenter 1' importation.

3) Spécification pom les variations par région

Lorsque nous utilisons des d01mées régionales, nous trouvons des différences avec les d01mées
canadiennes.

Les coefficients des variables régionales mettent en avant des différences importantes. Par rapport
au groupe de références, qui est le Québec, l'Ontario et les Prairies sont plus inégalitaires, tandis
que les Maritimes et la Colombie Britannique le sont moins pour les salaü:es en industrie. Sm
cette variable, nous notons donc un f01t effet régional.

27
Voir en annexe pour les rés ultats de cette variable dépendante.
44

Les deux coefficients sur les exp01iations et les importations sont statistiquement significatifs à
un niveau supérieur à 99 % . Si la valeur du coefficient du taux d'importation change pour
diminuer en valeur absolue de seulement 0.09 point, celle du taux d'exp01iation devient positive
et égale à 0,053. La valeur du coefficient du taux d'exportation peut s' expliquer par la théorie des
fi1n1es hétérogènes. Celle-ci prédit que les exportations amplifient les performances des firmes les
plus productives. Si les firmes exportatrices augmentent leurs paris d'exportations, les travailleurs
de ces firmes connaîtront une augmentation de leurs rémunérations, pendant que ceux des fi1n1es
non exp01iatrices stagneront ou obtiendrons une croissance plus faible de leur niveau salarial -
voire une diminution. Au niveau régional, l'écart des salaires va donc se creuser par les
rémunérations des emplois appartenant à des firmes exportatrices.

Nous remarquons que les régressions des variables agrégées d' emploi et d'écart de salaire ont en
commun de révéler un effet significatif au taux d'exportation uniquement pour les données
régionales. De plus, pour les deux régressions, cet effet est plus faible et de signe opposé à celui
du taux d'importation. Ce point nous conduit à souligner, d'une part la plus grande sensibilité des
industries face aux importations comparées aux expo1iations et, d'autre part, l'importance des
spécificités régionales dans l'industrie canadienne. En revanche, par rapport à l'emploi, la
séparation de l'échantillon selon l'aspect intra ou extra branche ne donne que peu de résultats.
Autre point, la hausse des inégalités causées par les exportations est un résultat conforme avec les
travaux de John Baldwin et Mohammed Rafiquzzaman (1998) ainsi que ceux de Zakhilwal
(2000). L'effet du taux d'importation peut s'inscrire dans la perspective des résultats de Trefler
(200 1). Toutefois, Breau et Rigby (2009) prédisent des impacts contraires aux résultats trouvés
par cette spécification puisque la relation que mettent en avant ces auteurs va dans le sens où une
hausse du taux d'impo1iation augmente les inégalités. Notons, néanmoins, que Breau et Rigby
(2009) travaillent en coupe transversale.
45

3 .3 Effet sur les salaires

La relation entre le commerce international et les salaires est le point qui comporte le plus
d'ince1titudes d'après notre revue de la littérature. Outre les contradictions dans les résultats
présentés par les différents auteurs, le fait même d'observer une relation significative entre ces
deux variables ne semble pas solidement établi.

Nos régressions indiquent que, sous ce1taines conditions, le taux d'exportation a un impact
négatif sur les salaires. De plus, si la première spécification et l'analyse intra ou extra branche
révèlent peu de tendances significatives, la dimension régionale et le niveau d'éducation
permettent de capter une tendance.
46

Tableau 3 : présentation des résultats des régressions sur les salaires avec un effet fixe
année, secteur scian et individu.

La variable dépendante est le logarithme du salaire horaire des individus ayant un emploi à temps
plein dmant l'année.

Salaire 1) induslties 2]<% Extra lntra Mixte 3) [post-secondaire sans diplô mc 4) E.F . Régions

Taux d'impo1tation
Éca1t-type
-.0 Il
(.007) 1,,
:~ -.070 *
(.037
-.007
(.011)
.0003
(.019)
-.007
.008
-.023 *
(.013)
.003
(.003)
'fi
Taux d'expo11ation -.005 r~?i .047 .001 -.017 .0007 -.023 * -.009 ***
Écart-type (.007) ;!J (.041) (.013) (.015) (.009) (.012) (.003)

âge 2.05 *** 'i0 1.21 1.88*** 2.19 *** 2.15 *** 1.56** 1.997***
Écart-type (.256) (.811) (.404) (.068) (.332) (.634) (.260)

'ë';j' .024
âge A2 -.075** -.050 -.073 -.080* -.039 -.068 *
Écart-type (.036) ' (. 115) (.057) (.068) (.047) .Ill (.038)

fi
Ontario ,~, ... ..... -.012
Écart-type (.348)

(tt .014
Les Prairies ~} .. .. .. ..
Écart-type (.045)

Les Maritime
Écart-type
,,
%
...... .. -.017
(.042)

Conlombie Britanique 1 ~=r ........ -.001


Écart-type (.497)

R carré 0.8478
*
\,~; 0.834 0.863 0.849 0.837 0.842
Constante 3,72 ,,":T 1,31 3,12 3,39 4,178 2,69 3,43

Observations 50942 -% 6620 244 70 19852 35155 15787 4443 8


les trois étoiles(***) signifient que le coefficie nt est significa tif à plus de 99.99 % .
les deux étoiles (** ) signifient que le coefficient est significatif à 95 %
l'étoile(*) signifie que le coefficient est significatif à 90 %

1) Pom toutes les industries

Lorsque nous estimons la première forme de l'équation des salaires, les coefficients des variables
d'intérêts ne sont pas significatifs. Cela signifie qu 'avec cette spécification et ces données, il
n'existe pas de lien entre les changements dans les taux d'ouvertme commerciale des secteurs et
--- -- - - - - -- - - - - - - - - - - ,

47

les changements dans les salaires des individus y travaillant. En remplaçant les variables
explicatives par les variables indiquant la provenance et la destination du commerce, nous
n'observons pas davantage d'effet sur les salaires. 11 semblerait donc que les effets fixes individus
captent la majeure pattie des écatis de salaires. De plus, les changements dans les taux
d'importation et d'exportation pour chaque individu dans une industrie et sur une période de six
ans n'exhibent peut-être pas suffisamment de variabilité pour identifier statistiquement leurs
effets.

2) Les trois types de commerces

En séparant les observations selon le type de commerce, nous n'observons que peu de liens entre
les taux d'ouverture et le salaire individuel. Seule la variable du taux d'importation agit
négativement sur les salaires des industries extra sectorielles. Le coefficient a une valeur de -
0.061 et une significativité statistique faiblement supérieure à 90 %. Nous pouvons voir dans ce
résultat une conséquence de la plus fmte exposition de ces secteurs à la hausse de la concurrence.
Après avoir eu pour effet de diminuer davantage l'emploi dans ces industries, le taux
d'importation semble également réduire les salaires de ces travailleurs, et ce, malgré les rigidités
salariales au Canada.

3) Les deux niveaux d'éducation

En séparant l'échantillon entre les individus possédant un diplôme postsecondaire et ceux qui
n'en possèdent pas, nous obtenons deux coefficients statistiquement significatifs pour le taux
d'exportation et le taux d'importation auprès des salariés les moins diplômés. Le taux
d'exportation et le taux d'importation ont un coefficient de -0.023.

Nous interprétons ces résultats de deux manières différentes. Premièrement, nous pouvons voir
un phénomène de déclassement social de ces travailleurs tel que décrit par John Baldwin et
Moha1mned Rafiquzzaman (1998). Si nous prenons l'hypothèse où la hausse de la part des
expmtations s' accompagne d'une accélération de l' introduction du progrès technique dans le
processus de production, la conj onction de ces deux facteurs accentue le besoin de main-d'œuvre
qualifiée et diminue celui de main-d'œuvre non qualifiée. Cela alloue davantage les postes mieux
rémunérés vers les travailleurs diplômées et diminue le nombre d' emplois au salaire relativement
- - - - - - - - - - -- ------ - - -- -- - - - -- - - - - - - - -- - -

48

élevé offert aux employés les moins diplômés. L' effet du déclassement des travailleurs peut donc
expliquer ce coefficient. Deuxièmement, comme pour le cas des inégalités salariales, la baisse des
salaires due à une hausse du taux d' exportation peut résulter, non pas d'une hausse effective des
exportations, mais d'une baisse de la production des sectems où sont employés les travailleurs les
moins diplômés. Pour le coefficient négatif du taux d'importation, nous pouvons voir l'effet de la
concurrence qui fait pression sur les rémunérations. Toutefois, la signification statistique de cet
effet est faible puisqu'elle atteint un niveau inférieur à 93%.

4) Spécification pour les variations par région

Avec les données régionales, le coefficient du taux d'exportation a une valeur de -O.Olet est
statistiquement significatif au-dessus de 99 %.

L 'effet régional n'est pas statistiquement différent de zéro, mais nous voyons que cette
spécification révèle à nouveau une relation négative entre le taux d'exportation et les salaires.

Pom conclure, nous pouvons constater en premier lieu que nos régressions sur les salaires
présentent moins de relations statistiquement significatives avec le commerce international que
celles sur le nombre d'emplois ou sur les inégalités salariales. De plus, seuls les taux
d'exportation agissent sur les salaires, ce qui ne s'inscrit pas dans les résultats de la plupa1i des
études que nous avons présentés. En effet, ces dernières relevaient un effet provoqué uniquement
par les importations. Toutefois, les régressions de notre analyse se distinguent sur un point
important par rapport aux articles que nous avons présentés; il s'agit de l'utilisation d'effets fixes
individu. Il se peut que la différence de résultats provienne du fait d'avoir ou non purgé
l'hétérogénéité individuelle inobservée par l'ajout d'effets fixes individus. Entre autres, les effets
fixes permettent de contrôler le fait que des gens de talents différents, mais non mesurés peuvent
se distribuer de manière inégale entre les industries, et qu'ils sont affectés de manière différente
par les changements dans l'environnement international.

En ce qui concerne le plus faible nombre de relations significatives trouvées dans les régressions
sm les salaires, nous pouvons possiblement expliquer ce fait par le phénomène de rigidité des
salaires canadiens . Par définition, ce phénomène réduit la variation qu'une variable peut causer
49

sur les rémunérations. Pariant de là, il est probable que l' effet réel du c01mnerce soit très faible
sur les salaires.

À cela, nous pouvons ajouter le fait qu'une forte hétérogénéité des microdonnées assemblée avec
des données agrégées peut justifier une faiblesse des évidences obtenues à partir de ces
spécifications. En effet, les différents facteurs qui déterminent les salaires des répondants de
1'EDTR peuvent être en trop grand nombre pour que des variables macroéconomiques en révèlent
une tendance claire.

Enfin, les travaux empiriques sur le sujet des salaires nous montrent majoritairement une absence
de lien ou une relation faible entre ces deux variables. Si Trefler (200 1) observe un impact
significatif des accords de l' ALENA sur les salaires, l'impact économique reste très modéré.
Trefler (1997) et Beaulieu (2000) n 'ont, quant à eux pas observé de relations entre nos variables .
Breau et Rigby (2009) ne trouvent pas de liens entre les importations en provenance de pays
économiquement similaires au Canada et les salaires en industrie. Sachant que ce type
d ' importation représente plus de 70% du total des marchandises entrant dans le teiTitoire
canadien, ce résultat est important. Seules les importations provenant de pays à faibles revenus
par habitant ont un impact significatif avec un niveau de confiance 95 %. Cependant, ce résultat
ne concerne que les travailleurs les moins diplômés. Aux États-Unis, un débat important
s' organise autour de la question de 1'existence de relations entre le c01mnerce international et les
salaires28 .

Ces considérations n'app01ient donc pas de clarification décisive sur l'impact du commerce
international sur les salaires; mais elles souli gnent à nouveau la difficulté d'en extraire une
tendance.

28
Lawrence ct Slaughter (1993) trouvent que si l'effet du commerce a peu contribué à la baisse des salaires
relatifs des travailleurs en production, les gains en terme de baisse des prix issu du commerce international
ont plus que compensé la perte en salaire relatif. Au fina l, ces salariés ont gagné sùite au commerce
international. Paul Krugman et Robe1t Lawrence ( 1993) estiment que 1' impact du commerce international
sur les salaires réels états-unien a été négatif, mais très faible. En revanche, Wood (1995) avance que la
principale cause à la détérioration des salaires des travailleurs les moins diplômés réside dans l'expansion
du conunerce international.
50

3.4 Effet sur la probabilité de perdre son emploi de façon involontaire

Afin d'examiner si une hausse du commerce international -et particulièrement des importations
- se traduit par une hausse des licenciements, nous allons présenter les résultats du modèle qui
mesure la probabilité de perdre son emploi de façon involontaire durant l'année. La variable
expliquée va être la perte ou non, de son emploi de manière involontaire29 dans 1'année, et nous
avons mesuré la probabilité pour un individu de perdre son emploi involontairement par le
modèle probit. L'apport de cette régression est qu 'elle prolonge la signification économique de la
diminution du nombre d 'employés. Elle indique clairement les conséquences pour le travailleur
d'une réduction de l'effectif employé en industrie. Pour cette variable, l'analyse intra branche et
extra branche nous permet d ' observer une relation significative entre le commerce international et
la probabilité de perdre son emploi. L'aspect régional est également révélateur des effets du
commerce.

29
L'EDTR présente une variable «reaend9» qui donne la raison de la perte d'emploi. Il y a 24 raisons
différentes et l'enquête fait le classement de ces raisons selonïe fait que le départ de l'emploi est ou non
volontaire. Voir annexe pour le détail de cette liste.
51

Tableau 4 : présentation des résultats des régressions sur la probabilité de perdre son
emploi de façon involontaire avec un effet fixe année et secteur scian.

Probabilités de perdre son 1) industries 2) Extl·a Intra Mixte S) E.F. Ré~ion s


emp loi de façon invonlontail-e

Log du Taux d'importation -.115 * .:;i .528 * * .106 -.030 .047 **


Écart-type (.067) (.251) ( .116) (.226) (.022)
/tilt
Log du Taux d'exportation - .061 !ill' .036 -.553 ** * .187 .017
Écart-type (.077) (.314) (.1335) ( .181) (.025)

firme 1 .118 ** * .35381 ** .116* .0887 .105* *


entt·e 0 et 19 employés (.046)
li ( .144) (.065) (.076) (.050)

fïrme 2 .050 -.125 .046 .119* .042


entt·e 20 et 99 employés ( .042) (.135) (.061) (.069) (.046)

firmeS -.232 * * * -.356 *** -.279 *** -.144 * - .210 ***


plus de 1000 employés (.041) (.112) (.060) (.069) (.045)
1<+
firme 4 -.054 -.384 ** -.116 .170 ** -.065
entre 500 et 999 employés ( .058) (.177) (.084) (.091) (.062)

âge -8.704 ** * -11.71 * * "" -8.669 *** -8.93 *** -8.86 ***
É cart-type (1.00) llr (2 .846) (1.45) (1.678) (1.08)

âge au carré
Écart-type

dîp lomé
1.134* **
( .140)

-.195 ***
i 1.556*** 1.130***
(.398 ) (.203)

-.3540 **"" .048


1.167***
(.234)

-.334 ***
.... ,. 1.159 ***
( .152 )

.203 ***
post- seco n daire (.037) ( .107) (.056) (.059) ( .040)

14*10
homme
Écart-type
-.169 ***
(.034) , -.454 ***
(.127)
-.118 **
( .048)
-.203 ***
(.055)
-.190 ***
(.037)

l' individu était dans la même -2.253 * * * -2 .26 * * * -2.261 *** -2.31 *** -2.26 ***
situation proféss ionne lle (.029) (.088) (.043) (.050) (.032)
@ ê
l' année précédente

Ontario .... .... .. ...... ........ ........ -.238* **


Écart-type ( .049)

Les Pra i ries ........ ù ........ ........ ........ - .197***


Écart-type \] ( .059)

L e s Maritimes ....... .. ........ .. ...... .... .... -.008


Écat1:-type (.056)

Colombie Britanique ......... ... ..... ......... ...... . .. - .150 **


É c at1:- t y pe ( ;076)
Co n stant e 16.45 21.84 15.57 16.54 17. 1
+
Observatio n s 41 601 5334 20 227 3 6 258
les trois étoiles(* * * ) s ignifie que le coefficient est s ig nifica tif à plus d e 99 .99°/o.
les deux étoiles(** ) signifie que le coefficient e s t s ig nific atif à 95°/o
l ' étoiles (*) sig nifie que le coefficie n t est s ig nific atif à 9 0°/ o
52

Tableau 5 : Effet marginal à la moyenne des coefficients du taux d'importation et


d'exportation pour le probit.

Probabilité de perdre son 1) industries lntra Mixte 3) E.F. Régions


emploi de fàçon invonlontaire

Log du Taux d'imp01tation -.003 .003 -.002 .00 1**


Écatt-type (.002) (.003) (.006) (.00 1)

Log du Taux d'exportation -.001 -.0 17*** .006 .001


Écatt-type (.002) (.004) (005) (.001)
les trois étoiles (***) signifie que le coefficient est significatif à plus de 99.99%.
les deux étoiles(**) signifie que le coefficient est significatif à 95%
l'étoiles (*) signifie que le coefficient est significatif à 90%
Les résultats sont tous accompagnés d'Wle constante.

1) Pour toutes les industries

Sous cette forme la hausse des importations diminue la probabilité de perdre son emploi de façon
involontaire. Nous notons que si la relation est seulement faiblement significative, elle est
toutefois surprenante lorsque nous comparons ce résultat avec ceux qui ont été trouvés sur le
nombre d'emplois. Elle signifierait qu'une perte du nombre de travailleurs s'est accompagnée
d'une diminution des chances d'être licencié durant l'année.

2) Les trois types de commerces

Les résultats qui sont obtenus en séparant les industries en sectems intrabranches ou
extrasectoriels nous donnent des coefficients différents de la première spécification. Dans les
secteurs intrabranches, le coefficient du taux d 'exportation devient significatif à plus de 99 % et
négatif. À la moyenne du taux d 'exportation30 des secteurs intrabranches, une hausse d'une unité,

30
Voir a1mexe pour l'interprétation à la moyenne du coefficient.
- - - - - - - ---· ------- - - · - -- -- - --- - - - - - - - - - - - - ,

53

c'est-à-dire de 100% du taux d'exportation, va diminuer de 1,6% la probabilité de perdre son


emploi de façon involontaire.

Ce coefficient peut s'expliquer par le fait que la hausse du taux d' exportation d'un secteur reflète
une hausse de l'activité donc un besoin plus important en travail et une stabilité accrue de
l'emploi.

Pour les secteurs les plus extrasectoriels, la hausse du taux d'importation est liée positivement à la
probabilité de perdre son emploi.

Le coefficient positif indique un lien entre la hausse des importations et une chance plus élevée de
perdre son emploi de façon involontaire. À la moyenne du taux d'importation des industries
extrasectorielles, une hausse de 100% du taux d'importation accroît de 1,4% la probabilité de
perdre son emploi de façon involontaire. Ce résultat est cohérent avec les résultats précédents.
Les industries extrabranches sont ici également plus exposées que le reste des industries.

3) Spécification pour les variations par région

Lorsque 1' on passe des données canadiennes aux dmmées régionales, nous voyons également une
relation positive et statistiquement significative entre le taux d'importation et la probabilité de
perdre son emploi de manière involontaire. À la moyenne du taux d'importation, une hausse de
100% des importations augmente de 0,14 % la probabilité d'être licencié de façon involontaire.
Si la relation est statistiquement significative, son impact économique est faible. Toutefois, en
ajoutant les effets fixes région, nous relevons une relation négative entre les importations et la
stabilité de l'emploi.
54

CONCLUSION

Notre analyse empmque montre que le commerce international a effectivement des effets
importants sur les différents aspects du marché du travail canadien en industrie.

Les principales tendances qui ressortent des résultats des régressions présentées nous amènent à
une remarque générale sur la relation entre le marché du travail des industries au Canada ct le
commerce international. L'ajustement du marché du travail face au commerce international se
fait par la quantité de travail et non pas par les prix.

Au-delà de cette remarque, nous avons vu que le nombre d'emplois diminuait sous l'effet d' w1e
hausse des impmiations et que cette baisse de l'emploi est plus importante lorsque nous
contrôlons les effets province. Nous avons également vu que sans l'ajout des effets provinces, le
taux d'exportation n'a pas d'impact sm l' emploi . Enfin, les secteurs extraindustriels sont
légèrement plus sensibles aux importations que les autres secteurs. Les écarts de salaire diminuent
également sous l'effet de la hausse des importations. Entre les différents secteurs, cette tendance
n'est statistiquement significative que pour les secteurs extraindustriels. L'effet province est
également perceptible pour cette variable. Lorsque l'on contrôle cet effet, l' effet du taux
d'importation augmente et celui du taux d'exportation devient significatif et agit en augmentant
1' écart des salaires.

Les spécifications que nous avons utilisées pour mesurer l'impact du commerce international sur
les salaires ne font ressortir que peu de relations statistiquement significatives entre cette variable
et nos deux variables d'intérêt. Seul le taux d' exportation, pour la spécification qui contrôle
l' effet province et pour l'échantillon de personnes ne possédant pas de diplôme postsecondaire,
nous montre un effet négatif entre cette variable d' intérêt et le salaire des individus. Pour les
55

autres spécifications, nos variables d'intérêt ne captent aucune tendance statistiquement


significative. Enfin, notre mesure de la précarité met également en relief cetiains résultats. Pour
les travailleurs en industrie extrasectorielle, la probabilité de perdre son emploi augmente
fotiement avec la hausse du taux d'importation. En revanche, la probabilité de perdre son emploi
diminue avec la hausse du taux d'exportation pour les travailleurs en industrie intrasectoriel.
Enfin, lorsque les effets province sont contrôlés, la hausse du taux d'importation agit également
en augmentant la chance de perdre son emploi pour l'ensemble de l'échantillon, toutefois, cette
probabilité est bien plus faible que celle observée pour les travailleurs en industrie
extrasectorielle.

Ces résultats peuvent amener quelques commentaires. D'une part, le marché du travail en
industrie est nettement plus sensible aux variations du taux d'importation qu'à celles du taux
d'exportation. Le taux d'importation est associé à un nombre de relations statistiquement
significatives plus élevé. De plus, même lorsque le taux d'expotiation a un effet sur une variable
du marché du travail, l'ampleur de l'impact du taux d'importation est plus impottante. D'autre
part, la spécification la plus à même de faire ressortir un effet significatif du taux d'exportation
sur le marché du travail est celle qui prend en compte les effets provinces. Cette spécification
révèle en même temps un changement sur l'effet du taux d'impmiation. Si pour le taux
d'importation ce changement agit sur la valeur du coefficient estimé, il n'agit pas sur le signe de
ce coefficient. Enfin, l'analyse de l' impact du commerce international selon les différences
sectorielles met également en relief des différences entre les secteurs intrabranches, extra branches
et les secteurs mixtes. Si cette division des secteurs révèle une légère différence au niveau du
nombre d'emplois, elle amène des changements nettement plus sensibles à l'impact du commerce
international sur les écarts de salaires ainsi que sur la probabilité de perdre son emploi. Distinguer
les industries selon le type de commerce auxquelles elles font face est donc une démarche
importante pom l'analyse de l'impact du commerce international sur les variables du marché du
travail.

Pour conclure, nous pouvons nous poser deux questions distinctes qui s'inscrivent dans la
continuité des résultats de cette étude. La première question concerne les travailleurs des
industries qui ont perdu leur emploi et la deuxième question concerne la perception par l'opinion
publique du commerce international.
56

Notre étude, ainsi que la littérature économique en général, observe une diminution de l'emploi
en industrie lorsque le commerce international augmente. Nous pouvons premièrement nous
demander si les travailleurs en industrie ont une chance égale aux travailleurs qui ne sont pas dans
l'industrie de retrouver un emploi. Plus précisément, les chômeurs issus de l'industrie ont-ils une
probabilité différente des chômeurs travaillant dans les services, de retrouver un emploi dans les
douze mois suivant leur licenciement? De plus, ces chômeurs issus de l'industrie, peuvent-ils
espérer autant que les autres travailleurs d'obtenir une rémunération équivalente à celle de leur
dernier emploi ? Parmi les chômeurs issus de l'industrie, y a-t-il une différence de trajectoire
selon l'affectation de l'emploi en production ou hors production? Enfin, est-ce que la durée
moyenne pour retrouver un emploi varie-t-elle entre les chômeurs issus de l'industrie et le reste
de la population active ?

Notre deuxième question rejoint un point que nous avons abordé lors de notre introduction, à
savoir l'important pourcentage d'opinion défavorable à l'organisation actuelle du cmmnerce
international dans les pays de l'OCDE. Il serait enrichissant de prolonger notre étude empirique
du commerce international par une enquête sur les opinions face au commerce. Nous pounions
d'une part, comparer les divergences et les convergences entre les perceptions subj ectives de
l'opinion et une analyse quantitative du commerce intemational et d'autre part, analyser la
relation entre les variations des exportations et des importations avec le pourcentage d' opinion
défavorable au commerce.

Ces deux questions que nous posons permettent d'élargir le champ de notre étude, d'une part, au
reste de l'économie et, d' autre pari, à des aspects plus sociaux et politiques. Les politiques
corrunerciales qui ont contribué à améliorer les conditions du commerce entraînent des coûts, qui
sont une perte de l'emploi, ainsi qu'une désapprobation par une partie importante de l'opinion.
Dans le contexte où le Canada négocie un accord commercial avec l'Union Européenne, il serait
pertinent d'estimer le plus grand nombre possible de conséquences du commerce pour les
travailleurs qui y sont exposés. De plus, si le rejet des politiques commerciales peut provenir en
partie des conséquences économiques du commerce, ce rejet peut également être issu de
sentiments qui sont indépendants des faits économiques. Dans une étude consacrée aux opinions
protectionnistes, Mayda et Rodrik (2005) ont observé une fmie corrélation entre le patriotisme et
le protectionnisme. Dans un autre registre, Scheve et Slaughter (200 1) ont montré que les
57

opmwns envers les politiques commerciales sont déterminées par l'emploi, l'exposition au
cmmnerce du secteur ainsi que cetiaines caractéristiques individuelles tel que l'éducation. Mais à
cela, les auteurs ont trouvé une autre variable qui influence les opinions sur le commerce; il s' agit
du fait de posséder un patrimoine immobilier d'une certaine valeur, ainsi que sa localisation ou
non dans une région industrielle. Clairement, l'impact du commerce intemational varie entre
régions, et cette dimension n'a pas été suffisamment analysée jusqu'à présent.

Le présent travail fut exclusivement consacré au cmmnerce intemational et au marché du travail.


C'est un sujet qui ne révèle qu 'un aspect partiel de l'ensemble des effets sur l'économie du
commerce intemational et notamment des aspects susceptibles d'induire des coûts. Il serait donc
opportun de s'interroger sur les autres effets du commerce intemational, et notatmnent sur ceux
qui peuvent présenter les avantages de cette activité économique, tel que l'impact sur la
productivité et l'ümovation, ou sur les prix et la diversité des biens.
---- -------- - - - - - - - - - - - - - -- -- - - - - - -- - - - - - - - - - - - - -

58

ANNEXES

Test de robustesse par un proxi du progrès technique.

Pour mesurer l'effet du commerce international et de la technologie sur les inégalités de


salaire Baldwin, J.R. et M. Rafiquzzaman (1998) (p 26), commence par utiliser un ratio
de capital main d'œuvre. Cette variable est obtenue en soustrayant à la valeur ajoutée du
secteur la somme de la masse salariale des travailleurs divisée par le nombre total de
travailleurs. Cette variable approxime la valeur monétaire de capital par unité de
travailleur. Bien que très approximative dans l'évaluation du progrès technique, lorsqu'il
est utilisé en variable de contrôle, ce proxy peut révéler certaines tendances qui serait
indirectement représenté par les variations de la valeur du capital.
- - -- - --

59

Tableau 6

EMPLOI 1) industries Extra Intra Mixte

Log du Taux d'importatio -.307*** -.473*** -.271 *** -.36 1***


Écart-type (.041) (.122) (.0590) (.111)

Taux d'exportation .001 .238 -.040 0.8934


Écart-type (.029) (.175) (.067) (.106)

Capital par employé -.027 -.386** -.005 -.072


Écart-type (.022) (.186) (.023) (.048)

R_carré ajusté 0.096 0.826 0.922 0.893

0 bservations 1145 100 589 458


les trois étoiles(***) signifie que le coefficient est significatif à plus de 99.99%.
les deux étoiles(**) signifie que le coefficient est significatif à 95%
l'étoiles (*) signifie que le coefficient est significatif à 90%
Les résultats sont tous accompagnés d'une constante.
60

Tableau 7

ÉCARTDESALAŒE20% indus nies Extra

Log du Taux d'importation -.19** * -.441 **


Écart-type (.066) (.173)

Log du Taux d'exportation .008 - 159


Écart-type (.050) (.179)

Capital par employé .057* -.372**


Écart-type (.034) (.187)

R_carré ajusté 0.442 0.524


Observations 1250 99
les trois étoiles(* **) signifie que le coefficient est significatif à plus de 99.99%.
les deux étoiles(**) signifie que le coefficient est significatif à 95 %
Yétoiles (*) signifie que le coefficient est significatif à 90%
Les résultats sont tous accompagnés d'une constante.
61

Tableau 8 : Résultats des régressions de l' écart entre la moyenne des salaires les
10% les plus hauts et la moyenne des salaires les 10% les plus bas.

ÉCART DE SALAIRE 10% industries Extra lntra Mixte

Log du Taux d'importation -.183*** -.416*** -.108 -.303


Écart-type (.067) (.187) (.082) (.231)

Log du Taux d'exportation -.004 -.397* .094 .154


Écart-type (.049) (.210) (.088) (.115)

R_carré ajusté 0.458 0.573 0.465 0.515

Observations 1250 99 656 495


les trois étoiles(***) signifie que le coefficient est significatif à plus de 99.99%.
les deux étoiles(**) signifie que le coefficient est significatif à 95%
l'étoiles (*) signifie que le coefficient est significatif à 90%
Les résultats sont tous accompagnés d'une constante.
62

Tableau 9 :Régression avec les données brutes pour l'emploi.

EMPLOI 1) industries

Importations brut -.088**


Écart-type (.046)

Exportations brut .137 ***


Écart-type (.035)

R_carré ajusté 0.902

0 bservations 1157
les trois étoiles (* **) signifie que le coefficient est significatif à plus de 99.99%.
les deux étoiles (* *) signifie que le coefficient est significatif à 95%
l'étoiles (*) signifie que le coefficient est significatif à 90%
Les résultats sont tous accompagnés d'une constante.
63

Tableau 10 : Régression des salaires avec l'âge et l'âge au carré en niveau.

Salaire 1) industries

Taux d'importation -0 , 008


Écart-type 0 , 007

Taux d'exportation -0,007


Écart-type 0 , 064

âge 0 , 085
Écart-type 0 , 002

âge/\2 -0 , 001
Écart-type 0 , 000
les trois étoiles (***)signifient que le coefficient est significatif à plus de 99.99%.
les deux étoiles(**) signifient que le coefficient est significatif à 95%
féto ile (*) signifie que le coefficient est significatif à 90%
Les résultats sont tous accompagnés d'une constante.
64

Détail de la variable qui explicite la raison de du départ de l'emploi

reaend9 --Raison pour laquelle l'emploi a pris fin

• Type et longeur: Character(2)


• Description: Raison pour laquelle l'emploi a pris fin. Les codes 01 à 15, 23 à 24
et 90 sont considérés comme étant des fins d'emploi "volontaires" tandis que les
codes 16 à 22 sont considérés comme étant des fins d'emploi "involontaires" .
• Population: Personnes âgées de 16 à 69 ans ET pour lesquelles l'emploi s'est
terminé
• Domaines et codes:
0 01 : Maladie ou incapacité - reliée au travail
0 02 : Maladie ou incapacité - non reliée au travail
0 03 : S'occuper de ses enfants
0 04 : S'occuper des personnes âgées de sa famille
0 05 : Autres obligations personnelles ou familiales
0 06: Études
0 07 : Nouvel emploi
0 08 : Déménagement
0 09 : Rémunération insuffisante
0 10 : Pas assez d'heures de travail
0 11 : Trop d'heures de travail
0 12 : Mauvaises conditions de travail (mauvaise ventilation, bruyant)
0 13 : Harcèlement sexuel
0

o 96 : Code de traitement provisoire


o 97 :Ne sait pas
o 98 :Refus
o 99 : Non Applicable
65

Sondage

Selon un sondage publié par CBS News, effectué sur un échantillon de 1281 pers01mes,
51 % affirme que les États-Unis ont davantage perdu avec la globalisation qu ' ils n'ont
gagné.

Selon« the International Social Survey Programme » 1995, 55 % des 28 000 répondants
répartis dans 23 pays émettent des opinions négatives envers le commerce international.

Annexe sur les bases de données .

CICM

Les statistiques sur le commerce de marchandises et la production sont issues de sources


distinctes: l'une provenant d'une base douanière et l'autre d'une base sur la balance des
paiements. Les renseignements sur les importations et les exportations servent à formuler
les politiques commerciales et budgétaires.

Les données sur les exportations vers tous les pays sont recueillies en dollars canadiens.

Dans le cas des pays autres que les États-Unis, les exportations sont évaluées à partir du
prix de vente réel adopté par les sociétés à des fins comptables. Les exportations sont
définies de la façon suivante : « marchandises produites ou f abriquées au Canada, qui
sont retranchées du stock de ressources matérielles du Canada à la suite de leur envoi
31
hors du pays .»

31
Dans la rubrique concepts de la base de données du Commerce international canadien de marchandises;
http://cansim2.statcan.gc.ca/cgi-win/cnsmcgi.exe?Lang=Fra&CNSM-Fi=CII/CIMT7-fra.htm
66

Les données sur les importations en provenance de tous les pays sont recueillies en
dollars canadiens.

Le prix des importations canadiennes est le prix du lieu d'expédition directe au Canada.
Les coûts de transports et l'assurance nécessaires ne sont pas compris. Les importations
sont définies ainsi : «produits qui sont entrés au Canada après y avoir franchi la
frontière (douan es) pour y être consommés immédiatement (après le paiement des droits
et taxes applicables) ou pour y être mis dans un entrepôt de stockage sous douane.»

Le nom province indique la province canadienne où les produits sont arrivés au Canada et
où ils ont été visés par les douanes, soit pour une consommation immédiate, soit pour une
entrée dans un entrepôt de stockage sous douane. Il ne s'agit pas du lieu de
consommation final, sur lequel nous n'avons pas d'information.

EAMEF

Les données recueillies par l'Enquête annuelle sur les Manufactures et l'Exploitation
forestière incluent les principales statistiques industrielles mesurant la production des
secteurs de la fabrication au Canada. L'échantillonnage se fait à partir du Registre des
entreprises de Statistique Canada. L'unité statistique est l'établissement. La population
observée inclut tous les établissements manufacturiers et de l'exploitation forestière
supérieurs à certains seuils qui varient selon la province, l'industrie et l'année de
référence. La population compte environ 99 000 établissements manufacturiers et 17 400
établissements forestiers.

Il s'agit d'une enquête à participation obligatoire. Les données sont obtenues directement
auprès des répondants et sont tirées de fichiers administratifs. Tous les établissements qui
possèdent une certaine taille financière ont reçu un questi01maire. La taille financière
requise pour être incluse dans l'enquête varie selon l'année et la province.

Pour les années de référence 2004 à 2006 la classification de l'industrie est basée sur le
Système de classification des industries de l'Amérique du Nord (SCIAN) 2002. À
compter de 2007, la classification de l'industrie de fabrication est basée sur le Système de
classification des industries de l'Amérique du Nord (SCIAN) 2007. Au niveau de 4
chiffres, les différences entre SCIAN2002 et SCIAN2007 sont minimes.

À la suite de plusieurs réorganisations des concepts et de la méthode de l'enquête, les


résultats des variables comportent certaines discontinuités, ce qui fait qu'ils ne seront pas
immédiatement comparables d'une année sur l'autre. En effet, d'importantes
67

modifications ont été apportées sur l'enquête pour les années 2000, 2002 et 2004. Il y a
été, entres autre pour l'année 2000, commencé l'utilisation d'un nouveau registre et
l'élargissement de l'assiette des unités incluses dans l'échantillon, puis en 2004, le
remplacement de l'enquête initiale par une nouvelle enquête. Certaines conséquences de
ces modifications sont que pour l'armée 2000, un nombre supplémentaire d 'entreprises
est venu s'intégrer à l'enquête, que ce soit par l'utilisation d 'un nouveau registre (qui
représente environ 5 % de la valeur totale des livraisons manufacturières de cette armée)
où par l' inclusion de firmes dont le chiffre d'affaires fut inférieur à 30 000 $ (2% de la
valeur totale des livraisons manufacturières). De plus, les données sur les sièges sociaux
ne sont plus comptabilisées, ce qui fait également varier les variables comme le nombre
total d'employés ou le nombre d'établissements. Les sièges sociaux représentaient 3 % du
nombre total d'employés et 7% de la valeur des livraisons.

EDTR

Lors de sa mise en place, son objectif fut d'être la principale source de données de panel
sur le travail, le revenu et la relation de ces deux thèmes avec la composition de la
famille. Toutefois, cet objectif a été revu à la hausse afin de permettre à cette enquête de
fournir également les principales données transversales sur le sujet des revenus des
ménages. Dans cette perspective, elle remplace en 1998 l'Enquête sur les Finances des
Consommateurs pour s'élargir sur les aspects liés aux dépenses et aux revenus des
familles.

Les données en panel de cette enquête permettent l'analyse des dynamiques de transition
ou d'évolution dans le cycle de vie d'un individu. Par exemple, nous pouvons observer
sur six années consécutives la succession des périodes d'emploi et de chômage pour un
même individu. Pour notre sujet, cela nous permet de voir l'impact des variations
annuelles du taux d'exportation ou du taux d'importation sur certaines variables comme
1'emploi ou le salaire au niveau individuel.

Les variables disponibles sur la situation de l'emploi et du revenu permettent une


exploration approfondie de ces deux thèmes. Le salaire d'un répondant est présent sous
fonne horaire, bihebdomadaire ou annuelle. Les variables sur les revenus comprennent
les compensations issues de l'enh·eprise, les transferts gouvernementaux et les revenus du
capital. La situation d'un individu face au marché du travail est la mieux décrite dans le
fichier sur l'emploi des personnes. Ce fichier possède une ligne d'information pour
chaque période d'emploi, de chômage ou d ' inactivité. Cette codification permet de
présenter toutes les différentes étapes de l'activité de l'individu par rapport au travail. Par
68

rapport à ces deux thèmes, l'enquête dispose d'un grand nombre de données personnelles,
sociologiques et démographiques, comme le diplôme, le sexe, la famille ou le bien-être
perçu. Ces variables seront utiles afin de contrôler les caractéristiques individuelles
corrélées aux variables dépendantes que nous générerons.

Structure de 1' enquête.

Population dans l'enquête

Les dix provinces sont comprises dans l'enquête, mais le Yukon, les Territoires du Nord-
Ouest ou le Nunavut ne sont pas inclus. De plus, les réserves indiennes, les résidents
d 'institutions et de casernes militaires ne sont pas non plus couverts. Ces exclusions
représentent environ trois pour cent de la population canadienne.

Les observations sont regroupées en plusieurs types d 'unités : les personnes, les ménages,
les familles économiques et les familles de recensements . Ces unités sont rattachées entre
elles par des identifiants qui permettent de relier les informations entre ces différents
niveaux d 'observation. Par exemple, un individu peut être appareillé à son ménage, sa
famille économique ou à sa famille de recensement. À chaque unité correspond un fichier
distinct qui est le sous échantillon de l'échantillon brut de l'enquête.

Le thème principal du fichier sur les pers01mes concerne l'emploi. Nous effectuerons
notre analyse à partir de ce fichier.

Les familles de recensement et les familles économiques ont également leurs propres
enregistrements. Enfin, le fichier qui permet de faire le lien entre toutes les unités se
nomme « le fichier clef ». Il contient un enregistrement par personne, donc tous les
répondants de 1' échantillon.

La dimension longitudinale de cette enquête se compose d'une succession de panels qui


s'étendent sur six années et qui entrent chacun dans la base tous les trois ans. Hormis les
trois premières années (1993 -1996), il y a donc deux panels qui se chevauchent pour
chaque période; l'un se trouvant à être à la première moitié de sa durée, quand l'autre est
à sa dernière moitié. Une observation correspond à une année. Pour des raisons
d'indisponibilité, certains individus n'apparaissent pas successivement durant les six
années des panels. Ils sont ainsi remplacés par de nouveaux individus, ce qui rend les
panels imparfaitement cylindrés.
69

Le dictionnaire de l'EDTR regroupe les variables selon la classification suivante :

Caractéristiques personnelles
Caractéristiques démographiques
Caractéristiques de la famille et du ménage
Géographie
Contrôle de l'échantillon
Identificateurs
Scolarité
Niveau de scolarité
Situation financière
Travail
Caractéristiques de l'activité sur le marché du travail
Caractéristiques de l'emploi

Extraction des fichiers slidret3 et 4.

Cette enquête n 'est pas disponible sous un format qui permet à un logiciel de traitement
statistique standard de la manipuler directement. Pour l'ouvrir, un logiciel d'extraction
est nécessaire afin de convertir les fichiers originaux en fichiers utilisables. Ce logiciel
d'extraction se nomme SLIDret. Il propose de formuler des requêtes où l'utilisateur de
l' EDTR choisit différentes options pour recevoir sa base de données. Ces options sont : la
dimension temporelle (longitudinal, transversale) , l' unité d' observation, l'année ou le
panel et les variables. Étant donné la taille de cette enquête, environ mille deux cent
cinquante variables, SLIDret offre l'avantage de fournir une base de données adaptée et
réduite aux besoins de l'utilisateur. Toutefois, les versions trois et quatre de SLIDret
connaissent quelques dysfonctionnements qui, d'une part, perturbent l'extraction des
données et, d'autre part, ajoutent de l' incertitude sur la valeur des observations obtenues.

SLIDret3 interrompait la requête si certaines des variables étaient choisies, notamment


pour les variables de revenus. De plus, lors de l'extraction des fichiers, un nombre
important d'observations pouvait ne pas être retenu par le logiciel. Cela aboutissait à
obtenir une base réduite à plus de quatre-vingts pour cent de ces observations.

Comparé au logiciel précédant, SLIDret4 présente des améliorations importantes. Il


accélère la vitesse des requêtes, offre une interface qui facilite l'utilisation de ses
70

fonctions et ne possède plus les irrégularités de la version antérieure. Néanmoins, jusqu'à


une date récente les variables de l'année 2008 n'étaient pas disponibles sans risque de
comporter des observations aux informations erronées. De plus, un courriel de l'analyste
de Statistique Canada en charge de la gestion des comptes des utilisateurs des données
nous a informés que les variables contenant le chiffre 7, 8 ou 9 risquaient d'être
également erronées, et ce, pour toutes les années. Le problème étant en cours
d' identification par l'équipe de Statistique Canada, il n' y a à ce jour pas d'informations
supplémentaires sur un~ possible façon de le résoudre.

Pour ces raisons, en par~llèle aux fichiers extraits avec SLIDret4, nous avons assemblé
une autre base de données grâce au travail de Monsieur Laplante 32 . Cette base provient
d'un ensemble de fichiers « .dta » qui ont été convertis et recodés du logiciel Stata par
Monsieur Laplante, à partir des fichiers originaux de l'EDTR. Cette autre base de
données ne sera utilisée qu'à des fins de comparaisons.

32
http://labep.ucs.inrs.ca/laplanteb/Laplante 20 l l .pdf
- - - - - -- - - - - - - - - - - - - -

71

Statistiques descriptives des principales variables :

Tableau 11 : Moyenne du salaire horaire en dollar des travailleurs d'industrie pour


les années de 1993 à 2007.

Année Moyenne du salaire horaire


1993 12,92
1994 12,92
1995 13,19
1996 13,32
1997 13,65
1998 13 ,94
1999 14,44
2000 15,40
2001 15,74
2002 16,49
2003 . 16,85
2004 17,43
2005 17,63
2006 18,41
2007 19,17
-------- ~-

72

Tableau 12 : Moyenne d'âge des travailleurs d'industrie pour les trois années de
références 1993, 2000 et 2007.

Année Moyenne d'âge


1993 34,0
1999 35,7
2007 39,8

Tableau 13 :Le pourcentage d'hommes et de femmes travaillant en industrie

Pourcentage de
Année Pourcentage d'hommes femmes
1993 69,1 30,9
1994 69,5 30,5
1995 68,7 31,3
1996 68,6 31 ,4
1997 68,4 31,6
1998 68,6 31,4
1999 68,2 31,8
2000 67,9 32,1
2001 68,0 32,0
2002 69,0 31 ,0
2003 68,8 31 ,2
2004 68,6 31 ,4
2005 69,6 30,4
2006 70,0 30,1
2007 69,6 30,4
~
1

'

73

Graphique 3

Nombre d•emploi dans le secteurs de la


fabrication
Nombre d'emploi
en unité.
2400000
2300000
2200000
2100000
2000000
1900000 Fabrication
1800000
1700000
1600000
1500000 Jlllllllllllllllllllllll
74

Graphique 433

Exportation totale, importation totale et produit intérieur


brut canadien
3000000

2500000

2000000
-+- exportations/150.000
1500000 -m- importations/150.000
- • "PIB/1 .000.000
1000000

500000

En abscisse : Valeur en unité monétaire


En ordonnée : Année

33
Données issues de la base de données sur le Commerce international canad ien de marchandises et de
Statistique Canada . Tableau 379-0016.
75

De 1998 à 2008, selon l'Enquête annuelle sur les manufactures et l'exploitation forestière
(EAMEF), la valeur ajoutée de la production manufacturière a c1û de 13,1 %, les ventes de
35,1 %, et le nombre d'établissements de 61,9%. Le nombre d'employés a lui, diminué de 8,4%.
Si nous déduisons la productivité du travail simplement en divisant la valeur ajoutée par le
nombre d'employés, elle serait en hausse de 19,8%. La croissance des exportations entre ces
deux périodes est de 15,1% et celle des importations est de 24,9%.

Graphique 5, 6 et 734

Moyenne des salaires les 20% plus haut et


des salaires les 20% les plus bas pour chaque
Moyennedu secteur d'industrie SCIAN4en 1993
salaire horaire en
45 d.oJiar

40

35

30

25

20

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

+ moyenne des sa laires 20% en bas !1 moyenne des salaires 80% en haut

34
Données issues de I'EDTR.
- - -- - -- - -- - - - - - - - - -

76

Moyenne des salaires les 20% plus haut et


des salaires les 20% les plus bas pour chaque
secteur d'industrie SCIAN4 en 1993
Moyenne du
salaire horaire en
dollar
45 ~~----------------------------------~

40 ··l------~...Ji111l.---------l------------,

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
77

Moyenne des salaires les 20% plus haut et


des salaires les 20% les plus bas pour chaque
secteur d'industrie SCIAN4 en 1993
Moyenne du
salaire horaire en
dollar

110 ~--------~--------~---------------------------
105 +-~~------------------------------------------~
100 +--L------------------------------=-------------~
95 +----------------------------=~-----------------
90 +-------------------~---------------------------
85 +---------------~~----------------------------~
80 +-----------------------------------------------~
75 +------------------------------------------------~
70 +-----------------------------------------------~
65 +-----------------------------------------------~
60 +-----------------------------------------------~
55
50

30
25
20
15 +----
10
5
0 +---------~------~--------~--------~--------~
0 20 40 60 80 100

• moyenne des salaires 20% en bas Il moyenn e des sa laires 80% en haut

···-···-·······-··-·--···--·····--·····----··----···-··-··-··-·-··-··-···---···-··-------···-···-···-·············-····-··-·--··-·--··---······-·--..·-·---··----···-···-·····------..--··--·-··-·········-
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - --

78

Tableau 14 : test de la signification statistique de la différence des coefficients des


taux d'importation en industrie intra et extrasectorielle.

Dans ce tableau, les variables intra et extra sont deux dichotomiques qui prenne la valeur
1 si le secteur est intrasectoriel pour intra et extrasectoriel pour extra. Les deux autres
variables en plus du taux d'importation), sont le produit de ces variables dichotomiques
avec le taux d'importation.

EMPLOI 1) industries

Taux d'importation -0 .327***


Écart-type (.0488)

intt·a -0 .009
Écart-type (.031)

intra *Taux d'importation 0.031


Écart-type 0.022

extra -0.15
Écart-type (0.11)

extra*Taux d'impmiation -0.035


Écart-type (0 .026)

R_ cané ajusté 0.908


Constante 9.28

Observation 1149
les trois étoiles(***) signifient que le coefficient est significatif à plus de 99.99%.
les deux étoiles(**) signilient que le coefficient est significatif à 95%
l' étoile (*) signifie que le coefficient est significatif à 90%
79

Tableau 15 : corrélation entre le taux d'importations avec les importations, ainsi


que le taux d'exportation et les exportations

Conélation entre: Impmiations brutes Expmiations brutes


Taux d'impoliation 0.105
Taux d'expoliation 0.273

Tableau 16. Régression des salaires avec les âges sans log

Salaire 1) industries

Taux d'importation -0.008


Écart-type 0.007

Taux d'exportation -0.007


Écart-type 0.007

âge sans log 0.085


Écart-type 0.002

âgel'2 sans log -0.001


Écart-type 0.00003

R _carré ajusté 0.84


Constante 0.312

Observation 50942
- - - - - - - - - - -- - - - - -

80

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