( ( Astuces-Top - Blogspot.com ) ) Livre #159
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CABANE
2e édition augmentée
MANUEL
DE GOUVERNANCE
D’ENTREPRISE
Les meilleures pratiques pour créer de la valeur
MANUEL
DE GOUVERNANCE
D’ENTREPRISE
Dans cet ouvrage, devenu une référence, Pierre Cabane développe une vision
moderne de la gouvernance, puissant moyen de création de valeur dans l’entreprise.
Il explique de manière très pratique comment construire une gouvernance enga-
gée, en recherchant le meilleur équilibre possible entre contrôle et performance,
à la lumière des dernières réformes du gouvernement.
Véritable guide opérationnel sur la gouvernance, entièrement mis à jour et
augmenté, il permet notamment de répondre aux questions suivantes : à quoi sert
la gouvernance ? Quelles sont ses différentes missions ? Quelles particularités
en fonction du type d’organisation ? Comment pratiquer la gouvernance ? Qui
y participe ? Comment mettre en place un conseil ? Quelles spécificités pour
la gouvernance familiale ? Quelles sont les obligations légales ? Quelles devraient
être les qualités d’un administrateur ? Comment gérer l’information ? Qu’est-ce
qu’un administrateur indépendant ? À quoi servent les comités spécialisés ?
Comment bien faire fonctionner un conseil ? Quels comportements pour un
administrateur ? Quel est le rôle des parties prenantes ? Comment s’assurer
que la gouvernance contribue à la création de valeur ?
PIERRE CABANE est diplômé de l’EM Lyon et titulaire d’un master finance
de l’université Dauphine. Ancien cadre dirigeant du groupe L’Oréal, patron
d’une PME puis créateur d’une marque cosmétique, il connaît aussi bien le
grand groupe que la PME ou la start-up. Maîtrisant les grands métiers de
l’entreprise stratégie, marketing et finance –, administrateur indépendant
de plusieurs sociétés, conseil en stratégie, il enseigne également à l’université
Paris Dauphine et à Sciences Po et est l’auteur de plusieurs ouvrages de management.
Convaincu que la gouvernance contribue pleinement à la création de valeur dans l’entreprise,
il assiste les entreprises dans la mise en place, la formation, l’évaluation et l’amélioration
de leurs systèmes de gouvernance.
Manuel de gouvernance
d’entreprise
Groupe Eyrolles
61, bd Saint-Germain
75240 Paris Cedex 05
www.editions-eyrolles.com
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur
quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue
des Grands-Augustins, 75006 Paris.
Manuel de gouvernance
d’entreprise
Les meilleures pratiques pour créer de la valeur
2e édition augmentée
Introduction...................................................................................19
Pourquoi ce livre ?.............................................................19
À qui ce livre est-il destiné ?...............................................20
Comment cet ouvrage est-il construit ?..............................21
Première partie
Qu’est-ce que la gouvernance ?
Chapitre 1. Les origines de la gouvernance................................25
Petits rappels historiques....................................................26
Une origine lointaine.......................................................26
Les étapes de la gouvernance.............................................27
Les conditions de mise en œuvre de la gouvernance...........34
Le démembrement du droit de propriété............................34
La complexité des opérations.............................................35
La complexité des situations..............................................36
Le niveau de risque..........................................................36
La force du management..................................................36
© Groupe Eyrolles
Deuxième partie
À quoi sert la gouvernance ?
Chapitre 4. Les missions prioritaires de la gouvernance..........115
La définition et le suivi de la stratégie..............................116
Les objectifs...................................................................116
Les points clés................................................................118
Les signaux d’alerte........................................................121
Les recommandations pratiques.......................................122
L’arrêté des comptes.........................................................125
Les objectifs...................................................................125
Les points clés................................................................126
Les signaux d’alerte........................................................128
Les recommandations pratiques.......................................129
La gestion des dirigeants..................................................131
Les objectifs...................................................................131
Les points clés................................................................133
Les signaux d’alerte........................................................134
Les recommandations pratiques.......................................135
L’analyse des risques.........................................................141
Les objectifs...................................................................141
© Groupe Eyrolles
Troisième partie
Comment exercer la gouvernance ?
Chapitre 7. Petit mémento juridique........................................227
La fonction d’administrateur...........................................227
© Groupe Eyrolles
La capacité de l’administrateur.......................................227
Les mandats : nombre, conditions, durée, limite d’âge,
cumul...........................................................................230
10 Manuel de gouvernance d’entreprise
La nomination..............................................................234
La cessation des fonctions................................................236
Droits, obligations, statuts et rémunération
de l’administrateur..........................................................237
Les droits de l’administrateur..........................................237
Les obligations de l’administrateur..................................238
Établir un rapport sur le gouvernement d’entreprise..........241
Le statut social et la rémunération...................................243
Les conventions conclues avec la société............................248
La responsabilité de l’administrateur................................251
La responsabilité civile des administrateurs......................252
La responsabilité civile des membres du conseil
de surveillance...............................................................254
La responsabilité civile des membres du comité d’audit.....255
La responsabilité pénale..................................................255
Synthèse juridique et recommandations pratiques...........258
Le résumé des attributions légales....................................258
Les recommandations pratiques.......................................261
Chapitre 9. E
n résumé, douze questions clés
sur la gouvernance..................................................337
D’où vient la gouvernance ?.............................................337
Une origine lointaine.....................................................337
Une gouvernance répressive.............................................337
Une évolution rapide......................................................338
Que recouvre la notion de gouvernance d’entreprise ?.....339
© Groupe Eyrolles
Un système....................................................................339
Des fondements théoriques et pratiques............................339
Des perspectives de progrès..............................................340
12 Manuel de gouvernance d’entreprise
Le manque d’éthique......................................................357
L’insuffisance d’utilisation de méthodes............................357
La non-prise en compte de certains domaines...................358
Sommaire 13
Conclusion....................................................................................361
Bibliographie................................................................................363
Index.............................................................................................367
© Groupe Eyrolles
Préface
Pourquoi ce livre ?
Ce livre a pour objectif d’expliquer ce qu’est la gouvernance d’en-
treprise, de présenter de manière détaillée ses missions et de dresser
un panorama complet de ses meilleures bonnes pratiques. Véri-
table guide opérationnel sur la gouvernance, à la fois exhaustif
© Groupe Eyrolles
que la gouvernance ?
– Le chapitre 1 présente l’origine, l’histoire et les conditions de
mise en œuvre de la gouvernance.
22 Manuel de gouvernance d’entreprise
L’économie fermée
L’activité économique est axée sur la recherche de l’autosuffisance.
Les opérations d’achat et de vente de marchandises sont simples et
se font sans intermédiaires. Le système bancaire n’est pas développé,
les échanges ne font pas toujours appel à la monnaie. L’économie
est locale, souvent rurale, le crédit est peu formalisé. Les détenteurs
des moyens de production s’occupent généralement directement
de leurs affaires : ils gèrent l’utilisation du travail, la répartition du
produit global. Uniquement orienté vers la satisfaction du besoin,
ce système individuel fermé, « l’économie en nature », ne néces-
site pas de recours à la gouvernance : seuls les rapports entre pro-
priétaires fonciers et fermiers pourraient laisser entrevoir quelques
signes régaliens de réglementation des pouvoirs.
L’économie artisanale
Si la satisfaction des besoins reste prioritaire, celle-ci s’exprime
davantage dans un cadre urbain. Les moyens de production peuvent
être détenus par des groupes de personnes, par exemple des corpo-
rations d’artisans indépendants. Dans cette économie artisanale
locale, la notion de gouvernance n’est pas plus présente que dans
l’étape précédente.
WorldCom
WorldCom est une entreprise de télécommunication américaine
fondée en 1989 par Bernard Ebbers. En faisant faillite en 2002,
WorldCom a battu le record établi par Enron lors d’un autre scan-
dale retentissant avec 107 milliards de dollars d’actifs déclarés.
Après avoir orchestré la plus importante fraude comptable de
l’histoire américaine, l’entreprise aux 41 milliards de dettes et aux
11 milliards de pertes dissimulées a causé le licenciement de
17 000 employés et la ruine de millions d’actionnaires ; ses diri-
geants seront condamnés à des peines de prison. Le rapport
Breeden1 a identifié les causes de ce naufrage dont la défaillance
de la gouvernance fait partie (« a series of deep-rooted failures
with the mechanisms of its governance »). Ce rapport souligne le
fait que Bernard Ebbers se soit « comporté comme un empereur
sans que le conseil d’administration ne lui impose aucune limite ».
site :
Calpers et la gouvernance
« Welcome to our Global Governance website. We believe good
governance leads to better performance. We seek corporate
reform to protect our investments. The global governance team
challenges companies — we vote our proxies, we work closely
with regulatory agencies to strengthen our financial markets, and
we invest with partners that use governance strategies to earn
value for our fund by turning around ailing companies1. »
Source : site Internet Calpers.
La théorie de l’agence
La théorie de l’agence remet en cause la vision représentant
l’entreprise comme un acteur unique pour mettre l’accent sur
les différences d’intérêts potentielles entre les divers parte-
naires (dirigeants et actionnaires, par exemple). Fondée sur le
double postulat d’une divergence d’intérêts entre actionnaires
et dirigeants et de l’existence d’une asymétrie informationnelle
en faveur de ces derniers, la théorie de l’agence permet de four-
nir un fondement conceptuel à la gouvernance. Le comporte-
ment de l’entreprise résulte dès lors d’un processus complexe
1. Bienvenue à notre site Web de Gouvernance. Nous croyons que la bonne gouvernance mène à la
meilleure performance. Nous cherchons la réforme d’entreprise pour protéger nos investissements.
© Groupe Eyrolles
L’équipe de gouvernance questionne les sociétés – nous votons nos procurations, nous travaillons
étroitement avec les agences de régulation pour renforcer nos marchés financiers et nous investissons
avec des partenaires qui utilisent des stratégies de gouvernance en favorisant la création de valeur et en
évitant les compagnies défaillantes.
Les origines de la gouvernance 33
Usus
Usus
■■ Le niveau de risque
Plus que la taille, le niveau de risque de l’entreprise est également un
facteur clé dans la mise en œuvre de la gouvernance : plus le niveau est
élevé, plus un système de gouvernance sera mieux à même de le maîtri-
ser. Ainsi les fonds colossaux gérés par les fonds de pension américains
ont été amenés à diversifier leurs portefeuilles d’actifs financiers pour
réduire le risque. En effet, la notion de risque est absolument fondamen-
tale pour ces professionnels de l’intermédiation financière qui gèrent
l’épargne de milliers de personnes. Et en renforçant leur vigilance pour
réduire le risque, la gouvernance s’est alors naturellement imposée pour
les entreprises dans lesquelles ces fonds ont des participations.
© Groupe Eyrolles
■■ La force du management
Ce point peut sembler anachronique : si le management est com-
pétent, professionnel et engagé, la gouvernance ne semble pas
Les origines de la gouvernance 37
Le cas de Wamu
La Washington Mutual Bank a été créée en 1890. À l’origine,
c’était une caisse d’épargne mutualiste spécialisée dans les cré-
dits hypothécaires garantis par l’État. Elle connaît un fort dévelop-
pement aussi bien en croissance interne que par le biais de nom-
breuses acquisitions. En 2003, la Wamu est la sixième banque des
© Groupe Eyrolles
Entreprises
Entreprisescontrôlées
contrôléespar
parles
lesdirigeants
dirigeants
Gouvernance
Gouvernancede
dela
lagouvernance
gouvernance?? Dirigeants
Dirigeantscontrôlés
D contrôléspar
parla
lagouvernance
gouvernance
Normalement Gouvernance
Gouvernancerégie
régiepar
pardes
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codes
Normalementles
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actionnaires… et
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Codes
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bonnespratiques
pratiquesencadrés
encadrés
par
pardes
deslois
loissnationales
nationales
© Groupe Eyrolles
Parties
Parties Lois
Loisnationales
nationalesrespectent
respectent
Intérêt
Intérêtsocial
social prenantes
prenantes ««ordre
ordreéconomique
économiquemondial
mondial»»??
© Groupe Eyrolles
Chapitre 2
La définition de la gouvernance
« L’esprit chemine d’erreur en erreur. »
Pierre Calvet
Aujourd’hui souvent employé dans l’environnement politique et
économique, le mot « gouvernance » fait l’objet de nombreux déve-
loppements. Après en avoir proposé la définition, nous nous attache-
rons à essayer d’en dégager les caractéristiques principales en termes
d’acteurs et de systèmes. Enfin, nous présenterons une synthèse des
principaux textes constituant la base de la gouvernance d’entreprise.
• Contrôler le management.
• Limiter les risques.
• Assurer la pérennité de l’entreprise.
La définition de la gouvernance 43
• Aider le management.
• Protéger l’intérêt social (voir définition dans le chapitre 7) et
les parties prenantes.
• Créer de la valeur pour l’entreprise.
gement, un métamanagement. »
Cette définition pose clairement le problème du contrôle des manda-
taires sociaux et des conditions dans lesquelles ils exercent leurs mandats.
La définition de la gouvernance 45
Le système de gouvernance
■■ Les acteurs de la gouvernance
Initialement centré sur les relations entre actionnaires et dirigeants,
le champ de la gouvernance s’est progressivement étendu à d’autres
© Groupe Eyrolles
catégories.
Depuis les scandales qui ont touché de grandes entreprises, les
dirigeants ont focalisé l’attention de la gouvernance. Comment
46 Qu’est-ce que la gouvernance ?
sociales ;
• la région, département ou ville, avec toutes les répercussions sur
l’économie régionale.
La définition de la gouvernance 47
Actionnaires Dirigeants
Administrateurs
Salariés Externes
■■ Le système complet
Roland Pérez1 présente le système de gouvernance comme étant
composé de trois éléments : les structures, les procédures et les com-
portements.
• Les structures sont très variées : elles sont aussi bien internes
(assemblée générale, conseil d’administration ou de surveillance,
comités divers…) ou externes (commissaires aux comptes, auditeurs
externes, autorités de régulation, agences de notation…).
• Les procédures sont présentées dans des lois, des codes ou même
simplement des bonnes pratiques. Elles concernent aussi bien la col-
lecte de l’information, le fonctionnement des organes de gouver-
nance ou la manière de réaliser certaines opérations.
• Les comportements concernent les personnes œuvrant dans les
structures et appliquant les procédures.
© Groupe Eyrolles
Instances Attitudes
recommandations d’application ;
• la soft law, littéralement le « droit mou », que nous préférons tra-
duire par « droit flexible » ou « droit adapté » ou encore « droit
La définition de la gouvernance 49
Issu en droite ligne des rapports Viénot et Bouton, le code est rédigé
par deux organisations professionnelles représentant les entreprises
et le patronat. L’Afep et le Medef ont élaboré un ensemble de recom-
mandations qui permet aux sociétés d’« améliorer leur fonctionne-
ment et leur gestion dans une grande transparence et de répondre
ainsi aux attentes des investisseurs ». Le code Afep-Medef souhaite
devenir le code de référence pour les entreprises cotées : il est d’ail-
leurs aujourd’hui adopté par la majorité des sociétés du SBF 120.
Institué en 2013, le haut comité de gouvernement d’entreprise
exerce une mission de suivi de l’application des recommandations
du code et accompagne les sociétés dans leur mise en place à travers
son guide d’application. La dernière révision du code Afep-Me-
def date de novembre 2016. Ce code de trente pages consacre une
large part (45 %) de son contenu aux éléments de rémunération
des dirigeants mandataires sociaux : il précise également le rôle des
comités. Exclusivement réservé aux entreprises cotées, force est de
© Groupe Eyrolles
1. Pierre-Yves Gomez, « Référentiel pour une gouvernance raisonnable des entreprises françaises »,
Cahier IFGE, juin 2009.
54 Qu’est-ce que la gouvernance ?
• ils sont très peu appliqués par les dirigeants de PME et ETI lors-
qu’elles sont non cotées.
L’APIA a donc voulu construire un texte pratique, simple et efficace
qui est le fruit de l’expérience de ses membres au travers de mandats
d’administrateurs indépendants exercés en PME et ETI et des tra-
vaux de ses adhérents, membres et partenaires, depuis dix ans.
Le guide pratique APIA se veut court et beaucoup plus axé sur la
performance que sur la conformité : il comporte des exemples
concrets pour mieux cerner la réalité du terrain et de nombreuses
recommandations axées sur la création de valeur dans le respect de
l’intérêt social de l’entreprise.
Le rapport Gallois :
Pacte pour la compétitivité de l’industrie française
Publié en novembre 2012, il recommande que les représentants
du personnel aient une voix délibérative dans les conseils d’ad-
ministration et conseils de surveillance des entreprises de plus de
5 000 employés (voir chapitre 8).
■■ Le comply or explain
Le principe
Les codes de gouvernance trouvent leur origine en dehors des lois
et de la juridiction. Leur inspiration extra-juridique leur confère un
caractère non obligatoire et leur application est donc volontaire :
c’est la pression réelle et perçue de l’ensemble des acteurs du marché
économique et financier qui remplace le rôle d’un tribunal. Cette
pression va s’exprimer sur la base du principe anglo-saxon comply or
explain, « appliquer ou expliquer ».
Le principe comply or explain impose aux sociétés cotées qui se
réfèrent à un code de gouvernement d’entreprise (comply) d’expo-
ser en quoi et pourquoi elles ont choisi, le cas échéant, de déroger
(explain) à certaines de ces règles. À défaut de se référer à un code,
elles doivent également préciser les règles alternatives de bonne gou-
vernance qu’elles se sont imposées en sus des exigences légales. Cela
signifie que les entreprises ont parfaitement le droit de ne pas adop-
ter les meilleures pratiques de gouvernance présentées dans les codes
mais qu’elles doivent en expliquer les motivations.
L’intérêt
Le premier intérêt représenté par le comply or explain réside dans la
grande flexibilité qu’il apporte au déploiement de la gouvernance.
En effet, chaque société cotée étant différente, la possibilité leur
est laissée de s’écarter du code de référence. Mais les entreprises
sont alors tenues de respecter une obligation de transparence dans
l’information communiquée sur leurs pratiques de gouvernance.
Enfin, cette obligation de transparence et de communication incite
chaque année les entreprises à réfléchir aux modalités d’exercice de
© Groupe Eyrolles
La pratique
Ce principe de comply or explain, apparu dans le rapport Cadbury,
est aujourd’hui repris dans la plupart des directives européennes
relatives à la gouvernance. Les codes de bonne conduite auxquels
se réfèrent les sociétés françaises cotées sont aujourd’hui le code
Afep-Medef ou le code Middlenext. Le code Afep-Medef qualifie
le principe de comply or explain de « règle fondamentale » : « L’ex-
plication en cas de non-application d’une recommandation du code
doit être circonstanciée et adaptée à la situation particulière de la
société ; elle doit indiquer les mesures alternatives adoptées le cas
échéant. Les cas de non-application et les explications afférentes
doivent figurer dans une rubrique ou un tableau spécifique du rap-
port annuel. »
Depuis 2013, le Haut comité de gouvernement d’entreprise
(HCGE) vérifie l’application du code Afep-Medef sur les bonnes
pratiques des sociétés. En 2017, l’HCGE a envoyé une trentaine de
courriers pour signifier aux entreprises qu’elles ne respectaient pas le
code. Ainsi par exemple :
Il est reproché à un P-DG « d’outrepasser ses fonctions de président
du conseil de surveillance, en intervenant dans la gestion opération-
nelle du groupe – ce que le code Afep-Medef n’autorise qu’à condi-
tion que ce mode de fonctionnement soit explicitement motivé ».
• Ou bien, il est constaté un « manque de transparence eu égard à des
conflits d’intérêts chez des membres de son conseil d’administration ».
De manière concrète, les administrateurs, connaissant les codes de
© Groupe Eyrolles
■■ Le cadre légal
Comme nous l’avons souligné, les codes de meilleures pratiques de
gouvernance n’ont pas de portée juridique. Leur non-respect n’en-
traîne aucune sanction matérielle ou juridique, si ce n’est le risque
de mauvaise perception de la part de partenaires financier, ou d’une
détérioration de la notoriété et de la réputation de l’entreprise. Mais
les concepts et les idées développées dans ces codes ont fourni aux
législateurs la matière à différents textes de loi.
La loi Sarbanes-Oxley
Pour répondre aux scandales des années 2001 et 2002 (Enron,
© Groupe Eyrolles
gouvernance.
En partie inspirée de la loi américaine Sarbanes-Oxley et du rapport
Bouton, la loi de sécurité financière vise à accroître la responsabilité
La définition de la gouvernance 67
Proxinvest
Créée en 1995, Proxinvest est une société de conseil aux investis-
seurs sur leur politique d’engagement et d’exercice des droits de
vote. Chaque année, après consultation des investisseurs à l’au-
tomne, Proxinvest met à jour et diffuse en fin d’année ses recom-
mandations de politique de vote pour l’année suivante et les pré-
sente au régulateur et aux sociétés émettrices. Proxinvest
revendique de « travailler dans l’intérêt de long terme de tous les
actionnaires exclusivement » : la société refuse toute prestation
de conseil rémunérée pour quelque société cotée que ce soit.
Proxinvest a fondé Expert Corporate Governance Service
(ECGS) avec d’autres experts internationaux : ECGS définit et par-
tage des principes de gouvernance et de vote communs qui sont
ensuite ajustés aux spécificités de chaque pays.
■■ Le rapport Richard-Breeden :
la gouvernance en application
Il s’agit d’un cas unique d’application intégrale à l’entreprise d’un
rapport théorique sur la gouvernance.
Richard Breeden est un haut fonctionnaire américain qui dirigea la
SEC. En 2003, à la demande des autorités américaines, il prend la
présidence de l’ancien WorldCom après sa faillite : l’entreprise est
renommée MCI. Parallèlement, il rédige en mai 2003 un rapport de
156 pages sur la gouvernance d’entreprise, « Restoring Trust », en
mettant en avant 78 propositions très précises. Fait rarissime, toutes
© Groupe Eyrolles
SARL 1 780 107
SAS 138 953
SA 113 492
SNC 66 576
GIE 16 724
Total 3 498 408
Source : statistiques INPI, citation Alain Viandier, Droit des sociétés, 25e édition, 2012.
SA SARL SAS
conseil
Nomination/révocation décision
d’administra- statuts
des dirigeants des associés
tion
2/3 ou 50 %
Décisions collectives statuts
selon décisions
Importance de la gou-
***** * *****
vernance
1. Comme la SARL est peu concernée par la gouvernance, cette forme juridique ne sera plus abordée
dans la suite de l’ouvrage.
80 Qu’est-ce que la gouvernance ?
fonction sera fixée par les statuts, tout comme le processus de nomi-
nation ou la durée du mandat. Enfin, il n’existe pas de limitation au
nombre de mandats détenus par les dirigeants de SAS.
Les différentes formes de gouvernance 81
■■ La taille de l’entreprise
Les quatre catégories d’entreprise, telles que définies par le décret
n° 2008-1354, sont les suivantes :
• les micro-entreprises occupent moins de 10 personnes et ont un
chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan n’excédant pas 2 mil-
lions d’euros. Elles intègrent les auto-entrepreneurs ;
• les petites et moyennes entreprises (PME) occupent moins de
250 personnes et ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas
50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions
d’euros ;
• les entreprises de taille intermédiaire (ETI) n’appartiennent
pas à la catégorie des PME, occupent moins de 5 000 personnes et
ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1 500 millions d’eu-
ros ou un total de bilan n’excédant pas 2 000 millions d’euros ;
• les grandes entreprises sont les entreprises occupant au moins
5 000 personnes ou avec un CA supérieur à 1,5 milliard d’euros ou
un total de bilan supérieur à 2 milliards d’euros.
Le tableau ci-dessous présente leur nombre (il s’agit d’entreprises
définies par des critères économiques et non par l’appartenance à
une forme juridique).
Chiffre d’affaires
Catégorie d’entreprise Nombre
(en millions)
■■ La composition de l’actionnariat
La nature de l’actionnariat influence notablement la gouvernance
d’entreprise. Les problématiques relatives à des catégories d’entre-
prise sont très différentes selon qu’elles sont cotées en Bourse ; selon
que la structure de l’actionnariat est concentrée ou diluée ; selon
que les actionnaires sont des personnes physiques ou morales ; selon
qu’un fonds d’investissement est présent au capital ; selon que l’ac-
tionnariat est familial ou patrimonial.
■■ Gouvernance de la start-up
© Groupe Eyrolles
Un coût supplémentaire ?
La PME a plus de moyens que la start-up mais l’équilibre financier
reste fragile. Rémunérer deux ou trois administrateurs peut être
considéré comme une charge trop élevée pour l’entreprise.
Du temps perdu ?
La PME fonctionne de manière très réactive et privilégie un mode de
fonctionnement axé sur la décision plus que sur la réunion. Le temps
consacré à l’organisation, la préparation et la tenue de quatre à six réu-
nions annuelles va sembler être pour la PME du temps « inutile ».
Un regard étranger ?
Ce point est essentiellement valable pour les PME familiales (voir
chapitre 6). Le ou les administrateurs vont être perçus comme des
« corps étrangers », risquant de révéler des tensions familiales ou de
rompre l’équilibre des pouvoirs.
Un rôle de conseil
Un dirigeant fondateur d’une société de services est actionnaire
majoritaire. En forte croissance, il sent qu’il va être confronté à des
Les différentes formes de gouvernance 89
L’utilisation de process
Une entreprise de fabrication de pièces destinées à l’aéronautique
doit moderniser son outil de production. Le P-DG va utiliser le
conseil d’administration pour l’aider à construire un véritable dos-
sier d’investissement en utilisant une méthodologie appropriée.
© Groupe Eyrolles
Nombre
Entreprises selon capitalisation boursière
d’entreprises
CAC 40 40
Alternext 133
Total 1 071
Nombre moyen
14 12.4 8
d’administrateurs
Nombre de réunions
9 8,6 6,5
du conseil
Donateurs Dirigeants
Conseils
généraux
Salariés
Enfants
Conseil
d’administration
Justice
Bureau
Commissions
Adhérents
Les textes
Les statuts
Ce sont les textes régissant la vie associative et fixant les règles
internes et les obligations de chaque membre de l’association. Les
statuts constituent les textes de base sur lesquels se fonde le fonc-
tionnement de toute association (mode de sélection des administra-
teurs entre autres). Les statuts fixent également dans l’ensemble des
structures les attributions des présidents et les droits et devoirs de
l’ensemble des dirigeants de droit.
© Groupe Eyrolles
Le projet associatif
L’organisation définit de façon claire et précise ses valeurs de réfé-
rence et son projet associatif ou de fondation. Elle procède à son
Les différentes formes de gouvernance 105
Le règlement intérieur
Il fixe les règles de conduite et de collaboration de chacun et est voté
en assemblée générale.
Les instances
L’assemblée générale
C’est l’organe souverain de l’association. Cette instance entérine les
décisions prises dans les associations. Elle se réunit au moins une fois
par an en session ordinaire, mais elle peut se réunir aussi en session
extraordinaire si la situation de la structure l’exige. Elle est com-
posée de l’ensemble des adhérents à jour dans le paiement de leur
cotisation. Le président de l’association rend compte de l’ensemble
des actions de l’équipe dirigeante, répond de sa gestion et reçoit un
quitus pour son action.
Le conseil d’administration
C’est l’instance décisionnelle de l’association. Il veille au respect
des valeurs fondamentales définies dans le projet associatif. Il défi-
nit et arrête la stratégie. Il choisit les dirigeants. Il contrôle que la
mise en œuvre des programmes, actions et moyens est conforme aux
décisions prises. Il rend compte de l’utilisation des ressources qui lui
sont confiées. Il prend en compte les attentes et les contributions des
parties prenantes dans les besoins de l’organisation. Concernant son
fonctionnement, il applique les mêmes règles qu’un conseil d’admi-
nistration d’une entreprise : collégialité des décisions, engagement
© Groupe Eyrolles
Le bureau
Il représente l’organe opérationnel du conseil d’administration.
Composé a minima du président, du trésorier et du secrétaire, il met
en œuvre avec les dirigeants l’ensemble des décisions prises par le
conseil.
Le comité de direction
Animé par le directeur de l’association, il met en œuvre la stratégie
décidée par le conseil d’administration.
Bretagne
Norvège
Espagne
Grande-
Canada
France
Italie
USA
Échantillon 40 30 100 25 100 150 100 491
les pays ;
108 Qu’est-ce que la gouvernance ?
Middlenext
Outre ce rôle de surveillance, conformément à la loi, le conseil
d’administration, « lieu de décision et de contrôle, détermine les
Les missions prioritaires de la gouvernance 117
Tous les périmètres doivent donc être étudiés en amont ; les risques
financiers bien sûr, mais aussi humains, juridiques, environnemen-
taux, organisationnels…
120 À quoi sert la gouvernance ?
La suprématie de l’intuition
Il peut arriver que la direction générale mette en avant sa grande
connaissance de l’entreprise et sa force de persuasion pour faire valider
l’opportunité d’un choix stratégique uniquement sur son « intime
conviction », parfois résumée par un lapidaire « je le sens bien ! ». Il
appartiendra aux administrateurs de ne pas se contenter de cette intui-
tion mais d’essayer de la conforter par des arguments plus rationnels.
L’inadéquation ressources/objectifs
C’est un point crucial pour la mise en œuvre de la stratégie. Le
conseil s’assurera que l’entreprise dispose bien des ressources finan-
cières, mais surtout organisationnelles et humaines pour déployer
son plan stratégique.
Gouvernance
Gouvernance
Analyse
Analyseinterne
interne
rne
Mission
Mission Objectifs
Objectifs Choix
Choix Mise
Miseen
enœuvre
œuvre
Analyse
Analyseexterne
externe
erne
Suivi
S i i
Suivi
Analyse
Analyseinterne
interne Analyse
Analyseexterne
externe
Forces
Forcesetet Opportunités
Opportunités
faiblesses
faiblesses et
etmenaces
menaces
Choix
Choix
stratégiques
stratégiques
■■ Les objectifs
L’arrêté des comptes sociaux ou consolidés et la rédaction des rap-
ports de gestion relèvent de la compétence exclusive du conseil
126 À quoi sert la gouvernance ?
La politique financière
• Les projets d’investissement sont-ils bien autorisés par le conseil ?
• Quelle est la politique de couverture de change de l’entreprise ?
• Y a-t-il des changements de règles comptables ?
• Quels sont les cautions, garanties et autres engagements de la société ?
• Quelle est la situation d’éventuels covenants ?
• Comment les ratios de liquidité et de solvabilité évoluent-ils ?
■■ Les objectifs
Étant chargé de la détermination de la stratégie de la société ainsi
que de sa bonne mise en œuvre, le conseil d’administration a en
132 À quoi sert la gouvernance ?
concurrence, le marché.
134 À quoi sert la gouvernance ?
Objectifs SMART
Specific : objectifs précis et dédiés à un dirigeant.
Measurable : qu’ils soient quantitatifs ou qualitatifs.
Accepted : adhésion du dirigeant.
Realistic : objectifs ambitieux mais atteignables…
Time-bound : … et avec un horizon temps bien défini.
La taxe PDG ?
En décembre 2016, la ville de Portland a adopté une surtaxe de
10 % de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises cotées dont le
P-DG gagne plus de 100 fois le salaire médian de ses employés. La
surtaxe passe à 25 % si l’écart est supérieur à 250.
Source : Alternatives Économiques, janvier 2017.
© Groupe Eyrolles
Le say on pay
La pratique du say on pay consiste à procéder à un vote des
actionnaires en assemblée générale sur la rémunération des
dirigeants ; ce vote peut être contraignant ou simplement
consultatif. Instauré en 2002 au Royaume-Uni, le say on pay voit
ses partisans prôner l’exigence de transparence et un plus grand
contrôle des rémunérations afin d’éviter notamment les excès
manifestes. Dès 2013, le code Afep-Medef énonçait la possibi-
lité d’un vote « consultatif » de l’assemblée générale (AG) en
matière de rémunération des dirigeants, afin de transférer, le
cas échéant, cette attribution propre au conseil d’administra-
tion (CA). Cette autorégulation aurait pu fonctionner, si en
mai 2016, le président de Renault, Carlos Ghosn, s’était soumis
au refus de ses actionnaires (à 54,12 %) d’avaliser sa rémunéra-
tion annuelle (7,2 millions d’euros pour l’année 2015). Considé-
© Groupe Eyrolles
Gouvernance
• Définit un niveau de risque acceptable Comité d’audit
• S’assure de l’existence d’un dispositif • assiste
• S’assure que le risque est intégré à la stratégie • informe
• Peut se faire assister
Direction générale
• Construit la gestion des risques Audit interne
• Présente le dispositif à la gouvernance • évalue
• S’assure du test du dispositif • vérifie
• Diffuse l’approche des risques
Management
• Met en œuvre la gestion des risques
• Reporte à la direction générale Collaborateurs
• Teste le dispositif • agissent
• Diffuse l’approche des risques
La délégation systématique
L’approche risque est intégrée mais est reléguée par les dirigeants à
leurs équipes ou à des services spécialisés (audit ou risk manager).
De ce fait, la gestion des risques n’est pas considérée comme un sujet
intéressant le conseil d’administration et ne se retrouve jamais évo-
quée dans les débats du conseil.
© Groupe Eyrolles
Les missions prioritaires de la gouvernance 147
Fort
Vigilance Danger
Risque
de survenance
Acceptable Vigilance
Faible
• Disponible.
Les missions complémentaires 157
Indicateurs généraux
Priorités ressources humaines
• Nombre de salariés
• Renforcer le comité direction
• Répartition par catégorie
• Diminuer l’absentéisme
• Évolution des effectifs
• Développer l’évaluation
• Taux d’absentéisme
• Construire le plan de succession
• Départs significatifs
•…
•…
Le domaine économique
La gouvernance vérifiera d’abord que la RSE est bien intégrée dans
la politique de développement à long terme de l’entreprise. Il s’agira
ensuite pour les administrateurs de s’assurer de la conformité aux
lois et règlements, et de l’adéquation des comportements et des
© Groupe Eyrolles
Le domaine social
Les administrateurs s’assureront de la bonne valorisation des res-
sources humaines dans l’entreprise : climat social, conditions de travail,
principes d’égalité entre hommes et femmes, intégration des travail-
leurs handicapés, engagements en matière de formation, lutte contre la
discrimination, droits de l’homme, qualité du dialogue social…
Le domaine environnemental
L’engagement de l’entreprise pour la protection de l’environnement
devra être examiné par la gouvernance : risques de pollution, risques
sanitaires, lutte contre le changement climatique, politique de recyclage,
utilisation d’énergies alternatives, consommations d’énergie, contribu-
tion au développement local, questions relatives aux consommateurs…
Ne pas attendre !
Comme son nom l’indique, le développement durable s’inscrit
dans une perspective de moyen et long terme : plus tôt l’entreprise se
saisira de ces problématiques, plus elle anticipera les nouvelles régle-
mentations en matière d’environnement, plus le nécessaire coût
d’adaptation sera faible.
Donner l’exemple
La dimension éthique faisant partie intégrante de la RSE, il importe
que la gouvernance se comporte de manière exemplaire ; de cette
façon, elle accélérera la prise en compte de la RSE dans la démarche
de l’entreprise. L’examen des critères et du niveau de rémunération
des dirigeants sera également apprécié.
Gouvernance et éthique :
les bonnes pratiques
La gouvernance a un rôle important à jouer dans la démarche
éthique de l’entreprise. Voici les bonnes pratiques à suivre en la
© Groupe Eyrolles
matière :
• The top set the tone, c’est-à-dire que les dirigeants et le
conseil doivent donner l’exemple (qualités éthiques des
Les missions complémentaires 171
La communication
avec les parties prenantes
■■ Les objectifs
La communication avec les actionnaires constitue évidemment
la première tâche des administrateurs afin de s’assurer que la
société entretient avec les actionnaires un dialogue permanent.
La gouvernance va veiller à la qualité de l’information fournie aux
actionnaires : disposent-ils bien de l’ensemble des informations
significatives et nécessaires, de nature financière et non financière ?
Le conseil va déterminer la politique de communication financière
et élaborer avec le management les messages délivrés aux action-
naires et aux marchés financiers.
© Groupe Eyrolles
L’évolution de la communication
des entreprises cotées
Les codes de gouvernance précisent que chaque entreprise doit
avoir une politique très rigoureuse de communication avec les
analystes et le marché, soit par la diffusion de communiqués,
soit par des réunions avec les analystes et les actionnaires. Les
communications peuvent concerner des sujets variés comme les
travaux de l’audit interne, la gestion des risques, la stratégie de
développement ou l’affectation du résultat. Il est nécessaire que
le conseil s’assure de la transparence de l’information et de
l’égalité de traitement des actionnaires.
Les actionnaires et les investisseurs peuvent avoir accès aux
© Groupe Eyrolles
La détérioration de la communication
La raréfaction des réunions du conseil comme la non-participation
d’administrateurs ou l’agressivité lors des échanges éveilleront la
© Groupe Eyrolles
avant ;
• le numérique est loin d’être la priorité du dirigeant (génération,
intérêt).
178 À quoi sert la gouvernance ?
Développer l’anticipation
Éviter de se laisser surprendre par les évolutions des marchés, savoir
adapter l’entreprise aux mutations de l’environnement, sont des
Les missions complémentaires 181
Pratiquer le benchmarking
Les dirigeants sont parfois réticents à se comparer à d’autres entre-
prises similaires. La pratique du benchmarking contribuera à éclai-
rer les dirigeants sur leurs choix stratégiques en les rassurant ou en
leur montrant l’existence d’autres scénarios possibles.
© Groupe Eyrolles
182 À quoi sert la gouvernance ?
Le directeur général est « investi des pouvoirs les plus étendus pour
agir en toutes circonstances au nom de la société » (article L. 225-
35). Les statuts et le conseil peuvent cependant limiter les pouvoirs
du directeur général sans pouvoir toutefois le priver de son pouvoir
général de direction de la société, notamment vis-à-vis des tiers.
Le directeur général délégué dispose des pouvoirs que le conseil
d’administration lui attribue.
sieurs manières :
réalité plus large que celle des entreprises familiales. Alors que les
dirigeants des premières sont des personnes physiques sans liens
familiaux, les dirigeants des secondes sont nécessairement unis par
des liens de parenté et sont le plus souvent les descendants du fonda-
teur de l’entreprise.
Les entreprises familiales sont souvent des entreprises de la deu-
xième génération et au-delà :
Quelles spécificités ?
En termes de taille, il faut éviter le raccourci « entreprise familiale
équivaut à PME ». Si de nombreuses sociétés familiales sont des
PME, l’inverse n’est pas vrai : toutes les PME ne sont pas familiales.
Et près de 60 % des 500 plus grandes firmes industrielles à capital
français sont familiales : sur les 100 premières entreprises françaises,
en termes de chiffre d’affaires, tous secteurs d’activité confondus,
26 revêtent un caractère familial (ASMEP, 2000). Qu’elles soient
petites, moyennes ou grandes, ces entreprises familiales repré-
sentent plus des deux tiers de l’ensemble des entreprises des pays
occidentaux : 75 % des entreprises seraient familiales au Royaume-
Uni, 80 % en Allemagne et en Espagne, 85-90 % en Suisse et 99 % en
Italie. La forme de contrôle la plus répandue dans le monde n’est pas
celle des banques, des fonds d’investissement, des fonds de pensions
ou d’autres entreprises, mais la famille !
Soulignons les traits caractéristiques de ces entreprises familiales à
partir de l’étude ci-après publiée par KPMG.
1. Alain Bloch, Nicolas Kachaner et Sophie Mignon, La Stratégie du propriétaire, Pearson, collection
Village Mondial, 2012.
Les situations particulières 193
■■ L’organisation de la gouvernance
Gouvernance et entreprise familiale, quel intérêt ?
Les entreprises familiales ont parfois tendance à considérer que les
principes du gouvernement d’entreprise ne les concernent pas vrai-
ment. Au-delà des raisons déjà évoquées dans le chapitre 3 concer-
nant les réticences des PME, il existe une raison liée à la structure
même du capital.
Si l’on pense que la gouvernance porte avant tout sur le règlement des
divergences d’intérêt entre dirigeants et actionnaires des entreprises, si
l’on estime que ces deux groupes agissent de manière opposée, qu’en
est-il lorsqu’il y a identité entre le propriétaire et le dirigeant ? Ne
peut-on pas en conclure que la gouvernance n’est alors pas inutile ou
moins utile ? Et si, dans le cas où il existe des actionnaires minoritaires,
l’objectif de la gouvernance est de contraindre les dirigeants et de
contrôler les actionnaires, alors l’entreprise familiale l’acceptera-t-elle ?
La réponse est sans ambiguïté : oui, la gouvernance a toute sa place
dans l’entreprise familiale. Mais une gouvernance adaptée plutôt
que plaquée, choisie plus qu’imposée, souple plus que régle-
mentaire. Une entreprise qu’elle soit familiale ou pas, a des défis
similaires à relever ; elle va aborder les mêmes thématiques, va être
confrontée aux mêmes difficultés. Elle va chercher la meilleure effi-
cacité dans l’utilisation des ressources pour maximiser la création de
valeur de l’ensemble des parties prenantes en s’inscrivant dans une
© Groupe Eyrolles
Et n’oublions pas que les tensions familiales ont des incidences sur
la gestion opérationnelle de l’entreprise, pouvant entraîner un ralen-
tissement des prises de décisions, une détérioration du climat social,
la baisse de motivation des salariés, voire un blocage de l’entreprise ;
le chef d’entreprise avisé y verra un avantage supplémentaire à la mise
en place de la gouvernance. Enfin, demeure l’un des principaux défis
auxquels se trouvent confrontées les entreprises familiales : la trans-
mission (voir ci-après la section « La transmission, un vrai défi »).
La gouvernance va permettre de traiter le cœur de ces questions. Les
entreprises familiales en ont besoin à la fois pour améliorer la gestion
de l’organisation et pour atteindre un meilleur équilibre familial. Et
c’est en faisant de la gouvernance une affaire de famille qu’elles y
parviendront !
débats.
• Un événement imprévu ou exceptionnel : rachat, difficultés
financières, important projet stratégique…
Les situations particulières 195
Le conseil d’avis
À l’initiative de la direction de l’entreprise, un conseil d’avis peut
être mis en place. Il aura pour mission de fournir des conseils
concernant la gestion de l’entreprise. Aucune décision n’est
prise au sein du conseil d’avis ; il peut tout au plus formuler des
recommandations. L’établissement du conseil d’avis offre
l’avantage :
• de fournir à l’entrepreneur une caisse de résonance ;
• d’accorder une attention plus systématique à la vision à long
terme et à la stratégie de l’entreprise ;
• d’encourager la transparence et la continuité de la prise de
décision ;
• de veiller à conserver un équilibre entre l’intérêt de l’entre-
prise et l’intérêt de l’entrepreneur, de sa famille et des autres
actionnaires.
Le conseil d’avis constitue une cellule de réflexion au sein de
laquelle les principaux défis de l’entreprise sont abordés.
L’attention se porte essentiellement sur la discussion de la stra-
tégie.
Source : Code Buysse III, « Recommandations à l’attention
des entreprises non cotées en Bourse ».
Patrimoine
Droit de Valorisation
succession/mutation Négociation
Gouvernance
Gouvernance Montage juridique
ISF
… …
Enjeux humains
Pouvoir
Experts
Expertsfiscaux
fiscauxet
et Aspirations Experts
Expertsfinanciers
financiers
juridiques
juridiques Rôle social et
etjuridiques
juridiques
…
Experts
ExpertsRH
RHet
etcoach
coach
••Moyens
Moyensfinanciers
financierssupplémentaires
supplémentaires
••Respect
Respectdes
desvaleurs
valeursde
del’entreprise
l’entreprise
••Perspectives
Perspectivesde
dedéveloppement
développement
••Pérennité
Pérennitéde
del’entreprise
l’entreprise
Engagements de confidentialité
ACTIONNAIRES
ACTIONNAIRES EXTERNE
EXTERNE
••Communication
Communication ••Préparation
Préparationdes
desdocuments
documents
••Valorisation
Valorisation ••Valorisation
Valorisation
••Identification
Identificationdes
desdirigeants
dirigeants ••Négociation
Négociationdu duprix
prixet
etautres
autresclauses
clauses
••Situation
Situationjuridique
juridiqueet
etfiscale
fiscale ••Garanties
Garantiesactif/passif
actif/passif
© Groupe Eyrolles
La problématique de la succession
du dirigeant
■■ Un sujet ponctuel mais délicat
Un paradoxe : primordial et peu traité
Le choix d’un nouveau dirigeant est l’une des plus importantes
responsabilités de la gouvernance ; c’est notamment par ce choix
qu’elle peut influencer l’évolution d’une organisation de la façon la
plus directe et la plus marquée. Contrairement au sujet précédent
de la transmission, il s’applique à toutes les entreprises, quel que
soit leur actionnariat. Et même si cet événement est ponctuel, il est
bien rare qu’un administrateur ne se trouve pas confronté à un jour
à cette problématique ; la plupart d’entre eux vivront au moins un
changement de dirigeant pendant leur mandat. Or, si la question
de la succession du dirigeant est jugée essentielle par l’ensemble des
acteurs de la gouvernance, une enquête réalisée par l’IFA1 auprès de
1 183 administrateurs montre une situation bien différente :
• pour 67 % de l’échantillon, la succession est essentielle ;
• seulement 21 % abordent le sujet une fois par an ;
• 38 % estiment que le sujet n’est jamais abordé par le conseil ;
• 65 % n’ont pas de processus formalisé de remplacement.
D’autres études indiquent que moins de 50 % des organisations pla-
nifient activement la succession. Il n’est donc pas étonnant qu’une
grande majorité d’administrateurs estiment que leur participation
au processus de planification de la relève du dirigeant n’est pas opti-
male, et que peu d’entre eux se disent satisfaits de leur niveau de par-
ticipation à la formation de candidats internes pour des postes de
dirigeants.
© Groupe Eyrolles
Planifier l’émotionnel ?
Il est frappant de constater que la plupart des entreprises jugent
important de traiter le sujet de la succession, essayent d’organiser
des plans de relève de cadres clés, encouragent la constitution d’une
pépinière de hauts potentiels mais que cette mécanique bien huilée
se grippe souvent lorsque l’on passe à l’étage ultime, la désignation
du « chef »1. Plusieurs facteurs expliquent cette situation :
• Le besoin de succession peut survenir brutalement suite à un évé-
nement (maladie ou décès, démission suite à un départ à la concur-
rence, publication de résultats décevants, chute du cours de Bourse,
scandale, etc.) qui va remettre en cause le processus de planification
de la succession.
• L’identification des talents, tâche pour laquelle le conseil est sou-
vent partie prenante, est moins délicate et moins impliquante que le
remplacement du dirigeant. Dans un cas, on met en place un sys-
tème permettant le suivi d’une population dans l’autre, il s’agit d’un
seul individu.
• Les dimensions émotionnelles et politiques perturbent inévita-
blement le processus de désignation du successeur.
• Le dirigeant actuel est totalement concerné par le choix de son
successeur, rendant difficile une approche dénuée d’influences
affectives.
Impliquer le dirigeant
La réussite d’un processus de succession passe souvent par l’engage-
ment marqué du dirigeant en place. Le conseil veillera à lui donner
des objectifs clairs en la matière, objectifs intégrés dans l’évaluation
de ses performances. Le plan de succession et ses modalités seront
préparés avec lui ; s’il ne peut être décisionnaire, le dirigeant assurera
néanmoins le pilotage opérationnel de la phase de succession.
La gestion de crise
Si la gestion des risques (voir chapitre 4) doit permettre de limiter au
maximum leur probabilité de survenance, l’entreprise sera malgré tout
confrontée à un moment de son histoire à des événements imprévus
pouvant nuire à sa notoriété, son fonctionnement, son développement
ou même sa pérennité. La gouvernance d’une entreprise peut alors être
brutalement mise à l’épreuve dans ces circonstances de situation de
crise. Il importe donc qu’elle sache reconnaître ces moments et qu’elle
soit capable, avec le management, d’y faire face pour en minimiser les
effets. Si la gouvernance joue efficacement son rôle, les actionnaires
et autres parties prenantes auront non seulement l’assurance que la
société saura faire face à des circonstances extraordinaires, mais éga-
lement que ce genre d’événement sera vraisemblablement évité, ou, à
tout le moins, que ses conséquences seront réduites au minimum.
tuel de l’organisation ;
• elle est imprévisible, provenant de multiples sources (un tsunami
pour Fukushima, un acte terroriste, une cyber attaque) ;
214 À quoi sert la gouvernance ?
■■ Être informé
© Groupe Eyrolles
pas négliger.
Les situations particulières 223
La fonction d’administrateur
■■ La capacité de l’administrateur
La capacité d’une personne à être acteur de la gouvernance (membre
d’un conseil de surveillance ou d’administration) implique que
soient abordés plusieurs points.
La compétence
Juridiquement parlant, il n’existe aujourd’hui aucune obligation
de prouver son aptitude professionnelle ; l’obtention d’un diplôme
© Groupe Eyrolles
La capacité juridique
Aucune disposition spécifique n’est prévue dans le droit des sociétés :
ce sont les dispositions de droit commun en matière civile qui s’ap-
pliquent, notamment concernant les mineurs qui ne peuvent exercer
de fonctions d’administrateurs, sauf s’ils sont mineurs émancipés.
Les incompatibilités
L’exercice de certaines activités professionnelles ou la détention de
certains mandats électifs sont parfois incompatibles avec la fonction
d’administrateur.
Personne morale ?
Une personne morale peut être nommée administrateur (mais ni pré-
sident, ni directeur général, ni directeur général délégué, ni membre
du directoire) d’une société anonyme. Cette personne morale doit
simplement désigner un représentant permanent. Le « représentant
permanent » ainsi désigné est soumis aux mêmes conditions et obli-
gations et encourt les mêmes responsabilités civile et pénale que s’il
était administrateur en son nom propre, sans préjudice de la respon-
sabilité solidaire de la personne morale qu’il représente.
Salarié ?
Le membre d’un conseil d’administration, personne physique,
ne peut simultanément disposer d’un statut de salarié, sauf si son
contrat de travail est antérieur à son mandat. Ce n’est pas le cas pour
un membre du conseil de surveillance qui peut être titulaire d’un
contrat de travail. Les recommandations Afep-Medef préconisent,
pour les sociétés cotées, l’interdiction du cumul d’un contrat de tra-
© Groupe Eyrolles
Le nombre de membres
La loi fixe un nombre compris entre un minimum de trois adminis-
trateurs et un maximum de dix-huit. Ce nombre peut être excep-
tionnellement dépassé (porté à vingt-quatre), pendant un délai de
trois ans, dans le seul cas de fusion de sociétés. Ce sont les statuts de
l’entreprise qui détermineront le nombre exact, qui peut être soit un
chiffre précis, soit une fourchette (ce que nous recommandons car il
laisse une plus grande souplesse). Il convient également de préciser
que les administrateurs salariés ne sont pas pris en compte dans le
calcul de ces plafonds.
La qualité d’actionnaire
L’obligation légale de détention d’actions pour exercer un mandat
d’administrateur a été supprimée depuis la loi du 4 août 2008. Elle
peut cependant être reprise dans les statuts de la société qui souhaite
que l’administrateur s’engage personnellement. Il devra, dans ce cas,
acquérir des actions dans un délai de trois mois (dans le cas contraire
il sera réputé démissionnaire d’office), et pourra le faire en souscri-
vant un prêt à la consommation. Le code Afep-Medef recommande
à tout administrateur d’être actionnaire de la société : « L’admi-
nistrateur doit être actionnaire à titre personnel et, en application
des dispositions des statuts ou du règlement intérieur, posséder un
nombre minimal d’actions, significatif au regard des jetons de pré-
sence alloués. À défaut de détenir ces actions lors de son entrée en
fonction, il utilise ses jetons de présence à leur acquisition. »
La durée du mandat
Pour les membres de conseil d’administration et de surveillance,
la loi fixe une durée maximale de six ans ; toute nomination pour
une durée supérieure est nulle. Sous réserve du respect de cette obli-
gation légale, la durée des fonctions est laissée à l’appréciation des
actionnaires et sera déterminée dans les statuts ; elle doit être iden-
tique pour tous les administrateurs. Pour le code Afep-Medef, la
© Groupe Eyrolles
durée statutaire des mandats devrait être limitée à quatre ans. Pour le
code Middlenext, il convient d’adapter la durée statutaire des man-
dats des membres du conseil aux spécificités de l’entreprise.
232 Comment exercer la gouvernance ?
Le renouvellement du mandat
Les mandats sont renouvelables, sauf disposition contraire prévue
dans les statuts qui peuvent les interdire, les limiter ou prévoir une
procédure de renouvellement par roulement.
La limite d’âge
La loi prévoit qu’à défaut de disposition expresse prévue dans les
statuts, le nombre d’administrateurs ayant dépassé 70 ans ne peut
être supérieur au tiers des membres en fonction. En dehors de ce
principe, ce sont les statuts qui préciseront la limite d’âge maximale.
disposition doit se mettre en règle dans les trois mois, sous peine de
démission d’office. Deux exceptions sont prévues par la loi :
• l’une concernant les mandats d’administrateur exercés dans les
sociétés contrôlées (seul le mandat exercé dans la société mère est
comptabilisé) ;
• l’autre concernant les mandats exercés dans les sociétés sœurs non
cotées (les mandats exercés dans des sociétés non cotées contrôlées
par une même société, dans laquelle la personne en question n’est
pas administrateur, sont décomptés par un seul mandat à condition
que les mandats exercés à ce titre n’excèdent pas le nombre de cinq).
Exemples de détournements
–– Le « faux » administrateur : ne fait pas partie du conseil, il est
invité pour intervenir sur un sujet précis mais devient en fait un
invité permanent.
–– Le vrai cumulard : membre de cinq conseils en France, il rajoute
quelques mandats de sociétés étrangères, d’autres dans des
sociétés contrôlées et intervient en plus dans des Advisory Boards
non concernés par la loi sur le cumul.
■■ La nomination
Les administrateurs et membres de conseil de surveillance sont choi-
sis par l’assemblée des actionnaires, sauf lors de la constitution de la
société où ils sont désignés dans les statuts (excepté du cas d’appel
public à l’épargne qui donne cette prérogative à l’assemblée consti-
tutive).
Dans la pratique, c’est l’assemblée générale ordinaire qui procède à leur
nomination en respectant des règles de procédure visant à assurer la
bonne information des actionnaires. La question doit avoir été inscrite
à l’ordre du jour et certaines informations doivent être communiquées
préalablement (état civil, références professionnelles…). Soulignons
qu’un actionnaire peut présenter spontanément sa candidature.
Dans le cas où l’administrateur a été coopté par le conseil, seule l’as-
semblée générale pourra procéder à la ratification du mandat ; le
membre coopté n’exercera auparavant qu’à titre provisoire.
L’administrateur référent
Depuis 2009, certaines sociétés ont créé une fonction nouvelle
d’administrateur référent dont les fonctions et les pouvoirs sont
précisés dans le règlement intérieur du conseil. Cette pratique est
issue du monde anglo-saxon où beaucoup de sociétés britanniques
ont nommé un administrateur référent (dénommé Senior Non-
Executive Director ou Senior Independent Director). Il a essentielle-
ment pour tâche d’assister et de conseiller le président, de faciliter
la communication entre le président, les administrateurs, les action-
naires et les autres parties prenantes.
Les quorums
Le conseil ne peut délibérer valablement que si la moitié au moins de
ses membres est présente ; il n’est pas tenu compte pour le calcul du
© Groupe Eyrolles
Du fait de l’administrateur
La cessation des fonctions peut provenir de :
• la situation personnelle : décès, maladie, handicap, limite d’âge…
• l’incapacité juridique (voir l’accès aux fonctions ci-avant) ;
• la démission.
Nous recommandons que, en cas de démission, l’administrateur
envoie un courrier motivé en explicitant clairement les raisons (voir
chapitre 8, la section « Savoir quitter un conseil »). Il est également
possible à une société d’inclure des dispositions relatives aux moda-
lités de démission (délai de préavis, motivation…) dans ses statuts.
Du fait de la société
Certains événements affectant la société peuvent supprimer auto-
matiquement la fonction : dissolution, transformation, fusion…
Même si la situation se présente plus rarement, les administrateurs
peuvent faire l’objet d’une révocation. Selon la loi, « les administra-
teurs ou les membres du conseil de surveillance peuvent être révoqués
à tout moment par l’assemblée générale ordinaire ». Concernant le
président du conseil d’administration, la loi précise que « le conseil
d’administration peut le révoquer à tout moment ». Ce droit de
révocation s’exerce de manière absolue, sans motif, sans préavis et
© Groupe Eyrolles
Le droit de vote
C’est l’expression essentielle du pouvoir ultime de l’administrateur !
Généralement non secret, pour une éventuelle reconnaissance de la
responsabilité, le vote peut être délégué à un autre administrateur.
Il est à noter qu’aujourd’hui, le règlement intérieur peut également
prévoir la participation d’un administrateur utilisant des moyens
de télécommunication (téléphone, visioconférence). Les décisions
sont prises à la majorité, sauf dispositions contraires précisées dans
les statuts (SAS notamment).
© Groupe Eyrolles
Le droit à l’information
La loi prévoit que « le président ou directeur général de la société est
tenu de communiquer à chaque administrateur tous les documents
238 Comment exercer la gouvernance ?
Le droit à l’expression
En cas de divergence de fond, l’administrateur a la possibilité d’en
informer les actionnaires lors de l’assemblée générale ; ce droit
semble plus théorique que réellement pratique.
La confidentialité
L’administrateur est tenu à une stricte obligation tant sur la confi-
dentialité des documents que sur la nécessaire discrétion quant aux
réunions : « Les administrateurs, ainsi que toute personne appelée
à assister aux réunions du conseil d’administration, sont tenus à la
discrétion à l’égard des informations présentant un caractère confi-
dentiel et données comme telles par le président du conseil d’admi-
© Groupe Eyrolles
1. Maurice Cozian, Alain Viandier, Florence Deboissy, Droit des sociétés, Lexis Nexis, 30e édition, 2017.
240 Comment exercer la gouvernance ?
L’information
L’administrateur a l’obligation de s’assurer qu’il détient toute l’infor-
mation nécessaire à l’exercice de son mandat en s’informant sur l’en-
treprise, les marchés et l’ensemble des points mis à l’ordre du jour. Il
doit, chaque fois que nécessaire, réclamer au président, dans des délais
appropriés, les informations indispensables à une intervention utile.
L’obligation de diligence
Les deux codes de gouvernement d’entreprise, Afep-Medef et
Middlenext, formulent des recommandations comparables en la
matière en soulignant la nécessité de prendre connaissance des obli-
gations résultant du mandat avant de l’accepter, de s’informer sur les
sujets évoqués lors des réunions, de consacrer à ses fonctions le temps
et l’attention nécessaires, d’être assidu et de participer à toutes les
réunions du conseil, d’assister aux réunions de l’assemblée générale.
L’obligation de loyauté
Voir la section sur les conflits d’intérêts dans le chapitre 8.
L’obligation de révélation
Afin de permettre au conseil ou au directoire, selon le cas, de délivrer
une information de qualité aux actionnaires ainsi qu’aux marchés,
© Groupe Eyrolles
exercés dans toute société et au titre des cinq dernières années, tout
mandat exercé en dehors du groupe contrôlé par la société, toute
condamnation pour fraude…
La responsabilité de l’administrateur
Sujet généralement encore assez mal connu, la responsabilité des
administrateurs doit constituer pour ces derniers un véritable point
de vigilance. Sa complexité provient notamment de la distinction
à opérer entre responsabilité civile et responsabilité pénale ; elle est
accrue par le fait que le jugement porté sur l’opération intervient par
hypothèse après coup, et la tentation est grande pour le juge de voir
dans le seul caractère malheureux de l’opération la faute du dirigeant
et de sous-estimer la part de l’aléa dans la gestion des entreprises.
© Groupe Eyrolles
S’ils agissent à titre individuel, autrement dit pour leur seul profit,
les actionnaires devront prouver qu’ils ont subi un préjudice per-
sonnel : par exemple s’ils ont acquis des titres d’une société sur la
base de fausses informations diffusées par les dirigeants. Ils peuvent
également agir au nom de la société et réclamer à sa place et pour son
compte le préjudice subi par elle, par exemple en cas de détourne-
ment.
L’action peut aussi être engagée par un tiers mais il convient que la
faute soit séparable de l’exercice de ses fonctions, c’est-à-dire inten-
tionnelle et d’une gravité particulière incompatible avec l’exercice
normal des fonctions sociales.
Enfin, la société, via ses représentants légaux, peut également inten-
ter une action.
nelle !
Petit mémento juridique 255
■■ La responsabilité pénale
Principalement répressive, la responsabilité pénale se distingue de la
responsabilité civile qui vise à réparer le dommage subi : elle repose
sur l’existence d’un élément légal (nécessité d’un texte), d’un élé-
ment matériel et de la volonté de l’auteur. Les infractions suscep-
tibles de mettre en cause la responsabilité pénale de l’administrateur
sont nombreuses :
• Infractions de droit commun : escroquerie, faux…
• Infractions du droit de l’entreprise : facturation irrégulière, publi-
cité mensongère, travail dissimulé, délit d’entrave au fonctionne-
ment du comité d’entreprise…
© Groupe Eyrolles
Quelques exemples
–– Existence de comptes courants débiteurs des dirigeants.
–– Poursuite abusive d’une exploitation déficitaire.
–– Non-paiement des impôts.
–– Rémunération excessive.
–– Absence de désignation d’un commissaire aux comptes.
–– Diversification téméraire.
–– Recours excessif au crédit.
–– Absence de fonds propres suffisants.
La banqueroute
La condamnation pour banqueroute est une sanction pénale qui
n’est possible que si a été ouverte une procédure de redressement ou
de liquidation judiciaire et la mauvaise foi de l’auteur prouvée. Sont
constitutifs de la banqueroute :
• le recours à certains moyens tendant à retarder la procédure col-
lective ;
• le détournement ou la dissimulation d’actifs ;
• l’augmentation frauduleuse du passif ;
• les délits relatifs à la tenue de comptabilité.
Synthèse juridique
et recommandations pratiques
■■ Le résumé des attributions légales
Nous avons regroupé dans les tableaux suivants les principales
attributions des deux organes de gouvernance, le conseil d’admi-
nistration et le conseil de surveillance. Ces attributions sont une
synthèse de ce qui est prévu par la loi et par les codes de gouvernance
Afep-Medef et Middlenext.
© Groupe Eyrolles
Petit mémento juridique 259
contraires)
Président
• rend compte à l’AG (travaux, contrôle interne, parité…)
du conseil
• s’assure que les administrateurs peuvent remplir leur mission
• préside l’AG
Petit mémento juridique 261
• maximum six ans
Durée mandat
• recommandations codes Afep-Medef (quatre ans) et Middlenext
consacre son activité à des travaux portant sur les grandes options
stratégiques, les choix de dirigeants et autres missions décrites dans
les chapitres 4, 5 et 6.
262 Comment exercer la gouvernance ?
S’exprimer
Comme le précise le Code de commerce, « le conseil d’administra-
tion procède aux contrôles et vérifications qu’il juge opportuns. Le
président ou le directeur général de la société est tenu de communi-
quer à chaque administrateur tous les documents et informations
nécessaires à l’accomplissement de sa mission ». Les tribunaux
considèrent que chaque membre du conseil d’administration com-
met une faute individuelle s’il participe à la prise de décision fautive
de l’organe de gestion, sauf à démontrer qu’il s’est opposé à cette
décision ; il ne peut en tout cas pas se prévaloir de ne pas avoir été
informé pour s’exonérer de sa responsabilité. Soulignons qu’il n’est
normalement pas possible au président d’opposer la confidentialité
à un administrateur…
Nous recommandons donc à l’administrateur de :
• réclamer toute information pertinente avant la séance ;
• demander d’autres informations lors de la réunion du conseil ;
• surseoir à une décision si l’information est insuffisante ;
• faire constater au procès-verbal les difficultés d’accès à l’information.
Dans le cas où l’administrateur est en désaccord, il a tout intérêt à
© Groupe Eyrolles
S’assurer
Si le risque pénal n’est pas assurable, l’entreprise dispose habituelle-
ment d’un contrat d’assurance couvrant sa responsabilité civile, mais
celui-ci ne couvre pas automatiquement la responsabilité person-
nelle des dirigeants. Aussi, dans la majorité des sociétés, un contrat
spécifique d’assurance est conclu : la responsabilité civile des man-
dataires sociaux (RCMS) ou « Directors and Officers » (D&O), qui
les couvre en cas d’actions intentées à leur encontre au titre de leurs
fonctions, et garantit leur patrimoine personnel. Il s’agit d’une assu-
rance collective, souscrite par l’entreprise pour tous les dirigeants (et
éventuellement pour elle-même), la prime étant payée globalement.
L’étendue de la couverture varie naturellement de police à police.
Son coût est supporté par la société.
Il est opportun de vérifier ce point avant d’accepter les fonctions
d’administrateur : s’assurer de l’existence d’un contrat d’assurance,
en connaître les principales caractéristiques (étendue de la garan-
tie, exclusions, etc.), ainsi que les modalités (initiative et délais de la
notification à l’assureur, choix de l’avocat, etc.).
© Groupe Eyrolles
264 Comment exercer la gouvernance ?
© Groupe Eyrolles
Chapitre 8
La gouvernance au quotidien
« Deux excès : exclure la raison, n’admettre que la raison. »
Blaise Pascal
Une fois les missions de la gouvernance définies et son cadre juri-
dique clarifié, il convient de la faire fonctionner de la manière la
plus efficace possible : des règles de bon sens, des méthodes simples,
des outils appropriés et surtout un administrateur pratiquant une
gouvernance adaptée au contexte de l’entreprise avec rigueur, enga-
gement, courage et intelligence permettront d’atteindre l’objectif
d’une bonne gouvernance : créer de la valeur. C’est ce que nous
allons voir dans ce chapitre.
Société
Sociétéanonyme
anonyme(SA)
(SA) SAS
SAS
Choix
Choix11entre
entre:: Choix
Choixlibre
libre::
Conseil
Conseil Conseil
Conseildedesurveillance
surveillance ••Conseil
Conseild’administration
d’administration
d’administration
d’administration:: et
etdirectoire
directoire:: ••Conseil
Conseilde
desurveillance
surveillance
structure
structure««moniste
moniste»» structure
structure««dualiste
dualiste»» et
etdirectoire
directoire
••Comité
Comitéstratégique
stratégique
••Autre
Autrepossibilité
possibilité
Choix
Choix22entre
entre::
Dissociation
Dissociationfonctions
fonctions Cumul
Cumulfonctions
fonctions
entre
entreprésident
présidentet
etDG
DG entre
entreprésident
présidentet
etDG
DG
1. SBF 120 Baromètre IFA – Ethics & Boards de la composition des Conseils Post-AG 2017, op.cit.
La gouvernance au quotidien 269
12 %
31 %
Moniste sans dissociation
Moniste avec dissociation
57 %
Dualiste
Dans tous les cas, il faudra cependant veiller à bien expliquer les
motivations du choix fait par l’entreprise.
■■ Formaliser la gouvernance
Quelle que soit la nature des organes de gouvernance, il est néces-
saire de prévoir un minimum de formalisation pour qu’elle puisse
travailler dans un cadre clair. Là encore, ce degré de formalisation
dépendra de la taille et de la maturité de la gouvernance dans l’entre-
prise comme le montre le tableau suivant.
• Charte de déontologie
• Charte éthique
• Rapport sur la gouvernance
• Secrétariat plein-temps
La gouvernance au quotidien 273
dirigeant…
Nous recommandons néanmoins de veiller à privilégier les règles
pratiques suivantes.
276 Comment exercer la gouvernance ?
Président/comité Cahier
Cahierdes
descharges
charges
nominations/cabinet du
duprofil
profildu
dufutur
futur
recrutement administrateur
administrateur
Recherche
Recherche Associations/cabinet
de
decandidats
candidatspotentiels
potentiels recrutement/réseau
Comité/cabinet
Sélection
Sélection
recrutement/adminis-
d’une
d’uneshort-list
short-list
trateur en charge
Rencontre
Rencontrepar
parprésident
président Président/comité
du
duconseil
conseilet
etautres
autres nominations/adminis-
administrateurs
administrateurs trateurs
Choix,
Choix,annonce,
annonce,
Président
intégration
intégration
« Administrateur utile »
Compétences Comportements
© Groupe Eyrolles
Moyens
3 et 4
mis à disposition
Contribution
5 et 6
administrateur
Responsabilité
7 et 8
et cadre pratique
■■ Rémunérer et intégrer
0
CAC 40 SBF 120 Midcaps
Sources : Compilation Board Index de Spencer Stuart 2017, Ethics & Boards 2017.
Exemple de rémunération
Une entreprise de 300 millions de CA a fixé à six le nombre de
réunions de conseil et le comité d’audit se réunira trois fois par an :
le montant de jetons de présence s’élève à 26 000 euros pour le
président du comité d’audit.
© Groupe Eyrolles
Bouygues 10 415
■■ L’administrateur indépendant
Les organes de gouvernance étaient traditionnellement unique-
ment composés des représentants des actionnaires.
« board » et au management.
1. « What makes an exceptional chairman ? », Research Report by Alvarez & Marsal, 2012.
292 Comment exercer la gouvernance ?
••Qualité
Qualitéde
del’information
l’information
••Organisation
Organisationdu
dutravail
travail
Sujets complexes Temps limité
1. Pour cela, s’appuyer sur les points pratiques développés dans les chapitres 4, 5 et 6.
294 Comment exercer la gouvernance ?
Pendant
• La durée des réunions doit être suffisante pour que les thèmes
importants soient abordés sereinement.
La gouvernance au quotidien 295
La loi laisse une grande latitude aux sociétés pour déterminer les
règles relatives à la convocation et aux délibérations du conseil d’ad-
ministration ; les seules obligations légales tiennent à des aspects de
forme, tenue d’un registre de présence et obligation de rédaction
de procès-verbaux. La fonction de secrétaire du conseil permet de
faciliter l’organisation des séances et la fluidité des débats. Il n’existe
pas, en France, de texte de loi mentionnant spécifiquement l’exis-
tence d’un secrétaire du conseil, dont l’étendue de la fonction est
liée à la taille de l’entreprise. Son rôle peut être défini comme l’ani-
mateur de la vie du conseil et le garant de son bon fonctionnement.
À ce titre, il accueille les nouveaux administrateurs et favorise leur
intégration, s’assure que les administrateurs disposent d’une infor-
mation adéquate, envoie les documents nécessaires à la bonne pré-
paration du conseil, diffuse les bonnes pratiques de gouvernance et
toutes informations utiles sur l’entreprise et ses marchés, prépare
© Groupe Eyrolles
Sources : Compilation Board Index de Spencer Stuart, 2017 et Ethics & Boards, 2017.
Marchés/
Janvier ARTHER Contrats
concurrence
Comptes
Mars ARTHER Objectifs
annuels
Plan Séminaire
Mai ARTHER
à 3/5 ans stratégique
Comptes
Juillet ARTHER Internes RH
semestre
Optimisation
Septembre ARTHER International
coûts
© Groupe Eyrolles
Évaluation
Octobre ARTHER RSE
du conseil
Décembre ARTHER Budget Rémunérations
298 Comment exercer la gouvernance ?
%
120
80
60
40
20
0
Audit Rémunération Nomination Stratégie RSE, Éthique
Les comités du conseil ont toute liberté, après en avoir informé les
dirigeants mandataires sociaux, de prendre contact et de travailler
avec des interlocuteurs qualifiés au sein de l’entreprise. Ils peuvent
également solliciter des études techniques externes sur des sujets
relevant de leur compétence : par exemple, une comparaison des
systèmes de rémunération avec d’autres sociétés ou un point sur
les mécanismes de couverture de change. Trois règles de bon sens
régissent ces actes :
• prévenir avant, le conseil ou son président ;
• faire supporter les frais éventuels à la société ;
• rendre compte a posteriori au conseil.
Autres comités
Le conseil peut décider de créer d’autres comités temporaires ou
permanents : stratégique, éthique, RSE, numérique, parties pre-
nantes…
tion d’un nouveau comité soit bien pesée afin de ne pas devenir une
réponse systématique au moindre exposé d’un problème complexe :
dans les PME/ETI, il est d’ailleurs fréquent qu’un administrateur
La gouvernance au quotidien 307
■■ Évaluer la gouvernance
L’évaluation du conseil n’est pas une obligation légale. Cependant,
il est naturel que les organes de gouvernance, chargés de missions
précises visant à préserver l’intérêt social, soient évalués sur leur
aptitude à répondre aux attentes des actionnaires dans le cadre d’un
fonctionnement efficace ; il apparaît logique que les conseils soient
évalués comme le sont les dirigeants. Mandatés par les actionnaires,
les membres du conseil d’administration se doivent de s’interroger
sur leur capacité à répondre aux attentes : le fonctionnement du
conseil est-il suffisamment efficient pour contribuer à la création de
valeur ? Une évaluation régulière et objective permettra de répondre
à cette question et s’inscrira naturellement dans l’objectif de profes-
sionnalisation de la gouvernance.
Ce processus d’évaluation collective n’empêchera pas, bien sûr,
chaque administrateur à s’interroger sur son efficacité et son apport
individuel.
Considérant l’évaluation comme nécessaire, les codes de gouver-
nance Afep-Medef et Middlenext préconisent de passer en revue
la composition, l’organisation, et le fonctionnement du conseil et
de ses comités. Cette évaluation est délicate à mettre en œuvre, car
elle touche des aspects humains sensibles et ne peut être réduite à
un ensemble d’indicateurs purement quantitatifs. Nous recom-
mandons que cette évaluation ait lieu une fois par an et qu’elle soit
réalisée en combinant une auto-évaluation avec un appui extérieur,
pratique qui demeure encore relativement peu répandue, en France,
pour des raisons assez obscures…
Le conseil doit adopter une formule d’évaluation de la gouver-
nance qui convient à sa situation, puis la perfectionner et l’adapter à
© Groupe Eyrolles
Aspects subjectifs
• Pertinence et intérêt des sujets mis à l’ordre du jour.
• Qualité des discussions.
• Efficacité du processus décisionnel.
• Ambiance générale des débats.
• Contribution effective de chaque membre.
Adaptée
Le modèle de gouvernance répond aux attentes de l’entreprise,
sa forme correspond à la taille, à la structure juridique, à la com-
position de l’actionnariat, au mode de fonctionnement…
Respectée
L’ensemble des actionnaires et des dirigeants reconnaissent
l’importance de la gouvernance et des organes qui la repré-
sentent, tiennent compte de ses avis et acceptent ses décisions.
Équilibrée
Les différentes sphères de la gouvernance, notamment les diri-
geants, les actionnaires et les administrateurs, exercent chacun
leur rôle de manière équilibrée tant dans les missions que dans
les débats et les relations.
Responsable
La gouvernance, parfaitement au courant de ses obligations et
de ses droits, est bien consciente de l’importance des missions
qu’elle doit conduire. Elle respecte pleinement les règles de
droit et adhère à des codes de gouvernance en appliquant le
comply or explain.
Active
La gouvernance déploie ses meilleurs efforts pour analyser les
© Groupe Eyrolles
Constructive
La gouvernance est là pour aider le développement de l’entre-
prise en favorisant la création de valeur ajoutée pour l’ensemble
des parties prenantes.
Exhaustive
La gouvernance ne pourra se voir opposer le traitement de tel
ou tel sujet, dès lors qu’il correspond à ses attributions. Elle se
penchera sur la totalité des missions décrites dans ce livre.
Intégrée
La gouvernance fait partie de l’entreprise : informée de l’envi-
ronnement concurrentiel, elle connaît la situation de l’entre-
prise, ses marchés comme ses cadres clés.
Communicante
La gouvernance informe régulièrement les actionnaires, les diri-
geants, les parties prenantes, les marchés de ses travaux et de son
fonctionnement. Sa communication est claire et transparente.
Organisée
L’entreprise organisera sa gouvernance en fonction de son
contexte mais en respectant une formalisation minimale : ordre
du jour, procès-verbaux, nombre de réunions, règlement inté-
rieur… Elle fournit également à la gouvernance les informations
nécessaires.
Indépendante
La gouvernance agira avec un seul objectif, la préservation de
l’intérêt social de l’entreprise. Les administrateurs seront
« libres », tant dans leur expression que dans leurs liens avec la
société ou le niveau de leur rémunération.
Équitable
© Groupe Eyrolles
Éthique
Qu’il s’agisse de la défense de l’intérêt social, de la composition
du conseil, de la politique de rémunération ou de possibles
conflits d’intérêts, la gouvernance a un devoir d’exemplarité et
d’intégrité.
Évolutive
La gouvernance cherche en permanence à s’améliorer en s’éva-
luant, en se formant et en réfléchissant à son évolution au fur et
à mesure du développement de l’entreprise.
65 ans
Le comportement de l’administrateur
© Groupe Eyrolles
Nous pensons que l’intuition ne suffit pas pour définir les qualités
qui vont permettre à l’administrateur d’appliquer les principes de
bonne gouvernance développés ci-dessus. Deux approches peuvent
être retenues pour les présenter : l’une repose sur la personnalité
© Groupe Eyrolles
ÊTRE
ÊTREACCEPTÉ
ACCEPTÉ
•• S’adapter
S’adapter
•• Être
Êtrehumble
humble
•• Jouer
Jouer««collectif
collectif»»
•• Savoir
Savoirécouter
écouter
•• Bien
Biencommuniquer
communiquer
•• Être
Êtreéthique
éthique
ÊTRE
ÊTREENGAGÉ
ENGAGÉ
•• Travailler
Travailler
•• Être
Êtredisponible
disponible
•• Ne
Nepas
pascumuler
cumulerles
lesmandats
mandats
•• Être
Êtrecourageux
courageux
•• Faire
Fairepreuve
preuvede
decuriosité
curiosité
ÊTRE
ÊTRECOMPÉTENT
COMPÉTENT
•• Réflexion
Réflexionstratégique
stratégique
•• Finance/juridique/gouvernance
Finance/juridique/gouvernance
•• Rigueur
Rigueurintellectuelle
intellectuelle
•• Aptitude
Aptitudeààdéceler
décelerles
lessignaux
signauxfaibles
faibles
•• Rapidité
Rapidité
•• Créativité
Créativité
ÊTRE
ÊTRELIBRE
LIBRE
••Indépendance
Indépendanced’esprit
d’esprit
••Libre
Libred’intérêt
d’intérêt
••Financièrement
Financièrementnonnondépendant
dépendant
ACCEPTÉ
ENGAGÉ
COMPÉTENT
© Groupe Eyrolles
LIBRE
ACCOMPAGNATEUR
VIGIE
ÉCLAIREUR
CATALYSEUR
MÉDIATEUR
CHALLENGEUR
TUTEUR
L’administrateur
L’administrateur««accompagnateur
accompagnateur»»
••Bien
Bienpréciser
préciserles
lesattentes
attentesrespectives
respectives
••S’imprégner
S’imprégnerdes
desproblématiques
problématiquesopérationnelles
opérationnelles
••Garder
Garderun
unregard
regardcritique
critique
L’administrateur
L’administrateur««vigie
vigie»»
••Être
Êtreen
enétat
étatdedeveille
veillepermanente
permanente
••Déceler
Décelerles
lessignaux
signauxfaibles
faibles
••Oser
Oseralerter
alerter
••Diversifier
Diversifierses
sessources
sourcesd’information
d’information
L’administrateur
L’administrateur««éclaireur
éclaireur»»
••Mener
Meneruneuneréflexion
réflexionstratégique
stratégiqueaffûtée
affûtée
••Connaître
Connaîtreparfaitement
parfaitementle lecontexte
contexte
••Savoir
Savoiranticiper
anticiper
••Être
Êtrecréatif
créatif
L’administrateur
L’administrateur««catalyseur
catalyseur»»
••Savoir
Savoiridentifier
identifierdes
desopportunités
opportunités
••Bien
Bienconnaître
connaîtreles
lesressources
ressourcesinternes
internes
••Ne
Nepas
passe
sesubstituer
substituerau
audirigeant
dirigeant
••S’investir
S’investiren
entemps
temps
L’administrateur
L’administrateur««médiateur
médiateur»»
••Savoir
Savoiridentifier
identifierles
lespoints
pointsde
devue
vue
••Objectiver
Objectiverles
lesconvergences/divergences
convergences/divergences
••Connaître
Connaîtrelalagestion
gestionde
decrise
crise
L’administrateur
L’administrateur««challengeur
challengeur»»
••Être
Êtrecrédible
crédible
••Avoir
Avoirprouvé
prouvésa sacompétence
compétence
••Savoir
Savoirdire
direles
leschoses
choses
••Ne
Nepas
passesesubstituer
substituerau
audirigeant
dirigeant
L’administrateur
L’administrateur««tuteur
tuteur»»
••Établir
Établirune
unegrande
granderelation
relationde
deconfiance
confiance
••Logique
Logiquededecontribution
contributionet
etnon
nonde depouvoir
pouvoir
••Capacité
Capacitépédagogique
pédagogique
••Savoir
Savoirfonctionner
fonctionnerhors
horsconseil
conseil
Le déficit de disponibilité
Exercer une fonction d’administrateur demande du temps. L’in-
vestissement initial, indispensable pour connaître l’environnement
économique, la situation de l’entreprise, ses dirigeants clés ne doit
pas être sous-estimé. Il faudra ensuite préparer les réunions avec
sérieux, participer avec assiduité aux conseils et continuer à s’infor-
mer en permanence de l’évolution de l’activité. Une gouvernance
active ne peut tolérer des administrateurs absents ou peu au cou-
rant des dossiers : le temps des conseils « tenus dans l’encrier »
© Groupe Eyrolles
L’absence de courage
L’administrateur a l’obligation d’exprimer son point de vue, même
s’il est divergent par rapport aux opinions des dirigeants, des action-
naires ou de la majorité du conseil. Il ne doit pas craindre de s’expri-
mer en toute indépendance, par reconnaissance pour le dirigeant,
par peur de perdre ses jetons de présence ou par dépit de devoir
renoncer au prestige d’un conseil d’administration renommé…
C’est son devoir de le faire, de manière constructive et courtoise
mais ferme et argumentée. En cas de désaccord total sur un point
fondamental pour la pérennité de l’entreprise, l’administrateur
devra être prêt à aller jusqu’au bout, c’est-à-dire à démissionner.
Le manque d’éthique
La gouvernance est avant toute chose un système de valeurs, tota-
lement incompatible avec un manque d’éthique de l’administra-
teur. Celui veillera à ne pas s’engager pour de mauvaises raisons,
à ne pas se trouver en situation de conflits d’intérêts ou d’abus de
biens sociaux, à toujours respecter les obligations de confidentialité
et de loyauté… Rejoignant le point précédent, il n’acceptera aucune
dérive dans le comportement éthique de l’entreprise.
L’oubli du collectif
L’administrateur ne cherchera pas à tout prix à imposer ses points
de vue en refusant l’écoute active des autres membres du conseil.
Une fois les débats terminés, la collégialité de décisions doit être res-
pectée ; en dehors du conseil, un administrateur ne peut s’exprimer
autrement qu’en disant « Nous ».
La perte de la boussole
Mû uniquement par la défense de l’intérêt social, l’administrateur
ne perdra pas de vue le cap indiqué, indépendamment des intérêts
particuliers des actionnaires qui l’ont élu.
… ni consultant…
Comme le montre le tableau ci-dessous, l’administrateur et le
consultant ont des positionnements différents :
Administrateur Consultant
… mais équilibriste !
Pour passionnante qu’elle soit, la fonction d’administrateur doit en
permanence gérer des déséquilibres :
La gouvernance au quotidien 331
Information
Informationfaible
faible
••Conseil
Conseil
Attentes
Attentesélevées
élevées ••Contacts
Contacts
••Stratégie
Stratégie ••Visites
Visites
••Dirigeants
Dirigeants ••……
••Pérennité
Pérennité
••Création
Créationdedevaleur
valeur
••…… Temps
Tempslimité
limité
••Peu
Peude
dejours
jours
Ne
Nepas
pasêtre
être««complaisant
complaisant»»
••Rester
Restercritique…
critique…
••…
…
Être
Êtreun
unadministrateur
administrateur««libre
libre»» mais
maispositif
positif
••Libre
Libred’intérêt
d’intérêt ••…
…
••Libre
Libred’expression
d’expression
••Pratique
Pratiqueduduquestionnement
questionnement
••Intérêt
Intérêtsocial
social
Ne
Nepas
passe
sesubstituer
substituer
••Aux
Auxexécutifs
exécutifs
■■ … et engagés !
• Se mettre d’accord sur le nombre de jours de travail.
• S’assurer que les dossiers sont travaillés.
• Proposer une rémunération convenable.
■■ Un suivi « opérationnel »
• Le procès-verbal considéré aussi comme un outil de travail.
• Un suivi systématique des points clés intégrés dans les ordres du
jour.
• la force du management.
■■ Un système
Il intègre quatre composantes.
Des acteurs
Ils constituent les cinq sphères de la gouvernance : actionnaires, diri-
geants, administrateurs, salariés, externes (banquiers, État, commis-
saires aux comptes…).
Des attitudes
Il s’agit des comportements, des procédures internes, du mode de
fonctionnement, de la culture et des valeurs d’entreprise…
Des instances
Par exemple, l’assemblée générale, le conseil d’administration ou de
surveillance, les comités, le directoire, les autorités de régulation…
Des textes
Soit internes (statuts, règlement intérieur, charte de gouvernance…),
soit externes (lois, codes, soft law, pratiques…).
© Groupe Eyrolles
En résumé, douze questions clés sur la gouvernance 343
© Groupe Eyrolles
En résumé, douze questions clés sur la gouvernance 345
« Administrateur utile »
Compétences Comportements
© Groupe Eyrolles
En résumé, douze questions clés sur la gouvernance 347
ÊTRE ACCEPTÉ
ÊTRE ENGAGÉ
ÊTRE COMPÉTENT
ÊTRE LIBRE
© Groupe Eyrolles
En résumé, douze questions clés sur la gouvernance 349
© Groupe Eyrolles
En résumé, douze questions clés sur la gouvernance 353
■■ Concernant la responsabilité
La responsabilité des administrateurs peut être engagée, tant sur le
plan civil que pénal.
☛☛À consulter chapitre 7 © Groupe Eyrolles
En résumé, douze questions clés sur la gouvernance 357
■■ Le déficit de disponibilité
Il n’est aujourd’hui plus possible pour un administrateur de remplir
effectivement sa mission sans un minimum de travail dans la société
(conseils, séminaires) et en dehors (préparation des conseils, forma-
tion, travail personnel).
■■ L’absence de courage
Le devoir d’expression doit s’imposer à l’administrateur en toutes
circonstances, même en cas de désaccords avec les actionnaires et le
management.
■■ Le manque d’éthique
La gouvernance est avant toute chose un système de valeurs, totale-
ment incompatible avec un manque d’éthique de l’administrateur.
■■ L’oubli du collectif
Une fois les débats terminés, la collégialité de décisions doit être res-
pectée : en dehors du conseil, un administrateur ne peut s’exprimer
autrement qu’en disant « Nous ».
■■ La perte de la boussole
Mû uniquement par la défense de l’intérêt social, l’administrateur
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pliance » ;
• être vigilant quant au box-ticking ;
• imposer le comply or explain avec des explications argumentées ;
362 Manuel de gouvernance d’entreprise
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Bibliographie
Autorité des marchés financiers (AMF), « Rapport 2017 sur le gouverne-
ment d’entreprise, la rémunération des dirigeants, le contrôle interne et la
gestion des risques des sociétés cotées », novembre 2017.
Autorité des marchés financiers (AMF), « Étude comparée : les codes de
gouvernement d’entreprise dans dix pays européens », 2016.
Afep-Medef, « Code de gouvernement d’entreprise des sociétés cotées »,
2016.
Association française de la gestion financière (AFG), Recommandations
sur le gouvernement d’entreprise, 2017.
Administrateurs professionnels indépendants associés (APIA), nom-
breuses publications :
• Cahier n° 5, « Administrateur et Chef d’Entreprise, une alchimie
gagnante », 2006 ;
• Cahier n° 6, « Anticiper, dépasser l’approche traditionnelle », 2007 ;
• Cahier n° 19, « L’apport, dans une PME, d’un Administrateur issu
d’une ETI ou d’un grand groupe », 2012 ;
• Cahier n° 20, « L’Administrateur indépendant et la RSE en PME/
ETI », 2013.
• Cahier n° 22, « Développer ou transmettre avec un investisseur finan-
cier - Bonnes pratiques pour le dirigeant et l’administrateur », 2013.
• Cahier n° 27, « Le rôle de l’administrateur dans la gestion du risque »,
2016.
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Composition du conseil
275, 305, 310, 334, 345,
E Institut français des
administrateurs (IFA)
Éclaireur 323
349, 353 59, 207, 262, 268, 278,
Entreprises de taille
Conflits d’intérêts 70, 73, 300, 322, 332, 340
intermédiaire (ETI)
96, 220, 240, 279, 327, Intérêt social 43, 45, 95,
(gouvernance) 54, 60,
332, 354, 361 96, 103, 204, 238, 248,
88, 109, 155, 179, 280
Conseil 255, 275, 288, 294, 309,
Entreprises familiales
- d’administration 50, 314, 320, 329, 339, 351,
(gouvernance) 35, 193
105, 120, 129, 135, 184, 356, 359, 361
Éthique 170, 315, 318,
234, 245, 259, 266, 270, International Corporate
327 Governance Network
271, 275, 290, 292,
European Corporate 61
307, 345
Governance Institute
- de surveillance 254,
58, 60
260, 266, 270
Europe (gouvernance)
Conseil (bon
72
J
fonctionnement) 292 Jetons de présence 97,
Évaluation (gouvernance)
Consent agenda 296, 335 108, 182, 183, 185, 231,
309
Conventions 246, 284, 287, 305, 327
- interdites 248
- libres 249
- réglementées 249, G L
333 G20 70 Lettre de mandat 283,
Copé-Zimmermann Gallois (rapport) 56, 244, 334, 354
(loi) 67 276 Loi de sécurité financière
Corruption (lutte contre) Gouvernance (LSF) 66
68 - définition 43 Loi Grenelle 2 163, 170
Crise (gestion de) 212, - étymologie 26, 337 Loi sur les nouvelles
343 - fonctionnement 349 régulations
Cumul des mandats 232 - idéale 312, 351 économiques (NRE)
- mise en place 345 66, 81, 163
- missions 115, 153,
D 343
Diligence 240 - performance 110 M
Directoire 81, 126, 186, - principes 70, 311, Mandataires sociaux 37,
254, 267, 270, 341 351 44, 132, 135, 184, 185,
Dirigeants - sphères 46 263, 305
- appui aux 179 - système 45, 339 Médiateur 324
-évaluation des 133 Grisé (Jacques) 61 Middlenext (code) 53,
- gestion des 131 63, 116, 231, 234, 240,
- nomination des 133 258, 275, 301, 309, 340
- rémunération des Moniste (structure) 81,
I 96, 268, 270, 341
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133, 137
Droit de propriété 34, 38 Information 121, 127,
Dualiste (structure) 81 128, 130, 145, 173,
Dysfonctionnement d’un 174, 219, 237, 240, 292, N
conseil 298 349, 355 Numérique 176
368 Manuel de gouvernance d’entreprise