66388RN01PROJET v7
66388RN01PROJET v7
66388RN01PROJET v7
net/publication/325090103
CITATIONS READS
5 124
1 author:
Alain Thoraval
Institut national de l'environnement industriel et des risques
120 PUBLICATIONS 563 CITATIONS
SEE PROFILE
Some of the authors of this publication are also working on these related projects:
All content following this page was uploaded by Alain Thoraval on 11 May 2018.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 1 sur 95
PREAMBULE
Le présent rapport a été établi sur la base des informations fournies à l'INERIS,
des données (scientifiques ou techniques) disponibles et objectives et de la
réglementation en vigueur.
La responsabilité de l'INERIS ne pourra être engagée si les informations qui lui ont
été communiquées sont incomplètes ou erronées.
Les avis, recommandations, préconisations ou équivalent qui seraient portés par
l'INERIS dans le cadre des prestations qui lui sont confiées, peuvent aider à la
prise de décision. Etant donné la mission qui incombe à l'INERIS de par son
décret de création, l'INERIS n'intervient pas dans la prise de décision proprement
dite. La responsabilité de l'INERIS ne peut donc se substituer à celle du décideur.
Le destinataire utilisera les résultats inclus dans le présent rapport intégralement
ou sinon de manière objective. Son utilisation sous forme d'extraits ou de notes de
synthèse sera faite sous la seule et entière responsabilité du destinataire. Il en est
de même pour toute modification qui y serait apportée.
L'INERIS dégage toute responsabilité pour chaque utilisation du rapport en dehors
de la destination de la prestation.
Visa
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 2 sur 95
TABLE DES MATIÈRES
1. INTRODUCTION .............................................................................................. 7
1.1 Contexte ........................................................................................................ 7
1.2 Description générale du programme ............................................................. 8
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 3 sur 95
4.4.3 Essais hydro-mécaniques........................................................................ 33
4.5 Première interprétation des résultats d’essais à l’aide d’un modèle
analytique simple ........................................................................................ 37
4.6 Interprétation des essais de laboratoire par modélisation numérique ......... 39
4.6.1 Description du modèle utilisé ................................................................... 39
4.6.2 Analyse des résultats de la simulation ..................................................... 41
4.7 Conclusion .................................................................................................. 44
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 4 sur 95
6.3.3 Complément à l’interprétation des essais d’ouverture / fermeture de la
vanne à l’aide d’un modèle 2D à grande échelle du site de Coaraze ...... 65
6.3.3.1 Géométrie du modèle et données d’entrée ....................................... 65
6.3.3.2 Résultats du modèle de référence, étude de sensibilité et analyse des
écarts entre mesures et calculs ......................................................... 67
6.3.4 Interprétation des essais d’injection (par palier de pression) et des essais
de pompage (par palier de débit) à l’aide d’une modélisation
hydromécanique 3D en régime permanent.............................................. 69
6.3.4.1 Description du modèle de référence.................................................. 69
6.3.4.2 Résultats obtenus avec le modèle de référence................................ 71
6.3.4.3 Tentative de calibration du modèle.................................................... 72
6.3.5 Interprétation des essais d’injection de courte durée (« pulse-tests ») à
l’aide d’une modélisation hydromécanique 3D en régime transitoire ....... 73
6.3.5.1 Description du modèle de référence.................................................. 73
6.3.5.2 Résultats obtenus avec le modèle de référence................................ 74
6.3.5.3 Etude de sensibilité ........................................................................... 77
6.4 Synthèse de l’interprétation des expérimentations du site de Coaraze et
apport des essais de laboratoire ................................................................. 81
6.5 Recommandations pour la mise en œuvre d’un modèle représentatif du
comportement hydromécanque des milieux fracturés ................................. 83
7. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES............................................................ 85
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 5 sur 95
1. INTRODUCTION
1.1 CONTEXTE
Tout massif rocheux est plus ou moins fracturé. Cela fait la spécificité des roches
par rapport aux sols et aux matériaux. Pourtant, la mécanique et l’hydraulique des
roches se sont largement inspirées des concepts développés pour les matériaux
et les sols. Citons par exemple les concepts de plasticité et viscoplasticité
initialement développés pour les métaux dans le cadre de la mécanique des
milieux continus, ou encore la loi de Darcy validée initialement sur des milieux
granulaires du type sable.
Force est de constater que dans ces conditions, il est difficile d’effectuer une
prévision précise de la stabilité mécanique dans le temps des massifs rocheux
fracturés (versants) ou des ouvrages construits dans ce type de formations. Cette
difficulté se fait sentir de manière encore plus importante dans la précision de
l’écoulement. Cette réalité tient, à notre avis, à trois facteurs :
3. de par leur nature, les milieux fracturés sont très affectés par l’effet
d’échelle. Ce fait complique nettement la transposition des résultats
d’expériences de laboratoire en massif rocheux.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 7 sur 95
Un programme de recherche financé sur le Budget Civil de Recherche et
Développement (BCRD) a donc été engagé sur l’étude du comportement
hydromécanique des massifs rocheux fracturés. Il s’agit d’un programme
divisé (pour des raisons budgétaires) en deux parties, dont la première fait l’objet
du présent rapport. Il doit donc être considéré comme un rapport d’étape d’un plus
vaste programme dont la deuxième partie vient de commencer. Certains résultats
de cette recherche, encore incomplets, seront complétés par des travaux en cours
ou prévus dans les années à venir.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 8 sur 95
• Opération c : Etude du comportement des fractures in situ. Les
expérimentations réalisées in-situ ont consisté soit à imposer une sollicitation
globale du massif (par ouverture ou fermeture d’une vanne) ayant pour
conséquence de mettre en pression l’ensemble du site et de provoquer une
variation du niveau piézométrique, soit à imposer une sollicitation plus locale
dans une fracture. Des mesures locales de déplacement et de pression dans
les fractures ont été réalisées à l’aide de la sonde amovible développée dans
le cadre du programme. Ces mesures locales ont été complétées par des
mesures caractérisant le comportement global du versant (notamment des
mesures inclinométriques). Une première interprétation des mesures est
proposée à l’aide d’un modèle analytique linéaire ;
• Opération d : Complément à l’interprétation du comportement des
fractures in situ par modèle numérique. La modélisation numérique des
expérimentations in-situ a nécessité préalablement la réalisation d’un modèle
géométrique précis du site (dont l’élaboration et la validation sont décrites
dans le premier chapitre de ce rapport). Les modélisations hydromécaniques
ont permis ensuite de préciser le comportement hydromécanique des
fractures. En effet, en comparant les résultats des simulations aux mesures,
on a évalué la pertinence de la loi cubique pour décrire l’écoulement dans la
fracture ainsi que des relations de couplage hydromécanique utilisées
classiquement pour décrire le comportement des fractures (entre ouverture
hydraulique et ouverture mécanique, entre contrainte mécanique et pression
hydraulique). Après une modification adéquate du modèle, les propriétés
hydromécaniques des fractures in situ ont été déterminées par calage sur les
mesures. La comparaison des résultats obtenus à ceux des essais de
laboratoire sur des échantillons de taille décimétrique a également permis de
fournir quelques indications pour quantifier l’effet d’échelle.
Une présentation des codes utilisés dans le cadre de ce programme de recherche
(RESOBLOK pour le modèle géométrique, UDEC et 3DEC pour les modélisations
hydromécaniques) est présenté en annexe C. On y trouve également le détail des
développements réalisés relatifs aux modèles d’écoulement et de couplage.
Nous tenons à remercier nos partenaires scientifiques : Géosciences Azur, Laego,
L3S pour leurs contributions à cette recherche précisées ci-après. Les travaux
menés par ces partenaires sur ce sujet ne datent pas du lancement de ce
programme, il y a trois ans. Certains sont antérieurs (c’est le cas des travaux de
thèses soutenues au Laego), d’autres se sont poursuivis au cours de ce
programme (Géosciences Azur et la thèse commune de F. Cappa, L3S). Le détail
des contributions de nos partenaires est le suivant :
• le laboratoire Géoscience-Azur de l’Université de Nice est intervenu sur les
opérations a et c. A travers cette participation au programme, Yves
Guglielmi apporte non seulement ses compétences (en particulier
métrologiques), mais également la mise à disposition du site expérimental de
Coaraze qu’il a aménagé et instrumenté depuis 1997 ;
• le LAboratoire Environnement, Géomécanique & Ouvrages (LAEGO) de
l’Institut National Polytechnique de Lorraine. Véronique Merrien Soukatchoff
et Imad Kadiri, dans la continuité de ses travaux de thèse, nous ont fait
bénéficier de leur expérience en ce qui concerne la modélisation du site de
Coaraze ;
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 9 sur 95
• le laboratoire des Sols, Solides, Structures (L3S) de l’Institut Polytechnique
de Grenoble pour la réalisation des essais de laboratoire (opération b)
réalisés par Marc Boulon, avec la participation notamment de Philippe Lopez
du LEAGO (pour leur dimensionnement) et d’Olivier Buzzi. L’interprétation
des essais (analytique et numérique) a été réalisée par l’INERIS ;
Ce programme bénéficie du travail de thèse de Frédéric Cappa, financée par
l’INERIS dans le cadre de ce programme. Frédéric, basé au sein du laboratoire
Géoscience-Azur a coordonné, en collaboration avec son directeur de thèse Yves
Guglielmi, la mise au point et la réalisation des expérimentations in situ
(opérations a et c). Il est à l’origine de la synthèse bibliographique sur les
capteurs à fibre optique proposée en annexe A de ce rapport. Conjointement avec
l’INERIS, il a également contribué à l’interprétation des expérimentations par
modélisation numérique (opération d), notamment dans le cadre de la
collaboration avec le département « Hydrogeology & Reservoir Dynamics » du
« Lawrence Berkeley National Laboratory » (LBNL) en particulier avec J. Rutqvist
qui a participé à l’interprétation des expérimentations in situ en utilisant son code
de calcul ROCMAS. Ces travaux ne sont pas présentés dans ce rapport mais le
seront dans la thèse de Frédéric Cappa et également dans plusieurs publications
à paraître [Cappa et al, 2005 (c et f)].
L’INERIS a assuré la coordination globale de ce programme en s’investissant de
manière approfondie dans l’analyse de la bibliographie et le dimensionnement, en
collaboration avec ses partenaires, des travaux expérimentaux. L’INERIS s’est
également particulièrement impliqué dans la mesure et l’analyse de la fracturation
du site de Coaraze dans le but d’en réaliser ensuite un modèle géométrique.
L’INERIS a également contribué de manière significative à l’interprétation, à l’aide
de modèles analytiques et numériques, des essais de laboratoire (opération b) et
des expérimentations in situ (opération c et d).
Ces collaborations ont déjà fait l’objet de publications scientifiques citées dans
ce rapport. D’autres publications et rapports sont prévus, c’est en particulier le cas
du mémoire de thèse de F. Cappa qui sera soutenu très prochainement.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 10 sur 95
2. PRESENTATION DU SITE DE COARAZE
F6
Fi
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 11 sur 95
Trois faciès litho-stratigraphiques peuvent être distingués dans le Crétacé :
• un faciès calcaire basal Bérriasien-Valanginien. Ce faciès est séparé des
calcaires jurassiques par un niveau argilo-sableux glauconieux de 1,5 m
d'épaisseur ;
• un faciès marno-calcaire Hauterivien-Barrémien à nouveau séparé du
précédent par un niveau argilo-sableux glauconieux de 2 m d'épaisseur ;
• un faciès marneux avec quelques fines intercalations calcaires d'âge
cénomanien.
La partie nord-est du site correspond à une structure monoclinale, réglée par la
direction N40-45° et le pendage 45-50°SE des couches. Cette zone est recoupée
par une faille inverse N50° à N80°, 70°N dont le rejet correspond à un
abaissement relatif du compartiment sud par rapport au compartiment nord. Dans
la partie sud-est du site, les couches sont intensément découpées par des failles
de direction moyenne N140° et de pendage subvertical à 80°NE. Ces failles
délimitent des lentilles tectoniques de 10-15 m de long qui correspondent à des
compartiments de plus en plus abaissés vers l’aval du vallon. A l’extrême sud-
ouest de la zone, le vallon recoupe un contact majeur du Jurassique sur le
Cénomanien.
La source de la Parre (source principale du site) sort des calcaires Bérriasien-
valanginiens au toit du niveau argilo-sableux glauconieux qui sépare le Crétacé du
Jurassique et au droit d'une faille N140 subverticale. Elle se situe en rive gauche,
un mètre au-dessus de l'axe du vallon. Le débit moyen annuel de cette source
était de 10 l/s avant l’équipement du site. En amont du vallon, une source
temporaire (débit 2 l/s) émerge au droit de la faille inverse N50-80, 70°N. Cette
source sort des calcaires jurassiques au niveau de plusieurs petits conduits
karstiques creusés dans le plan de la faille. En aval du vallon, au niveau d’un
contact faillé N140 entre les calcaires crétacés basals et susjacents, une petite
source permanente sort des calcaires bérriasiens-valanginiens avec un débit
faible, inférieur à 1 l/s.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 12 sur 95
Nord
Fp
Fp F1
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 13 sur 95
Le massif de Roccassièra est constitué de calcaires jurassiques extrusifs au
travers de la couverture crétacée. La série lithostratigraphique locale comprend
quatre grandes unités cartographiques : à la base, les terrains jurassiques
calcaires plus ou moins massifs, d’une épaisseur de 500 m environ ; les terrains
néocomiens à albiens calcaire et marnocalcaires limités à la base et au sommet
par des banc glauconieux marneux, d’une épaisseur de 60 m ; les marnes noires
à passées calcaires du Cénomien, d’une épaisseur de 100 m ; les marno-calcaires
du Crétacé supérieur, de 400 m à 600 m d’épaisseur.
Le flanc est du massif de Roccasseira présente une structure monoclinale de
pendage moyen 45° et de direction 0°N. Le flan ouest est limité par une zone
d’accidents décro-chevauchants très redressés en surface (70° à 80° vers l’est).
Au contact avec le Jurassique, la série crétacée est laminée et inversée selon une
lentille tectonique de 500 m à 1 km d’extension. Plus à l’ouest, en s’éloignant de la
zone de contact Jurassique-crétacé, la déformation s’amortit dans le crétacé
supérieur. L’accommodation de cette déformation se fait par plissement en
accordéon (kink) des marnocalcaires turoniens et décollement au niveau du
contact Turonien-Cénomanien. Le site expérimental se situe immédiatement à
l’est du contact faillé jurassique-crétacé. Il se trouve à cheval entre la géométrie
monoclinale et la lenticulation tectonique des couches. Les terrains jurassiques à
albiens constituent un aquifère inférieur séparé par les marnes cénomaniennes
imperméables de l’aquifère supérieur turonien-sénonien.
L’aquifère inférieur est drainé à deux endroits principaux : la source de la Parre,
d’un débit moyen annuel de 10 l/s ; la zone d’émergence des gorges de Paillon
avec une série de sources d’un débit total d’environ 15 l/s. Le total des débits
issus du réservoir jurassico-crétacé, de l’ordre de 28 à 30 l/s, s’équilibre avec une
infiltration moyenne de l’ordre de 10 l/s/km2 sur la surface d’affleurement des
terrains jurassiques et albiens correspondant à la montagne de Roccassièra
(environ 2,5 km2).
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 14 sur 95
Figure 3 : Bloc diagramme schématique du site de Coaraze (Guglielmi 1999)
Lorsque la vanne est fermée, deux exutoires T1 et T2 apparaissent sur le site et
se substituent à l’exutoire naturel constitué par la source de la Parre (figure 3). Six
mètres au-dessus de la vanne, la source T1 apparaît selon une faille de direction
N140. Le débit stabilisé de cette source est de 5 l/s. Dans ce secteur découpé par
les failles N140, c’est la seule sortie d’eau observée. Cette source apparaît
environ 30 minutes après la fermeture de la vanne bien qu’elle se situe à faible
distance de celle-ci. Ceci permet de penser que cette zone de faille N140 est
relativement peu perméable. Un piézomètre situé dans le même secteur, 3 mètres
au-dessus de la vanne, montre les mêmes réactions que la source. La faible
perméabilité de cette zone est attribuée à la présence de remplissages argilo-
glauconieux dans les plans des failles N140. La faille constitue donc une limite
imperméable latérale pour le site expérimental avec présence d’une source de
débordement au-delà de cette limite.
En amont de la vanne, une source T2 apparaît dans le vallon au droit de la faille
N80. Cette source, d’un débit de 2 à 3 l/s, se situe 30 m en amont et environ 3 m
au-dessus de la vanne. Cette source sort du Jurassique et selon les époques de
l’année peut couler même avant fermeture de la vanne. Dans un tel cas, la
fermeture induit une augmentation du débit existant. Il y a donc, au droit de cette
faille, une communication entre le Jurassique et le Crétacé. Un piézomètre
situé dans le compartiment NE de la faille montre une mise en charge de l’ordre
de 1 m dans ce compartiment. La géométrie du secteur telle qu’elle a été
reconstituée sur les coupes géologiques montre qu’une petite partie du Crétacé
peut alors être saturée au NE de la faille. Au-dessus de la zone d’infiltration, cette
faille joue le rôle de limite perméable.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 15 sur 95
2.4 INTERET DU SITE EXPERIMENTAL
Peu d’expériences ont été réalisées sur des systèmes de fractures et sur les
milieux rocheux fracturés. Les processus couplés hydromécaniques ont été
éprouvés pour une portion de fracture isolée par des essais de laboratoire,
rarement par des mesures in situ.
Pourtant, il apparaît clairement que les résultats obtenus à l’échelle d’une fracture
isolée sont difficilement transposables à l’échelle d’un réseau de fractures
[Gertsch, 1990]. Sur le plan hydraulique par exemple, la loi de Poiseuille (loi
cubique) habituellement utilisée pour l’écoulement dans les fractures, qui suppose
un écoulement laminaire entre 2 plans parallèles, ne s’applique plus (le régime
observé se situe plutôt entre le laminaire et le turbulent [Jouanna, 1972]).
La bibliographie disponible montre une influence forte de l’état de contraintes sur
le débit, en particulier dans le domaine des faibles contraintes. La relation
pression interstitielle-déplacement est souvent non-linéaire [Kovari et al, 1994].
Il faut signaler que l’interprétation des expérimentations in situ est souvent
compliquée par la présence de fractures non visibles de petites dimensions
situées au sein de la matrice [Gertsch, 1990] ou par la méconnaissance des
conditions aux limites.
On voit donc bien l’intérêt de choisir le site de Coaraze pour réaliser des
expérimentations hydromécaniques in situ. En effet, sa petite taille
(30m *30 m*22 m) permet d’envisager une caractérisation fine de sa
géométrie, et ses conditions initiales et aux limites hydrauliques sont
relativement bien connues (nombreuses frontières imperméables).
C’est sur cette base que [Guglielmi, 1999] a retenu le site de Coaraze et
commencé à l’instrumenter en 1997. Une description de l’instrumentation mise en
place à cette date est présentée dans le quatrième chapitre de ce rapport.
Afin de compléter la connaissance de ce site, de nombreux relevés de fracturation
ont été effectués, qui sont détaillés dans la section suivante.
La détermination de l’état de contrainte initial a également fait l’objet d’études
spécifiques [Kadiri, 2002]. Des compléments seront proposés dans le cinquième
chapitre de ce rapport.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 16 sur 95
2.5.2 FRACTURATION A L’ECHELLE DU SITE EXPERIMENTAL
Le site est borné au NW par une faille, notée F6 (figure 1), orientée N50-80° avec
un pendage de 75°N (dont le rejet métrique correspond à un abaissement relatif
du compartiment sud par rapport au compartiment nord) et au SE par une faille
orientée N140° subverticale de type Fi.
Les études préalables réalisées sur le site par [Guglielmi, 1999] et [Fénart et al.,
2001] ont montré que le réseau de fractures du site de Coaraze est constitué de
trois familles principales de discontinuités :
• la famille S : les joints de stratification qui sont tous soulignés par un film de
marnes noires avec des grains de glauconie. Les joints de stratification sont
orientés N25 à N50 avec un pendage de 45E et l’ouverture hydraulique
moyenne a été estimée, à partir des carottes, à 0,7 mm ;
• la famille D : les fractures N140 avec un pendage de 75NE se retrouvent
essentiellement en limite aval du site et contiennent des zones de brèche de
4 à 5 cm d’épaisseur, souvent karstifiées avec des conduits d'ouverture
hydraulique moyenne de 2 à 3 mm. Cette famille est manifestement
corrélée avec la famille Fi observée à grande échelle ;
• la famille R : les fractures N50 à N90 avec un pendage de 70 à 80SE (cette
famille est donc quasi parallèle au versant instrumentée du site) présentent
les plus grands chenaux karstiques d'une ouverture moyenne de 4 à 5 mm. Il
faut noter que cette dernière famille n’a été cartographiée que
localement.
La figure 4 est une photographie du site expérimental sur laquelle la trace des
différentes fractures a été soulignée.
D8 ? D7 D6 D4 D3
D12 D11 D10
S6
R9
R10 S4
S6 R4
D12 D2
R9 D1
J2
S5
R10
R9b
J1
S7 R6 S6
R7
R5
S8
S7
S9
R10
J2 S8
D3
R16
S10 Forage2 S9
E7
S11
P2,E8
M5 S10
P3
Forage1
Forage3 S11
D6
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 17 sur 95
Les mesures d’orientation sont généralement faites à la boussole (c’est le cas des
mesures faites par Fénart). Elles sont suffisantes si l’objectif se limite à la
détermination des familles principales d’orientation. Pour une même famille, on
note une certaine dispersion des valeurs d’orientations qui peut s’expliquer, soit
par une erreur de mesure (de 5° à 10 ° due à la difficulté d’apprécier l’orientation
du plan mesurée à partir des plans affleurants) ou à une variation spatiale de cette
orientation (il semble en effet, par exemple, que le pendage des joints de
stratification affleurants soit légèrement plus important dans la partie haute du
versant).
Dans le but de simuler avec un maximum de précision les expérimentations faites
sur le site, on a souhaité réaliser un modèle géométrique le plus complet et le plus
précis possible de la fracturation du site. Il s’agit donc non seulement de mesurer
l’orientation des fractures mais leur position exacte dans l’espace.
Des relevés complémentaires ont été réalisés à cette fin, à l’aide d’un
tachéomètre haute précision. Le principe de la mesure consiste à positionner le
tachéomètre face au versant rocheux étudié et à mesurer les coordonnées X, Y et
Z de points positionnés sur les traces visibles des fractures sur le versant. Ce
travail à permis de localiser précisément les différentes fractures découpant le site
pilote de Coaraze (figure 5).
Figure 5 : Visualisation des traces des fractures sur le versant instrumenté du site de Coaraze
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 18 sur 95
Près de 500 mesures (visées) ont été réalisées, sachant que certaines fractures
ont été caractérisées par plus de 20 points. Chaque campagne de mesure à
permis l’amélioration progressive du modèle géométrique, les nouvelles mesures
étant souvent conditionnées par la confrontation périodique du modèle avec les
observations de terrain. Des relevés complémentaires ont été réalisés entre les
joints de stratification S6 et S9 et les fractures D6 et D14 Ceci a été motivé par
l’organisation assez complexe de la fracturation dans cette zone et la proximité au
secteur instrumentée (on verra plus loin que les forages 1 et 2 de la figure 4 ont
permis de caractériser la fracture R4 dont la trace est localisée figure 5).
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 19 sur 95
Afin de faciliter l’analyse des mesures tachéométriques, l ‘INERIS à développé
des outils (macros excel) permettant :
• d’évaluer les erreurs faites sur l’orientation de la fracture en fonction du triplet
de points choisi et d’une estimation de l’erreur maximale de positionnement
du point (on a choisi de prendre 5 cm). Si l’erreur est importante, cela peut
signifier que les points de mesure relatifs à une fracture sont « trop » alignés.
Il convient dans ce cas de faire des visées complémentaires sur un autre
plan de mesure où la trace de cette même fracture affleure ;
• de déterminer, d’une part, l’orientation du plan moyen passant par l’ensemble
des points, et d’autre part, le triplet qui minimise les erreurs sur les
orientations. Cet outil permet en particulier de repérer assez facilement les
points aberrants et de susciter de nouvelles mesures ;
• de déterminer l’orientation de la série de plan s’ajustant au mieux à une
fracture courbe tout en assurant une parfaite continuité d’un plan à l’autre.
Cet outil est très utile car la plupart des logiciels représentant la géométrie
des réseaux de fractures (en particulier le logiciel RESOBLOK que l’on a
utilisé dans le cadre de ce programme) ne tiennent pas compte de la
courbure des fractures, mais assimilent chaque fracture (ou portion de
fracture) à un plan d’orientation donné.
2.6 CONCLUSION
Ce chapitre avait pour objectif de présenter le site expérimental de Coaraze, son
contexte hydrogéologique et sa fracturation. Il s’appuie sur les travaux de
[Guglielmi, 1999], [Fenart, 2001] et [Kadiri, 2002].
Il apparaît que ce site, par sa relative simplicité et sa petite taille, est
particulièrement adapté pour l’étude in situ du comportement
hydromécanique des milieux fracturés. Ces conditions initiales et aux limites
hydrauliques sont bien connues (une imperméabilisation partielle du versant a
contribué à les simplifier).
En résumé, le volume du site expérimental peut être assimilé à un parallélépipède
d’un volume total d’environ 19000 m3. Ce volume est limité au NW et au SE par
deux failles respectivement N50-80° avec un pendage de 75°N et N140°
subvertical. La limite sud est étanche. La limite Nord est drainante. Entre ces deux
failles, le volume s’inscrit dans des calcaires crétacés perméables de structure
monoclinale selon une direction moyenne N50° et un pendage 40° E. Ces
calcaires constituent un aquifère limité à sa base et à son sommet par deux
couches de sable argileux glauconieux imperméables de 1,5 m à 2 m
d’épaisseur. Le versant Ouest du volume, qui est subvertical, est colmaté par un
ciment jusqu’à une hauteur d’environ 10 m. Ce versant peut donc être considéré
comme une limite étanche.
L’analyse de sa fracturation a été faite à différentes échelles. Les différentes
familles de fractures ont été déterminées de façon globale puis plus locale. Un
relevé très complet et précis de la fracturation, couplé à une analyse fine des
mesures, a été réalisé dans le but de pouvoir construire un modèle géométrique
du site expérimental le plus satisfaisant possible. Ce modèle sera présenté dans
le cinquième chapitre de ce rapport.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 20 sur 95
3. AMELIORATION DES OUTILS DE CARACTERISATION ET
D’AUSCULTATION DES MILIEUX ROCHEUX FRACTURES
3.1 INTRODUCTION
Un des objectifs de ce programme est de développer une instrumentation
spécifique pour caractériser finement les phénomènes hydromécaniques
dans les milieux fracturés.
Les investigations effectuées ont mis en évidence à partir d’une synthèse de l’état
de l’art (présentée dans l’annexe A) que la technologie des capteurs à fibre
optique permettait de répondre à cet objectif.
Cette réflexion a conduit en particulier, à la conception, puis à la réalisation d’un
dispositif amovible d'auscultation du comportement hydromécanique in situ des
fractures permettant la réalisation de mesures simultanées de pression et de
déplacement.
3.2 APPORT DES CAPTEURS A FIBRE OPTIQUE PAR RAPPORT AUX DISPOSITIFS
DE MESURE PLUS CLASSIQUES
Récemment développée, la technologie des capteurs à fibre optique (CFO) pour la
mesure de paramètres physiques apporte un nouveau développement dans le
domaine de la mesure in-situ. Jusque là en effet, la mesure était réalisée à l’aide
de dispositifs d’instrumentation plus conventionnels comme les capteurs à corde
vibrante (CCV), largement utilisés en génie civil depuis la fin des années 60
[Quirion & Ballivy, 2000], ou encore les capteurs de type électrique (CE).
On trouvera en annexe A de ce rapport une description du fonctionnement des
CFO, ainsi qu’une illustration de leur champ d’application.
L’expérience de certains opérateurs et fabricants dans l’auscultation des ouvrages
d’art en génie civil et dans les tests de différents capteurs en laboratoire montre
que les capteurs à fibre optique présentent des avantages considérables pour la
mesure de paramètres physiques :
• exactitude de la mesure : les capteurs à fibre optique, tout comme les capteurs
à corde vibrante, présentent des gammes de mesure similaires avec des
précisions comparables, de l’ordre du micromètre. Cependant, des essais de
laboratoire en compression simple sur des cylindres de béton montrent que les
capteurs à fibre optique mesurent avec plus d’exactitude les déplacements
lorsque la vitesse de chargement est rapide et que le niveau de charge est
élevé (supérieur à 10 MPa) ;
• effets thermiques parasites : les mesures effectuées par les CCV nécessitent
une compensation analytique, après acquisition des données, de l’effet des
variations thermiques au cours du temps sur la tension de la corde vibrante,
alors que les CFO présentent l’avantage pratique de ne pas exiger cette
correction ;
• taille et conditionnement des capteurs : outre l’exactitude et la précision des
mesures, un des atouts notables des CFO est la petite taille des capteurs qui
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 21 sur 95
permet de les insérer dans des zones d’expérimentation extrêmement étroites
qui étaient jusqu’à maintenant inaccessibles avec les dispositifs classiques. Un
autre avantage important est la possibilité d’installer plusieurs zones de
mesure sur une fibre unique, ainsi que de transmettre le signal lumineux sur
cette même fibre, ce qui limite de manière considérable la quantité de câbles et
de connexions entre les capteurs et la station de lecture ;
• stabilité de la mesure - fréquence d’acquisition : une des grandes améliorations
apportées par les CFO est le principe de mesure basé sur le déphasage d’une
onde lumineuse qui permet de rendre ces capteurs insensibles aux
interférences électromagnétiques et aux radiofréquences, alors que les CCV
qui mesurent les variations de fréquence de vibration d’une corde sous tension
sont perturbés par ce type d’interférences, ainsi que par la présence de
sources d’énergie situées à proximité. De plus, la résistance des CFO à des
températures et des pressions élevées confère à ce type de capteur une
stabilité des mesures à long terme qui ne peut être atteinte par les CCV
sensibles à ces facteurs physiques. Enfin, un des atouts considérables des
capteurs à fibre optique est la rapidité de réponse. Les unités d’acquisition des
mesures par CFO permettent d’avoir une fréquence de lecture plus élevée que
la fréquence de lecture des CCV tout en conservant une bonne stabilité de la
mesure.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 22 sur 95
3.2.1.2 DESCRIPTION DE LA SONDE ET DU DISPOSITIF DE PILOTAGE MIS EN PLACE
La réalisation du dispositif amovible d'auscultation du comportement
hydromécanique in situ des fractures a été confié à la société TELEMAC.
Comme le montre la figure 6, cette sonde amovible est composée d’un
assemblage de plusieurs constituants : deux obturateurs pneumatiques ; deux
ancrages mécaniques ; un capteur de pression et un capteur de déplacement à
fibre optique. Elle permet la mesure synchrone et haute fréquence (fréquence
d’échantillonnage de 120 Hz) de la pression d’eau dans la fracture et du
déplacement normale de ces épontes.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 23 sur 95
Figure 7 : Détail du système central de mesures (intérieur de la chambre d’injection)
FOD : capteurs de déplacement à fibre optique ;
FOP : capteurs de pression interstitielle à fibre optique.
Les performances des CFO et la souplesse du système de pilotage ont été mises
en évidence en laboratoire. Le dispositif a été amélioré progressivement suite à
des tests in situ qui ont conduit notamment à le compacter et à mettre au point un
filtrage des mesures afin d’éliminer les fréquences correspondant au bruit
instrumental de chaque capteur et du système d’acquisition.
3.2.1.3 MISE AU POINT DU TRAITEMENT DES MESURES
Les mesures réalisées à chaque expérimentation, qu’elles soient hautes ou
basses fréquences, sont filtrées afin d’éliminer les fréquences correspondant
au bruit instrumental de chaque capteur et du système d’acquisition. Un logiciel
a été développé à Géosciences Azur par S. Gaffet, avec la participation du
doctorant de l’INERIS, permettant de lire les différents signaux mesurés et
d’appliquer différents types de filtrage2 selon la forme et la fréquence du signal
échantillonné.
Nous présentons ci-dessous un exemple de traces non filtrées et filtrées
correspondant aux mesures hautes fréquences simultanées de pression de fluide
et de déplacement normal effectuées au niveau des points de mesures HM1 et
HM2 (figure 8). Ces mesures correspondent à une expérience de pompage d’une
durée de 2 heures qui s’est déroulée dans le site expérimental de Coaraze3. Les
signaux bruts sont affectés de manière notable par le bruit instrumental. Après
filtrage des fréquences correspondant au bruit instrumental (figure 9), les signaux
restituent les variations de pressions et de déplacement normal liées
essentiellement aux sollicitations hydrauliques imposées.
Le filtrage a également permis d’améliorer la qualité des mesures basses
fréquences (du type CCV) réalisées dans la matrice rocheuse et les joints de
stratification (figure 10).
2 Les filtres utilisés sont détaillés dans l’article [Cappa, 2005 (b)] et dans [Jackson L.B. , 1995].
Très grossièrement, ils ont l’effet d’une moyenne mobile.
3 La géométrie du site pilote de Coaraze et les expérimentations réalisées sont décrites dans le
chapitre 3.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 24 sur 95
Figure 8 : Signaux bruts non filtrés : mesures hautes fréquences en HM1 et HM2
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 25 sur 95
-a- Signaux bruts
- b - Signaux filtrés
Déformation de la matrice Déformation des joints de stratification
Temps (s) 10
Temps (s)
Figure 10 : Signaux bruts et filtrés des mesures de déformations basses fréquences réalisées dans
la matrice rocheuse et dans les joints de stratification durant le pompage à l’échelle du massif
3.3 CONCLUSION
Un dispositif amovible d'auscultation in situ du comportement hydromécanique des
fractures permettant la réalisation de mesures simultanées de pression et de
déplacement a été mis au point. Les capteurs à fibre optique utilisés se relèvent
être d’un ordre de grandeur plus précis que les capteurs par cordes
vibrantes (soit 10-7 m pour les déplacements et 1 kPa pour les mesures de
pression). De plus la fréquence des mesures peut être bien supérieure (120 Hz),
ce qui permet d’enregistrer avec beaucoup plus de finesse les variations
temporelles des paramètres mesurées.
Ce travail a été synthétisé dans l’article4 « Use of fiber optic sensors to in situ
characterize highly heterogeneous deformation field elastic changes in fractured
rocks” [Cappa, 2005 (b)] à paraître prochainement dans la revue « International
Journal of Rock Mechanics & Mining Sciences ».
4 Il faut noter que cet article présente également des travaux complémentaires, réalisés à Coaraze
et coordonnés par Géoscience Azur, visant à évaluer les variations de déformations et de
température à la surface du versant rocheux à l’aide d’un système de mesures distribuées par
fibres optiques (dispositif « Ditest » présenté en annexe 1).
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 26 sur 95
4. ETUDE DU COMPORTEMENT DES FRACTURES A L’ECHELLE
DU LABORATOIRE
4.1 INTRODUCTION
Des essais de laboratoire sur des échantillons prélevés sur le site de
Coaraze ont été réalisés afin d’obtenir une caractérisation du comportement
hydromécanique des fractures à l’échelle décimétrique.
Ces essais ont permis également de vérifier la pertinence d’une application de
résultats bibliographiques concernant les modèles de comportement mécanique et
hydraulique (présentés en annexe B) aux fractures de site de Coaraze.
Ces essais ont été réalisés au laboratoire « Sols, Solides, Structures » (L3S)5 à
Grenoble. Les dispositifs existant au sein de ce laboratoire sont décrits. Les
résultats des essais sont ensuite présentés et discutés.
5Ce laboratoire est une Unité Mixte de Recherche du CNRS (UMR 5521), de l'Université Joseph
Fourier (UJF) et de l' Institut National Polytechnique de Grenoble (INPG).
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 27 sur 95
Figure 11 : Vue d’ensemble du dispositif BCR3D du L3S
La machine de cisaillement direct BCR3D a été équipée d’un système hydraulique
à haute pression (pression maximum d’entrée : 20 MPa ; débit maximum d'entrée :
1 litre/mn) permettant d’injecter de l’eau au centre de la fracture au cours du
cisaillement (figure 12), et de la collecter à la périphérie de cette fracture à l’aide
d’une membrane sectorisée (écoulement quasi-radial). Le dispositif hydraulique
est équipé d’un débitmètre massique, et d’un capteur de pression en amont de
l’injection d’eau dans la fracture. Dans chaque secteur de la membrane, on peut
mesurer la masse d’eau sortant de la fracture [Hans, 2002], [Hans et Boulon,
2003].
L’anisotropie de la conductivité hydraulique de la fracture peut être étudiée, avec
ou sans cisaillement, en utilisant un flux radial (un gradient radial) avec une entrée
pressurisée centrale et 5 sorties externes indépendantes mises à la pression
atmosphérique.
La figure 13 présente la vue de dessus de la fracture rocheuse avec l’orifice
d’injection, et les 5 secteurs qui permettent à l’eau de s’écouler jusqu’au système
de pesée. Au cours des essais, on mesure le débit d’eau traversant la membrane,
la pression d’entrée, et les cinq débits de sortie.
Le dispositif du L3S, comme la plupart6 des dispositifs existants, est basé sur une
injection centrale par l’éponte inférieure. L’écoulement imposé est par conséquent
radial. Une injection latérale aurait permis de se rapprocher des conditions
d’écoulement naturel. La conception et la réalisation de cette modification
dépassant le cadre budgétaire et le délai de ce programme de recherche, nous
avons fait le choix de réaliser nos essais à l’aide du dispositif existant.
6 Il existe des dispositifs avec écoulement latéral [Raven et al, 1990] ; toutefois ces machines ne
permettent pas d’imposer indépendamment une sollicitation normale et une contrainte de
cisaillement.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 28 sur 95
Vérin motorisé axe Z
Pompe hydraulique
Direction du cisaillement
Secteur 4
Secteur 5
Orifice d’injection
d’eau ∅=8mm Membrane sectorisée
Secteur 3
Secteur 1
Eau se dirigeant vers le
système de mesure
Eponte inférieure
Secteur 2 du joint rocheux
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 29 sur 95
4.3 DESCRIPTION DES ESSAIS REALISES AU L3S
Les essais ont porté sur des échantillons provenant de forages carottés en
diamètre 63 mm, réalisés dans le site de Coaraze. Le programme d’essai est le
suivant :
• essais de caractérisation de la matrice rocheuse sur des échantillons
Φ 63 mm, jusqu’à une contrainte normale de 80 MPa environ ;
• essais préliminaires de compression purement mécanique sur un échantillon
de fracture de taille réduite (carré 20 mm x 20 mm) avec photos aux paliers
0, 80, 120, et 150 MPa, afin d’évaluer, visuellement et par le biais du
déplacement relatif normal irréversible, l’évolution de la dégradation des
épontes (essais f0 et f’0) ;
• essais hydro-mécaniques (essais f1 et f2) sur les fractures de type Ri
(fractures orientées N50° à N90° avec un pendage de 70° à 80°SE). Chaque
essai inclut une mesure de la morphologie pour un niveau de contrainte
normale de 40 et de 60 MPa ;
• essais hydro-mécaniques (essais sf1 et sf2) sur des joints de stratification
(orientés N25 à N50 avec un pendage de 45E). Chaque essai inclut une
mesure de la morphologie pour un niveau de contrainte normale de 40 et de
60 MPa.
Les essais présentés dans ce rapport ont été réalisés partiellement7 au cours du
deuxième semestre 2004, dans les locaux du Laboratoire 3S, sous la direction
scientifique de M. Boulon, en respectant les recommandations de la Société
Internationale de Mécanique des Roches pour les joints rocheux, et les normes
AFNOR pour la caractérisation de la matrice rocheuse.
7 Les essais concernant les joints de stratification ont été réalisés tardivement au courant de
l’année 2005. Faute de temps, ils ne seront pas présentés dans ce rapport mais valorisés
ultérieurement dans le cadre d’une publication et dans la suite de cette recherche (programme
BCRD-DRS01-03).
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 30 sur 95
100
Déformation
volumique
80
Contrainte (MPa)
Déformation
longitudinal
60
40
Déformation
transversale
20
0
-1000 -500 0 500 1000 1500 2000 2500
(10-6)
Déformations
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 31 sur 95
160
140
2ème cycle
Contrainte normale (MPa)
120
100
80
1er cycle
60
40
20
0
-2,5E-03 -2,0E-03 -1,5E-03 -1,0E-03 -5,0E-04 0,0E+00
Déplacement relatif normal à la fracture (m)
a – état initial
mortier éprouvette
débris
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 32 sur 95
La raideur normale de la fracture, définie comme la pente de la courbe
« contrainte normale – déplacement », est calculée pendant la phase de
déchargement et caractérise le comportement élastique de celle-ci sous
sollicitation normale. L’évolution de la raideur normale avec la contrainte
normale est représentée figure 17 (les oscillations sont liées aux imprécisions des
mesures de déplacement). On constate une augmentation de la raideur normale
avec l’augmentation de la contrainte normale que l’on interprète classiquement
(voir annexe B) comme due à l’augmentation de la surface de contact de la
fracture lorsque la contrainte normale augmente. Cette augmentation est
sensiblement identique au premier et au deuxième cycle de déchargement8. On
obtient les valeurs suivantes : kn = 60 GPa/m pour σn = 5 MPa ; kn = 120 GPa/m
pour σn = 20 MPa ; kn = 180 GPa/m pour σn = 40 MPa.
500
y = 3,1102x + 55,822 (1er cycle)
y = 2,7364x + 48,014 (2ème cycle)
400
Raideur normale (GPa/m)
300
200
100
0
0 20 40 60 80 100 120 140
Contrainte normale (MPa)
8 On s’attendait à une légère augmentation des valeurs de raideur au 2ème cycle. On observe
l’inverse ici. Cela est lié probablement à une légère différence de repositionnement des épontes de
la fracture (les épontes ont été totalement déboîtées suite au 1er cycle).
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 33 sur 95
• au cours de chacun de ces paliers, la pression de l’eau injectée au centre de
l’éponte inférieure est augmentée par paliers (d’une valeur nulle à une valeur
maximale). La durée de chacun de ces paliers de pression est variable
sachant que pour chacun d’eux, nous avons attendu qu’un régime
stationnaire d’écoulement s’établisse. Pendant toute la durée de l’essai, on
mesure les débits d’entrée (au point d’injection) et les débits de sortie (dans
les 5 secteurs définis à la figure 13) ;
• après chacun des paliers de contrainte, la morphologie des deux épontes de
l’échantillon a été relevée.
La figure 18 montre l’évolution au cours de l’essai f1 (a) de la sollicitation normale
exercée sur la fracture (en MPa), (b) du déplacement normal relatif induit par cette
sollicitation. On constate que le comportement mécanique de la fracture n’est plus
élastique, pour une contrainte normale supérieure à 60 MPa environ. Dans ce cas,
on constate, comme dans le cas de l’essai mécanique f’0 décrit précédemment,
que le déplacement relatif normal de la fracture ne se stabilise pas alors que la
sollicitation reste constante. Cela est à nouveau lié à une dégradation progressive
des épontes de la fracture.
70
Contrainte normale (MPa)
60
50
40
30
20
10
0
0 5000 10000 15000 20000 25000 30000 35000 40000
Temps (s)
0,0E+00
-2,0E-04
-4,0E-04 Dégradation
-6,0E-04
progressive
des épontes
-8,0E-04
-1,0E-03
-1,2E-03
Temps (s)
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 34 sur 95
On a évalué la raideur normale de la fracture comme précédemment à partir de la
courbe σn = f(un) pendant la phase de déchargement (figure 19a). L’évolution de
la raideur normale pour l’essai f1 (figure 19b) est proche de celle constatée pour
l’essai f’0. On obtient toutefois des valeurs légèrement plus faibles notamment
sous faible contrainte normale : kn = 50 GPa/m pour σn = 5 MPa ; kn= 80 GPa/m
pour σn = 20 MPa ; kn = 160 GPa/m pour σn = 40 MPa.
a – Variation du σn en fonction de un
70
Contrainte normale (MPa)
60
50
40
30 chargement
20 déchargement
10
0
-1,2E-03 -1,0E-03 -8,0E-04 -6,0E-04 -4,0E-04 -2,0E-04 0,0E+00
Déplacement relatif normal à la fracture (m)
300
250
Raideur normale (GPa/m)
200
y = 3,8296x + 13,171
150
100
50
0
0 10 20 30 40 50 60
Contrainte normale (MPa)
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 35 sur 95
a – Pression d’injection au centre de la fracture au cours de l’essai
20 MPa
1,4E-05
43 MPa
63 MPa
65 MPa
1,2E-05
1,0E-05
(m3/s)
8,0E-06
6,0E-06
4,0E-06
2,0E-06
0,0E+00
0 5000 10000 15000 20000 25000 30000 35000 40000
Temps (s)
1,4E-05
Débit entrant au point d'injection
1,2E-05
1,0E-05
(m3/s)
8,0E-06
6,0E-06
4,0E-06
2,0E-06
0,0E+00
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
Pression d'injection (MPa)
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 36 sur 95
4.5 PREMIERE INTERPRETATION DES RESULTATS D’ESSAIS A L’AIDE D’UN
MODELE ANALYTIQUE SIMPLE
[Hans & Boulon, 2003] propose d’interpréter ce type d’essai :
• en assimilant la fracture à deux plans parallèles distants de « a » (ouverture
hydraulique9) ;
• en supposant que l’écoulement dans l’échantillon de fracture est radial et
laminaire.
Les conditions aux limites nécessaires pour la résolution de l’équation
d’écoulement sont définies par les conditions d’essai à savoir une pression
hydraulique imposée (P + 0,1 MPa) au centre de l’éprouvette et une pression de
0,1 MPa sur les bords (pression atmosphérique), soit une différence de pression P
entre le trou d’injection (de rayon ri = 2,5 mm) et le bord de l’éprouvette (le rayon
extérieur de l’éprouvette est re = 20 mm).
Dans ce cas, la transmissivité intrinsèque de la fracture peut s’exprimer selon
l’équation :
Ti = Q / P * µ/ 2π * ln(re/ri)
où Q est le débit entrant induit par le gradient de pression, µ la viscosité
dynamique (10-3 Pa.s pour l’eau).
Les valeurs de transmissivité, mesurées en régime permanent pour chaque
couple (σn ; Pinj), sont représentées figure 21a.
En admettant, avec [Selvadurai & Nguyen, 1999], une relation Ti = 1/12 (a)3 entre
l’ouverture hydraulique moyenne de la fracture et la transmissivité intrinsèque, on
obtient :
a = [Q / ∆P * 6µ/ π * ln(re/ri)] 1/3
Nous avons calculé l’ouverture hydraulique moyenne de la fracture également
pour chaque couple (σn ; Pinj). Les valeurs obtenues sont données figure 21b.
Ces valeurs diminuent logiquement lorsque la contrainte normale augmente. Les
valeurs d’ouverture hydraulique moyenne maximale varient de 5,7.10-5 m
(sous σn = 0) à 3,1.10-5 m (sous σn = 65 MPa). Cette variation révèle un aspect
du couplage hydromécanique qui est traduit (voir annexe B) sous la forme d’une
relation entre variation d’ouverture hydraulique et variation d’ouverture mécanique,
cette variation d’ouverture mécanique étant reliée à la variation de la contrainte
normale s’exerçant sur la fracture.
A contrainte normale (totale) constante, on note une légère diminution l’ouverture
hydraulique (et de la transmissivité intrinsèque) pour des pressions d’injection
supérieures à 0,1 MPa. Cette diminution est d’autant plus faible que la contrainte
normale est forte (environ 10-5 m sous σn = 65 MPa). Cette diminution peut
9 L’ouverture hydraulique est définie comme l’ouverture moyenne sur le plan de fracture considéré
(une portion réduite de cette fracture dans le cas de l’essai de laboratoire f1) qui permet la
cohérence des valeurs de gradient de pression et des débits compte tenu de la loi d’écoulement
considérée (la loi cubique ici). Cette définition est différente de celle donnée pour l’ouverture
mécanique (voir annexe B) qui se définit comme la moyenne des distances d’éponte à éponte.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 37 sur 95
s’expliquer par le fait que les écoulements deviennent de plus en plus turbulents à
mesure que la pression d’injection augmente.
1,6E-14
1,2E-14
(m3)
8,0E-15
4,0E-15
0,0E+00
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
Pression d'injection (MPa)
6,0E-05
5,0E-05
4,0E-05
3,0E-05
2,0E-05
1,0E-05
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0
Pression d'injection (MPa)
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 38 sur 95
4.6 INTERPRETATION DES ESSAIS DE LABORATOIRE PAR MODELISATION
NUMERIQUE
Les résultats précédents nous ont conduits à vouloir approfondir l’interprétation
des essais à l’aide d’un modèle numérique simulant le comportement
hydromécanique de la fracture. Nous avons choisi d’utiliser le logiciel 3DEC décrit
dans l’annexe C.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 39 sur 95
• les fractures sont supposées avoir un comportement mécanique élastique11
défini par leur raideur normale et tangentielle. La raideur normale est supposée
varier linéairement avec la contrainte normale conformément aux résultats
expérimentaux. Les valeurs choisies pour le modèle numérique (kn = 15 GPa/m
pour σn = 0 MPa ; kn= 80 GPa/m pour σn = 20 MPa ; kn = 160 GPa/m pour σn =
40 MPa ; kn = 240 GPa/m pour σn = 60 MPa) proviennent donc de la figure
19 donnant les variations de la raideur normale en fonction de contrainte normale
pendant la phase de déchargement de l’essai f1. Les valeurs de raideurs
tangentielles des fractures (fractures et joints de stratification) ne sont pas
connues. On a supposé, ce qui est un choix classique d’après la bibliographie
[Rode, 1990] dans le cas de roches peu profondes, que ces valeurs étaient 10 fois
plus faibles que celles des raideurs normales. Même si ce choix est discutable,
il aura peu de conséquences compte tenu du chargement appliqué ici (qui
est essentiellement normal) ;
• la loi d’écoulement dans la fracture est supposée être la loi cubique. Cette loi
est appliquée à l’échelle d’une maille de la fracture, l’ouverture hydraulique, les
pressions et les débits pouvant varier d’une maille à l’autre. La valeur initiale de
l’ouverture hydraulique de la fracture (dans touts les mailles) est a0 = 6.10-5 m.
C’est la valeur déterminée à l’aide du modèle analytique précédent sous
contrainte nulle. L’ouverture hydraulique est supposée varier au cours de l’essai
en fonction de la fermeture mécanique ∆un selon la formule : a = a0 + ∆un (où
∆un = - kn ∆σ’n, ∆σ’n étant la variation de la contrainte normale effective exercée
sur les épontes de la fracture12) ;
• en ce qui concerne les relations entre les paramètres mécaniques (fermeture
mécanique de la fracture : un ; contrainte normale totale et effective : σn et σ’n) et
les paramètres hydrauliques (ouverture hydraulique : a ; pression hydraulique : P),
on suppose en plus de la relation précédente (a = a0 + ∆un), la relation de
Terzaghi : ∆σ’n = ∆σn - ∆P. Ces relations sont adoptées pour le modèle de
référence uniquement. Des modifications seront proposées ensuite pour diminuer
les écarts entre les résultats du modèle et les mesures.
On a modélisé fidèlement l’évolution du chargement hydromécanique au cours de
l’essai f1. La figure 23 représente les évolutions de la sollicitation normale et de la
pression d’injection imposées dans le modèle. Ces courbes peuvent être
comparées aux mesures qui ont été faites de ces sollicitations au cours de l’essai
(figures 18a et 20a).
La simulation doit être considérée comme une succession de calculs en régime
hydraulique stationnaire (un calcul par palier de pression). Pour atteindre
l’équilibre, 3DEC réalise un certain nombre de cycles hydrauliques, un certain
nombre de cycles mécaniques (dits de relaxation) étant également réalisés afin
d’obtenir un équilibre mécanique à chaque cycle hydraulique. Ces cycles tiennent
au caractère explicite de la méthode de résolution hydraulique et mécanique dans
le code utilisé.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 40 sur 95
80 4
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 41 sur 95
P (Pa) a (m)
Nous avons comparé figure 26, l’évolution des déplacements normaux mesurés et
calculés. L ‘écart s’explique par le fait que le modèle 3DEC ne simule pas les
déplacements irréversibles13 induits par l’endommagement des épontes de la
fracture (qui deviennent significatifs à partir de 40 MPa environ).
-2,0E-04
-4,0E-04
σn = 22 MPa
-6,0E-04
σn = 47 MPa
-8,0E-04
σn = 70 MPa
-1,0E-03
calcul mesure σn = 68 MPa
-1,2E-03
13 [Duveau & al, 1997] proposent un modèle mécanique (à 5 paramètres) qui prend en compte
l’écrasement irréversible des aspérités des épontes de la fracture. Après calibration, le modèle
permet à l’auteur de reproduire convenablement le comportement non-linéaire de la fracture
(présente dans un granite ou un marbre) sous sollicitation normale.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 42 sur 95
calcul selon la loi "a =a0 +∆Dun"
un ∆un
calcul selon la loi "a=a0+f*.Dun" mesure
1,8E-05
σn = 0 * f est une fonction de
1,6E-05 la contrainte normale
σn = 22 MPa définie page 44
1,4E-05
débit injecté (m3/s)
1,2E-05
σn = 47 MPa
1,0E-05
σn = 68 MPa σn = 70 MPa
8,0E-06
6,0E-06
4,0E-06
2,0E-06
0,0E+00
0 100 200 300 400 500 600
Nombre de cycles hydrauliques
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 43 sur 95
d’une partie des écarts entre débit calculé et mesuré. L’analyse des variations de
l’espace des vides de la fracture avec la contrainte normale permettrait peut-être
de préciser ce point.
Il est vraisemblable que la loi de Terzaghi ∆σ’n = ∆σn - ∆P doit également être
modifiée en introduisant également un coefficient β (de Biot) tel que ∆σ’n = ∆σn -
β∆P. D’après [Duveau, 1997] ce coefficient β est lié au ratio Sc entre la surface de
contact et la surface totale de la fracture : β = 1 – Sc. L’analyse de la pertinence de
cette modification n’a pu être faite ici compte tenu du ratio (très faible pour de
fortes valeurs de σn) entre les variations de pression et les contraintes normales
imposées. Nous verrons plus loin que ce modèle permet d’expliquer certaines
observations faites in situ.
4.7 CONCLUSION
Des essais de laboratoire (mécaniques et hydromécaniques) ont été réalisés à
partir d’échantillons de taille décimétrique prélevés sur le site. Une relation quasi
linéaire entre la raideur normale de la fracture et la contrainte normale totale
a été établie (pour 0 < σn < 100 MPa). Elle s’explique classiquement par
l’augmentation de la surface de contact de la fracture.
L’interprétation des essais hydromécaniques à l’aide d’un modèle analytique
supposant un écoulement laminaire et radial entre 2 plans parallèles selon la loi
cubique conduit à une valeur d’ouverture hydraulique comprise entre 0,03 mm
(pour σn= 65 MPa) et 0,06 mm (pour σn=0). Cette valeur est d’un à deux ordre
de ordre de grandeur plus faible que celle déterminée par les observations de
terrain (voir page 17). Cela peut s’expliquer : (1) par le fait que l’on observe
l’ouverture de la fracture au niveau des affleurements et donc dans une zone un
peu dégradée, (2) par l’effet d’échelle entre les propriétés de la fracture à l’échelle
métrique et celles déterminées en laboratoire (lié aux ondulations décimétriques
ou métriques de la fracture ou à des dissolutions karstiques locales qui ne sont
pas vues à l’échelle du laboratoire).
Une simulation numérique des essais hydromécaniques a également été
réalisée. Le modèle utilisé suppose une relation linéaire entre la raideur normale
de la fracture et la contrainte normale, en cohérence avec les résultats
mécaniques de l’essai. Si l’on suppose une égalité entre les variations de
l’ouverture hydraulique et de l’ouverture mécanique (en supposant une ouverture
hydraulique initiale sous contrainte nulle de 0,06 mm), le modèle calcule des
débits beaucoup plus faibles que les débits mesurés surtout sous forte contrainte
normale.
Pour que le modèle restitue les mesures de débits, il est nécessaire de modifier
la relation entre ouverture hydraulique et mécanique en introduisant un terme f
traduisant la diminution du couplage entre ces 2 ouvertures lorsque la contrainte
normale augmente (a = a0 + f.∆un , avec 0 < f < 1). La diminution de f avec la
contrainte normale est à relier à l’augmentation progressive de la surface de
contact. Ces résultats viennent confirmer des hypothèses ou des observations
déjà faites par de nombreux auteurs (voir annexe B).
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 44 sur 95
5. ETUDE DU COMPORTEMENT HYDROMECANIQUE DES
FRACTURES IN SITU
5.1 INTRODUCTION
Le site de Coaraze est instrumenté depuis 1997. Nous proposons, au début de ce
chapitre, une synthèse des mesures réalisées avant le démarrage de ce
programme.
De nouvelles expérimentations ont été conduites ensuite à l’aide de la sonde
amovible présentée dans le deuxième chapitre de ce rapport. Il s’agit de mesures
locales de déplacement et de pression liées à une l’injection ou un pompage
d’eau dans une fracture. Ces mesures nécessitent la réalisation préalable d’un
forage intersectant quasi-perpendiculairement la fracture que l’on souhaite
caractériser. Ces mesures locales ont été complétées par des mesures
caractérisant le comportement global du versant (notamment des mesures
inclinométriques). Une première interprétation des mesures est proposée à l’aide
d’un modèle analytique basé sur la loi cubique et négligeant les effets
mécaniques.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 45 sur 95
Figure 28 : Fonctionnement du site expérimental de Coaraze : A et B -Hydrogéologie de la zone saturée artificiellement ; C -Mesures couplées H.M au sein
du réseau de fractures ; D -Principe de la mesure à l'échelle d'une fracture unique (mesure découplée).
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 46 sur 95
En surface, les déplacements sont suivis en un point par deux clinomètres en
silice qui mesurent des variations d'angle par rapport à la verticale selon deux
directions perpendiculaires (N140 et N50). Ces clinomètres de type IPG (conçu
par P.A. Blum de l’Institut Physique du Globe de Paris) sont fabriqués par
TELEMAC®. Les valeurs de déplacement du point à la surface extérieure du
vallon dans la direction horizontale et verticale sont calculées avec une précision
de 0,1 µm environ. Les mesures clinométriques de surface intègrent un
comportement beaucoup plus global du massif que les mesures
pression/déformation à l'échelle de la fracture. La même précision sur les deux
types de capteurs et l'échantillonnage synchrone permettent une vraie
caractérisation en trois dimensions du comportement hydromécanique du massif.
Pendant l'expérience, toutes les mesures ont été enregistrées avec une périodicité
de 30 secondes environ à l’aide d’une station d’acquisition de données de
CAMPBELL®. Huits points de mesures des couples pression-déformation sont
répartis sur les trois familles de fractures et une mesure du déplacement est
effectuée en surface. La température de l'eau et de la roche en différents points du
massif et à différentes profondeurs a également été suivie en continu pour
contrôler la part des déformations thermo-mécaniques dans les mesures.
Ces expériences ont montré qu’après 30 minutes de fermeture de vanne, seules
les fractures conductrices (figure 29a) se saturent (les zones de blocs restent
sèches). Au-delà de 30 minutes, la pression d’eau est stabilisée dans les
fractures, et l’eau commence à diffuser dans les blocs peu perméables par
l’intermédiaire des joints de stratification (figure 29b et 29c). Ce mode
d’écoulement est caractéristique d’un fort contraste de perméabilité entre des
fractures très conductrices et des zones de blocs peu conductrices.
Figure 29 : (A) Schéma conceptuel du réseau de fractures très perméables et des zones de blocs
peu perméables. (B) - Évolution des pressions en fonction du temps dans le réservoir. (C) - Modèle
conceptuel de l’écoulement dans le réservoir. [Guglielmi, 1999]
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 47 sur 95
La figure 30 montre l’évolution de la pression hydraulique et de la déformation
dans les fractures conductrices (drains sub-verticaux) et dans les joints de
stratification. Les variations les plus importantes sont enregistrées par les capteurs
(E1, M3) et (E7, M9) qui sont localisés sur la fracture subverticale N140 à
proximité de la vanne et sur une fracture subverticale N60. Les variations sont
beaucoup plus faibles dans les joints de stratification. Dans le cas des capteurs
(E3, M4), il y a une fermeture du joint alors que la pression de l'eau augmente.
Dans le cas de (E8, M10) une petite ouverture de 0,5 µm/m du joint de
stratification se produit alors qu'il n'y a pas encore d’eau. Ces déformations
montrent que le comportement mécanique des joints de stratification n’est pas
directement lié à la pression hydraulique dans ce cas, mais à la déformation des
fractures environnantes.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 48 sur 95
La figure 31 montre les variations de déplacement enregistrées par les
clinomètres (dont le principe est présenté en haut de la page 47) pendant la même
expérimentation (après conversion des mesures angulaires). On a représenté la
variation du déplacement vertical en fonction du déplacement horizontal. On
constate qu’il y a tout d’abord (points 1 à 2 sur la figure 31) un déplacement vers
l’intérieur du massif, puis un déplacement vers la vallée (points 2 à 3). Les
déplacements maximaux sont d’environ 15 µm horizontalement et 10 µm
verticalement soit de l'ordre de grandeur de celui mesuré dans les joint de
stratification à l’intérieur du massif. Une tentative d’analyse de ces mouvements
complexes a été proposée par [Kadiri, 2002] à l’aide d’un modèle numérique en 2
dimensions14. Elle montre notamment l’influence du positionnement du clinomètre
par rapport au niveau piezométrique et au joints de stratification. Les
changements brusques de directions observés entre les points 2 et 3 ne sont pas
convenablement reproduits du fait de la bidimensionnalité du modèle.
14 Une analyse plus complète des mesures dilatométriques est également proposée dans
[Cappa (a), 2005].
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 49 sur 95
5.3 DESCRIPTION DU DISPOSITIF EXPERIMENTAL ET DES EXPERIMENTATIONS
REALISEES DANS LE CADRE DU PROGRAMME
A cette fin, deux forages horizontaux HM1 et HM2, de longueur respective 5,2 m
et 4,7 m, espacés de 1,1 m, ont été réalisés. Les deux forages HM1 et HM2
recoupent la fracture dont on souhaite étudier le comportement (nommée R4)
respectivement à 4,4 m et à 4,61 m du versant (figure 32).
S8
Packers 1,1 m
Matrice
imperméable
Fracture
R4 1,9 m
0,4 m
Packer Ancrages R4
Forages
HM2
HM1
Capteur de déplacement Capteur de pression
par fibres optiques par fibres optiques
Les forages ont été réalisés dans un secteur déjà instrumenté du massif (et décrit
sur la figure 28). Dans ce plan de coupe, deux extensomètres à corde vibrante
“E11” et “E12” ont également été positionnés dans la matrice rocheuse
perpendiculairement et parallèlement à la direction des plans de stratification afin
de mesurer le comportement poro-mécanique de la matrice.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 50 sur 95
Ces expérimentations peuvent se regrouper de la façon suivante :
• Expérimentation de courte durée : 100 pulses de 9 à 76 kPa (29 dans le
forage HM1, 71 dans le forage HM2). Ces tests consistent à injecter
rapidement (1 à 3 secondes) un faible volume d’eau (environ un litre) au
niveau de l’intersection de la fracture R4, soit avec le forage HM1, soit avec
le forage HM2. Comme indiqué sur la figure 19, la fracture est isolée des
autres fractures par un obturateur pneumatique positionné dans le forage ;
• Expérimentation de longue durée : 9 paliers de pompage à débits constants
croissants, puis décroissants, réalisés au niveau de l’intersection de la
fracture R4 et de HM1 (30 minutes par palier) ; 2 paliers d’injection à
pression constante réalisés au niveau de l’intersection de la fracture R4 et de
HM1 (1 heure par palier).
Les injections et les pompages d’eau sont réalisés avec une pompe à membrane
(figure 33) connectée par un train de tiges à la chambre. Cette pompe peut
imposer des variations de pression allant de 0 à 7 bars.
Toutes ces expérimentations sont réalisées en condition hydraulique saturée
(correspondant à l’état d’équilibre du site à vanne fermée). Les pressions initiales
en HM1 et HM2 sont identiques à chaque début d’expérience, et valent
respectivement 39 kPa, 25 kPa et 20 kPa.
Zone
instrumentée
Figure 33:
Dispositif d’injection
Pompe à et de pompage.
membrane
Réserve
d’eau
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 51 sur 95
5.4 ANALYSE DES PULSES-TESTS DE COURTE DUREE
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 52 sur 95
5.4.2 INTERPRETATION ANALYTIQUE DES RESULTATS
Le “Pulse-Test” est fréquement utilisé pour déterminer la conductivité hydraulique
(K) des fractures (Rutqvist, 1996) et la perméabilité des roches. Ce test est
réalisé, le plus souvent, en milieu saturé, et, consiste, dans le cas d’un milieu
fracturé, à injecter un faible volume de fluide dans une fracture afin de créer un pic
de pression rapide dans celle-ci. Le fluide s’écoule dans le milieu, et la pression
diminue dans le temps en fonction de la conductivité hydraulique de la fracture.
Traditionnellement, les résultats des “Pulses-tests” sont interprétés en considérant
un comportement hydraulique linéaire [Hvorslev, 1951], [Cooper et al., 1967],
[Bouwer and Rice, 1976], [Krauss, 1974, 1977], [Van der Kamp, 1976], [Wang,
1977], [Barker, 1983, 1988], [Kipp, 1985], [Springer and Gelhar, 1991].
Cependant, ces modèles restent souvent imprécis (± 30%), et ne rendent pas
compte des effets non-linéaires largement observés dans le cas des formations à
forte conductivité hydraulique. Ces effets non-linéaires sont généralement liés aux
pertes dues aux frottements lors de l’écoulement du fluide dans le dispositif
d’injection, à l’accélération de la colonne d’eau, à la vitesse initiale de la colonne
d’eau à l’initiation du pulse, aux écoulements ne respectant pas la loi de Darcy, et
au changement du rayon du forage lors de l’essai. Dans le but de prendre en
considération ces effets, des modèles non-linéaires [Butler, 1997], [McElwee and
Zenner, 1998] ont été développés pour interpréter avec une meilleure précision les
essais dans les formations à forte conductivité hydraulique.
Le modèle de [Butler, 1997] a été utilisé par Géoscience Azur pour interpréter les
pulses réalisés sur le site de Coaraze. Cela a conduit pour la fracture R4 à des
ouvertures hydrauliques comprises entre 6,67 10-4 m et 1,5 10-3 m. Ces valeurs
sont un ordre de grandeur plus grandes que les valeurs déterminées en
laboratoire ce que confirme l’existence d’un effet d’échelle. Elles restent
logiquement inférieures aux mesures faites sur le terrain au niveau des
affleurements (voir page 17).
0,6
du point HM1
0,5
0,4
Figure 35 : Chronique
0,3
des débits (l/s) imposés
durant le pompage par 0,2
Temps (mn)
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 53 sur 95
Les variations de pression hydraulique et du déplacement normal résultantes en
HM1 et HM2 sont représentées respectivement figures 36a et 36b.
La pression hydraulique indiquée est à nouveau une variation de pression par
rapport à un état initial de 45 kPa pour HM1 et de 33 kPa pour HM2. La figure 36a
montre qu’il faut imposer un débit de pompage de 0,77 l/s pour que la pression
s’annule en HM1 (elle vaut alors 23 kPa en HM2). Le pompage induit des
déplacements normaux (fermeture) maximaux de 0,9 mm en HM1 et de 0,2 mm
en HM2.
Pi = 45 kPa
Temps (104 s)
-b-
Temps (104 s)
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 54 sur 95
5.5.2 INJECTION PAR PALIERS A PRESSION CONSTANTE
Les deux paliers de pressions imposés en HM1 (36 kPa puis 78 kPa) sont
représentés figure 37. Ces pressions imposées induisent des débits injectés
respectifs de 0,7 litre/s et 1,2 litre/s en HM1 et des déplacements normaux
(ouverture) à la fracture R4 de 1 µm et 2,35 µm.
0,7 l/s
pression du
Pression
Temps (s)
Figure 37 : Essais d’injection à pression constante - Variations de pression de fluide et du
déplacement normal sur la fracture en HM1
En HM2, les pressions mesurées à l’équilibre pour chaque palier sont
respectivement de 28 kPa et 74 kPa. Un dysfonctionnement momentané des
capteurs n’a pas permis de mesurer les déplacements normaux induits en HM2.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 55 sur 95
On a représenté, figure 38, la variation de [(PfHM1-PiHM1) - (PfHM2-PiHM2)] en fonction
du débit Q injecté en HM1.
10
différence des variation de pression entre
0
-1 -0,5 0 0,5 1 1,5
HM1 et HM2 (kPa)
-5
-10
-15
-20
-25
-30
-35
débit en HM1 (litre/s)
Figure 38: Différence de variation de pression entre HM1 et HM2 en fonction du débit en HM1
(valeurs négatives pour les pompages)
On constate que la relation entre Q et ∆h est quasiment linéaire pour les
pompages, mais ne l’est plus pour les injections. Cela est sans doute lié au fait
que les écoulements ne restent pas laminaires lorsque les surpressions imposées
deviennent importante.
On peut calculer la valeur de l’ouverture hydraulique en écrivant :
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 56 sur 95
1,3E-03
ouverture hydraulique (m) 1,2E-03
1,1E-03
1,0E-03
9,0E-04
8,0E-04
7,0E-04
6,0E-04
5,0E-04
4,0E-04
-1 -0,5 0 0,5 1 1,5
débit en HM1 (litre/s)
5.6 CONCLUSION
Des expérimentations in situ sont réalisées dans le site de Coaraze depuis 1997.
Elles ont permis d’acquérir une connaissance de plus en plus fine du
comportement hydromécanique du site.
Les nouvelles expérimentations in situ, réalisées à l’aide de la sonde amovible
présentée au chapitre précédent, ont consisté à réaliser des injections de courte
durée (pulse-tests) et des essais de pompage et d’injection de plus longue durée.
Le dispositif instrumental mis au point et le traitement du signal appliqué aux
mesures se sont révélés pertinents pour caractériser in situ le comportement
hydromécanique des fractures. En effet le système est compact et amovible, et
la grande précision des mesures réalisées est avérée.
L’analyse, à l’aide d’un modèle analytique, des mesures réalisées dans le cadre
des essais de pompage et d’injection longue durée a permis une première
estimation de l’ouverture hydraulique de la fracture instrumentée comprise
entre 0,5 mm et 1,3 mm.
Cette analyse repose toutefois sur des hypothèses discutables (l’écoulement
dans la fracture suit la loi cubique, on peut négliger les effets mécaniques) qui
nous ont conduits dans le chapitre suivant, à réinterpréter les essais in situ par
modélisation numérique.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 57 sur 95
6. COMPLEMENT A L’INTERPRETATION DU COMPORTEMENT
DES FRACTURES IN SITU PAR MODELE NUMERIQUE.
6.1 INTRODUCTION
La modélisation numérique des expérimentations in-situ a nécessité
préalablement la réalisation d’un modèle géométrique précis du site. Ce modèle
a été construit à partir des données de fracturation décrites dans le premier
chapitre de ce rapport.
Les modélisations hydromécaniques ont permis ensuite de préciser le
comportement hydromécanique des fractures. En effet, en comparant les résultats
des simulations aux mesures, on a évalué la pertinence de la loi cubique pour
décrire l’écoulement dans la fracture, ainsi que les relations de couplage
hydromécanique utilisées classiquement pour décrire le comportement des
fractures (entre ouverture hydraulique et ouverture mécanique, entre contrainte
mécanique et pression hydraulique). Après une modification adéquate du
modèle, les propriétés hydromécaniques des fractures in situ ont été déterminées
par calage sur les mesures. La comparaison des résultats obtenus à ceux des
essais de laboratoire sur des échantillons de taille décimétrique a également
fourni quelques indications pour quantifier l’effet d’échelle.
La fracturation dans les cas traités est prise en compte de façon explicite par
opposition aux approches de type "milieu continu équivalent" parfois utilisées
lorsque la densité de fracturation devient importante relativement aux dimensions
de la zone d’intérêt. Lorsque la densité de fracturation relativement aux
dimensions de la zone d’intérêt est trop importante pour être prise en compte
explicitement, des techniques d’homogénéisation doivent être mises en œuvre
pour calculer les propriétés équivalentes du milieu.
6.2.1 INTRODUCTION
La démarche est connue : il s’agit de recueillir les données nécessaires
(paramètres caractérisant l’état de fracturation), de les analyser (en distinguant les
différentes familles de fractures, les lois statistiques auxquelles les paramètres de
la fracturation peuvent s’ajuster), puis de réaliser une simulation adaptée à partir
des données précédentes.
Deux approches peuvent être distinguées suivant l’échelle à laquelle on se place
et le degré de précision que l’on souhaite obtenir. On pourra, dans certains cas, se
contenter d’une approche statistique, consistant à réaliser une analyse des
paramètres de la fracturation à partir d’un nombre plus limité de données, dans le
but d’ajuster la distribution des valeurs obtenues pour chaque paramètre à une loi
de probabilité théorique. Si l’on souhaite à présent reproduire finement une
expérimentation (objectif principal de ce programme), il est souhaitable de réaliser
un relevé exhaustif permettant de reproduire fidèlement la géométrie réelle du
réseau de fractures, à l’échelle de la zone d’investigation.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 59 sur 95
Dans le cadre de ce programme, les modélisations géométriques ont été réalisées
à l’aide du logiciel RESOBLOK15 et portent sur le site de Coaraze
15 Le modèle RESOBLOK a été développé par l’INERIS et le LAEGO pour combiner les avantages
des approches « assemblage de blocs » et « réseau de polygones ». La version initiale de cet outil
numérique [Heliot, 1988] permettait de simuler des réseaux de fractures à partir d’une statistique
sur les orientations des fractures et leur espacement, en tenant compte des règles hiérarchiques
entre les différentes familles de fracturation. Des travaux, réalisés partiellement dans le cadre des
programmes européens [Korini, 2000], ont conduit au développement d’un deuxième générateur
de fractures à partir du modèle de polygone tenant compte de la longueur des fractures. Ce
logiciel permet soit de générer un modèle déterministe à partir d’une caractérisation précise de la
fracturation (exemple : modèle du site de Coaraze), soit de générer un modèle statistique à partir
d’une connaissance des caractéristiques globales de la fracturation.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 60 sur 95
R4
Nord
Axe du
vallon
(non excavé
ici)
Une coupe du modèle RESOBLOK a été représentée sur la figure 41. Cette coupe
est parallèle à l’orientation moyenne du versant instrumenté. On y voit la trace des
fractures du modèle. La comparaison de cette sortie avec la figure 5 permet
de valider le modèle géométrique de RESOBLOK.
Le générateur de réseaux de fractures RESOBLOK a également été interfacé
avec une version du code 3DEC permettant de réaliser des calculs
hydromécaniques. La figure 42 montre la géométrie 3DEC obtenue à partir de la
géométrie RESOBLOK (la vue est orientée comme si l’observateur regardait vers
le Sud-Est).
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 61 sur 95
D10 D4 D3
D16 D14 D12 D9 D7
D6
D8 S0
D15 R30 D11 R1 D2
R4
S1
S2
R8 R2 D1
S3
D17 S4
R15 R10 R9 S5
R34 J1 R11 S6
R3
R35 J2
S7
R5 S8
D17 S9
D12 R26 R20 S10
S11
D13 D5
R4
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 62 sur 95
6.2.3 CONSTRUCTION D’UN MODELE GEOMETRIQUE DE LA ZONE
EXPÉRIMENTALE
Un modèle plus petit et plus précis (cube de 6 à 8 m de côté) a également été
réalisé autour de la zone d’injection pour la simulation des pulses. Il a été construit
autour du point d’injection du sondage HM1 (figure 32). Il utilise, en plus des
données précédentes, les relevés de fracturation dans les sondages HM1 et HM2.
Afin de déterminer à quelle fracture correspondaient les traces observées dans les
sondages HM1 et HM2, nous avons calculé (sous Excel) les coordonnées du point
d’intersection entre un sondage et un plan de fracture d’orientation donnée, ou
encore celles des traces situées à une distance donnée de la tête de sondage.
Les fractures introduites (la localisation de leur trace sur le versant est indiquée
sur la figure 5) sont :
• la fracture R4 qui a été instrumentée et qui intersecte les 2 sondages HM1 et
HM2 respectivement à 4,4 m et 4,6 m du versant ;
• les joints de stratifications S10, S9, S8 et S7 qui intersectent le sondage HM1
respectivement à 0,33 m ; 2,57 m ; 4,09 m et 5,26 m du versant et les joints
de stratification S9, S8 et S7 le sondage HM2 à 0,75 m ; 2,30 m et 3,46 m ;
• les fractures : R20 (localisée en-dessous de S9 et limitée par celle-ci), R9b
(localisée au-dessus de S9 et limitée par celle-ci) et R9a (non limitée). R20
intersecte HM1 et HM2 respectivement à 0,46 m et 0,58 m du versant. R9a
intersecte HM1 et HM2 respectivement à 2,83 m et 2,57 m du versant. R9b
n’intersecte que HM2 à 1,04 m du versant ;
• la fracture J1 comprise entre S6 et S7, la fracture J2 comprise entre S6 et
S7, la fracture D6 (non limitée) et la fracture R10b (localisée au-dessus de
S9 et limitée par celle-ci). Ces 4 fractures n’intersectent pas les sondages
HM1 et HM2.
6.2.4 CONCLUSION
Nous avons construit un modèle géométrique très précis de la fracturation du
site de Coaraze et un autre, plus petit, de la zone expérimentale. Ces modèles
ont été validés en vérifiant que l’on retrouvait, correctement positionnées, les
traces des fractures sur différentes coupes correspondant aux plans de mesure,
ainsi qu’au niveau des forages HM1 et HM2 dans le cas du petit modèle.
L’interfaçage des modèles RESOBLOK et 3DEC a permis également de
générer la géométrie des modèles hydromécaniques à partir des géométries
précédemment générées par RESOBLOK.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 63 sur 95
6.3 MODELISATION EXPLICITE DU COMPORTEMENT HYDRO-MECANIQUE DU
RESEAU DE FRACTURES DU SITE DE COARAZE
6.3.1 INTRODUCTION
Les modélisations réalisées dans cette partie sont de nature explicite. Leur objectif
est de modéliser précisément le comportement hydromécanique des fractures
afin de tester, par comparaison aux mesures faites et présentées au chapitre
précédent, la pertinence in situ des lois de comportement mécanique, de la loi
d’écoulement et des relations de couplage hydromécanique utilisées
classiquement (voir annexe C) pour décrire le comportement des fractures.
Nous avons utilisé (et développé) les codes bidimensionnels UDEC et
tridimensionnels 3DEC. Ces codes simulent le comportement hydromécanique
(couplage bidirectionnel) d’un milieu constitué de blocs imperméables découpés
par des fractures. Une description des fonctionnalités de ces codes, ainsi que des
modifications réalisées, est donnée dans l’annexe C.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 64 sur 95
au plan de coupe choisi, et les capteurs de mesure de pression et de
déplacements ne sont pas tous situés dans ce plan.
Ces premiers résultats nous ont conduits à préciser les suites à donner au travail
d’interprétation des expérimentations in situ. Deux types de modélisation ont été
alors proposés suivant qu’il s’agit d’interpréter, comme précédemment, les
mesures induites par une sollicitation globale du site (par ouverture ou fermeture
de la vanne mise en place sur la source de la Parre comme indiqué au § 5.2) ou
celles induites par une sollicitation plus locale (par injection ou pompage d’eau
dans une fracture à l’aide de la sonde amovible comme indiqué au § 5.3). Nous
détaillons dans la suite de ce rapport :
• l’interprétation du premier type d’essais qui sera faite à l’aide d’un modèle
hydromécanique en deux dimensions à l’échelle du site expérimental.
L’amélioration consiste à prendre en compte simultanément le couplage
hydromécanique et le caractère transitoire des écoulements16 ;
• l’interprétation du deuxième type d’essais (pulse-test), plus localisé, qui sera
faite à l’aide d’un modèle tridimensionnel de la zone d’injection17. Une
modélisation mécanique tridimensionnelle du site tout entier sera réalisée
préalablement pour préciser l’état de contrainte dans la zone d’intérêt des
pulses.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 65 sur 95
Le modèle utilisé suppose une relation entre la raideur normale Kn de la fracture et
la contrainte normale effective σ'n s’exerçant sur les épontes du type Kn = Kn0
(σ'n)p , où Kn0 et p sont les paramètres du modèle. Pour l’ensemble des fractures
du modèle, le paramètre Kn0 (raideur normale pour une contrainte normale
effective nulle), ainsi que la valeur de la raideur initiale (sous l’état de contrainte
existant dans le versant) ont été déterminés par calage en supposant
arbitrairement p = 2 (nous ne disposions pas à l’époque des résultats de
laboratoire qui nous auraient incités à prendre plutôt p=1). Les résultats de ce
calage sont rassemblés dans le tableau 2.
Par souci de simplification, les joints de stratification sont supposés avoir un
comportement élastique. On a supposé à nouveau que la raideur tangentielle des
fractures et joints de stratification était 10 fois plus faible que la raideur normale.
Les valeurs d'ouverture hydraulique ont, par ailleurs, été estimées à partir de
l’interprétation des essais hydrauliques in situ réalisés par [Fénart, 1999] et sont
rassemblées dans le tableau 2 (il faut noter que la valeur choisie pour l’ouverture
hydraulique de la fracture R4 reste cohérente avec les nouvelles estimations
présentées au § 5.5.3).
R8
Roche calcaire
Roche marneuse
Joint de stratification
Faille
Positionde
Position initial de lavanne
la nappe nappeouverte R4
CL mécanique : déplacement nul
CL hydraulique : imperméable
CL hydraulique : pression imposée
Elévationn (m)
Direction des écoulements
Point de mesure HM
Point 6
Point 5
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 66 sur 95
La formulation du couplage hydromécanique dans UDEC est explicitée dans
l’annexe C. Le calcul hydromécanique est réalisé en 4 étapes à l’aide du code
UDEC : calcul de l’état mécanique initial avant la formation de la vallée ; calcul des
modifications de l’état de contrainte suite à cette formation ; calcul de l’état
hydromécanique initial correspondant à la situation « vanne ouverte » ; simulation
de la fermeture de la vanne en imposant à la base du modèle une surpression
appropriée.
Point de Type de Paramètres hydrauliques Paramètres mécaniques
mesure discontinuités K a δU Kni Kn0 σ’ni
(m.s-1) (m) (m) (GPa.m-1) (Pa-1.m-1) (Pa)
1 FractureF2 5.7 10-5 2.6 10-4 1,3 10-6 132 3.33 1,99 105
-6
2 Fracture R8 - - 4.4 10 66 19.6 5,79 104
-8
3 Joint de strati S2 - - 9.6 10 20 - -
4 Fracture R4 2.3 10-4 5.3 10-4 1 10-4 1.4 0.54 5,1 104
5 Fracture R4 1.9 10-4 4.8 10-4 1 10-4 7.2 0.29 1,58 105
6 Joint de strati S2 7.6 10-6 9.6 10-5 9.6 10-8 20 - -
8 Joint de strati S2 3.8 10-6 6.8 10-5 - 20 - -
9a Joint de strati S2 3.2 10-6 6.2 10-5 - 20 - -
9b Joint de strati S3 9.0 10-7 3.3 10-5 - 20 - -
10 Fracture F2 2.0 10-4 4.9 10-4 - - - -
7 Matrice Imperméable E=70 GPa, ν=0.29 ; d=2000 kg.m-3
18 La valeur du déplacement calculé dans le cas du joint de stratification aurait dû être initialisée à
zéro. La valeur négative initiale correspond au calcul du déplacement avant la simulation de la
fermeture de la vanne ouverture de la vanne un = -σ’ni / kn où σ’ni est la contrainte normale effective
initiale sur le joint de stratification.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 67 sur 95
Cela laisse penser que la relation de couplage en contrainte et pression utilisé
dans le modèle (∆σ’n = ∆σn - ∆P) ne convient plus dans le cas des joints de
stratification. Il faut donc vraisemblablement la remplacer par la relation
∆σ’n = ∆σn - β∆P où β serait proche de 1 dans le cas de la fracture R4 et très
inférieur à 1 dans le cas des joints de stratification.
Point 5 Point 6
Mesure
Faille R4
Mesures
Calculs
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 68 sur 95
Si on suppose que la loi d’écoulement choisie dans le modèle (loi cubique) est
valable, ces écarts peuvent s’expliquer par une surestimation de l’ouverture
hydraulique de la fracture. Il est possible également que la loi d’écoulement ne
soit pas adaptée.
On sait que l’approche bidimensionnelle mise en œuvre ici ne reproduit pas
convenablement la sollicitation hydraulique et la tridimensionnalité des
écoulements. Une part des écarts observés étant liée à ce choix, il n’est pas
possible ici de trancher entre les différentes hypothèses.
Nous avons choisi de poursuivre ce travail d’analyse des décalages temporels
entre les variations mesurées et calculées à partir d’une simulation
tridimensionnelle des essais d’injection de courte durée (§ 6.3.5).
INERIS INERIS
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 69 sur 95
• les variations de contrainte sont liées aux variations de pression hydraulique
par la loi de Terzaghi (∆σ’n = ∆σn - ∆P).
Les valeurs des paramètres pour le modèle de référence sont indiquées ci-après :
• raideurs des fractures : kn = 15 GPa/m soit une valeur proche de la valeur
obtenue en laboratoire pour la fracture R4 à faible valeur de contrainte
normale (comme le montre la figure 19), et ks = 1,5 GPa/m ;
• raideurs des joints de stratification : kn = 100 GPa/m et ks = 10 GPa/m. Ces
valeurs, choisies de façon arbitraire, devront être ajustées par calage ;
• la valeur a0 de l’ouverture hydraulique des fractures (valeur sous l’état de
contrainte et de pression initiale avant perturbation) est de 10-3 m. Cette valeur est
comprise entre les valeurs extrêmes (0,5 mm et 1,3 mm) obtenues pour la fracture
R4 par interprétation des mesures à l’aide du modèle analytique (§ 5.5.3). On a
choisi par ailleurs a0 = 10-4 m pour les joints de stratification. Cette valeur devra
être ajustée par calage.
Etat hydraulique initial : Lorsque la vanne est fermée, un état d’équilibre
hydromécanique s’établit dans le versant. Le niveau d’eau remonte et se stabilise
environ 7 à 10 m (suivant la distance au versant) au-dessus de la vanne, soit
environ 4 m au-dessus du point d’injection en HM1. Le « petit » modèle, utilisé
ici pour interpréter les expérimentations réalisées avec la sonde amovible,
peut donc être considéré comme initialement totalement saturé. Les
pressions hydrauliques initiales imposées dans le modèle sont cohérentes avec
les valeurs mesurées (45 kPa en HM1 et 33 kPa en HM2).
Etat mécanique initial : La répartition des contraintes initiales est plus complexe à
estimer car elle dépend notamment de la géométrie du versant et de sa
fracturation. Faute de mieux, on a choisi de l’estimer par un calcul préalable à
grande échelle. Le traitement des résultats de ce calcul a permis de déterminer le
champ de contrainte initiale en tout point du « petit » modèle comme une fonction
de la position de ce point dans l’espace. La contrainte totale initiale normale à la
fracture instrumentée (R4) vaut environ σni = 120 kPa en HM1 (la contrainte
effective initiale en HM1 vaudrait donc selon la relation de Terzaghi σ'ni = 120 – 45
= 75 kPa).
Conditions aux limites : On a d’autre part considéré des conditions aux limites de
type « flux nul » en hydraulique et de type « contraintes imposées » en
mécanique (les valeurs imposées étant égales aux valeurs initiales résultant du
modèle à grande échelle). On a pu établir, que pour la taille choisie du modèle, les
conditions aux limites n’avaient pas d’effet significatif sur les résultats.
Sollicitations imposées : Elles consistent en une succession de valeurs de
pression (essais d’injection) ou de débit (essais de pompage) au point
d’intersection du sondage HM1 avec la fracture R4. Les simulations hydrauliques
et hydromécaniques sont une succession de calculs en régime permanent (un
calcul par palier de débit ou de pression). Pour atteindre l’équilibre, 3DEC réalise
un certain nombre de cycles hydrauliques. Dans le cas des calculs
hydromécaniques, un certain nombre de cycles mécaniques (dits de relaxation),
lié à la méthode explicite, est également réalisé afin d’obtenir un équilibre
mécanique à chaque cycle hydraulique.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 70 sur 95
6.3.4.2 RESULTATS OBTENUS AVEC LE MODELE DE REFERENCE
Afin d’évaluer les résultats obtenus avec le modèle de référence, on a synthétisé
dans le tableau 3 les mesures obtenues (à chaque palier) en HM1 et HM2. Les
valeurs imposées sont les valeurs des colonnes vertes, soit la première colonne
(débit) dans le cas des essais de pompage et la deuxième colonne (pression)
dans le cas des essais d’injection. Les autres valeurs mesurées (colonnes jaunes
ou bleues) sont des valeurs induites par la sollicitation. Les débits n’a été
mesurée qu’en HM1.
débit HM1 (l/s) ∆P_HM1 (kPa) Un_HM1 (µµm) ∆P_HM2 (kPa) Un_HM2 (µµm)
0 0 0 0 0
-0,05 -1 0 0 0
-0,44 -17 -0,46 -4,4 -0,1
-0,51 -23,5 -0,58 -6 -0,12
-0,55 -25 -0,62 -6,1 -0,13
Pompage
-0,77 -43 -0,9 -11 -0,21
-0,55 -25 -0,64 -6,1 -0,12
-0,52 -25 -0,63 -6 -0,12
-0,46 -21,5 -0,57 -5 -0,11
-0,09 -2 -0,04 -0,5 -0,01
0 0 0 0
Injection 0,69 36 1 28 pas de
1,19 78 2,35 74 mesures
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 71 sur 95
Il semble donc que les valeurs choisies pour le modèle de référence pour
l’ouverture hydraulique de la fracture R4 d’une part, et pour sa raideur
normale d’autre part soient trop fortes.
Afin d’évaluer l’importance des effets mécaniques sur le comportement
hydraulique de la fracture R4, nous avons réalisé une simulation purement
hydraulique (en négligeant le couplage HM). Il apparaît que les valeurs calculées
des débits et des variations de pression hydraulique sont quasiment identiques
(moins de 0,1 % de différence). La détermination de l’ouverture hydraulique
des fractures par calage sur les valeurs des mesures de débit et des
variation de pression peut donc se faire à l’aide d’une simulation purement
hydraulique.
6.3.4.3 TENTATIVE DE CALIBRATION DU MODELE
Nous avons réalisé une série de simulations (hydrauliques) de l’essai de pompage
en faisant varier l’ouverture hydraulique de la fracture R4. La comparaison des
valeurs mesurées et calculées (figure 47) montre que la valeur de l’ouverture
hydraulique de la fracture R4 est voisine de 0,6 mm. Cette valeur se situe dans la
fourchette des valeurs (0,5 mm < a < 1,3 mm) déterminées analytiquement au
§ 3.2.5.3. Si l’on suppose que le modèle est une bonne représentation de la réalité
(en oubliant ses imperfections géométriques notamment), on peut supposer que la
valeur que l’on obtient ici par calage est une estimation correcte de la valeur in
situ. Elle est environ 10 fois plus importante que la valeur d’ouverture hydraulique
déterminée en laboratoire sous très faible contrainte normale.
Débit (litre/s)
-5
-10
-20
-25
valeurs mesurées en HM1
valeurs calculées en HM1 pour a = 5.5e-4 m -30
valeurs calculées en HM1 pour a = 5.8e-4 m
-35
valeurs calculées en HM1 pour a = 6e-4 m
valeurs mesurées en HM2
-40
valeurs calculées en HM2 pour a = 5.5e-4 m
valeurs calculées en HM2 pour a = 5.8e-4 m -45
valeurs calculées en HM2 pour a = 6e-4 m
-50
La détermination des raideurs de fracture in situ par calage du modèle n’a pas
encore été faite. Compte tenu de l’impact des variations des paramètres
hydrauliques sur les variations des contraintes et des déplacements, la calibration
doit être réalisée cette fois-ci avec un modèle hydromécanique (les ouvertures
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 72 sur 95
hydrauliques ayant été préalablement ajustées). Compte tenu des observations
faites sur les résultats du modèle de référence en ce qui concerne les
déplacements normaux, on peut s’attendre à ce que les raideurs normales
permettant de caler le modèle soient 3 à 6 fois plus faibles que les valeurs de
laboratoire en cohérence avec les différences des tableaux 3 et 4. Si l’on suppose,
comme précédemment pour l’ouverture hydraulique, que le modèle est une
représentation satisfaisante de la réalité, la valeur de la raideur normale in situ de
la fracture R4 doit donc valoir environ 3 à 5 GPa/ m.
19L’application de cette chronique dans le modèle a pu être faite très précisément par une routine
du logiciel 3DEC.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 73 sur 95
hydrauliques20. Comme précédemment dans le cas d’une utilisation de 3DEC en
régime permanent, un certain nombre de cycles mécaniques dits de relaxation est
réalisé à chaque pas de temps hydraulique afin d’obtenir un équilibre mécanique à
chaque cycle hydraulique.
En distinguant dans le modèle, les paramètres « numériques » (dimension du
modèle, maillage, paramètres de convergence du modèle) des paramètres
« physiques » (propriétés hydromécaniques, réseau de fractures, conditions aux
limites, sollicitation), il faut signaler que tous les paramètres « numériques » ont
été choisis de façon à ne pas influer significativement sur les résultats du modèle.
100
60
40
20
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Temps (s)
20La valeur du pas de temps est calculée automatiquement par 3DEC comme une fonction de la
perméabilité de la fracture, de la compressibilité de l’eau, de la dimension des mailles.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 74 sur 95
L’amplitude des déplacements normaux calculée en HM1 est très proche des
valeurs mesurées. En HM2, ces déplacements sont surestimés (0,7 µm au lieu de
0,4 µm). Ces valeurs étant très faible, la détermination des propriétés in situ
par calage (donc en minimisant les écarts jusqu’à, par exemple, 25 % de la valeur
mesurée) n’a de sens que si l’on peut garantir la précision des mesures et le
« réalisme » du modèle. On a vu que la précision des capteurs à fibre optique
(0,1 mm) garantit une précision inférieur à 25 % de la valeur mesurée (0,4 mm).
Le « réalisme » du modèle sera lui considéré comme suffisant si l’écart par rapport
à la réalité (en terme d’orientation des fractures par exemple) ne conduit pas à
une variation significative des valeurs calculées (on peut également se fixer
comme seuil de variation, dans ce cas, 25 % de la valeur mesurée).
On observe également des décalages temporels importants en HM2 entre
valeurs calculées et mesurées : le déplacement calculé commence à augmenter
environ 1,5 s plus tôt, la valeur maximale étant atteinte 0,7 s plus tôt.
La figure 50b montre l’évolution des pressions en fonction des déplacements
normaux aux mêmes points. Cette représentation a l’avantage de comparer les
valeurs mesurées et calculées indépendamment des décalages temporels.
On note une relative bonne corrélation entre la courbe un=f(P) mesurée et calculée
en HM1. On constate que le calcul reproduit qualitativement le synchronisme
des mesures de déplacement et de pression pendant la phase
d’augmentation de la pression et le dysynchronisme après le pic dont
l’origine a été expliquée page 52. Si la pente de la courbe un=f(P) est bien
reproduit pour HM1, la largeur calculée de la boucle d’hystérésis est légèrement
surestimée. Nous avons pu montrer [Cappa et al, 2005 (c)] que la largeur de cette
boucle est liée aux caractéristiques mécaniques de l’environnement de la fracture
instrumentée (module de Young de la roche intacte, densité et raideur des
fractures présentes à proximité).
En HM2, en cohérence avec les mesures, le dysynchronisme entre mesures de
déplacement et de pression après le pic s’atténue (on s’éloigne du point
d’injection). La pente de la courbe un=f(P) en HM2 n’est toutefois pas bien
reproduite par le calcul.
On voit donc qu’en première analyse, les résultats obtenus avec le modèle de
référence reproduisent qualitativement les mesures. On note toutefois des
écarts quantitatifs, soit sur l’amplitude des pressions ou des déplacements,
soit sur leurs évolutions au cours du temps. Cela nous a incités à étudier la
sensibilité des résultats du modèle à la variation des différents paramètres
physiques.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 75 sur 95
- a - Iso-pression hydraulique (Pa) - b – Vecteur débit (m3/s)
Point
Fracture
d’injection
R4
Figure 49 : Distribution calculée avec 3DEC des pressions hydrauliques, des débits, des
contraintes et des déplacements dans la fracture instrumentée R4 au pic de pression
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 76 sur 95
a - Evolution des pressions hydrauliques et des déplacements normaux au cours du temps
2,0E-06
140
Calcul - HM1
Calcul - HM1 Calcul - HM2
120
Pression hydraulique (kPa)
80
8,0E-07
60
40 4,0E-07
20
0,0E+00
0 2 4 6 8 10
0 2 4 6 8 10
Temps (s) Temps (s)
2,0E-06
Calcul - HM1
Calcul - HM2
1,6E-06
Mesure - HM1
Déplacement normal (m)
Mesure - HM2
1,2E-06
8,0E-07
4,0E-07
0,0E+00
20 40 60 80 100 120 140
Pression hydraulique (kPa)
Figure 50 : Evolution des pressions hydrauliques et des déplacements normaux dans la fracture
R4 au cours du temps au point d’injection (HM1) et à environ 1 m de ce point (HM2)
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 77 sur 95
P1=f(un1) kn=15 GPa/m ref P2=f(un2) kn=15 GPa/m ref
P1=f(un1) kn=20 GPa P2=f(un2) kn=20 GPa
P1=f(un1) kn=10 GPa/m P2=f(un2) kn=10 GPa
P1=f(un1) mesurée P2=f(un2) mesurée
2,4E-06
2,0E-06
Déplacement normal (m)
1,6E-06
1,2E-06
8,0E-07 k
4,0E-07
0,0E+00
0 20 40 60 80 100 120 140
Pression hydraulique (kPa)
21 Cette hétérogénéité spatiale des propriétés mécaniques dans le plan d’une fracture a maintes
fois été constatée en laboratoire [Hopkins & al, 1990] et in situ [Hakami, 1995]. On la relie à la
variation de rugosité dans le plan de la fracture et de la distribution des vides qui en résulte.
Compte tenu de la relation entre raideur et contrainte normale, il est possible qu’une part de cette
hétérogénéité provienne également d’une hétérogénéité des contraintes s’exerçant sur le plan de
fracture.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 78 sur 95
P1=f(un1) a=1e-4m ref P2=f(un2) a=1e-4m ref
P1=f(un1) a=1e-3m P2=f(un2) a=1e-3m
P1=f(un1) a=5e-5m P2=f(un2) a=5e-5m
P1=f(un1) mesurée P2=f(un2) mesurée
2,4E-06
2,0E-06
Déplacement normal (m)
1,6E-06
1,2E-06
8,0E-07
4,0E-07
0,0E+00
0 20 40 60 80 100 120 140
Pression hydraulique (kPa)
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 79 sur 95
-a- -b-
55
2,4E-06
50
Pression hydraulique (kPa)
2,0E-06
8,0E-07
30
25 4,0E-07
20 0,0E+00
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Temps (s) Temps (s)
Ceci nous incite à penser que la loi d’écoulement standard utilisée dans le code
3DEC (qui considère un écoulement laminaire entre deux plans parallèles sans
point de contact) n’est peut être pas correcte. On doit peut être considérer, en
effet, qu’une part des écarts constatés entre le résultat des calculs et les mesures
vient de la non prise en compte par le modèle de la tortuosité des écoulements
(du fait de la rugosité des épontes).
Afin de prendre en compte ce phénomène, nous avons modifié la loi d’écoulement
en introduisant un paramètre F (F>1 si les épontes sont rugueuses) 22 dans la loi
d’écoulement qui devient :
Q = -(1/12.F.µ) (a3) (∆P/L)
où Q est le débit induit par la variation de pression ∆P entre les 2 extrémités d’une
fracture de longueur L et d’ouverture hydraulique a.
Par ajustement sur des données expérimentales [Witherspoon, 1980] trouve des
valeurs de F comprises entre 1 et 1,65. Nous avons représenté (figure 54),
l’évolution temporelle des pressions hydrauliques dans la fracture R4 calculées
avec la loi modifiée pour F=2 et F=3, les paramètres du modèle restant ceux du
modèle de référence (donc en particulier a0 = 0,1 mm).
22 Ce paramètre reflète l’effet de la rugosité des épontes sur la tortuosité des écoulement.
[Gentier,2002] propose la définition suivante pour la tortuosité : « allongement des trajectoires
réelles des particules d’eau dans les interstices par rapport aux lignes de courant théoriques qui
schématisent l’écoulement convectif régi par la loi de Darcy, à travers le milieu considéré
macroscopiquement comme continu »
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 80 sur 95
-a- -b-
50 2,0E-06
45
Pression hydraulique (kPa)
40
1,2E-06
35
8,0E-07
30
4,0E-07
25
20 0,0E+00
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
Temps (s) Temps (s)
Si l’on suppose que l’ouverture de la fracture vaut a0 = 0,1 mm, il faut donc que F
soit égal à 2 pour qu’il n’y ait plus de décalage temporel en HM2 entre les
évolutions des pressions hydrauliques mesurées et calculées. F doit être égal à 3,
si l’on s’intéresse aux évolutions des déplacements normaux en HM2.
Si l’on suppose, en cohérence avec les résultats précédents, que l’ouverture de la
fracture est égale à a0 = 0,6 mm, on a pu montrer que le facteur F devait être
nettement supérieur à 10 pour obtenir un calage temporel, ce qui n’est absolument
pas réaliste. Il est donc nécessaire d’envisager d’autres pistes pour expliquer les
incohérences mise en évidence ici.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 81 sur 95
(a = a0 + ∆un) et la relation de Terzaghi entre les variations de contrainte normale
totale et effective et les variations de pression hydraulique (∆σ’n = ∆σn - ∆P). Ces
lois, dont les limites ont été soulignées par de nombreux auteurs à partir d’essais
de laboratoire (voir annexe B et C), sont pourtant encore classiquement utilisées
dans de nombreux codes de calcul.
Les expérimentations réalisées in-situ ont consisté soit à imposer une sollicitation
globale du massif (par ouverture ou fermeture d’une vanne) ayant pour
conséquence de mettre en pression l’ensemble du site et de provoquer une
variation du niveau piézométrique, soit à imposer une sollicitation plus locale dans
une fracture.
L’interprétation par modélisation numérique du premier type d’expérimentation n’a
pu être réalisée en 3 dimensions du fait des limites actuelles du logiciel 3DEC qui
ne prend pas en compte les milieux partiellement saturés. L’approche
bidimensionnelle retenue ne permet pas d’analyse temporelle précise des
écoulements du fait de la tridimensionnalité du réseau de fractures. Nous nous
sommes donc attachés principalement à l’analyse des variations de contraintes,
des pressions et des déplacements qui a conduit à la mise en évidence in situ
d’une relation entre la raideur de fracture et la contrainte normale effective et à la
nécessité de reformuler la relation de Terzaghi comme suit :
∆σ’n = ∆σn - ∆P [1-Sc(σ'n)], en faisant apparaître le terme Sc(σ'n) traduisant la
variation de la surface de contact (normalisée) de la fracture en fonction de la
contrainte normale en cohérence avec les résultats établis par
[Duveau et al., 1997] en laboratoire.
L’interprétation des essais d’injection (par palier de pression) et des essais de
pompage (par palier de débit) a pu être réalisée à l’aide d’une modélisation
hydromécanique 3D en régime hydraulique stationnaire, le milieu étant
initialement (et restant au cours de l’essai) saturé. La modélisation a permis
d’établir que les caractéristiques mécaniques n’avaient pas d’impact sur les
valeurs des pressions et des débits « stabilisés ». La détermination de l’ouverture
hydraulique de la fracture instrumentée a donc pu se faire par calage d’un modèle
purement hydraulique sur les mesures. On trouve une valeur d’ouverture de
0,6 mm dans l’intervalle des valeurs déterminées analytiquement (0,5 mm < a <
1,3 mm). Si les propriétés mécaniques semblent avoir peu d’effet sur le
comportement hydraulique dans ce cas précis, l’inverse n’est pas vrai. L’analyse
par modélisation numérique de l’impact de la variation des paramètres
hydrauliques sur les variations de contrainte et de déplacement n’est pas
totalement achevée, les conclusions précédentes concernant la relation de
Terzaghi ne peuvent donc encore être consolidées. L’analyse rapide des résultats
permet toutefois d’estimer que les raideurs normales in situ de la fracture
instrumentée valent environ 3 à 5 GPa/m.
L’interprétation des pulses-tests de courte durée a fait l’objet d’une modélisation
hydromécanique 3D en régime transitoire. Nous avons cherché cette fois-ci à
simuler le plus finement possible l’évolution de la sollicitation au cours du temps.
Celle-ci consiste à injecter rapidement (en quelques secondes) un faible volume
d’eau (environ un litre) au niveau de l’intersection de la fracture R4 avec le forage.
Dans le modèle, nous avons considéré une sollicitation (supposée équivalente)
consistant à imposer la pression induite (et mesurée) au point d’injection. La
comparaison avec les mesures montre que le modèle reproduit qualitativement les
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 82 sur 95
évolutions relatives des pressions hydrauliques et des déplacements au point
d’injection (HM1) et à une certaine distance de ce point dans la fracture R4 (HM2).
Un calage de la courbe un = f(P) sur les mesures donne une ouverture a = 0,1 mm
et une raideur kn = 15 GPa/m en HM1 (valeurs différentes de celles que l’on
obtenait précédemment par analyse des essais d’injection et de pompage par
palier). Par ailleurs, le calage donne en HM2 des valeurs de raideur plus
importantes (kn = 50 GPa/m) et d’ouverture hydraulique plus faibles (a = 5.10-5 m).
Ce résultat met en évidence l’hétérogénéité des caractéristiques mécaniques de la
fracture, et l’insuffisance d’une mesure ponctuelle de ces caractéristiques qui ne
serait pas forcément représentative.
La comparaison des évolutions temporelles mesurée et calculée met en évidence
des écarts. Une tentative de calage (en supposant la loi cubique), conduit à une
valeur d’ouverture de l’ordre de 0,08 mm. Cette valeur est très inférieure à celle
obtenue précédemment par simulation et calage des essais d’injection et de
pompage par paliers. Cela nous a conduit à remettre en cause, puis à modifier, la
loi d’écoulement utilisée dans le modèle en introduisant un coefficient prenant en
compte la rugosité de la fracture, et donc la tortuosité des écoulements (qui tend à
les ralentir). Cette loi modifiée ne permet pas toutefois d’expliquer de façon
satisfaisante les incohérences entre les valeurs d’ouverture hydraulique obtenues
après interprétation des 2 types d’essai.
Les expérimentations in situ ont été accompagnées d’essais de laboratoire sur
des échantillons de fracture (voir chapitre 2). On observe un rapport de 1 à 10
entre les valeurs d’ouverture hydraulique déterminées en laboratoire (sous très
faible contrainte normale) et celles obtenues par interprétation des
expérimentations in situ. La valeur de la raideur normale de la fracture R4 obtenue
en laboratoire vaut environ 15 GPa/ m pour une valeur de la contrainte normale
proche des conditions in situ (soit environ 0,1 MPa). Cette valeur de la raideur est
2 à 10 fois plus faible que celle obtenue par interprétation de l’expérimentation de
mise en pression globale du site par fermeture de la vanne (les valeurs initiales de
la raideur normale en 2 points de R4 valent respectivement 1,4 GPa/m (pour
σn’=0,05MPa) et 7,2 GPa/m (pour σn’=0,16 MPa). Elle serait également 3 à 5 fois
plus faible que les valeurs obtenues par interprétation des essais d’injection et de
pompage par paliers.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 83 sur 95
en choisissant de travailler dans un site dont les conditions aux limites sont
relativement simples et bien connues, en caractérisant finement la fracturation par
mesures tachéométriques, en dimensionnant au mieux les expérimentations, en
mesurant avec précision la réponse du milieu à des sollicitations bien contrôlées.
Ce travail a permis de conforter certains résultats bien établis en laboratoire, mais
peut-être pas encore assez in situ. Nous apportons également une modeste
contribution à l’évaluation des effets d’échelle (si l’on veut bien admettre que la
modélisation des expérimentations in situ est suffisamment réaliste pour que les
valeurs des paramètres du modèle obtenues par calage puissent être considérées
comme les valeurs des paramètres in situ).
La méthodologie mise en œuvre dans le cadre de ce programme de recherche
pourra s’appliquer au dimensionnement d’ouvrages spécifiques (stockage de
déchets de matière dangereuse, barrage …). Toutefois, pour certaines
problématiques, l’échelle de la modélisation est nécessairement plus importante.
Dans ce cas, il n’est plus envisageable de prendre en compte toute la fracturation
de manière explicite (pour des problèmes autant liés à la reconnaissance in situ
de cette fracturation qu’aux limites des outils de modélisation). Il est alors
nécessaire de retenir uniquement quelques fractures considérées comme
principales et d’homogénéiser si possible le reste du massif en calculant les
propriétés hydromécaniques équivalentes du milieu.
Il faut noter que pour réaliser cette homogénéisation, il reste nécessaire de
déterminer les propriétés moyennes de la fracturation. Il sera donc, dans tous les
cas, souhaitable de caractériser certaines fractures supposées représentatives.
Compte tenu des effets d’échelle, il est préférable de faire cette caractérisation à
l’aide d’une caractérisation in situ (à l’aide de la sonde amovible par exemple). A
défaut, on pourra toujours s’appuyer sur les résultats de laboratoire en supposant
une certaine réduction des raideurs normales des fractures et une augmentation
de la valeur des ouvertures hydrauliques.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 84 sur 95
7. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Le présent document a pour vocation de dresser une synthèse des travaux relatifs
au programme de recherche financé sur le BCRD, intitulé « Analyse du
comportement hydromécanique des massifs rocheux fracturés à partir d’essais in
situ et de modélisation».
Après analyse du contexte et de l’état de l’art, nous avons choisi de porter nos
efforts essentiellement sur l’amélioration de la caractérisation hydromécanique
du milieu rocheux fracturé à partir d’expérimentations in situ, en s’attachant à
quantifier les écarts avec le résultat d’une caractérisation de laboratoire sur
échantillons. Cette amélioration a été rendue possible par le développement de
nouveaux outils de caractérisation et de méthodes d’interprétation basées sur la
modélisation numérique.
Nous avons tout d’abord bénéficié de la mise au point, en collaboration avec le
laboratoire Géoscience-Azur de l’université de Nice et la société TELEMAC, d’une
sonde amovible d’auscultation du comportement hydromécanique in situ
des fractures réalisant des mesures simultanées de pression-déplacement. Les
mesures sont basées sur la technologie des capteurs à fibre optique qui
présentent un grand nombre d’avantages par rapport aux mesures classiques
(mesures plus précises et plus stables, capteurs plus petits, grande rapidité de
réponse, mesures non affectées par le champ magnétique). Le dispositif a été
validé en laboratoire et in situ.
Le site de Coaraze s’est révélé particulièrement adapté à l’étude du
comportement hydromécanique des milieux fracturés pour des raisons liées à sa
géologie et sa géométrie d’abord, mais aussi parce qu’il a fait l’objet, depuis 1997,
de nombreux travaux de thèse qui nous ont été très utiles. Dans le cadre de ce
programme, l’instrumentation déjà existante sur le site a été complétée par des
mesures faites en forage à l’aide de la sonde amovible. Deux types
d'expérimentations ont été effectués dont les objectifs sont respectivement
d’étudier le comportement hydromécanique global du massif fracturé sous
l’effet des variations de pressions « naturelles » du massif (mesures passives) et
de caractériser les fractures individuellement en les sollicitant par injection ou
par pompage (mesures actives).
Les mesures réalisées in situ ont dû être filtrées afin d’éliminer les fréquences
correspondant au bruit instrumental de chaque capteur et du système
d’acquisition. Un logiciel a été développé par Géosciences Azur, avec la
participation du doctorant de l’INERIS, permettant de lire les différents signaux
mesurés et d’appliquer différents types de filtrage selon la forme et la fréquence
du signal échantillonné.
Parallèlement, nous avons développé et utilisé la modélisation numérique pour
tenter de reproduire et d’analyser, plus en profondeur, les résultats des
expérimentations et des essais de laboratoire. Nous avons utilisé le logiciel
RESOBLOK pour représenter la géométrie du massif rocheux fracturé et les
logiciels UDEC et 3DEC pour simuler la réponse du milieu à une sollicitation
hydromécanique.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 85 sur 95
Un modèle géométrique déterministe du site de Coaraze a été construit à partir
des relevés de fracturation. Signalons à ce propos qu’une nouvelle technique de
mesure de la fracturation, basée sur l’utilisation d’un tachéomètre haute
précision, a été mise au point et évaluée. Un traitement de ces mesures a permis
de déterminer l’orientation et la position des différentes fractures. Les données de
fracturation ont permis de construire un modèle à grande échelle du site de
Coaraze dont la taille correspond à celle de la zone investiguée qui s’inscrit dans
un cube d’environ 40 m de côté. Un modèle plus petit et plus précis (cube de 6 à 8
m de côté) a également été mis au point autour de la zone d’injection pour la
simulation des essais d’injection et de pompage.
Les simulations hydromécaniques ont consisté à reproduire de la façon la plus
fidèle possible les expérimentations in situ. Elles ont conduit à une remise en
cause partielle des modèles classiques (relation deTerzaghi, loi cubique) in
situ. On a notamment :
• mis en évidence in situ, la nécessité de reformuler la relation de Terzaghi
comme suit : ∆σ’n = ∆σn - ∆P [1-Sc], où Sc est la surface de contact (normalisée)
de la fracture qui est une fonction de la rugosité de la fracture et de la contrainte
normale effective ;
• remis en cause in situ la loi d’écoulement de Poiseuille sur la base des
décalages temporels constatés entre les évolutions mesurées et calculées. Nous
avons montré qu’une modification de cette loi, en introduisant un coefficient
prenant en compte la rugosité de la fracture, et donc la tortuosité des
écoulements, permettait d’obtenir une légère amélioration des simulations. Une
amélioration de la prise en compte de la sollicitation dans le modèle (ou on
n’imposerait plus la chronique des pressions mesurées au point d’injection, mais
la chronique du débit injecté) pourrait permettre d’améliorer cette analyse et de
consolider ces conclusions.
Une caractérisation hydromécanique en laboratoire au L3S de Grenoble a
également été réalisée à partir d’échantillons de fractures de taille décimétrique
prélevés sur le site de Coaraze. L’objectif de ces essais est à la fois de déterminer
les caractéristiques hydromécaniques des fractures à l’échelle du laboratoire et
d’évaluer l’effet des paramètres morphologiques dans les lois d’écoulement, dans
le comportement mécanique ou dans les relations de couplage hydromécanique.
Cet objectif a été incomplètement atteint à échéance du programme, le travail sur
les aspects morphologiques étant toujours en cours dans le cadre d’une
collaboration avec le LAEGO. L’analyse des essais sur les joints de stratification
doit également être réalisée.
Un certain nombre de résultats a pu toutefois être mis en évidence. Ainsi, une
relation quasi linéaire entre la raideur normale de la fracture instrumentée R4
(échantillon F1) et la contrainte normale a été établie (pour 0 < σn < 100 MPa). Elle
s’explique classiquement par l’augmentation de la surface de contact de la
fracture. L’interprétation des essais hydromécaniques par modèle analytique
conduit à une valeur d’ouverture hydraulique comprise entre 0,03 mm (pour une
contrainte normale de 65 MPa) et 0,06 mm (pour une contrainte normale nulle).
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 86 sur 95
La comparaison des débits mesurés et calculés (par modélisation numérique de
l’essai) a montré qu’il était nécessaire de modifier également la relation entre
ouverture hydraulique et ouverture mécanique en introduisant un terme f pour
traduire la diminution du couplage entre ces deux ouvertures lorsque la contrainte
normale augmente (a = a0 + f.∆ ∆un , avec 0 < f < 1), et vraisemblablement
l’existence d’une ouverture résiduelle sous forte contrainte normale. La diminution
de f avec la contrainte normale est à relier à l’augmentation progressive de la
surface de contact. Ces résultats viennent confirmer des hypothèses ou des
observations déjà faites par de nombreux auteurs.
Les modélisations des essais de laboratoire et des expérimentations in situ
permettent également de préciser la valeur des ouvertures hydrauliques et des
raideurs normales des fractures et de mettre en évidence un effet d’échelle.
Sous une contrainte effective d’environ 0,1 MPa (représentative des conditions in
situ), on observe en effet un rapport de 1 à 10 entre pour les valeurs d’ouverture
hydraulique, et de 5 à 1 (environ) pour la raideur normale entre les résultats de
laboratoire et les résultats in situ. Cet effet d’échelle est assez difficile à établir
précisément, car on a pu observer in situ de fortes hétérogéneités au sein d’une
même fracture.
Parallèlement aux travaux réalisés sur le site de Coaraze, et dans un souci
d’adapter le modèle prédictif à l’objectif qu’on lui assigne et au contexte dans
lequel il devra opérer, nous avons exploré une autre approche pour décrire le
comportement hydromécanique d’un réseau de fractures. En effet, pour certaines
problématiques, l’échelle de la modélisation est nécessairement plus importante et
ne permet plus de prendre en compte l’ensemble de la fracturation de façon
explicite. On privilégie, dans ce cas, l’approche continue, qui suppose qu’à une
certaine échelle et dans certaines conditions, le milieu fracturé peut être décrit par
un milieu continu équivalent.
Pour clore cette conclusion, soulignons à nouveau les acquis de ce programme.
Ils sont de trois ordres : technologique, scientifique et méthodologique. D’un
point de vue technologique, l’apport principal a été la mise au point d’une sonde
amovible permettant de faire des mesures par fibres optiques très précises des
variations de pression et de déplacement dans une fracture. Du point de vue
scientifique, notre contribution concerne l’évaluation in situ des lois d’écoulement
et de couplage hydromécanique des fractures et la quantification d’un effet
d’échelle entre les résultats de laboratoire et les résultats in situ. D’un point de vue
méthodologique enfin, nous avons amélioré les méthodes de reconnaissance de
la géométrie des réseaux de fractures par tachéométrie et la caractérisation des
propriétés hydromécaniques des fractures in situ par une simulation numérique
précise des expérimentations.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 87 sur 95
De nombreux compléments sont bien sûr à prévoir pour consolider les
résultats présentés ici. Les résultats des essais de laboratoire n’ont pas encore
été totalement analysés. Nous souhaitons en particulier établir une relation entre
la variation de l’espace des vides de la fracture et les sollicitations
hydromécaniques imposées en s’inspirant des nombreux travaux existant sur le
sujet (citons notamment [Gentier, 2003]). Ceci devrait permettre de préciser le
sens physique des paramètres que l’on a introduit dans les lois d’écoulement et de
couplage pour améliorer la qualité des simulations. L’idéal serait ensuite de
pouvoir déterminer une relation directe (macroscopique) entre ces paramètres, la
rugosité des fractures et la sollicitation hydromécanique (σn, P).
Nous avons pas étudié dans ce programme le comportement des fractures en
cisaillement. Les sollicitations directes sur les fractures instrumentées étaient
normales, même si elles pouvait induire indirectement des sollicitions tangentielles
sur d’autre fractures avoisinantes (nous avons vu, par modélisation, le cisaillement
des joints de stratification dans le cas des pulses-test). La sonde amovible pourrait
être améliorée pour mesurer les déplacements relatifs des épontes dans toutes
les directions de l’espace (c’est envisagé) ce qui permettra d’étudier plus finement
ce phénomène en instrumentant ensuite simultanément fracture et joint de
stratification. L’interprétation de ces nouvelles mesures permettrait d’évaluer la
raideur tangentielle in situ des discontinuités et son évolution éventuelle au cours
de l’expérimentation.
Le comportement des fractures en condition non saturée pourrait également
être étudié sur le site de Coaraze puisqu’il est possible de faire varier la hauteur
du niveau piezométrique par ouverture et fermeture d’une vanne. Toutefois, ce
travail nécessiterait un complément d’instrumentation et l’amélioration préalable
des outils de modélisation.
Une suite est prévue dans le cadre le programme BCRD-DRS01-03 sur le
comportement hydromécanique des milieux poreux et fracturés (à double
porosité) qui a démarré début 2005. Afin de bénéficier pleinement des acquis,
nous avons souhaité notamment réaliser les premières expérimentations de ce
nouveau programme sur ce même site. Nous prévoyons, dans ce cadre, de
réaliser des expérimentations de durée suffisamment longue pour que les termes
d’échanges matrice/fracture soient mesurables. Dans un second temps, nous
envisageons de travailler sur un site localisé dans le grès vosgien où le contraste
de perméabilité entre matrice et les fractures (plus faible) devrait permettre de
mettre plus facilement en évidence les effets matriciels.
La présentation exhaustive de ce travail de recherche n’était pas possible dans le
cadre de cette synthèse. Des compléments pourront être trouvés dans de
nombreuses publications relatives aux différents travaux réalisés (3
publications dans des revues scientifiques internationales, 4 dans des colloques)
et également dans le mémoire de doctorat de Frédéric Cappa qui sera soutenu
très prochainement.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 88 sur 95
8. RAPPORTS ET PUBLICATIONS
Cappa F., 2003 (a): « Apport de la technologie des capteurs à fibre optique à la
mesure des paramètres Thermo-Hydro-Mécaniques dans les milieux rocheux
fracturés », rapport INERIS référencé DRS-03-46020/RN01.
Cappa F., 2003 (b): « Mise au point de mesures couplées hydro-mécaniques par
sonde amovible équipée de capteurs à fibre optique », rapport INERIS référencé
DRS-03-46020/RN02.
Cappa F., Guglielmi Y., Fénart P., Merrien-Soukatchoff V., Kadiri I., Thoraval A,
2003 : “Evaluation of coupled hydromechanical analysis of a fractured rock mass
by the multi-scale comparison between experimental and numerical modeling
datas from the Coaraze natural site”, AGU (American Geophysical Union), Fall
meeting, 8-12 December.
Cappa F., Guglielmi Y., Fénart P., Merrien-Soukatchoff V., Thoraval A., 2005 (a) :
« Hydromechanical interactions in a fractured carbonate reservoir inferred from
hydraulic and mechanical measurements», Int. J. Rock Mech. & Min. Sci., Vol. 42,
287-306.
Cappa F., Guglielmi Y., Gaffet S., Lançon H., Lamarque I., 2005 (b) : Use of fiber
optic sensors to in situ characterize highly heterogeneous deformation field elastic
changes in fractured rocks, in press for publication in the Int. J. Rock. Mech. Min.
Sc.
Cappa F., Guglielmi Y., Rutqvist J., Tsang C-F.,Thoraval A., 2005 (c) : « In situ
coupled hydromechanical behaviour of a deformable rock fracture network: field
measurements and numerical modelling”, submitted for publication in the Int. J.
Rock. Mech. Min. Sc.
Cappa F., Guglielmi Y., Gaffet S., Thoraval A., Rutqvist J., Tsang C-F., 2005 (d):
« In Situ Characterization of a Single Fracture Hydromechanical Behavior from
Hydraulic Pulse Tests coupled to Simultaneous Pressure – Normal Displacement
Measurements”, Eurock 2005, Brno, Czeck Republic, 18-20 May.
Cappa F., Guglielmi Y., Rutqvist J., Tsang C-F., Thoraval A., 2005 (e) : “In Situ
Coupled Hydromechanical Effects In An High-Permeability Deformable Fracture:
Numerical Analysis Of Pulse Test Signals”, AGU (American Geophysical Union),
Fall meeting, 5–9 December 2005, San Francisco, California, USA.
Cappa F., Guglielmi Y., Mas D., Rutqvist J, Tsang C-F, Thoraval A. (f) : “Influence
of the hydraulic diffusivity on the coupled hydromechanical effects in fracture
networks: A discrete numerical approach”, (submitted for publication to Water
Resources Research).
Guglielmi Y., Cappa F., Rutqvist J., Tsang C-F., Thoraval A., 2005 : “Experimental
And Modelling Investigation Of Direct And Indirect Hydromechanical Coupling
Effects In A Multi-permeability Fractured Aquifer”, AGU (American Geophysical
Union), Fall meeting, 5–9 December 2005, San Francisco, California, USA.
Kadiri I., 2003 : « Evaluation des codes de calculs (UDEC et 3DEC) permettant de
simuler le comportement hydromécanique des milieux rocheux fracturés -
Application au site de Coaraze », rapport INERIS référencé DRS-03-46020/RN03.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 89 sur 95
Lopez P., Buzzi O., Boulon M., Thoraval A., 2005 : “Improvement of hydro
mechanical behavior knowledge of rock joint from laboratory tests”, Eurock 2005,
Brno, Czeck Republic, 18-20 May.
Min &.Thoraval, 2004 : “Comparison of 2D and 3D approaches for the
determination of equivalent mechanical properties of fractured rock masses”,
poster présenté à Eurock2004, Potsdam, octobre.
Thoraval A., Renaud V., 2003 : “Hydro-mechanical upscaling of a fractured
rockmass using A 3D numerical approach”, Conference on Coupled T-H-M-C
Processes and Modeling of Geosystems, Stockholm, Oct. 13-15.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 90 sur 95
9. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES CONSULTEES
Alvarez Jr. T. A., Cording E. J., Milhail R. A., 1995 : “Hydromechanical behavior of
rock joints: A re-interpretation of published experiments. In J. J. K. Daemen and R.
A. Schultz (Eds.), Proceedings of the 35th US Symposium on Rock Mechanics,
pp. 665–671, Balkema, Rotterdam.
Armand, 2000 : « Contribution à la caractérisation en laboratoire et à la
modélisation constitutive du comportement mécanique des joints rocheux »,
Thèse de doctorat, Université Joseph Fourier, Grenoble.
Barker, J.A., Black J.H., 1983. Slug Tests in Fissured Aquifers. Wat. Resour. Res.,
vol. 19(6):1558-1564.
Barker, J.A., 1988. A Generalized Radial Flox Model for Hydraulic Testing in
Fractured Rock. Wat. Resour. Res., vol. 24(10):1796-1804.
Benjelloun H., 1991 : « Etude expérimentale et modélisation du comportement
hydromécanique des joints rocheux », Thèse de doctorat. Université Joseph
Fourier.
Boulon M., 1998 : “A 3-D direct shear device for testing the mechanical behaviour
and the hydraulic conductivity of rock joint”, Proc. of the MJFR-2 conf., Vienne,
Autriche, pp. 407-413, Rossmanith ed., Balkema.
Bouwer, H., and R.C. Rice. 1976. A slug test for determining hydraulic conductivity
of unconfined aquifers with completely or partially penetrating wells. Water
Resour. Res. 12, no. 3: 423-428.
Butler, J.J., Jr. 1997. The Design, Performance, and Analysis of Slug Tests. Boca
Raton, Lewis Publishers.
Cooper, H.H., J.D. Bredehoeft, and I.S. Papadopulos. 1967. Response of a finite
diameter well to an instantaneous charge of water. Water Resour. Res. 3, no. 1:
263-269.
Cornet F.H., Li L., Hulin J.P., Ippolito I., Kurowski P., 2003 : “ The
hydromechanical behaviour of a fracture: an in situ experimental case study”, Int.
J. Rock Mech. & Min. Sci., Vol. 40, 1257-1270.
Detourney E., 1980 : “Hydraulic conductivity of closed rock fracture: An
experimental and analytical study”, In Proc. 13th Canadian Rock Mechanics
Symposium, pp. 168-173.
Duveau G., Sibai M., Dunat X., Skoczylas F., Henry J.P., 1997 : « Modélisation du
comportement hydromécanique d’un joint rocheux sous contrainte normale »,
Revue française de géotechnique, n°81, 4e trimestre.
Fenart P., Guglielmi Y. & Dunat X., 2001 : “Contribution to the modelling of jointed
rock mass hydromechanical behavior”, International Congress of IRSM, 02-07
June, Espoo, Finland, p. 229-234.
Gentier, 2002 : “Fracture des les roches cristallines – Effets des déformations sur
les circulations de fluides”, Collection Sciences et Techniques de l’ANDRA,
Octobre.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 91 sur 95
Gertsch L. S., 1990 : “Changes in situ rock joint flow characteristics caused by
mechanical displacement”, Rock Mechanics Contributions and Challenges,
Hustrulid & Johnson (eds), Balkema, Rotterdam, pp 363-370.
Guglielmi, 1999 : « Apport de la mesure des couplages hydromécaniques à la
connaissance hydrogéologique des réservoirs fissurés : approche sur le site
expérimental », Habilitation à diriger des recherche, Université de Franche-Comté,
Janvier.
Hans J., 2002 : « Etude expérimentale et modélisation numérique multiéchelle du
comportement hydromécanique de répliques de joints rocheux », Thèse de
doctorat, Université Joseph Fourier, Grenoble.
Hans J., Boulon M., 2003 : “A new device for investigating the hydro-mechanical
properties of rock joints, International Journal for Numerical and Analytical
Methods in Geomechanics”, n° 27, pp. 513-548 (DOI: 10.1002/nag.285).
Hvorslev, M.J. 1951. Time lag and soil permeability in ground-water observations.
U.S. Army Corps of Engrs. Waterways Exper. Sta. Bull no. 36.
Kadiri I., 2002 : « Modélisation hydromécanique des milieux fracturés », Thèse de
Doctorat, Institut National Polytechnique de Lorraine (INPL), France, 143 p, 28
Octobre.
Kadiri I., Merrien-Soukatchoff V, Guglielmi Y., Su K., 2003 : « Measurement and
2D modeling of fluid control on the hydromechanical behavior of an fractured
reservoir”, Conference on Coupled T-H-M-C Processes and Modeling of
Geosystems, Stockholm, Oct. 13-15.
Jouanna P., 1972 : “Effet des sollicitations mécaniques sur les écoulements dans
certains milieux fissurés”, Thèse de troisième cycle, Université Paul Sabatier de
Toulouse.
Kipp, K.L., Jr. 1985. Type curve analysis of inertial effects in the response of a well
to a slug test. Water Resour. Res. 21, no. 9: 1397-1408.
Kovari K. & Bergamin St., 1994 : « Joint opening and head distribution in the
foundation rock of the Albigna gravity dam », 7th Int. IAEG Congress, Balkema,
Rotterdam, pp. 3797-3806.
Krauss, I. 1977. Determination of the transmissivity from the free water level
oscillation in well-aquifer systems. In: Morel-Seytoux, HJ, (Ed.), Surface and
Subsurface Hydrology, Proceedings of the Fort Collins Third International
Hydrology Symposium, on Theoretical and Applied Hydrology, Water Resources
Publications, Fort Colins, pp.268-279.
McElwee, C.D., and M.A. Zenner. 1998. A nonlinear model for analysis of slug-test
data. Water Resour. Res. 34, no. 1: 55-66.
Quirion M., Ballivy G., 2000 : « Instrumentation structurale avec les capteurs à
fibre optique », 7e colloque sur la progression de la recherche québécoise sur les
ouvrages d’art. Université de Laval, Québec.
Rode & al, 1990 : « Mechanical behavior of joints in cliffsand open pits”, Rock
joints, Barton & Stephanson ed., Balkema, Rotterdam, 27-33.
Rutqvist, J. 1996. Hydraulic pulse testing of single fractures in porous and
deformable hard rocks. Quaterly Journal of Engineering Geology, 29, 181-192.
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 92 sur 95
Rutqvist, J. 1995. “Determination of hydraulic normal stiffness of fractures in hard
rock from well test”, Int. J. Rock Mech. & Min. Sci., Vol. 32, 513-523.
Selvadurai A.P.S. & Nguyen T.S., 1999 : « Mechanics ans fluid transport in a
degradable discontinuity », in: Engineering Geology, 53 (1999), pp. 243-249.
Springer, R.K., and L.W. Gelhar. 1991. Characterization of large-scale aquifer
heterogeneity in glacial outwash by analysis of slug tests with oscillatory response,
Cape Cod, Massachusetts, in: U.S. Geol. Surv. Water Res. Invest. Rep. 91-
4034:36-40.
Van der Kamp, G. 1976. Determining aquifer transmissivity by means of well
response tests: The underdamped case. Water Resour. Res. 12, no. 1: 71-77.
Wang, J.S.Y, Narasimhan, T.N., Tsang, C.F., Witherspoon P.A., 1977. Transient
flow in tight fractures. Well Testing Symposium, Berkeley, 103-116.
Witherspoon P. A. Wang J. S. Y., Iwai K., Gale J. E. , 1980 : “Validity of the cubic
law for fluid flow in a deformable rock fracture”, Water Resource Research, Vol.16,
No.6, pp.1016-1024.
Note : Des références complémentaires sont données en annexes
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 93 sur 95
10. LISTE DES ANNEXES
Nombre
Repère Désignation
de pages
Annexe A Capteurs à fibre optique 7 A4
Etat de l’art concernant la caractérisation du
Annexe B 12 A4
comportement des fractures en laboratoire
Simulation de la geometrie
et du comportement hydromécanique
des fractures et des réseaux de fractures
Annexe C 9A4
Présentation des codes utilisés
dans le cadre ce programme de recherche :
RESOBLOK, UDEC et 3DEC
INERIS-DRS-05-66388/RN01
Page 95 sur 95
ANNEXE A
23 Le capteur de type Fabry-Pérot est un des capteurs à fibre optique les plus précis. Ce capteur
est un dispositif extrinsèque monté sur une fibre optique multimode de longueur donnée et soudée
par fusion dans un microcapillaire en silice fondue à l’intérieur duquel se trouve l’interféromètre de
type Fabry-Pérot. Cet interféromètre est obtenu à partir de deux fibres optiques sur lesquelles une
couche semi-réfléchissante est déposée à l’extrémité. Ainsi, la distance entre ces deux miroirs
forme la cavité Fabry-Pérot et la distance entre les deux points de soudure correspond à la
longueur de jauge. Ces deux paramètres permettent de déterminer la gamme et la sensibilité du
capteur.
24 La Diffusion Brillouin Stimulée est une propriété physique intrinsèque de la propagation de la
lumière dans la composante siliceuse de la fibre.
10 mm
Microcapillaire Microfusion
en silice (Point de soudure)
1) MORPHOLOGIQUE DE LA FRACTURE
Il existe plusieurs méthodes de mesures de la morphologie d’une surface
rocheuse :
• profilométrie : une série de profils de hauteur (x,z) est relevée sur une surface
de fracture, des données calculées peuvent être ajoutées aux données de
base par des méthodes géostatistiques [Carr, 1989], [Lopez, 2000] ;
• rugosimétrie laser : les hauteurs des points (z) sont relevées selon une grille
(x,y) souvent régulière, par une caméra qui récupère des informations d’un
faisceau laser qui se réfléchit sur la surface étudiée [Huang et al., 1992],
[Sabbatini et al., 1994], [Homand-Etienne F et al., 1999] ;
• triangulation optique : technique similaire à la précédente, à ceci près que le
point est localisé par triangulation et non par réfraction-réflexion [Schmittbuhl et
al., 1995] ;
• interférométrie : utilise les franges d’interférométrie produites entre une lumière
monochromatique et laser lorsqu’elles sont réfléchies depuis une surface
rugueuse [Hung Yau, 1978].
La rugosimétrie laser fonctionne bien sur des surfaces dont les propriétés optiques
sont constantes, et quand la réfraction est uniforme sur toute la surface. Si les
propriétés optiques varient sur la surface, les deux autres méthodes sont
conseillées. La méthode de triangulation optique a l’avantage de relever
directement sur la fracture la totalité de l’information nécessaire, contrairement à
la profilométrie.
L’analyse des données peut être conduite ensuite par différentes méthodes.
L’approche la plus simple consiste à calculer des coefficients de rugosité [Gentier,
1986], parmi lesquels on trouve le coefficient JRC (Joint Roughness Coefficient)
défini par [Barton, 1971]. Pour une approche plus descriptive [Gentier, 2002]
distingue : les méthodes statistiques ou géostatistiques [Wu et Ali, 1978] ; les
méthodes spectrales [Brown et Scholz, 1985], [Kecili,1998] ; les méthodes
fractales [Brown, 1987]. On peut retenir en particulier les travaux suivants :
• [Gentier, 1986] fait une analyse géostatistique de la morphologie des épontes.
Elle montre que la topographie des épontes peut être assimilée à une
superposition de plusieurs familles de structures caractérisées chacune par un
palier et une portée en termes géostatistiques ;
• le LAEGO [Belem et al., 2000] a développé une approche basée sur la
généralisation à des surfaces des paramètres morphologiques 2D : RL
(coefficient de rugosité linéaire) ; Z2 (racine carrée de la moyenne quadratique
de la dérivée première du profil) ; θp (angularité de profil). Pour quantifier la
rugosité, des paramètres 3D basés sur l’estimation des aires vraies des
surfaces ont été proposés. Le caractère fractal des surfaces a été abordé dans
ces descriptions ;
• [Lopez, 2000, 2003]25 a étudié une vingtaine de facteurs morphologiques et a
établi que seuls quatre facteurs (RL, θp, Z3, Z4) ont des valeurs qui dépendent
de la direction de mesure.
Peu d’études ont été faites sur l’influence de la taille de la surface de la fracture
sur sa « rugosité ». [Barton & Bandis, 1982] proposent une relation pour estimer le
JRC sur une longueur quelconque, connaissant le JRC mesuré sur une longueur
donnée.
En plus de la rugosité des épontes, il peut être nécessaire de déterminer la
géométrie des vides de la fracture. Cette géométrie peut être obtenue soit par
reconstruction à partir de l a connaissance de la géométrie de chacune des
épontes (cela nécessite de connaître avec une grande précision la position
relative des 2 épontes), soit directement par moulage des vides [Gentier et al,
1989]. Une synthèse des différentes techniques de cartographie des vides a été
proposée par [Hakami,1995].
Ces études amènent à définir les concepts d’ouverture mécanique et d’ouverture
hydraulique. [Gentier et Wojkowiak, 1987] proposent une estimation de l’ouverture
mécanique moyenne comme la différence entre les hauteurs moyennes définies
sur chacune des épontes. L’ouverture hydraulique « moyenne » a souvent été
déduite d’essais de laboratoire en faisant l’hypothèse de la validité de la loi
cubique pour décrire les écoulements. Des relations ont également été proposées
pour relier l’ouverture hydraulique « a » et mécanique «un » [Barton et al,1982]
(a = un2/JRC2.5), [Elliot et al, 1985], ou les variations d’ouverture hydraulique et
mécanique [Detournay, 1979] (∆a = f. ∆un, où f26 est un facteur reflétant la rugosité
des épontes de la fracture et la tortuosité des écoulements).
25Cette étude est limitée à un seul échantillon de fracture (90 cm) d’un seul type de roches (massif
granitique fracturé de Guéret, Massif Central, FRANCE).
26 Le paramètre f est souvent relié à un autre paramètre F (f=1/F1/3) intervenant dans la loi
d’écoulement (voir plus loin).
Dans certains cas, il apparaît que la fermeture d’une fracture sous contrainte
normale est un phénomène plutôt réversible qui n’entraîne pas de dégradation des
épontes de la fracture (tant que le niveau de sollicitation n’est pas trop élevé et
selon la nature des épontes et du remplissage).
Le déplacement de la fracture sous l’effet d’une sollicitation tangentielle (parallèle
au plan de fracture) dépend de la rugosité de la fracture et de la contrainte
normale (contrainte de confinement) appliquée [Barton et al, 1985]. Sous faible
confinement, le cisaillement induit un déplacement relatif normal des épontes
(dilatance) lié à la rugosité de la fracture.
Le comportement en cisaillement d’une fracture (toujours sous contrainte normale)
apparaît comme un phénomène parfois irréversible, même pour des contraintes
de cisaillement faibles. Celui-ci est fortement influencé par la rugosité des épontes
de la fracture qui est « réduite » sous l’effet d’un cisaillement [Belem, 1997].
Les modèles de comportement mécanique développés pour les fractures
combinent l’approche empirique (calage sur des données expérimentales) et
théorique (modèles conceptuels). Une synthèse des différents modèles existant
est proposée par [Ohnishi et al, 1996]. Parmi les modèles empiriques, on trouve le
modèle de Goodman [1976] et le modèle de Barton-Bandis [1985], parmi les
modèles théoriques celui d’Amadéi-Saeb [1990], de Plesha [1987] et de Jing
[1990].
Des auteurs comme Barton et Choubey [1977] puis Barton et Bandis [1990]
intègrent explicitement un paramètre morphologique (JRC : Joint Roughness
Coefficient) dans une loi de comportement. Le défaut de cette approche est qu’elle
n’est qu’en partie morphologique et demeure surtout mécanique (résistance et
comportement en cisaillement).
Ladanyi et Archambault [1969] font intervenir la morphologie de la fracture sous
une forme indirecte et intéressante : l’aire d’aspérités cisaillées. Cependant, c’est
également un modèle reproduisant uniquement la résistance au pic. De plus, la
méthode de calcul des aires cisaillées est empirique (elle ne procède pas d’un
modèle phénoménologique).
Des essais de cisaillement à contrainte normale imposée, effort normal et rigidité
normale constants ont été réalisés au LAEGO sur des fractures naturelles et
artificiels avec comme objectif principal d’évaluer le rôle de la nature de la fracture,
du type de la morphologie et du chemin de sollicitation sur le mécanisme de
dégradation des épontes [Belem 1997, Lefêvre 1999, Homand et al., 2001]. Pour
quantifier la dégradation des épontes de la fracture après cisaillement, un
paramètre de dégradation est défini à partir des aires vraies des épontes
cisaillées. Ce paramètre est accompagné d’un coefficient donnant le taux de
dégradation de la surface. Des essais mécaniques de cisaillement suivant
différents chemins (contrainte normale constante ou raideur normale constante)
sur des joints de différentes morphologies ont permis d'élaborer un critère de
résistance au cisaillement maximal, formulé en fonction des irrégularités
surfaciques.
3) ECOULEMENT DANS UNE FRACTURE
La complexité de la géométrie du domaine d’écoulement rend impossible une
résolution analytique et difficile une résolution numérique des équations de Navier
Stockes qui gouvernent la dynamique des écoulements.
La formulation des écoulements se base souvent sur la loi cubique
(Q = a3/(12µ) . ∆p/∆x , où a est l’ouverture hydraulique, µ = 10-3 Pa.s est la
viscosité dynamique de l’eau à 20°, ∆p/∆x le gradient de pression du fluide dans la
direction de l’écoulement) qui est une simplification de ces équations reposant sur
les hypothèses que l’écoulement est laminaire, permanent et isotherme, et que le
fluide est incompressible et qu’il s’écoule entre deux plans parallèles.
Ces hypothèses ne sont évidemment pas respectées. En effet, les épontes d’une
fracture présentent une rugosité plus ou moins importante qui se traduit par des
contacts entre les deux plans et une chenalisation de l’écoulement (qui s’accentue
sous l’effet de la contrainte normale). Plus la fracture est rugueuse, plus la
conductivité hydraulique est faible.
Louis [1967, 1974] est un des précurseurs de la complexité de l’écoulement dans
les fractures rocheuses. Il définit des domaines d’écoulement dans la fracture en
fonction du régime d’écoulement, caractérisé par le nombre de Reynolds (Re = V
Dh ρ / µ, où V est la vitesse moyenne dans la fracture et Dh le diamètre hydraulique
de la fracture) et la rugosité relative (Rr = k/Dh où k est la hauteur moyenne des
aspérités de la fissure), dans lesquels l’expression du débit est donné dans la
figure B1.
Figure B1 : Domaines d’écoulement dans les fractures définis par Louis (1974)
en fonction de la rugosité et de la turbulence
Witherspoon [et al, 1980] remarquent, dans le cas du marbre, une limitation de la
loi cubique quand les ouvertures de fracture sont faibles. Engelder et Scholtz
[1981] constatent, à partir d’essais sur une quartzite, que la loi cubique n’est pas
valide quand les débits et/ou les ouvertures sont faibles. Raven et Gale [1985]
trouvent des écarts par rapport à la loi cubique, pour des échantillons de granite,
quand les contraintes normales appliquées sont fortes et quand la taille de
l’échantillon augmente.
Des travaux ont été réalisés au LAEGO [Crosnier et al., 2000 ; Crosnier, 2001]
concernant la simulation expérimentale27 et numérique des écoulements d’eau
dans des fractures uniques à géométrie radiale afin d’analyser l’influence de la
rugosité et de l’ouverture de la fracture sur le champ des vitesses et des pertes de
charges de l’écoulement radial. La cohérence des résultats expérimentaux et
numériques a été démontrée pour des morphologies idéalisées. Il reste à présent
à étudier les écoulements dans une fracture unique et isolée à géométrie radiale
comportant une rugosité complexe.
[Witherspoon et al,1980] a proposé une modification de la loi cubique en
introduisant dans l’équation d’écoulement un facteur F (égal à 1/ f3, où f est le ratio
de la variation d’ouverture hydraulique et mécanique) comme suit :
Q = a3/(12Fµ) . ∆p/∆x.
D’autres auteurs ont étudié le phénomène de chenalisation qui est l’expression de
l’anisotropie de l’écoulement dû au comportement mécanique. Ce phénomène a
été mis en évidence [Gentier,1986] en injectant un fluide au centre de la fracture
et en mesurant le débit dans plusieurs secteurs angulaires en sortie des
échantillons. D’un point de vue conceptuel, la carte des vides de la fracture est
transformée en un réseau de chenaux (à l’aide d’un algorithme de morphologie
mathématique approprié) et l’écoulement est alors calculé dans un réseau
d’éléments monodimensionnels en supposant, soit une relation linéaire, soit une
relation cubique entre la transmissivité et la section des chenaux [Billaux &
Gentier, 1990] (expérimentalement la relation linéaire reproduit mieux les
observations).
27 Les expériences vise à étudier des écoulements radiaux confinés entre deux disques parallèles
représentant un modèle physique de fracture. Des disques en Plexiglas de 800 mm de diamètre
sont placés horizontalement dans un bac. La distance entre les deux plaques peut être réglée de
5 mm à 5 cm. La surface du disque inférieur en contact avec l’écoulement est lisse tandis que
celle du disque supérieur peut comporter une rugosité modélisée par des cavités annulaires,
concentriques, de section carrée de 5 mm sur 5 mm et espacées avec un pas de 5 mm. Une
technique de mesure, l’anémométrie laser à effet Doppler, permet de mesurer les vitesses de
l’écoulement qui s’établit entre les deux disques parallèles.
Ce coefficient a été mesuré expérimentalement. Des valeurs faibles (de l’ordre de
0,5) ont été mesurées dans le cas de fractures très rugueuses.
[Duveau et al, 1997] ont montré, à partir d’essais réalisés sur des fractures de
granite ou de marbre, que ce coefficient β doit être lié à Sc la surface de contact
(normalisée) de la fracture : β = 1 – Sc (cette surface Sc étant une fonction de la
contrainte normale effective σ'n).
[Gentier, 2002] souligne qu’une modélisation précise du comportement
hydromécanique d’une fracture sous contrainte normale nécessite à la fois la prise
en compte de la géométrie de l’espace des vides de la fracture (avec les
complexités liées à la variation rapide des ouvertures d’un point à l’autre et à la
tortuosité des écoulements) et sa variation sous l’effet de l’application de la
contrainte normale. Il apparaît que la répartition des zones en contact et leur
surface totale jouent un rôle primordial dans la réponse hydromécanique.
Le comportement hydromécanique d’une fracture en cisaillement a également été
étudié expérimentalement [Gentier et al., 1997], [Flamand, 2000], ], [Lee et al.,
2001], [Olsson et al., 2001], [Esaki et al, 1995]. Ces auteurs constatent
successivement au cours du cisaillement que la conductivité hydraulique des
fractures diminue suite au ré-emboîtement de ces épontes des fractures,
augmente significativement ensuite (sous faible contrainte normale), puis diminue
à nouveau si le cisaillement est important ou répété. Il apparaît en effet que la
dégradation des surfaces de contact réduit la conductivité hydraulique de la
fracture [Bandis et al., 1983 ; Makurat, 1990]. Pour les essais réalisés, cette
réduction peut atteindre 90 % de la conductivité initiale (les débris provenant de la
rupture des aspérités viennent colmater l’espace des vides). Quand la contrainte
normale décroît, la dégradation des aspérités et l’effet de colmatage diminuent au
profit du phénomène de dilatance qui augmente. La conductivité hydraulique de la
fracture a alors tendance à augmenter [Barton et al., 1985]. Il apparaît également
[Lamontagne, 2000] que l’écoulement s’oriente préférentiellement selon la
direction perpendiculaire à la direction de cisaillement. Pour de grands
déplacements tangentiels (de l'ordre de 5 mm pour des échantillons de 90 mm),
l'écoulement se fait selon un seul chenal, perpendiculaire à la direction de
déplacement. On doit s’interroger toutefois sur l’effet du dispositif de mesure
(injection centrale) sur ce résultat.
5) REFÉRENCES
Amadei B., Saeb S., 1990 : “Constitutive models of rock joints”, In : rocks Joints
(Barton & Stephansson Eds.), Balkema, Rotterdam.
Armand G., 2000 : « Contribution à la caractérisation en laboratoire et à la
modélisation constitutive du comportement mécanique des joints rocheux »,
Thèse de doctorat, Université Joseph Fourier, Grenoble.
Bandis, S. C., Lumsden, A. C., Barton, N., 1983 : « Fundamental of rock joint
deformation », Int. J. Rock Mech. Min. Sci. & Geomech. Abstr., Vol. 20, pp. 249 –
268.
Barton, N., 1971 : “A relationship between joint roughness and joint shear
strength”, In: Proceeding Of Int. Sympothium for rock Mechanics, Nancy, 1971,
Paper 1 :8.
Barton, N., Bandis, S., Bakhtar, K., 1985 : « Strength, deformation and
conductivity coupling of rock joints », Int. J. Rock Mech. Min. Sci. & Geomech.
Abstr., Vol. 22, n°3, pp 121 – 140.
Barton N., Bandis S., 1982 : “Effect of block size on the shear behaviour of jointed
rock – a keynote lecture”, In. Proc. 23th U.S. rock mechanics symp., Berkeley,
California, p. 739-760.
Barton N., Bandis S., 1990 : “Review of predictive capabilities of JRC-JCS model
in engineering practice”, Rock Joints, Barton & Stephansson (eds), Balkema,
Rotterdam, pp. 603-610.
Barton N., Choubey V., 1977 : “The shear strength of rock joints in theory and
practice”, Rock mechanics 10, pp. 1-54.
Olsson R., Barton N., 2001 : « An improved model for hydromechanical coupling
during shearing of rock joints », International Journal of Rock Mechanics & Mining
sciences, n°38 (2001), 317-329.
Benjelloun H., 1991 : « Etude expérimentale et modélisation du comportement
hydromécanique des joints rocheux », Thèse de doctorat. Université Joseph
Fourier.
Belem T., 1997 : “Morphologie et comportement mécanique des discontinuités
rocheuses », Thèse INPL, Nancy, France, 220p.
Belem T., Homand-Etienne F., Souley M., 1997 : “Fractal analysis of shear joint
roughness”, Int. J. Rock Mech. & Min. Sci., Vol. 34, 3-4, Page 395.
Belem T., Homand-Etienne F., Souley M., 2000 : “Quantitative parameters for rock
joint surface roughness », Rock Mechanics and Rock Engineering, Vol 33, n°4,
pp.217-242.
Billaux et Gentier, 1990 : “Numerical and laboratory studies of flow in fracture”, In :
“Rock Joints”, Loen, Norway, 1990, N. Barton and O. Stephansson (Eds.),
Balkema, pp. 369-373.
Boulon M., 1998 : “A 3-D direct shear device for testing the mechanical behaviour
and the hydraulic conductivity of rock joint”, Proc. of the MJFR-2 conf., Vienne,
Autriche, pp. 407-413, Rossmanith ed., Balkema.
Brown S.R., 1987 :” Fluid flow through rock joint : the effect of surface roughness”,
J. of geophys. Res, 92 (B2), p.1337-1347.
Brown S.R., Scholz C.H., 1985 :” Broad bandwidth study of the topography of
natural rock surface”, J. of geophys. Res, 90 (B14), p.12,575-12,582.
Carr J. R., 1989 : “Fractal Characterization and Joint Surface Roughness in
Welded Tuff at Yucca Mountain” , Nevada, Proc. 30th U.S. Symp., Rock
Mechanics, Morgantown, West Virginia, ed., A. W. Khair, Balkema, Rotterdam, pp.
193-200.
Crosnier S., Chevalier S., Buès M.A. 2000 : “Relevance of cubic law to describe
the flow in a radial fracture model”, - International Conference on “Computer
Methods for Engineering in Porous Media Flow and Transport”, p. 89, 10-13 July,
Besançon.
Crosnier S., 2001 : « Ecoulement dans une fracture de géométrie radiale -
Influence d’une rugosité périodique », Thèse de Doctorat de l’INPL, Octobre 2001.
Detournay E., 1979 : « The interaction of deformation and hydraulic conductivity in
rock fracture - An experimental and analytical study”, In: Improved stress
determination procedures by hydraulic fracturing: final report, Minneapolis,
University of Minnesota, vol. 18, 47 p.
Duveau G., Sibai M., Dunat X., Skoczylas F., Henry J.P., 1997 : « Modélisation du
comportement hydromécanique d’un joint rocheux sous contrainte normale »,
Revue française de géotechnique, n°81, 4e trimestre.
Elliot G.M., Brown E.T., Boodt P.I., Hudson J.A., 1985: “Hydromechanical
behaviour of joints in the Carnmenellis granite, S.W. England. – A keynote
lecture”, In: Proc. int. symp. on foundamentals of rock joints, Bjorkliden, 1985,
Balkema, p. 249-258.
Engelder T. et Scholtz C.H., 1981 : “Fluid flow along very smooth joints at effective
pressure up to 200 MPa”, In: Mechanical behaviour of crustal rocks, American
geophysics union, monograph 24, pp. 147-152.
Esaki T., Nakahara K., Jiang Y., Mitani Y., 1995 :” Effects of preceding shear
history on shear-flow coupling properties of rock joints“, In Mechanics of jointed
and faulted rock (MJFR2), Rossmanith (ed.), Balkema, Rotterdam, p. 501-506.
Flamand R., 2000 : « Validation d’une loi de comportement mécanique pour les
fractures rocheuses en cisaillement », Thèse de doctorat, Université du Québec à
Chicoutimi (Canada), 470 p.
Fourar M., Bories S. (1995) : “Experimental Study of Air-Water Two-Phase Flow
Through a Fracture”, International Journal of Multiphase Flow, Vol. 21, No. 4, pp.
621-637.
Gale J. E., MacLeod R. et Le Messurier P., 1990 : « Site characterization and
validation. measurement of flowrate, solute volocities and aperture-variation in
natural fractures a function of normal and shear stress”, stage 3. Technical Report
Stripa project 90-11.
Gentier, S., 1986 : « Morphologie et comportement hydromécanique d'une fracture
naturelle dans le granite sous contrainte normale », Thèse de Doctorat, Université
d'Orléans, 2 Vol.
Gentier, S., Billaux D., 1989 :”Caractérisation en laboratoire de l’espace fissural
d’une fracture », In: « Rock at Great depth », Pau, France, 1989, V.Maury and M.
Fourmaintraux (Eds), balkema, pp 425-431.
Gentier S., Lamontagne E., Archambault G., Riss J., 1997 : « Anisotropy of flow in
a fracture undergoing shear and its relationship to the direction of shearing and
injection pressure », Int. Journal of Rock Mechanics and Mining Sciences 34
(1997), p 412.
Gentier S., Riss J., Hopkins D., Lamontagne E., 1998 : “Hydromechanical
behavior of a fracture: How to understand the flow paths”, Mechanics or Jointed
and Faulted Rock, Rossmanith (ed.), Balkema, Rotterdam, pp. 583-588.
Gentier, 2002 : “Fracture des les roches cristallines – Effets des déformations sur
les circulations de fluides”, Collection Sciences et Techniques de l’ANDRA,
Octobre.
Gentier S., Wojtkowiak F., 1987 : “Laboratoire souterrain dans le granite de
Tenelles, mine de Fanay (Haute-Vienne). Expérience thermo-hydro-mécanique
(THM). Etude expérimentale en laboratoire de la morphologie de surface et du
comportement mécanique sous contrainte normale de cinq fractures naturelles »,
Rapport BRGM-CEA 87 SGN 541 ST,32 p.(+annexes).
Gertsch L. S., 1990 : “Changes in situ rock joint flow characteristics caused by
mechanical displacement”, Rock Mechanics Contributions and Challenges,
Hustrulid & Johnson (eds), Balkema, Rotterdam, pp 363-370.
Goodman R.E., 1976 : “Methods of geological engineering in discontinuous rocks”,
West Publishing company, San Francisco.
Hakami E., 1995 : “Aperture distribution of rock fractures”, Doctorat thesis, Royal
institute of technology, Stockholm, 20 p. + appendice.
Hans J., 2002 : « Etude expérimentale et modélisation numérique multiéchelle du
comportement hydromécanique de répliques de joints rocheux », Thèse de
doctorat, Université Joseph Fourier, Grenoble.
Hans J., Boulon M., 2003 : “A new device for investigating the hydro-mechanical
properties of rock joints, International Journal for Numerical and Analytical
Methods in Geomechanics”, n° 27, pp. 513-548 (DOI: 10.1002/nag.285).
Homand-Etienne F., Lefèvre F., Belem T., Souley M., 1999 : « Rock joint
behaviour under cyclic direct shear tests », Rock Mechanics for industriy, Amadei,
Kranz, Scott Smealie (eds), Vol. 2, Balkema: Rotterdam, 399-406.
Homand-Etienne F., Belem T., Souley M., 2001 : “Friction and degradation of rock
joint surfaces under shear loads”, International journal for numerical and analytical
methods in geomechanics, pp. 973-999.
Huang S. L., Oelfke S. M., Speck R. C., 1992 : “Applicability of fractal
characterization and modelling to rock joint profiles”, Int. J. Rock Mech. Min. Sci. &
Geomech. Abstr., Vol. 29, 2, pp. 89-98.
Hung Yau Y., 1978 : “Displacement and strain measurement”, Academic Press,
New York, Speckle Metrology, pp. 51-72.
Jing L., 1990:” Numerical modelling of jointed rock masses by distinct elements
method for two and three-dimensional problems”, Ph.D. Thesis, Lulea University of
Technology.
Jouanna P., 1972 : “Effet des sollicitations mécaniques sur les écoulements dans
certains milieux fissurés”, Thèse de troisième cycle, Université Paul Sabatier de
Toulouse.
Keceli Laouafa S., 1998 : « Caractérisation de la morphologie des discontinuités
rocheuses », Thèse de l’Ecole nationale supérieure des Mines de Paris, 218p.
Kovari K. & Bergamin St., 1994 : « Joint opening and head distribution in the
foundation rock of the Albigna gravity dam », 7th Int. IAEG Congress, Balkema,
Rotterdam, pp. 3797-3806.
Ladanyi B. & Archambault G., 1969 : “Simulation of shear behavior of a jointed
rock mass”, 11 th Symposium on rock mechanics, Université de Californie,
Berkeley, Californie, pp. 105-125.
Lamontagne E., 2000 : « Etude hydromécanique d’une fracture en cisaillement
sous contrainte normale constante », Thèse de doctorat, université du Québec à
Chicoutimi (Canada), 480 p.
Lee H. S, Park Y. J., Cho T.F., You K.H., 2001 : “Influence of asperity degradation
on the mechanical behavior of rough rock joints under cyclic shear loading”,
International Journal of Rock Mechanics & Mining Sciences, vol. 38, pp. 967-980.
Louis C., 1974 : « Introduction à l’hydraulique des roches », Bull, BRGM deuxième
série, Sect. III, n°4, pp. 283-356.
Louis C., 1967 : « Étude des écoulements d’eau dans les roches fissurées et de
leur influence sur la stabilité des massifs rocheux », Thèse doctorale de
l’Université de Karlsruhe.
Lopez P., Riss J., Archambault G., 2003 : “An experimental design to link
morphology to the shear mechanical behaviour of fracture surfaces” , Int. J. Rock
Mech. Min. Sci. Vol. 40, n°6, pp. 947-954.
Lopez P.,2000 : « Comportement mécanique d’une fracture en cisaillement :
analyse par plan d’expériences des données mécaniques et morphologiques
connues sur une fracture », Thèse de Doctorat de l’Université Bordeaux 1
(France) et de Ph. D. de l’Université du Québec à Chicoutimi (Canada), 401 p.
Maerz N. H., Franklin J. A., Bennett C. P., 1990 : “Joint roughness measurement
using shadow profilometry”, Int. J. Rock Mech. Min. Sci. & Geomech. Abstr.,
Pergamon Press plc, Vol 27, No 5, pp. 329-343.
Makurat A., Barton N., Rad N.s., 1990 : « Joint conductivity variation due to
normal and shear deformation », from the proceeding of Int. Symp. on Rock Joints
(Barton and Stephansson, Eds), Loen, pp 535-540, Balkema.
Ohnishi, 1996 : “Constitutive models for rock joints”, In : “Coupled Thermo-hydro-
mechanical processes of fractured media”, Developments in goetechnical
engineering, O. Stephansson, L. Jing and C.F. Tsang (Eds.), vol. 79.
Olsson R., Barton N., 2001 : “An improved model for hydromechanical coupling
during shearing of rock joints”, Internal Journal of Rock Mechanics & Mining
Sciences, vol. 38, pp. 317-329.
Plesha M.E., 1987 :” Constitutive models for rock discontinuities with dilatancy and
surface degradation”, In: Int. J. Num. Analy. Methods in Geomech., 11, 345-362.
Raven K.G, GaleJ.E., 1985 : “Water flow in a natural rock fracture as a function of
stress and sample size”, International Journal of Rock Mechanics & Mining
Sciences, 22: 251-261.
Rode & al, 1990 : « Mechanical behavior of joints in cliffsand open pits”, Rock
joints, Barton & Stephanson ed., Balkema, Rotterdam, 27-33.
Sabbadini S., 1994 : “Etude et influence de la morphologie des épontes sur le
comportement mécanique des joints rocheux naturels et artificiels », Thèse INPL,
Nancy, France, 180p.
Sabbadini et al., 1995 : « Fractal and géostatistical analysis of rock joints
roughness before and after shear tests”, Proc. 2nd Int Conf. On Mech. of Jointed &
Faulted Rocks, Vienna, Rossmanith (ed), Balkema, Rotterdam, pp. 535-541.
Schmittbuhl J., Schmitt F., Scholtz C., 1995 : “Scaling invariance of crack
surfaces”, Journal of Geophysical Research, Vol. 100, No B4, American
Geophysical Union, pp. 5953-5973.
Walsh J.B., 1981 : “Effect of pore pressure and confining pressure on fracture
permeability”, Int. J. Rock. Mech. Min. Sci. Geomech. Abstract, 15, p.131-133.
Witherspoon P. A. Wang J. S. Y., Iwai K., Gale J. E. , 1980 : “Validity of the cubic
law for fluid flow in a deformable rock fracture”, Water Resource Research, Vol.16,
No.6, pp.1016-1024.
Wu T.H., Ali E.M., 1978 : “Technical note : Statistical representation of joint
roughness“, Int. J. Rock. Mech. Min. Sci., 15, p.259-269.
Xie H., Wang J.-A., Kwasniewski M. A., 1999 : “Multifractal characterization of rock
fracture surfaces”, Int. J. Rock Mech. Min. Sci. Vol. 36, pp. 19-27.
ANNEXE C
SIMULATION DE LA GEOMETRIE ET DU
COMPORTEMENT HYDROMECANIQUE DES
FRACTURES ET DES RESEAUX DE FRACTURES
28 BSA (Bloc Stability Analysis) est un module « aval » de RESOBLOK qui permet d’analyser la
stabilité des blocs recoupés par excavation [Asof M., 1991]. Les blocs sont considérés comme
rigides et l’analyse, basée sur l’algorithme de Warburton [1981], est effectuée en deux étapes. Tout
d’abord, BSA identifie les blocs déplaçables d’un point de vue géométrique (blocs en contact avec
l’excavation non encastrés dans le massif). Ensuite, BSA réalise l’analyse mécanique, basée sur
un calcul à l’équilibre limite (critère de Mohr-Coulomb), et détermine le type de rupture potentielle
Ce logiciel a donné lieu à de nombreuses applications [Korini T. et al, 1993],
[Merrien-Soukatchoff V. et al, 1996], [Crassoulis G , 2001], [Thoraval, 2005].
Des travaux, réalisés partiellement dans le cadre des programmes européens, ont
conduit au développement d’un deuxième générateur prenant en compte la
longueur des fractures.
(chute libre, glissement plan ou dièdre) et le facteur de sécurité associé. Il est possible de préciser
le nombre d’itérations souhaité pour détecter des blocs instables qui ne seraient pas initialement
en contact avec l’excavation. Pour tenir compte d’un renforcement du milieu rocheux fracturé par
boulonnage, des paramètres supplémentaires sont introduits pour spécifier la longueur, la
localisation et la résistance des boulons.
UDEC et 3DEC proposent également plusieurs modèles de comportement
mécanique pour les joints : élasticité linéaire perpendiculairement aux épontes et
élasto-plasticité en cisaillement, évolution des raideurs en fonction de la contrainte
normale (dans une gamme de valeurs à définir), endommagement continu des
joints (relation empirique).
où Q est le débit induit par la variation de pression ∆P entre les 2 extrémités d’une
fracture de longueur L et d’ouverture hydraulique a.
où :
1 HM cycle
New hydraulic aperture a :
a = a0 + ∆un (Eq. C2) + F ip
(Eq. C4b)
New external
applied loads
forces Fil
Des travaux réalisés par l’INERIS ont permis de vérifier le bon fonctionnement de
3DEC pour les écoulements en régime stationnaire [Thoraval, 2003] et en régime
transitoire [Kadiri, 2003].
Un certain nombre de vérifications supplémentaires, basées sur l’inter-
comparaison des différents algorithmes disponibles (en mode compressif ou
incompressif), ont précisé les conditions d’utilisation du module hydro-mécanique
des codes UDEC et 3DEC. Il apparaît que :
• l’algorithme de l'écoulement en mode de calcul incompressif n’est pas
opérationnel dans la version 3.00.088 du code 3DEC. Il est donc
recommandé d’utiliser systématiquement le mode de calcul compressif. Les
calculs hydrauliques ou hydromécaniques avec 3DEC sont limités aux
situations d’écoulement en milieux saturés. Aucune surface libre
(caractérisant l’interface entre le milieu saturé et le milieu non-saturé) ne peut
être modélisée avec ce code ;
• le code UDEC fonctionne en mode saturé ou « partiellement saturé »29 (ce
code permet donc de simuler des surfaces libres). Dans le cas saturé, les
calculs en mode incompressif surestiment les temps d’équilibre hydraulique.
Dans le cas où le milieu modélisé est « partiellement saturé » (c’est le cas du
site de Coaraze), les calculs en mode compressif et incompressif donnent les
mêmes résultats ; les temps de calcul sont toutefois significativement plus
faibles en mode incompressif.
Les publications relatives aux logiciels UDEC et 3DEC sont en ligne dans le site
web : http://www.itascacg.com. Les applications hydromécaniques du logiciel
3DEC encore peu nombreuses, on peut citer les travaux de [Damjanac, B., et al.,
2000] qui décrivent les performances du logiciel 3DEC à la simulation des
écoulement dans des milieux fracturés, [Hosni & al, 2003] qui visent à qualifier les
effets d’une l’injection d’eau dans les puits géothermiques de Soultz-sous-Forêts,
ceux de [Mas Ivars, 2004] qui visent à quantifier l’impact du choix de la loi de
comportement mécanique des fractures sur l’importance des débits entrant dans
une cavité souterraine.
2.3) Modifications faites dans les logiciels UDEC et 3DEC
Suite à la synthèse bibliographique sur les expérimentations hydromécaniques sur
les fractures en laboratoire (voir annexe B), nous avons souhaité modifier la loi
d’écoulement (éq. C1), ainsi que les lois de couplage hydromécanique explicitées
dans les équations (éq. C2) et (éq. C4).
Les modifications proposées s’inspirent en particulier des travaux de [Detournay et
al, 1980], [Witherspoon et al,1980], [Duveau et al, 1997] (voir annexe B) et
consistent aux reformulations suivantes :
Q = -(1/12.F.µ) (a3) (∆P/L) F>1 (éq. C5)
a = a0 + f.∆un 0<f<1 (éq. C6)
∆σn′ = ∆σn - β.∆P 0<β<1 (éq. C7)30
29Concernant la modélisation HM en milieu non-saturé, il faut préciser que nous avons utilisé le
module standard (le seul disponible à cette date) à une pression (liquide) et sans effets capillaires.
Dans ce cas, la resaturation ou la désaturation du massif est entièrement gouvernée par la gravité.
30 Du point de vue de l’implantation, la modification de l’équation C4 consiste à considérer que le
terme relatif aux forces de pression devient une fonction de β : Fip = Σfp ou fp = βP/ℓ (voir figure
C1)
Ces coefficients pourraient être reliés à la surface de contact (normalisée) Sc, où à
la surface d’écoulement (normalisée) Se = 1-Sc. selon les équations β = Se et
f = Se et également être reliés entre eux selon l’équation F = 1/f3. On a choisi
toutefois de ne pas expliciter ces relations dans le code. Ces différents paramètres
restent indépendants les uns des autres, l’utilisateur en fixant la valeur (les valeurs
par défaut étant, bien sûr, toutes égales à 1). En cohérence avec les observations
expérimentales, nous avons souhaité que ces 3 paramètres puissent varier au
cours du calcul en fonction soit de la contrainte normale totale, soit de la
contrainte normale effective, soit de la pression hydraulique dans la fracture. Pour
tenir compte de cette variation, l’utilisateur doit préciser la loi de variation
considérée (qui est approchée comme une fonction linéaire par morceaux). En ce
qui concerne la loi d’écoulement, par souci de ne pas multiplier le nombre de
paramètres dans le modèle, on n’introduit pas directement F, mais on modifie la
valeur de la viscosité dynamique en introduisant une viscosité dynamique
équivalente µeq = F.µ dans l'équation C1.
3) REFERENCES
3.1 Modèles de fractures
Asof M., 1991 : “Etude du comportement mécanique des massifs rocheux
fracturés en blocs (méthode à l’équilibre limite) : réalisation et applications”, Thèse
de Docteur de l’I.N.P.L. Nancy, 142p.
Bennani M. : 1990 : “Maintenance et développement d’un outil intégré de
modélisation de massifs rocheux fracturés en blocs”, Rapport de D.E.S.S.
Informatique, I.S.I.A.L. Nancy, 85p.
Billaux D., 1990 : « Hydrogéologie des milieux fracturés. Géométrie, connectivité
et comportement hydraulique», Thèse de Doctorat, Ecole Nationale Supérieure
des Mines de Paris.
Cacas, M. C., 1989 : « Développement d'un modèle tridimensionnel stochastique
discret pour la simulation de l'écoulement et des transferts de masse et de chaleur
en milieu fracturé», Thèse de doctorat – ENSMP / Hydrologie et hydrogéologie
quantitatives – Fontainebleau.
Chiles, 1988 : “ Fractal and geostatistical methods for modeling of a fracture
network”, Mathematical Geology, Vol. 20, n° 6.
Crassoulis G., Kapenis A., Thoraval A., Ferrero M., Germann K., Iabichino G.,
Gardenato M., Dell’Antone F., 2001 : “Development of an integrated computer
aided design and planning methodology for underground marble quarries”,
EUROTHEN’01 (European Thematic Network on Extractive Industries), Fourth
annual workshop. Stockholm, Suède.
Heliot D., 1988 (a) : “Conception et réalisation d’un outil intégré de Modélisation
des Massifs Rocheux Fracturés en Blocs”, Thèse de Docteur de l’I.N.P.L. Nancy,
352p.
Heliot D., 1988 (b) : “Generating a Blocky Rock Mass”, Int.J.Rock Mech.Min.Sci. &
Geomech. Abstr., Vol.25, pp.127-138.
I.S.R.M., 1978 : “Suggested methods for the quantitative description of
discontinuities”, Int. Soc. Rock Mech., Com. On Standardisation of Lab. And Field
Tests, Int. J. Rock Mech. Min. Sci. & Geomech. Abstr., 15, pp. 319-368.
Korini T., Merrien-Soukatchoff V., Bennani M., 1993 : « Optimisation du
soutènement par boulonnage des excavations creusées dans un massif rocheux
fracturé en blocs », 4ème Colloque Franco-Polonais, Géotechnique et
Environnement, Nancy, France, pp.91-102.
Korini T., 2000 : « Notices d’utilisation des logiciels RESOBLOK et BSA », 16
août.
Lopez P., 1996 : « Modélisation par blocs d’un massif rocheux stratifié, fissuré :
application au massif de Comblanchien (Côte d’Or, France)", Université de
Bordeaux I (France).
Merrien-Soukatchoff V., Piguet J.P., Thoraval A., Wojtkowiak F., 1996 : « Les
apports de la modélisation numérique des massifs rocheux discontinus pour
l’étude de renforcement par boulonnage des ouvrages miniers », 11ème Colloque
Franco-Polonais en Mécanique des Sols et des Roches, Gdansk, 7-10 septembre.
Thoraval A., 1999 : "Fracture measurement specifications", Brite/Euram Project
BE-5005, INERIS report 23EP45/RN01, January.
Thoraval A., 2005 : « Aide au dimensionnement de l’exploitation de marbre en
carrières souterraines par modélisation numérique », Colloque EPR (Evaluation et
Prise en compte des Risques naturels et technologiques), 16-17 juin 2004, MEDD,
Paris.
Warburton, P. M., 1981 : “Vector stability analysis of an arbitrary polyhedral rock
block with any number of free faces”, International Journal of Rock Mechanics,
Vol. 18.