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Introduction. Musique : patrimoine immatériel

2019, Transposition

La musique occupe une place de choix au sein du Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) de l’humanité tel que le répertorie l’UNESCO depuis sa Convention de sauvegarde de 2003. Plus largement, au-delà des Nations-Unies, le « patrimoine immatériel » semble être devenu le paradigme dominant dans les actions de patrimonialisation et de valorisation des pratiques musicales à l’échelle internationale. Devant l’ampleur de ce phénomène, il s’agit d’engager une approche transnationale et comparative des rapports entre musique et « patrimoine immatériel ». En s’intéressant aux façons dont cette notion (et/ou l’appareil patrimonial qui l’accompagne) est mise en œuvre, reformulée ou contestée sur le terrain, et à ses interactions avec d’autres catégories et modalités d’action en usage, ce numéro de Transposition propose donc de se demander : que fait le PCI à la musique et, inversement, que fait la musique au PCI ? La majorité des études réunies ici s’intéressent à des pratiques inscrites sur les listes de l’UNESCO, qui font l’objet de programmes de sauvegarde entamés depuis plusieurs années déjà. Ces situations « post-patrimoniales » y sont examinées dans leur diversité. D’autres articles nous plongent dans le vif du montage d’un dossier d’inscription, et s’interrogent sur les difficultés et les possibles conséquences de la mise en patrimoine d’une pratique musicale. Certaines des pratiques étudiées ne sont pas candidates auprès de l’UNESCO, mais sont inscrites dans des régimes de patrimonialisation locaux qui reprennent les désignations et certains modes d’action et outils afférents au PCI. Enfin, la voix est donnée à des actions de patrimonialisation distinctes ou contestataires. La singularité de la musique au sein du PCI s’esquisse alors sur trois axes principaux : celui de l’« immatérialité » de la musique prise dans ces processus de patrimonialisation ; celui des rapports spécifiques qui s’y articulent entre musique, politique et territoire, notamment au regard de pratiques subalternes ; enfin, celui du caractère performatif des constructions patrimoniales en jeu, saisies comme des fictions opératoires.

Introduction. Musique : patrimoine immatériel ? Elsa Broclain, Benoît Haug et Pénélope Patrix Introduction. Music: Intangible Heritage? Résumé Français La musique occupe une place de choix au sein du Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) de l’humanité tel que le répertorie l’UNESCO depuis sa Convention de sauvegarde de 2003. Plus largement, au-delà des Nations-Unies, le « patrimoine immatériel » semble être devenu le paradigme dominant dans les actions de patrimonialisation et de valorisation des pratiques musicales à l’échelle internationale. Devant l’ampleur de ce phénomène, il s’agit d’engager une approche transnationale et comparative des rapports entre musique et « patrimoine immatériel ». En s’intéressant aux façons dont cette notion (et/ou l’appareil patrimonial qui l’accompagne) est mise en œuvre, reformulée ou contestée sur le terrain, et à ses interactions avec d’autres catégories et modalités d’action en usage, ce numéro de Transposition propose donc de se demander : que fait le PCI à la musique et, inversement, que fait la musique au PCI ? La majorité des études réunies ici s’intéressent à des pratiques inscrites sur les listes de l’UNESCO, qui font l’objet de programmes de sauvegarde entamés depuis plusieurs années déjà. Ces situations « post-patrimoniales » y sont examinées dans leur diversité. D’autres articles nous plongent dans le vif du montage d’un dossier d’inscription, et s’interrogent sur les difficultés et les possibles conséquences de la mise en patrimoine d’une pratique musicale. Certaines des pratiques étudiées ne sont pas candidates auprès de l’UNESCO, mais sont inscrites dans des régimes de patrimonialisation locaux qui reprennent les désignations et certains modes d’action et outils afférents au PCI. Enfin, la voix est donnée à des actions de patrimonialisation distinctes ou contestataires. La singularité de la musique au sein du PCI s’esquisse alors sur trois axes principaux : celui de l’« immatérialité » de la musique prise dans ces processus de patrimonialisation ; celui des rapports spécifiques qui s’y articulent entre musique, politique et territoire, notamment au regard de pratiques subalternes ; enfin, celui du caractère performatif des constructions patrimoniales en jeu, saisies comme des fictions opératoires. Mots-clés : musique, patrimoine culturel immatériel, PCI, patrimonialisation, patrimoine musical, Unesco, immatérialité, pratiques musicales subalternes, performativité, post-patrimonialité Keywords : music, intangible cultural heritage, ICH, heritagisation, heritagization, musical heritage, Unesco, intangibility, subaltern musical practices, performativity, post-heritage Plan Les patrimonialisations musicales à l’ère du PCI : état des lieux Le patrimoine immatériel musical à l’épreuve du terrain Ontologies, politiques et fictions de la musique-patrimoine Texte intégral https://journals.openedition.org/transposition/4121