CM- Droit des sûretés
CM- Droit des sûretés
CM- Droit des sûretés
INTRODUCTION
Le droit des sûretés fait l’objet d’une réglementation uniformisée au sein de l’OHADA.
Le nouvel Acte Uniforme portant Organisation des sûretés abroge par son article 227, les dispositions de l’ancien Acte
Uniforme du 17 avril 1997. L’article 1er du nouvel Acte Uniforme définie la sûreté comme « l’affectation, au bénéfice
d’un créancier, d’un bien, d’un ensemble de biens ou d’un patrimoine afin de garantir l’exécution d’une obligation ou
d’un ensemble d’obligations quel que soit la nature de celles-ci et notamment qu’elle soit présente ou future,
déterminée ou déterminante, conditionnelle ou inconditionnelle et que leur montant soit fixe ou fluctuant ».
La coexistence entre des dispositions communautaires et nationales n’est pas véritablement réglée par le
législateur communautaire. Aussi, les dispositions nationales contraires à celles de l’AU sont abrogées, toutes les
difficultés ne sont pas résolues. Le droit national des Etats parties n’est pas totalement écarté s’agissant surtout des
dispositions de matières autres que celle des sûretés. A titre d’exemple, les conditions de constitution, de transmission
ou d’extinction de la créance garantie par la sûreté restent régies par le droit national de chaque Etat partie. Dans le
même cadre, les règles qui régissent les droits réels (droit de propriété et démembrements), sont issues de chaque droit
national. Il n’en demeure pas moins que l’uniformisation du droit des sûretés réduit les risques de conflits de lois à
l’intérieur de l’espace OHADA. Ce risque est cependant réel lorsque la créance garantie ou l’acte constitutif de sûreté
entretien un lien d’extranéité avec l’espace non-communautaire.
Les sûretés règlementées par l’acte uniforme peuvent être subdivisées, réparties en deux grandes familles, on a
d’abord les sûretés personnelles qui consistent en l’engagement d’une personne à répondre de l’obligation d’un
débiteur en cas de défaillance de celui-ci ou à première demande du bénéficiaire de la garantie. Les sûretés
personnelles sont :
- Le cautionnement et
- La garantie autonome.
Les sûretés réelles sont celles qui portent sur un bien ou un ensemble de biens du débiteur. Ce sont les sûretés réelles
mobilières et les sûretés réelles immobilières.
FSJP - LICENCE III - AFFAIRES – DROIT DES SURETES - MBENGUE - 2010/2011 2
C’est le contrat par lequel « la caution s’engage, envers le créancier qui accepte, à exécuter une obligation présente ou
future contractée par le débiteur si celui-ci n’y satisfait pas lui-même ».
Les parties au contrat de cautionnement sont la caution, c'est-à-dire celui qui s’engage à suppléer la défaillance du
débiteur et le créancier de ce débiteur. Le cocontractant du créancier appelé débiteur principal n’est pas partie au
contrat de cautionnement. Le nouvel AU innove en interdisant le cautionnement à l’insu du débiteur. Les parties sont
tenues d’informer ce dernier de l’existence du contrat de cautionnement.
La cause du cautionnement doit être licite et non contraire aux bonnes mœurs. Il s’agit de la cause du contrat mais aussi
de celle des obligations des parties.
Les parties doivent être capables. Enfin,
les parties au contrat de cautionnement doivent consentir, ces consentements ne se présumant pas.
La caution garantie une dette principale, celle du débiteur principal sur le créancier. On dit que son engagement est
accessoire. Sa validité est donc subordonnée à celle de l’engagement principal. On en tire comme conséquence que la
nullité de l’engagement principal pour objet illicite, cause illicite ou incapacité, conduit à la nullité de l’engagement de
cautionnement. On note cependant que celui qui cautionne en connaissance de cause les engagements d’un incapable,
ne peut soulever cette cause de nullité.
Le nouvel AU lève une ambigüité qui avait divisé la doctrine. Cette ambigüité résidait dans la vocation probatoire ou
solennelle de l’exigence d’un écrit pour le cautionnement. Les dispositions nouvelles de l’AU constituent un désaveu de
l’ancienne jurisprudence de la CCJA qui retenait que le cautionnement non constaté par écrit est nul.
Au terme de l’article 14 alinéa 2 nouveau, le cautionnement « se prouve par un acte comportant la signature de la
caution et du créancier ainsi que la mention écrite de la main de la caution, en toute lettre et en tout chiffre, de la
somme maximale garantie ».
On en tire comme conséquence que le cautionnement peut être verbal mais en cas de contestation de son existence,
sa preuve ne pourra être apportée que par écrit.
Peu importe que l’obligation soit contractuelle ou légale, présente ou future, la caution peut souscrire un
cautionnement général des dettes du débiteur à condition cependant de fixer une somme maximale déterminée en
commun accord avec le créancier.
Le cautionnement peut être réel. Dans ce cas, il y a comme une superposition de sûreté personnelle et de sûreté
réelle, chacune tentant de neutraliser les inconvénients de l’autre. Le risque en cas de cautionnement non réel, auquel
s’expose le créancier est que la caution soit insolvable au moment de la défaillance du débiteur. En effet, le contrat de
cautionnement ne fait pas obligation à la caution de garder ses biens dans son patrimoine.
Pour éviter cet inconvénient, les parties au contrat de cautionnement peuvent convenir de la désignation d’un ou de
plusieurs biens de la caution qui serviront de sûretés réelles. Sur ces biens désignés, le créancier disposera d’un
droit de suite et de préférence. La caution peut cependant limiter contractuellement son engagement à la valeur de
réalisation des biens désignés.
Lorsque le débiteur a défaillit à ses obligations, le créancier fait appel à la caution. Cette dernière peut accepter ou
refuser de payer.
Le créancier n’est autorisé à faire appel à la caution que lorsque la dette du débiteur est devenue exigible
et que le créancier ne reçoit pas paiement après la mise en demeure du débiteur.
La prorogation du terme de la dette consentie au débiteur par le créancier, n’est pas opposable à la caution,
de même que la déchéance du terme de la dette comme par exemple en cas d’ouverture d’une procédure collective à
l’encontre du débiteur.
Les modalités du paiement diffèrent selon que le cautionnement est simple ou solidaire.
L’AUPRS présume le cautionnement solidaire sauf disposition contractuelle contraire.
Lorsque le cautionnement est simple, la caution, actée par le créancier, peut invoquer les bénéfices de
discussion et de division.
Le bénéfice de discussion permet à la caution d’exiger du créancier de se faire payer d’abord sur les biens
du débiteur. Cette hypothèse n’est envisageable que lorsque le débiteur ne paie pas le créancier sans être insolvable.
Quant au bénéfice de division, il permet à la caution, en cas de pluralité de cautions, d’exiger du créancier de diviser la
dette entre les cautions solvables au jour où l’exception est soulevée. La caution solidaire ne dispose ni, du bénéfice de
discussion ni, du bénéfice de division.
La caution qui a payé dispose d’un recours personnel contre le débiteur principal pour tout ce qu’elle a eu à
payer en principal et en intérêt. Elle peut réclamer par ailleurs des dommages et intérêts
pour le préjudice subi du fait des poursuites (perte d’une maison). Ce recours n’est possible que
lorsque la caution a averti le débiteur principal avant de payer le créancier. Lorsque la caution a utilement payé, c'est-
à-dire en avertissant le débiteur principal, il dispose des droits d’un véritable subrogeant c'est-à-dire
des sûretés et privilèges dont bénéficiait le créancier contre le débiteur principal.
FSJP - LICENCE III - AFFAIRES – DROIT DES SURETES - MBENGUE - 2010/2011 4
En cas de cautionnement multiple, la caution qui a payé dispose également de recours contre les autres
cautions, c’est à dire ses cofidéjusseurs. Les autres cautions ne sont tenues de payer que leur part de la dette car le
recours de la caution qui a payé est un recours en contribution.
Ce refus oblige le créancier à rechercher un titre exécutoire. C’est à l’occasion de cette recherche que la caution soulève
un certain nombre de motifs pour contester son obligation au paiement.
La procédure la plus rapide est celle de l’injonction de payer réglementée par l’acte uniforme portant organisation des
procédures simplifiées de recouvrement du passif et des voies d’exécution.
Le tribunal est saisi d’une requête du créancier justifiant de documents qui établissent la réalité de la créance
(origine contractuelle ou effets de commerce). La signification à la caution de la décision portant injonction de payer lui
ouvre droit, dans un délai de 15 jours, à faire opposition.
A partir de l’opposition, un débat contradictoire s’installe. On constate que lorsque la caution refuse de payer, le
créancier tombe dans les travers de la saisie mobilière et immobilière qu’il voulait justement éviter en choisissant une
sûreté personnelle.
Le droit OHADA tire les conséquences du caractère accessoire du contrat de cautionnement en permettant à la caution
d’opposer au créancier toutes les exceptions inhérentes à la dette principale et qui tendent à réduire, éteindre ou
différer cette dette.
La caution est libérée partiellement ou totalement en cas d’extinction partielle ou totale de la dette principale
par paiement, dation en paiement, compensation, etc.
La caution peut se prévaloir d’être libéré par la simple modification des modalités et sûretés dont l’obligation
était assortie.
Le refus de la caution à payer peut également se fondé sur un vice de formation du contrat principal (objet
illicite, défaut de consentement, cause illicite, etc.) ou du contrat de cautionnement lui-même (vice du consentement de
la caution).
La caution peut également soulever une compensation personnelle avec le créancier en cas de confusion entre
la personne du créancier et de la caution.
La garantie autonome est définie comme l’engagement par lequel le garant s’oblige, en considération d’une obligation
souscrite par le donneur d’ordre et sur instruction de ce donneur d’ordre, à payer une somme déterminée au
bénéficiaire soit sur première demande de la part de ce dernier soit selon des modalités convenues.
Le mécanisme de la garantie autonome, comme celui du cautionnement fait intervenir 3 personnes :
Un créancier désirant garantir sa créance et nommé bénéficiaire,
Un débiteur de ce créancier nommé donneur d’ordre et enfin
Un garant qui s’engage à payer sur ordre ou instruction du bénéficiaire.
FSJP - LICENCE III - AFFAIRES – DROIT DES SURETES - MBENGUE - 2010/2011 5
Contrairement au cautionnement, la garantie autonome n’apparaît pas dans le nouvel acte uniforme comme un
contrat mais plutôt un engagement unilatéral de volonté.
Il arrive que le garant qui souhaite éviter l’insolvabilité du débiteur lorsqu’il aura fini de désintéresser le
bénéficiaire, exige de ce débiteur une contre garantie.
La contre-garantie autonome est l’engagement par lequel le contre-garant s’engage, en considération d’une obligation
souscrite par le donneur d’ordre ou sur instruction de ce donneur d’ordre, à payer une somme déterminée au garant
soit sur première demande de la part de ce dernier soit selon les modalités convenues.
La garantie autonome épouse dans la pratique des affaires un certain nombre de formes (II). Quel que soit cependant la
modalité pratiquée, des exigences de fond et de forme sont posées par la loi (I).
L’article 40 de l’AU exclue les personnes physiques des sujets de droit pouvant souscrire une garantie autonome ou une
contre garantie autonome. L’exclusion est fondée sur la sévérité des effets de cette garantie particulière.
Cette disposition est d’ordre public et sa violation sanctionnée par la nullité de la garantie.
L’encadrement des formalités de constitution de la garantie autonome illustre une certaine distanciation d’avec
le régime juridique du cautionnement. Les dispositions relatives à la forme de l’acte ne laissent aucun doute sur la
nécessité de l’écrit comme condition de validité de la garantie autonome. L’absence d’écrit entraîne la nullité de
l’engagement, cet écrit devant par ailleurs contenir certaines mentions obligatoires :
La dénomination « lettre de garantie autonome » ou « contre garantie autonome »,
Les noms du donneur d’ordre, du bénéficiaire, du garant ou contre-garant,
La convention de base,
l’action ou le fait cause de l’émission de la garantie,
le montant maximal garanti,
la date d’expiration ou le fait entraînant l’expiration de la garantie,
les conditions de la demande de paiement,
l’impossibilité pour le garant ou le contre-garant de bénéficier des exceptions de la caution.
Les formes les plus fréquentes de la garantie autonome sont les suivantes :
La garantie de bonne fin :
Dans le cadre de l’exécution d’un marché, le maître d’ouvrage (bénéficiaire des travaux) demande à son
cocontractant de désigner un tiers qui s’engage à avancer les sommes nécessaires à la finition des travaux en
cas d’inexécution par le cocontractant.
La garantie de découvert local :
On est dans l’hypothèse où un entrepreneur étranger est appelé à effectuer des travaux au Sénégal et sollicite
un emprunt bancaire. La banque sénégalaise lui fait obligation de fournir une banque étrangère garante du
remboursement des sommes sur première demande.
FSJP - LICENCE III - AFFAIRES – DROIT DES SURETES - MBENGUE - 2010/2011 6
Le souci du législateur, à travers le nouvel AU est de faire de la garantie autonome une sûreté encore plus rapide et
efficace.
Le créancier ou bénéficiaire est tenu de notifier par écrit la survenance du fait qui déclenche la garantie au garant.
Le garant qui appelle le contre-garant à payer est soumis à la même formalité.
Encore faudrait-il que la garantie soit en cours.
Les garanties autonomes ou contre-garanties autonomes sont irrévocables lorsqu’elles sont à durée
déterminée. Lorsque leur durée est indéterminée, elles peuvent être révoquées par le garant ou le contre-garant
respectivement.
Le contenu de l’écrit qui constate l’appel à garantie dépend des prévisions contractuelles des parties.
La formule de la garantie pure et simple n’exige aucune justification de l’appel à garantie : l’appel se résume alors à une
invitation à payer.
Cette formule semble être exclue par le législateur OHADA qui, en tout état de cause, exige
la mention de la survenance du fait objet de la garantie ; cela veut dire que l’appel à garanti doit être justifiée mais
cette justification consiste dans l’affirmation stricte que le fait prévu est advenu. Les parties peuvent cependant
convenir que l’appel à garantie devra être accompagné de documents justificatifs
(constat d’huissier, rapport d’expertise, etc.). Dans ce cas, la demande, en plus d’être justifiée, doit être documentée.
Ce recours est écarté lorsque le garant ou contre-garant paye sans transmettre la demande au donneur d’ordre
ou au garant alors que ces derniers disposaient d’un moyen pour faire défense de payer.
Comme en matière de cautionnement, le recours est personnel mais peut aussi être de type subrogatoire (il n’y a pas ici
de recours contre les cofidéjusseurs).
Ils présentent la particularité de porter sur un ou plusieurs biens du débiteur. Le droit des sûretés reprend une
distinction du droit des biens : celle entre meubles et immeubles. Partant de cette distinction, les sûretés réelles sont
différentes selon qu’elles portent sur un bien meuble ou un bien immeuble. Dans le premier cas on parle de sûretés
réelles mobilières et dans le second de sûretés réelles immobilières.
Les sûretés réelles mobilières sont :
- Le gage,
- Le nantissement,
- Le droit de rétention,
- Les privilèges et
- La propriété retenue comme sûreté.
Les sûretés réelles immobilières sont les hypothèques.
CHAPITRE 1 : L’HYPOTHEQUE
Le nouvel AU portant organisation des sûretés innove en donnant une définition de l’hypothèque. Celle-ci consiste donc
« l’affectation d’un immeuble déterminé ou déterminable appartenant au constituant, en garantie d’une ou plusieurs
créances présentes ou futures à condition qu’elle soit déterminable ou déterminée ». Cette définition manifeste un
bouleversement du régime juridique de l’hypothèque qui peut désormais porter sur des immeubles futurs.
L’hypothèque conventionnelle est celle qui est constituée librement, spontanément par les parties.
Elle doit être formalisée par un écrit authentique ou sous signatures privées selon un modèle agrée par la conservation
de la propriété foncière.
L’hypothèque légale :
C’est celle que la loi accorde à certains créanciers du fait de la nature particulière de leur créance.
L’AU en cite trois (3) mais les législations nationales peuvent en prévoir d’autres :
L’hypothèque légale de la masse des créanciers :
Réglementée par l’AU sur les procédures collectives d’apurement du passif.
L’hypothèque légale du vendeur, de l’échangiste ou du copartageant
sur les immeubles vendus, échangés ou partagés pour garantir le paiement total du prix de la soulte de
l’échange ou des créances résultant du partage.
L’hypothèque légale des architectes, entrepreneurs et autres personnes
employés pour édifier, réparer ou reconstruire des bâtiments des immeubles.
L’hypothèque judiciaire
La constitution d’une hypothèque sur un ou plusieurs immeubles du débiteur peut être autorisée par décision
judiciaire sur demande du créancier.
S’agissant d’une mesure conservatoire, sa constitution ne peut être autorisée que lorsque deux conditions sont
réunies :
- L’existence d’une créance certaine ou paraissant fondée dans son principe d’une part et
- La présence de circonstances de nature à en menacer l’exécution d’autre part.
L’hypothèque constituée doit faire l’objet d’une inscription au livre foncier. Cette formalité de publicité a pour finalité
d’informer les tiers sur la réalité de la constitution de l’hypothèque.
Lorsque le créancier hypothécaire n’a pas procéder à la publicité de l’hypothèque, la sanction prévue par l’AU
est l’inopposabilité aux tiers. En somme, le créancier hypothécaire qui ne peut opposer aux tiers, son droit et celui qui
ne peut se prévaloir du droit de suite et du droit de préférence.
La formalité de la publicité est rendue obligatoire quel que soit la nature de l’hypothèque (conventionnelle,
légale ou judiciaire).
FSJP - LICENCE III - AFFAIRES – DROIT DES SURETES - MBENGUE - 2010/2011 9
La constitution d’hypothèque n’offre d’intérêts pour le créancier hypothécaire que lorsque le débiteur n’exécute pas
son obligation.
La mise en œuvre de l’action hypothécaire est soumise à 2 conditions cumulatives :
- L’hypothèque doit être en cours de validité au moment où le débiteur n’a pas exécuté ses obligations, par
ailleurs,
- Le créancier doit être le titulaire de l’action hypothécaire.
Les sûretés réelles confèrent à leur titulaire des droits réels accessoires. Elles confèrent des prérogatives qui
sont l’accessoire d’une créance. L’extinction de la créance a donc pour conséquence l’extinction de la sûreté.
Lorsqu’un paiement, une renonciation, une compensation, une remise de dette ont contribués à éteindre la
créance, la sûreté hypothécaire est éteinte par voie de conséquence. Il en va de même en cas de radiation de
l’inscription hypothécaire.
Enfin, l’hypothèque est éteinte en cas de purge de l’hypothèque, c'est-à-dire de la vente forcée de l’immeuble
entre les mains d’un tiers acquéreur par adjudication ou sur expropriation forcée après la consignation de l’indemnité
d’expropriation.
Les dispositions du nouvel AU modifie profondément le régime juridique du gage en revenant sur le critère traditionnel
de différenciation entre gage et nantissement. Les nouveautés introduites intéressent aussi bien la constitution du gage
que sa réalisation.
Le gage est désormais défini comme « le contrat par lequel le constituant accorde à un créancier le droit de se faire
payer, par préférence, sur un bien meuble corporel ou un ensemble de biens meubles corporels, présents ou futurs ».
Sur la forme, le contrat de gage reste un contrat solennel mais non plus du fait de l’obligation de dépossession mais du
fait de la nécessité de la rédaction d’un écrit. L’écrit, désormais exigé à peine de nullité doit contenir :
- la désignation de la dette garantie,
- la quantité de bien donnée en gage ainsi que leur espèce et leur nature.
FSJP - LICENCE III - AFFAIRES – DROIT DES SURETES - MBENGUE - 2010/2011 10
Le gage constitué sans dépossession expose le créancier à un risque de disparition ou de détérioration de la chose
gagée. L’AU pourvoie à la protection des intérêts de ce créancier en prévoyant que la violation de l’obligation de
conservation du débiteur par ce dernier, permet au créancier de se prévaloir de la déchéance du terme de la dette ou la
sollicitation d’un complément de gage.
Cette efficacité peut d’abord résulter du droit de rétention dont dispose le créancier gagiste. Ce droit, qui n’a de sens
que lorsque le gage a été fait avec dépossession, permet au créancier de retenir la chose gagée tant qu’il n’a pas reçu
complet paiement.
Au-delà de cette faveur faite au créancier gagiste avec dépossession, tout créancier gagiste même sans
dépossession peut mettre son droit de réalisation en œuvre par la vente forcée ou l’attribution judiciaire.
Le nouvel AU innove en ce sens en permettant aux parties d’inclure dans le contrat un pacte commissoire. Par ce
dernier, elles conviennent que le créancier gagiste pourra se faire attribuer la propriété du bien dès l’inexécution de
l’obligation garantie et sans intervention du juge. Cette clause ne peut cependant être contenue dans un contrat de
gage ou un particulier est débiteur sauf lorsque le bien gagé est une somme d’argent ou un bien dont la valeur fait
l’objet d’une cotation officielle.
Lorsque le créancier n’exerce pas un droit de rétention ou met en œuvre un pacte commissoire, la seule voie qui
lui reste est celle de l’exécution forcée. La constitution du gage n’est opposable aux tiers que lorsque le gage a fait
l’objet d’une dépossession ou lorsque le gage a été inscrit au RCCM.
Lorsque des gages successifs ont été constitués sur un même bien, l’ordre des créanciers gagistes est déterminé
par l’ordre d’inscription de leur gage au RCCM1.
Le nantissement est l’affectation d’un bien meuble corporel ou d’un ensemble de biens meubles incorporels présents ou
futurs en garantie d’une ou de plusieurs créances présentes ou futures à condition que celle-ci soit déterminées ou
déterminables.
Le nantissement ne peut concerner que des biens meubles incorporels. Contrairement au gage cependant, son
assiette n’est pas illimitée dans la catégorie concernée.
Quelque soit la nature du bien meuble incorporel donné en nantissement, l’AU pose l’écrit comme condition de
constitution et de validité du contrat. L’écrit doit permettre d’identifier avec précision les biens concernés par le
nantissement. Par exemple, l’écrit qui constate le nantissement du fonds de commerce doit indiquer :
- la désignation des parties,
- l’indication du siège du fonds et éventuellement de ses succursales,
- la mention des éléments du fonds et ceux permettant d’individualiser la créance garantie.
Dans le nantissement de créances ou de compte bancaire, une formalité supplémentaire est posée du fait que le bien
nanti se trouve entre les mains d’un tiers. Le nantissement doit être notifié au tiers qui est le débiteur du débiteur nanti,
cette formalité conditionnant l’opposabilité de la sûreté à ce débiteur.
1
NB : pour la réalisation du gage, se référer aux dispositions sur la saisie des biens meubles corporels du cours de premier semestre
sur les voies d’exécution.
FSJP - LICENCE III - AFFAIRES – DROIT DES SURETES - MBENGUE - 2010/2011 11
Comme l’hypothèque, le nantissement peut être conventionnel ou judiciaire. Les conditions que le créancier
doit remplir pour solliciter une hypothèque judiciaire sont celles requises pour un nantissement judiciaire. il n’existe
cependant pas de nantissement légal.
Les dispositions qui entourent la mise en œuvre du nantissement sont loin d’être uniformes. Le créancier nanti ne peut
opposer valablement son droit au tiers qu’à compter de l’inscription du nantissement au RCCM3. Cette formalité a pour
finalité d’informer ces derniers de la constitution du nantissement.
Cette règle ne connaît d’exception que pour le nantissement du compte de titres financiers qui est opposable :
- aux parties,
- à la société émettrice et
- aux tiers dès la signature du contrat.
2
Innovation du nouvel AU. Avant il n’y avait que le droit de suite et le droit de préférence. Autre innovation, le pacte commissoire
qui n’existe que pour biens autres que le nantissement.
3
Opposabilité contre la saisie, la vente, etc.
FSJP - LICENCE III - AFFAIRES – DROIT DES SURETES - MBENGUE - 2010/2011 12
PLAN
INTRODUCTION
TITRE I – LES SURETES PERSONNELLES
CHAPITRE 1er : LE CAUTIONNEMENT
C’est le contrat par lequel « la caution s’engage, envers le créancier qui accepte, à
exécuter une obligation présente ou future contractée par le débiteur si celui-ci n’y
satisfait pas lui-même ».
SECTION 1ère : LA FORMATION DU CONTRAT DE CAUTIONNEMENT
I- LES EXIGENCES LEGALES
A- LES CONDITIONS DE FOND
Consentement des parties (celle de la caution et du créancier du débiteur)
Information obligatoire de l’existence de la caution au débiteur, le
cautionnement ne peut être fait à son insu
Cause licite et non contraire aux bonnes mœurs
Capacité des parties
La validité de l’engagement principal.
B- LE FORMALISME DU CONTRAT DE CAUTIONNEMENT
Au sens de l’article 14 alinéa 2 nouveau dispose que le cautionnement « se
prouve par un acte comportant la signature de la caution et du créancier ainsi
que la mention écrite de la main de la caution, en toute lettre et en tout chiffre,
de la somme maximale garantie ». ce qui veut dire que :
Le cautionnement peut être verbal mais,
En cas de contestation, sa preuve ne pourra être apportée que par écrit.
2- L’AMENAGEMENT CONVENTIONNEL DES MODALITES DU CAUTIONNEMENT
Possibilité de souscrire un cautionnement général des dettes du débiteur mais à
condition de fixer une somme maximale déterminée en commun accord avec le
créancier,
Possibilité d’un cautionnement réel,
Possibilité de convenir de la désignation d’un ou de plusieurs biens de la caution qui
serviront de sûretés réelles avec droit de suite et droit de préférence,
Possibilité pour la caution de limiter contractuellement son engagement à la valeur de
réalisation des biens désignés.
SECTION 2 : LE DENOUEMENT DU CAUTIONNEMENT
1- L’ACCEPTATION DE LA CAUTION A PAYER
A- LES CONDITIONS DE L’APPEL A LA CAUTION
o Exigibilité de la dette,
o Non-paiement après la mise en demeure du débiteur
Inopposabilité à la caution de :
La prorogation du terme de la dette consentie par le créancier
La déchéance du terme de la dette comme par exemple en cas
d’ouverture d’une procédure collective à l’encontre du débiteur.
FSJP - LICENCE III - AFFAIRES – DROIT DES SURETES - MBENGUE - 2010/2011 13
Il arrive que le garant qui souhaite éviter l’insolvabilité du débiteur lorsqu’il aura fini de désintéresser le
bénéficiaire, exige de ce débiteur une contre garantie.
La contre-garantie autonome est l’engagement par lequel le contre-garant s’engage, en
considération d’une obligation souscrite par le donneur d’ordre ou sur instruction de ce donneur
d’ordre, à payer une somme déterminée au garant soit sur première demande de la part de ce dernier
soit selon les modalités convenues.
hypothèque judiciaire :
La constitution d’une hypothèque sur un ou plusieurs immeubles du
débiteur peut être autorisée par décision judiciaire sur demande du
créancier.
S’agissant d’une mesure conservatoire, sa constitution ne peut être
autorisée que lorsque deux conditions sont réunies :
- L’existence d’une créance certaine ou paraissant fondée dans son
principe d’une part et
- La présence de circonstances de nature à en menacer l’exécution
d’autre part.
ème
PARAGRAPHE 2 : LES CONDITIONS RELATIVES A L’IMMEUBLE
L’hypothèque ne peut porter que sur :
un immeuble immatriculé.
Cette condition exclue du domaine de l’hypothèque les immeubles non susceptibles
d’une immatriculation notamment les terres du domaine national.
Concernant les immeubles immatriculés, et en pratique, l’hypothèque porte sur :
les fonds non-bâtis ainsi que
les fonds bâti et leur amélioration.
Sont cependant expressément exclus de l’hypothèque, les accessoires de l’immeuble
par nature (immeuble par destination).
Au-delà, des droits que le propriétaire peut détenir sur l’immeuble, l’hypothèque peut
également avoir pour objet
Sur la forme, le contrat de gage reste un contrat solennel mais non plus du fait de
l’obligation de dépossession mais du fait de la nécessité de la rédaction d’un écrit.
L’écrit, désormais exigé à peine de nullité doit contenir :
- la désignation de la dette garantie,
- la quantité de bien donnée en gage ainsi que leur espèce et leur nature.
- Le gage constitué sans dépossession expose le créancier à un risque de disparition
ou de détérioration de la chose gagée.
NOTE :