Occupation Americaine Haiti
Occupation Americaine Haiti
Occupation Americaine Haiti
(1929) [2013]
L’OCCUPATION
AMÉRICAINE
D’HAÏTI.
SES CONSÉQUENCES
MORALES ET ÉCONOMIQUES.
Politique d'utilisation
de la bibliothèque des Classiques
Les fichiers (.html, .doc, .pdf, .rtf, .jpg, .gif) disponibles sur le site
Les Classiques des sciences sociales sont la propriété des Clas-
siques des sciences sociales, un organisme à but non lucratif
composé exclusivement de bénévoles.
Dantès BELLEGARDE
Courriels :
Ricarson DORCE, Dir. Coll. Études haïtiennes : dorce87@yahoo.fr
Florence Piron, prés. Association science et bien commun :
Florence.Piron@com.ulaval.ca
Quatrième de couverture
QUATRIÈME DE COUVERTURE
Dantès Bellegarde
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 8
[5]
[6]
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 9
[7]
*
* *
Haïti a droit à l'égalité complète avec les autres États du monde et
à la pleine autonomie reconnue aux puissances souveraines. Sans l'as-
2 « Tous les pays américains sont égaux politiquement et juridiquement,
c’est-à-dire que tous ont les mêmes droits et les mêmes obligations, et qu'au-
cun ne peut, pour quelque motif que ce soit, prétendre avoir plus de droits que
les autres ou se soustraire à ses obligations. En somme, les pays américains ne
reconnaissent pas l’existence juridique des Grandes Puissances. Les pays la-
tins sont imbus de ce sentiment de l'égalité, et c'est pour cela qu'ils ont tou-
jours combattu la politique impérialiste et d'hégémonie que les États-Unis ont
parfois exercés sur certains pays du Continent ». A, Alvarez. - Académie Di-
plomatique Internationale, bulletin Janvier - Mars 1928.
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 12
[30]
[32]
Dans les pays démocratiques, l'impôt est une contribution aux
charges publiques que les citoyens ne peuvent être obligés de payer
que si ses représentants élus l’ont discutée, reconnue nécessaire et vo-
tée. « No taxation without représentation. » C'est pour le respect de ce
principe que les Colonies se séparèrent de la Grande Bretagne et
constituèrent les États-Unis de l'Amérique du Nord. Les premières
protestations contre l'Angleterre vinrent en effet de la loi du timbre de
1765. À l'assemblée de Virginie, le représentant Patrick Henry pro-
nonça la phrase fameuse : « give me liberty ou give me death ». C'est
pour réclamer le respect de ce principe que des citoyens se firent mas-
sacrer à Boston en 1770 et que le « premier sang de la Révolution »
coula en 1771 à Alamance, dans la Caroline du Sud. Et c'est pour l'af-
firmation suprême de ce principe que se réunit à Philadelphie, le 5
Septembre 1774, le « Premier Congrès Continental », qui approuva la
résistance de Massachussetts aux demandes d'un gouvernement arbi-
traire, somma l'Angleterre de révoquer les [33] lois despotiques
qu'elle avait imposées aux Colonies et fit appel à la force pour s'oppo-
ser à la force mise au service de la tyrannie. Or, voici la situation que
les descendants de Patrick Henry ont créée en Haïti : les Haïtiens
paient des taxes qu'il ne leur est pas permis de discuter. Le conseiller
financier-receveur général de douanes - un citoyen américain venu de
la Louisiane ou de l'Alabama - crée des impôts, fait et défait le tarif
douanier, accable les commerçants et les industriels sous le poids des
amendes : sa volonté fait loi. Il perçoit et dépense à sa fantaisie et sans
aucun contrôle du peuple haïtien l'argent du peuple haïtien ; les déci-
sions des tribunaux haïtiens n'ont pour lui aucune importance et il
considère comme des chiffons de papier les arrêts de la Cour de Cas-
sation de la République. Le Conseiller financier américain est dicta-
teur et maître des destinées de la Nation haïtienne. De qui tient-il donc
ces pouvoirs extraordinaires - pouvoirs que personne ne possède dans
aucun pays civilisé ? Du Président des États-Unis, souverain absolu de
[34] la République d'Haïti par la grâce du vieux Gott allemand, -le
Dieu de la Guerre.
Dans les pays démocratiques, la liberté de la presse est considérée
comme la première des libertés cardinales, « parce qu'il n'y a pas de
démocratie sans contrôle de l’opinion publique et qu'il n'y a pas de
des esprits.
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 21
[38]
Si la liberté est le fondement de la démocratie, la justice en est la
garantie la plus sérieuse : c'est sur elle que repose l'ordre moral et c'est
elle qui assure le respect des conventions particulières dont l'ensemble
forme la vie sociale. Pour que la justice puisse jouer un tel rôle dans la
société, il faut qu'elle soit indépendante. Dans tous les pays civilisés,
on a toujours recherché le meilleur moyen d'obtenir cette indépen-
dance de la justice. En France, on a établi l'inamovibilité des juges.
Aux États-Unis, les juges sont élus par le peuple, et c'est le peuple qui,
les jugeant à son tour à chaque élection, les révoque ou les maintient
en fonctions. Haïti avait adopté le système français. Les Américains
ont aboli l'inamovibilité des juges qui deviennent des fonctionnaires
temporaires dont la nomination est confiée non au peuple mais au Pré-
sident de la République.
Cette dernière réforme a consacré la ruine du régime démocratique
en Haïti. Le Président de la République - c'est-à-dire le [39] Haut
Commissaire américain - concentre dans ses mains les trois pouvoirs
de l'État : le pouvoir exécutif ; le pouvoir législatif, qu'il exerce par un
Conseil d'État dont les membres sont nommés par lui-même et qu'il
gouvernement de tous par tous et pour tous les Américains ont substitué en
Haïti le gouvernement de tous par un seul et pour quelques uns. Et l'on voit
avec douleur combien nous sommes loin de la doctrine [37] jeffersonienne
quand on sait que ce seul est lui-même dans la main d'un haut commissaire
étranger...
« Il n'y a pas un juge digne de ce nom qui puisse découvrir un outrage
dans l’opinion émise par les prévenus sur la politique intérieure et extérieure
du Gouvernement. On peut trouver des critiques plus sévères dans la presse
américaine contre l'administration de M. Coolidge, que les uns accusent
d'être l'instrument de Wall Street, les autres un danger et une menace pour
l'Amérique Latine. Jamais le Président des États-Unis n'a pensé à faire pour-
suivre les auteurs de pareilles accusations. Si donc, comme j'en suis convain-
cu, le tribunal décide qu'il n'y a pas d'outrage dans la dépêche incriminée, les
journalistes détenus seront renvoyés de la prévention, après avoir passé des
semaines ou des mois en prison pour rien, pour le plaisir du souverain. On
contient difficilement son indignation quand on voit parmi les prisonniers un
homme âgé comme M. Jean-Charles Pressoir, dont la probité et la parfaite
honnêteté ont imposé le respect à nos gouvernements même les plus despo-
tiques ».
Ces journalistes ne furent jamais jugés. Ils restèrent en prison jusqu'à ce
qu'un arrêté d'amnistie, sollicité par Mme Vasquez, femme du Président de la
République Dominicaine, leur eût rendu la liberté.
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 23
[52]
n'a encore parlé, ni dans le parti conservateur ni dans le parti libéral, de reti-
rer à ces Anglais misérables leur droit de vote. Et cependant ceux-ci vont
grossir les rangs du parti travailliste et viennent d'assurer le retour au pou-
voir de Ramsay Mac Donald.
18 V. Haïti Heureuse, tome II, page 165.
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 29
[58]
Dans son rapport pour 1928, le Conseiller financier américain a an-
noncé, sur un ton lyrique, que l'exportation du café a atteint cette an-
née 41.146.804 kilos. Mais il s'est bien gardé de présenter le tableau
des quantités de café exportées pendant la période haïtienne, car on y
aurait vu que l'exportation du café fut, en 1905, de 44.500.000 kilos ;
en 1912, de 41.419.322 kilos ; en 1913-14 - un an avant l’Occupation
américaine - de 42.178.424 kilos ! Il a baissé d'ailleurs singulièrement
le ton dans son bulletin d'Avril 1929, forcé de constater que, la récolte
étant épuisée, l'exportation du café, pour les sept (7) premiers mois de
l'exercice, a été seulement de 24.411.000 kilos
Pour donner une preuve de la pauvreté du peuple haïtien, M. Cum-
berland, conseiller financier, a montré, dans son rapport de 1925, que
le garantit ? J'ai d'autant plus de raison de me méfier que je sais l'importance
du « patronage » aux États-Unis. Voici une note du New-York Times du 28
Avril (section 1, page 19) qui vient singulièrement justifier ma méfiance. Le
grand journal new-yorkais annonce en effet que la « National Civil Service
Reform League » a envoyé une protestation aux comités d'agriculture du Sé-
nat et de la Chambre contre la nomination de soi-disant experts (so-called ex-
perts) à employer par le Fédéral Farm Board sans les conditions d'examens
requises sous la juridiction de la Commission du Service Civil ».
Je continue la citation en anglais pour que l'on ne m'accuse d'exagéra-
tion : « The protest asserts that not infrequently the government departments
employ clerks and « glorifîed » office boys and messengers under the title of
« experts », and cites the investigation of the Veteran's Bureau in 1924 in
which it was found that large numbers of persons with no conceivable [57]
right to the designation of expert had been appointed to positions for which
they were entirely unfitted ».
Si de simples employés d'administration, des garçons ou facteurs de bu-
reau sont ainsi élevés à la dignité d'experts pour servir aux États-Unis même,
qu'est ce que cela doit être, mon Dieu, pour Haïti ! M. René Richard parle,
dans le numéro de Mai 1929 de la Revue de l'Amérique latine, du conflit
violent « survenu entre les experts nord-américains, MM. Tompkins et Ed-
wards, et le ministre des finances de l'Equateur. Celui-ci s'est plaint de l'inca-
pacité des techniciens que lui avait envoyés Washington. La nullité du surin-
tendant offert à l'Equateur était inimaginable.
Il a fallu demander à la Cour Suprême la résiliation de son engagement,
ainsi que de celui du contrôleur général Edwards. Cela met fin à la mission fi-
nancière nord-américaine en Équateur ».
L'Équateur, État encore indépendant, a pu renvoyer ces experts incompé-
tents. En 1918, l'incapable Ruan se trouva en conflit avec M. Borno, ministre
des finances : c’est M. Borno qui fut brisé.
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 31
il y a six ans, j'y trouvai un peuple gai, heureux, confiant dans l'ave-
nir. Il avait confiance dans la parole que les Américains lui avaient
donnée de lui remettre son territoire à l'expiration du traité (en 1926).
Il croyait que les Américains étaient venus chez lui avec le dessein
élevé et désintéressé de l'aider, politiquement et que beaucoup des
Américains que le Gouvernement a envoyés en Haïti considèrent avec
défaveur et mépris la culture des Haïtiens. Peut-être cette attitude
vient-elle [64] du fait qu'en matière d'éducation et de raffinement des
manières, aussi bien que par la façon de se présenter, la société haï-
tienne est infiniment supérieure à tout ce que les Américains de sa ca-
libre peuvent exhiber ». 24
[65]
Il a fallu demander à la Cour Suprême la résiliation de son engage-
ment ainsi que de celui du contrôleur général Edwards. Cela met fin à
la mission financière nord-américaine en Équateur ».
L'Équateur, État encore indépendant, a pu renvoyer ces experts in-
compétents. En 1918, l'incapable Ruan se trouva en conflit avec M.
Borno, ministre des finances : c'est M. Borno qui fut brisé.
25 « ... If you suffer embarrassment later, it will not be with us but with you
Haitian friends, for although you may be invited to their clubs and entertained
delightfully if they like you personnaly, you cannot reciprocate by inviting
them to our club - not even the president of the Republic. Amusing isn't it ? »
Paroles de M. Christian Gross, chargé d'affaires américain, à M. Seabrook
The Magic Island, p. 129.
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 35
sa haine profonde. Et c'est d'un seul élan que les Haïtiens crient :
« nous haïrons les Américains aussi longtemps que la tyrannie injuste
et vexatoire de l'Occupation militaire des États-Unis continuera de pe-
ser sur nos âmes » 30
« Il ne fait jamais si sombre qu'avant la montée de l'aurore ». L'his-
torien canadien Clapin rappelle ce vieux proverbe après avoir raconté
les douloureuses péripéties de la lutte entreprise par les Américains
pour leur indépendance. Les années 1779 et 1780 leur [79] avaient été
particulièrement funestes. Tout paraissait perdu après la prise de Sa-
vannah, de Charleston, et surtout après la sanglante bataille de Cam-
den où les troupes de Lord Cornwallis et du général Gates écrasèrent
la petite armée américaine qui leur avait été opposée. Plus encore que
ces défaites, l'épreuve qui parut la plus dure aux Indépendants fut la
trahison de l'un des leurs, Benedict Arnolu. Cet homme, qui s'était
couvert de gloire à la bataille de Saratoga et dans d'autres rencontres
avec les Anglais, avait été réprimandé par le Congrès pour avoir fait
un emploi injustifié des fonds publics. Il voulut bassement se venger
de cette offense en offrant au généralissime, sir Henry Clinton, de [80]
lui rendre la forteresse de West-Point et de lui ouvrir l'Hudson, c'est-à-
dire le cœur de la défense américaine. Le complot fut heureusement
découvert, grâce à la capture du major anglais Andrews, qui servait
d'intermédiaire, et que les Américains pendirent haut et court.
Comme si l'acte de trahison de Benedict Arnold eût sonné le glas
de la puissance anglaise et dissipé les ombres de la nuit, une aurore
éclatante monta dans le ciel, où s'inscrivirent bientôt les noms glo-
rieux de King's Mountains, de Cowpens, de Eutaw-Springs et de
Yorktown ...
La cause d'Haïti a connu bien des revers. Jamais elle n'a paru plus
sombre qu'en ces jours-ci, où, après avoir livré à l'étranger toutes les
forteresses de la nationalité haïtienne : finances, police, hygiène, tra-
vaux publics, agriculture, on est en train de lui abandonner le suprême
boulevard de la défense, - l’école, - où se forme l'âme nationale, et que
les peuples soucieux de dignité et [81] d'indépendance préservent ja-
lousement de tout contact nuisible. 31
[83]
31 Dans Occupied Haïti on lit, page 136. « The Treaty with Haiti puts most of
the functions of the government of the Republic under the control of the Occu-
pation, but the United States, as Americans in Haiti said to us with no sense of
any irony in their words, « forgot justice and education ». It is a common opi-
nion among members of the Occupation that this was a mistake, and that
control of the armed forces, of all receipts and ail expenditures, of legislation,
of the public services of agriculture, health, labor and public works ought to
be rounded out with control of the judiciary and the schools ».
Le contrôle de la justice haïtienne par l’Occupation militaire américaine a
été obtenu par les amendements constitutionnels de 1928. Peu à peu, l'instruc-
tion publique passe aux mains des Américains ; peu à peu, le directeur du
Service Technique d’Agriculture devient ce technical adviser en éducation
que le gouvernement avait patriotiquement repoussée en 1921. Il a en mains
déjà l’enseignement professionnel et l’enseignement primaire rural ; il s'em-
pare en ce moment même de renseignement primaire urbain. J'ai signalé, à la
page 304, la menace que comportait un discours du ministre de l'instruction
publique annonçant que des écoles [82] primaires-types allaient être créées
avec le concours du Service Technique. De son côté, le Service Technique a
publié, dans le bulletin de Février 1929 du Conseiller financier, une note di-
sant que dix écoles industrielles, pour lesquelles a été voté un crédit extraor-
dinaire de 3 millions de gourdes, seront créées à Port-au-Prince en vue de
remplacer 39 écoles primaires de la capitale. Et cela continuera dans toute la
République. Tout le monde sait qu'aucun fonctionnaire haïtien n’exerce la
moindre autorité ni la moindre surveillance sur les écoles dirigées par le Ser-
vice Technique américain ! L'éducation des petits Haïtiens remise aux mains
des conquérants étrangers : y a-t-il un danger national plus grand que celui-
là ?... M Lucien Romier, étudiant dans l'Homme Nouveau (Hachette) les senti-
ments de nation et de race, signale « la tendance générale à l'initiative, au
contrôle et à l'intervention étatistes en matière scolaire, - tendance qui ne
peut aboutir qu'à former dans chaque peuple un pli d'esprit distinct de celui
de l'étranger ». Il constate particulièrement que les États-Unis « impriment
leur marque sur l'enseignement ; aussi voit-on croître une sorte de nationa-
lisme américain même parmi les immigrés de fraîche date ». On veut donc
créer un « nationalisme yankee » parmi les jeunes Haïtiens!...
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 41
32 We cannot do without the United State. But, on the other and, the United
States also has need of us. Its industrial productions are increasing prodi-
giously from day to day and demand each day a more extensive market. But
extension of market does not signify territorial extension. The richer our po-
pulations are, the greater will be their capacity to buy, and the grater will be
their consumption of North [86] American goods. Consequently, the United
States is interested in the highest degree in the increase of the production of
our countries and in the possibility of our goods being placed in the most fa-
vorable conditions abroad ; it is in this fashion that we shall constitute for our
powerful neighbor a strong body of customers with a considerable capacity of
absorption. What is necessary, then, for our countries to do in order to bring
to the highest point their power of buying and absorption ? Let them fïnd the
necessary capital to improve their marvelous agricultural, industrial, and mi-
neral resources. What country can best put this capital at their disposai ? The
United States... Crédit -in the etymological sense of the word -is synonymous
with confidence : confidence on the part of the lender that his money will be
advantageously employed, and that he will be reimbursed ; confidence on the
part of the borrower that the lender harbors no mental reservation to fores-
tall, no idea of conquest, no thought contrary to his most essential interests. It
is this confidence that we must establish on the solid basis of international
justice and equality of the States to the end that the political and economic re-
lations between the twenty-one sovereign republics of America may be cordial
and advantageous for them all. – Third Pan American Commercial Confé-
rence, 1927, Proceedings, p. 11, 63, 173. - Washington.
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 43
être des peuples ; mais elle sait aussi que toutes ces inventions mer-
veilleuses de l'intelligence humaine, tous ces perfectionnements de
l'outillage social, qui font la vie plus agréable aux hommes et ac-
croissent la puissance des nations, conduiraient aux « plus redoutables
antagonismes et aux pires catastrophes s'il ne s'accomplissait pas éga-
lement dans l'humanité un progrès spirituel correspondant, un effort
plus grand vers la fraternité et le rapprochement des âmes ».
Le Président des États-Unis pense sur ce point comme le grand
philosophe Bergson. Dans son discours d'Alto-Palo, M. Hoover [98]
disait ces belles paroles : « notre nation n'est pas une agglomération
de chemins de fer, de bateaux, de manufactures, de dynamos ou de
statistiques. C'est une nation de foyers, une nation d'hommes, de
femmes, d'enfants... Le progrès économique n’est pas une fin en lui-
même. Le succès de la démocratie repose entièrement sur la qualité
morale et spirituelle du peuple...Notre gouvernement, pour répondre
aux aspirations de notre nation, doit constamment avoir égard à ces
valeurs humaines qui donne à la vie la dignité et la noblesse... Un
peuple ou un gouvernement pour qui ces valeurs ne sont pas réelles
parce qu'elles ne sont pas tangible, est en péril ».
Le peuple haïtien est en péril de mort, parce qu'un gouvernement
étranger - servi, hélas ! par des mains haïtiennes - s'efforce de détruire
parmi nous ces valeurs humaines que M. Hoover reconnaît comme
seules capables de donner à la vie, noblesse et dignité.
[99]
Haïti a la volonté de vivre. Elle ne sacrifiera pas, contre une pros-
périté illusoire, ses biens les plus précieux : liberté de l’individu, indé-
pendance de la nation, dignité de la race, - forces morales supérieures
à toutes les acquisitions matérielles de l'industrie et du machinisme.
Haïti veut bien labourer son champs, mais en « attelant sa charrue aux
étoiles ».
Dantès BELLEGARDE
Fin du texte
L’occupation américaine d’Haïti. Ses conséquences morales et économiques. (1929) [2013] 48