BOUMARETESaad LOULIDMohamed
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Saad Boumarete
Cadi Ayyad University
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LOULID MOHAMED
Enseignant chercheur
Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (Marrakech)
Cadi Ayyad
Groupe de Recherche en Management et Ingénierie de Développement (GREMID).
Maroc
mloulid_fr@yahoo.fr
BOUMARETE SAAD
Doctorant
Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (Marrakech)
Cadi Ayyad
Groupe de Recherche en Management et Ingénierie de Développement (GREMID).
Maroc
boumaretesaad@gmail.com
Résumé :
Le secteur public Marocain a connu une forte restructuration après le discours royal du 9
décembre 2002, cette orientation avait comme mission primordiale l’intégration des principes
du nouveau management public et l’introduction d’une modernisation structurelle,
organisationnelle ainsi que le système du contrôle de gestion considéré comme le maestro des
réformes.
Cette recherche s’intéresse à la contribution du système de contrôle de gestion à
l’amélioration de la performance des établissements publics tout en précisant les enjeux, les
perspectives et le point de conciliation entre ce système et les acteurs de la fonction publique.
Mots clés : Performance des établissements publics, Contrôle de gestion, Secteur public
Marocain, Nouveau management public, Gestion publique.
Abstract :
The moroccan public service has knwon a strong restruction after the royal speech of 9
december 2002, this adjustment had a primal mission which is the merge of the new public
management concept and the introduction of structural modernization, and the system of
management control considered to be the maestro of the reforms.
This search is interested in the contribution of the system of management control on the
improvement of the public performance while specifying the challenges, the perspectives and
the point of conciliation between this system and the actors of the public service.
Introduction
Constituant le souci majeur des États, le secteur public a connu une modernisation
remarquable durant ces dernières décennies, basé sur une gestion spécifique affectant la vie
sociale, économique et politique des pays, les évolutions opérées ont été justifié par la
mondialisation, l’ouverture des marchés et le développement technologique. De nos jours,
chaque citoyen réclame d’être traité comme étant un client du secteur privé pour plusieurs
raisons, notamment les conditions d’accueil agréables et la bonne qualité de service.
Depuis les années 90, le gouvernement Marocain a pris conscience de la nécessité d’une
modernisation de la gestion publique, ce qui a été traduit par un ensemble de réformes visant
l’application des actions correctives aux niveaux structurels et organisationnels, notamment le
pacte de la bonne gouvernance en 1998, le plan de développement économique et sociale en
2000, le programme d’appui à la réforme de l’administration en 2003 et la loi organique en
2015.
Le courant du New Public Management apparu durant les années 80 en grande Bretagne a
constitué une ligne directrice pour la révolution de la gestion publique des pays, l’objectif
d’un tel changement était l’atteinte de la performance publique constituant l’objectif
prestigieux de toutes les organisations publiques, ce courant insiste sur la réussite des
méthodes de management et de la logique de gestion appliquée par les entreprises privées,
dans la sphère publique.
Considéré comme l’un des principaux apports du New Public Management, le contrôle de
gestion actuel est utilisé de la même façon dans le secteur public et privé en raison du
changement de la logique de gestion sur laquelle repose le fonctionnement des entités
publiques, or, la finalité recherchée et les spécificités du secteur public exigent une réflexion
profonde lors de sa mise en place. Plusieurs définitions existent dans la littérature, Anthony
(1965) a défini le contrôle de gestion comme étant un processus qui garantit l’utilisation des
ressources de manière efficace et efficiente dans la mesure de réaliser les objectifs prédéfinis.
De plus, Anthony (1965) s’est intéressé à son rôle d’orientation des acteurs vers l’atteinte des
objectifs de l’organisation. « Le contrôle de gestion est un processus destiné à motiver les
responsables et à les inciter à exécuter des activités contribuant à l’atteinte des objectifs de
l’organisation » (R.N ANTHONY. 1965)1.
1
Mustapha Taimi, « Le contrôle de gestion : Dispositif de management pour les organismes publics »,
2011.
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Implanter le système de contrôle de gestion au sein des organisations publiques, repose dans
un premier lieu, sur l’identification des spécificités du secteur en matière de gouvernance, de
production de valeur et de culture du secteur. En effet, cette action nécessite une construction
quasi totale de tout, par exemple une comptabilité publique adaptée permettant un
branchement fluide de la comptabilité de gestion, cette dernière constitue l’un des principaux
piliers sur lesquels repose le contrôle de gestion. D’un point de vue globale, il est nécessaire
d’avoir des prérequis organisationnels et managériaux permettant une bonne implantation en
vue d’exploiter parfaitement les possibilités offertes par le contrôle de gestion.
En effet, imposer un changement aux individus fait ressortir des sentiments d’aversion, le
contrôle de gestion est une nouvelle recrue qui vise un changement radical sur tous les
niveaux et qui reflète l’image traditionnelle du contrôleur de gestion, ce dernier se trouve
obligé de séduire les fonctionnaires afin de construire son identité auprès d’eux.
La construction d’une identité et la recherche de la légitimité constituent une mission délicate
pour le contrôleur de gestion, d’ailleurs, la notion de légitimation a fait l’objet de plusieurs
recherches visant l’identification de ses facteurs d’existence, Beaulieu (2002) a fait une
distinction entre la légitimation, la justification et la démonstration en précisant que la notion
dépend des qualités propres à chaque individu tandis que Maurer (1971), affirme que, la
légitimation est en fonction des comportements stratégiques et des intentions des acteurs le
processus à partir du uel une organisation justifie son droit d’exister aupr s de ses pairs ou
d’un s st e ordonné » (Christophe Dondeyne. 2014) 2
Être légitime renvoie à une intention personnelle du contrôleur de gestion qui vise à prouver
son importance et la détention d’un pouvoir au sein de l’organisation publique, cette action est
justifiée par la complexité du secteur public du fait qu’il est impossible d’atteindre une
performance publique sans l’harmonisation et l’implication de tous les acteurs de
l’organisation.
L’objectif de cette recherche est de comprendre la nature de la relation entre le système de
contrôle de gestion et la performance des établissements publics, de ce fait, il semble
nécessaire de traiter cette dernière sur la base de ses trois principaux axes à savoir :
l’efficacité, l’efficience et la qualité de service.
2
Christophe Dondeyne, LA L D C LE DE E DA LE
EC E P BL C : LE CA D’ E A A P BL Q E P FE ELLE, 2014.
d’identification et de mesure même avec les techniques élaborées les plus complexes qu’elles
soient.
Dans la mesure ou la recherche de l’aspect multidimensionnel de la performance place
l’organisation publique dans une situation de changement organisationnel au niveau de son
système de contrôle afin d’appliquer des nouvelles stratégies, l’instauration d’un contrôle
interactif permettant d’y répondre semble capitale, cette approche vient en complément du
contrôle créatif voir d’opportunité.
Deux leviers de contrôle parmi les quatre proposés par le cadre conceptuel de Simons
intéressent le contrôle de gestion, il s’agit du contrôle interactif et du contrôle diagnostic,
ayant des rôles différents, le contrôle diagnostic est un système cybernétique qui assure la
fonction classique du reporting, et qui vise non seulement la maitrise des variables critiques
(facteurs clés succès), mais également la déclinaison de la stratégie. En revanche, la principale
contribution du contrôle interactif réside dans l’orientation et la formation des stratégies, ainsi
que le pilotage de l’organisation. Le défi principal réside dans l’application équilibré des deux
systèmes du fait que l’utilisation excessif de l’un deux provoque un contre effet.
L’utilisation d’un système axé principalement sur un seul levier provoque un effet contre-
productif, une utilisation insuffisante des systèmes de diagnostic fait disparaitre les bénéfices
potentiels d’une application interactive, néanmoins, appliquer excessivement le système
diagnostic conduit à provoquer des contraintes d’innovation, en conséquence, la disparition
des bénéfices interactifs, ce qui implique la nécessité de trouver l’équilibre entre les deux
systèmes. Par ailleurs, l’utilisation d’un même mécanisme de contrôle issu à la fois du
contrôle diagnostic et interactif est possible, la différence est perçue au niveau de l’accent que
l’on donne à leur utilisation. (Ferriera et otley. 2009)3
3
Elvia Lepori, Marc Bollecker. « Les leviers de contrôle de SIMONS : vers une compréhension des
freins à l’équilibrage diagnostic / interactif », 2015.
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la loi organique des finances de 1998 en raison de la prise de connaissance par l’ tat de
l’obligation d’une révolution du secteur public Marocain.
outenu par le discours oyal sur la nouvelle notion de l’autorité en 1999 et le pacte de la
bonne gestion en 1998 traduisant la nécessité de développement des règles de conduite et de
comportements fondée sur les principes de bonne gouvernance, le plan de développement
économique et sociale 2000-2004 a été la traduction de cette nouvelle vision du
gouvernement Marocain, déployée par le ministère de la fonction publique et la réforme
administrative, ce plan a été fondé principalement sur le rapprochement de l'administration
des administrés, la rationalisation du système de gestion des ressources humaines et le
développement des capacités propres de l'administration4.
Durant la dernière décennie, les mesures produites par le Ministère de la fonction publique et
de la réforme administrative concernaient la rationalisation des dépenses publiques,
l’amélioration du fonctionnement de l’appareil administratif et le développement du système
de gestion des ressources humaines.
4
MINISTERE DE LA PREVISION ECONOMIQUE ET DU PLAN, LE PLAN DE
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL 2000-2004, 2000.
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initiatives précédentes avec l’appui de trois bailleurs de fonds à savoir : la Banque Mondiale,
l’ nion Européenne et la Banque Africaine de Développement.
’étalant sur six ans, le programme d’appui à la réforme de l’administration publique englobe
en plus de la réforme budgétaire, quatre phases visant l’amélioration de l’efficacité de la
gestion des ressources humaines pour un montant total de 9,6 DH, à travers l’instauration
d’une gestion prévisionnelle des effectifs et des compétences, la maitrise de la masse
salariale, la formation continue et la déconcentration administrative, en revanche, les mesures
proposées par le programme n’ont pas visées le citoyen et la qualité de service, l’exécution
des réformes a été centrée sur la maitrise de la masse salariale à travers le départ volontaire.
En conséquence, les services publics offerts aux citoyens n’ont pas été améliorés.
En décembre 2005, une nouvelle règlementation a été avancée par le gouvernement Marocain,
elle exige l’existence des structures administratives chargées de la gestion des ressources
humaines, l’audit et le contrôle de gestion, la législation et les affaires juridiques, la
planification, la programmation et la gestion financière ainsi que la gestion des systèmes
d’information, cette réforme a été suivie par la loi organique instaurée en 2015 considérée non
seulement comme l’aboutissement du processus de réformes entamées depuis les années
20005, mais également comme une réponse aux limites de la loi organique des finances de
1998.
5
La loi organique n 130-13 relative à la loi de finances promulguée par le dahir n 1-15-62 du 14
chaabane 1436 (2 juin 2015) et du décret n 2-15-426 du 28 ramadan 1436 (15 juillet 2015) relatif à
l’élaboration et à l’exécution des lois de finances.
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6
Cour des comptes, « E DE LA F C P BL Q E », 2017.
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Dans une vision d’amélioration de la performance publique, la gestion du secteur public exige
la prise en compte des particularités de ce dernier au niveau du management, cette gestion ne
peut avoir lieu sans le soutien du management public et en particulier d’une version récente
de ce dernier, qui vise une révolution organisationnelle et structurelle des organisations
publiques.
Apparue durant les années 80 conséquemment à la crise financière en Europe, le New Public
Management à apporter une nouvelle vision du management public fondée sur l’efficacité,
l’efficience et l’économie qui doivent être la priorité de l’action publique, toute la stratégie
mise en œuvre doit converger à assurer les conditions de leur réussite. Selon Bezes, une forte
ambiguïté affecte le statut du NPM, ce nouveau courant du management a constitué une
modernisation de la gestion publique dans différents pays, vu qu’il est dépendant du pays dont
lequel il a été appliqué, la définition du P n’est pas universelle, néanmoins sa vision et ses
principes (principe Stewardship, principe de transparence et principe d’accountability) reste
inchangés.
Le NPM, considéré comme un nouveau système de gouvernance basé sur une approche qui
favorise la régulation de l’économie selon les règles de marché et non par l’ tat, a exigé
l’application des techniques managériales du secteur privé dans la sphère publique, cela
suppose la réunion de certaines conditions à savoir : l’identification du résultat attendu et des
objectifs mesurables, la nécessité d’une cohérence entre les objectifs, les résultats et les
moyens engagés, la prise en considération des effets pervers, la mesure de la satisfaction des
Depuis les années 1990, plusieurs travaux axés sur le contrôle de gestion ont vu le jour
s’intéressant en particulier aux systèmes de mesure de la performance et leurs adaptations aux
stratégies organisationnelles, l’environnement et l’objet social des organisations ( avrinac et
al. 1998; Mathieu. 2000; Bollecker. 2001), les changements considérables de la stratégie en
particulier l’introduction de l’innovation et l’apprentissage organisationnelle, l’évolution des
7
Hood Christopher, « A Public Management for All Seasons? », 1991.
La fonction de contrôle de gestion reflète dans le secteur public l’image d’une nouvelle recrue
qui vise l’imposition d’un contrôle solide des acteurs. Le pouvoir de l’organisation publique
impose un modèle de la bureaucratie professionnelle qui permet aux fonctionnaires de
perfectionner leurs compétences dans un cadre qui offre une liberté et une autonomie
suffisante de manière à limiter l’incertitude, de ce fait, la construction de l’identité du
contrôleur de gestion et de sa légitimé aux yeux des fonctionnaires est perturbée (Gangloff.
2009), bien qu’il soit au centre des innovations managériales, ce dernier doit en permanence
séduire les acteurs pour que ses outils soient approuvés auprès de tous (Nobre. 2004).
Par ailleurs, Le système de contrôle de gestion s’impose en modifiant les comportements des
acteurs d’où l’émergence d’une résistance de leur part (Solle. 2002), actuellement, l’identité
du contrôleur de gestion est toujours recherchée dans les organisations ou la dimension
financière est aperçue comme marginale (Lambert. 2005).
Apparemment, la fonction contrôle de gestion est légitime aux yeux de la direction dans la
mesure où cette dernière est la raison de son émergence. En revanche, la légitimité est
recherchée auprès des managers opérationnels qui doutent même de son utilité (Mintzberg.
2010), dans le cas où une organisation dispose d’une faible culture financière, le contrôleur de
gestion n’hésite pas à apporter toute la valeur ajoutée tout en cherchant à construire une
relation de confiance avec les responsables opérationnels. (Lambert et al. 2003)
La légitimation est une notion qui a fait l’objet de nombreux travaux visant à établir sa
définition et à identifier les facteurs responsables de son existence, eu égard à la
transdisciplinarité de son aspect, plusieurs définitions ont été proposées, certains estiment que
la légitimation est un processus qui peut être confondu avec la justification ou bien encore la
démonstration et qui dépend des qualités de l’individu, en autre sa faculté à manipuler les
comportements et les jugements de ceux qui l’entourent (Beaulieu. 2002), tandis que d’autres
considèrent la légitimation comme étant une fonction ui consiste à rendre objective ent
valide et subjective ent plausibles les objectivations de pre ier ordre ui ont été
institutionnalisées » (Berger et al. 1967).
Le domaine de la légitimité des contrôleurs de gestion reste peu exploré par les recherches
dans la littérature, une difficulté est observée lors du processus de légitimité dû à la multitude
des acteurs impactés par l’activité du contrôle de gestion et la résistance de ces derniers qui
défendent leurs propres intérêts, ce qui rend le processus obligatoire pour implanter une
identité des contrôleurs de gestion dans l’organisation. Un grand effort doit être mené pour
l’acceptation de leurs travaux par les interlocuteurs d’où le fait d’envisager la légitimité de la
fonction du contrôle de gestion comme une activité à part entière. Bollecker (2008) avance
que les relations quotidiennes des contrôleurs de gestion se basent sur des comportements
stratégiques qui définissent leurs images auprès des parties prenantes et des opérationnels qui
considèrent leurs activités comme étant au centre des nouvelles contraintes.
Le processus de légitimation apparaît comme indispensable dans les organisations publiques
ou la structure bureaucratique professionnelle domine et reflète en quelque sorte une image
négative du contrôleur de gestion qui contrarie sa mission (Chatelain-Ponroy. 2008). Le statut
du Business-Partner tant recherché par ce dernier ne peut avoir lieu sans le détachement des
taches déplaisantes et routinières « sale boulot » au profit des actions à forte valeur ajoutée,
reconnaissables et considérées comme prestigieuse par l’ensemble des acteurs ce qui implique
un changement de jugements qui doit avoir lieu concernant l’activité et la finalité du
contrôleur de gestion.
En effet, mis à part le pouvoir détenu par un contrôleur de gestion appliquant la stratégie de
légitimation, la recherche de son droit d’existence, la confirmation de son rôle dans
l’organisation et la justification de son travail peuvent constituer une forte motivation
poussant le contrôleur de gestion à s’inscrire dans le processus de légitimation.
Étant donné la complexité des organisations publiques, les initiatives individuelles visant la
légitimité de la fonction du contrôle de gestion semblent logiques du fait qu’il est impossible
d’atteindre une performance publique sans l’implication managériale de tous les
fonctionnaires.
7. Le choix méthodologique
En raison de la rareté des recherches portant sur le contrôle de gestion et la performance des
établissements publics dans le contexte Marocain, nous avons opté pour une approche
exploratoire dans la mesure d’apporter des éléments de réponse à notre problématique ainsi
que les questions de recherches qui ont découlent :
Comment le courant du New Public Management a contribué à l’introduction du
contrôle de gestion dans le secteur public ?
En quoi consiste l’adaptation du contrôle de gestion aux spécificités du secteur public
?
Comment le système du contrôle de gestion influence-t-il la gestion des organisations
publiques ?
Après avoir présenté l’analyse faite par chaque interviewé, nous avons pu soulever trois
typologies des interviewés regroupé comme suit :
Typologie 1 : ce sont les personnes qui ont un diplôme en économie et gestion, ils ont des
acquis importants en matière de contrôle de gestion, notamment, sa mission au sein du secteur
public et privé, les outils proposés par ce dernier et appliqués au sein de l’administration
fiscale.
Typologie 2 : cette catégorie regroupe les personnes disposant d’un diplôme en économie et
gestion et ayant fait des suppositions concernant le contrôle de gestion, par contre, ils sont
conscients des outils issus de ce dernier et appliqués au sein de l’administration fiscale.
Typologie 3 : concerne les individus n’ayant aucune formation en économie et gestion et
ayant fait des suppositions sur le contrôle de gestion et ses outils appliqués au sein de
l’administration fiscale.
Les interviewés ont évoqué les facteurs qui influencent négativement la performance publique
en mettons l’accent sur la double mission qui regroupe la gestion et le contrôle, les
fonctionnaires ont insisté sur la nécessité d’un service chargé de la gestion et la délivrance des
attestations ce qui va leur permettre de se focaliser sur le contrôle des contribuables.
L’analyse théorique nous a permis de relever l’importance d’un point de conciliation entre le
système de contrôle de gestion et le secteur public, on parle du système de légitimation qui
concerne le contrôleur de gestion, ce dernier essaye d’entamer des actions visant à confirmer
sa légitimité et son acceptation au sein de l’organisation. Par contre, il semble nécessaire de
mentionner la divergence de points de vue des interviewés au niveau de l’image du contrôleur
de gestion au sein du secteur public, certains pensent que c’est un accompagnateur permettant
d’orienter les objectifs personnels des agents vers l’atteinte de l’objectif primordial de
l’organisation, tandis que d’autres estiment que c’est un contrôleur du personnel doté
d’autorité. Les propos des interviewés peuvent être justifiés par l’absence d’un contrôleur de
gestion au sein de l’administration.
uite aux résultats des entretiens, l’administration des impôts suit actuellement une logique
d’objectif traduite par une gestion axée sur les résultats, les interviewés ont confirmé
l’existence des outils du contrôle de gestion au sein de cette dernière, il s’agit d’un plan
prévisionnel comportant les objectifs à atteindre émis par la direction centrale en début de
chaque année avec une mesure, une comparaison et une justification des réalisations (le
reporting), ce constat confirme la présence du contrôle de gestion au niveau régional par le
biais des outils issus de ce dernier et rejoins l’idée proposée par imons concernant le système
fondé sur le contrôle a posteriori, cependant, le système du contrôle interactif est apprécié par
le biais des nouvelles stratégies établies par la direction centrale notamment celles relatives
aux facilités de payement des impôts, le programme SIMPL et la suppression des pénalités
dans des cas spécifiques, de ce fait, on peut dire que le système de contrôle de gestion est
fondée sur les deux systèmes proposés par le cadre conceptuel de Simons.
Comme nous avons déjà précisé, le mode de fonctionnement de la direction régionale est
similaire à celui appliqué dans le monde concurrentiel, notamment, en matière de
rémunération qui se compose d’une rémunération de base et une prime en cas d’atteinte des
objectifs et constituant une importante motivation pour les fonctionnaires, en matière de
compétition entre les différents services, en outre, en matière de communication qui constitue
un point majeur sur lequel la direction centrale s’est focalisé dans la mesure de se rapprocher
des contribuables à l’aide de son site officiel et les réseaux sociaux (Facebook), constituant un
point majeur évoqué par le courant du New Public Management.
En ce qui concerne la formation, plusieurs modules sont proposés chaque année aux
fonctionnaires en vue d’actualiser leur information, ce type de formation a été accenteur ces
dernières années en offrant à ces derniers plusieurs thèmes à étudier, cette action fais
référence à l’apprentissage organisationnel qui est considéré comme l’un des apports majeurs
du P et l’un des objectifs du contrôle de gestion.
Comme nous avons déjà évoqué, l’interlocuteur 1 a confirmé l’existence d’une multitude de
changement après l’année 2005 qui coïncide avec l’introduction des services de contrôle de
gestion dans toutes les organisations publiques, en analysant ses différents changements, on a
pu relever trois points essentiels sur lesquels le contrôle de gestion a eu un impact direct ou
indirect, il s’agit dans un premier lieu de la bonne qualité de service qui a été confirmé par
l’ensemble des interviewés en précisant que les citoyens affirment ce constat auprès d’eux.
Cette performance au niveau de la qualité de service dépend largement du système
d’information qui offre actuellement, une facilitation du travail des fonctionnaires en offrant
des fonctionnalités avancées, des informations fiables et de qualité dépendant de la
modernisation du système d’information qui a débuté effectivement en 2006, et qui a connu
l’introduction du système intégré de taxation ainsi que le projet PL, constituant une pierre
angulaire du contrôle de gestion, le système d’information de la direction centrale a été
moderniser avec l’appui du contrôle de gestion qui a vu le jour en 2005, dans toutes les
organisations publiques Marocaines.
En deuxième lieu, la réalisation des objectifs est confirmée auprès de tous les interlocuteurs,
cette réalisation qui dépendait avant 2005 sur la volonté de certains fonctionnaires,
l’augmentation des recettes réalisées en 2006 par la direction centrale est confirmée en se
référant au rapport d’activité de la même année qui indique un montant total de 74.342
MDHS avec une progression de 18,7 % par rapport à l’année 2005, il est nécessaire de
préciser que, pour la première fois de l’histoire fiscale, les recettes de l’impôt sur les sociétés
dépassent celles de l’impôt sur le revenu en raison de l’amélioration des techniques de
sélection des dossiers à vérifier en se référant aux indices de fraude fiscale offerts par le
système d’information.
En dernier lieu, l’introduction du contrôle de gestion en 2005 n’a eu aucun impact sur les
dépenses de la direction centrale. En effet, l’ensemble des interlocuteurs ont confirmé la
réduction de la paperasse utilisée qui constitue un coût important pour cette dernière, or, le
rapport de dépenses fiscales de 2006 indique une augmentation des dépenses relatives aux
différents impôts, passées de 15457 MDHS à 21450 MDHS, ce constat est justifié par les 82
mesures dérogatoires appliquées à ce niveau8.
D’après le rapport analysé constituant la source la plus fiable de notre jugement,
l’introduction du contrôle de gestion n’a eu aucun impact sur la réduction des dépenses
d’impôts relatives à la direction centrale, par contre, il semble obligatoire de prendre en
considération son impact sur la réduction des charges de fonctionnement.
uite aux différents entretiens menés, on a pu relever l’existence d’une relation entre la
connaissance de l’interlocuteur en matière de contrôle de gestion et son jugement à propos de
la dépendance entre la performance publique et ce dernier, les interlocuteurs qui disposent de
fortes connaissances concernant le système de contrôle de gestion ont confirmé non seulement
l’existence d’un impact positif du contrôle de gestion sur les différents niveaux, mais
8
Direction Générale des impôts, dépenses fiscales, 2006.
Conclusion :
Partout dans le monde, une modernisation du secteur public a été opéré en raison des
changements de l’environnement public ce qui a impliqué un changement de la logique de
gestion des organisations publiques, le courant du New Public Management a constitué la
première source de cette modernisation qui a pu introduire une nouvelle fonction dédiée au
contrôle de gestion.
Au Maroc, une restructuration totale des organisations a été opéré à travers l’élaboration de
plusieurs réformes notamment, le plan de développement économique et social 2000-2004 et
le programme d’appui à la réforme de l’administration publique, tous les niveaux ont connu
des changements colossaux répartis en plusieurs chantiers à savoir : la répartition des
compétences, la rationalisation de la gestion publique, le renforcement de l’éthique et la
moralisation de l’administration, le renouvellement de la gestion des ressources humaines et
l’amélioration du rapport entre l’administration et les usagers. outes ces rénovations avaient
comme but une amélioration de la performance établissements publics, chose qui ne peut
avoir lieu sans un contrôle de gestion adapté aux particularités du secteur public.
L’objectif de cette recherche était de comprendre la nature de la relation entre le contrôle de
gestion et la performance des établissements publics ce qui implique un traitement de tous les
éléments constituant cette dernière, dans un premier lieu, nous avons examiné l’existence du
contrôle de gestion au niveau régional du fait que son existence au niveau stratégique est déjà
confirmée par l’article 6 du décret du n 2-05-1369, ensuite, nous avons apprécié la
contribution de ce dernier à l’amélioration de la performance publique de la direction
régionale des impôts, cette contribution peut également se généraliser pour la direction
centrale des impôts concernant certains volets. Pour ce faire, nous avons utilisé des données
secondaires émises par le Ministère des Finances et le Haut-commissariat au plan, ainsi que
des données primaires recueillies à travers des entretiens semi directif administrés auprès des
fonctionnaires de la Direction Régionale des Impôts de Marrakech, ces entretiens ont été
retranscrit afin d’effectuer une analyse de contenu. Comme nous avons mentionné
auparavant, ce mariage de donnée vise à cerner toutes les façades de la performance publique.
Suite aux résultats de la recherche empirique, les interlocuteurs confirment l’absence d’un
service chargé du contrôle de gestion au sein de la direction régionale des impôts, par contre,
les outils issus de ce dernier sont bien réels et applicables au sein de cette dernière. En effet, le
contrôle de gestion est ressenti par les interlocuteurs ayant des connaissances en la matière, ce
qui n’est pas le cas pour les autres. Ce premier constat confirme l’existence d’une relation
entre la performance publique actuelle de la direction des impôts et le contrôle de gestion.
Dans le même ordre d’idées, les interlocuteurs ayant confirmé l’importance de ce système
pour toute organisation publique sont bien ceux qui connaissent parfaitement la mission et la
raison d’être du contrôle de gestion, d’un point de vue globale, la performance publique dans
l’environnement public actuel est bien dépendante du contrôle de gestion.
Que ça soit au niveau de la qualité de service, le système d’information et même
l’apprentissage organisationnel, l’introduction du contrôle de gestion dans la direction
centrale des impôts a infligé des répercussions positives, il s’agit de la révolution du système
d’information permettant de faciliter la gestion, le contrôle et apportant une forte valeur
ajoutée à la qualité de service en offrant la possibilité d’évaluer cette dernière par les citoyens.
En ce qui concerne la réalisation des objectifs, l’impact est perçu par les interlocuteurs qui
confirment l’existence d’une logique de gestion axée sur les résultats et une mesure des
réalisations avec la possibilité d’appliquer des actions correctives, ce constat coïncide avec
l’objectif du tableau de bord qui permet d’offrir un ensemble d’informations relatives aux
objectifs, à la réalisation et la mesure de ces derniers dans le but d’assurer une veille continue
sur tous les services de l’organisation. Concernant les dépenses, le contrôle de gestion n’a eu
aucun impact sur les dépenses fiscales, ce qui peut être justifié par la nature spécifique de ces
dépenses qui concernent des dérogations comme ça été mentionné lors de la discussion des
résultats, toutefois, ce dernier a un impact indirect et positif sur la réduction des charges de
structures notamment la diminution de la paperasse utilisée par les fonctionnaires suite à la
modernisation du système d’information.
D’une manière générale, nous avons pu tirer des conclusions majeures à propos du contrôle
de gestion et sa relation avec la performance des établissements publics que nous pouvons
résumer comme suit :
La DRI ne dispose pas d’un service de contrôle de gestion, or, les fonctionnaires ayant
une idée sur ce système affirment son existence par le biais des outils issus de ce
dernier et appliqués au sein de l’administration.
Le mode de fonctionnement de la DRI suit une logique de gestion axée sur les
résultats avec une mesure des réalisations tout en long de l’activité dans le but
d’appliquer des actions correctives en cas de nécessité. Cette logique est utilisée
également au niveau central (DGI).
Le système d’information de la D est performant, s’inscrit dans un processus
d’amélioration continue, permet de faciliter le travail des fonctionnaires et contribue à
la mesure des objectifs et de la qualité de service.
La DRI est performante au niveau de la réalisation des objectifs et la production d’un
service de qualité, cette performance est confirmée auprès des interlocuteurs tandis
que la performance de la DGI concernant les objectifs est confirmée en se référant aux
rapports d’activité.
Les charges afférentes au fonctionnement ont baissé en raison de la réduction de la
paperasse utilisée grâce l’utilisation de l’arsenal informatique, par contre, les rapports
des dépenses indiquent une augmentation des dépenses fiscales.
L’introduction du contrôle de gestion au niveau stratégique a été accompagné par
l’émission des guides dédiés aux fonctionnaires dans le but de faciliter la
confrontation de ces derniers avec la nouvelle fonction.
L’introduction du contrôle de gestion au sein de la D a contribué à l’amélioration de
la performance publique de la DRI.
Cette recherche avait comme objectif primordial la compréhension de l’apport du système de
contrôle de gestion sur la performance publique de la direction régionale des impôts,
néanmoins, ce travail permet de creuser plus loin concernant la contribution du système de
contrôle de gestion sur la réduction des dépenses publiques, ce qui n’était pas confirmé au
cours de cette recherche. En effet, cette piste de recherche future doit être réalisé au niveau
stratégique puisque l’allocation des ressources est opérée par le Ministère des Finances.
Dans la mesure de généraliser ces résultats, les recherches futures doivent viser un ensemble
d’organisation publique chargé de différentes missions. Actuellement, on peut poser des
questionnements sur la nécessité des contrôleurs de gestion spécialisés dans le secteur public,
du fait que ce dernier, dispose de plusieurs particularités et présente des énormes défis à
relever.
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