Les Cataractes Unilaterales
Les Cataractes Unilaterales
Les Cataractes Unilaterales
Pour bien comprendre cette pathologie un rappel anatomo physiologique est nécessaire
A. Anatomie
C’est une lentille biconvexe, avasculaire et transparente, d’une puissance optique de 21
dioptries.
Chez l’adulte, son diamètre frontal est de 9 à 10 mm et son diamètre antéropostérieur de 4
mm
Elle est située dans un plan frontal en arrière de l’iris et en avant du vitré et maintenue en
place par des fibres zonulaires qui s’étendent de son équateur au corps ciliaire.
B. Physiologie
Le développement de la fonction visuelle nécessite des influx visuel qui parviennent au
niveau de la rétine de façon synchrone et identique.
Le cristallin par :
Sa transparence contribue au développement de la fonction visuelle par transmission
et réfraction de la lumière
Sa fonction d’accommodation, permet la vision rapprochée
Le cristallin est un organe avasculaire qui puise ses éléments nutritifs surtout à partir de
l’humeur acqueuse à travers sa capsule. Cette capsule est en effet une membrane semi-
perméable qui va permettre les échanges par des phénomènes passifs et des phénomènes actifs
consommateurs d’énergie.
Ces bases anatomophysiologiques nous permettent de comprendre la physiopathologie des
CU
III. Physiopathologie
La cataracte unilatérale est due à une cause locale, contrairement aux cataractes bilatérales qui
sont la conséquence d’un processus pathologique général avec atteinte oculaire secondaire.
Ailleurs toute agression du cristallin qu’elle soit par un traumatisme ou par une modification
de la composition de l’humeur aqueuse ou du vitré par un processus inflammatoire,
dégénératif, tumoral ou autre entraîne une altération du métabolisme du cristallin d’où
déshydratation ou accumulation d’eau et un ralentissement de la synthèse protéique.
→Précipitation des protéines cristalliniennes + altération des fibres cristalliniennes →
Ces phénomènes aboutissent à une opacification du cristallin. C'est-à-dire une cataracte. Les
conséquences de l’opacification du cristallin sont :
une baisse de l’acuité visuelle
A. Circonstances de découverte
2. Signes fonctionnels
3. Découverte fortuite
Lors d’un examen ophtalmologique courant
B. Interrogatoire :
Précisera :
le terrain : age, sexe, profession
ATCD personnels : ophtalmologique, traumatisme, systémique
ATCD familiaux généraux et oculaires
Les signes fonctionnels : leur mode de début, leur mode évolutif, l’existence
d’éventuels signes accompagnateurs
C. Examen oculaire
Complet, bilatéral, comparatif, plan par plan avant et après dilatation
1. Inspection
Strabisme : en convergence ou en divergence.
Leucocorie : lorsque les opacités blanches occupent l'aire pupillaire.
Il existe une BAV variant de quelques dixièmes à la perception lumineuse selon l’importance
de l’opacification cristallinienne.
e) Examen du CV
Avec les gros tests (demandé pour le bilan d’affections oculaires associées)
Globalement il existe une baisse de la sensibilité rétinienne
3. Examen du cristallin
Après dilatation pupillaire maximale (après avoir vérifier qu’il n’existe pas de prédisposition
anatomique à la fermeture de l’AIC)
b) L’examen au biomicroscope
Précise :
L’importance de la cataracte totale ou partielle
Le siège des opacités : nucléaire, cortical, ou sous capsulaire
La couleur blanche, brune ou polychrome
L’état de la capsule :
o Intacte ou ouverte laissant passer des masses dans la chambre antérieure
o Siège de dépôts blanchâtres typiquement en cocarde qui évoque une pseudo-
exfoliation capsulaire
La position du cristallin : en place, ectopique, ou subluxé
4. Le reste de l’examen
Va permettre de préciser l’étiologie et d’établir le pronostic*
Il comprend
b) Un examen de la Cornée :
Il précise
sa transparence : une taie cornéenne complique le geste opératoire et il faut évaluer la
part de la taie cornéenne dans la BAV
son épaisseur
l’existence d’une dystrophie cornéenne endothéliale
l’existence d’une dispersion pigmentaire
Il comprend :
La recherche de signes ou de séquelles d’uvéite (effet tyndall, synéchies iriennes)
Appréciation de sa profondeur et de sa régularité.
D. Examen général
Il recherche :
Des anomalies générales associées
Une contre-indication à une éventuelle AG
E. Examens complémentaires
Aucun examen complémentaire n’est nécessaire pour poser le diagnostic de cataracte. C’est
un diagnostic clinique. Ils sont demandés dans un but
De diagnostic étiologique
D’établir un bilan ophtalmologique lésionnel
Fonctionnel et pronostic
1. Echographie oculaire A et B
Elle renseigne sur l’état :
Du vitré : HIV, DPV
De la rétine : DR, déhiscence
De la capsule postérieure en cas de traumatisme
Elle recherchera :
Une tumeur intra-oculaire
Un CEIO
Elle permet de faire une biométrie oculaire avec mesure de la longueur axiale pour le calcul
de la puissance de l’implant destiné à traiter l’aphakie.
2. Radiographie de l’orbite
Elle est demandée systématiquement en cas de traumatisme à la recherche d’un corps étranger
intra-oculaire
Elle peut être complété par une imagerie
3. TDM
4. Microscopie spéculaire
Elle est demandée dés qu’une insuffisance endothéliale est cliniquement suspectée. Elle
permet d’analyse la morphologie des cellules endothéliales et de déterminer leur densité.
5. Explorations fonctionnelles
La cataracte ne modifie pas les potentiels évoqués visuels au flash mais seulement les
damiers, en fonction de la perte de transparence cristallinienne.
d) Electrorétinogramme
La cataracte peut expliquer une baisse de l'amplitude du tracé et une augmentation des
latences.
F. Evolution
Non traitées les opacités cristalliniennes peuvent évoluer vers les formes évolutives et
compliquées que nous allons voir tout de suite dans les formes cliniques.
A coté de cette forme prise comme TDD, il convient de connaître les autres formes cliniques
des CU.
V. Formes cliniques
A. F. évolutives
1. Cataracte intumescente
Les fibres cristalliniennes sont toutes dégénérées. Le cristallin blanc retrouve un volume
normal tandis que la zonule se fragilise.
3. Cataracte morgagnienne
Le cortex se liquéfie et le noyau durci, de teinte foncée, flotte au fond du sac capsulaire ; son
bord supérieur apparaît dans l'aire pupillaire.
5. Cataracte membraneuse
Le cristallin vidé de ses fibres est réduit à une capsule rétractée sur des résidus calcifiés
B. F . de l’enfant
Présentent certaines particularités concernant :
L’examen ophtalmologique :
o Il faut rechercher des signes indirects de BAV :
réflexe de poursuite de la lumière altéré
fixation excentrée
un nystagmus
un strabisme
o Avant 3 ans l’examen oculaire se fait sous AG
Conséquences de la cataracte :
o Physiologique : la cataracte entraîne une amblyopie rapide à s’installer et
difficile à récupérer
o Thérapeutique : la cataracte représente une urgence thérapeutique, car la
précocité du traitement est élément essentiel du pronostic fonctionnel
1. Subluxation
Elle se définit anatomiquement par la rupture segmentaire des fibres zonulaires qui était
intacte ou fragiles.
2. Luxation antérieure
Elle représente une véritable urgence diagnostic et thérapeutique. Le cristallin est dans la
chambre antérieure, avec risque de glaucome aigu lié au blocage pupillaire inverse.
3. Luxation postérieure
Elle se fait dans la cavité vitréenne avec visibilité anormale de la lueur pupillaire avec absence
de cristallin dans l’aire pupilaire.
La chambre antérieure est anormalement profonde et l’examen au V3M m.e.e le cristallin
dans la cavité vitréenne.
Elles peuvent être parfaitement tolérées pendant des périodes assez longues mais sont
porteuses de risque de complications à long terme, à type d’hypertonie, d’ uveite phaco-
anaphylactique et de décollement de rétine secondaire.
Le diagnostic se pose avec les autres opacités cristalliniennes et les différents aspects simulant
une cataracte unilatérale
Sont éliminées par un examen soigneux de l’œil adelphe qui mettra en évidence des signes
d’opacification débutante : vacuole, fente, déhiscence.
B. Autres leucocories
1. Chez l’adulte
2. Chez l’enfant
a) Rétinoblastome :
C’est un diagnostic différentiel qu’il faut éliminer en urgence car il met en jeu le pronostic
vital
Le fond d’œil dilaté réalisé le plus souvent sous anesthésie générale fait le diagnostic. Si le
FO n’est pas accessible nous aurons recours aux examens radiologiques telle que
l’échographie, la TDM ou l’IRM
Le diagnostic est habituellement clinique posé à l’examen du FO qui montre une plaque
blanchâtre de tissu conjonctif vascularisé rétro-cristallinienne avec des rétractions
rétrolenticulaires attirant les processus ciliaires vers le centre qui deviennent visibles dans la
pupille
habituellement bilatérale.
Dans les stades tardifs cicatriciels il existe une fibroplasie rétrolentale qui est une masse
blanchâtre de rétraction en arrière du cristallin donnant une leucocorie
d) Maladie de coats
f) DR congénital
Une fois le diagnostic positif posé la rechercher d’une étiologie constitue l’étape ultérieure de
la prise en charge de cette affection
VII. Etiologies
A. Cataractes traumatiques
1. Cataractes contusives
Les opacités, secondaires à une modification de la perméabilité capsulaire, sont plus souvent
corticales postérieures qu'antérieures.
Le tableau clinique est souvent celui d'un syndrome contusif du segment antérieur (lésions
conjonctivales, cornéennes, iridociliaires, hyphéma).
L'humeur aqueuse entrant en contact avec les fibres cristalliniennes induit leur opacification.
lésions associées
capacités de résorption des masses (entravées par la présence de sang et de vitré)
la présence d'un corps étranger intraoculaire (risque infectieux, voire abcès
cristallinien).
Il peut être :
Le corps étranger peut se ficher dans le cristallin ou le traverser, lésant les fibres sur sa
trajectoire.
Sidérose :
Le corps étranger est ferrique.
La cataracte sidérotique est typiquement brunâtre, avec des dépôts
pigmentés sous-capsulaires qui confluent dans l'aire pupillaire. Elle est
associée à une hétérochromie de l'iris (teinte rouille), une mydriase, un
aspect de rétinite pigmentaire au fond d'oeil.
L'électrorétinogramme s'altère.
Le dosage du fer dans l'humeur aqueuse est élevé
Les complications sont le glaucome, le décollement de rétine, voire la
désorganisation totale du globe oculaire.
Chalcose :
Le corps étranger est cuivré
a) La chaleur
L’exemple est la cataracte des verriers où les opacités sont floconneuses et denses,
situées au pôle postérieur, dans la région axiale.
b) L’électrocution
Elle est du côté du passage du courant, apparaissant 2 à 4 mois après l'accident. Les
opacités cristalliniennes sont sous-capsulaires antérieures puis postérieures.
c) La fulguration
Par rayons X, par rayons gamma (isotopes), par neutrons : la cataracte survient après
plusieurs mois ou années. Elle est typiquement sous-capsulaire postérieure.
Par rayons bêta (bêtathérapie).
Par explosion atomique
En dehors des traumatismes, la cataracte peut être secondaires à une pathologie oculaire
chronique. Ce sont les
B. Cataractes compliquées
Les opacités prédominent dans l'aire pupillaire, sont sous-capsulaires, pyramidales ou totales.
b) Iridocyclite sévère
Les opacités sont sous-capsulaires et maximales en regard des synéchies postérieures. Elles
peuvent évoluer vers la cataracte totale.
Les opacités cristalliniennes sont blanchâtres bien limitées, sous-capsulaires antérieures, dans
l'aire pupillaire. C'est le « glaukom flecken ».
e) Pseudoexfoliation capsulaire
Elle se caractérise par une fibrillopathie qui entraîne la présence de dépôts blanchâtres :
Elle est associée à une atrophie du liseré pigmenté de l'iris qui se dilate mal, à une fragilité
capsulaire et zonulaire, et à un glaucome de traitement difficile.
f) Déplacements du cristallin :
Ectopie ou subluxation
g) Syndrome de Fuchs
une cyclite avec des précipités translucides à la face postérieure de la cornée, mais sans
synéchies iridocristalliniennes associées ;
une atrophie irienne prédominant au niveau du stroma
une cataracte unilatérale, survenant entre 20 et 40 ans, cortica le postérieure au départ
évoluant en quelques années vers la cataracte totale.
D’où la règle de l’échographie systématique devant une cataracte totale à fortiori unilatérale.
La myopie forte entraîne volontiers des cataractes nucléaires semblables à la cataracte liée au
vieillissement.
C. Cataractes iatrogènes
1. Cataractes médicamenteuses
a) Cataracte cortisonique
L'intervalle libre est de 15 jours à 1 an avec un pic à 6 mois. La cataracte est de type sous-
capsulaire postérieure
Elle peut être héréditaire ou compliquer une embryofoetopathie. Elles sont partielles ou
totales, avec ou sans anomalies oculaires ou systématiques associées.
VIII. Traitement
A. Buts
B. Moyens
Il nécessite un bilan pré-opératoire soigneux (général et local). L’anesthésie peut être topique,
locorégionale (rétro-bulbaire, latérobulbaire ou sous ténonienne) chez le sujet âgé, et générale
chez le sujet jeune
a) Extraction de la cataracte
Elle est contre-indiquée avant l’age de 30 ans du fait de la solidité du ligament de wieger
Elle garde sa place dans certains cas
Technique : après ouverture cornéenne large, on procède à l’extraction du cristallin avec
son sac à la cryode ou parfois à l’anse.
Il faut toujours l'associer à une vitrectomie antérieure et centrale suffisante au vitréotome
et à une IP si la hyaloïde antérieure est rompue.
L’EEC consiste à enlever le noyau et le cortex cristallinien après avoir réaliser une
capsulotomie antérieure à travers une incision cornéenne en maintenant la capsule
postérieure intacte.
Elle peut être :
o Manuelle : le noyau est expulsé manuellement
o Mécanisée : c’est la phacoémulsification qui consiste à fragmenter le noyau par
des US à travers une petite incision cornéenne. C’est actuellement la technique de
choix.
Chez l'enfant, le cristallin est mou et peut parfaitement s'enlever par simple aspiration après
avoir réalisé un capsulotomie antérieure à travers une ponction au limbe. Cette aspiration peut
être réalisée à l’aide d’une canule à simple courant, une canule à double courant, une sonde
d'irrigation-aspiration ou un vitréotome
Elle peut être associée à une capsulotomie postérieure et à une vitrectomie antérieure pour
éviter la cataracte secondaire
b) Gestes associés :
o Vitrectomie antérieure
o Trabéculectomie
o Extraction d’un CE
o Kératoplastie
o Iridectomie périphérique
L’implant peut être placé dans le sulcus soit suturé à la sclère par deux sutures transfixiant le
corps ciliaire et la sclère soit suturé à l’iris.
3. Traitement de l’amblyopie
Elle est primordiale chez les enfants.
Après correction optique totale il faut faire une occlusion du bon œil le plus tôt possible après
l’intervention jusqu’à obtenir une isoacuité. Une pénalisation optique ou médicamenteuse et
ensuite entreprise pour la maintenir.
Une surveillance étroite et prolongée est nécessaire jusqu’à l’age de 11 ans.
C. Les indications
2 problèmes se posent :
o Quand opérer ? : dés qu’il existe un retentissement fonctionnel avant l’installation
d’une amblyopie chez l’enfant et d’un déséquilibre oculomoteur chez l’adulte
o Comment opérer ? : selon :
L’étiologie
L’age du patient
L’intégrité du plan capsulo-zonulaire
Lésions oculaires associées
1. Cataractes traumatiques
a) Cataractes contusives
2. Cataractes compliquées
a) Post-uvéite :
o Après 3 mois d’accalmie
o AIS péri-opératoire
o Chirurgie la moins traumatique possible avec un lavage des masses soigneux
o Libération des synéchies sous visco-élastiques
o Si mauvaise dilatation pupillaire : manœuvre de dilatation pupillaire
o IOL dans le sac
o Surveillance : contrôles post-opératoires rapprochés
b) Pseudoexfoliation capsulaire
o Si mauvaise dilatation pupillaire : manœuvre de dilatation pupillaire
o Chirurgie la moins traumatisante possible pour la zonule
c) Cataracte et DR
Chirurgie de la cataracte et du DR en même temps ou en deux temps selon la visibilité du FO
3. Cataractes congénitales
Il faut opérer le plus tôt possible chez l’enfant de préférence avant 5 semaines pour écarter le
risque d’amblyopie.
Technique : aspiration du cristallin par voie antérieure ou pour certains phacophagie par voie
postérieure
Correction de l’aphakie : de plus en plus d’auteurs corrigent par implantation intra-oculaire
dans le sac dans le même temps opératoires
PB de calcul de la puissance
Dans tous les cas rééducation post-opératoire de l’amblyopie
4. Autres cas :
En cas de Tumeur : Traiter d’abord la tumeur, le traitement du déplacement cristallinien
n'intervient que sur oeil guéri ou stabilisé.
D. Surveillance et complications
Une surveillance post-opératoire rapprochée est primordiale :
o Court terme :
o Infection / Inflammation / Hypertonie oculaire
o Moyen terme :
o Inflammation
o Hypertonie oculaire
o Astigmatisme
o Cataracte secondaire
o OMC
o Long terme :
o Hypertonie oculaire
o DR
o Surveillance du FO
o Cataracte traumatique : faire un bilan lésionnel en post-opératoire ( FO – rechercher
des signes d’ophtalmie sympathique)
E. Prévention
IX. Pronostic
Il est dépend de:
L’âge du patient : à cause du risque d’amblyopie parfois profonde chez le très jeune
enfant
Lésions oculaires associées
Survenue de complications
Il est favorable en dehors des lésions oculaires associées, des complications, et de l’amblyopie
X. Conclusion
Les cataractes unilatérales relèvent d’étiologies diverses dominées par le traumatisme chez les
jeunes
Elles sont souvent associées à d’autres lésions oculaires plus ou moins graves qui
conditionnent le pronostic visuel
Le traitement est toujours chirurgical pouvant employer plusieurs tec hniques. Il peut être
urgent chez l’enfant en particulier s’il existe un risque majeur d’amblyopie. La correction de
l’aphakie se fait au mieux par implantation intra-oculaire.
Le meilleur traitement demeure la prévention.