randrianjafisonHyginA ECO M1 15
randrianjafisonHyginA ECO M1 15
randrianjafisonHyginA ECO M1 15
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
--------------------
DEPARTEMENT ECONOMIE
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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
--------------------
DEPARTEMENT ECONOMIE
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2
i
REMERCIEMENTS
En premier lieu, Gloire au Seigneur qui m’a donné la force et le courage durant mes
années d’études au sein du département ECONOMIE de la faculté DEGS à l’université
d’Antananarivo, surtout dans la réalisation de ce présent mémoire.
ii
ACRONYMES
iii
- MAP : Madagascar Action Plan
- MCA : Madagascar Challenge Account
- OCDE : Organisation et Coopération de Développement Economique
- OMC : Organisation Mondiale du Commerce
- OMH : Office Malgache des Hydrocarbures
- PIB : Produit Intérieur Brut
- PIC : Pôle Intégré de Croissance
- PME : Petites et Moyennes Entreprises
- PPP : Partenariat Public-Privé
- QMM : Qit Madagascar Minerals
- R&D : Recherche et Développement
- SADC : Southern Africa Devlopment Community
- SOLIMA : Solitany Malagasy
- TELMA : Telecom Malagasy
- VA : Valeur Ajoutéé
- ZFI : Zone Franche Industrielle
iv
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Les flux d’IDE de 2002 à 2005 (en milliards d’ariary) ................................................. 37
Tableau 2 : Les flux par type de capitaux en 2006 et en 2007 (en milliards d’ariary) ................ 38
Tableau 3 : Les flux d’IDE par branche d’activités entre 2007 et 2012 (en milliards d’ariary)
.............................................................................................................................................................................. 40
Tableau 4 : Evolution des flux d’IDE par Pays d’Origine entre 2007 et 2012 (en milliards
d’ariary) .............................................................................................................................................................. 41
v
LISTE DES FIGURES
Figure 2 : Evolution des flux d’IDE entrants de 2002 à 2011 (en milliards d’ariary) ............ 36
Figure 3 : Répartition du flux d’IDE français à Madagascar par branche d’activité en 2012.. 42
Figure 4 : Répartition du flux d’IDE mauriciens à Madagascar par branche d’activité en 2012.
.................................................................................................................................................. 43
Figure 5 : Performance des entreprises à capitaux étrangers par branche d’activité en 2011.. 48
vi
SOMMAIRE
Introduction .............................................................................................................................. 1
Conclusion............................................................................................................................... 54
vii
INTRODUCTION
A Madagascar, comme dans tous les pays en développement, l’épargne nationale très
faible défavorise les investissements puis la croissance économique ; d’où, l’existence d’un
cercle vicieux de la pauvreté. En général, si, d’un côté, l’accroissement de l’épargne interne,
composée de l’épargne privée et de l’épargne publique, se heurte sur le faible niveau de
revenu et le déficit budgétaire ; d’autre côté, l’augmentation de l’épargne externe se heurte
quant à elle sur la dégradation des termes de l’échange, la corruption, les crises et beaucoup
d’autres facteurs.
A cet égard, pour stimuler les investissements, les investissements directs étrangers se
sont présentés pour Madagascar comme la solution, d’une part, la plus favorable de par sa
dotation en ressources naturelles abondantes et en mains-d’œuvre de bon marché ; et d’autre
part, la plus stable de par la définition même de l’investissement direct étranger (Cf. Chapitre
1, Section I).
Ainsi, après une décennie d’efforts de la part des gouvernements successifs, les
« investissements directs étrangers » se sont enfin installés dans le quotidien des politiciens,
des économistes et des divers analystes malagasy de tout genre. Cependant, « et encore ! », les
investissements directs étrangers sont très controversés en ce qui concerne leurs effets positifs
sur la croissance économique. Et justement, si ce n’est pas tout l’un ou tout l’autre, dans
quelles mesures alors les flux d’investissement direct étranger peuvent-ils contribuer au
renforcement de la croissance économique à Madagascar ?
1
Traitant le cas précis du lien entre investissement direct étranger et croissance
économique, ce livre se décompose en deux parties. La première s’attache, d’abord, à
l’exposition de quelques concepts de bases ; et à la présentation des approches et modèles
théoriques sur les effets de l’investissement direct étranger sur la croissance économique,
ensuite. Enfin, la deuxième partie présente, avec des chiffres à l’appui, les analyses
empiriques des effets de l’investissement direct étranger sur la croissance économique à
Madagascar depuis 1960.
2
PARTIE I : CONCEPTS DE BASE, APPROCHES ET MODELES THEORIQUES
DES EFFETS DE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER SUR LA
CROISSANCE ECONOMIQUE
Beaucoup sont les auteurs qui se débattent autour de l’IDE. Certains abordent des
théories tandis que d’autres mènent des analyses empiriques. « L’un dans l’autres », l’IDE est
un problème et/ou une solution toujours à l’ordre du jour, surtout dans notre contexte de
mondialisation. Avant de voir tout ceci dans le Chapitre II, abordons en premier lieu le
Chapitre I sur les concepts de bases utiles à savoir pour mener à bien notre analyse.
Pour ne pas se perdre dans tout ce qui suivra, l’explication de certains concepts d’IDE
est avant tout nécessaire. Ainsi, deux traits seront successivement développer dans ce
chapitre : le premier se portera sur les définitions de l’IDE et ses caractéristiques ; et le second
exposera les définitions des FMN et des entreprises d’investissement direct.
I.1. Définitions
La première constatation se porte sur les « investissements […] dans une entreprise ».
Alors, comme tout investissement des entreprises, l’IDE est donc constitué par toutes les
opérations qui ont pour résultat soit de maintenir, soit d’accroitre le stock de capital de
1
Fonds Monétaire International : Manuel de la Balance des Paiements – Cinquième édition 1993.
3
l’entreprise, ou capital technique, ou encore les immobilisations. A cet égard, il y a les
immobilisations corporelles et les immobilisations incorporelles. Les immobilisations
corporelles représentent la partie physique de l'entreprise, c'est-à-dire principalement les murs
et les machines ; les immobilisations incorporelles représentent la partie non physique, c'est-à-
dire le savoir, les logiciels, les fonds de commerce et les brevets. Par conséquent, il existe
donc deux types d'investissements, liés à la structure soit corporelle soit incorporelle des
immobilisations ; et trois types d’investissements, liés à sa fonction :
- et les investissements de productivité : qui ont pour but de réduire les coûts de
production pour une capacité inchangée.
- « Est considéré comme résident tout agent économique (national ou étranger) présent
et exerçant une activité sur une durée de 1 an ou plus sur le territoire économique
malagasy »2 ;
- Puis, « Est considéré comme non-résident tout agent économique qui réside sur
le territoire économique malagasy pour une durée inférieure à 1 an.»3
La troisième constatation se porte sur l’« intérêt durable ». En fait, la notion d’intérêt
durable implique l’existence d’une relation durable de long terme entre l’investisseur direct et
l’entreprise et l’exercice d’un contrôle sur la gestion de l’entreprise. Le degré du contrôle se
mesure au prorata de la participation aux actifs de l’entreprise, une participation dont le seuil
2
INSTAT, Rapport d’analyse : enquête sur l’investissement étranger à Madagascar, 2000-2001, p.5.
3
Idem.
4
minimum est fixé à 10% par convention. L’OCDE confirme ce point en citant qu’il y a
« d’investissement direct dès lors qu’une entité non résidente détient au moins 10 % du
capital social d’une entreprise résidente.»4
Par ailleurs, selon encore l’OCDE, « toute participation au capital d’une entreprise
résidente par une entité non résidente inférieure à 10 % sera comptabilisée, dans la balance
des paiements, comme un investissement de portefeuille (IP) »5, donc, à part une mesure de
contrôle, la notion de prise de participation est aussi centrale pour différencier les
investissements de portefeuille étrangers (IPF) et les IDE.
Par conséquent, il est à remarquer que toute différence entre les IDE et les IPF n’est
donc que conventionnelle, c’est-à-dire, juste par fixation du taux arbitraire de 10%. Cela
implique qu’au-dessus de ce seuil, les IPF deviennent des IDE, et inversement, en dessous de
ce seuil, les IDE deviennent des IPF. A cet égard, l’OCDE dit : « le seuil des 10 % constitue
donc la distinction entre investissement direct et investissement de portefeuille. Dès que le
seuil des 10 % est atteint, toutes les opérations subséquentes en capital entre investisseurs
étrangers et l’entreprise résidente sont recensées dans les investissements directs. »6
Mais « l’un dans l’autre », il y a encore une question fondamentale qui se pose :
pourquoi distinguer IPF et IDE alors qu’ils sont tous les deux de même nature ?
4
O.C.D.E., Le Poids des multinationales dans les pays de l'O.C.D.E., Paris, 1999.
5
Idem.
6
Idem.
7
Toutefois, l’OCDE (1999) n’est pas d’accord sur ce point : une prise de participation de l'ordre de 10% dans
une société n'assure pas le contrôle de cette dernière. Le contrôle d'une entreprise étrangère implique la capacité
d'exercer un pouvoir qui détermine l'orientation des activités de cette société. Ce pouvoir exige la possession de
la majorité (plus de 50%) des actions ordinaires ou des droits de vote au conseil d'administration.
5
En synthèse, un flux de capital est un IDE si :
Toutefois, dans la suite finale de sa citation, l’OCDE affirme que les opérations des
capitaux d’IDE « recouvrent les augmentations de participation au capital de l’entreprise,
les prêts de court terme et long terme entre l’investisseur étranger et l’entreprise
investie, les bénéfices réinvestis.»8 De façon plus explicite, elles se décomposent comme
suit :
- « Capital social : participation au capital des succursales, toutes les actions des
filiales et des entreprises affiliées, sauf les actions privilégiées non participantes qui
sont considérées comme des titres de créance,
8
Idem.
6
les prêts des investisseurs directs aux filiales que les prêts des filiales aux
investisseurs directs. Aucune distinction n’est établie ici entre les investissements à
court et à long terme. »9
Selon l’OMC et la CNUCED, l’IDE est « l’action d’un investisseur, basé dans un pays
donné (pays d’origine), qui acquiert des actifs dans un autre pays (pays d’accueil), avec
l’intention de les gérer »10.
Selon la Banque de France, l’IDE est la détention à l’étranger d’une unité ayant une
autonomie juridique ou d’une succursale. La détention d’une proportion significative du
capital, donne à l’investisseur résidant un droit de regard dans l’industrie étrangère investie
(participation égale ou supérieure à 10 %), et les prêts et avances à court terme consentis par
l’investisseur à la société investie, dès lors qu’un lien de maison mère à filiale est établi entre
les deux entités.
La définition de l’OCDE et du FMI revête ainsi un caractère général (retenue par tous
les auteurs et organismes notamment l’OMC et la CNUCED). C’est pourquoi elle est notre
base pour l’explication du concept d’IDE (voir infra).
9
INSTAT, Rapport d’analyse : enquête sur l’investissement étranger à Madagascar, 2000-2001, p.6.
10
BELLON, B. GOUIA,R. (1998): « Investissements directs étrangers et développement industriel
méditerranéen»,ed. ECONOMICA, Paris.
11
SIMON, Y. LAUTIER, D.(2003) : « Techniques financières internationale », 8e éd., Economica, Paris, p.720.
7
I.2. Caractéristiques de l’investissement direct étranger
- d’un côté, les flux d’IDE qui représentent des mesures de l’IDE pendant une
période donnée telles que le mois, le trimestre, ou l’année. Ils désignent une variation
des montants d’IDE entre deux dates. Ils indiquent donc un mouvement ;
- d’autre côté, les stocks d’IDE qui expriment un niveau constaté d’IDE à un moment
donné ou à une date donnée.
Sur les modes d’entrée ou encore les modes de croissance, on peut spécifier, d’une
part, la croissance interne et la croissance externe, d’autre part. La croissance interne
correspond aux capitaux d’investissements directs tandis que la croissance externe se
rapporte aux agents économiques qui sont composés essentiellement des firmes
multinationales (FMN).
- Une participation : une société est une société de participation si elle détient une part
entre 10% et 50% du capital d’une autre société.
- Des fusions – acquisitions : on parle d’une acquisition lorsque une société rachète une
autre plus petite ou moins performante. Et on parle de fusion lorsque deux sociétés se
fusionnent pour agrandir leur pouvoir contre la concurrence par exemple.
- Une création ex-nihilo (ou green field investment en anglais) qui consiste à créer une
ou plusieurs filiales qui peuvent être indépendantes ou sous le contrôle de la maison
12
Dictionnaire d’économie, Aurora.
8
FIGURE 1 : TYPOLOGIE DES IDE SELON LE MODE DE CROISSANCE
Importe-t-il encore de remarquer que cette analyse de l’IDE fait sortir deux acteurs à
savoir : l’investisseur direct et l’entreprise d’investissement direct. Les étudier séparément de
l’IDE est aussi jugée bénéfique pour mieux comprendre toute analyse ultérieure.
9
Section II : L’investisseur direct et l’entreprise d’investissement direct
II.1.1. Définitions
La définition est dite statique lorsqu’elle porte sur des critères arbitraires ou
typologiques tels que le nombre de pays d’implantation ou de filiales à l’étranger, la taille, le
pourcentage du chiffre d’affaires réalisé, ou des effectifs employé à l’étranger.
A cet égard, il y a par exemple la définition de VERNON qui considère une FMN
comme étant une grande firme ayant des filiales industrielles dans six pays étrangers au
moins. Il y a aussi celle de PERLMUTTER qui distingue la firme ethnocentrique (se référant
à un pays), polycentrique (s’identifiant aux pays de ses filiales) et géocentrique (opérant à
l’échelle mondiale). Enfin, pour sa part, la C.N.U.C.E.D., dans son rapport annuel, croise trois
critères : les actifs possédés à l'étranger en pourcentage des actifs totaux, les ventes à
l'étranger rapportées aux ventes totales, et l'emploi à l'étranger rapporté à l'emploi total : la
moyenne de ces trois critères donne un indice moyen de multinationalisation.
La définition est dite dynamique lorsqu’elle revête un caractère invariable, donc, plus
global. A cet égard, il y a par exemple la définition de la firme multinationale par
ANDREFF : « toute firme dont le capital est pris dans un processus d’accumulation
internationale »13. Il y a aussi celle de FRANK I. : « une société qui opère dans plusieurs pays
étrangers au travers de filiales qui sont soumises à un certain degré de contrôle central »14.
Dans la foulée, il y a enfin celle de l’INSTAT : « l’investisseur direct peut être une personne
physique, une entreprise publique ou privée dotée ou non d’une personnalité morale distincte,
13
ANDREFF W. (1976), Profits et structures du capitalisme mondial, Calmann-Lévy.
14
FRANK I. (1981), Multinationales et développement, Masson, Paris.
10
un groupe de personnes physiques ou d’entreprises qui sont associées, un gouvernement ou
un organisme officiel, une succession, un trust ou une autre structure analogue, qui possède
une entreprise d’investissement direct dans une économie (Madagascar) autre que celle dont
l’investisseur direct est résident. Les membres d’un groupe d’associés constitué par des
personnes physiques ou des entreprises sont réputés, du fait que leur part globale du capital
est égale à10 % ou plus, avoir sur la gestion de l’entreprise une influence analogue à celle
d’un particulier ayant une participation du même ordre de grandeur.» Il définit alors
l’investisseur direct conformément à l’usage, donc issu de la définition de l’OCDE et du FMI.
En fait, il y a :
- et lien indirect lors qu’il y est lié par l’intermédiaire d’une filiale, d’une succursale ou
d’une société affiliée qui, elle-même est en relation directe ou indirecte avec une
entreprise d’investissement direct.
C’est l’entreprise qui fait l’objet d’investissement direct ; et qui ; conformément aux
recommandations du FMI, l’investisseur y détient au moins 10% des fonds propres de
l’entreprise. Ce pourcentage concerne l’action ordinaire ou le droit de vote dans le cas d’une
filiale ou d’une société affiliée ou l’équivalent lorsqu’il s’agit d’un siège d’exploitation ou
encore d’une succursale. Ce pourcentage étant jugé suffisamment élevé pour que
l’investisseur puisse exercer un contrôle et ait voix à la gestion directe de l’entreprise. Dans ce
cadre, l’entreprise d’investissement peut prendre trois formes selon la part du capital investi :
- Une société affiliée : une entreprise dans laquelle l’investisseur direct et ses filiales
contrôle 50% au plus des actions avec des droits de vote ou possèdent un pouvoir de
décision effectif dans la gestion ;
- une filiale : une entreprise dotée de la personnalité morale dont l’investisseur contrôle
directement ou indirectement (par l’intermédiaire d’une autre filiale) plus de 50% des
11
droits de votes des actionnaires ou a le droit de désigner ou de révoquer une majorité
des membres du conseil d’administration, du directoire ou du conseil de surveillance ;
- une succursale : une entreprise filiale à 100% ou entreprise à participation n’ayant pas
la personnalité morale distincte dans le pays d’accueil (bureau, biens immeubles et
immeubles, équipements…) appartenant directement ou indirectement à l’investisseur
direct.
Après ces éclaircissements sur les concepts de bases, il est désormais bon de cerner les
fondements théoriques des impacts de l’IDE sur la croissance économique. L’illustration de
modèles théoriques n’est pas exclue.
12
CHAPITRE 2 : APPROCHES ET MODELES THEORIQUES DES EFFETS DE L’IDE
SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Etudier les approches et modèles théoriques des effets de l’IDE sur la croissance
économique revient, plus précisément, à théoriser les effets du dit IDE sur les déterminants de
cette dernière. Ainsi, nous allons identifier en premier lieu les déterminants de la croissance
économique ; puis, par la suite, analyser successivement deux parties par références aux
théories qui sont, d’une part, en faveur de l’IDE : l’IDE comme facteur de la croissance
économique ; et qui sont, d’autre part, contre l’IDE : IDE comme frein de la croissance
économique.
Pour Adam Smith, dans La Richesse des nations (1776), le processus de croissance
provient de l’accumulation du capital qui elle-même puise toutes ses ressources dans
l’exploitation des terres et surtout dans la division du travail. En effet, la division ou la
spécialisation15 du travail, induisant de la quantité et de la qualité de travail (productivité,
inventions), conduit à la réalisation d’un surplus ou d’une épargne16. Finalement, cette
dernière sera réinvestie pour augmenter et/ou améliorer les stocks de capital antérieurement
employés par les travailleurs, et ainsi de suite. Ainsi, c’est le fondement du système capitaliste
qui automatiquement à fur et à mesure que le temps passe, il peut ressortir une autre relation
d’implication liant capital vers le travail ou la division de travail (le capital emploi le travail17)
: le capital se perfectionne et se multiplie, il a besoin de salariés soit pour la maintenir (la
simple mise en marche des machines par les salariés moins qualifiés), soit pour l’améliorer de
nouveau (pour les salarié qualifiés), et donc, pour poursuivre encore le processus
d’accumulation et de croissance18.
Et, tout en étant bien conscient d’une tendance à la stagnation de la croissance de par
la hausse progressive de la demande (croissance démographique) et des prix des produits
agricoles au profit de la rente (donc moins de profit et d’épargne), Adam Smith reste
optimiste et prône toujours comme issue infaillible l'introduction de nouvelles branches
15
A deux niveaux : introduction d’une nouvelle entreprise et répartition des tâches au sein d’une entreprise.
16
Etant en terme réel, elle correspond au profit des capitalistes diminué d’une part insignifiante de leur
consommation. Par ailleurs, elle correspond également au produit diminué du salaire (pour la subsistance des
travailleurs employés par les capitalistes) et de la rente (pour les propriétaires des terres).
17
En relation avec travail indirect (celui des travailleurs) et travail indirect (celui qui a été fourni pour produire
les moyens de production ou encore le capital) chez Ricardo.
18
C’est le point de départ de la critique de Marx du système capitaliste. Voir infra.
13
d'activité et l'exploitation de nouveaux territoires, soit un élargissement du marché, sûrement,
dans une dimension internationale, d’où, la théorie des avantages absolus.
Ainsi, pour Adam Smith, la croissance est équilibrée (l’offre avec l’accumulation du
capital = la demande avec la division du travail très poussée) et soutenue à long terme, donc,
permet le progrès des sociétés19.
A cet égard, dans son ouvrage Essai sur le principe de population (1796), Thomas
Malthus, contrairement à Adam Smith, avait une vision très pessimiste quant à la réalisation
de cette croissance continue. A la place, il introduit la notion de cycle 20 de croissance mu par
le comportement de la croissance démographique : si celle-ci a tendance à la hausse, elle
dépassera la hausse de la production alimentaire et la population est donc vouée à être
accablée par la famine, la guerre, les maladies, et naturellement la mortalité de masse ;
ensuite, cette dernière pousse à revenir à un meilleur rapport entre la population et la
production agricole , d’où la relance de la croissance qui plus loin sera à coup sûr de nouveau
interrompu par la nouvelle hausse de la croissance démographique, et ainsi de suite. Bref,
c’est l’effet pratique de la loi de progression arithmétique des subsistances et de la loi de
progression géométrique de la population. Par ailleurs, si Malthus propose le célibat comme
assurant la même fonction que la mortalité, il ne prévoit toutefois pas la révolution agricole,
grâce à laquelle la production dépassera les besoins et permettra à un plus grand nombre de
prospérer, ni la généralisation des méthodes de contraception, qui allaient faire chuter le taux
de fécondité.
Pour finir avec les classiques et leurs visions de la croissance, avançons enfin la
contribution de David Ricardo, dans son ouvrage Des principes de l’économie politique et de
l'impôt (1817), au travers sa théorie de la rente foncière. Celle-ci se veut être comme une
synthèse, elle explicite, d’abord, le processus de croissance par l’accumulation de capital,
puis, pose encore les grands problématiques de la croissance : équilibrée ou déséquilibrée, à
court terme ou à long terme.
Comme chez Smith, l'ensemble de tous les biens produits dans une économie se trouve
réparti pour Ricardo entre trois classes : les propriétaires qui possèdent le sol, les capitalistes
qui contrôlent le capital productif et les ouvriers qui fournissent le travail nécessaire à la
production. Puis la distribution des richesses suit deux lois distinctes : le principe de la marge,
19
Denise Flouzat, « Economie contemporaine », Themis, Tome 3.
20
Ce cycle n’a pas comme tendance vers le progrès des sociétés.
14
qui fonde la théorie de la rente21, et le principe du surplus, qui fonde celle de l'accumulation
en reliant le taux de salaire au taux de profit. Développons brièvement la théorie de la rente.
Pour Marx, dans son ouvrage Le capital (1867), il analyse de manière différente le
processus d’accumulation de capital des classiques pour en arriver à la conclusion de
disparition du système capitaliste. D’abord, il analyse le processus de circulation des
marchandises propre à l'économie capitaliste : une conversion du capital argent en capital
productif (A-M) permet au capitaliste de retrouver accru le capital argent initialement avancé
(M-A'). Or cette création de « survaleur » ou plus-value n'est possible que s'il existe une
21
Issue directement de l’idée de Malthus.
22
A part les rentes qui sont supposés entièrement dépensées en biens de luxe, exclus par définition du champ de
la production.
23
Taux de profit = productivité marginale des terres cultivées / taux de salaire.
15
marchandise spécifique : la force de travail. La plus-value correspond à la différence entre la
valeur réalisée par la force de travail et la rémunération de cette dernière, fixée au niveau de
subsistance des travailleurs24. Il explique ainsi comment les propriétaires des moyens de
production prennent possession du « surtravail » des ouvriers dans le cadre d'une relation
contractuelle, la relation salariale, qui est alors une relation d'exploitation. L'objectif du
capitaliste est d'accroître la plus-value puisque celle-ci conditionne son taux de profit (rapport
entre la plus-value et l'ensemble du capital avancé). Or la plus-value dépend de l'exploitation
de la force de travail mais aussi de la composition du capital, distinguant le capital constant
(les machines) du capital variable (la force de travail). La dynamique d'accumulation du
capital implique la recherche d'une productivité accrue imposant une parcellisation croissante
des tâches et la substitution des machines aux travailleurs. La conséquence directe de cette
dynamique est la diminution du taux de profit, car seule la force de travail est source de plus-
value. Cette baisse tendancielle du taux de profit exprime la contradiction interne du
capitalisme qui doit mener à sa chute. Par ailleurs, on dit que les travailleurs sont aliénés
parce que si en réalité ce sont eux qui contribuent le plus dans la production, paradoxalement,
ce sont eux qui reçoivent le moins de cette dernière : le capital se substitue (préjudiciable) au
travail, or par ailleurs, c’est le travail qui crée le capital (par les améliorations des machines,
les inventions). C’est un paradoxe.
Les théories de la croissance exogène25 sont illustrées par deux modèles principales à
savoir : le modèle de croissance exogène et déséquilibrée26 : le modèle de Harrod et Domar ;
et le modèle de croissance exogène et équilibrée : le modèle de SOLOW.
24
Voir supra, Adam Smith.
25
Donc, les déterminants de la croissance sont extérieurs à la sphère économique.
26
Donc, la croissance de l’offre n’est pas égale à celle de la demande.
16
différents qui résultent de déterminants différents. Le taux de croissance effectif correspond à
celui qui se réalise réellement. Le taux de croissance garanti est celui qui assure l’équilibre
entre l’épargne et l’investissement. L’investissement, dont le niveau résulte des anticipations
en termes de débouchés des entrepreneurs, n’a qu’une faible probabilité de correspondre au
niveau de l’épargne qui, elle, est en fonction du revenu29. Le taux de croissance effectif a donc
peu de chances d’être à un taux de croissance garanti qui assure l’équilibre. Mais même dans
ce cas, rien n’indique que ce taux de croissance assure le plein emploi. Le taux de croissance
naturel est le taux de croissance qui assure le plein emploi ; il dépend donc de la croissance de
la population active (qui elle-même résulte de données démographiques) et de la croissance de
la productivité (qui elle-même dépend du progrès technique). La démographie et le progrès
technique sont des données exogènes, considérées comme extérieures à la sphère économique,
aucun mécanisme n’influe sur la croissance effective pour qu’elle assure le plein emploi. La
croissance idéale est celle qui ferait coïncider croissance garantie et croissance naturelle.
Cependant, les déterminants de ces taux de croissance sont différents et dès fois même
exogènes, donc la possibilité d’une croissance équilibrée résulte d’un hasard et au cas où elle
se réalise, elle se tient sur un « fil de rasoir ».
27
MONTOUSSE M., Thèmes & débats.2002.
28
C’est justement ce point qui sera mis en cause par les théories de la croissance endogène.
29
L’investissement a un double déterminant : l’offre et la demande.
30
MONTOUSSE M., Thèmes & débats.2002.
31
Par ailleurs, c’est pour cette raison que les PED peuvent converger vers les pays développés. Le sous-
développement n’est donc qu’un retard à rattraper.
17
facteur exogène qui provient de données extérieures à la croissance : le progrès scientifique ;
d’où, le terme croissance exogène.
En résumé, pour les deux modèles, les déterminants principaux de la croissance sont
exogènes : essentiellement croissance de la population et progrès technique. La croissance est
non-entretenue et déséquilibrée pour Harrod et Domar ; non-entretenue et équilibrée pour
Solow. Enfin, il y a les rendements décroissants de Solow.
32
C’est relatif au processus dynamique de l’innovation de Schumpeter.
33
Pour les NEC, cette intervention doit néanmoins éviter le déficit budgétaire.
18
En résumé, pour les théoriciens de la croissance endogène, les principaux déterminants
de la croissance sont endogènes : principalement l’accumulation des connaissances (Romer),
l’investissement en capital humain (Lucas et de Becker), l’innovation et la R&D et le rôle
des dépenses publiques en infrastructure par exemple (Barro).
Enfin, les institutionnalistes (Robert Fogel et North Douglas) montrent que des
domaines non économiques contribuent aussi à la croissance économique : la règle de droit,
par exemple, les reformes législatives sur un secteur particulier ; le social et le culturel liées à
l’investissement ou plutôt à la confiance des investisseurs.
Pour ne pas se perdre, essayons d’englober encore. En effet, tous ces variables
gravitent autour du :
- Capital humain,
- Du capital physique,
- Et enfin du progrès technique.
Mais, il est à remarquer encore que l’on ne peut agir sur l’un de ces variables sans se
passer par les autres : c’est un système. Un exemple : s’il n’y a pas d’infrastructures
publiques, il n’y a pas d’externalités positives, donc augmentation des coûts de production,
19
puis diminution du capital physique. Pas de capital physique, donc pas d’externalités
(learning by doing) sur les travailleurs, donc affaiblissement du capital humain et enfin bien
évidemment pas de progrès technique.
Et par ailleurs, au sens d’ALAYA34 et al. (2009), distinguons bien, d’abord, les effets
directs et indirects des IDE sur la croissance de l’économie des pays d’accueil. En effet, Les
effets directs sont la contribution à la valeur ajoutée, le gain de productivité via le
transfert technologique entre les entreprises locales rachetées ou intégrées dans les
chaînes de production. Ces effets directs impactent sur la production et la
modernisation des équipements productifs. Tandis que les effets indirects affectent les
entreprises des pays hôtes et leur productivité. Ceci à travers les reports
technologiques, informationnels et organisationnels qui facilite in fine l’accès aux marchés
mondiaux pour les firmes locales.
34
MAINGUY C. (2004) : « Les investissements directs étrangers dans les pays en développement : La diversité
des impacts »-Région et Développement n°20, Harmattan, pp. 65-84.
20
Section I : L’investissement direct étranger comme facteur de la croissance économique
A l’aide d’un modèle, Borensztein, De Gregorio et Lee35 (1998) ont montré que l’IDE
entretient la croissance économique grâce à la réduction des coûts liés à l’introduction d’un
nouveau type de capital, en accélérant ainsi le taux d’accumulation. Dans la foulée,
Wacziarg36 (1998), et avant, Blomstrom, Lipsey et Zejan37 (1994) ont conclu que chaque
point de pourcentage de ratio IDE sur le PIB est associé à une augmentation de 0,3% à 0,4%
du taux de croissance de PIB par tête.
Par ailleurs, comme par définition (cf. Chapitre I, Section 1), les FMN mettent en
œuvre des compétences parfois très complexes dans le processus de rentabilisation de leurs
investissements (IDE). De ce fait, ces dernières peuvent au travers d’externalités positives ou
« spillovers »38 ou « productivity spillovers »39 ou encore « technology spillovers » profiter
les entreprises locales, elles permettent à ces dernières d’améliorer leur efficacité productive :
en effet, la pression compétitive exercée par les filiales étrangères force les firmes
locales à opérer plus efficacement et à introduire dans leur processus de production de
nouvelles technologies (effet d’entraînement40). A cet égard et d’un point de vue plus
général, Caves (1974) a classifié les spillovers en trois catégories selon leur effet sur
les entreprises locales. Premièrement, les firmes multinationales peuvent accroître
l’efficience allocative (« allocative efficiency ») en entrant dans les industries caractérisées
par des barrières élevées à l’entrée, et en réduisant les distorsions monopolistiques.
Deuxièmement, l’entrée des firmes multinationales induit une efficacité technique si la
pression compétitive « competitive pressure » ou l’effet de démonstration incitent les firmes
locales à utiliser plus efficacement les ressources existantes. Troisièmement, les entreprises
étrangères peuvent accroître le taux de transfert et de diffusion de la technologie, à cause
de la concurrence et de l’imitation continue. Ces trois catégories de spillovers se
retrouvent toujours en partie ou en totalité dans les cas pratiques liés à la présence des
41
firmes multinationales. Grossmann G. et Helpman E. (1991) ont ajouté que les flux d’IDE
35
DE GREGORIO, BRONSZTEIN et LEE J.W, « How does Foreign Direct Investment Affect Growth? ».
36
WACZIARG, R. (1998), “Measuring the Dynamic Gains from Trade”, World Bank Working Paper, no.2001.
37
BLOMSTRÖM, M., LIPSEY, R.E., ZEJAN, M. (1994), « What explains developing countries
growth? » NBER working Paper N°4132, NBER, Cambridge, Mass.
38
BLOMSTROM (1989).
39
BLOMSTROM et KOKKO (1998).
40
« On dit qu’il y a effet d’entraînement d’une activité sur une autre lorsque le développement de l’une
entraîne le développement de l’autre » in Dictionnaires des sciences économiques, édition Cursus, série «
économique », Bernard Simler (1995).
41
GROSSMANN G. and HELPMAN E. (1991), « Innovation and Growth in the Global Economy », The MIT
Press, Cambridge.
21
permettent aux pays en développement d’accéder aux technologies avancées que ce soit
par voie d’imitation, de concurrence, de liens ou de formation.
Se trouve-t-il donc que les FMN ne peuvent pas extraire la rente totale ou internaliser
les effets bénéfiques de sa présence dans le pays d’accueil.
Findlay (1978) a construit un modèle dynamique simple avec un IDE pour expliquer,
d’une part, les causes et les conséquences des spillovers, et de déterminer l’écart
technologique entre deux pays de niveau de développement économique différent, d’autre
part.
Hypothèse du modèle :
Le monde est divisé en deux régions distinctes, une région avancée42et une région en retard43.
i) L’indice d’efficacité technologique dans la région avancée est noté A(t) tel que :
ii) Le niveau technologique de la région en retard est noté B(t) tel que :
Avec une constante positive qui mesure le taux de convergence considéré comme
une fonction de plusieurs facteurs qui affectent les spillovers technologiques dans la
région en retard.
42
Les FMN.
43
Les entreprises locales.
22
Findlay conclue que les causes des spillovers sont les IDE et ils sont très fortes dans la
région en retard quand l’écart technologique mesuré par la différence entre A(t) et B(t)
est grand.
Toujours dans ce cadre, beaucoup d’auteurs44 ont donc découvert que les flux d’IDE
exerceraient un effet positif sur les investissements nationaux du pays d’accueil : IDE et
investissements locaux sont donc complémentaires. Par ailleurs, De Soysa et Oneal (1999) ont
également montré qu’un niveau élevé de l’investissement privé national est un signal de
rendement élevé du capital investi attirant ainsi l’IDE. Par conséquent, les efforts de
renforcement de l’investissement privé contribuent à rendre les pays d’accueil plus
compétitifs aux regards des investisseurs directs étrangers, ce qui tire le PIB vers le haut.
Toutefois, d’un autre côté, beaucoup d’auteurs sont quant à eux plus sceptiques à
l’égard des IDE. Réfutant le mot d’ordre des néoclassiques en matière d’IDE, ils se penchent
plutôt, dans le camp des marxistes et des analystes dépendantistes dont les conclusions se
coïncident mieux avec les leurs.
Borenstein, De Gregorio, Lee (1998), puis, De Soysa et Oneal (1999), et enfin Razin (2005).
44
23
Section II : L’investissement direct étranger comme frein de la croissance économique
D’autres côté, toujours les mêmes auteurs45cités plus hauts affirment que l’apport en
capital peut ne pas être bénéfique en termes de croissance lorsque le stock de capital humain
est trop bas. A cet égard, mise en évidence par Wang (1990), Kokko (1994) et beaucoup
d’autres auteurs traitants la question, les effets des IDE émanant des FMN sont étroitement
liés au niveau du capital humain dans les pays d’accueil. Quand ce dernier est faible, ces
effets peuvent être moins significatifs voire négatifs. C’est le cas où les FMN se dirigent dans
des secteurs où la capacité technologique est relativement faible et où la différenciation de
produit et/ou l’économie d’échelle sont significatifs. Là, elles ont la mainmise sur le marché,
y excluent les firmes locales et, par conséquent, diminuent la production.
Comme, dans la pratique, les IDE partent souvent des pays développés vers d’autres
pays développés. Ce qui met le modèle de Findlay non opérationnel. D’où, nous allons voir le
modèle de spillover endogène de Wang et de Blomstrom (1992) qui est notion plus globale
et plus réaliste. La construction du modèle est comme suit :
- Il existe un coût de transfert Cf (décroissant avec les fréquences des transferts) lors
du transfert technologique réalisé par la FMN.
24
- la technologie agit uniquement sur les préférences des consommateurs qui sont
déterminées par une fonction d’utilité dépendant de l’attractivité du produit de
chaque firme.
- L’écart technologique entre les deux firmes est défini par k = Kf / Kd.
dKf / dt = If Kf
dKd/ dt = (Id) Kf
Où (Id) > 0
(Id) < 0
Et (0) = ,
Puis :
25
dKd/ dt = (Id) kKd
Car :
k = Kf / Kd.
̇ ̇ ̇
Avec : = − ,
̇
Finalement : ̇ =[ − ( ) ]
Ainsi, Kuman et Pradhan (2002) ont donc découvert un effet général négatif des IDE
sur les investissements intérieurs dans les pays d’accueil. C’est le cas lorsque les IDE
agissent comme étant des substituts aux investissements locaux. On remarque en effet, des
fois, que suite aux IDE, les concurrents sont éliminés du marché surtout les industries
artisanales et les produits artisanaux qui sont si peu compétitifs face aux nouveaux produits
modernes apportés par les IDE ; d’où, le PIB est diminué des contributions des produits
artisanaux.
26
Conclusion de la première partie
L’IDE est un financement externe, entre autres, privé. Il entraine une notion de
contrôle ou de pouvoir d’influence sur la gestion d’une entreprise étrangère qui, aux termes
d’une prise de participation au capital suffisante, peut intervenir dans les choix stratégiques de
l’entreprise investie. Par la suite, il occasionne un transfert de compétences (un ensemble
technologique) qui ne se limite pas au simple transfert de capital mais comprend également
des hommes ou des savoir-faire, licences, matériels technologiques.
Cependant, les effets des IDE sur la croissance économique sont encore conditionnés
par le niveau initial du stock de capital humain dans le pays d’accueil. Pour beaucoup
d’auteurs, ce niveau est plus préférable s’il permet une capacité d’absorption des technologies
occasionnées par les IDE. Dans ce cas, il peut y avoir de la concurrence entre les FMN et les
firmes locales, ce qui tire le PIB vers le haut. Dans le cas contraire, c’est l’inverse qui se
montre. Les FMN détruisent les entreprises locaux de par leur mobile qui est, avant tout, la
recherche de maximum de profit, et donc de la mainmise sur le marché local.
Dans la deuxième partie de ce travail, nous allons vérifier, à travers des analyses
empiriques portant sur les effets de l’IDE sur la croissance économique à Madagascar, la
véracité de ces approches et ces modèles théoriques que nous venant d’évoquer.
27
PARTIE II : ANALYSES EMPIRIQUES DES EFFETS DE L’INVESTISSEMENT
DIRECT ETRANGER SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE A MADAGASCAR
Pour mieux aborder les analyses des effets de l’IDE sur la croissance économique à
Madagascar, et pour mieux vérifier ensuite les approches et les modèles théoriques les
concernant, il est préférable d’entamer, d’abord, notre analyse par une approche pratique sur
les déterminants de l’IDE dans le pays. Ensuite, nous allons procéder à l’examen détaillé des
flux d’IDE enregistrés sur le territoire malagasy.
Madagascar fait partie des pays bénéficiaires des IDE, et à cet égard, les chiffres
concernant l’afflux de ces capitaux étrangers montrent une remontée incomparable depuis une
décennie déjà. En 2009, les flux d’IDE offrent son record s’élevant à 2532,51 milliards
d’Ariary46. Le pourquoi de ce chiffre se tient cependant non seulement dans les politiques
économiques, tant au niveau national qu’au niveau international, mais aussi dans les lois et les
institutions que le pays, et plus précisément, les gouvernements successifs n’ont cessé de
reformer tant dans le cadre des programmes multidimensionnels comme le programme
d’ajustement structurel ou le document cadre de stratégie de réduction de la pauvreté ou
encore le Madagascar Action Plan qu’en termes de décisions sectorielles, donc, tout en tenant
compte des avantages en matière de ressources naturelles et de mains d’œuvre bon marché. Il
est ainsi préférable, dans ce chapitre, de préciser d’abord ces lois, ces institutions et ces
politiques économiques avant tout rapprochement avec les flux d’IDE.
Comme déjà évoqué plus haut, Madagascar n’a cessé de reformer les lois, les
institutions et les politiques pour mieux satisfaire les investisseurs, et particulièrement, les
investisseurs étrangers. Surtout depuis les années 90, les gouvernements successifs, se sont
engagés vivement à mieux en mieux améliorer le climat des investissements du pays. De là
sorte l’objet de cette section : parler des détails les plus marquants de ces mesures tant bien
sûr sur le plan juridique, institutionnel et économique.
46
Source : INSTAT, décembre 2012.
28
I.1. Sur le plan juridique
Sur le plan juridique, Madagascar a ainsi montré un très large ensemble d’offres
généreux à l’intention des investisseurs privés. Les règlementations juridiques se sont toujours
montrées très favorables pour l’environnement des affaires et la mise en place de cadre tel que
la promotion de l’investissement. Entre autres, on peut énumérer les textes les plus marquants
suivant :
29
En 1995 (après celle de 1989), une révision du code des investissements a été prévue
pour intégrer les incitations fiscales directement au code des impôts et les baser sur
des critères économiques (révisé en 2008).
Une Commission de la Réforme du Droit des Affaires a été créée par décret n°97-750
du 25 mai 1997. Elle est composée de juristes, avocats, universitaires, etc.
La Loi n°97-025 régit les activités des commerçants, et fixe les normes applicables en
matière d’organisation de la concurrence, d’information et de protection des
consommateurs.
En 1999, on insère dans le Code Pénal un nouveau texte concernant la lutte contre la
corruption.
L’OMH, qui est l’organe de régulation du secteur pétrolier aval, a été institué par le
décret n°98-150 du mois de février 1998. Ses principales attributions consistent à
définir les normes techniques des produits mis en vente, d’établir et de faire respecter
le principe de « prix plafonds des produits », de délivrer les licences d’exploitation
et les permis de construction des installations pétrolières, de contrôler le respect de la
concurrence, et de recevoir les réclamations des consommateurs. Par ailleurs, les
mesures de libéralisation prises depuis 1995 ont été codifiées par la loi n°99-009. Le
décret n°95-565 suivi des décrets d’application, a libéralisé le marché des produits
pétroliers. Les activités d’importation, de transformation, de transport, de stockage et
de vente de ces produits sont organisées par la dite loi. A ce propos, le décret n°97-584
précisait, par ailleurs, la privatisation de SOLIMA, la société d’Etat de distribution de
produits pétroliers SOLIMA.
30
I.2. Sur le plan institutionnel
L’instauration des Chambres de métier par la loi n°95-004 du 21 juin 1995, relatives à
l’artisanat qui représentent les intérêts généraux des artisans dans leur circonscription
territoriale ;
La Fusion de trois régies (service des Contributions directes, service des Contributions
indirectes et service de l’enregistrement et Timbre) ;
31
La mise en place du projet PIC (Pole Intégré de Croissance) dont les objectifs
consistent à améliorer l’environnement des affaires ; encourager la croissance
économique par les exportations, le tourisme et les mines dans certains zones pilotes ;
Surtout depuis la fin des années 80, les politiques incitatives des investissements n’ont
cessé de s’évoluer à Madagascar, des politiques qui vont de pair avec d’autres politiques et
mesures à savoir la politique monétaire, la politique budgétaire, la politique fiscale, la
politique en matière de relation avec l’extérieur ou le taux de change, la politique sectorielle
et les mesures spécifiques sur l’accès à la terre et sécurisation foncière (les détails sont
présentés en annexe 1). Citons les plus marquants de ces politiques :
Politique d’investissement :
Il y avait :
Politique fiscale:
Il y avait la réduction des droits d’accise (pour le secteur minier), la détaxation 47 d’un
certain nombre de biens d’investissements et de la consommation, la réduction d’un nombre
de taxes de 4 à 2 (taxe à l’importation et droit de douane).
- les redevances minières : (i) 0,6% alloués aux institutions déconcentrées (communes
et régions) et (ii) le Ristourne : 1,4% ;
- et les frais de gestion : alloués au bureau du cadastre minier.
47
La détaxation est une action fiscale qui consiste à exonérer de certaines taxes sur certains biens d’importation
dans le but de favoriser les décisions d’investissement.
32
Politique en matière de relation avec l’extérieur :
- Il renforce la relation avec les autres pays. Il s’intègre au niveau des blocs régionaux :
SADC, COMESA, COI.
- Il y a l’adhésion à diverses conventions internationales (API, AMGI, etc.).
- Il signe les accords sur l’AGOA avec les Etats-Unis, et les accords bilatéraux avec les
pays émergents.
- En 2007, il a visé à finaliser des accords de promotion et de protection des
investissements (APPI) avec le Maroc, la Suisse et la Thaïlande.
Politique sectorielle :
33
ZFI48, aménagement des zones industrielles dédiées, appui au développement des
filières économiques). A cet égard, selon l’article 3 de la Loi n°91-020 du 13 Août
1991 portant refonte de la loi relative au régime de zone franche, les entreprises de
ZFI comprennent quatre catégories :
48
La ZFI définit toute enclave territoriale constituée en vue de faire considérer les marchandises qui s’y
trouvent comme n’étant pas sur le territoire douanier pour l’application des droits de douane et des taxes
dont elles sont passibles en raison de l’importation, ainsi que des restriction des quantitatives.
34
- l’adoption du taux de change flottant depuis 1994 ;
- l’installation, en mai 1994, d’un marché interbancaire de devises ;
- l’accroissement du financement non monétaire du déficit public ;
- l’instauration de l’Ariary.
Tout cela n’étant qu’une simple approche pratique sur les déterminants des IDE à
Madagascar. Dans la section suivante, nous nous intéressons un peu plus sur l’évolution des
flux d’IDE occasionnés par les politiques gouvernementales mises en œuvre.
35
Section II : Tendances sur les flux d’investissement direct étranger entrants à Madagascar
II.1. Structure des flux d’investissement direct étranger entre 2000 et 2012
FIGURE 2 : EVOLUTION DES FLUX D’IDE ENTRANTS DE 2002 A 2011 (EN MILLIARDS D’ARIARY)
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
-500
En général alors, les flux d’IDE n’ont cessé de se renforcer depuis l’après crise de
2002. Toutefois, ils ont connus un fléchissement en 2010. La cause de cela se tient a priori
dans la crise sociopolitique de 2009. En effet donc, les investisseurs ont besoin d’un certain
laps de temps pour adapter leur comportement à la réalité du pays, et c’est surtout le cas si les
investissements sont largement importants.
36
II.1.1. Durant la période 2000-2005
Le flux des IDE a connu une hausse de 17% entre les années 2000 et 2001. En effet, le
niveau des flux est passé de 95 milliards d’ariary49 en 2000 à 111,6 milliards50 en 2001. Entre
les deux années, la structure des flux des IDE est assez stable. Mais, Si en 2001, les flux
entrants d’IDE se sont élevés à 111,6 milliards d’ariary, ils sont passés à 83,5 milliards
d’ariary en 2002, soit une baisse de l’ordre de 25% par rapport au montant de l’année 2001.
La raison de cette baisse est la crise sociopolitique de 2002.
Ensuite, en 2002, les flux entrants d’IDE se sont élevés à 83,5 milliards d’ariary, et ils
sont passés à 171, 6 milliards en 2005, soit une hausse de 205,5% par rapport au montant de
l’année 2002.
Sur l’ensemble de la période 2002-2005, près de 60% des capitaux étrangers ont été
enregistrés sous la rubrique des « autres transactions », donc, des échanges financiers entre
des maisons mères étrangères et leurs filiales à Madagascar. Il s’agit essentiellement des «
emprunts à plus d’un an » et des « apports en compte courant ». Cependant, il est à remarquer
que pour les deux dernières années, les entreprises d’investissements directs révèlent un
certain changement de comportement : ils ont commencé à prêter des fonds, même si ceux-ci
restent à un niveau relativement faible. Par contre, les « emprunts à plus de 1 an » ont régressé
49
Rapport d’analyse : enquête sur l’investissement étranger à Madagascar, 2000-2001, p. 32.
50
Idem.
37
de 60% entre 2003 et 2004 pour ne s’établir qu’à 4,2 milliards d’ariary en 2005. Le mode
financement de ces entreprises a été plutôt axé sur l’apport en l’apport en compte courant. Les
flux des apports ont cru de 6% entre 2003 et 2004, de 30% entre 2004 et 2005 pour atteindre
43,8 milliards d’ariary en 2005.
TABLEAU 2 : LES FLUX PAR TYPE DE CAPITAUX EN 2006 ET EN 2007 (EN MILLIARDS D’ARIARY)
Par ailleurs, les flux entrants d’IDE pour les deux dernières années (2008 et 2009),
sont respectivement 1915,00 milliards d’ariary51 et 2532,51 milliards d’ariary52.
En 2005, les flux entrants d’IDE se sont élevés à 171,6 milliards d’ariary, ils sont
passés à 2532,51 milliards d’ariary en 2009, soit une hausse de 1475,8% par rapport au
montant de l’année 2005.
Analyse des flux d’IDE par branche d’activité, in « Etude sur les investissements directs étrangers à
52
38
apports en compte courant ». Toutefois en 2009, ce poste a connu une petite baisse par rapport
aux années antérieures : 56,8%53 de l’ensemble des flux. La raison de cette baisse provient de
l’accroissement du poste « apport en capital » qui représentait, pour l’année 2009, les 38,6%54
du total des flux. Ainsi, même face à la crise financière mondiale et la crise politique de 2009,
le niveau des engagements dans les grands projets miniers étant élevé, il est difficile pour les
investisseurs d’abandonner leurs projets.
Mais ces crises ont malgré tout eu un léger impact sur les flux d’IDE en général en
2009. Un léger fléchissement du rythme de croissance des IDE entrants a été constaté : un
taux d’accroissement en valeur de l’ordre de 25%55 seulement.
Pour les années 2010 et 2011, les flux entrants d’IDE sont respectivement 1 689,1
milliards d’ariary56 et 1 639,9 milliards d’ariary57.
En 2009, les flux entrants d’IDE se sont élevés à 2532,51 milliards d’ariary, ils sont
passés à 1 689,1 milliards d’ariary en 2010, soit une baisse de l’ordre de 33% par rapport au
montant de l’année 2009.Les raisons de cette baisse sont a priori la crise financière mondiale
et la crise politique qui sont tous les deux déjà amorcées en 2009.Mais pourquoi le
fléchissement s’est reporté en 2010? La réponse se tient a priori au fait qu’il est difficile pour
les investisseurs d’abandonner leurs grands projets d’investissements en cours.
En effet, si le flux des « autres transactions » est plus ou moins maintenu (hausse de
19% par rapport à l’année 2009) pour l’année 2010, les flux du « capital social » et des
« bénéfices réinvestis » quant à eux ont considérablement baissé : il y avait respectivement
des diminutions de l’ordre de 103%58et 105%59par rapport à l’année 2009.
Ensuite, par rapport à l’année 2010, les flux d’IDE ont encore en 2011 baissé de
l’ordre de 2,9%. La raison de cette baisse se trouve dans la diminution de l’ordre de
53
Flux des investissements directs étrangers, in « Etude sur les investissements directs étrangers à Madagascar »,
Juin-Octobre 2010, p. 13.
54
Idem.
55
Idem.
56
Flux des investissements directs étrangers, in « Etude sur les investissements directs étrangers à Madagascar »,
Décembre 2012, p. 8.
57
Idem.
58
Flux des investissements directs étrangers, in « Etude sur les investissements directs étrangers à Madagascar »,
Juillet 2011, p.7.
59
Idem.
39
9,7%60du flux des « autres transactions ». Et par ailleurs, les flux du « capital social » et
« des bénéfices réinvestis » ont évolué positivement par rapport à 2010. Le flux du capital
social a été de 49,3 milliards d’ariary en 2011, contre 29 milliards d’ariary en 2010 et celui
des bénéfices réinvestis est passé de 5,8 milliards d’ariary en 2010 à 32,7 milliards d’ariary
en 201161.
TABLEAU 3 : LES FLUX D’IDE PAR BRANCHE D’ACTIVITES ENTRE 2007 ET 2012 (EN MILLIARDS
D’ARIARY)
60
Idem.
61
Idem.
62
Flux des investissements directs étrangers, in « Etude sur les investissements directs étrangers à Madagascar »,
Janvier 2014, p.9.
40
Depuis 2010, le flux d’IDE reçu par la branche « activités extractives » a connu une
diminution de l’ordre de 26,4% par rapport à l’année 2009. En effet, QMM, dans le sud du
pays, est déjà entré dans la phase d’exploitation et le projet d’Ambatovy annonce la fin des
travaux de mise en place pour l’année 2011.
En 2012, au niveau des branches « hors activités extractives », après une baisse
générale des flux d’IDE observée en 2010, une augmentation de l’ordre de 94,3% a été
constatée en 2012. Cette variation vient principalement des hausses probantes des flux
d’IDE enregistrées par les branches « activités financières », « télécommunication », «
activités de fabrication », « commerce », « pêche, aquaculture », « immobilier et services aux
entreprises » et « transport ».
TABLEAU 4 : EVOLUTION DES FLUX D’IDE PAR PAYS D’ORIGINE ENTRE 2007 ET 2012 (EN
MILLIARDS D’ARIARY)
63
Rapport d’analyse : enquête sur l’investissement étranger à Madagascar, 2000-2001, p. 34.
64
Idem.
41
- Japon (Sumitomo, 27,5 % d’Ambatovy)
- Corée du Sud (Kores, 27,5 % d’Ambatovy).
Toutefois, si en 2011, les investisseurs français sont principalement dans les «activités
financières» (Crédit Agricole‐ BNI, BFV‐Société Générale, BPCE‐BMOI), la téléphonie
avec Orange‐France Télécom, la distribution de produits pétroliers et énergie (Total, LP,
Air Liquide, Rubisgaz / Vitogaz), et « immobilier et service aux entreprises » ; en 2012, ils se
sont orientés brusquement vers les « activités financières », « activités extractives » et «
commerce ».
D’autre côté, si en 2011, les investisseurs mauriciens sont principalement dans les
branches « télécommunication » (avec une part de 24,7%), « construction BTP » (9,3%),
« activités financières » (5%) et « activités de fabrication » (4,6%) ; mais aussi dans la
branche « activités extractives » avec une part de 24,7% ; en 2012, une modification a été
constatée : en effet, ils se sont plutôt orientés vers les « activités extractives », la
« télécommunication » et enfin «immobiliers, location et services aux entreprises ».
42
FIGURE 4 : REPARTITION DU FLUX D’IDE MAURICIENS A MADAGASCAR PAR BRANCHE
D’ACTIVITE EN 2012
Par ailleurs, le Canada reste dans la course de par sa contribution au projet minier
d’Ambatovy. Néanmoins, le Royaume-Uni perd de plus en plus sa place vu l’entrée en phase
d’exploitation du QMM.
43
CHAPITRE 4 : EFFETS DE L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER SUR LA
CROISSANCE ECONOMIQUE A MADAGASCAR
Dans ce chapitre, nous analyserons enfin les effets de l’IDE sur la croissance
économique à Madagascar. Et à l’occasion, nous vérifierons, pour ce pays, les approches et
les modèles théoriques concernant les effets de l’IDE, tant sur le capital humain, la
productivité et les entreprises locales. Pour se faire alors, voyons, d’abord, les effets positifs
puis négatifs des flux d’IDE sur la croissance économique à Madagascar. Enfin, dans la
section finale, parlons des recommandations et des perspectives relatives aux questions d’IDE
à Madagascar.
Section I : Les effets positifs et négatifs de l’investissement direct étranger sur la croissance
économique à Madagascar
I.1. Les effets positifs de l’investissement direct étranger sur la croissance économique à
Madagascar
I.1.1. Part des investissements directs étrangers dans le produit intérieur brut
44
La part des IDE dans le PIB restait insignifiante jusqu’en 2006, la date à laquelle elle
s’est élevée à 4% du PIB. Puis en 2008, cette part relative de l’IDE du PIB atteignait à 17,5%.
L’apport de l’IDE dans le PIB peut être aussi appréhendé en termes de valeur ajoutée.
Ainsi, par la suite, nous parlerons naturellement, par déduction à partir des chiffres d’affaires
et des emplois, de la productivité apparente du travail et du taux de valeur ajoutée engendrés
par les entreprises à capitaux étrangers. Ces derniers étant considérés comme les mesures des
effets des IDE, et plus précisément, des « spillovers » sur le capital humain, la productivité et
la croissance économique.
D’après le tableau ci-dessous, en 2007, ce sont les entreprises se trouvant dans les
activités financières qui ont été les plus productives avec un taux de valeur ajoutée environ à
70%.Celles de la branche « production d'électricité, d'eau et de gaz» viennent en seconde
position avec un taux égal à 66,3%, puis, celles des « autres » branches avec un taux égal à
61,5%. Et ce sont les entreprises de la branche de la « distribution de produits pétroliers » qui
étaient les moins productives en 2007 en se référant au taux de valeur ajoutée.
45
TABLEAU 6 : TAUX DE VALEUR AJOUTEE DANS LES ENTREPRISES A INVESTISSEMENT ETRANGER
A MADAGASCAR DE 2000 A 2007 (EN %)
Immobilier, location 66,61 65,74 32,8 37,8 34,4 43,7 34,9 55,1
et services aux
Entreprises
Par contre, en termes de productivité apparente du travail, il ressort que ce sont les
travailleurs de la branche « distribution de produits pétroliers » qui sont les plus productifs en
2007 en dégageant 148,2 millions d’ariary par travailleur (Cf. Tableau ci-dessous). Mais force
est de constater que ces mêmes travailleurs sont moins productifs par rapport à l’année 2006
65
Taux de valeur ajoutée = (VA/CA) 100.
46
et cela malgré la hausse du taux de valeur ajoutée en 2007. Viennent ensuite ceux de la
branche « commerce » avec 109,6 millions d’ariary pour la même année. Remarque
importante encore, c’est la branche des « activités extractives » qui a été la moins productive
en 2006 si nous nous référons à la productivité apparente du travail.
D’ARIARY)
Branches d’activité
Productivité apparente du travail (million d'Ariary) 66
66
Productivité apparente du travail = VA/Nombre d’emplois créés au sein des entreprises à capitaux étrangers.
47
Par ailleurs, on a :
Ainsi, en 2011, ce sont les entreprises se trouvant dans les activités « hôtels et
restaurants » qui ont été les plus productives avec un taux de valeur ajoutée environ à
70%.Celles de la branche «activités financières» viennent en seconde position avec un taux
égal à 56%, puis, celles de la branche « agriculture » (45%). Ce sont les entreprises de la
branche de la « distribution de produits pétroliers » et « activités extractives » qui étaient les
moins productives en 2011.
D’un autre côté, en termes de productivité apparente du travail, ce sont les travailleurs
de la branche « télécommunication » qui sont a priori les plus productifs en 2011 en
dégageant 116,2 millions d’ariary par travailleur. Viennent ensuite ceux des branches
« transports, auxiliaires de transport » et « distribution de produits pétroliers » avec
respectivement 47,6 millions d’ariary et 45,5 millions d’ariary pour la même année. C’est la
branche des « activités extractives » qui a été la moins productive en 2011 si nous nous
référons à la productivité apparente du travail.
48
En synthèse, tout cela confirme ainsi en général les conclusions des néoclassiques et
quelques auteurs67 sur les contributions directes et positives des IDE sur la croissance
économique, cela via l’augmentation de la productivité des entreprises à capitaux étrangers.
Mais quid des effets indirects de l’IDE sur les entreprises locales à Madagascar ?
I.1.2. Par ailleurs, il n’y a pas d’effet d’éviction sur les entreprises locales
Ainsi, on peut dire a priori que les entreprises nationales gagnent en productivité de
par la présence des entreprises d’IDE. Par la suite, à Madagascar, les IDE et les
investissements nationaux sont en générale complémentaires. Ce qui est conforme aux
conclusions de De Soysa et Oneal (1999) (Cf. Chapitre II, Section 1).
Ce sont des cas généraux. Mais s’avère-t-il que les effets pervers des IDE, confirmant
les conclusions des analystes dépendantistes et certains auteurs 68, sont encore invoqués dans
certains cas.
67
Borensztein, De Gregorio, Lee, Wacziarg (1998) ; Blomstrom, Lipsey et Zejan (1994).
68
Wang (1990), SALTZ (1992), Kokko (1994).
49
I.2. Les effets négatifs de l’investissement direct étranger sur la croissance économique à
Madagascar
En outre, une fois que les travailleurs de nationalités malagasy sont qualifiés, un
deuxième problème s’émerge : comment intérioriser les « savoirs tacites », ceux qui sont non
décodables ? A cette question, il n’y a qu’une seule solution : le « learning by doing » ou
encore l’effet d’apprentissage. Cependant, on ne peut récolter le fruit de ce dernier que dans le
long terme. Bref, la capacité d’absorption des technologies apportées et le niveau de capital
humain sont encore en général insatisfaisants pour Madagascar.
Ainsi, en général, les effets de l’IDE à Madagascar sont positifs que ce soit en termes
de valeur ajoutée qu’en termes de productivité des travailleurs. Cependant, pour des cas
particuliers, et surtout celui de la branche « activités extractives », on constate que les signaux
virent au contraire au rouge. En 2011, dans cette branche, la contribution des effets de l’IDE à
50
la valeur ajoutée et à la productivité des travailleurs est très faible. Mais par ailleurs, le poids
de cette branche dans le PIB semble toujours le plus important dans son secteur et même dans
tous les secteurs de production du pays (Cf. Chapitre 4, Section II).
Donc, malgré les effets généraux positifs de l’IDE sur la croissance économique à
Madagascar, ces derniers représentent encore quelques inconvénients pour des cas
particuliers. Ainsi, les autorités étatiques devraient prendre des mesures spécifiques pour
remédier à ces problèmes.
II.1. Recommandations
Pour mieux pallier les pressions compétitives de par la présence des FMN, l’Etat
malagasy a grand intérêt de renforcer les investissements dans les systèmes éducatifs de base.
Pour plus de cohérence, les domaines où s’inséreraient les FMN sont ceux qui sont à prioriser
(assister les firmes domestiques dans leurs efforts d’apprentissage). Ensuite, il doit effectuer
en permanence des dépenses de santé et d’hygiène qui sont des facteurs pouvant avoir des
effets bénéfiques sur le long terme. Bref, le capital humain est un des déterminants de la
croissance économique, une arme face aux FMN, mais aussi, un moteur pour renforcer la voie
vers le progrès technique et le développement.
II.2. Perspectives
La croissance économique à Madagascar n’a pas très évolué depuis la crise financière
mondiale et la crise sociopolitique de 2009. Par ailleurs, force est de constater que les flux
d’IDE se sont progressivement baissé depuis 2010 : les entreprises d’IDE de la branche des
« activités extractives » (surtout le Sheritt) entrent dans leur phase d’exploitation. Ainsi, la
51
part des exportations minières commence de plus en plus contribuée au maintien du taux de
croissance d’environ 2,4%69 en 2013. De leur côté, mais à un niveau encore assez bas, le
secteur primaire et tertiaire commence aussi à faire place.
Toutefois, la pauvreté est encore loin d’être résorber. Les chiffres affichent qu’en
2O13, le nombre des pauvres se sont multipliés par trois depuis 1960, soient 92% des
malagasy. Certes, il y a l’augmentation de la population, mais les crises politiques (de 1991,de
2002 et de 2009) semblent les plus coupables. A cet égard, comme en 2009, il n’a fallu
qu’une année pour priver au taux de croissance 14,5 points70.
69
Direction des Etudes et de la Modélisation Economiques/DGE/VPEI.
70
Idem.
52
Conclusion de la deuxième partie
Enfin, les faits observés sur les interactions entre l’investissement direct étranger et
l’investissement domestique à Madagascar ont montré que ce dernier a commencé à
prendre de l’ampleur (en dépassant les 20%) quand l’arrivée des flux d’IDE dans le
pays est devenue effective au cours de la première moitié des années2000 dans le pays. Un
lien positif existe donc entre la présence de l’investissement direct étranger et le montant
d’investissement national.
Tout cela confirme alors, à Madagascar, les théories selon lesquelles les IDE sont des
facteurs de la croissance économique (Cf. Chapitre 2, Section I).
53
CONCLUSION
Ainsi, les théories sur les effets de l’investissement direct étranger pour le
renforcement des capacités des travailleurs, du capital humain et de la croissance
économique se confirment pour le cas de Madagascar. A priori, le pays a alors un niveau
suffisant de capital humain pour permettre une certaine capacité d’absorption des technologies
apportées par les investisseurs étrangers.
54
Cependant, on peut encore entrevoir que dans les analyses sectorielles, certaine
branche, surtout, les « activités extractives » sont moins productives par rapport aux autres
branches et cela même durant la phase d’exploitation. A cet égard, une question se pose :
comment attirer les capitaux étrangers dans les autres branches qui dégagent plus de taux de
valeur ajoutée ?
55
Bibliographie
Ouvrages :
Articles et revues :
Rapports :
I
- BCM/INSTAT, « Etude sur les Investissements Directs Etrangers à Madagascar »,
Août 2008, 36 pages.
- BCM/INSTAT, « Etude sur les Investissements Directs Etrangers à Madagascar »,
Février 2010, 50 pages.
- BCM/INSTAT, « Etude sur les Investissements Directs Etrangers à Madagascar »,
Juin 2011, 48 pages.
- BCM/INSTAT, « Etude sur les Investissements Directs Etrangers à Madagascar »,
Décembre 2012, 46 pages.
- BCM/INSTAT, « Etude sur les Investissements Directs Etrangers à Madagascar »,
Janvier 2014, 44 pages.
- Fonds Monétaire International, « Manuel de la Balance des Paiements », 1993.
- OCDE, « Le poids des multinationales dans les pays de l'OCDE », Paris, 1999.
Webographie :
II
Annexes
III
IV
Source : CREAM /2008.
V
Annexe 2 : L’accès à l’immobilier d’entreprise dans la loi n° 2007-036 du 14 janvier
2008 sur les Investissements à Madagascar. (J.O. n° 3178 du 3/04/2008 p.2951)
CHAPITRE V
a. Les sociétés de droit malgache dont la gestion est placée sous le contrôle d'étrangers ou
d'organismes dépendant eux-mêmes d'étrangers au sens de l'art 22 modifié de
l'Ordonnance n° 62-041 du 19 septembre 1962 relative aux dispositions générales de droit
interne et de droit international privé sont autorisées à acquérir des biens immobiliers
sous réserve de remplir les deux conditions cumulatives suivantes :
VI
- demande écrite présentée sur un formulaire imprimé remis par l 'EDBM ;
- et toutes autres pièces requises, selon les cas, par l'administration en charge des
Domaines, au soutien d'une demande d'acquisition d'un immeuble.
2. Ladite autorisation ne constitue en aucun cas, un titre de propriété sur l'immeuble qui
en est l'objet, mais seulement le document permettant aux parties de procéder aux
formalités légalement prévues pour la cession d'un immeuble.
3. Le bien immobilier acquis sur Autorisation d'acquisition foncière peut librement être
cédé ou transféré, à l'exception des cessions ou transferts au bénéfice de personnes
étrangères.
Le bien peut également être cédé à des sociétés de droit malgache dont la gestion est
placée sous le contrôle d'étrangers ou d'organismes dépendants eux-mêmes d'étrangers,
sous réserve de l'obtention d'une Autorisation d'acquisition foncière délivrée
conformément aux dispositions de l'article 17 ci-dessus et du présent article.
L'autorisation d'acquisition foncière peut être retirée dans les cas suivants :
Le retrait de l'autorisation d'acquisition foncière est constaté par arrêté motivé du Ministre
chargé des Domaines, sur la demande de l'EDBM ou de toute personne justifiant d'un intérêt à
cette fin. L'arrêté doit mentionner les éléments établissant le non-respect par l'investisseur des
conditions à la délivrance de l'autorisation ou des obligations mises à sa charge.
Il en est de même des biens appartenant à des tiers et, notamment à des institutions de
crédit-bail.
Le Président de la République,
Vu la Constitution
Gouvernement ;
VIII
Vu le Décret n° 2003-008 du 16 janvier 2003 modifié par les décrets n° 2004-001 du 05
janvier 2004, n° 2004-1076 du 07 décembre 2004, et n° 2005-144 du 17 mars 2005 portant
nomination des membres du Gouvernement
Décrète :
TITRE 1
CHAPITRE I
Mission de l’EDBM
A cet effet, la direction générale de l’EDBM dispose d’une grande autonomie dans
l’accomplissement de toutes actions visant l’accomplissement de sa mission. Aussi, la
direction générale de l’EDBM peut librement concevoir, avec l’approbation du Conseil
d’Administration, des stratégies de promotion de l’investissement privé à Madagascar et de
promotion de la création d’emploi.
IX
Pour réaliser sa mission, l’EDBM pourrait assumer les fonctions suivantes, sans que celles-ci
ne soient ni exhaustives, ni contraignantes :
- amélioration du climat des affaires ; médiation des différends dans les affaires ;
CHAPITRE II
Objet de l’EDBM
X
- la proposition et la surveillance des mesures et procédures de facilitation des relations
entre les entreprises et l’administration ;
XI
Annexe 4 : Les trois approches possibles du PIB
1- Optique de la production
2- Optique de la dépense
XII
3- Optique du revenu
XIII
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS................................................................................................................ii
ACRONYMES.........................................................................................................................iii
SOMMAIRE ...........................................................................................................................vii
INTRODUCTION .................................................................................................................... 1
XIV
PARTIE II : ANALYSES EMPIRIQUES DES EFFETS DE L’INVESTISSEMENT
DIRECT ETRANGER SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE A MADAGASCAR 28
XV
I.2.3. Problème socio-économique ............................................................................ 50
Section II : Recommandations et perspectives.................................................................. 51
II.1. Recommandations ................................................................................................. 51
II.1.1. Amélioration du capital humain par l’Etat...................................................... 51
II.1.2. Amélioration du capital physique par l’Etat ................................................... 51
II.2. Perspectives ........................................................................................................... 51
CONCLUSION....................................................................................................................... 54
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................I
ANNEXES.............................................................................................................................. III
XVI
NOM : RANDRIANJAFISON
RESUME ANALYTIQUE
Les investissements directs étrangers sont des opportunités pour les pays à faible
épargne nationale. Dans ce cadre, si une part importante de ses déterminants provient de
l’efficacité des politiques gouvernementales du pays d’accueil ; ses impacts sur la croissance
économique de ce dernier dépendent grandement quant à eux, d’abord, du niveau de capital
humain, puis du niveau de capital physique, qui s’y stocke initialement. Ainsi, afin de
favoriser sa croissance économique, l’Etat du pays d’accueil a grand intérêt d’investir, d’une
part, dans l’éducation, la santé et l’hygiène ; et dans les infrastructures, d’autre part. Par
ailleurs, l’objectif demeure-t-il la qualité et la quantité des investissements directs étrangers.
Donc, il serait mieux si possible d’orienter les efforts dans les secteurs où l’on peut récolter le
plus de taux de valeur ajoutée.