Droit Des Suretés _1
Droit Des Suretés _1
Droit Des Suretés _1
Le droit des garanties ou s retés accompagnant les créances, qu’elles soient civiles ou
commerciales d’ailleurs, est une préoccupation fondamentale aussi bien pour le
créancier que pour le débiteur.
2 ± Les s retés réelles consistant dans l’affectation d’un bien pour garantir le
paiement d’une créance, et ce par préférence sur le prix de réalisation dudit bien (art 2
al 2). L’acte uniforme respecte cet ordre de présentation qui est des plus classiques. Il
Notre présentation reste des plus classiques par rapport à l’objectif visé de vous
présenter ce nouveau droit. C’est pourquoi, il sera fait en respectant le plan adopté par
l’acte uniforme lui-même.
L’acte Uniforme relatif aux sûretés comprend cinq titres dont un dernier consacré
aux dispositions finales : les sûretés personnelles, les sûretés mobilières, les
hypothèques et la distribution et classement des s retés qu’il nous faut reprendre.
On sait qu’en droit français, droit ayant inspiré le nôtre, ce domaine est caractérisé
par le contraste somme toute logique, entre la relative brièveté des sources légales et
l’abondance de la Jurisprudence. Il est certain que le législateur de l’OHADA
s’appuyant sur les propositions de l’auteur de l’avant projet, a exploité les
nombreuses contributions jurisprudentielles à cette matière complexe.
On trouvera, ci-après, les traits saillants de ce dispositif, sachant que toute la théorie
du cautionnement ne saurait être reprise dans le cadre restreint de la présente
intervention.
Cette disposition mettra fin à la montée incontrôlable, dans le secteur bancaire, des
encours de cautionnement reçus, à mesure que s’accumulent les agios impayés par les
débiteurs principaux. Il faut admettre qu’en contraignant les banques à déterminer un
montant « butoir » dès l’entrée en cautionnement, ce texte les attire vers une stratégie
plus réaliste, et une pratique plus orthodoxe.
En conséquence, il est probable que le banquier bénéficiaire d’un cautionnement
devra intégrer, dans ses prévisions de sinistre, des accessoires de sa créance
suffisamment conséquents pour le couvrir de manière exhaustive en cas de
défaillance.
On observera toutefois une ambiguïté du texte qui prévoit le « renouvellement
exprès » (art 9) du cautionnement lorsque la somme est atteinte, alors que la notion de
renouvellement est ordinairement liée au temps, donc à la surveillance d’une
échéance ± et non à un quantum,
Le cautionnement peut être révoqué à tout moment avant que la somme maximale
n’ait été atteinte. Dans ce cas la caution reste tenue des engagements du débiteur né
avant cette date.
La nouveauté est que le cautionnement est réputé solidaire et non plus simple, sauf bien
entendu lorsque la loi d’un Etat partie au traité décide expressément du
contraire(art 10).
A l’inverse, c’est pour convenir d’un cautionnement simple que la stipulation devra
être expresse.
Le cautionnement solidaire signifie que la caution est considérée comme codébiteur
principal. Tout se passe comme si le débiteur principal et la caution solidaire avaient
la même dette en commun. Ainsi le caractère accessoire du cautionnement disparaît
et la caution acculée au paiement paiera sa propre dette et non celle d’un autre
comme dans le cautionnement simple. Cela améliore les chances de recouvrement de
la créance. La conséquence à en tirer est que la caution solidaire ne dispose ni du
bénéfice de discussion lui permettant d’obliger le créancier à poursuivre d’abord le
débiteur sur ses propres biens, ni du bénéfice de division c’est-à-dire demander au
La caution n’est tenue de payer la dette qu’en cas de défaillance du débiteur principal. La
caution doit en être avisée, la preuve étant faite par une mise en demeure
infructueuse. Toutefois si un terme différent a été fixé à la caution, elle ne devra
payer qu’à cette deuxième échéance.
D ± L’extinction du Cautionnement
L’extinction par voie principale (art 26) a lieu lorsque sur poursuites, la caution
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excipe d’une compensation ou lorsque le créancier consent une remise à la seule
caution, enfin lorsque la confusion s’opère entre la personne du créancier et la
caution.
Toutefois le certificateur de la caution reste tenu lorsque la caution devient l’héritière du
débiteur principal ou inversement (art 27).
De même, la lettre de contre garantie est une convention par laquelle, à la requête ou
Comme en matière cambiaire, ces lettres créent des engagements autonomes distincts
des engagements de bases en constituant le fondement. Ces lettres ne se présument
pas et doivent reprendre expressément les mentions énumérées par l ‘art 30 de l’acte
uniforme.
Il s’agit de ceux reconnus par la pratique des affaires et par la jurisprudence, sous
réserve de quelques aménagements et précisions relatifs notamment :
± à la circulation ;
± à la procédure de la demande en paiement ; ±
à l’expiration de la garantie ;
± aux moyens de défense en cas de fraude ou d’abus manifeste du bénéficiaire ; ±
aux recours du garant.
Le gage fait l’objet de force détails. 22 articles y sont consacrés dans l’acte uniforme
alors que les codes de commerce de pays comme le Mali n’y consacrait que quatre (art
1225 à 1228).
Cette très ancienne s reté fait ici l’objet d’une mise à jour de ses techniques de
constitution, lorsqu’elle porte sur certains biens mobiliers incorporels (titres de
créance, titres nominatifs ou à ordre) ou sur des choses fongibles ou consomptibles.
Notamment, la constitution d’un gage sur des créances fait désormais l’objet de
dispositions précises permettant au créancier gagiste de réaliser la créance gagée sans
préjudice pour lui ni pour le débiteur titulaire de la créance donnée en gage.
Le gage est le contrat par lequel un bien meuble est remis au créancier ou à un tiers
convenu entre les parties pour garantir le paiement d’une dette.
On peut rappeler aussi que c’est un contrat accessoire parce qu’il suppose une
créance valable à garantir.
Il est indivisible parce qu’il garantit l’intégralité de la créance. Ou ne peut le libérer si la
totalité de la dette n’est pas payée.
Enfin, il est réel, parce qu’il nécessite la remise de la chose.
Il peut être constitué pour des dettes antérieures, futures ou mêmes éventuelles (art
46). L’acte uniforme innove en autorisant les fonctionnaires, officiers ministériels ou
toute personne à donner en gage des sommes ou valeurs déposées pour garantir les
abus dont ils pourraient être responsables et les prêts consentis pour la constitution de
ce cautionnement.
Du point de vue de la forme, l’acte uniforme exige un acte authentique ou sous seing
L’article 50 fixe les procédures de mise en gage des titres de créance et du récépissé du
Ainsi, la mise en gage d’une créance doit rtre signifiée par le débiteur à son propre
débiteur, à défaut le créancier gagiste peut y procéder lui-même. En cas de paiement
par le débiteur cédé, avis en est donné au débiteur principal.
Lorsqu’il s’agit de titres au porteur, la signification de la cession n’est pas nécessaire.
On opère par tradition, c’est à dire de la main à la main. Pour les titres à ordre, le
transfert se fait par endossement et pour les titres nominatifs, par la mention du gage
Les banques peuvent aussi consentir des prêts à trois mois garantis par des valeurs
mobilières cotées réalisables sans formalité dès le lendemain de l’échéance en cas de
non-paiement (art 51).
Pour les gages sur marchandises et les propriétés incorporelles, il est référé aux
Le droit de rétention est reconnu au créancier gagiste jusqu’à son paiement complet,
mrme en l’absence de toute stipulation contractuelle.
Faute de paiement, l’acte uniforme interdit la vente ou l’attribution du gage sans
autorisation de justice (art 56). Toute clause contraire est réputée non écrite. Il
signaler que le créancier gagiste mrme muni d’un titre exécutoire ne peut faire
procéder à la vente forcée du bien, avant huit jours après sommation faite au débiteur.
Lorsque le gage est une créance, une procédure particulière est organisée (art 56 al 2).
Ainsi lorsque l’échéance de la créance gagée est antérieure à l’échéance de la créance
garantie, le créancier gagiste perçoit le montant en capital et intérêt. Dans le cas
inverse, il est tenu d’attendre l’échéance de la créance donnée en gage.
S’il s’agit d’une chose consomptible, le créancier gagiste est autorisé à restituer une
chose équivalente (art 59).
Le créancier gagiste dispose du droit de suite qui le fonde à poursuivre son gage entre
n’importe quelles mains. Et il peut opposer son droit aux acquéreurs successifs du
bien.
Le créancier gagiste dispose aussi de droit de préférence qui lui permet de se faire
payer par préférence et aux autres créanciers (art 57)
Lorsqu’il est entièrement payé du capital des intérrts et des frais, le créancier gagiste
restitue la chose avec tous les accessoires. Lorsqu’ils sont plusieurs, les créanciers sont
payés dans l’ordre de leur inscription.
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D - Extinction du gage art 61 à 62
Le gage s’éteint quand la dette garantie s’éteint, ou lorsque le bien est volontairement
restitué au débiteur ou encore lorsque le Tribunal ordonne la restitution pour faute du
créancier.
Il s’agit du nantissement :
2) L’art 144 du code malien ne parlait pas du nantissement du stock des marchandises
ou de matières premières, reprenant en cela une solution traditionnelle française. Or
l’acte uniforme introduit le droit pour le débiteur de nantir son stock sans
dépossession par l’émission d’un bordereau (art 100 à 105).
Cette innovation va permettre aux opérateurs économiques de proposer de nouvelles
garanties plus facilement réalisables que le matériel d’exploitation. Elle donnera aussi
une plus grande sécurité juridique aux créanciers qui pourront toujours identifier les
biens donnés en nantissement sans courir de risque de disparition de ce stock. Le
bordereau de nantissement émis par le débiteur peut être endossé et avalisé donc peut
circuler comme le billet à ordre avec les mrmes effets cambiaires. L’inscription
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conserve les droits du créancier nanti pendant un an (art 102) et le bordereau endossé
par le débiteur avant d’rtre remis au créancier est valable trois ans (art 103).
Le débiteur conserve le droit de vendre son stock nanti. Mais il ne peut le livrer que
s’il en consigne le produit chez le banquier domiciliataire. C’est une sorte de tierce
détention.
L’exigibilité du paiement devient de droit lorsque la valeur des biens nantis diminue.
A défaut de paiement à l’échéance, le porteur du bordereau ou le créancier procède à
la réalisation forcée comme il a été dit en matière de gage.
3) Le greffier responsable du registre du commerce et du crédit mobilier voit sa
responsabilité renforcée. Désormais il a une obligation de vérification des formalités
qui lui sont demandées (art 79).
Le privilège est le droit d’un créancier établi par la loi de se faire payer par préférence
aux autres créanciers. Ces privilèges sont généraux ou spéciaux.
Allégeant et rénovant totalement la longue liste des privilèges généraux héritée du
Code Civil français, l’Acte Uniforme détermine, de façon aussi exacte que possible,
leur assiette et leur rang, entre eux d’abord et parmi les autres s retés ensuite.
Compte tenu des sommes très importantes que certains garantissent, il a également
paru opportun d’assurer leur publicité par le Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier.
La liste des privilèges mobiliers spéciaux a été également modernisée. Quant à leur
conflit lorsqu’ils portent sur les mrmes meubles, une seule et unique règle de solution
a été retenue : la préférence est accordée au premier saisissant. (« Le prix de la
course »).
Le Professeur SAYEGH a indiqué qu’il a voulu procéder à une toilette du code civil
en la matière. Il convenir que le texte en paraît plus aéré.
Il impose notamment aux textes spéciaux l’obligation de préciser le rang des
privilèges généraux qu’il crée, tandis qu’en matière de privilèges spéciaux, les
créanciers titulaires de privilèges spéciaux prennent rang en 6è position puis que
l’article 106 les renvoie au dernier rang des détenteurs de privilèges généraux
énumérés à l’article 107.
b) En matière de privilèges spéciaux, les créanciers reconnus par l’acte uniforme sont
:
± le vendeur de meuble pour le prix non payé ;
± le bailleur d’immeuble pour 24 mois ;
± le transporteur terrestre sur la chose transportée ;
± le travailleur salarié sur les sommes dues par le donneur d’ordre ; ±
les fournisseurs et travailleurs des entreprises de travaux ;
± le commissionnaire sur les marchandises détenues pour compte de commettant ±
le gérant d’affaires sur le bien dont il a assuré la conservation.
L’inscription une fois prise conserve son rang jusqu’à la publication de son extinction
(art 122). Les règles de formes quant aux modalités pratiques d’inscription sont
laissées à la discrétion des législations nationales.
Ensuite aux termes de l’article 124 de l’acte uniforme, l’inscription doit rtre prise pour
une durée déterminée dans la convention ou par une décision de justice. Ce qui est
nouveau par rapport au système du décret du 26 juillet 1932 qui disposait que
l’hypothèque reste valable tant que sa radiation n’est pas publiée. De
plus, les nouveautés suivantes ont été introduites par l’acte uniforme en matière
d’hypothèques forcées légales :
± l’hypothèque forcée de la masse des créanciers (art 133), doit rtre inscrite dans le
délai de 10 jours à compter de la décision judiciaire ordonnant l’ouverture de la
procédure, à la requrte du Greffier ou du Syndic. C’est une responsabilité nouvelle à la
charge de ces deux organes, alors que le Code de Commerce ne met cette
obligation qu’à la charge du Syndic, sans qu’un délai ne soit spécifié d’ailleurs (art 205
Code Commerce du Mali par exemple).
Cet avant dernier titre indique donc l’ordre de distribution des fonds provenant de la
réalisation des deux catégories de biens.
Dans les deux cas, lorsqu’il y a insuffisance, de deniers, les créanciers venant à rang
égal sont payés au marc le franc.