Isomeries
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Isomeries
ISOMERIES
Le nombre relativement petit (une dizaine) d'atomes différents (C,H,N,O,S, halogènes, P…) qui
composent le plus fréquemment les molécules organiques et la possibilité pour certains d'entre eux de se lier
aussi bien à des atomes de même nature que de nature différente, font que pour une même composition
globale de la molécule, différentes formules développées peuvent être écrites. Dans ce cas on dit qu'il s'agit
de structures isomères.
Définition
• Formule brute : donne la nature et le nombre des atomes présents dans une molécule sans donner
d'indication sur leur organisation. Ex : C2H6O
• Formule développée : donne la façon dont les atomes ou groupes d'atomes sont liés entre eux au sein
d'une molécule. Ex : éthanol = CH3-CH2-OH ;
oxyde de diméthyle = CH3-O- CH3
Deux molécules isomères ont même formule brute mais ont des formules développées différentes.
Propriété: Deux isomères ne seront jamais superposables quelle que soit leur conformation.
⇒ Il ne faut pas confondre "isomérie" et "conformation" :
- Les conformères correspondent à des structures que prend une même molécule sans qu'il y ait
rupture de liaison.
- Les isomères correspondent à deux molécules différentes de même formule brute.
Selon les analogies de structure existant entre deux molécules isomères, on distingue différents types
d'isomérie :
Isomérie fonctionnelle, de position, de squelette, géométrique, optique, ces deux dernières étant regroupées
sous le terme de stéréo-isomérie ou isomérie stérique.
Compte tenu des parentés de structure possible, une réaction chimique donne souvent naissance à un
mélange de produits de réaction isomères les uns des autres; le problème est donc de les identifier puis de les
séparer. Des molécules isomères seront plus ou moins difficiles à séparer selon le type d'isomérie qu'elles
présentent.
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I - Isomérie fonctionnelle
Des molécules présentant cette isomérie différent l'une de l'autre par leur fonction chimique.
Par exemple isomérie alcène-cycle saturé; alcool- étheroxyde; alcool insaturé-carbonyle etc…
L'identification et la séparation de ces isomères est facile car ils possèdent des propriétés physiques,
spectroscopiques et chimiques très différentes.
Exemple :
• Ethanol : Eb = 78°C, miscible à l'eau, présence d'un groupe éthyl facilement identifiable en RMN (1
triplet + 1 quadruplet), d'un OH en Infra Rouge, présence d'un hydrogène faiblement acide sur l'OH
(pK = 17).
• Oxyde de diméthyle : Eb = -25°C, non miscible à l'eau, 2 groupes méthyls en RMN (2 singulets), pas
de OH, pas d'hydrogène acide.
Deux molécules qui présentent ces types d'isoméries, ont même fonction mais différent l'une de l'autre par la
position d'un substituant alkyle (isomérie de squelette) ou la position de la fonction (isomérie de position).
Exemples : butènes C4H8 : CH3-CH=CH-CH3 2-butène
CH2=CH-CH2-CH3 1-butène
(CH3)2C=CH2 2-méthyl propène ou isobutène
alcools C3H8O : CH3 -CH2-CH2 OH 1-propanol
CH3 -CH(OH)- CH3 2- propanol
Là encore les caractéristiques physiques, spectroscopiques et chimiques sont suffisamment différentes pour
permettre une identification et une séparation relativement facile des différents isomères.
Exemples : t.butanol (ou 2-méthyl-2-propanol) : F = 25°C, 3 méthyls identiques en RMN (1 seul singulet +
signal de l'OH), acide plus faible que les alcools primaires (pK = 18,5).
2-butanol : F = -115°C, 4 signaux différents en RMN (+ le signal de l'OH)
2-méthyl-1-butanol (ou isobutanol) : F = -90°C , 3 signaux différents en RMN (+ le signal de
l'OH).
Pour les composés aromatiques la position ortho, méta, para des substituants dans les composés disubstitués
conduit à des propriétés physiques différentes:
• o-dichlorobenzène : moment dipolaire = 2,3D, Eb = 183°C, F = -17,5°C, 2H différents.
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Ces isoméries correspondent à des composés qui ont même constitution moléculaire (même fonction, même
position et même squelette) mais qui différent les uns des autres par la façon dont certains groupes se situent
dans l'espace les uns par rapport aux autres. Deux types d'isoméries stériques peuvent être différenciées :
l'isomérie géométrique et l'isomérie optique
A) Isomérie géométrique
1) Cas des alcènes
Ce type d'isomérie concerne les doubles liaisons carbone-carbone éthyléniques. Deux atomes de carbone
doublement liés ne présentent pas de libre rotation du fait du recouvrement latéral des orbitales p et
constituent un tronçon plan et rigide. Si maintenant les deux atomes de carbone portent chacun deux
substituants différents, on peut distinguer deux structures différentes non superposables.
B B B A
π
σ 120 ° A A A B
Composé ( 1) Composé ( 2)
Les composés (1) et (2) ne sont jamais superposables si AB puisque si par glissement ou par retournement
on superpose les deux substituants identiques portés par un carbone, ceux de l'autre carbone sp2 ne
correspondent pas.
Pour identifier ces deux composés il faut donc s'accorder sur un nom qui décrit la position relative des deux
substituants A et B. Les termes "cis" et "trans" utilisés en chimie jusqu'aux années 70 et encore utilisés en
biochimie ne permettent pas d'identifier clairement les deux isomères si les substituants sont de même nature
(ex: 2 halogènes différents ou 2 groupes alkyle), c'est pourquoi une nouvelle identification plus rigoureuse
est maintenant retenue et répond aux règles de nomenclature internationale pour la chimie.
Cette identification repose sur les règles de Cahn, Prelog et Ingold, trois chimistes allemands, qui classent les
substituants suivant un ordre de priorité.
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Ainsi, si dans le composé 3 ci-dessous, A est prioritaire devant B et A' prioritaire devant B', on retrouve les
deux substituants prioritaires du même côté de la liaison C=C, alors que dans le composé 4 ces deux
substituants sont de part et d'autre de la liaison C=C. Dans le premier cas on dira que l'on a affaire à l'isomère
"Z" (de l'allemand "Zusammen" qui signifie " ensemble") et dans l'autre à l'isomère "E" (de l'allemand
"Entgegen" qui signifie "à l'opposé").
B B' B A'
A A' A B'
Composé ( 3) Composé ( 4)
Les règles de Cahn, Prelog et Ingold (CPI) définissent le mode de classement des substituants.
• Règle 1 : Plus le numéro atomique de l'atome relié au carbone sp2 est élevé, plus le substituant est
prioritaire. Ex : I > Br > Cl > F ; -OR > -CR3
• Règle 2 : Si deux atomes ayant même numéro atomique interviennent sur le même centre d'isomérie,
on regarde les autres atomes auquel ils sont liés et la règle 1 s'applique :
Ex : - OCH3 > -OH ; - CH2-CH3 > - CH3 ; - NHR > NH2
• Règle 3 : Si un carbone porte un atome doublement (ou triplement) lié, ce dernier intervient pour
deux (ou trois) fois. Ex : -COOH ≡ -C(O)3 -H > - CHO > CH2OH -C≡N > -C-NH2
Ces règles sont à appliquer dans l'ordre ; il ne faut appliquer la règle 2 que si la règle 1 ne permet pas un
choix unique; de même pour la règle 3. Cette façon d'opérer permet de différencier sans ambiguité et de
façon unique les isomères stériques. Il est à noter qu'il n'y a pas forcément concordance entre l'ancienne
dénomination (cis,trans) et la nouvelle (Z,E).
La molécule s'écrit en plaçant les lettres Z ou E entre parenthèses avant son nom .
Exemples :
CH 3 CH 3 CH 3 CH 3
Br C2 H 5 Cl H
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A noter que pour des raisons de commodité de dessin on représente souvent le cyclohexane plan; il faut se
rappeler pourtant que cette molécule a une structure spatiale pouvant prendre plusieurs conformations (voir
cours précédent à ce sujet).
CH3 CH3
OH
Br
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B - Isomérie optique
Deux molécules isomères optiques l'une de l'autre ne se différencient que par leur action sur la lumière
polarisée et leur activité biologique ou biochimique. Toutes leurs autres propriétés sont identiques ou si
proches les unes des autres que leur identification et leur séparation sont extrêmement délicates et font appel
à des techniques très sophistiquées. Les propriétés chimiques notamment sont strictement identiques pour
deux isomères optiques.
L'action de ces molécules sur la lumière polarisée a été découvert par Louis Pasteur à la fin du XIXème siècle.
1) La lumière polarisèe.
La lumière est un phénomène vibratoire dont les vibrations s'effectuent perpendiculairement à la direction de
propagation. Pour la lumière naturelle il y a donc une infinité de plans de vibration.
La polarisation de la lumière consiste à ce que la vibration ne se produise plus que dans une seule direction.
On a alors ce qu'on appelle de la lumière plane ou polarisée ou cohérente. Ceci est réalisée en faisant
traverser un cristal de calcite taillé suivant un des axes du cristal par de la lumière naturelle. Toutes les
vibrations qui ne sont pas parallèles à l'axe du cristal sont arrêtées et seule traverse la vibration orientée
suivant l'axe. A la sortie du cristal la lumière est polarisée. Un tel cristal constitue un polariseur que l'on
appelle aussi prisme de Nicol.
axe du polariseur
lumière polarisée lumière naturelle
polariseur
2) Carbone asymétrique
Le carbone sp3 est tétraédrique; Si ses 4 substituants sont différents on peut identifier 2 structures différentes
non superposables. C'est Pasteur qui a découvert et séparé pour la première fois les 2 isomères de l'acide
lactique CH3 -C*H(OH)-COOH dont le carbone 2 porte 4 substituants différents : méthyl, hydrogène, OH et
COOH.
A A rotation A
240°
B D B C D B
C D C
I II II'
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On remarque aisément que (I) et (II) ne sont pas superposables et que par rotation autour de l'axe de la
liaison Carbone-A du composé (II), de 240° vers la gauche, on obtient la représentation (II') symétrique de
(I) par rapport à un plan. (I) est l'image de (II') dans un miroir; ce sont deux énantiomères. Le carbone
portant les 4 substituants différents est un carbone asymétrique et est noté * sur les figures. Un carbone
asymétrique n'admet pas de plan de symétrie. La condition nécessaire et suffisante pour qu'un carbone
soit asymétrique est qu'il porte 4 substituants différents. Il est donc obligatoirement hybridé sp3. On dit
d'une molécule qui admet un symétrique non superposable, qu'elle est chirale.
3) Action sur la lumière polarisèe
Une molécule possédant un centre d'asymétrie, par exemple un carbone ( mais d'autres atomes peuvent
introduire de tels centres comme le soufre, le phosphore, le silicium…) fait tourner l'angle de vibration de la
lumière polarisée d'un angle α, soit vers la droite, soit vers la gauche. On dit que la molécule est optiquement
active.
Pour mesurer cet angle on interpose sur le trajet d'un faisceau de lumière polarisée une cuve à faces
transparentes contenant une solution de substance optiquement active dans un solvant optiquement neutre
(ou inactif) et on observe la lumière transmise à travers un second polariseur appelé analyseur. Si le réglage
du zéro de l'appareil avait été fait avec la cuve contenant le solvant seul, il faudra faire tourner l'axe de
l'analyseur d'un angle α pour observer la lumière transmise après introduction de la substance optiquement
active.
La valeur de cet angle dépend de 1) l'espèce optiquement active
2) la longueur de solution traversée,d.
3) la concentration en substance active,c.
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d s'exprime en décimètre (dm) et c en g/cm3. [α0] est le pouvoir rotatoire spécifique et est une caractéristique
de la substance optiquement active. Il est compté positivement si l'angle de rotation dévie vers la droite,
négativement dans le cas contraire et s'exprime en degré d'angle.
Deux énantiomères agissent de façon opposée sur la lumière polarisée. Ce sont des inverses optiques. Un
mélange équimolaire de deux inverses optiques est optiquement inactif puisque l'action de l'un est exactement
compensée par f'effet de l'autre. C'est un mélange racémique.
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a b c d
Les isomères a et b d'une part, c et d d'autre part sont images l'un de l'autre dans un miroir; ils constituent des
couples d'énantiomères.
Les couples a et c, a et d, b et c, b et d diffèrent l'un de l'autre par la configuration absolue d'un seul carbone
asymétrique; ils forment des couples de diastéréoisomères.
Exemple 2 : butane-2,3-diol CH3- CHOH-CHOH-CH3
On remarque ici que les structures a et b sont identiques; on peut passer de l'une à l'autre par rotation de
180° dans le plan. La molécule admet un plan de symétrie et est donc optiquement inactive bien que
possédant 2C*. En fait ici, si le carbone 2 est (S), le 3 est ( R) et vice versa; ces deux carbones ont donc des
pouvoirs rotatoires spécifiques égaux mais de signe contraire et leur effets s'annulent mutuellement. Il s'agit
en quelque sorte d'un "racémique interne". Un tel composé est dit "méso". Les isomères c et d par contre
n'ont pas de plan de symétrie et sont donc optiquement actifs.
De cet exemple il ressort donc que l'origine d'une activité optique est l'absence de plan de symétrie
dans la molécule et non la présence de carbones asymétriques.
On peut fournir d'autres exemples illustrant ce fait, notamment avec des composés cycliques (voir activité
optique des différents cyclopentanediols par ex.)
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NO2 NO2
NO2 NO2 NO2
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• Une substance possède une activité optique si elle ne présente pas de plan de symétrie. C'est le cas
des carbones sp3 porteurs de 4 groupes différents, et de certaines molécules particulières : diphéniles o,o'-
disubstitués, allénes, spiranes,méthyléne-cyclanes dissymétriques.
• Deux isomères optiques ont toutes leurs propriétés chimiques et physiques identiques. Ils différent par
leur action sur la lumière polarisée et par leurs propriétés biologiques.
• Deux inverses optiques ont des pouvoirs rotatoires spécifiques égaux en valeur absolue mais de signe
contraire.
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