manger
1. manger
v.t. [ du lat. manducare, mâcher ]se manger
v.pr.2. manger
n.m. [ de 1. manger ]manger
Participe passé: mangé
Gérondif: mangeant
Indicatif présent |
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je mange |
tu manges |
il/elle mange |
nous mangeons |
vous mangez |
ils/elles mangent |
MANGER1
(man-jé. Le g prend un e devant a et o : mangeant, mangeons) v. a.Résumé
PROVERBES
- Les gros poissons mangent les petits, c'est-à-dire les puissants oppriment et pillent les faibles.
- Qui se fait brebis, le loup le mange, c'est-à-dire qui a trop de bonté trouve bientôt des gens qui en abusent.
- Les loups ne se mangent pas, les méchants s'épargnent entre eux.
- Brebis comptées, le loup les mange, c'est-à-dire cela porte malheur de savoir son compte, et, plus raisonnablement, il ne suffit pas de les avoir comptées, il faut savoir les garder.
- Il est savant jusqu'aux dents, il a mangé son bréviaire.
- L'appétit vient en mangeant, le désir de s'enrichir ou de s'élever augmente à mesure qu'on acquiert de la fortune ou des honneurs.
HISTORIQUE
- XIe s. N'en mangeront [de nos corps] ne lou, ne por, ne chien [, Ch. de Rol. CXXX]
- XIIe s. Sauvages bestes ne les pourront mangier [, Roncisv. p. 83]Quant il orent mengié, ses [si les] en [de table] convint lever [, Sax. XII]Hé Dex, ce dist li rois, qui mengas à la cene [, ib. XX]Idonques fu ocis et au coeu [cuisinier] fu livrez ; Li keus manja le cuer ; quant lui fu demandez, Fist au seignur acreire que sans cuer estoit nez [, Th. le mart. 31]
- XIIIe s. Que plus seurement guerroie cil qui a à mengier que cil qui n'en a point [VILLEH., LXII]Et quant il lui donnoit à boire et à mengier [, Berte, XI]En dormant lui sembloit que une ourse sauvage Lui menjoit le bras destre [, ib. LXX]Et avint que li rois Richars manda au comte de Sancerre et as barons que il mangoient le pain le roi pour nient [, Chr. de Rains, 63]Je me plains à lui [Amour] de Dangier, Qui par poi [peu s'en fallut] ne me volt [veut] mengier [, la Rose, 3132]À la table le roy, manjoit emprès li le conte de Poitiers.... [JOINV., 205]Mon frere le sire de Vauquelour [Vaucouleurs] et les autres riches homes qui là estoient, donnerent à manger chascun l'un après l'autre, le lundi, le mardi, le mercredi [ID., 208]
- XIVe s. Ce qui est dict, en la venerie des rouges bestes, viander, est dict es noires bestes menger [, Modus, f. XXX]Mengier une fois le jour est vie d'ange, et mengier deux fois le jour est vie humaine, et trois fois ou quatre ou plusieurs est vie de beste et non pas de creature humaine [, Ménagier, I, 3]Pierre Alfons dit : une des grans adversitez de ce siecle, c'est quant un homme franc par nature est contraint par poureté de mangier l'aumosne de son ennemi [LE CHEV. DE LA TOUR, Instruct. à ses filles, f° 81, dans LACURNE]Et vous estes ici et de gent grand foison, Où vous ne trouverez vivres ne garnison ; Li païz est mangiez et pilliez environ [, Guesclin, 12513]
- XVe s. Bien jeune le jour qui au soir a assez à menger [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 201]Les gens de guerre furent licenciés et retournerent chacun ès lieux dont ils estoient venus, en mangeant le pauvre peuple, selonc la coutume d'adonc [MONSTREL., I, 63]Mal fait mangier à l'appetit d'autrui [E. DESCH., Poésies mss. f° 358]Sans sausse mangue l'en bien rost [ID., ib. f° 379]Il va prendre le roy par le heaulme à force de bras et dist : Gentil roy, trop vous glorifiez en vos prouesses ; cuydez vous tout le tournoy manger ? [, Perceforest, t. I, f° 147]La poudre qui corrosive estoit, lui gasta et mangea trestout l'œil [LOUIS XI, Nouv. X]
- XVIe s. Le medecin luy avoit ordonné qu'il mangeast d'une grive [AMYOT, Lucull. 80]Il leur semble, quand ils voyent les ennemis en barbe, qu'ils doyvent manger (comme on dit) les charrettes ferrées [LANOUE, 318]Les armées se reculerent, tirans vers les quartiers moins mangez [ID., 678]Environ trois cens hommes sortirent de la ville ; toutefois ils ne l'eslongnerent plus que d'une mousquetade, et ne voulurent attendre le capitaine Loup, combien qu'il essayast de les attaquer plusieurs fois ; voyant donc qu'ils n'en vouloient autrement manger, se retira [BEAUGUÉ, Guerre d'Escosse, I, 5]Il en mangeroit autant qu'un evesque en pourroit benir [il en mangerait beaucoup] [OUDIN, Curios. franç.]Il faut travailler qui veut manger [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 311]Qui a faim mange tout pain [ID., ib. p. 381]Il y a pourtant des filles qui, lorsqu'elles commencent un peu à sentir leur cœur, elles s'apprivoisent si bien qu'elles viennent manger aussitost dans la main [BRANT., Dames gal. t. II, p. 68, dans LACURNE]Monsieur le marechal du Biez entreprint de se saisir et ruiner la terre d'Oye, ayant tenté d'attirer l'Anglois en bataille, lequel n'en voulut manger [MONLUC, Mém. t. I, p. 254, dans LACURNE]En mangeant l'appetit se perd [COTGRAVE, ]En mangeant l'appetit vient [ID., ]Bonne beste s'eschauffe en mangeant [ID., ]Mauvaise est la saison quand un loup mange l'autre [ID., ]Qui a honte de manger a honte de vivre [ID., ]Qui avec son seigneur mange poires, il ne choisit pas les meilleures [ID., ]Un seigneur de paille mange un vassal d'acier [ID., ]
ÉTYMOLOGIE
- Wallon, maniî ; namur. mouniî ; Hain. mégner, migner, mougner ; nivern. mezer ; bourg. maingeai ; provenç. manjar ; catal. menjar ; esp. et portug. manjar ; ital. mangiare. À côté de manger, on trouve non moins usité manjuer, en provençal manjuiar. Ces deux formes montrent qu'il y eut, au moment où se firent les langues romanes, deux prononciations du latin manducare (u long) : l'une correcte gardait l'u long, et a donné manjuer, manjuier ; l'autre fautive supprimait cet u et a donné manger, manjar, mangiare. Manduco est le fréquentatif de mandere, dont l'étymologie probable est ainsi donnée par Corssen, Beiträge, p. 246 : il le rapporte au radical mad, enivrer, être ivre, dont le sens primitif est mouiller, être mouillé ; de là madayâmi, enivrer, rassasier ; de là aussi madeo, madidus, les verbes grecs signifiant se dissoudre, se fondre, et mouiller, mâcher. Mandere, avec insertion de nasale, aurait le même sens : humecter de salive, mâcher, et de là manger.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- 1. MANGER. Ajoutez :
- En Normandie, le manger, ce qu'on mange. Mon manger m'a fait du mal.
- XIIe s. Ajoutez : Ciz qui cuidoit valor [valoir] Rolant, Vit son frere maigre et crolant, Bien an cuida maingier tieu quatre, Ocirre lou cuide et abatre [, Romania, janv. 1877, p. 32]
HISTORIQUE
MANGER2
(man-jé ; l'r ne se lie jamais) s. m.PROVERBE
- À petit manger, bien boire, on compense par la boisson ce qui manque au manger.
HISTORIQUE
- XIIe s. Li arcevesques sist un jor à son mangier [, Th. le mart. 64]Et nequedent [néanmoins] l'avoit vendu [son droit d'aînesse] por un mangier de lentille [, Job, p. 517]
- XIIIe s. Si com li peissons est pris à l'ainc [hameçon] et li oisiaus au laz, tout aussi est pris li hom au mangier [BRUN. LATINI, Trésor, p. 381]Les barons, qui deussent garder le leur pour bien emploier en lieu et tens, se pristrent à donner les grans mangers et les outrageuses viandes [JOINV., 217]
- XIVe s. Et pour ce au latin [le récit latin de la vie de Girart] me vuil du tout aordre [attacher] ; Quar en plusieurs mostiers le lisent la gent d'ordre [les moines].... Et on lit au maingier, c'est chouse toute certe, Ainssin comme de sains les fais Girart et Berte [, Girart de Ross. V. 93]
- XVIe s. Ils en perdent le boire, le manger et le repos [MONT., I, 64]
manger
Il y a à boire et à manger. Voyez BOIRE.
Il ne me mangera pas se dit familièrement pour exprimer qu'On ne craint pas de se présenter devant quelqu'un et qu'on lui tiendrait tête au besoin.
Manger de tout, N'être point difficile sur ses aliments. Cet enfant mange de tout.
Pop., Manger comme quatre, Manger excessivement.
MANGER signifie, par extension, Prendre ses repas. Il mange trois fois par jour. Il mange plus souvent à son cercle que chez lui. Manger au restaurant. Ils mangent ensemble. Salle à manger.
Fig., Manger quelqu'un, quelque chose des yeux, Regarder avidement quelqu'un, quelque chose.
Fig., Manger quelqu'un de caresses, Lui faire de grandes caresses.
Manger bien, Manger de bonnes choses. On mange bien dans cette maison, La nourriture y est abondante et de bonne qualité.
Donner à manger, Tenir une maison où les gens viennent prendre leurs repas en payant. Il donne à manger à la carte, à tant par tête.
MANGER signifie aussi figurément Consumer, dissiper en folles dépenses. En quelques années il a mangé tout son patrimoine. Il mange tout en procès. Il a mangé la dot de sa femme. Il a mangé beaucoup d'argent.
Il se dit aussi figurément des Choses pour signifier Consumer en absorbant, en rongeant, en minant, en détruisant d'autres choses. Ce poêle mange bien du charbon. Le soleil mange les couleurs. La rouille mange le fer.
Fam., Manger ses mots, la moitié de ses mots, Omettre des lettres ou des syllabes en prononçant.
MANGER s'emploie dans un grand nombre de phrases figurées.
L'appétit vient en mangeant, Le désir de s'enrichir ou de s'élever augmente à mesure qu'on acquiert de la fortune ou des honneurs.
Prov., Qui se fait brebis, le loup le mange, Qui a trop de bonté, trouve bientôt des gens qui en abusent.
Prov., Les gros poissons mangent les petits, Les puissants oppriment les faibles.
Fig., Il a mangé son pain blanc le premier, Il a été dans un état heureux, agréable, et il n'y est plus.
Prov., Les loups ne se mangent pas entre eux, Les méchants s'épargnent entre eux.
Fig. et fam., Manger dans la main, Avoir des manières trop familières. Cet homme mange dans la main, vous mange dans la main.
Fig., Il a mangé son blé en herbe, se dit de Celui qui a dépensé d'avance son revenu, qui a mangé d'avance une succession.
Fig., Manger de la vache enragée, Éprouver beaucoup de privations et de fatigues. Il sait ce que c'est que la peine, il a mangé de la vache enragée. Ce jeune homme aime trop ses aises, il faudra qu'il mange de la vache enragée.
manger
Fam., Il en perd le boire et le manger. Voyez BOIRE.
Blanc-manger. Voyez BLANC.
manger
Manger, acut. Est se paistre de viande, ce qui se dit de toute beste aussi bien que de l'homme, Edere, et vient du verbe Latin Manducare, par syncope des lettres d et u, et commutation du c en sa moyenne qui est g, ce que l'Italien approche de plus pres, disant Mangiare, l'Espagnol prend son mot de l'autre synonyme Latin Comedere, et dit Comer, qui signifie Manger. J'ay dit que Manger se dit de toute beste. Ce qui doit estre entendu par commun parler. Car les veneurs en leur cabale de venerie ne disent pas que le cerf et autres bestes fauves mangent, ains qu'elles viandent; et n'appliquent le mot de Manger sinon aux bestes noires et mordans. Ainsi disent ils les Mangeures du sanglier.
Manger avec aucun, Cibum capere cum aliquo.
Manger apres, Superedere.
Manger en la main, Ex manu vesci.
Manger tout à fait, Adedere.
Manger tout entour, Obedere.
Manger quelque chose pour avoir meilleure haleine, Halitum suum re aliqua commendare.
Manger quelque chose sus et apres une autre qu'on a mangée, Supermandere.
Manger une chose sans qu'il en demeure rien, Peredere.
Ne manger point, Cibo abstinere.
Sobre manger, Attenuatus.
Bestes qui sont bonnes à manger, Esculenta animalia.
Ces herbes la sont bonnes à manger, Hae herbae sunt in pabulo.
Chose qui est bonne à manger, Edilis vel Edulis, Vescus, Edulium.
Les hommes en mangent, In cibo est hominibus.
On n'en mange point à cause de l'amertume, Propter amaritudinem non estur.
A grand peine en peut on manger, Vix sunt vescendo.
On mange, Estur.
Une personne qui boit et mange avec nous ordinairement, Conuictor.
Qui mangent beaucoup, Edaces, Multi cibi homines.
Manger son blé en verd, Versuram protinus ab ineunte anno facere, B.
Quand on mange de quelque chose, In cibum recipi, vel in mensas dicitur herba aut auis.
Ne bailler que manger, Cibum subducere.
Bailler à manger, In escam dare, Esui dare, Cibum dare, Victum dare, Obescare.
Bailler à manger à quelqu'un, et le loger, Recipere aliquem mensa, lare, tecto, etc.
Bailler à manger à un malade, Ingerere cibum aegroto.
Un garde manger, Penaria penariae, vel Penarium.
Lieu à manger, Coenatio.
Petit lieu à manger, Coenatiuncula.
A demi mangé, Semesus.
manger
MANGER, v. act. et neut. et s. masc. MANGERIE, s. fém. MANGEUR, EûSE, s. m. et f. [Manjé, jeri-e, jeur, jeû-ze: 1re lon. 2e é fermé au 1er, e muet au 2d, lon. au dern. — Devant l'a et l'o on met un e après le g: il mangea, nous mangeons, il mangeoit, mais cet e ne se prononce pas: manja, jon, jé.] Manger c'est, 1°. mâcher et avaler quelque aliment pour se nourrir. "Manger du pain, de la viande, du fruit. = V. neut. "Il n'a ni mangé, ni bu. "Il mange bien: il mange comme un chancre. (st. prov.) = 2°. Prendre ses repas. "Il mange à l'auberge. = 3°. En parlant de certaines chôses, ronger, détruire. "La rivière a mangé tous ses bords. "Un ulcère lui mange la jambe; et non pas, mange sa jambe. "La rouille mange le fer. etc. = 4°. Subst. Ce qu'on mange. "C'est un bon, un friand manger: c'est un manger de roi. "Il est tellement ocupé de cette afaire, qu'il en perd le boire et le manger. = 5°. On dit, proverbialement, de quelqu'un qui nous plait beaucoup, qu'on voudrait le manger. "Cette bonne petite Princesse est si tendre et si jolie, qu'on voudrait la manger. Sév. — Manger quelqu'un de caresses; lui faire de grandes caresses. — Ils se sont mangé le blanc des yeux: ils se sont querellés fortement. — Il sait son pain manger: il entend bien ses intérêts. — Si vous vous familiarisez avec lui, il viendra vous manger dans la main: il abusera de la familiarité que vous lui permettrez. — Je le mangerais avec un grain de sel, dit-on par jactance; je suis bien plus fort que lui. = Il est à manger, il est joli à manger, extrêmement joli. = Manger les mots, ne pas bien prononcer. "On ne l'entend pas bien: il mange la moitié des mots.
MANGERIE ne se dit qu'au figuré; exactions par lesquelles on ruine les pauvres gens. "On invente tous les jours de nouvelles mangeries. "Les frais de chicane sont d'odieûses mangeries, stile famil.
manger
manger
manger
manger
(mɑ̃ʒe)verbe transitif
manger
eatאכילה (נ), אכל (פ'), גירם (פיעל), היאכלות (נ), זלל (פ'), סעד (פ'), אֲכִילָה, אָכַל, גֵּרֵם, זָלַל, סָעַד, אוכלeten, opmaken, bikken, gebruiken, nuttigen, vreteneetأكل, يَأْكُلُmenjarjístæde, spiseessen, fressen, genießen, speisenmanĝicomer, comiscar, comisquear, picotearsyödäeszikétamangiare, pasteggiare食べる, 食事する먹다spisejeść, zjeśćcomermîncaесть, съесть, обедать, пообедатьjestiäta, spisayemekăn吃, 吃饭τρώωjestiรับประทาน吃verbe intransitif