La Harmonie Du Soir
La Harmonie Du Soir
La Harmonie Du Soir
. : parler des diffrentes publications et du procs subi par Baudelaire, parler aussi de son sentiment de nostalgie du pass li la disparition et au re-mariage de sa mre qui es tsans doute lune des causes de son angoisse existentielle (thmes que lon retrouve dans ce pome). Ce pome appartient au cycle de pomes sur lamour spiritualis dont linspiratrice aurait t Mme Sabatier. Prsentation du pome : au niveau de la forme (cf plus bas : B. et les formes fixes*) et au niveau du thme : lvocation dun souvenir source de mlancolie et ce souvenir merge loccasion de la contemplation dun coucher de soleil : la correspondance entre un tat extrieur et un tat intrieur On retrouve aussi lambivalence au cur de lunivers baudelairien (spleen, angoisse, nostalgie idal, lumire). Pbmatique : en quoi le pome justifie-t-il son titre ? ou comment lcriture potique sublime-t-elle la souffrance du pote ? Annonce plan : 1. Un dialogue lyrique sur la souffrance du pote 2. Sublimation de cette souffrance par le pome, la posie o
c) Pome deux voix : Le souvenir affleure la conscience de la mmoire grce la contemplation du paysage, grce aussi aux odeurs. On peut donc parler de spatialisation du souvenir. Celle-ci se fait par le biais dun systme dchos visuels et sonores favoriss par la structure du pantoum. Structure du pantoum : rptitions des vers qui crent le glissement dun motif vers lautre : cf croisement du motif crpusculaire avec le thme de la tristesse du pote. Ce croisement est favoris par la rime riche qui donne son unit harmonique au pome et renvoie au titre mme du pome : soir Echos visuels : Lanalogie entre la souffrance du pote et le paysage crpusculaire (correspondance entre extrieur et intrieur) trouve sa pleine expression dans la double-mtaphore du vers : le soleil sest noy dans son sang qui se fige : cf spleen baudelairien avec la rfrence implicite la mort et tableau du crpuscule. Echos sonores : cette souffrance trouve galement sa pleine expression dans lutilisation rpte (lie au pantoum) de certaines sonorits en i ( = assonance) accentue parfois par lemploi de dirses : vi-olon (v.6). Le vibrant du vers 1 et qui concerne le paysage crpusculaire rappelle au niveau sonore le violon associ au souvenir douloureux exprim dans la comparaison : comme un cur quon afflige (cf rappel de la sonorit i dans afflige , tige , vertige , triste , voici .). Le pantoum est une sorte de dialogue lyrique : de par la rptition de vers, il est amen croiser et faire se croiser deux thmes parallles et/ou complmentaires, deux sens doivent se dvelopper paralllement : ici le mlange entre la magie ensorceleuse du soir et la tristesse du pote va reparatre dans chaque strophe du pantoum. Ce dialogue lyrique et ce jeu dchos et de miroirs entre les vers conduisent une vision ambivalente et ambigu de la souffrance du pote.
Le souvenir au dernier vers sapparente une rvlation qui vient clairer lme du pote. llvation tablit un lien avec la thorie des correspondances. c) Mtamorphose par la posie : La souffrance se change en beaut, la mlancolie devient motion esthtique : Harmonie du pome et thories des correspondances : la russite de ce pome repose pour une grande part sur limpression dunit essentiellement fonde sur la potique des correspondances. Il en existe de trois sortes : Une correspondance entre les diverses sensations (= correspondances horizontales) : les sons et les parfums tournent dans lair du soir . Le tourbillon de la valse provoque un jeu dchanges entre les diverses sensations olfactives ( svapore dans lair du soir , parfums ), visuelles ( triste et beau ), auditives ( sons , violon ). La vibration (tactile) de la tige (v.1) annonce la vibration sonore du violon harmonie cre par ce mlange des sensations. Une correspondance entre latmosphre du soir et ltat dme du pote (correspondance entre intrieur et extrieur) : Latmosphre nocturne fait merger le souvenir et rvle au pote ses sentiments. Puis son tour, lauteur projette son angoisse et sa souffrance sur le paysage. Son malaise apparat dans la comparaison subjective du violon [qui] frmit comme un cur quon afflige (v.6 et 9). Et dans la vision du soleil noy dans son sang qui se fige (v.12 et 15). Une correspondance entre le plan terrestre et le plan cleste. Le vocabulaire religieux fait en effet apparatre une 3me correspondance entre le monde naturel et spirituel. Chaque impression sensible nest que la manifestation tangible, matrielle de quelque chose de plus lev, de spirituel. Le pote nous fait percevoir le monde autrement en nous en dvoilant les mystres : cf personnifications qui lient les objets et les hommes : Le violon frmit comme un cur quon afflige , Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir ! .
Conclusion : Ce pome par sa perfection formelle et sa dimension spirituelle semble tre une application de la thorie des correspondances expose dans le sonnet du mme nom : pour Baudelaire, la nature envoie des signes lhomme en sadressant dabord ses sens. Cest par la fusion de toutes ces perceptions, les correspondances entre tous ses sens que lhomme pourra interprter ces symboles. Ds lors, lexprience sensuelle aboutit une extase spirituelle. Ce dchiffrement nest pas accessible tous. Seul le pote grce au langage potique riche en images et en analogies peut parvenir ce dvoilement. Cest cette dmarche que rpond le pome Harmonie du soir qui par la sublimation dun souvenir nostalgique dans lcriture potique parvient une harmonie complte. Nous retrouvons dans ce pome, mais comme rconcilie, la dualit entre Spleen et Idal. Nous retrouvons aussi ici, comme dans la Chevelure le processus de la correspondance entre la sensation olfactive et la vision intrieure, la rverie ne de la synesthsie (cest un processus bien connu : vous vous promenez, vous sentez une odeur et cette odeur vous transporte dans le pass en vous rappelant un souvenir du pass). Ouverture : sur le Symbolisme : les peintures symbolistes suggrent une ralit, un sens cach. Du coup, beaucoup de motifs sont des symboles. La peinture symboliste parle aux sens (par les couleurs, par les associations tranges) avant de parler lesprit. Par son opposition au ralisme ou au naturalisme o le sens est l, vident, le symbolisme peut mieux tre apprhend.
* [Dans lintroduction, parler de la particularit du pantoum et de lattachement de B. aux formes fixes : v. lien avec la problmatique gnrale (entre tradition et modernit) De toutes les formes fixes, le sonnet est le plus clbre mais aussi le plus exigeant : cf rgles rigoureuses (2 qu. + 2 tercets et le systme de rimes : abba/abba/ccd/ede. Il en existe un exemple : Parfum exotique (XXII). Mais, gnralement, B. prend beaucoup de liberts avec cette forme fixe et la plupart de ses sonnets sont irrguliers. Soit il modifie lordre des rimes dans les tercets (cf La Vie antrieure , XII) ou dans les quatrains (cf Recueillement ou La Mort des amants , CXXI). Ce sont des irrgularits mineures qui ne remettent pas en cause la structure du sonnet. Mais une irrgularit plus importante est aussi souvent pratique par B. : les deux quatrains sont construits sur des rimes diffrentes (cf Les Chats , LXVI, A une passante , XCIII). Cette irrgularit es tplus profonde car leffet de stabilit que cre le retour des mmes rimes sur 2 quatrains est rompu. La place privilgie faite au sonnet dans le recueil pose un problme intressant. Dlibrment, B. recourt la forme la + contraignante et, lintrieur de ce cadre strict, il use de toutes les liberts. Par l, son art associe tradition et modernit, respect des contraintes et novation cratrice. Ainsi, les sonnets des Fleurs du Mal ne sont pas crits pour le dernier vers (= la chute finale) : B. rpugne justifier un sonnet pour leffet final. Comme autre forme, il y en a une dans laquelle il a excell une seule fois et cest celle qui nous intresse ici = le pantoum. Il sagit dune forme potique dimportation malaise (cf orientalisme de B.) dont V. Hugo semble avoir t le 1e faire mention dans les notes des Orientales en 1829. Les rgles du pantoum sont trs exigeantes : la longueur du pome est variable. Les rimes sont normalement croises et les 2me et 4me vers de chaque strophe deviennent les &e et 3me de la strophe suivante. Donc le pome est construit sur 2 rimes. La libert que prend B. dans ce pome = les rimes embrasses. ]