Analyse Experimentale Et Numerique de La Fabrication
Analyse Experimentale Et Numerique de La Fabrication
Analyse Experimentale Et Numerique de La Fabrication
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1 author:
Romain Agogué
CT-IPC
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All content following this page was uploaded by Romain Agogué on 02 September 2017.
RAPPORTEURS :
Christohe BINETRUY Professeur, École des Mines de Douai
Francisco CHINESTA Professeur, École Centrale de Nantes
JURY :
Christophe BINETRUY Professeur des Universités, Rapporteur
Francisco CHINESTA Professeur des Universités, Rapporteur
Joel BREARD Professeur des Universités, Examinateur
Chung Hae PARK MC, Examinateur
Didier ZANELLI Ingénieur, Examinateur
Boujema IZRAR Professeur des Universités, Examinateur
Damien SOULAT MC-HDR, Directeur de thèse
Pierre OUAGNE MC, Co-encadrant de la thèse
Table des matières
1 Contexte de l’étude 7
1.1 Projet Anr Lcm3m . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Contexte industriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2 La phase de dépose 12
2.1 Description de la préforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.1.1 Présentation de la gaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.1.2 Présentation de la préforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.1.3 Paramètres mis en jeu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.2 État de l’art sur la déformation des renforts secs . . . . . . . . . . . . . 17
2.2.1 Cisaillement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2.2 Tension dans le plan du renfort . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.3 Glissement pli/pli ou pli/outil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.4 Flexion des plis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.5 Compaction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.2.6 Bilan pour notre application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.3 Simulation du préformage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3.1 Présentation générale de modeleVf . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.3.2 modeleVf . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.4 Application de modeleVf : maximisation de la fraction volumique de
fibres moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.4.1 Prise en compte de l’angle de blocage dans modeleVf . . . . . . 39
2.4.2 Étude paramétrique en fonction des paramètres de préformage . 40
2.4.3 Optimisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.4.4 Simplification du modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3
TABLE DES MATIÈRES
4
TABLE DES MATIÈRES
5
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements
Dans un premier temps, je tiens à remercier le conseil général du Loiret, la société
Roxel et l’Anr pour avoir financé cette étude.
Mes remerciements vont à Damien Soulat, Pierre Ouagne pour avoir respectivement
dirigé et encadré cette thèse. Je tiens à remercier Jean Launay, sans qui ce travail n’au-
rait pas eu la même envergure sur le plan expérimental. Je tiens à remercier Gilles pour
les discussions intéressantes et pour son œil critique.
Toum, Frédéric, Alain et Yannick, merci pour votre assistance technique. Vous
m’avez apporté des conseils et j’ai beaucoup appris de vous. Je tiens à vous en remer-
cier. Merci à vous pour votre disponibilité et votre sympathie. Je remercie aussi Manu
pour avoir réfléchi avec moi à la conception du banc d’injection.
Enfin, j’ai une pensée particulière pour mes chers collègues doctorants qui m’ont
accompagné pendant ces trois années de thèse (Aurélie, Romain, Olivier, Jérome, Dou-
dou, Audrey, Matthieu, Julien, Aristide, Manu). En particulier, un « big up » à Aurélie.
Courage, la fin approche !
Ce travail n’aurait pas été le même sans les petites mains qui ont contribué sa
concrétisation. Merci à vous.
6
Chapitre 1
Contexte de l’étude
7
Chapitre 1 : Contexte de l’étude
résine. Le procédé Rtm a l’avantage d’avoir des étapes dissociées mais séquentielles.
La dissociation permet l’étude des phases indépendamment les unes des autres. Tou-
tefois, la succession d’étapes fait que les étapes en amont influent sur les étapes en aval.
Ce travail de thèse s’inscrit dans le cadre du programme Lcm3m que nous venons
de décrire. Dans le cadre plus spécifique de l’étape d’imprégnation, nous tentons de
répondre à cet objectif, pour une application spécifique par le biais de l’étude de
l’influence de la phase de dépose, visant à déformer le renfort, sur la phase d’injection.
L’approche multiéchelle sera abordée au travers des outils mis en place. Ces outils
sont le pilote de laboratoire assurant l’imprégnation à l’échelle macroscopique et par
le développement de modèles analytiques et de simulations à l’échelle mésoscopique et
macroscopique.
Une collaboration étroite est ainsi menée avec l’université du Havre pour le déve-
loppement des logiciels de simulation et avec la société Roxel, qui nous donne accès
à son matériel d’essais. De même, l’Onera a contribué à ces travaux par la mise à
disposition de codes de calculs.
8
Chapitre 1 : Contexte de l’étude
Notons que cette étude est financée par le Conseil Général du Loiret, dans le cadre
de sa politique en faveur de la recherche, de l’innovation et du transfert de technologie,
ainsi que par la société Roxel.
9
Chapitre 1 : Contexte de l’étude
Figure 1.2: Composite brut et de la protection thermique après usinage (en rouge)
De plus, le cahier des charges de la pièce mentionne que la taille des porosités ne
doit pas dépasser 1 mm de diamètre et que la fraction volumique de fibre doit être
constante sur la hauteur du tube (± 5%).
Cette thèse fait suite à différentes études préliminaires, abordées dans le cadre de
stages, sur la faisabilité du procédé Rtm sur des formes planes (plaques) et axisymé-
triques [6, 7, 8]. Ces études ont montré des défauts de nature différente. Ces défauts
ont été regroupés suivant la phase du procédé (dépose, injection, polymérisation) qui
leur a donné naissance (Tableau 1.1).
Cette thèse s’intéresse à la phase d’injection du procédé Rtm. Seuls les défauts
relatifs à la phase d’injection vont être étudiés dans les chapitres qui vont suivre. Nous
nous proposons d’étudier la porosité, le déplacement des renforts et la fraction volu-
mique de fibres hétérogène sur la hauteur du tube. La fraction volumique de fibres est
mesurée à l’issue de la phase de polymérisation. Une variation supérieure à la tolé-
rance est observée pour ces études préliminaires et la phase qui leur a donné naissance
n’est pas clairement établie. Nous aurions naturellement une tendance à incriminer
la phase de préformage. Néanmoins, il est possible que la phase d’injection soit res-
ponsable de cette hétérogénéité, notamment au travers du déplacement des plis. Par
conséquent, l’hétérogénéité de la fraction volumique de fibres est également étudiée
10
Chapitre 1 : Contexte de l’étude
dans cette thèse. L’étude de la phase de cuisson, présente dans le procédé industriel
avec les constituants utilisés, est traitée ailleurs. Pour s’affranchir des problèmes de
polymérisation, ces travaux utilisent une résine polyester qui a l’avantage de polymé-
riser à la température ambiante.
Dans le cadre de cette thèse, nous nous fixons le double objectif de répondre à la
problématique industrielle relative à la faisabilité du procédé Rtm pour la fabrication
de protections thermiques et de répondre aux attentes du projet Lcm3m sur les aspects
multi-physiques et multi-échelles. Ce manuscrit est découpé en 3 chapitres.
La phase de préformage fait l’objet d’une autre thèse dont les problématiques sont la
compréhension et la maîtrise de l’état de déformation à l’issue de l’étape de préformage.
Les travaux sur la phase de préformage ont aussi pour but d’aller vers l’automatisation
du procédé. Pour l’instant le préformage est réalisé manuellement. Néanmoins, la phase
de préformage étant une phase en amont de la phase d’injection, elle a une influence sur
la phase d’injection. Au cours de cette thèse, nous regardons l’influence du préformage
sur la phase d’injection, y compris l’influence des défauts de préformage. L’étude de
cette étape est traitée par le biais l’analyse de la déformation des renforts 2D et par
la mise en œuvre d’un modèle prédictif pour l’estimation de la fraction volumique de
fibres. Cet aspect fait l’objet du chapitre 2 de ce manuscrit.
L’étude des défauts liés à la phase d’injection nécessite une bonne compréhension de
l’écoulement de la résine au travers de la préforme qui est traitée au chapitre 3. Cette
étude repose sur des simulations que nous présentons dans ce chapitre. L’écoulement
de résine étant largement dépendant de l’état de préformage, l’influence de l’état de
préformage est étudiée par des simulations. La corrélation des simulations avec les
données expérimentales est aussi regardée.
L’étude de la faisabilité passe par la compréhension des phénomènes relatifs à la
génération des défauts et la recherche de nouvelles solutions pour les éliminer. Nous
verrons au chapitre 4 que les déplacements de plis à l’injection résultent d’un pro-
blème hydro-mécanique (fluide / structure). Nous verrons aussi que la génération des
bulles, qui deviendront des porosités, résulte d’un écoulement multi-échelle au sein
de la préforme. L’analyse des défauts conduite au chapitre 4 nous permet donc de
répondre au double objectif du programme Lcm3m et de la société Roxel. Cet as-
pect est essentiellement expérimental et repose sur le banc d’injection que nous avons
développé, avec les procédures d’analyse des pièces que nous avons mis en œuvre.
11
Chapitre 2
La phase de dépose
Au cours de ce chapitre, nous présentons d’abord la préforme. Un état de l’art sur les
modes de déformation des renforts tissés est ensuite détaillé. Cet état de l’art constitue
la base du modèle de prédiction de la déformabilité des renforts. Nous présentons
ensuite nos travaux pour aboutir à un meilleur choix de gaine.
Enfin, avec un peu d’anticipation, nous présentons une simulation de la phase de la
phase d’imprégnation pour illustrer l’influence du préformage sur la phase d’injection.
12
Chapitre 2 : La phase de dépose
13
Chapitre 2 : La phase de dépose
Le protocole de dépose et les difficultés associées ne sont pas présentés ici, mais ont
fait l’objet de diverses communications [14, 13]. Notons simplement que le préformage
se décompose en deux phases :
– Une phase de déformation du pli, pour former un pli conique à partir d’une gaine
et satisfaire l’angle spécifique imposé par le cahier des charges. Les phénomènes
de déformation du pli ont lieu à l’échelle mésoscopique. C’est donc à l’échelle
mésoscopique que le calcul de déformation doit être réalisé.
– Une phase de compaction des plis coniques lors du repli, pour former une pré-
forme à partir de 120 plis coniques. Cette étape de compaction permet d’obtenir
le taux volumique de fibres souhaité.
Ces deux phases ont lieu simultanément mais nous faisons l’hypothèse que ces deux
phases sont découplées, ce qui permet de les traiter indépendamment.
14
Chapitre 2 : La phase de dépose
Figure 2.2: Schéma en coupe de la préforme constituée d’une gaine repliée sur elle
même
la déformation locale des renforts puis en déduire la fraction volumique de fibres loca-
lement le long du pli, comme nous le verrons dans la suite de ce chapitre.
15
Chapitre 2 : La phase de dépose
16
Chapitre 2 : La phase de dépose
Aujourd’hui, il n’existe pas de loi de comportement pour les renforts tissés. Pour
la plupart des modélisations, les différents auteurs font l’hypothèse que le renfort se
déforme suivant un ou plusieurs modes privilégiés. En particulier, les déformations en
membrane jouent un rôle prépondérant dans la mise en forme des renforts.
Long [15] a présenté un état de l’art exhaustif des modes de déformation pouvant
intervenir pendant la mise en forme des composites. Il énumère les modes de déforma-
tion suivants (Figure 2.4), que nous détaillons ensuite :
– Cisaillement
– Tension dans le plan
– Glissement pli/pli ou pli/outil
– Flexion des plis
– Compaction
Ces déformations, et l’influence de ces déformations sur la fraction volumique de
fibres, va être détaillée dans cette étude bibliographique.
2.2.1 Cisaillement
Ce mécanisme apparaît lorsque le matériau est soumis à du cisaillement dans le
plan. Cela correspond à une rotation des mèches autour de leurs intersections. Le
cisaillement est considéré comme le principal mode de déformation pour les renforts
tissés. Associé à une faible résistance en flexion, la capacité d’un matériau à se cisailler
permet de générer les formes tridimensionnelles sans froisser ni plisser le renfort.
Il est montré [16, 17] que le comportement de cisaillement plan des renforts tissés
se compose de trois zones distinctes :
1. Les mèches tournent les unes par rapport aux autres. L’effort de cisaillement
reste faible car la rigidité de cisaillement est seulement due au frottement entre
les mèches de trames et de chaînes.
17
Chapitre 2 : La phase de dépose
Figure 2.4: Les modes de déformations des renforts tissés pendant le préformage
(extrait de [15])
18
Chapitre 2 : La phase de dépose
2. Les mèches viennent en contact latéral ce qui se traduit par une rigidification
importante du tissu. On appelle angle de blocage, l’angle de cisaillement des
mèches dans cette configuration.
3. Les mèches se compactent transversalement et on voit apparaître des plissements
sur le renfort.
Ce comportement explique l’augmentation importante de l’effort de cisaillement et
en conséquence de la rigidité de cisaillement [18].
Un benchmark a été mené par différents laboratoires sur ce sujet [19]. Les résultats
sont assez dispersés, ce qui montre toute la difficulté de mesurer le comportement mé-
canique des renforts, même sur un cas apparemment simple comme le cisaillement pur.
19
Chapitre 2 : La phase de dépose
2.2.5 Compaction
Il est parfois nécessaire de soumettre le renfort à une sollicitation de compaction
perpendiculairement à son plan. Par exemple, à la fin du préformage, le matériau peut
être compacté pour augmenter son taux volumique de fibres.
La compaction a reçu une grande attention, en particulier pour les mats et les tissés.
Robitaille et Gauvin [29] ont publié une revue approfondie des moyens expérimentaux
disponibles et des modèles existants pour la compaction. Robitaille et Gauvin [29] et
Correia [30] ont publié de nombreux résultats sur différents renforts.
On relie généralement la compaction au taux volumique de fibres par une loi de
puissance [29] :
Vf = A σ B (2.2)
Avec σ [Pa] la pression exercée sur le renfort, A [Pa−1 ] et B deux paramètres dépen-
dant du matériau. Ce n’est pas une loi de comportement, puisqu’elle ne relie pas les
contraintes et la déformation mais elle permet de calculer directement le taux de fibres
dont l’importance est considérable pour la phase d’injection.
Cette loi de puissance est le modèle le plus utilisé dans la littérature, néanmoins
d’autres modèles ont été proposés et une liste exhaustive est présentée dans la thèse
de T. Ouahbi [31].
Les essais de compaction montrent que les renforts s’écrasent d’abord très facile-
ment puis avec une rigidité plus grande lorsque les vides entre les fibres se comblent. En
s’écrasant, les différents plis s’imbriquent les uns dans les autres, de manière aléatoire
(Figure 2.5). Ce phénomène est connu sous le nom de « nesting » dans la littérature.
Ce phénomène n’est pas contrôlable et introduit des variations locale du milieu poreux,
ce qui change la perméabilité localement [32, 12].
20
Chapitre 2 : La phase de dépose
Les plis coniques sont ensuite compactés pour générer une préforme. Cet effort
de compaction provoque de la compaction, des frottements sur l’outillage et des frot-
tements entre plis (Figure 2.7). Nous faisons l’hypothèse que, durant cette phase, la
compaction entre plis est le principal mode de déformation du renfort et nous négli-
geons les autres modes de déformation. Notons que la compaction a aussi une influence
sur la forme du pli, en termes de position, de courbure et d’épaisseur.
Nous avons introduit les différents modes de déformation des renforts tissés et
identifié les modes de déformation prépondérants dans notre étude. Dans la section
suivante, nous allons établir un modèle pour calculer la fraction volumique de fibres
basé sur la déformation du renfort pendant le préformage.
21
Chapitre 2 : La phase de dépose
22
Chapitre 2 : La phase de dépose
L’algorithme du filet, initialement introduit par Mack et Taylor [33], repose sur les
hypothèses suivantes :
– les mèches sont inextensibles
– les intersections entre les réseaux chaîne et trame ne peuvent pas glisser
– les mèches sont droites entre les intersections de mèches
Par hypothèse de cette méthode, la longueur d’une mèche entre deux intersections
(notée d) est constante. Notons que nous avons vérifié cette hypothèse expérimentale-
ment dans Telmar et al. [13]. Pour le cas des gaines, elle peut se calculer analytiquement
à partir des paramètres de la gaine (Tableau 2.1) :
√
2 Dn π
d= (2.3)
Nm
avec Dn le diamètre nominal de la gaine [m] et Nm le nombre de mèches.
Typiquement, les algorithmes commencent avec un point et la direction des chaînes
et des trames pour ce point. À partir de ces données, l’algorithme calcule les coordon-
nées des points suivants pour que les mèches aient toutes la même longueur et que ces
23
Chapitre 2 : La phase de dépose
points appartiennent à la surface à draper. De nombreux auteurs [34, 35] ont présenté
des simulations de préformage par la méthode du filet.
Néanmoins, les hypothèses de l’algorithme du filet ont été vérifiées [13], ce qui
justifie son utilisation pour ces travaux.
2.3.2 modeleVf
ModeleVf effectue les calculs à l’échelle de la maille de renfort, c’est-à-dire, à
l’échelle mésoscopique et parcourt le pli. Cette maille est constituée de quatre mèches
et de leur intersection commune (Figure 2.8 et 2.9). Nous découpons cette maille en
deux demi-mailles, les paramètres intervenant dans le modèle sont les suivants :
– r : le rayon qui détermine l’endroit où se situe la maille sur le pli
– θ : l’angle entre les mèches
– γ : l’angle de cisaillement des mèches défini par γ = π2 − θ
24
Chapitre 2 : La phase de dépose
25
Chapitre 2 : La phase de dépose
s 2
2ri π
ri+1/2 = ri + sin αi+1/2 d2 − (2.4)
Nm
Nous avons introduit les angles αi+1/2 et αi+1 , désignant l’orientation du pli par
rapport à l’axe du tube (Figure 2.9). Cet angle est constant et vaut 15◦ dans le cas
idéal d’un pli parfaitement conique.
Néanmoins, nous observons expérimentalement que les plis ne sont pas parfaitement
coniques pour certaines préformes. Ce fait est illustré par la figure 2.10, issue d’une
image de tomographie par rayons X à 7,5 µm. Cette figure montre que les plis sont
courbes sur la partie intérieure du tube puis droits sur la partie extérieure. Pour
modéliser cette variation de courbure, nous avons aussi introduit des angles αi+1/2
et αi+1 variables.
Dans le cas d’une orientation de pli variable, l’approche que nous avons choisie
consiste à modéliser la forme du pli et de déduire de ce modèle les orientations par
rapport à l’axe du tube. Ainsi, nous introduisons d’abord notre modèle géométrique
puis le modèle utilisé pour estimer l’orientation variable du pli.
Pour notre modèle géométrique du pli, nous supposons que les plis ont une géo-
métrie parabolique sur l’intérieur du tube, jusqu’à r = rc , puis linéaire d’angle α
(Figure 2.11). Mathématiquement, ce modèle s’écrit :
ar2 + br + c si r < rc
z(r) = π
(2.6)
− tan 2 − α r + c1 si r ≥ rc
avec
tan π2 − α rm π
a=− et b = tan −α (2.7)
2(rc − rm ) rc − rm 2
La valeur des paramètres a et b de l’équation 2.7 se détermine en faisant les hypo-
thèses suivantes :
– les plis sont à 90◦ au niveau du mandrin (r = rm )
– le raccordement est tangent entre la partie linéaire et la partie parabolique.
(Figure 2.11).
Les paramètres c et c1 n’interviennent pas dans les équations de l’orientation des
plis, ils ne sont donc pas détaillés.
26
Chapitre 2 : La phase de dépose
Figure 2.10: Coupe d’une préforme sèche obtenue par tomographie par rayons X à
7,5 µm
27
Chapitre 2 : La phase de dépose
La validation du modèle n’est pas présentée ici, mais est présentée ailleurs [38].
Notons que nous avons choisi d’utiliser l’angle αi+1/2 pour le calcul de ri+1/2 et
l’angle αi+1 pour le calcul de ri+1 , dans les équations 2.4 et 2.5. La valeur des angles
est calculée implicitement en fonction de la position. Nous calculons simultanément
ri+1/2 et αi+1/2 d’une part et ri+1 et αi+1 d’autre part en effectuant quelques itérations
d’une méthode de relaxation.
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Chapitre 2 : La phase de dépose
Figure 2.12: Capture d’écran des plis simulés par modeleVf (version C++) pour
une gaine de diamètre nominal 50 mm et pour 120 mèches, pour un pli droit
29
Chapitre 2 : La phase de dépose
Cette première étape permet d’avoir une description géométrique du pli, sur laquelle
nous pouvons ensuite estimer localement le cisaillement puis la fraction volumique de
fibres.
Pour chacune des demi-mailles définies sur la figure 2.8, les angles de cisaillement
valent :
!√ " !√ "
π 2 ri ′ π 2 ri+1
γi = − 2 arcsin et γi = − 2 arcsin (2.9)
2 Dn 2 Dn
Jusqu’à présent nous avons raisonné sur un pli en ne prenant en considération que la
déformation par cisaillement. En prenant en compte la compaction, nous allons pouvoir
passer de l’échelle du pli à l’échelle macroscopique et calculer la fraction volumique de
fibres.
Pour simplifier cette étude, nous supposons que tous les plis ont la même géomé-
trie, ce qui nous permet de raisonner sur un pli seulement, en suivant l’évolution de la
fraction volumique de fibres sur ce pli. Nous simplifions aussi cette étude en ne traitant
la compaction qu’au travers son influence sur l’épaisseur du pli.
Dans un premier temps, nous calculons le volume des fibres initialement présentes
sur la maille. Par commodité, nous choisissons de calculer le volume de renfort dans
la maille (noté V0 , équation 2.10) lorsque le renfort n’est pas cisaillé.
30
Chapitre 2 : La phase de dépose
Nous calculons ce volume de renfort à partir de la masse linéique d’une mèche (notée
mf , définie dans le tableau 2.1), de la longueur d’une mèche (notée d, équation 2.3)
et de la masse volumique du matériau constitutif des gaines (noté ρf , définie dans
le tableau 2.1). Nous pouvons ensuite calculer ce volume en fonction des paramètres
intrinsèques de la gaine en utilisant la relation 2.3 :
√
4 d mf 4 2 π Dn mf
V0 = = (2.10)
ρf ρf Nm
Pour calculer la fraction volumique de fibres sur chaque maille, il faut nécessai-
rement calculer le volume de la maille. Pour chaque maille constituant le pli, nous
calculons d’abord la surface de la maille (notée Si ), puis son volume (noté Vi ) :
2π
Si = ri+1 2 − ri 2 (2.11)
Nm sin α
Vi = Si × e (2.12)
31
Chapitre 2 : La phase de dépose
√
V0 4 2 π Dn mf 1
V fi (P ) = = . (2.13)
Vi N m ρf Si e
Une difficulté apparait ici : la prise en compte de l’épaisseur du pli. En effet,
l’épaisseur du pli dépend des paramètres procédés comme le pas entre ligatures (noté
p) et l’angle d’inclinaison des plis par rapport à l’axe du tube (noté α). Nous constatons
aussi que l’épaisseur du pli dépend aussi de la courbure des plis. En effet, nous avons
observé que des zones sans renfort existent dans les zones où les plis sont courbes
(Figure 2.10), ce qui abaisse la fraction volumique de fibres localement. Pour cela,
nous proposons un modèle reliant l’épaisseur du pli aux paramètres procédés et à
l’orientation variable du pli (notée αr (r), équation 2.8) :
La tomographie par rayons X est un bon outil pour mesurer le taux volumique de
fibres d’un composite dès lors que le faisceau de rayons X est monochromatique. Dans
le cas contraire, nous voyons apparaître du « durcissement de faisceau » (Chapitre 4)
qui se caractérise par une variation de niveau de gris localement. Nous pouvons ainsi
imager un matériau parfaitement homogène et avoir un niveau de gris différent en
fonction de la position dans l’image à cause du durcissement de faisceau.
32
Chapitre 2 : La phase de dépose
33
Chapitre 2 : La phase de dépose
la nature des mèches, constituées à la fois de carbone et d’air, dans des proportions
variables.
Après correction, le niveau de gris dans les mèches et dans l’air est suffisamment
constant pour permettre de caractériser la fraction volumique de fibres. Le niveau de
gris mesuré en tomographie (noté N g) est dépendant du niveau de gris des mèches
(N gm ), du niveau de gris de l’air (N ga ) et de la fraction volumique de mèches (V fm ) :
N g = N gm V fm + N ga (1 − V fm ) (2.15)
Les constantes N gc et N ga , après correction, sont lues sur la figure 2.18. L’atténua-
tion du carbone est estimée sur des mèches. Or, une mèche est un milieu hétérogène
composé à la fois de carbone et d’air. C’est pour cette raison que nous avons introduit
ici la fraction volumique de fibres des mèches, supposée égale à 60%, ce qui est ap-
proximativement la valeur obtenue par Bizet et al. [40] à partir d’une série de coupes
destructives.
34
Chapitre 2 : La phase de dépose
Figure 2.18: Niveau de gris dans les mèches et dans l’air en fonction de la position
après correction de l’image
35
Chapitre 2 : La phase de dépose
Notons que cette comparaison a été menée sur une préforme expérimentale qui ne
respectait pas forcement le cahier des charges industriel.
36
Chapitre 2 : La phase de dépose
ModeleVf estime la masse totale de renfort à partir de la masse linéique des mèches,
en faisant la somme sur toutes les mailles constituant un pli, puis sur tous les plis consti-
tuant une préforme, en faisant l’hypothèse que tous les plis sont identiques. ModeleVf
prédit une masse de renfort de 200 g, lorsque les plis sont parfaitement coniques alors
que 220 g de renfort sont généralement introduits dans le moule expérimentalement.
Nous constatons une variation de l’ordre de 10%, ce qui est satisfaisant, compte tenu
des approximations utilisées par le modèle. Cette variation est due au fait que nous
utilisons la masse linéique (donnée constructeur) d’une mèche pour estimer la masse
de la préforme.
Néanmoins, il est assez dérangeant de modéliser des plis dont la fraction volumique
de fibres moyenne ne respecte pas la masse totale introduite dans le moule. Par ailleurs,
l’erreur commise peut avoir une influence sur la fraction volumique de fibres et donc
sur les propriétés d’injection de la préforme. Pour ces deux raisons, nous proposons de
corriger la fraction volumique de fibres moyenne sur le pli pour qu’elle soit égale au
taux volumique de fibres moyen imposé par les paramètres du procédé (noté V fprocess ),
défini par l’équation :
m
V fprocess = (2.17)
ρf V
Avec m la masse de renfort introduite [kg]
ρf la masse volumique des fibres [kg/m3 ]
V le volume du moule
37
Chapitre 2 : La phase de dépose
avec V fmoy la fraction volumique de fibres moyenne sur le tube définie par :
Z Z rcm
1 2
V fmoy = Vf (r) dV = Vf (r) r dr (2.19)
V V rcm 2 − rm 2 r=rm
Cette approche peut être généralisée au cas où les plis ont une fraction volumique
de fibres variable d’un pli à l’autre (cas d’une compaction hétérogène). Nous pouvons
alors spécifier une fraction volumique de fibres différente sur chaque pli.
Nous avons montré que modeleVf est un outil prédictif pour l’estimation de la
fraction volumique de fibres localement sur un pli. De même nous avons montré que
modeleVf est capable de calculer le cisaillement des mailles du pli assez précisément.
Les potentialités de cet outil sont importantes. Par exemple, nous pouvons nous
servir de cet outil pour tester virtuellement une gaine dont les caractéristiques seraient
différentes (à géométrie fixée) et observer le gain (en termes de fraction volumique de
fibres) par rapport à la solution actuelle. Inversement, nous pouvons nous servir de
ce modèle pour choisir la gaine la plus adaptée pour un tube dont la géométrie serait
différente (en termes de rayon intérieur et extérieur).
Ce modèle permet aussi d’étudier l’influence de la courbure des plis sur la frac-
tion volumique de fibres. Nous avons observé que la fraction volumique de fibres chute
considérablement dans la zone de courbure. Cette zone de courbure doit être évitée et
notre modèleVf peut jouer un rôle de premier plan dans la compréhension des méca-
nismes de génération de la courbure du pli.
38
Chapitre 2 : La phase de dépose
choisir la gaine optimale pour que la fraction volumique de fibres moyenne soit maxi-
male, pour notre procédé ? Pour cela, nous allons chercher les paramètres de tressage
optimaux pour la gaine : nombre de mèches (Nm ) et diamètre nominal (Dn ). Pour
cela, nous utilisons le modèle que nous avons mis en œuvre à la section précédente.
La démarche que nous adoptons est de faire une étude paramétrique complète
où le diamètre nominal (Dn ) et le nombre de mèches (Nm ) varient sur une large
plage de données, à l’aide du modèle développé (modeleVf ). Cette étude paramétrique
sert de référence aux outils d’optimisation que nous présenterons ensuite. Enfin, une
simplification du problème est présentée pour avoir un modèle simple permettant de
prédire les paramètres de tressage optimaux garantissant une fraction volumique de
fibres maximale. Pour toute cette étude, nous supposons que les plis sont parfaitement
coniques. Nous avons ainsi trois démarches, que nous exposerons successivement :
– Étude paramétrique complète
– Méthodes d’optimisation
– Modèle simplifié
Tout d’abord, modeleVf doit être enrichi pour prendre en compte la limitation sur
les angles de cisaillement.
39
Chapitre 2 : La phase de dépose
Pour notre modèle, nous proposons de calculer l’angle de blocage (noté γb ) lorsque
les mèches sont en contact latéralement (Figure 2.21) :
π l π l
γb = − arcsin et γb′ = − + arcsin (2.20)
2 d 2 d
avec l la largeur d’une mèche [m]. Il y a deux valeurs pour l’angle de blocage, suivant
le sens dans lequel le renfort est cisaillé. Ainsi, pour vérifier si l’angle de blocage n’est
pas atteint, il faut que l’angle de cisaillement (γ(r)) vérifie les inéquations suivantes :
π l π l
− + arcsin < γ(r) < − arcsin , ∀r ∈ [rm , rcm ] (2.21)
2 d 2 d
40
Chapitre 2 : La phase de dépose
L’étude paramétrique précédente a été établie pour une largeur de mèche fixe.
Pourtant, la plupart des fournisseurs proposent des gaines dont les mèches ont des
largeurs différentes, en jouant sur le nombre de fibres constituant la mèche. Dans cette
optique, nous proposons de regarder l’influence de la largeur de la mèche sur la zone
de processabilité. Le résultat est présenté sur la figure 2.23. Nous remarquons que
l’augmentation de la largeur des mèches, réduit considérablement le choix en termes
de nombre de mèches (Nm ) mais a assez peu d’influence sur le diamètre nominal (Dn ).
Cette étude paramétrique sert de référence pour les calculs d’optimisation que nous
présentons dans les paragraphes suivants.
41
Chapitre 2 : La phase de dépose
2.4.3 Optimisation
L’étude paramétrique donne une information complète sur la valeur du taux volu-
mique de fibres moyen en fonction des paramètres de préformage. Elle présente l’in-
convénient de nécessiter beaucoup de calculs (environ 50 000 calculs sont nécessaires
pour obtenir la figure 2.22) dont la plupart ne présentent pas d’intérêt en pratique.
Nous nous intéressons donc à une méthode d’optimisation, qui devrait converger vers
le taux de fibres maximum en quelques itérations.
42
Chapitre 2 : La phase de dépose
avec β un coefficient valant 0 si l’angle de blocage n’est pas atteint et une valeur po-
sitive définie par l’utilisateur si l’angle de blocage est atteint ou dépassé (Figure 2.22).
Sur la figure 2.24, nous observons la trajectoire empruntée par la méthode du
simplexe pour différentes conditions initiales prises arbitrairement. La méthode ne
converge pas systématiquement vers l’optimum déterminé lors de l’étude paramétrique.
En effet, ces méthodes dites « déterministes » sont sensibles aux extremums locaux et
c’est probablement la raison pour laquelle certains calculs ne convergent pas vers le
maximum global.
D’autres méthodes basées sur des algorithmes de gradient ont aussi été testées.
La convergence est théoriquement plus rapide que pour la méthode du simplexe. En
pratique, nous avons constaté que ces méthodes ne convergent pas et nous supposons
que le problème vient de la méthode de pénalisation que nous utilisons. En effet, ces
méthodes calculent le gradient de la fonction 2.23 par différences finies et, à l’approche
de la frontière du domaine de processabilité, le gradient de notre fonction à maximiser
n’est pas continu, à cause de la pénalisation. En conséquence, le gradient n’est pas
estimé convenablement et les méthodes numériques divergent.
Néanmoins, nous voyons que tous les calculs convergent de manière différente vers
les bornes du domaine de processabilité atteint avec l’étude paramétrique. Ce résultat
nous conforte dans l’idée que l’optimum est obtenu lorsque le cisaillement est maximal
et que l’angle de blocage est atteint. Ce constat est à l’origine de la méthode que nous
allons présenter.
Le cisaillement maximal est atteint sur le diamètre intérieur (i.e. en haut du pli
conique). Nous pouvons calculer le cisaillement sur le rayon intérieur (noté γm ) :
√
π 2 rm
γm = − 2 arcsin (2.24)
2 Dn
43
Chapitre 2 : La phase de dépose
avec rm le rayon intérieur. Lorsque nous écrivons que le cisaillement sur le rayon
intérieur (Équation 2.24) est égal à l’angle de blocage (Équation 2.20), nous obtenons
la relation suivante :
√
2 rm l Nm
2 arcsin − arcsin √ = 0 si r = rm (2.25)
Dn 2 π Dn
Les différents paramètres de la gaine doivent respecter cette relation (Équation 2.25)
pour assurer que l’angle de blocage soit atteint sur le rayon intérieur.
De même, le cisaillement maximal est atteint sur le rayon extérieur en r = rcm (i.e.
en bas du pli conique). Nous pouvons calculer le cisaillement sur le rayon intérieur
(noté γcm ) : √
π 2 rcm
γcm = − 2 arcsin (2.26)
2 Dn
et les paramètres de tressage de la gaine doivent respecter la relation :
√
2 rcm l Nm
2 arcsin + arcsin √ − π = 0 si r = rcm (2.27)
Dn 2 π Dn
avec rcm le rayon extérieur.
Les équations 2.25 et 2.27 n’ont pas de solution (Dn ,Nm ) analytique, à notre
connaissance. Nous les résolvons numériquement en utilisant l’algorithme de Newton
intégré dans Scipy.
44
Chapitre 2 : La phase de dépose
Angle de blocage
π
γb = 2
− arcsin dl γb′ = − π2 + arcsin dl
Expression du cisaillement
sur le rayon intérieur sur le rayon extérieur
√ √
π 2rm π 2rcm
γm = 2
− 2 arcsin Dn
γcm = 2
− 2 arcsin Dn
trouver
√
Dn , Nm tels que : trouver
√
Dn , Nm tels que :
2 rm 2 r
2 arcsin Dn − arcsin √2 πmD = 0 2 arcsin Dncm + arcsin √l2NπmD − π = 0
l N
n n
Tableau 2.2: Les deux cas de figure possibles pour atteindre le cisaillement maximal
45
Chapitre 2 : La phase de dépose
L’ensemble des couples solutions (Dn et Nm ) des équations 2.25 et 2.27 a été tracé
et superposé aux résultats de l’étude paramétrique. Nous voyons que les équations 2.25
et 2.27 définissent bien les bords du domaine de processabilité. De plus, nous constatons
que leur intersection correspond au taux volumique de fibres optimal déterminé par
l’étude paramétrique (Figure 2.22).
Physiquement, cela signifie que le taux volumique de fibres maximal est atteint
lorsque l’angle de blocage est atteint au niveau du rayon intérieur et au niveau du
rayon extérieur. En effet, dans cette configuration, le cisaillement est maximal et le
taux de fibres est lui aussi maximal.
46
Chapitre 2 : La phase de dépose
47
Chapitre 2 : La phase de dépose
Figure 2.27: Valeur du diamètre nominal assurant un taux de fibres maximal pour
différentes dimensions du tube
et de longueur. Nous aimerions appliquer les travaux que nous venons de décrire à
ces différents tubes. À partir des modèles (Équation 2.28) que nous avons développés,
nous allons établir des abaques pour le choix optimal de Dn et Nm en fonction de la
géométrie des tubes. Pour cela, nous faisons varier le rayon intérieur (rm ) et le rayon
extérieur (rcm ) sur une large plage de valeur.
Pour chaque couple de paramètres (rm , rcm ) nous calculons les paramètres optimaux
de la gaine par la méthode que nous venons de décrire. Le résultat de cette étude est
présentée sous la forme d’abaques 2.27 et 2.28, pour une largeur de mèche fixée à 1,5
mm et pour un pli parfaitement conique. La zone blanche de ces figures correspond
à un rayon intérieur supérieur au rayon extérieur. Ce cas de figure n’a pas de sens et
l’abaque n’a pas été défini dans ces zones.
Par simple lecture sur ces deux figures, le concepteur peut choisir les caractéris-
tiques de la gaine les mieux adaptées à la géométrie du tube qu’il veut réaliser. Pour
une géométrie de tube donnée (rm et rcm ) une lecture sur la figure 2.27 donne le
diamètre nominal et la lecture sur la figure 2.28 donne le nombre de mèche idéal.
48
Chapitre 2 : La phase de dépose
Figure 2.28: Valeur du nombre de mèches assurant un taux de fibres maximal pour
différentes dimensions du tube
49
Chapitre 2 : La phase de dépose
Figure 2.29: Simulation de la phase d’injection d’une préforme avec les plis inclinés
50
Chapitre 2 : La phase de dépose
Nous nous sommes ensuite servis de ce modèle pour maximiser le taux de fibres
moyen sur la préforme, en choisissant astucieusement la gaine à utiliser pour le procédé.
1
La densité de la résine est plus faible que la densité du carbone
51
Chapitre 3
52
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
53
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Par ailleurs, au chapitre 2, nous avons constaté que la fraction volumique de fibres
n’était pas homogène et que l’orientation des plis était variable en fonction du rayon.
Au cours de ce chapitre, nous allons étudier l’influence des phénomènes que nous
venons d’énumérer sur la phase d’injection du procédé.
Figure 3.2: Les différentes échelles pour la phase d’injection (l’image à l’échelle
microscopique est extraite de [40])
54
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Cette équation modélise l’écoulement en milieu poreux. Dans cette équation, deux
phénomènes sont en compétition pour le calcul de la vitesse de l’écoulement de la
résine :
~
– le gradient de pression, modélisé par le terme ∇p
– la gravité, modélisée par le terme ρ~g
Pour l’estimation du terme de la gravité dans l’équation (Équation 3.1), nous consi-
dérons une masse volumique de 1200 kg/m3 et que l’accélération de la pesanteur vaut
10 m/s2 . L’application numérique donne :
L’application numérique montre que les effets de la gravité sont 50 fois moins
importants que les effets dus à la pression d’injection, dans les conditions opératoires
que nous avons généralement pour l’injection des tubes.
Nous concluons que l’effet de la gravité est donc négligeable pour notre application.
La gravité ne sera pas prise en compte dans nos modélisations.
56
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
57
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Pour les écoulements en milieu poreux, le nombre de Reynolds est largement infé-
rieur à 1. Le terme advectif de l’équation de Navier-Stokes (Équation 3.5) peut alors
être négligé. La conservation de la quantité de mouvement est alors gouvernée par
l’équation de Stokes :
∂ρ~v ~ +∇ ~ · ~~τ + ρf~
= −∇p (3.6)
∂t
Lorsque l’écoulement est insaturé et que la résine et l’air sont présents, nous voyons
apparaître les effets de la tension superficielle (entre l’air et la résine) et les effets de
la mouillabilité (entre l’air, la résine et le renfort) sur l’écoulement de la résine.
La tension superficielle est présente dès que deux fluides non miscibles sont en
contact et elle est due à l’attraction entre les molécules [50]. Il s’agit d’une force,
existant au niveau du front, qui tend à s’opposer à la rupture de la surface. La tension
superficielle est caractérisée par le coefficient de tension de surface entre l’air et la
résine (noté γ [N.m−1 ]).
Lorsque trois phases (résine, air et renfort) sont réunies, le front de résine est
caractérisé par un angle de contact θ qui peut varier entre 0◦ (pour les fluides non
mouillants), et 180◦ (pour les fluides mouillants) et dont la valeur dépend des propriétés
des phases en présence. Cet angle de contact peut être calculé à partir des tensions
superficielles des trois phases en présence (Figure 3.4).
La conséquence des effets capillaires est qu’il existe une discontinuité de pression
à travers l’interface séparant deux fluides non miscibles (air et résine, par exemple).
L’amplitude de cette discontinuité dépend de leur tension superficielle mais aussi du
rayon de courbure local de l’interface (notée rcap ). Cette différence de pression est
appelée la pression capillaire (notée Pcap ) et s’écrit :
2 γ cos θ
Pcap = (3.7)
rcap
Lorsque le fluide est mouillant, elle correspond physiquement à la tendance d’un
milieu poreux à aspirer ce fluide. À l’échelle microscopique, la résine se retrouve aspirée
entre les fibres constituant la mèche par la pression capillaire. Les paramètres procédés
58
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Pour que le comportement moyen ait un sens, il faut que le milieu poreux soit consi-
déré comme continu : c’est-à-dire qu’il faut que l’échelle à laquelle nous observons ce
milieu soit suffisamment élevée pour que les variations locales deviennent négligeables.
L’équation de conservation de la masse (Équation 3.4) moyennée sur un milieu
poreux devient :
∂Φρ ~
+ ∇ · (ρ~u) = 0 (3.8)
∂t
avec ρ la masse volumique du fluide [kg/m3 ]
Φ la porosité du milieu [adim.]
~u le champ de vitesse apparent du fluide [m/s]
La vitesse apparente de la résine est une vitesse moyenne de la vitesse du fluide
réelle (notée ~v ). Cette vitesse apparente vaut ~u = Φ~v .
Dans le cas de fluides incompressibles et si nous supposons que la porosité ne varie
pas au cours du temps (la préforme ne se déplace pas), l’équation 3.8 devient :
Dρ ~ · ~u = 0
=0 ⇒ ∇ (3.9)
Dt
L’équation de Stokes, homogénéisée sur un milieu poreux, se ramène à la loi de
Darcy. Cette équation a été observée expérimentalement la première fois par Darcy en
59
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
K ~
~u = − (∇P − ρ~g ) (3.10)
µ
avec ~u le champ de vitesse [m/s]
K le tenseur de perméabilité [m2 ]
µ la viscosité dynamique [Pa.s]
ρ la masse volumique du fluide [kg/m3 ]
~g le vecteur gravité dont la norme vaut 9,81 m.s−2
D’après Fournier [55], en plus de l’hypothèse de milieu continu, les équations que
nous venons d’écrire sont valables si les conditions suivantes sont vérifiées :
– L’écoulement est laminaire
– Le milieu poreux est immobile
– Le fluide est newtonien
– La vitesse du fluide au contact du solide est nulle
– Les effets moléculaires et ioniques sont négligeables devant l’interaction fluide /
solide.
60
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
assemblage de mèches et l’autre, autour des mèches, est un milieu fluide. La mèche
peut être considérée comme un milieu poreux à cette échelle. En effet, les hypothèses
présentées à la sous-section 3.2.2, nécessaires pour utiliser la loi de Darcy, sont respec-
tées. Par conséquent, l’écoulement fluide dans la mèche peut être décrit par l’équation
de Darcy (Équation 3.10).
Le milieu autour de la mèche est un milieu fluide, l’écoulement dans cette région
est gouverné par l’équation de Stokes.
61
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Il existe d’autres modèles pour prédire la perméabilité des mèches, comme ceux de
Cai et Berdichevsky [64], Bruschke et Advani [65] ou encore [66]. Nous nous arrêtons
sur le modèle de Berdichevsky et Cai [67], dont l’expression de la perméabilité dans le
sens longitudinal de mèches (notée Kk ) et dans le sens transverse (notée K⊥ ) s’écrit :
q 5/2
Vf
1− Va
2 exp(B(Va ) + C(Va )Vf ) 2
K⊥ = A(Va ) q n(Va ) rf et Kk = rf (3.13)
Vf Vf m(Va )
Va
La perméabilité des mèches de notre gaine de carbone a été calculée par le modèle
de Berdichevsky (Équation 3.13). Le rayon des fibres est de 7 µm (donnée construc-
teur). Nous supposons que la fraction volumique de fibres des mèches est comprise
entre 50% et 60% (Bizet et al. [40] trouvent 55%). Pour cette raison, nous présentons
une étude de sensibilité de la perméabilité avec la fraction volumique de fibres des
mèches (Figure 3.7). Ces valeurs des perméabilités des mèches seront utilisées comme
62
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
données d’entrée dans le code de calcul Stokes-Brinkman, développé par l’Onera [12]
et présenté dans la suite de ce chapitre (Section 3.5).
L’application du modèle de Berdichevsky et Cai donne un rapport entre les per-
méabilités planaires et transverse pour la mèche de l’ordre de 2 à 3 (Figure 3.7). Ce
résultat est confirmé par l’application du modèle de Gebart [63], où un rapport de
l’ordre de 4 et 5 a été trouvé (non présentée dans cet exposé).
L’analyse des écoulements insaturés à cette échelle est complexe car l’écoulement
dans les mèches est piloté par les effets capillaires alors que l’écoulement autour des
mèches est piloté par les paramètres du procédé.
Il y a donc deux mécanismes qui pilotent l’imprégnation par la résine, à deux
échelles différentes (dans les mèches et autour des mèches). En fonction des paramètres
du procédé ainsi que de l’effet de la pression capillaire, trois régimes d’écoulement sont
identifiables à l’échelle mésoscopique : un régime dominé par l’écoulement dans les
macro-pores, un régime où les deux fronts d’écoulements progressent à la même vitesse
et un troisième régime régi par l’écoulement dans les micropores.
La génération de bulles pendant l’écoulement est due à l’écart entre vitesse mi-
croscopique et vitesse macroscopique et sera largement détaillée dans le chapitre 4. Si
les vitesses d’écoulement aux échelles microscopiques et macroscopiques ne sont pas
63
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
voisines, des bulles sont générées par l’écoulement. Il est donc important d’avoir des
vitesses d’avancée de la résine voisines dans la mèche et autour de la mèche.
64
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
De même, certains auteurs utilisent des courbes de pression capillaire pour mo-
déliser le saut de pression au passage du front, définie à l’échelle microscopique par
l’équation 3.7.
Prise en compte des deux échelles comme deux milieux poreux intercon-
nectés. Coussy [53] présente formellement un modèle pour un milieu poreux à deux
réseaux de pores interconnectés. D’une manière générale, si nous avons deux réseaux
de pores communicants, la conservation de la masse pour chaque réseau s’écrit :
(
∂(ρ Φ)
+∇~ · (ρ ~v ) = −rM −>m
∂t
∂(ρm Φm ) ~ · (ρm ~vm ) = rM −>m (3.15)
∂t
+∇
~ · ~v = − rM −>m
∇ (3.16)
ρΦ
65
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Pillai [56] obtient la même équation par une approche différente, dans le cas des
renforts fibreux.
L’équation de conservation de la masse devient :
~ · ~v = −S
∇ (3.17)
Par cette analyse multi-échelles, nous avons montré toute la complexité de l’écou-
lement de résine au travers de préformes fibreuses. Les raisons évoquées sont la double
échelle de perméabilité et les effets capillaires qui génèrent des zones partiellement sa-
turées à l’échelle macroscopique. Ces zones partiellement saturées sont très complexes
et généralement non prises en compte dans les codes de calcul, comme nous allons le
voir à la section suivante. Une autre difficulté spécifique à notre étude est l’orientation
conique des plis.
Nous avons présenté un état de l’art des modèles existants à l’échelle microsco-
pique, mésoscopique et macroscopique. Dans les développements qui vont suivre, nous
travaillerons essentiellement à l’échelle de la pièce : l’échelle macroscopique. Quelques
travaux à l’échelle mésoscopique sont présentés en perspectives de ce chapitre.
66
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Les codes de calcul sont basés sur la résolution du système d’équations de Darcy.
À chaque itération, ils calculent successivement :
– Le champ de pression, en résolvant l’équation de Poisson (Équation 3.18)
– Le champ de vitesse sur tout le volume grâce à l’équation de Darcy (Équa-
tion 3.10)
– L’avancée du front de résine
Ces codes itèrent tant que la préforme n’est pas complètement saturée en résine.
~ · K ∇P
∇ ~ =0 (3.18)
µ
avec K le tenseur de perméabilité [m2 ]
µ la viscosité dynamique exprimée en [Pa.s]
P le champ de pression exprimé en [P a]
67
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Les paramètres procédés sont introduits au niveau des conditions aux limites dans
l’équation de Poisson (Figure 3.8). Ces conditions aux limites sont les suivantes :
Au seuil d’injection du moule deux types de conditions peuvent être définies :
– La pression d’injection est imposée : Pinj = Pinj (t)
~ , avec ~n la normale au seuil
– Le débit d’injection est imposé : Qinj = ~n · K ∇P
µ
d’injection.
Sur les bords du moule, une dernière condition aux limites est nécessaire pour
résoudre l’équation 3.18. Nous faisons l’hypothèse que la vitesse normale aux bords du
moule est nulle, ce qui traduit le fait que la résine ne pénètre pas dans l’outillage. Sur
le champ de pression, cela se traduit par la condition aux limites suivante :
!
K~
∇P · ~n = 0 (3.19)
µ
68
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.9: Maillage pour la méthode des éléments finis avec volumes de contrôle
Calcul du champ de vitesse Le champ de vitesse est calculé juste après le calcul
du champ de pression. Le champ de vitesse se calcule explicitement à partir du champ
de pression grâce à la loi de Darcy (Équation 3.10).
69
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
D’autres méthodes sont aussi utilisées pour déterminer la position du front de ré-
sine, telles que les méthodes « Volume Of Fluid » utilisée par Lim et Lee [76] ou la
méthode level set [82] et mise en œuvre pour la simulation des procédés Rtm par
Soukane et Trochu [83] et par Lundström et al. [84].
70
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
est faible, plus l’écoulement est difficile et plus les pertes de charges sont importantes.
Au contraire, plus la perméabilité est importante, plus les pertes de charges sont faibles.
Dans le cas général, les propriétés d’injection des renforts ne sont pas les mêmes
dans le sens des chaînes, des trames et dans le sens transverse du renfort. La perméa-
bilité est donc orthotrope. La perméabilité se modélise par un tenseur symétrique qui
s’écrit, dans un repère (O, ~x, ~y , ~z) quelconque :
Ce tenseur a trois perméabilités principales dans trois directions différentes, soit six
composantes indépendantes. Par symétrie, nous allons tenter de réduire le nombre d’in-
connues et donc le nombre d’essais à réaliser pour caractériser intégralement ce tenseur.
Les renforts que nous utilisons en Rtm sont plans et nous pouvons faire l’hypothèse
que deux directions principales du tenseur sont dans le plan du renfort (plan (O,~x,~y )
de la figure 3.10). Les deux perméabilités associées (kp et kp′ ) sont alors appelées per-
méabilités planaires. La troisième perméabilité, supposée perpendiculaire au renfort,
est appelée perméabilité transverse (notée kt ).
De plus, pour notre application, la gaine de carbone utilisée présente une symétrie
supplémentaire. L’axe de la gaine est aussi un axe de symétrie (Figure 3.11a.).
On en déduit que l’axe de la gaine est aussi une direction propre du tenseur de
perméabilité.
Par ailleurs, comme le problème est axisymétrique, seule une composante de per-
méabilité (selon cet axe de symétrie) planaire nous intéresse : la perméabilité dans
le sens de la gaine (kp ). Néanmoins, les simulations 3D de la section 3.4 nécessitent
71
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
d’introduire la perméabilité kp′ dans la mise en données. Cette perméabilité n’a pas
d’effet sur l’imprégnation de résine et la valeur de la composante n’est pas importante.
pour ce cas particulier, nous prendrons kp = kp′ .
Avec ~xp aligné avec l’axe de la gaine et ~z perpendiculaire à la gaine. Ainsi, deux com-
posantes sont suffisantes pour la caractérisation de la perméabilité de notre matériau :
une mesure de perméabilité planaire (sens de la gaine) et une mesure de perméabilité
transverse.
Nous pouvons légitimement nous poser la question suivante : est-ce que la défor-
mation du renfort ne brise pas la symétrie et ne modifie pas l’allure du tenseur de
perméabilité ? La déformation du renfort se fait suivant deux modes, en cisaillement
et en compaction (Chapitre 2). Au cours du préformage, le cisaillement de la gaine
est symétrique par rapport à son axe (Figure 3.11), si bien que cet axe reste un axe
de symétrie, même après un cisaillement quelconque. L’axe de la gaine est donc une
direction propre du tenseur de perméabilité quelque soit le taux de cisaillement de la
gaine. Ce point a été confirmé expérimentalement par Wu et al. [45] pour des gaines
cisaillées.
La compaction va écraser les différents plis mais n’affecte pas la symétrie des mailles
de renfort sur les plis.
72
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.12: Expression du tenseur de perméabilité lorsque les plis ne sont pas dans
la direction de l’écoulement
de déformation privilégiés pour notre étude. Nous présenterons aussi quelques modèles
utiles pour bâtir des modèles analytiques.
Comme la perméabilité n’est pas la même dans toutes les directions du renfort,
l’orientation du renfort est importante. Dans ce paragraphe, nous allons exprimer le
tenseur de perméabilité lorsque le pli est tourné d’un angle β par rapport à un axe O~z
quelconque. Il peut s’agir d’une rotation du pli dans le plan, illustré sur la figure 3.12
ou d’une rotation hors plan, comme illustré sur la figure 3.13.
Nous définissons ici cette rotation d’angle β (rotation dans le sens trigonométrique)
par la matrice suivante (notée Pβ ) :
cos β sin β
Pβ = (3.23)
− sin β cos β
Nous avons obtenu le tenseur de perméabilité lorsque le pli est orienté d’un angle
β quelconque, sans faire aucune hypothèse. Théoriquement, cette formule est valable
pour un pli tourné par rapport à un axe quelconque. Cette formule est applicable dès
que le tenseur de perméabilité est connu.
Perméabilité équivalente Pour les pièces relativement longues et peu larges, l’écou-
lement est globalement monodimensionnel. Pour ce cas, pouvons-nous nous ramener
73
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Lorsque nous négligeons la vitesse radiale devant la vitesse axiale (vr = 0), nous
pouvons écrire la relation suivante :
1 ∂p ∂p
− krr + krz = vr = 0 (3.27)
µ ∂r ∂z
krz 2
1 ∂p
vz = − kzz − (3.28)
µ krr ∂z
En utilisant le tenseur de perméabilité établi à l’équation 3.24, l’équation 3.28
devient :
kp cos2 β + kt sin2 β (kt − kp ) cos β sin β
krr krz
= (3.29)
krz kzz (kt − kp ) cos β sin β kp sin2 β + kt cos2 β
d’où :
74
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
75
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.14: Schéma d’un écoulement pour une préforme constituée de 2 plis de
perméabilités différentes (K1 > K2 )
Vf = A σ B (3.33)
Avec σ [Pa] la pression exercée sur le renfort, A [Pa−1 ] et B deux paramètres dépendant
du matériau.
Le modèle de Kozeny-Carman [61, 62] est très utilisé pour décrire la variation de
perméabilité avec la fraction volumique de fibres et a été présentée à la section 3.2.3,
avec d’autres modèles.
76
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.15: Cisaillement d’une maille d’un pli, pour un renfort équilibré
77
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
simulations à l’échelle mésoscopique sur des géométries Wisetex [94]. Le modèle analy-
tique de Lai et Young est en très bon accord avec les simulations numériques à l’échelle
mésoscopique.
Certains auteurs font l’hypothèse que les tissus se comportent comme deux uni-
directionnels (UD) superposés [9, 10, 20]. Lorsque le tissu est cisaillé, on considère
simplement que les deux UD équivalents sont tournés d’un demi angle de cisaillement.
Les auteurs appliquent ensuite la relation 3.30 à chaque UD équivalent. Cette simpli-
fication, associée à la loi de Kozeny-Carman est assez simple et a donné des résultats
en bon accord avec les mesures expérimentales [10].
Les facteurs ayant une influence sur la perméabilité ont été présentés et ils se-
ront utilisés pour la caractérisation expérimentale ou pour élaborer des modèles d’im-
prégnation. La prochaine section est dédiée à la caractérisation expérimentale de la
perméabilité.
78
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Le régime saturé se place à l’état permanent, lorsque le renfort est saturé en résine.
En régime saturé, la connaissance de la différence de pression au travers de la préforme
ainsi que la mesure du débit de résine permettent de déterminer la perméabilité du
milieu par l’équation de Darcy. Ces méthodes ne présentent pas de front de résine et
donc elles ne présentent pas les défauts présentés au paragraphe ci-dessus. En revanche,
dans le cas d’un effet de bord la mesure est faussée et le problème n’est pas détectable
(autrement que par des valeurs aberrantes).
Expérimentalement, une grande dispersion dans les mesures est observée. Une va-
riation de 30% dans les mesures est courante [91]. En fait, la perméabilité est une
quantité difficile à mesurer. Ceci s’explique par le grand nombre de variables ayant
une influence sur la perméabilité, qui viennent en plus des difficultés déjà évoquées au
paragraphe précédent.
De nombreux auteurs se sont intéressés à l’origine de cette disparité [90, 96, 32].
En plus des défauts évoqués au paragraphe précédent, Lundström et al. [96] montrent
que la dispersion des résultats (15%) dépend des échantillons et surtout de leur prépa-
ration. Dans cette étude, ils montrent aussi que le fluide utilisé et la pression appliquée
n’ont pas d’influence sur la mesure de perméabilité. De plus, les hétérogénéités de la
préforme font varier la vitesse de l’écoulement localement et génèrent des zones sèches,
comme le montrent Markicevic et al. [97].
Par le choix de leur matériau d’essai, Hoes et al. [32] montrent que la dispersion
des mesures n’est liée ni au cisaillement, ni à la double échelle de porosité. Selon les
auteurs, la source d’un si grand écart est due à la mauvaise imbrication des plis entre
eux (nesting). En réduisant cette imbrication, ils ont réduit les écarts de mesure et ont
aussi montré qu’une imbrication parfaite n’était pas possible. Morren et al. [98] ont
réalisé un « préforme virtuelle » en prototypage rapide. L’intérêt de cette technique
est de disposer d’une préforme indéformable et dont l’espace poral est parfaitement
maîtrisé. Les auteurs observent des dispersions de l’ordre de 5%, montrant que le
nesting et les aléas du renfort sont responsables de cette dispersion.
3.3.3.3 Bibliographie sur les moyens d’essai existant pour mesurer la per-
méabilité
79
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
d’où v
u
Qm µL uX ∆xi 2
Ksat = ± Ksat t (3.36)
ρSPinj i
xi
80
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
81
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Injection radiale (2D) Cette mesure caractérise la perméabilité dans le plan. Pour
cette méthode, le renfort est placé dans un moule, et le fluide est injecté au centre
du moule. La forme du front de résine est elliptique pour les renforts anisotropes. La
82
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.18: Schéma d’une mesure de perméabilité par injection radiale. Les
longueurs a et b ainsi que l’angle θ donne l’intégralité du tenseur de perméabilité
dans le plan en une seule expérience.
direction des axes de l’ellipse et les longueurs du petit axe et du grand axe a et b sur
la figure 3.18 renseignent sur les perméabilités dans le plan et l’orientation du tenseur.
Cette méthode est intéressante car elle évite les problèmes d’effets de bords ren-
contrés dans la méthode de l’écoulement unidirectionnel et offre la possibilité d’utiliser
de grands échantillons, ce qui la rend moins sensible aux aléas dus à la fabrication des
renforts ou aux manipulations.
De plus, cette méthode permet de donner accès en une seule expérience à la fois aux
valeurs des perméabilités planes principales et à leurs directions (confondues avec les
axes de l’ellipse). À partir des observations de la propagation des ellipses du front de
résine, plusieurs méthodes, permettent ensuite de déterminer les directions principales
et les valeurs propres associées, à partir d’expression analytique décrivant l’écoulement
dans le système isotrope équivalent [101, 102].
En revanche, la méthode de l’écoulement radial ne permet que des mesures par
suivi de front et ne donnent pas accès à la perméabilité saturée.
Ces mesures nécessitent l’utilisation d’un moule transparent et entraîne des pro-
blèmes de déformation pour des fractions volumiques élevées.
On note que Wu et al. [45] et Long [9] ont utilisé cette technique pour mesurer la
perméabilité d’une gaine de verre dans les deux directions du plan.
Buntain et Bickerton [103] ont imaginé un dispositif pour effectuer une mesure
en continu de la perméabilité planaire en fonction de la fraction volumique de fibres
pour des renforts isotropes. Cette méthode consiste à mesurer la perméabilité et à
comprimer les renforts en continue.
83
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Comas-Cardona et al. [104] ont aussi imaginé une méthode pour obtenir le tenseur
de perméabilité complet (planaire et transverse) en fonction de la fraction volumique
de fibres avec un seul essai. La perméabilité est alors identifiée par une méthode inverse
basée sur des éléments finis. De même que pour Buntain et Bickerton [103], des mesures
complémentaires sont nécessaires lorsque la perméabilité planaire n’est pas isotrope.
84
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
À partir des trois axes de l’ellipsoïde, il est alors possible de déterminer les valeurs
des perméabilités principales. Plusieurs méthodes d’estimation sont proposées dans la
littérature [95, 108].
La difficulté de cette technique réside dans l’observation du front de résine. Saouab
et al. [108] utilisent des rayons X. Quant à Weitzenbock et al. [95], ils utilisent des
thermistors placés dans la préforme.
Pour notre étude, deux types de mesures de perméabilité sont nécessaires (une
planaire et une transverse). Pour la perméabilité planaire, seule la mesure dans le sens
de la gaine est nécessaire. La méthode unidirectionnelle, réputée plus fiable, paraît être
le moyen le plus adapté pour effectuer cette mesure. Pour la perméabilité transverse,
la méthode par écoulements transverses paraît aussi adaptée à notre problème.
85
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
La seconde consiste à empiler les gaines directement, sans les ouvrir. La première
solution présente l’inconvénient d’avoir un repli marqué au centre de la préforme et
que les mèches se détissent sur les bords du pli, à cause de la découpe.
Ces deux défauts peuvent générer des erreurs de mesures, qui n’existent pas lorsque
les gaines sont déposées sans les ouvrir. Pourtant, la seconde méthode n’est pas exempt
de défauts puisque les replis tassent la préforme plus fortement aux extrémités de la
gaine et perturbent ainsi la mesure. Les mesures de perméabilité planaire ont été réa-
lisées sur des gaines sans les ouvrir.
86
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
87
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
et la zone parfaitement saturée en résine et sa position ne peut pas être connue avec
précision. De plus, cette zone partiellement saturée dépend à la fois des paramètres
procédés (pilotant l’écoulement macroscopique) et des effets capillaires à l’échelle mi-
croscopique. Cette difficulté pourrait être à l’origine des disparités mises en évidence
par Pillai.
Perméabilité transverse Les mesures sont réalisées grâce au banc hmz décrit dans
[106, 110]. La perméabilité est mesurée en fonction de la fraction volumique de fibres.
La loi de régression utilisée est la loi exponentielle à deux paramètres :
88
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
89
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
90
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
91
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
pouvons définir des zones sans renfort, comme nous l’avons observé expérimentalement
au chapitre 2. Suivant le cas que nous souhaitons modéliser, ces valeurs peuvent être
constantes ou variables en fonction de la position. Par exemple, l’orientation variable
des plis peut être prise en compte pour modéliser la courbure des plis (Équation 2.8)
ou une fraction volumique de fibres variable peut être modélisée par modeleVf pour
modéliser l’état de déformation de la préforme par cisaillement (Section 2.3.1).
Chaque flèche de l’organigramme de la figure 3.26 est issue d’un modèle et de
mesures expérimentales (pour la perméabilité) et introduisent des incertitudes, dont
nous allons regarder l’influence lors des études paramétriques (Section 3.4.3).
À partir de cette description géométrique des plis modélisée par des éléments fi-
nis, nous affectons des propriétés localement, en définissant des propriétés d’injection
localement puis en définissant des zones sans renfort (optionnel).
92
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Définition des zones sans renfort Éventuellement, des zones sans renfort sont
ajoutées (Figure 3.29). En effet, au chapitre 2, nous avons observé des zones de la pré-
forme où le renfort n’était pas présent. Pour ces zones, nous définissons des propriétés
d’un milieu poreux très perméable.
93
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.28: Méthode utilisée pour affecter une fraction volumique de fibres à un
élément
3.4.1.2 Maillage
Dans un premier temps, les maillages 2D et 3D sont réalisés avec le logiciel Abaqus
et exportés au format « inp ». Ce fichier contient les coordonnées des nœuds, la table
de connectivité et les zones constituant le seuil d’injection et l’évent de sortie. Dans le
logiciel Abaqus, le seuil d’injection et l’évent de sortie sont enregistrés dans des sets 1
nommés « injection » et « vent ».
Les maillages acceptés par les codes Rtm sont constitués d’éléments triangulaires
pour le code Rtm2D.exe et d’éléments tétraédriques pour le code Rtm3D.exe. Dans les
deux cas, les fonctions de forme des éléments sont linéaires.
1
Terminologie Abaqus pour désigner un ensemble de nœuds ou d’éléments
94
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
95
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Définition des zones sans renfort Pour modéliser les zones sans renfort, les
boucles sont simplement dessinées dans un logiciel de dessin ou importées à partir
d’une image de tomographie. Un lecteur d’images au format png et jpeg a été im-
plémenté à partir de la bibliothèque Vtk [39] dans le code AbaqusToRtm. Les zones
blanches de la figure 3.29 (à gauche) correspondent à des zones sans renfort et les zones
noires à des zones avec renfort. Une échelle est définie pour que la taille de l’image en
pixel corresponde à la taille de la pièce dans le système métrique.
La position du barycentre de chaque élément est calculée dans le repère de l’image.
La valeur du niveau de gris du barycentre est calculée par une interpolation bilinéaire
entre quatre pixels entourant le barycentre de l’élément. Si ce niveau de gris est in-
férieur à 127, l’élément est considéré comme faisant partie d’une zone sans renfort et
nous lui affectons un matériau très perméable.
Ce système offre une grande souplesse d’utilisation car les défauts sont simplement
dessinés dans un logiciel ou importés à partir d’une image de tomographie seuillée puis
importés dans le code Rtm2D.exe.
96
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
la section 3.2.5. Ces programmes ont été fournis par le Lomc de l’université du Havre,
dans le cadre du projet Lcm3m.
3.4.1.5 Post-traitement
Les codes du Havre assurent les calculs éléments finis de la pression et de la satu-
ration en résine au cours du temps. Les données de sortie de ces codes sont au format
Tecplot puis sont convertis au format vtk, reconnu par Paraview. Cette tâche est as-
surée par le code TecplotToParaview, écrit aussi en C++ dans le cadre de cette thèse.
La visualisation est assurée par Paraview.
97
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
98
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
commence pas à figer. En pratique, nous avons observé que le front de résine monte
de plusieurs millimètres, ce qui rend impossible l’observation du front de résine.
Les résultats de l’observation du front de résine montrent que l’écoulement est pra-
tiquement unidirectionnel sur l’extérieur du tube. Nous pouvons donc légitimement
nous interroger sur la pertinence d’un modèle 1D suivant l’axe du tube pour modéliser
l’écoulement de la résine. Nous distinguons deux cas. Le premier est à fraction volu-
mique de fibres constante dans l’épaisseur et revient à négliger la variation de fraction
volumique de fibres dans l’épaisseur due au cisaillement (ou à la forme variable du pli),
le second est à fraction volumique de fibres variables dans l’épaisseur.
99
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Si la fraction volumique de fibres est variable dans l’épaisseur, nous pouvons moyen-
ner la perméabilité dans l’épaisseur du tube. En effet, nous constatons que la variation
dans l’épaisseur peut être modélisée par un empilement de couches orientées dans le
sens longitudinal du tube (Figure 3.33). Les propriétés de chaque couche sont diffé-
rentes, pour modéliser le gradient de propriétés dans l’épaisseur du tube.
Chaque couche peut être définie par sa fraction volumique de fibres et sa perméa-
bilité longitudinale. La fraction volumique de fibres est calculée par modeleVf et la
perméabilité dans le sens longitudinal se calcule en utilisant la formule de perméa-
bilité équivalente pour un renfort incliné (Équation 3.30). Nous utilisons les valeurs
des perméabilités planaires et transverses et l’orientation du pli pour chaque couche.
Nous pouvons calculer la perméabilité moyenne (notée Kmoy ) de cet « empilement de
couches », en combinant l’équation 3.30, donnant une valeur de la perméabilité équiva-
lente pour un pli incliné, et l’équation 3.32, permettant de moyenner dans l’épaisseur
du tube. La perméabilité moyenne se calcule par la relation suivante :
Z rcm
(kp − kt )2 cos2 α sin2 α
2 2 2
Kmoy = kp cos α + kt sin α − r dr
rcm 2 − rm 2 r=rm kp sin2 α + kt cos2 α
(3.44)
100
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
3.4.2.3 Simulations 2D
101
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
peut être approximé par un cas 2D cartésien. Nous pouvons donc nous interroger sur
l’erreur commise en effectuant des simulations 2D.
La première modélisation 2D proposée est un calcul 2D-plan (noté 2D-plan).
3.4.2.4 Simulations 3D
Pour la simulation 3D, nous allons prendre en compte l’orientation des plis à 15◦
par rapport à l’axe du tube, supposée constante dans l’épaisseur du tube. La fraction
volumique de fibres est, elle aussi, constante dans l’épaisseur et vaut 40%. La procé-
dure pour l’affectation des propriétés matériaux sur les éléments finis est décrite à la
section 3.4.1.3.
102
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
d’injection de résine polyester (de viscosité 0,1 Pa.s) à pression imposée (1 bar). L’évent
de sortie est à la pression atmosphérique. La géométrie est un tube de hauteur 140
mm, de rayon intérieur 18,5 mm et de rayon extérieur 27 mm. Pour les simulations
2D-plan et 2D-presque-axisymétrique, le maillage est constitué de 3900 nœuds et 7600
éléments. Pour la simulation 3D, le maillage est constitué de 10 700 nœuds et 53 000
éléments.
Les différents modèles sont comparés par rapport à deux critères : la position
du front de résine sur l’extérieur du tube (Figure 3.34) et sur l’intérieur du tube (Fi-
gure 3.35). Les données expérimentales sur la position du front de résine sur l’extérieur
du tube sont superposées aux résultats des simulations numériques.
103
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Pour ces raisons, les modélisations 1D et 3D sont préférées aux modèles 2D et 2D-
axisymétriques. Les simulations 3D ont aussi l’avantage de permettre d’appréhender
d’autres phénomènes comme la variation de fraction volumique de fibres dans l’épais-
seur du tube et l’orientation variable des plis, qui sont des paramètres issus de la phase
de dépose.
Les modèles que nous avons présentés à la section précédente ont une fraction
volumique de fibres homogène dans l’épaisseur du tube et des plis parfaitement inclinés
à 15◦ . Or, nous avons montré au cours du chapitre 2 que la phase de dépose provoquait
une variation de fraction volumique de fibres et que les plis sont courbes.
Dans cette section, nous testons l’influence du gradient de propriétés dans l’épais-
seur du tube et l’influence de la courbure des plis sur l’imprégnation de résine.
Dans un premier temps, nous présentons les différents modèles par raffinement suc-
cessifs. C’est-à-dire, nous allons considérer une fraction volumique de fibres homogène,
puis variable. Ensuite, nous présenterons un modèle où la fraction volumique de fibres
est variable et où les plis sont courbes. Enfin, des réflexions seront menées sur la prise
en compte de zones sans renfort dans les simulations.
104
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Les résultats sur l’orientation du front dans l’épaisseur du tube et sur l’estimation
de l’avancée du front de résine sur l’extérieur du tube sont ensuite présentés.
Prise en compte de l’orientation des plis Dans ce premier cas, nous prenons
en compte l’orientation des plis à 15◦ par rapport à l’axe du tube, supposée constante
dans l’épaisseur. Cette orientation est introduite à travers l’orientation du tenseur de
perméabilité, dont les valeurs sont calculées à partir des mesures de perméabilité pour
un taux de fibres de 40% (Équations 3.40 et 3.41).
Prise en compte des zones sans renfort Au chapitre 2, nous avons montré qu’il
existait une zone autour de la ligature où le renfort n’est pas présent (Figure 2.10).
Ces zones sans renfort n’offrent pas de résistance à l’imprégnation et vont modifier
l’écoulement global. Nous les modélisons par un milieu poreux très perméable.
La difficulté rencontrée à la modélisation, est que les boucles ont une taille de
l’ordre du millimètre et que la pièce a une longueur caractéristique de l’ordre de 100
mm. L’exemple de la figure 3.36 montre un maillage de 41 000 nœuds et 223 000 élé-
ments. On voit que les boucles ne sont pas modélisées très finement et pourtant, le
temps de calcul est conséquent pour un tel maillage.
105
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.36: Modélisation des zones sans renfort par une approche directe pour un
maillage de 41 000 nœuds et 223 000 éléments
Comme nous ne pouvons pas modéliser les boucles sur la pièce complète, nous
allons réaliser des simulations sur des échantillons plus petits et nos conclusions seront
extrapolées sur la pièce. Le volume que nous avons choisi est un quartier de tube
d’angle 10◦ et de hauteur 10 mm et dont les conditions aux limites sont représentées
sur la figure 3.37. Pour cette modélisation, le cisaillement a été pris en compte ainsi
que l’orientation réelle des plis.
Les boucles sont modélisées par un milieu très perméable (k=1.10−7 m2 ) et de très
faible fraction volumique de fibres (Vf = 0,01). Les boucles modèles sont dessinées
à partir de relevés de la position du pli sur des coupes destructives. Ce relevé, qui
constitue le squelette de notre pli, est épaissi jusqu’à obtenir l’épaisseur mesurée du
pli. La procédure est schématisée sur la figure 3.38.
Le maillage est constitué de 15 000 nœuds et 82 000 éléments (Figure 3.37). Le
temps de calcul de cette simulation est assez long (8 jours) car la différence de per-
méabilité entre les zones sans renfort et avec renfort conduit à un système linéaire mal
conditionné pour le calcul du champ de pression. Ceci implique un temps de calcul
beaucoup plus long à chaque itération.
106
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.37: Modélisation des zones sans renfort sur un quartier de tube d’angle
10◦ et de hauteur 10 mm. Le matériau 13 est très perméable, pour modéliser une
zone sans renfort
Figure 3.38: Chaîne de simulation utilisée pour modéliser l’absence de renfort dans
certaines zones de la préforme
107
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
expérimentaux sous la forme d’un faisceau de courbes, traduisant les disparités entre
les différents essais.
La figure 3.39 montre un comparatif entre les résultats expérimentaux et les résul-
tats des simulations sur l’orientation du front dans l’épaisseur du tube. Expérimen-
talement, l’angle formé par le front de résine est de 20◦ environ (Figure 3.39d.), ce
qui correspond approximativement à l’orientation du pli. Qualitativement, les deux
premières simulations, relatives au cas avec et sans prise en compte de la variation de
fraction volumique de fibres dans l’épaisseur du tube, donnent une orientation du front
assez satisfaisante.
En revanche, lorsque nous introduisons la courbure des plis (sans la prise en compte
des zones sans renfort), l’allure du front de résine dans l’épaisseur du tube n’est pas
bien simulée. La figure 3.39 montre que le front de résine est trop incliné par rapport à
l’axe du tube sur la région interne du tube. Ce problème est du au fait que les boucles
ne sont pas modélisées.
Les résultats de la prise en compte des boucles et de la courbure des plis est visible
sur la figure 3.40 sur un quartier de tube. Notons que l’orientation du front de résine
est assez satisfaisante lorsque les boucles et l’orientation des plis sont pris en compte
dans la modélisation, comme le montre le résultat de la simulation sur le quartier de
tube (Figure 3.40). Le front de résine simulé a une pente de 22◦ environ (à comparer
aux 20◦ obtenus expérimentalement).
La figure 3.41 montre les résultats sur la position du front de résine sur l’extérieur
du tube expérimentalement et en simulation. À partir de ces résultats, nous pouvons
dresser deux constats :
108
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
109
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Nous venons de présenter la chaîne que nous avons développée au cours de cette
thèse pour prendre en compte tous les phénomènes que nous avons observés au cha-
pitre 2, comme la variation de densité le long des plis, la variation de courbure des
plis et les zones sans renfort. Cette chaîne de modélisation nous a permis d’étudier
l’influence de chacun de ces paramètres sur l’écoulement de résine.
Nous avons aussi montré que notre outil est validé sur les résultats relatifs à la po-
sition du front de résine (remplissage du moule par exemple). Nous avons aussi montré
que les différents raffinements n’apportaient pas une amélioration significative sur la
prédiction du front de résine et nous suggérons d’utiliser le modèle le plus simple avec
un taux de fibres constant dans l’épaisseur et avec des plis parfaitement coniques. Des
éléments de réponse sont apportés dans la suite de ce chapitre.
110
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
111
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Pour ces études paramétriques, nous comparons l’avancée du front de résine sur
l’intérieur du tube et sur l’extérieur du tube. L’intérêt de considérer l’intérieur et
l’extérieur du tube est que nous disposons d’un encadrement du front de résine dans
l’épaisseur du tube. Les résultats sur la position du front de résine sur l’extérieur du
tube sont superposés aux résultats expérimentaux qui nous servent de référentiel.
112
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Nous avons introduit deux modèles exponentiels à deux paramètres pour les per-
méabilités planaires et transverses (Équations 3.40 et 3.41) dont les coefficients ont été
estimés par la méthode des moindres-carrés (Section 3.3.3.4). Cette étude de sensibi-
lité concerne les quatre coefficients ap , bp , at et bt des équations 3.40 et 3.41, que nous
faisons varier dans une gamme de ±25%, pouvant correspondre approximativement
aux erreurs de mesures constatées.
Ces mesures sont injectées dans un modèle de perméabilité équivalente, décrit par
l’équation 3.30. Nous avons choisi de faire cette étude de sensibilité par rapport à un
modèle analytique, pour limiter le temps de calcul. Cette perméabilité équivalente est
ensuite post-traitée sous la forme d’une avancée de front de résine au cours du temps,
pour un écoulement unidirectionnel. Les paramètres de l’écoulement sont une pression
d’injection de 1 bar, un taux volumique de fibres de 40% et une viscosité de résine de
0,1 Pa.s.
113
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
114
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Les incertitudes de mesure pourraient être en partie responsables des écarts entre
résultats de simulation et essais. Ces sensibilités de mesures pourraient conduire à une
surestimation de la perméabilité et donc à une vitesse d’écoulement de la résine bien
trop rapide.
Par cette étude de sensibilité, nous constatons que la perméabilité a une influence
importante sur l’écoulement de la résine et que la vitesse d’avancée du front de résine
est très sensible aux mesures de perméabilité transverse.
115
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.47: Position du front sur l’intérieur du tube pour différents taux de fibres
homogènes sur la préforme
Figure 3.48: Position du front sur l’extérieur du tube pour différents taux de fibres
homogènes sur la préforme
116
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
117
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Nous avons établi la fonction suivante pour modéliser la variation de fraction vo-
lumique de fibres sur la hauteur du tube (Figure 3.49) :
vf process + ∆vf si z ∈ [0, L/3]
−6z
Vf (z) = ∆vf + vf process + 3∆vf si z ∈ [L/3, 2L/3] (3.45)
L
vf process − ∆vf si z ∈ [2L/3, L]
avec ∆vf la variation de la fraction volumique de fibres et z l’altitude. Notons que
le modèle que nous avons introduit a été construit pour que la fraction volumique de
fibres moyenne soit toujours égale à Vf process . La fraction volumique de fibre moyenne
imposée par le procédé de dépose est supposée constante dans cette étude. Ce modèle
nous permet de faire varier la répartition de la fraction volumique de fibres sur la
hauteur, via le paramètre ∆vf .
Pour cette étude paramétrique, la variation linéaire sur le second tiers du tube est
modélisée par une fonction en escalier, avec trois paliers (Figure 3.49). De plus, nous
ajoutons la variation de fraction volumique de fibres variable dans l’épaisseur du tube.
Nous avons donc une variation de fraction volumique de fibres suivant le rayon, définie
par modeleVf et suivant la hauteur du tube, définie par l’équation 3.45, comme nous
pouvons le voir sur la figure 3.50 où chaque matériau de la figure représente un taux
de fibres différent.
Pour cette étude paramétrique, nous faisons varier le paramètre ∆vf entre 0 et
0,1, pour observer l’influence d’une fraction volumique de fibres hétérogène sur la
hauteur. Les résultats sont comparés sur deux critères : la position du front de résine
sur l’intérieur du tube (Figure 3.51) et sur l’extérieur du tube (Figure 3.52).
118
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.51: Position du front sur l’intérieur du tube pour différentes valeurs de
∆vf
Pour une variation du paramètre ∆vf entre 0 (taux de fibre homogène sur la hau-
teur) et 0,1, nous observons le temps d’injection est multiplié par quatre tant sur
l’intérieur du tube que sur l’extérieur bien que la fraction volumique de fibres moyenne
sur la préforme soit toujours la même pour l’ensemble des simulations.
Ce résultat montre que l’écoulement de résine est très sensible à la répartition de
la matière dans le moule puisque toutes les simulations que nous avons présentées ont
une fraction volumique de fibres moyenne sur la préforme identique. En modifiant la
répartition du taux de fibres sur la hauteur, nous montrons que le temps d’injection
augmente considérablement. Nous en concluons que la phase d’injection est sensible à
l’état de préformage du renfort.
119
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.52: Position du front sur l’extérieur du tube pour différentes valeurs de
∆vf
est plus élevé que 15◦ , le temps d’injection augmente car nous introduisons d’avantage
de composante transverse du tenseur de perméabilité, la composante transverse étant
beaucoup plus faible que la composante planaire.
Synthèse des études paramétriques Nous pouvons tirer deux conclusions de ces
études paramétriques. Les simulations de la phase d’injection sont assez sensibles aux
variations de mesures de la perméabilité, en particulier celles relatives aux mesures de
perméabilité transverse. De plus, les défauts de préformage ont une grosse influence
sur l’avancée du front de résine.
Néanmoins, nous nous sommes servis des résultats à débit imposé pour comparer
résultats expérimentaux et simulations. Les mesures de densité sur ces tubes montrent
que la fraction volumique de fibres est peu dispersée entre les différents essais réalisés
et la fraction volumique de fibres est assez homogène sur la hauteur du tube. Nous pou-
vons raisonnablement en conclure que les variations de préformage ne sont pas la cause
des écarts entre la simulation et les essais expérimentaux, constatés à la section 3.4.2.6.
Nous avions émis trois hypothèses pouvant expliquer les écarts entre expérimental
et simulation. L’effet de la capillarité avait été jugé improbable. Nous venons de voir
que les variations de préformage ne sont probablement pas la cause de ces écarts. En
120
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Figure 3.53: Position du front sur l’intérieur du tube pour différentes orientations
des plis
Figure 3.54: Position du front sur l’extérieur du tube pour différentes orientations
des plis
121
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
revanche, nous avons montré que l’avancée du front de résine était très sensible aux
mesures de perméabilité.
La section suivante montre nos résultats préliminaires sur l’estimation de la per-
méabilité à partir de la géométrie réelle du renfort, c’est-à-dire avec les boucles.
Dans cette section, nous présentons les travaux préliminaires pour la détermination
du tenseur de perméabilité par calcul Stokes-Brinkman. Ces travaux préliminaires sont
réalisés sur des géométries 2D afin de montrer la faisabilité de la démarche et des outils
disponibles.
122
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
123
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
Le résultat de cette étude paramétrique est présenté sur la figure 3.57. La perméabi-
lité planaire est seulement deux fois plus élevée que la perméabilité transverse, d’après
les calculs Stokes-Brinkman, quelque soit la fraction volumique de fibres des mèches.
Ce constat n’est pas en accord avec les mesures de perméabilités expérimentales où le
rapport entre perméabilité planaire et perméabilité transverse est de l’ordre de 25 à
30 (Figure 3.25). Nous pouvons formuler deux hypothèses pour expliquer ce problème.
D’une part, nous devrions introduire un tenseur de perméabilité orthotrope dans les
mèches, avec une composante planaire alignée dans le sens de fibres et une composante
transverse, lors du calcul Stokes-Brinkman. Malheureusement, en introduisant un ten-
seur de perméabilité incliné à 15◦ , nous avons eu des problèmes de stabilité numérique
et les calculs ont divergé. Néanmoins, il est peu probable que l’anisotropie de la per-
méabilité des mèches soit la seule responsable de ce problème. En effet, le ratio entre
la perméabilité planaire et transverse pour les mèches n’est que de 2 à 3. Ce rapport
des perméabilités des mèches est trop faible pour expliquer à lui seul que le rapport
des perméabilités du renfort soit de 25 à 30 à l’échelle macroscopique.
124
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
La seconde hypothèse est que le volume sur lequel nous devons faire les calculs
doit être 3D. La figure 3.56 montre les lignes de courant de l’écoulement. Ces lignes
de courant caractérisent la trajectoire de la résine pendant la simulation de l’injection.
Sur cette figure, nous constatons que la résine « zigzague » entre les mèches et que,
par endroit, la résine s’écoule à travers les mèches. Ce résultat n’est pas physique car
la résine devrait s’écouler préférentiellement dans les macro-pores dans la troisième
direction de l’espace, non prise en compte dans les simulations 2D. Il est très probable
que cette seconde hypothèse soit responsable de l’écart entre perméabilité planaire
et transverse et il faudrait passer à des calculs 3D pour réaliser une estimation plus
réaliste du tenseur de perméabilité. Ce travail n’a pas été réalisé à cause du coût du
traitement des images 3D.
125
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
3.6 Conclusion
Au cours de ce chapitre, nous avons présenté un état de l’art sur les phénomènes
physiques ayant lieu pendant la phase d’injection du procédé Rtm ainsi que les mé-
thodes numériques utilisées couramment.
Nous avons décrit notre chaîne de modélisation à l’échelle macroscopique et les
simulations ont été comparées aux résultats expérimentaux. La démarche que nous
avons présentée permet de prendre en compte toutes les caractéristiques de la pré-
126
Chapitre 3 : Analyse de l’écoulement de la résine
127
Chapitre 4
Dans un premier temps, nous allons présenter une étude bibliographique sur les
mécanismes d’apparition des porosités, sur le déplacement des plis et sur les paramètres
ayant une influence sur leur apparition. Ensuite, nous présenterons les travaux menés
dans le but de maîtriser le procédé et les paramètres le contrôlant. Dans ce cadre, un
banc d’injection a été développé et mis au point afin de pouvoir injecter des préformes
selon différents paramètres. Une analyse de la qualité des pièces a également été menée
afin de corréler la qualité des défauts avec certains paramètres procédés.
128
Chapitre 4 : Analyse des défauts
pendant la phase d’injection, nous présentons les moyens existants pour caractériser
la porosité.
Dans cette étude bibliographique, la variation de la fraction volumique de fibres
sur la hauteur du tube et les moyens de contrôle associés ne sont pas présentés car ils
sont très spécifiques à notre application.
4.1.1 La porosité
Les porosités dans les pièces composites réalisées par Rtm est un problème très
classique, qui a fait l’objet de nombreux travaux. C’est aussi un problème important
car la performance des pièces composites chute considérablement avec une hausse du
taux de porosités [112, 113].
L’origine des porosités résiduelles est multiple et nous avons choisi de la classer de
la façon suivante :
– taux de porosité initial dans la résine
– génération de bulles lors de l’écoulement
– transport de bulles par l’écoulement
– compressibilité des bulles
Ces phénomènes ont été observés et ont inspiré les auteurs à trouver des solutions
pour réduire le taux de porosité. Nous allons présenter certains de ces travaux et les
solutions techniques qui en découlent.
Il est possible que la résine contienne des bulles d’air avant même d’atteindre la
préforme. Ces bulles sont générées au moment de l’écoulement dans les tuyaux et dans
les raccords entre le pot à pression et le moule.
Par ailleurs, de l’air est présent sous forme dissolue dans la résine et certains auteurs
préconisent un dégazage avant injection [114]. Cette solution est à éviter si la résine
contient trop de solvants légers, comme par exemple pour la résine polyester.
129
Chapitre 4 : Analyse des défauts
130
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.2: Évolution du taux de vide avec le nombre capillaire (extrait de [118])
Ils observent, qu’en dessous d’un nombre capillaire modifié de 0,0035, l’écoulement
macroscopique est très lent, le taux de macro-porosités augmente exponentiellement
lorsque le nombre capillaire diminue. Au dessus d’un nombre capillaire modifié de
0,035, l’écoulement macroscopique est très rapide, le taux de micro-porosité augmente
aussi.
L’analyse de l’écoulement basée sur le nombre capillaire modifié a été confirmée par
plusieurs études sur des résines et des renforts différents. Nous pouvons donc considé-
rer que cette approche est validée expérimentalement.
Au paragraphe précédent, nous avons vu que les porosités sont générées pendant
l’écoulement de la résine. Dès que les bulles peuvent être générées, elles peuvent être
transportées par l’écoulement de résine [115, 118, 126]. Ce constat bibliographique est
confirmé par nos observations sur nos gaines, lors des mesures de la perméabilité pla-
naire réalisées au Lomc et pendant l’injection de protections thermiques où des bulles
en mouvement ont été observées. Ce transport peut expliquer que le taux de poro-
131
Chapitre 4 : Analyse des défauts
sité proche de l’évent de sortie soit plus élevé que la zone proche du seuil d’injection,
comme Lundström et Gebart l’observent [114] pour leurs essais.
Ce constat peut inspirer une stratégie pour limiter le taux de porosités. Comme les
bulles sont entrainées par le fluide jusqu’à l’évent de sortie, certains auteurs ont étudié
la possibilité de laisser couler la résine après que la pièce soit totalement injectée et
ainsi diminuer le taux de porosité dans le composite final.
Les bulles sont transportées par l’écoulement, mais elles peuvent aussi être em-
prisonnées dans la préforme. En effet, Patel et al. [124] observent que les obstacles
(coutures de Ncf dans leur exemple) obstruent le passage pour les bulles et les em-
pêchent d’être emmenées par l’écoulement. En augmentant le débit, ils ont réussi à
limiter les porosités emprisonnées. Des problèmes similaires pourraient être observés
pour nos préformes au niveau des ligatures.
Les gaz constituant les porosités étant compressibles, leur volume va réduire si nous
appliquons une contre-pression pendant la phase de polymérisation (Figure 4.3).
Lundström et al. [114] montrent que la contre-pression pendant la cuisson réduit le
taux de porosité dans le composite final. Hamidi et al. [127] ont observé aussi une très
forte décroissance (90%) de la porosité résiduelle en appliquant une contre-pression de
5,7 bars sur un mat de verre injecté avec une résine époxy. De même, ils ont observé que
la taille des porosités est considérablement réduite (le diamètre équivalent est divisé
par 2). Ils ont réussi à réduire la porosité jusqu’à un taux de 0,2 % en volume. En
revanche, ils observent que les porosités irrégulières sont moins bien réduites que les
porosités circulaires ou elliptiques.
Une autre stratégie visant à limiter la porosité résiduelle consiste à faire le vide
pendant l’injection (procédé Vartm). L’influence du vide réduit la quantité de matière
132
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.3: Réduction de la taille d’une bulle lorsque la contre pression est
appliquée et diffusion de gaz dans la résine
emprisonnée dans la porosité et donc sa taille finale. Des résultats probants ont été
obtenus par Lundström et Gebart [114] et par Hayward et Harris [128]. Les bulles d’air
ainsi formées se résorbent plus facilement.
De plus, les bulles peuvent se dissoudre dans la résine au cours de l’écoulement.
Cette dissolution est plus importante lorsque la pression est plus forte [129]. Une faible
concentration initiale en gaz dans la résine augmente aussi la dissolution.
De même que pour la phase d’injection, les gaz contenus dans les porosités peuvent
diffuser dans la résine, d’autant mieux que la contre-pression est forte et que la résine
a été préalablement dégazée [114, 129].
133
Chapitre 4 : Analyse des défauts
d’empilement), la viscosité et le débit ont une influence sur la déformation. Ils ont
réduit la déformation de la préforme en modifiant la forme du seuil d’injection. Pour
le même cas de référence, un trou au milieu de la préforme au niveau du seuil d’injec-
tion modifie l’écoulement et ainsi limite la déformation des renforts pendant l’injec-
tion [96, 134, 135].
Farina et Preziosi [136] ont montré que le taux de compression de la préforme est le
paramètre le plus important contrôlant le déplacement des plis, grâce à des simulations.
Ils préconisent d’appliquer une contrainte de compaction au moins égale à la pression
d’injection.
Tous les travaux de simulation reposent sur la mécanique des milieux continus et
sur la loi de Terzaghi :
σij ′ = σij + pδij (4.2)
Nous venons de dresser une étude bibliographique sur l’origine des défauts rencon-
trés généralement pour les procédés Rtm. La section suivante est consacrée aux moyens
existants dans la littérature pour mesurer les défauts que nous avons présentés.
Parmi les solutions technologiques existantes pour l’observation des porosités, nous
allons choisir celles qui répondent le mieux à notre besoin. Les technologies qui ont
retenu notre attention sont :
– La coupe destructive, associée à un examen optique
– Le contrôle par ultrason
– La tomographie par rayons X
La coupe destructive est choisie pour sa simplicité. En revanche il s’agit d’un
contrôle destructif. Notre choix s’est aussi porté sur les ultrasons et la tomographie
par rayons X car ce sont des technologies de contrôle non destructif, a priori adaptées
à l’observation des porosités.
134
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Cette solution est simple à mettre en œuvre et ne nécessite pas beaucoup de moyens
techniques et humains. De plus, elle donne des résultats quantitatifs lorsque ces obser-
vations sont associées à une analyse d’images [117, 127]. Elle peut être associée à une
observation au microscope, ce qui permet d’avoir une observation fine. En revanche,
cette observation est limitée au plan de coupe et nous devons faire l’hypothèse que ce
plan de coupe, parfois choisi arbitrairement, est caractéristique de la pièce.
Le principe des ultrasons est d’émettre une onde ultra-sonore dans la pièce à contrô-
ler dont la propagation va être influencée par la présence d’éventuels défauts. La mesure
de cette onde va nous informer de la présence d’un défaut [137].
Dans le cas des mesures par réflexion, l’écho généré par la présence d’un défaut
(délaminage ou porosité) est mesuré. En mesurant le temps de vol de l’onde, nous
pouvons en déduire la position du défaut dans l’épaisseur de la pièce.
Les ultrasons présentent l’avantage de pouvoir être appliqués à une pièce entière
pour laquelle une cartographie complète de la distribution des défauts est ainsi déter-
minée.
La tomographie par absorption de rayons X est une technique non destructive qui
permet la reconstruction d’un objet à trois dimensions [138]. Elle comporte deux étapes
(Figure 4.4) :
– l’acquisition de plusieurs radiographies suivant des orientations multiples (entre
200 et 2000 radios)
– l’utilisation d’un algorithme de reconstruction pour obtenir l’image en 3 dimen-
sions de l’échantillon
À l’aide de ces données, une image numérique 3D est reconstruite en niveaux de
gris (Figure 4.4). Le niveau de gris obtenu sur les images de tomographie par rayons
X est théoriquement le coefficient d’atténuation de la matière, que nous pouvons relier
à la densité du matériau.
Aujourd’hui, la tomographie par rayons X prend une place grandissante et on note
que de nombreuses études utilisent la tomographie à rayons X pour observer les renforts
de matériaux composites ou des porosités à l’échelle mésoscopique [139, 140, 141, 142,
143].
Différents types de tomographes existent, et ceux-ci peuvent être classés suivant le
type de source qu’ils exploitent.
135
Chapitre 4 : Analyse des défauts
136
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Les coupes destructives associées à une analyse d’images fournissent des résultats
convaincants et sont assez simples à mettre en œuvre [117, 127].
La détection des défauts par ultrasons s’est avérée difficile pour notre application
et avec le matériel dont nous disposons [144], alors que la tomographie par rayons X
a montré son efficacité sur différents défauts comme les porosités et les délaminages
(Figure 4.6).
Ainsi, la tomographie à rayons X permet d’accéder au cœur de la matière et de
visualiser les défauts courants lors de la fabrication de pièces composites comme les
porosités ou les délaminages (Figure 4.6). Les clichés de la figure 4.6 ont été pris sur
micro-scan à 80 KeV à une résolution de 93 µm.
La coupe destructive systématique a été retenue, associée à une analyse ponctuelle
par tomographie par rayons X.
137
Chapitre 4 : Analyse des défauts
L’objectif de notre banc d’injection instrumenté est de pouvoir réaliser des pièces
par le procédé Rtm à débit ou pression imposée, en contrôlant l’intégralité des para-
mètres procédés. Ce démonstrateur, schématisé sur la figure 4.7, se compose de trois
blocs, dont les fonctionnalités sont différentes :
138
Chapitre 4 : Analyse des défauts
139
Chapitre 4 : Analyse des défauts
En particulier, la rampe de pression est utilisée pour réaliser des injections dans
des conditions proches du débit imposé. Expérimentalement, nous observons que la
position du front de résine à l’extérieur du tube est linéaire en fonction du temps
lorsqu’une rampe de pression est appliquée. La rampe de pression est une méthode
adaptée pour réaliser une injection à débit imposé.
En revanche, ce dispositif ne permet pas de mesurer le débit en amont du moule.
106
N (tr/min) = Qv (l/min) = 707, 36 Qv (l/min) (4.3)
pSR
140
Chapitre 4 : Analyse des défauts
collier chauffant est utilisé pour maintenir la résine à température pendant son trajet
jusqu’au moule. Une injection de résine à 80◦ C a été réalisée. Au delà de 100-120◦ C,
le remplacement de certains composants, comme les joints d’étanchéité en nitrile ou le
tuyau en Pvc, est à prévoir.
141
Chapitre 4 : Analyse des défauts
142
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Ce moule est une évolution du moule précédent, dont nous conservons le mandrin
et le poussoir. Le contre-moule, en Pmma, est bien plus large que le diamètre de la
préforme (Figure 4.9). Les dimensions du contre-moule sont de 70 mm de diamètre
intérieur et de 5 mm d’épaisseur. Deux bagues supplémentaires ont été réalisées pour
l’adapter sur le système déjà existant et assurer l’étanchéité.
Le seuil d’injection est positionné en bas du tube et l’évent de sortie en haut. L’es-
pace entre le contre-moule et la préforme est directement relié au seuil d’injection si
bien que cette gorge se remplit dès le début de l’injection. Les plis sont ensuite impré-
gnés de manière longitudinale. L’excédent de résine est collecté de manière analogue à
celle des moules précédents.
143
Chapitre 4 : Analyse des défauts
144
Chapitre 4 : Analyse des défauts
La solution retenue est un système entrées/sorties fourni par la société National Ins-
trument (Figure 4.11) associé au logiciel Labview pour le contrôle et l’enregistrement.
Ce choix est du aux bonnes performances de ce système, à la simplicité d’utilisation, la
bonne capacité d’évolution de ce matériel et une très grande convivialité de l’interface
graphique du logiciel Labview.
145
Chapitre 4 : Analyse des défauts
tie en tension 0/10V par nos programmes écrits sous le logiciel Labview. Cette tension
0/10V sert de consigne au variateur électronique. L’intérêt de ce système est qu’une
variation du débit en fonction du temps est envisageable.
De même, nous pouvons piloter le limiteur de pression proportionnel par une com-
mande 0/10V. La pression de commande est convertie par nos programmes en tension
0/10V, correspondant à une pression 0/6 bars.
Lorsque l’injection est filmée, la position du front de résine sur l’extérieur du tube
est extraite des vidéos. Le contraste entre le carbone sec et le carbone imprégné est
suffisamment élevé pour avoir une mesure facile de la position du front de résine (Fi-
gure 4.12).
Nous constatons que la position du front de résine sur l’extérieur du tube se com-
porte globalement comme un écoulement unidirectionnel. Nous avons donc introduit
l’idée d’une « perméabilité de pièce », caractéristique de l’écoulement mesuré sur l’exté-
rieur du tube. Cette perméabilité peut paraître artificielle, mais elle présente l’avantage
de permettre de faire des comparaisons d’écoulements réalisés avec des conditions d’in-
jection différentes. Par exemple, elle permet de comparer des écoulements à pression
imposée avec des écoulements à débit imposé. Un exemple de mise en œuvre est pré-
146
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Avec une rampe de pression linéaire, l’écoulement de résine est assimilable à une
injection à débit imposé.
147
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.13: Procédure pour obtenir une position de front équivalente à pression
imposée
Pour estimer une perméabilité de pièce à partir d’une rampe de pression, le débit
d’injection équivalent est identifié à partir de la courbe de position du front de résine au
cours du temps. Ensuite, nous pouvons estimer la perméabilité de pièce en appliquant
l’équation 4.6.
Notre procédure est identique à celle de Hamidi et al. [117, 127]. Les tubes sont
coupés dans le sens longitudinal (suivant l’axe du tube) puis photographiés. Notre
démarche est illustrée sur la figure 4.14. À partir des photos, nous déterminons la
position et la taille de chaque porosité en utilisant la méthode suivante :
1. Seuillage de l’image. Cette opération permet de séparer le composite sain (en
blanc sur la figure 4.14) et les porosités (en noir sur la figure 4.14). Cette opéra-
tion est réalisée avec le logiciel Gimp.
2. Filtrage de l’image. Le problème du seuillage est que cette technique est sensible
au bruit contenu dans l’image. Concrètement, à l’issue du seuillage, nous voyons
apparaître des pixels noirs éparpillés, qui ne correspondent pas à des porosités.
Un filtre ouverture/fermeture est appliqué pour supprimer les tâches apparues.
Nous utilisons le filtre implémenté dans le logiciel Gimp.
3. L’identification des porosités se fait grâce à un algorithme de recherche de contours
décrit par Lohmann [146] et attribué à Artzy et al. [147] et Rosenfeld et al. [148].
Dans le cadre de cette thèse, un programme en C++ a été développé pour réaliser
cette tache, car non disponible dans le logiciel Gimp.
4. Dès que l’identification des porosités dans l’image est réalisée, nous calculons la
position et la surface (notée Si ) de chaque porosité de l’image.
148
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Si nous faisons l’hypothèse que les porosités sont circulaires, nous obtenons une
estimation du diamètre des porosités (di ) par la formule :
p
di = 2 Si /π (4.7)
Cette formule est aussi utilisée par Hamidi et al.. Cette procédure permet de
connaître le diamètre équivalent de chaque porosité identifiée dans l’image. À par-
tir de ces données une étude statistique est conduite. À cet effet, nous introduisons la
loi log-normale à deux paramètres (µ et σ). Cette loi fournit un bon modèle pour les
variables strictement positives ayant une distribution asymétrique avec allongement
vers les valeurs élevées [99]. Elle s’écrit :
1 1 2
f (x) = √ exp − 2 (ln x − µ) (4.8)
x 2πσ 2σ
Les coefficients µ et σ sont identifiées sur les données expérimentales par la mé-
thode des moindres-carrés.
À partir de la liste des porosités issue de la procédure que nous venons de décrire,
nous pouvons calculer la surface de composite « sain », c’est-à-dire sans porosité (notée
Scs ) et la surface des porosités (notée Sp ). Notre critère de qualité de la pièce est un
ratio (noté r) entre la surface totale des porosités sur la surface du composite sain. Ce
ratio est un taux surfacique de porosité et il s’écrit :
Sp (pixel2 )
r= × 100% (4.9)
Scs (pixel2 )
149
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.15: Position des marqueurs avant injection (à gauche) et après 6 secondes
d’une injection à une pression de 3 bars
Les marqueurs renseignent sur le déplacement des plis sur l’extérieur alors que les
ligatures renseignent sur le déplacement sur l’intérieur du pli. Nous avons donc un
encadrement du déplacement des plis.
150
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.16: Appareil utilisé pour les mesures de densité - avec la permission de la
société Roxel
de ces échantillons est mesurée. Ensuite, la fraction volumique de fibres est calculée à
partir de la densité des échantillons de composite, de la densité de la résine et de la
densité du carbone.
151
Chapitre 4 : Analyse des défauts
d − dr
Vf = (4.10)
df − dr
Les pièces présentent parfois des porosités, qui font chuter la densité mesurée, et
donc perturbent l’estimation de la fraction volumique de fibres. Nous nous intéressons
à quantifier l’erreur commise.
Si nous considérons que la pièce finale comporte des porosités (de fraction volu-
mique Va et de densité da ), la densité réelle de ce composite (dcr ) se calcule par la
relation :
dcr = df Vf + dr (1 − Va − Vf ) + da Va (4.11)
L’erreur commise (notée ǫd ) en négligeant la porosité s’écrit :
dcr − d Va da − dr Va
ǫd = = (4.12)
dcr df Vf + dr (1 − Va − Vf ) + da Va
152
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Les résultats que nous présentons sont issus d’une campagne de quatre essais à
pression imposée sur des protections thermiques de taille réelle, pour des pressions de
1,2 bar, 2 bars, 2,5 bars et 3 bars. Les pièces ont été coupées dans le sens longitudinal
et les résultats que nous présentons sont issus de la porosité observée dans le plan de
coupe.
Cette étude se concentre sur la porosité résiduelle macroscopique sur environ un
tiers du tube proche de l’évent de sortie. La porosité microscopique, dans les mèches,
n’est pas étudiée. Nous étudions la zone proche de l’évent, car nos observations montrent
que les deux premiers tiers de la pièce, proches du seuil d’injection, sont relativement
sains (quelques porosités éparpillées sont constatées). En revanche, le dernier tiers de
la pièce concentre quasiment toutes les porosités. Il est très probable que les poro-
sités aient été générées pendant l’écoulement de résine, puis emmenées par le fluide,
conformément aux mécanismes décrits à la section 4.1.1.
Pour l’étude expérimentale de la porosité, nous présentons trois résultats. Le pre-
mier concerne le taux de porosité global dans la pièce. Les deux derniers résultats sont
présentés simultanément et concernent une étude statistique de la porosité, en termes
de position et de taille.
153
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Pression d’injection σ µ
1,2 bar 0,55 -1,50
2,6 bars 0,489 -1,43
3 bars 0,488 -1,49
Tableau 4.2: Coefficients des distributions du diamètre des porosités
réaliser une étude statistique pour en déduire les tendances. La courbe de tendance
utilisée est la loi log-normale (Équation 4.8), dont les deux paramètres µ et σ sont
identifiés sur les distributions expérimentales par la méthode des moindres-carrés.
Dans un premier temps, nous nous intéressons à la distribution de la taille des po-
rosités. La figure 4.18 présente la distribution du diamètre des porosités (Équation 4.7)
pour trois tubes injectés à des pressions de 1,2 bar, 2,5 bars et 3 bars. Les résultats
de l’injection à 2 bars ne sont pas présentés car les porosités observées ne sont pas
suffisamment nombreuses pour qu’une approche statistique soit pertinente.
L’allure de notre distribution de taille de porosité (Figure 4.18) est comparable à
celle obtenue par Hamidi et al. [117] pour des mats de verre imprégnés avec le procédé
Rtm. Notons toutefois que le diamètre moyen des porosités obtenu est statistiquement
plus élevé pour notre application que pour celle de Hamidi et al. (le rayon moyen de
leurs porosités est de 70 µm contre 200 µm pour notre application).
154
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.18: Distribution de la taille des porosités pour des injections avec
différentes pressions
Pour chacune des pièces, les coefficients de la loi log-normale sont calculés par la
méthode des moindres carrés. Les coefficients obtenus pour les différentes pressions
d’injection sont très proches (Tableau 4.2) et voisin de -1,5 et 0,5 pour les coefficients
µ et σ respectivement. D’ailleurs la courbe continue de la figure 4.18 est le tracé de la
loi log-normale, avec les paramètres µ et σ valant respectivement -1,5 et 0,5.
Nous en concluons que la pression d’injection (comme paramètre procédé) n’a pas
d’incidence majeure sur la distribution de la taille des porosités.
Nous rappelons que la taille des porosités entre dans le cahier des charges de la
pièce à produire. La taille des porosités est généralement inférieure au millimètre, ce
qui satisfait le cahier des charges établi par la société Roxel (Chapitre 1).
155
Chapitre 4 : Analyse des défauts
obtenus par la méthode des moindres-carrés. La figure 4.19c. montre que la distribution
des porosités est uniforme dans l’épaisseur du tube.
Il semble donc que les porosités soient distribuées de manière uniforme dans l’épais-
seur du tube mais que la distribution longitudinale suive une loi log-normale. La zone
présentant le plus de porosités se trouve proche de l’évent de sortie.
Cette analyse est complétée par un scan de tomographie par rayons X. Un échan-
tillon de tube en carbone/polyester, injecté à une pression de 3 bars, a été imagé à
la résolution de 40µm. L’échantillon est un quart de tube de hauteur 30 mm environ.
L’image a été reconstruite puis seuillée afin d’observer la porosité représentée en bleu
sur la figure 4.20.
156
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Cette image apporte une information supplémentaire sur la structure des porosités
à laquelle nous n’avions pas accès avec des coupes destructives classiques. À côté des
porosités sphériques, nous voyons apparaître des porosités qui semblent occuper tous
les macropores autour des mèches. Ces images donnent l’impression que certains plis
ne sont pas imprégnés.
Les porosités sphériques étaient attendues, contrairement aux porosités de géomé-
trie plus complexe. L’échantillon imagé a été prélevé sur le haut du tube (près de
l’évent de sortie) où la vitesse de l’écoulement est plus lente. Il est probable que cet
écoulement macroscopique soit très lent et que des macro-porosités de grande dimen-
sion soient générées.
157
Chapitre 4 : Analyse des défauts
À partir de ces essais, nous avons montré que la démarche était adaptée à l’obser-
vation et à la quantification des porosités. Nous avons aussi observé des distributions
de tailles et de positions des porosités qui semblent tout à fait plausibles et conformes
avec les observations d’autres auteurs [117, 127].
Nous venons aussi de montrer que l’imagerie 3D donnait une information beaucoup
plus complète sur la structure des porosités, que nous ne pouvons pas capter par des
coupes destructives classiques. Néanmoins, pour avoir une résolution suffisamment fine
(40 µm) pour observer les porosités macroscopiques, la zone imagée est relativement
petite (41mm × 41mm × 41mm) par rapport à la taille de notre tube (de longueur
200mm).
Lors de l’étude bibliographique, nous avons montré que le nombre capillaire modifié
(Équation 4.1) pouvait être utilisé pour estimer le taux des porosités généré pendant
l’écoulement.
158
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Dans les développements qui vont suivre, nous allons tenter de calculer le nombre
capillaire modifié dans notre cas et comparer les résultats obtenus par rapport aux
observations expérimentales présentées précédemment.
Le calcul du nombre capillaire modifié (Ca∗ , Équation 4.1) nécessite d’avoir une
estimation de la vitesse d’écoulement de la résine. En première approximation, nous
pouvons calculer cette vitesse en supposant que l’écoulement de résine est unidirec-
tionnel. Avec cette hypothèse, nous pouvons élaborer des modèles analytiques pour
calculer la vitesse d’avancée du front de résine au cours du temps, en fonction des
paramètres procédés. À pression imposée, la vitesse de l’écoulement (notée u) dépend
de la position du front (notée L) :
k Pinj
u= (4.13)
µ L
159
Chapitre 4 : Analyse des défauts
k Pinj
Ca∗ = à pression imposée (4.15)
γ cos(θ) L
µ Qinj
Ca∗ = à débit imposé (4.16)
γ cos(θ) π(rcm 2 − rm 2 )
160
Chapitre 4 : Analyse des défauts
161
Chapitre 4 : Analyse des défauts
jection.
Pour identifier l’influence des paramètres que nous venons de citer, une série de huit
tubes a été réalisée. En faisant varier les paramètres présentés ci-dessus. Les paramètres
et les résultats sont présentés dans le tableau 4.3. Les serrages A et B correspondent
à des façons différentes de réaliser les ligatures et conduisent donc à des efforts de
serrage différents (faible pour le serrage A et fort pour le serrage B). Nous avons choisi
de reporter le déplacement du premier pli, proche du seuil d’injection, car l’expérience
montre qu’il se déplace le plus au cours de l’injection.
Notre premier constat est que la fraction volumique de fibres ne semble pas avoir
d’influence sur le déplacement des plis. En effet, nous constatons que des préformes avec
un fort taux de fibres initial ont vu leurs plis se déplacer alors que d’autres préformes
avec un taux de fibres moindre n’ont vu aucun pli se déplacer.
Nous constatons aussi que le déplacement des plis ne survient que pour les injections
à pression imposée. À débit imposé ou lors d’une injection avec une rampe de pression,
162
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Tableau 4.3: Paramètres et résultats sur le déplacement des plis. Pinj désigne une
injection à pression imposée, Qinj une injection à débit imposé et ∂P
"
∂t inj
une
injection avec une rampe de pression
les plis ne se sont pas déplacés. À pression imposée, ce déplacement est d’ailleurs
localisé dans le temps et dans l’espace. Spatialement, les plis positionnés près du seuil
d’injection se déplacent le plus. Temporellement, les plis se déplacent le plus dans les
premières secondes de l’injection.
Pour illustrer notre propos, nous prenons l’exemple d’un tube réalisé à une pression
de trois bars et pour un serrage de ligature faible (ligature constituée de fil polyester).
Nous remarquons que le déplacement total atteint 8 mm pour les plis proches du
seuil d’injection (Figure 4.24). Plus les plis sont éloignés du seuil d’injection, plus le
déplacement est faible. La décroissance est linéaire sur 60 millimètres. Au delà de 60
mm, les plis n’ont apparemment pas bougé (Figure 4.24).
Pour cette même injection, la figure 4.25 montre le déplacement des marqueurs sur
l’extérieur du tube. Nous pouvons constater que ce déplacement intervient dans les
vingt premières secondes de l’écoulement, ce qui est court par rapport au temps total
de l’injection (de l’ordre de dix minutes).
Enfin, le serrage des ligatures semble avoir un rôle sur la tenue mécanique des pré-
formes. En effet, en imposant un effort de serrage élevé, le déplacement des ligatures
est nul.
Cette campagne d’essais nous permet de conclure que les paramètres d’injection et
les paramètres de serrage des ligatures jouent un rôle important dans le déplacement
de la préforme pendant l’injection. Ces deux points sont étudiés dans les paragraphes
suivants.
163
Chapitre 4 : Analyse des défauts
164
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Effet des paramètres d’injection sur le déplacement des plis Pour com-
prendre les phénomènes physiques conduisant au déplacement des plis, nous consi-
dérons un petit volume de préforme, proche du seuil d’injection, si bien qu’il a une
face en contact avec le seuil d’injection. Nous avons choisi cette zone car elle est la
plus sollicitée pendant la phase d’injection. Les efforts qui s’appliquent sur ce petit
volume sont la pression de compaction et la pression du fluide en amont et en aval de
ce petit échantillon (Figure 4.26). Nous négligeons l’effort exercé par les ligatures et
les frottements avec l’outillage.
Nous allons considérer deux cas de figure : en début d’injection et un instant ulté-
rieur où cet échantillon est saturé en résine.
Dans un premier temps, plaçons-nous en début d’injection, lorsque la résine arrive
en contact avec la préforme. Nous distinguons deux cas de figure suivant que l’injection
est à débit imposé ou à pression imposée :
– À pression imposée, la pression dans la résine est égale à la pression d’injection
et cette pression impose un effort mécanique sur la préforme. Tant que la pres-
sion d’injection est inférieure à la pression de compaction, la préforme reste à
l’équilibre. En revanche, si la pression d’injection est supérieure à la pression de
compaction, la préforme n’est plus à l’équilibre et elle se déplace.
– À débit imposé, la pression dans le fluide est nulle. La préforme ne se déplace
pas.
Reprenons nos deux cas de figure à un instant ultérieur, lorsque la zone considérée
est entièrement saturée en résine.
– À pression imposée, la pression de fluide en amont est toujours égale à la pression
d’injection. En revanche, la pression en aval augmente progressivement, au fur
et à mesure que le front de résine se propage. La différence de pression est plus
165
Chapitre 4 : Analyse des défauts
faible, si bien que ce petit volume est de moins en moins sollicité au cours du
temps.
– À débit imposé, la pression en amont augmente. Néanmoins, la pression en aval
augmente aussi. En fait, la différence de pression du fluide est due aux pertes de
charges dans le milieu, c’est-à-dire à la perméabilité du milieu. La différence de
pression est constante à débit imposé.
où F~ = −∇P
~ est le gradient de pression de l’écoulement. Nous voyons donc que le
gradient de pression apparaît comme une force volumique s’exerçant sur la préforme.
Suivant les conditions d’injection et pour un écoulement 1D, la norme du gradient
vaut :
(
P
− inj à pression imposée
k F~ k= Q
L
(4.18)
− µk Sinj à débit imposé
À débit imposé, le gradient de pression est constant alors qu’à pression imposée,
le gradient de pression est très fort en début d’injection et se réduit progressivement,
comme illustré sur la figure 4.27. Cette analyse du gradient de pression correspond à
nos observations expérimentales et permet d’expliquer pourquoi les plis se déplacent
fortement en début d’injection, pour les plis localisés à proximité du seuil d’injection
et uniquement pour des injections à pression imposée.
166
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.28: Plan de coupe situé à 4mm du seuil d’injection pour l’observation du
gradient de pression
Nous nous servons de ce gradient de pression pour réaliser des comparatifs entre
différentes injections grâce à l’outil de simulation 3D de la phase d’injection mis en
œuvre au chapitre 3. Nous simulons une injection de résine polyester (de viscosité 0,1
Pa.s) à pression imposée de 1 bar. Le gradient de pression est observé dans une zone très
proche du seuil d’injection (où le gradient de pression est fort en début d’injection)
sans pour autant considérer les nœuds trop proches car le gradient de pression est
théoriquement infini en début d’injection au niveau du seuil. Nous avons choisi de
calculer le gradient de pression à une distance de 4 mm du seuil.
Pour l’estimation du gradient de pression, une petite difficulté est apparue. Nous
observons des oscillations entre les différents nœuds adjacents, dont l’origine est pu-
rement numérique. Les fonctions de forme des éléments utilisés sont linéaires pour le
calcul du champ de pression et le gradient de pression est donc constant sur chaque
élément. Le logiciel Paraview assure le post-traitement aux nœuds, par une interpola-
tion. Cette chaîne de post-traitement provoque des oscillations qui n’ont pas de réalité
physique.
Pour pallier à ces variations (purement numériques), nous avons choisi de moyenner
le gradient de pression sur plusieurs nœuds du maillage, en l’occurrence tous les nœuds
compris dans le plan de coupe situés à 4 mm du seuil (Figure 4.28).
167
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Effet des paramètres de ligaturage sur le déplacement des plis Nous allons
chercher les paramètres des ligatures impliqués dans le déplacement des plis.
Les ligatures imposent un effort radial de serrage sur le tissu, que nous présenterons
sous la forme d’une pression linéique de serrage (notée pl ). L’adhérence du tissu sur le
mandrin permet de transformer cet effort radial en effort longitudinal, s’opposant au
déplacement des plis. La pression de serrage des ligatures est l’élément conditionnant
la tenue mécanique par les ligatures.
168
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.30: Les actions s’exerçant sur une ligature enroulée autour du mandrin
Supposons que les ligatures se comportent comme des ressorts circulaires de raideur
k et de longueur à vide 2πr0 , r0 étant le rayon de l’élastique en l’absence de tension.
Lorsque cet élastique est enroulé autour du mandrin de rayon (noté rm ), la tension
dans l’élastique (notée T ) vaut :
T = 2π k(rm − r0 ) (4.19)
La pression de serrage est ensuite déterminée en faisant le bilan des forces appliquées
à une portion de ligature, d’angle θm (Figure 4.30) :
– Les tensions T~1 et T~2 de part et d’autre du fil polyester. Nous supposons que
k T~1 k=k T~2 k= T
– La réaction F~ du mandrin sur le fil polyester. Nous écrivons la réaction du
mandrin sur le fil polyester sous la forme d’une pression linéique pl [N/m]. Nous
Rθ
avons donc F~ = 0 m pl rm e~r dθ.
Le principe fondamental de la statique appliqué à la ligature nous donne :
Z θm
~ ~
T1 + T2 + pl rm e~r dθ = 0 (4.20)
0
Nous projetons l’équation 4.20 sur l’axe O~y de la figure 4.30 et en intégrant nous
trouvons :
T r0
pl = = 2π k 1 − (4.21)
rm rm
Au cours de ce paragraphe, nous avons identifié les paramètres impliqués dans le
serrage des ligatures. Ces paramètres sont la raideur de la ligature (k), et le rapport
169
Chapitre 4 : Analyse des défauts
entre le rayon initial de la ligature et le rayon du mandrin (r0 /rm ). Il faudrait ajou-
ter un troisième paramètre, le coefficient d’adhérence de la gaine sur le mandrin car
l’adhérence est aussi un phénomène impliqué dans le déplacement des plis.
Ce modèle est très bien adapté lorsque les ligatures élastiques sont utilisées. Il est
un peu moins bien réaliste lorsque les ligatures sont constituées de fils polyester. Cette
paramétrisation ouvre de nouvelles pistes de réflexions pour l’optimisation du procédé.
Néanmoins, ces travaux souffrent d’un manque de validation expérimentale, qui n’a pas
été réalisée dans ces travaux.
Le résultat de ces mesures est présenté sur la figure 4.31 et nous pouvons observer
une chute de la fraction volumique de fibres sur la hauteur du tube. Les mesures de
densité réalisées sur les pièces composites montrent une même tendance. La fraction
volumique de fibres du premier tiers de tube est très compacté et homogène. De même,
le dernier tiers est homogène mais faiblement compacté. Sur la partie centrale du tube,
la variation de taux de fibres est pratiquement linéaire. Ce constat a inspiré le modèle
170
Chapitre 4 : Analyse des défauts
171
Chapitre 4 : Analyse des défauts
l’injection et à la fermeture du moule. Les conclusions pour ces défauts sont rappelées
puis confrontées.
Lors de la fermeture du moule, nous avons montré que les plis pouvaient être dépla-
cés vers le bas et générer une fraction volumique de fibres hétérogène sur la hauteur.
Nous avons montré que la façon de fermer le moule était à reconsidérer.
Quelques idées ont été présentées pour limiter la déformation des préformes pendant
la phase d’injection. La première solution est de limiter la pression d’injection ou le
débit à l’injection. Pour notre application, nous avons montré que les ligatures ont un
rôle très important dans la tenue des préformes à l’injection. En augmentant le serrage
de celles-ci, le déplacement des préformes peut être limité. Par exemple, nous pouvons
augmenter la raideur de l’élastique ou diminuer le rayon initial de l’élastique.
Nous pouvons aussi modifier l’écoulement de résine pour que le déplacement des
plis soit moins problématique, en suivant l’idée de Han et al. [133]. Par exemple, nous
pouvons modifier l’écoulement en utilisant des milieux drainants qui vont modifier la
nature de l’écoulement. La figure 4.32 montre des exemples d’utilisations de drainants.
La dernière solution consiste à augmenter la pression de compaction. Dans notre
cas, le préformage pratiqué aujourd’hui n’autorise pas des pressions de compaction
très élevées. De plus, le taux volumique de fibres moyen est imposé par le cahier des
charges et conditionne la pression de compaction. Nous ne pouvons pas jouer sur la
pression de compaction pour limiter le déplacement des plis à l’injection.
Le tableau 4.4 regroupe toutes les solutions proposées et leur influence sur la po-
rosité et le déplacement des plis. Certaines solutions ont une influence globalement
positive sur les deux types de défauts et leur utilisation est vivement recommandée. Il
172
Chapitre 4 : Analyse des défauts
173
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Nos différentes idées répondant à ce triple objectif sont présentées dans la section
suivante.
174
Chapitre 4 : Analyse des défauts
La modélisation du procédé est basée sur deux outils. Le premier est une analyse
basée sur le nombre capillaire. Le second est une analyse de l’écoulement grâce à des
simulations 3D.
175
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Simulation 3D Le modèle que nous utilisons est construit à partir du modèle pré-
senté au chapitre 3, pour des plis parfaitement coniques et une fraction volumique de
fibres homogène dans l’épaisseur du tube. Sur ce nouveau modèle (Figure 4.34), une
couche d’élément a été ajoutée sur l’extérieur du tube, avec des propriétés de milieu
drainant (i.e. un milieu de perméabilité très élevée et de fraction volumique de fibres
très faible).
La simulation a été réalisée dans les mêmes conditions que pour l’injection par le
bas, présentée à la section 4.3.2. Nous simulons une injection de résine polyester, de
viscosité 0,1 Pa.s à une pression imposée de 1 bar. Le modèle est constitué de 11 500
nœuds et 58 000 éléments.
176
Chapitre 4 : Analyse des défauts
177
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.35: Position du front au cours du temps pour l’injection radiale. a. dans
un plan de coupe longitudinal. b. dans un plan de coupe transverse (b.)
présenté sur la figure 4.35. La position du front de résine est présentée sous la forme
d’un temps adimensionné. Cette simulation montre que le remplissage est quasiment
radial car le front de résine est presque parallèle à l’axe du tube (Figure 4.35a.).
Cette simulation du remplissage montre aussi qu’il y a un risque d’apparition de
zones sèches le long du mandrin. En effet, nous voyons que le front de résine enferme
des zones sèches lors de l’injection qui ne peuvent pas être évacuées vers l’évent. Il y a
donc un risque que cette zone soit moins bien imprégnée par la résine ou que le taux
de porosité de cette zone soit plus élevé. Ce constat n’est pas dérangeant, comme la
zone intérieure du tube est prévue pour être usinée (Chapitre 1).
Le déplacement des plis est aussi estimé à partir des simulations en calculant le
gradient de pression. La figure 4.36 montre la composante longitudinale du gradient
de pression pour l’injection radiale. Cette composante du gradient de pression est un
indicateur du déplacement des plis. Pour cela nous allons comparer qualitativement
le gradient de pression pour cette nouvelle configuration avec le gradient de pression
estimé dans le cas de l’injection par le bas, considéré comme notre cas de référence.
La composante longitudinale du gradient de pression est plus faible pour le cas de
l’injection radiale. Nous en déduisons que la préforme est moins sollicitée dans le sens
axial, que pour la solution de référence et donc que le risque de déplacement des plis
est plus faible. Notons que les résultats des simulations ont été adimensionnés par le
temps de remplissage pour l’injection par le bas.
178
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Le procédé par injection radiale a été mis en œuvre expérimentalement, à une pres-
sion imposée de 1 bar et avec une résine polyester injectée à la température ambiante.
La pression optimale déterminée par l’analyse du nombre capillaire modifié donne une
pression d’injection optimale de 0,5 bar qui nous semble sous-estimée. Pour cette rai-
son, nous avons choisi d’injecter à une pression de 1 bar. Une grille souple est ajoutée
autour de la préforme pour lui donner un peu plus de rigidité et éviter qu’elle ne se dé-
forme au moment de l’injection. Après la phase de polymérisation, la pièce est coupée
dans le sens longitudinal.
179
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.37: Coupe longitudinale d’un tube réalisé par injection radiale
Sur la figure 4.37, nous observons que les plis ne se sont pas déplacés et que le
taux de porosité est très faible (hors boucles sur l’intérieur du tube). Seules quelques
macro-porosités sont visible dans le composite. Nous remarquons aussi que les boucles
sur l’intérieur du tube ne sont pas bien imprégnées, sauf au niveau de l’évent de sortie.
Notons que ce résultat (boucle mal imprégnées sauf au niveau de l’évent de sortie)
avait été prédit par la simulation numérique.
En revanche, on note que la frontière (renforcée en jaune sur la figure 4.37) entre
la partie extérieure (résine) et la partie intérieure (composite) n’est pas parfaitement
cylindrique. Le fait que le renfort ne soit pas maintenu sur l’extérieur fait que la dis-
position géométrique des plis n’est pas assurée.
180
Chapitre 4 : Analyse des défauts
De même que pour l’injection radiale, nous présentons une analyse basée sur le
nombre capillaire modifié et sur des simulations 3D.
Analyse basée sur le nombre capillaire modifié L’analyse basée sur le nombre
capillaire est un peu plus délicate à mener que pour le cas précédent où l’écoulement est
complètement radial. Néanmoins, l’imprégnation de la préforme se fait essentiellement
dans le sens des plis et la longueur de parcours de la résine du même ordre de grandeur
que pour l’injection radiale. La vitesse d’avancée du front de résine est probablement
du même ordre de grandeur.
En première approximation, nous supposons que la pression d’injection optimale
est de l’ordre de 1 bar comme pour le cas précédent.
Simulation 3D Le modèle que nous utilisons est construit à partir du modèle pré-
senté au chapitre 3. Sur ce nouveau modèle (Figure 4.38), la forme du seuil d’injection
a été modifiée pour y intégrer les canaux de drainage. Cela revient à faire l’hypo-
thèse que les canaux se remplissent instantanément de résine, ce qui est une hypothèse
réaliste. Néanmoins, le cas diffère des cas précédents car l’imprégnation n’est plus axi-
symétrique. Or, nous avons fait l’hypothèse que la perméabilité planaire est isotrope,
ce qui est commode et qui n’a pas de conséquence tant que l’écoulement est axisy-
métrique. Dans le cas que nous traitons, cette hypothèse simplificatrice devrait être
corrigée prochainement, ce que nous renvoyons en perspectives de ces travaux.
Les conditions simulées sont une injection de résine polyester (de viscosité 0,1
Pa.s) à une pression de 1 bar. Ces conditions opératoires sont les mêmes que pour les
injections précédentes. Le modèle est constitué de 10 700 nœuds et 53 000 éléments.
Les résultats des simulations sont présentés sur les figures 4.39 et 4.40 montrant
respectivement la position du front de résine au cours du temps sur la simulation 3D
et dans un plan de coupe perpendiculaire à l’axe du tube à une hauteur de 7 cm.
Les simulations du remplissage montrent qu’il y a un risque d’apparition de zones
sèches le long du mandrin, mais aussi dans les plans situés à 45◦ par rapport aux ca-
naux d’injection, à l’endroit où les fronts de résine provenant des différents canaux se
181
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.38: Modèle utilisé pour simuler une injection dans le moule à rainures
182
Chapitre 4 : Analyse des défauts
183
Chapitre 4 : Analyse des défauts
rencontrent.
L’analyse du déplacement des plis, basée sur le gradient de pression, est présen-
tée sur la figure 4.41 pour la composante longitudinale du gradient de pression, en
respectant la même procédure que pour l’injection radiale.
Le gradient de pression longitudinal est légèrement plus faible que pour l’injection
par le bas, il y a un risque de déplacement des plis. En réalité, le risque de déplacement
des plis est plus faible que pour l’injection par le bas. L’application du gradient de
pression est beaucoup plus courte dans ce second cas.
Deux pièces sont réalisées avec ce nouveau moule. La première est injectée à une
pression imposée de 1 bar pour comparaison avec l’injection radiale. La seconde est
injectée à 3 bars pour quantifier le déplacement des plis à l’injection avec le moule à
rainures. Pour l’injection à une pression de 1 bar, nous avons laissé la résine s’écouler
pendant quelques minutes afin que les bulles soient emmenées par l’écoulement.
Les pièces se sont démoulées sans difficulté. Malgré le manque de dépouille sur
les canaux, ces derniers n’ont pas empêché la pièce de sortir du moule. De même, les
canaux en résine, non prévus pour l’application finale, s’enlèvent facilement.
184
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.42: Porosités sur le tube injecté à une pression de 1 bar avec le moule à
rainures
185
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.43: Distribution des porosités en fonction du rayon sur une coupe radiale,
en bas du tube pour une injection réalisée dans le moule à rainures
Pour comprendre un peu mieux l’origine des porosités, nous présentons quelques
résultats de la caractérisation de cette porosité. Nous présentons la distribution des
porosités dans la coupe radiale en bas du tube illustré sur la figure 4.42, où la porosité
est la plus élevée. La distribution des porosités est d’abord observée en fonction du
rayon (Figure 4.43). La distribution radiale montre deux zones distinctes. La première,
comprise entre 18,5 mm et 20 mm présente un taux de porosité élevé. Cette zone
correspond à la ligature où les porosités sont d’avantages présentes et les boucles sont
mal imprégnées. La partie externe du tube (entre 20 mm et 27 mm) présente un taux de
porosité plus faible. Dans cette zone externe, nous n’identifions pas de tendance nette. Il
semble donc que la porosité soit répartie uniformément sur le rayon et que les variations
observées soient dues aux aléas stochastiques. Ce résultat confirme les observations
réalisées sur le tube injecté par le bas à une pression de 3 bars (Figure 4.19).
186
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.44: Distribution angulaire des porosités sur une coupe radiale, en bas du
tube pour une injection réalisée dans le moule à rainures
Nous avons analysé la porosité dans un plan de coupe radial. Nous allons main-
tenant réaliser une caractérisation de la porosité dans un plan de coupe longitudinal
(présenté sur la figure 4.42 à gauche). Le résultat de l’analyse de la porosité dans un
plan de coupe longitudinal est présenté sur la figure 4.45. Cette figure montre que le
taux de porosité est très élevé en bas du tube et décroit progressivement au fur et à
mesure que nous nous approchons de l’évent de sortie.
187
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.45: Distribution des porosités en fonction de la hauteur sur une coupe
longitudinale
Nous avons constaté qu’en laissant s’écouler la résine après l’injection, le bas du
tube présente toujours un taux de porosité très élevé. Il semble donc que le transport
de bulle ne soit pas efficace dans cette zone. La vitesse de l’écoulement étant l’un des
facteurs principaux du transport de bulles, nous allons l’analyser en fin d’injection, par
la simulation que nous avons présentée précédemment (pour une pression d’injection
de 1 bar). La vitesse est représentée sur la figure 4.46 en échelle logarithmique. Nous
constatons que la vitesse de l’écoulement est très faible sur les premiers plis et de deux
à trois ordres de grandeur supérieure sur le haut du tube. En fait, cette simulation
montre que la résine s’écoule préférentiellement dans le canal extérieur, présentant
moins de résistance à l’écoulement, puis vers l’évent de sortie. Il est donc logique que
les bulles présentes dans la zone supérieure du tube, où l’écoulement est beaucoup plus
rapide, soient emmenées contrairement aux autres bulles.
Analyse du déplacement des plis Le moule n’étant pas transparent, nous n’avons
pas mesuré le déplacement des plis au cours du temps. En revanche, la position des
plis est estimée après injection sur les coupes destructives. Les plis proches du seuil
d’injection ne se sont pas déplacés, ni à une pression de 1 bar ni à une pression de 3
bars.
Ce résultat est encourageant et confirme que cette nouvelle façon d’injecter la résine
provoque moins de déplacement.
188
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Figure 4.46: Norme du champ de vitesse en fin d’injection pour une injection avec
le moule à rainures (échelle logarithmique)
Au cours de ces travaux, nous avons présenté deux solutions pour réaliser des
pièces qui semblent donner satisfaction sur les trois critères du cahier des charges. Les
tests réalisés avec le moule à rainures méritent quelques travaux complémentaires pour
conclure sur les porosités. Notons que la microporosité n’a pas été mesurée pour ces
tubes. Ce serait pourtant une étude intéressante pour vérifier que l’écoulement n’est
pas trop rapide et qu’il ne génère pas de microporosités.
Pour ces nouvelles solutions d’injection, nous avons montré que le transport de
bulles n’était pas efficace car il a une influence sur une partie limitée de la pièce. En
revanche, pour ces essais, nous n’avons pas tenté d’utiliser une contre-pression pendant
la polymérisation par manque de temps. Il est probable que les résultats sur la porosité
soient bien meilleurs avec une contre-pression.
189
Chapitre 4 : Analyse des défauts
Ces travaux sont centrés autour des essais expérimentaux mais l’apport de la biblio-
graphie et de la simulation se sont avérés être des outils intéressants dans la compré-
hension des phénomènes et dans la recherche de nouvelles solutions. La bibliographie
et les essais préliminaires nous ont permis de mettre en place des critères pour la pré-
diction des défauts. Cette démarche a ensuite été testée et validée sur les nouvelles
solutions utilisées pour injecter la résine.
Notons aussi que ces travaux ont été réalisés sans l’utilisation d’une contre-pression
pendant la phase de polymérisation car notre outillage en Pmma, ne l’autorise pas.
Cette contre-pression pourrait être utilisée pour la production en série, d’autant que
les études [127] montrent qu’elle réduit considérablement le taux de porosité. En aug-
mentant la vitesse de l’écoulement, il est possible que l’écoulement génère de la micro-
porosité. Il faudrait quantifier cette microporosité dans les pièces réalisées.
190
Chapitre 5
Conclusions / perspectives
Au cours de ce manuscrit nous avons présenté nos travaux relatifs aux étapes de
préformage (Chapitre 2) d’injection (Chapitre 3) du procédé Rtm, pour notre applica-
tion. Le chapitre 4 est dédié à la compréhension et à la maîtrise des défauts (porosités
et déplacement de plis) survenant au cours de ce procédé de fabrication des pièces
composites. Ces travaux se sont appuyés sur des développements numériques et expé-
rimentaux, à diverses échelles, basés sur l’apport des études bibliographiques.
Relativement aux objectifs industriels, la faisabilité d’utiliser le procédé Rtm a
été montrée expérimentalement avec une résine polyester mais également des résines
plus spécifiques à l’application de la société Roxel. Cette faisabilité, pour des raisons
de confidentialités, n’a pas été détaillée dans ce manuscrit, elle s’appuie sur un rap-
port [145] technique d’essais. Ce manuscrit de thèse s’est plus concentré, dans l’objectif
du projet Anr Lcm3m, à la compréhension de l’origine des défauts lors du procédé.
Dans l’objectif général de disposer d’une chaîne de simulation à l’échelle macrosco-
pique de l’étape d’imprégnation, la compréhension du lien entre l’étape de dépose de
la gaine et de l’injection (par le biais de la prise en compte des paramètres de préfor-
mage dans ces calculs) a impliqué de s’intéresser à cette première phase du procédé.
Même si cette étape fait l’objet de travaux de thèse spécifiques [38] dans le cadre de
l’application industrielle, il est apparu nécessaire de présenter les états de déformation
du renfort sec, lors de cette phase, afin de les prendre en compte lors de l’injection.
Nous avons développé un modèle analytique, basé sur les approches du filet, capable
de prédire l’état de déformation en cisaillement de la gaine et la variation de fraction
volumique de fibres sur la préforme (Chapitre 2). Les résultats ont été confrontés à
des résultats expérimentaux, notamment en fraction volumique grâce aux tomogra-
phies réalisées sur pièces injectées. Par ce modèle nous avons relié les paramètres
géométriques, procédés, mais également matériaux à l’état de déformation des plis
constitutifs de la préforme et à leur fraction volumique de fibres.
191
Chapitre 5 : Conclusions / perspectives
Nous avons montré que cet outil est prédictif sur l’estimation du cisaillement le long
du pli et sur l’estimation de la fraction volumique de fibres en tout point de la préforme.
Ce modèle prédictif est un outil intéressant car il permet de tester virtuellement l’étape
de préformage et ainsi de limiter le nombre d’essais en laboratoire, ce qui représente
un gain en termes de temps de développement. Nous nous sommes ensuite servis de
ce modèle pour maximiser le taux de fibres moyen sur la préforme, en choisissant
astucieusement la gaine à utiliser pour le procédé.
Pour l’étape d’imprégnation du procédé Rtm, nous avons décrit notre chaîne de
modélisation à l’échelle macroscopique, dédiée à notre application. La démarche que
nous avons présentée permet de prendre en compte toutes les caractéristiques de la
préforme comme l’orientation des plis (éventuellement variable), la présence de zones
sans renfort, une variation locale de fraction volumique de fibres, suivant le rayon du
tube et suivant la hauteur.
Les simulations ont ensuite été comparées aux résultats expérimentaux. L’influence
de tous ces paramètres de préformage sur l’injection a été étudiée grâce à notre chaîne
de modélisation. Ce modèle macroscopique, nous a aussi permis de montrer l’impor-
tance de la perméabilité transverse lors de l’inclinaison des plis pour l’écoulement.
Cet aspect est difficile à appréhender expérimentalement. Nous avons montré qu’il
était difficile d’estimer la perméabilité réelle de la préforme, à partir des mesures de
perméabilité et d’un modèle de déformation du renfort. Nous avons montré que ces
difficultés provoquent des écarts sur l’estimation du temps d’injection de la résine. En
revanche, cette chaîne de simulation permet de prédire l’orientation du front de résine.
L’obtention de ce résultat n’était pas évident au début de cette étude, compte tenu de
la spécificité de nos préformes (plis inclinés, présence de ligatures, zones sans renfort).
Nous avons aussi présenté une technique multi-échelle intéressante pour prédire la per-
méabilité de la préforme. Cette technique est basée sur un calcul Stokes-Brinkman à
l’échelle mésoscopique, basée sur la microstructure des mèches et dont le résultat du
calcul est un tenseur de perméabilité homogénéisé, valable à l’échelle macroscopique.
Ces travaux sont prometteurs et méritent d’être développés sur des géométries 3D.
Au cours du chapitre , nous avons tenté de comprendre l’origine des défauts surve-
nant lors de la phase d’injection du procédé Rtm, pour la fabrication de protections
thermiques. Les défauts que nous avons analysés sont la porosité, le déplacement des
plis pendant l’injection et pendant la fermeture de moule. Le traitement de la porosité
a été résolu en appliquant les résultats de la bibliographie, abondante sur le sujet. Le
déplacement des plis est beaucoup moins étudié dans la littérature (en particulier pour
des préforme 3D) et une méthode originale a été proposée pour avoir une estimation
du risque de déplacement des plis. Le déplacement des plis pendant la fermeture du
moule a été résolu en changeant la fermeture du moule. Ces nouvelles solutions sont
d’autant plus intéressantes qu’elles réduisent le temps de fabrication et donc les coûts
associés.
192
Chapitre 5 : Conclusions / perspectives
Ces travaux sont centrés autour des essais expérimentaux mais l’apport de la biblio-
graphie et de la simulation se sont avérés être des outils intéressants dans la compré-
hension des phénomènes et dans la recherche de nouvelles solutions. La bibliographie
et les essais préliminaires nous ont permis de mettre en place des critères pour la pré-
diction des défauts. Cette démarche a ensuite été testée et validée sur les nouvelles
solutions pour injecter la résine (injection radiale et moule à rainures).
Globalement, ces nouvelles solutions sont satisfaisantes par rapport au cahier des
charges industriel. Notons aussi que ces travaux ont été réalisés sans l’utilisation d’une
contre-pression pendant la phase de polymérisation car notre outillage en Pmma, ne
l’autorise pas. Cette contre-pression pourrait être utilisée pour la production en série,
d’autant que les études [127] montrent qu’elle réduit considérablement le taux de po-
rosité.
Les perspectives de ces travaux sont nombreuses. Pour notre modèle de prédic-
tion de la déformation, nous avons fait l’hypothèse que tous les plis constitutifs de la
préforme sont identiques, en terme de courbure et d’épaisseur. Or, les constatations
expérimentales, issues des travaux en cours sur le procédé de préformage, montrent que
cette hypothèse n’est pas toujours vérifiée et qu’il peut y avoir une variation d’épaisseur
sur la hauteur. En ce sens l’état de déformation en compaction n’a pas été (encore)
pris en compte et surtout validé expérimentalement, même s’il a été anticipé dans le
modèle. Il serait ainsi intéressant d’étudier l’influence de la variation de l’épaisseur du
pli sur la hauteur de la préforme.
Une deuxième perspective à ces travaux concerne le choix du critère à optimiser.
Nous avons choisi d’optimiser la fraction volumique de fibres moyenne car il s’agit de
la quantité la plus simple à maximiser et qu’un taux de fibres maximal garantit une
pièce avec de bonnes performances mécaniques et thermiques. En revanche, un taux de
fibres maximal garantit aussi des pièces plus lourdes et plus difficiles à imprégner par la
résine. De plus, un taux de fibres maximal donnerait des performances optimales si le
composite avait un comportement isotrope. D’une manière générale, le comportement
des composites n’est pas isotrope et nous pourrions utiliser cette anisotropie pour
imaginer des pièces encore plus performantes, et peut être moins lourdes et moins
difficiles à imprégner. Par exemple, nous pourrions choisir d’optimiser les propriétés
thermiques ou mécanique es du tube en prenant en compte la faction volumique de
fibres, mais aussi l’anisotropie des renforts.
Concernant la simulation de la phase d’imprégnation, l’identification du tenseur
de perméabilité par un calcul Stokes-Brinkman sur des données 3D constitue une des
perspectives les plus intéressantes à ces travaux. Ce tenseur de perméabilité obtenu
pourrait être utilisé pour les simulations macroscopiques de la phase d’imprégnation
et comparé aux données expérimentales.
193
Chapitre 5 : Conclusions / perspectives
Pour l’analyse des défauts, il nous paraît intéressant de refaire quelques essais avec
les nouveaux moules. Par exemple, nous pourrions nous assurer de la répétitivité du
procédé ou tester l’influence des paramètres que nous n’avons pas eu le temps d’étudier,
comme l’influence du vide ou de la contre-pression.
Une perspective intéressante à ces travaux pourrait être d’utiliser la simulation
pour déterminer les paramètres procédés optimaux au cours du temps, par exemple,
en s’inspirant des travaux de Trochu et al. [149] et Ruiz et al. [150]. Nous pourrions
envisager de calculer le graphe de la pression au cours du temps et d’utiliser les résul-
tats de simulation ce graphe en entrée de notre système d’injection. Ce travail serait
intéressant sur le plan scientifique et industriel et la partie expérimentale est tout à
fait réalisable grâce au banc d’injection mis en œuvre dans le cadre de cette thèse.
D’ailleurs, nous pourrions envisager une injection à pression variable ou à débit va-
riable, comme le banc autorise les deux options.
194
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Romain AGOGUÉ
Analyse expérimentale et numérique de la fabrication de pièces composites
par le procédé RTM
Cette thèse s’intéresse à la fabrication de pièces composites par le procédé Resin Transfert Molding (ou RTM),
appliquée à des tubes de protection thermiques. Plus particulièrement, cette thèse vise à démontrer la faisabilité
d’utiliser ce procédé pour la fabrication cette pièce complexe. La phase d’imprégnation de préformes sèches
est plus particulièrement étudiée. Après mise en oeuvre, cette pièce peut présenter des défauts tels que de la
porosité ou des déplacements de plis constituant la préforme. L’objectif de cette thèse est donc de comprendre
l’origine de ces défauts et de minimiser voire de d’empêcher leur apparition.
Pour cela, une démarche expérimentale a été mise en place. Celle ci comprend la réalisation d’un pilote
de laboratoire permettant d’appliquer différentes conditions d’imprégnation aux préformes considérées. La
perméabilité des renforts considérés a aussi été évaluée à différentes échelles grâce à l’utilisation de moyen
dédiés à l’échelle macroscopique (banc de perméabilité planaire et transverse), et grâce à l’utilisation d’un code
de calcul se basant sur des images de tomographie synchrotron à l’échelle microscopique. Enfin, une analyse
de la qualité des prototypes réalisés a été menée en suivant des procédures mises en place lors de ce projet et
les résultats analysés et mis en relation avec les conditions de mise en oeuvre.
Cette approche expérimentale est couplée aux simulations numériques de la phase d’imprégnation que nous
avons aussi mise en oeuvre au cours de cette thèse. Par l’utilisation combinée de la simulation numérique
et des essais expérimentaux, nous avons défini des critères estimant le risque d’apparition des défauts. Ces
critères ont montré leur efficacité sur les solutions innovantes que nous avons proposées puisque répondant
aux exigences du cahier des charges industriel.
Mots clés : RTM, perméabilité, simulation, procédé, Darcy, porosité, couplage hydromécanique
This work concerns the manufacturing of composite parts using the Resin Transfer Molding (RTM) process.
A major goal of this study is to test the feasibility of using this process to manufacture a thick tubular part
with a complex shape. This study concerns the different stages of the process with an important focus on the
injection step of dry preforms. The goal of this thesis is to understand the generation of manufacturing defect
(mainly porosity and preform deformation) that possibly takes place during the injection step to avoid them.
An experimental procedure is proposed. An experimental setup was developed to study the influence of the
different process parameters on the quality of the composite parts. The determination of the longitudinal
and through the thickness permeabilities was conducted experimentally on sheared and un-sheared samples.
An alternative technique to estimate the permeability is presented based on simulation software using X-ray
tomography images at the microscale. At last, a quality control procedure was developed and applied to the
tubes manufactured within this project.
This experimental work was compared to numerical simulations of the injection stage. Using both numerical
simulations and experiments, criteria on process and material parameters to predict the quality of the tailored
parts are presented. Those criteria are successfully compared to experimental data and were applied to design
innovative injection solutions that meet industrial specifications.