2020UPSLC026 Archivage
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Florence PETTINARI-STURMEL
Professeur des Universités, Université Rapportrice
Paul Sabatier Toulouse III
École doctorale no 388 Baptiste GAULT
Group leader, Max-Planck-Institut für Ei- Rapporteur
Chimie Physique et Chimie senforschung GmbH
analytique de Paris Centre Raphaëlle GUILLOU
Ingénieur de recherche, CEA Paris- Examinatrice
Saclay
Jean-Philippe COUZINIÉ
Maître de conférences, IUT Créteil-Vitry Examinateur
Spécialité UPEC
Frédéric PRIMA
Chimie Physique Professeur des Universités, IRCP- Directeur de thèse
Chimie ParisTech
Stéphanie DELANNOY
Ingénieur de recherche, Biotech Co-encadrante de
Dental/IRCP-Chimie ParisTech thèse
Remerciements
Comme toutes les bonnes choses ont une fin, il est temps que je conclue ce ma-
nuscrit par un grand merci à toutes les personnes qui m’ont aidé, accompagné et
soutenu intellectuellement, moralement, techniquement (et parfois les 3 !).
J’aimerais tout d’abord remercier tous les membres du jury : Florence Pettinari-
Sturmel et Baptiste Gault pour avoir rapporté ma thèse, Raphaëlle Guillou et Jean-
Philippe Couzinié pour avoir examiner ce travail et enfin Emmanuel Clouet pour
avoir été examinateur et président du jury. Merci pour votre bienveillance et la
profondeur de la discussion que nous avons eue.
i
ii
J’aimerais enfin remercier mes parents et mon frère qui m’ont soutenu dans les
montagnes russes émotionnelles que j’ai pu traverser, ma famille, qui était présente
le jour de ma soutenance, ma belle-famille qui m’a également beaucoup supporté et
mes amis qui ont été là tout le long. Je terminerai par Ludy, qui a été mon rayon
de lumière quotidien et indéfectible pendant trois ans : merci pour tout.
Table des matières
iii
iv TABLE DES MATIÈRES
De nos jours, l’industrie biomédicale fait face à une crise de confiance. En 2018,
les « Implant Files » ont montré que l’impact sur la santé de nombreux dispositifs
implantaires avait été négligé et que leur développement avait été encadré par des
réglementations insuffisantes [1], le tout menant à une catastrophe sanitaire. Même
si le domaine de l’implantologie dentaire n’a été que très peu mis en cause dans
le scandale, les conséquences en termes de durcissement des réglementations et des
contrôles risquent de ne pas l’épargner.
En particulier, la biocompatibilité de certains matériaux biomédicaux (comme le
chrome-cobalt ou le Ti-6Al-4V, ou TA6V) est questionnée. Des doutes grandissants
émergent quant à la toxicité de certains de leurs éléments d’alliage et produits de
dégradation.
C’est dans ce contexte que l’entreprise Biotech Dental, avec laquelle un labora-
toire commun public/privé a été monté, a entrepris de financer le développement
d’un nouveau matériau conçu spécialement pour l’implantologie dentaire et, ce fai-
sant, est devenue partenaire de cette étude. Cette démarche a été réalisée de manière
proactive, sans attendre que les organismes de contrôle ne fassent évoluer les légis-
lations régissant les compositions des matériaux implantables.
L’objectif de cette thèse est de concevoir un nouvel alliage à destination de
l’implantologie dentaire qui présente à la fois le niveau de biocompatibilité du TiG4
et des propriétés mécaniques similaires ou supérieures à celle du TA6V.
Par ailleurs, un transfert technologique à l’échelle industrielle est envisagé dans
des délais assez courts dans l’optique d’une mise sur le marché de nouveaux implants
ostéo-intégrés, à court terme. Cela implique que le développement de l’alliage doit
intégrer les contraintes liées à l’industrialisation de la solution trouvée (facilité de
fabrication, coûts, utilisation de procédés thermo-méca adéquats. . . ) afin de gagner
vii
viii TABLE DES MATIÈRES
Sur la base de ces idées, une matrice expérimentale du système ternaire TiZrO a
été conçue dans l’optique double d’étudier l’influence de chaque élément d’alliage sur
la microstructure et les propriétés mécaniques, et de multiplier les chances d’obtenir
une composition d’alliage présentant un compromis résistance/ductilité optimisé en
fonction des différentes combinaison Zr/O.
l’oxygène dans nos alliages. Les résultats de ces études ont mené au dépôt d’un
brevet protégeant le domaine de composition de la famille d’alliages TiZrO.
Les alliages TiZrO développés pour cette étude ne présentent donc pas seulement
un intérêt pour l’industrie dentaire mais ils questionnent également des « vérités »
ancrées depuis 50 ans sur le rôle de l’oxygène dans la métallurgie du titane.
Le premier chapitre expose le contexte dans lequel l’étude est menée, montre
les besoins d’innovation de l’industrie implantaire et fait ressortir les différentes
contraintes sur lesquelles le cahier des charges repose.
Le sixième chapitre revient sur les principaux résultats obtenus et propose des
perspectives de travaux ultérieurs.
Les références bibliographiques ainsi que les listes des figures et tableaux sont
disponibles à la fin du document.
x TABLE DES MATIÈRES
Chapitre I
1
2 CHAPITRE I. ENJEUX DE L’IMPLANTOLOGIE DENTAIRE
Bien que chaque pièce fasse l’objet de recherches dans le but d’améliorer leur
degré de performance vis-à-vis de leur fonctionnalité, la partie implantée reste l’élé-
ment le plus crucial du dispositif.
I.1. INTERACTIONS ENTRE IMPANT ET MILIEU BIOLOGIQUE 3
Figure I.1 – Comparaison de l’implantation d’une dent naturelle à celle d’un dis-
positif implantaire (composants encadrés en rouge). Image inspirée de [4].
Puisque l’implant est directement inséré (vissé) dans le tissu osseux, le matériau
constituant cet implant est donc directement en contact avec des tissus vivants et
des fluides biologiques. À ce titre, il doit remplir les critères déterminés lors de la
conférence de Chester de 1991 pour définir le concept de « biomatériau » [5].
En conséquence, l’implant doit répondre à deux exigences fondamentales : la
biocompatibilité, c’est-à-dire la capacité à fonctionner en harmonie avec les tissus
sans provoquer de changements métaboliques délétères, et la biofonctionnalité dé-
finissant l’adéquation entre un biomatériau et sa fonction clinique.
Figure I.2 – Illustration des différentes étapes d’installation d’un dispositif im-
plantaire : la dent à remplacer est d’abord extraite (si nécessaire) et l’implant est
inséré à la place de la racine (a). Un délai de 3 à 6 mois est ensuite nécessaire pour
l’ostéointégration de la vis (b). La gencive cicatrisée est ensuite incisée pour mettre
en place le pilier (c) puis la couronne (d). Inspiré de [7].
d’un corps étranger. Puis, dans les trois semaines suivant l’implantation, un tissu
cicatriciel se forme, accompagné d’une néovascularisation des tissus parodontaux.
• Les matériaux bio-inertes, qui ne sont pas ou peu encapsulés et sont en contact
avec le tissu osseux. C’est le cas des céramiques - comme la zircone - ou encore
de certains métaux tels que le zirconium ou le titane (ainsi que leurs alliages)
dont les oxydes très passivants spontanément formés à leur surface sont très
bien intégrés par l’organisme [19, 20] ;
Pour répondre à ces contraintes, un implant doit donc posséder une résistance
mécanique importante pour éviter les risques de fracture ainsi qu’une limite d’élas-
ticité et une résistance à la fatigue importantes pour résister aux nombreux cycles
charge/décharge dus à la mastication. De plus, un minimum de 8% de ductilité est
recommandé par l’Association Américaine Dentaire (ADA en anglais) pour faciliter
la mise en forme de la partie implantée et améliorer sa résistance à l’endomma-
gement ou aux défauts structuraux de surface (inhérents par exemple aux étapes
d’usinage) [26].
Depuis les débuts de l’implantologie dentaire, d’énormes progrès ont été réalisés
vis à-vis de la résistance à la corrosion des matériaux implantables. C’est une raison
additionnelle à l’utilisation presque exclusive des alliages de titane pour la réalisa-
tion des implants. Les alliages de titane présentent en effet une couche d’oxyde très
stable et passivante, naturellement formée, et qui constitue une barrière cinétique
très efficace contre la corrosion. Cependant, aucun matériau n’étant complètement
inerte [34], de nombreuses réactions peuvent tout de même prendre place aux inter-
faces entre l’implant et le milieu physiologique, dans un environnement biologique
tel que la cavité buccale [35].
Une autre des problématiques cruciales repose sur le fait que les systèmes im-
plantaires peuvent être, en plus, soumis à une corrosion d’origine galvanique (entre
matériaux différents) qui peut conduire, dans des proportions non négligeables, à
l’échec de l’implantation [36].
L’électro-galvanisme buccal apparaît lorsqu’il existe une différence de potentiel
électrique entre des restaurations métalliques (implant, pilier, amalgame, restaura-
tions prothétiques, crochets...) de natures différentes. Avec les alliages, la corrosion
est toujours accompagnée d’une libération d’ions dans le milieu physiologique et de
la création d’un courant qui peut s’établir entre la restauration ayant le potentiel
d’électrode le plus faible (anode) et celle ayant le potentiel d’électrode le plus élevé
(cathode). Cela provoque alors l’oxydation du métal avec un transfert d’électrons.
En analysant la composition des différents alliages présents dans la cavité buccale,
nous pouvons, en principe, prédire l’occurrence, à plus ou moins long terme, de ce
risque de corrosion. Il est à noter que la présence d’éléments métalliques non nobles
est de nature à accroitre ce risque de corrosion [37, 38, 39].
formation d’un biofilm bactérien. Il est à noter que les micro-organismes ne « s’at-
taquent » généralement pas directement aux alliages mais modifient de façon impor-
tante, par leur métabolisme, la physico-chimie à l’interface matériau-environnement
(pH, concentration en oxygène, libération de complexants...), créant ainsi des condi-
tions pouvant amorcer ou accélérer la dégradation de la couche d’oxyde. Ainsi, bien
que cette dernière se reforme spontanément, au fur et à mesure des cycles de trans-
passivation/repassivation, l’oxyde est de plus en plus sensible à ces attaques et le
risque d’une rupture permanente de la passivation apparaît. Dans cette éventualité,
la rupture de la couche d’oxyde est accompagnée de la libération d’ions métalliques
potentiellement toxiques dans le milieu et la corrosion qui s’en suit conduit généra-
lement à l’échec implantaire [40].
Certaines des conditions évoquées précédemment sont rares et il est peu plausible
qu’elles puissent provoquer une corrosion rapide et brutale du matériau implantaire.
Ce qui est plus probable, en revanche, est qu’avec le temps, la couche d’oxyde
protectrice soit érodée et de moins en moins bien reconstituée par combinaison de
ces facteurs.
Bien que ces réactions de corrosion ne semblent directement responsables que
d’une faible proportion des échecs implantaires (qui sont par ailleurs souvent mul-
tifactoriels), les produits de dégradation qu’elles libèrent sont autrement plus pro-
blématiques. Il est en effet très difficile d’évaluer précisément leur toxicité dans
la mesure où celle-ci dépend de nombreux paramètres tels que leur concentration,
le temps d’exposition, la forme chimique (ionique ou chélatée) dans laquelle ils se
trouvent ou encore leur nature chimique.
Plusieurs études rapportent ainsi l’observation de ces produits de dégradation
dans l’environnement direct du site implantaire sous forme ionique [42], de particules
[43, 44] ou phagocytés par des macrophages [45]. Ces études mettent avant tout en
évidence qu’il existe bien une toxicité potentielle des produits de dégradation, sans
que celle-ci puisse être correctement quantifiée pour le moment. Cela revient donc à
reposer la question fondamentale de la composition des alliages utilisés, puisqu’elle
conditionne complètement la nature des produits de dégradation, sur le long terme.
C’est un problème plus général qui agite actuellement fortement la communauté
des dispositifs médicaux et les organismes de régulation tels que la Food and Drug
Administration (FDA) américaine.
De nombreux éléments chimiques sont ainsi actuellement l’objet d’une sur-
veillance particulière vis à vis de leur toxicité intrinsèque sur le long terme. Nous
10 CHAPITRE I. ENJEUX DE L’IMPLANTOLOGIE DENTAIRE
retrouvons parmi ces éléments : le chrome, le cobalt ou encore le nickel (pour ap-
plications orthopédiques et cardiovasculaires, plus spécifiquement). Nous pouvons
également citer l’aluminium ou le vanadium qui rentrent directement dans la com-
position de l’alliage TA6V qui reste pourtant aujourd’hui, et jusqu’à ce que les
organismes de régulation contraignent fortement cette utilisation, le matériau le
plus largement utilisé en implantologie dentaire.
mécanique d’au moins 500 MPa et une ductilité d’au moins 15% sont exigées par
les autorités de mise sur le marché.
Composition max.
Propriétés mécaniques min. requises
en interstitiels (%mass)
Limite Résistance
Déformation
C O N H Fe d’élasticité mécanique
(%)
(MPa) (MPa)
Ti-CP G1 0.08 0.18 0.03 0.015 0.2 138 240 24
Ti-CP G2 0.08 0.25 0.03 0.015 0.3 275 345 20
Ti-CP G3 0.08 0.35 0.05 0.015 0.3 380 450 18
Ti-CP G4 0.08 0.4 0.05 0.015 0.5 483 550 15
TA6V 0.08 0.2 0.05 0.015 0.4 880 950 14
TA6V-ELI 0.08 0.13 0.03 0.0125 0.25 790 860 15
La table I.1 rappelle les compositions et les propriétés mécaniques des différents
alliages évoqués. Dans le cas du titane commercialement pur, on peut remarquer
que l’augmentation de la teneur en interstitiels (et notamment en oxygène) per-
met d’améliorer considérablement la résistance mécanique et la limite d’élasticité
moyennant une diminution de la ductilité à un niveau acceptable (15%).
A contrario, le TA6V possède quant à lui une très bonne résistance mécanique
par nature mais une ductilité plutôt faible. Le grade ELI permet donc d’augmenter
cette ductilité au prix d’une légère diminution de la résistance mécanique. Par
ailleurs, la réduction de la teneur en interstitiels du TA6V induit une augmentation
de la ténacité du matériau de 30% (elle passe de 75 à 100 MPa · m1/2 ), ce qui simplifie
considérablement l’étape d’usinage des implants.
Ces résultats expliquent une partie des raisons pour lesquelles le CP-Ti Grade
4 et le TA6V-ELI sont les matériaux les plus utilisés cliniquement en implantologie
dentaire. Leur taux de succès cumulatif sur 15 ans est d’approximativement 98,8%
pour chacun d’entre eux [51].
Ce n’est que depuis peu que de nouveaux types d’implants ont pu voir le jour
industriellement (bien que la recherche sur de possibles nouveaux matériaux im-
plantaires soit particulièrement active dans les laboratoires du monde entier). Par
exemple, récemment, une nouvelle gamme d’implants, nommée Roxolid
R
, a été in-
troduite par la société suisse Straumann[52]. Cette société a proposé de nouveaux
dispositifs constitués d’un alliage TiZr1317 (appelé ainsi en raison de sa teneur en
zirconium comprise entre 13 et 17%) conçu spécifiquement pour l’implantologie den-
taire. Malgré une limite d’élasticité très inférieure à celle du TA6V-ELI (690 MPa), il
présente une résistance mécanique équivalente et n’est constitué exclusivement que
d’éléments d’alliage considérés comme biocompatibles et inertes vis à vis du milieu
12 CHAPITRE I. ENJEUX DE L’IMPLANTOLOGIE DENTAIRE
physiologique [53]. C’est une démarche qui a fait date dans la communauté dans
la mesure où le TiZr1317 est l’un des premiers matériaux implantaires à constituer
une alternative au TA6V considérée comme viable et entièrement biocompatible.
De nombreux autres alliages ont, bien sûr, été développés à l’échelle des labora-
toires de recherche pour des applications implantaires mais peu d’entre eux semblent
avoir atteint l’étape de mise sur le marché. Par ailleurs, les entreprises du secteur
sont souvent peu enclines à investir dans l’introduction de nouveaux alliages étant
donné le coût et le temps que le processus de validation représente. De ce fait, les
principales innovations dans ce secteur sont motivées par : l’évolution de la législa-
tion pour des raisons de sûreté sanitaire, le développement de produits répondant
à de nouveaux besoins et la conception de matériaux suffisamment innovants pour
justifier un investissement à long terme.
Comme déjà rapporté dans la section I.1.4, sur le long terme, aucun matériau
n’est réellement inerte en milieu biologique. Dans le cas du TA6V, plusieurs études
rapportent la libération d’ions métalliques par des implants [56, 57] avec, dans
certains cas, une accumulation au niveau d’organes distants [58]. Or, des soupçons
croissants visent ces produits de corrosion, notamment vis-à-vis de leur potentielle
toxicité intrinsèque.
La toxicité de l’aluminium est plus difficile à établir du fait des multiples inter-
actions dans lesquelles il peut être impliqué dans un environnement biologique sous
sa forme ionisée Al3+ [62]. Les nombreuses liaisons qui peuvent s’établir, notamment
avec les groupes fonctionnels oxygénés - très présents dans les molécules biologiques
-, rendent la compréhension de l’effet de l’aluminium in vivo extrêmement com-
pliquée. De surcroît, l’organisme humain ne présente pas de réaction spécifique à
l’exposition à l’aluminium, ce qui en fait un élément « silencieux » [63].
14 CHAPITRE I. ENJEUX DE L’IMPLANTOLOGIE DENTAIRE
Figure I.4 – Influence de l’exposition à divers métaux durant 24h sur l’activité
métabolique de cellules épithéliales pulmonaires de rat. D’après [59].
Quelques éléments de
bibliographie
17
18 CHAPITRE II. QUELQUES ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
Le fait que le rapport c/a soit inférieur au rapport de compacité idéale (de
1.633) implique un changement de nature des plans les plus denses du plan
basal, dans le cas idéal, au plan prismatique (les différentes familles de plans
sont illustrées en figure II.1). Ce changement induit des modifications du glis-
sement des dislocations qui seront détaillées en section II.2.
• la phase β de structure cubique centrée, stable au-delà de 882 ◦C et jusqu’à la
température de fusion (Tf ) de 1670 ◦C. Son paramètre de maille à 25 ◦C est
de :
| a = 3.32 Å |
Dans le cas des alliages de titane, les éléments d’addition modifient la stabi-
lité des phases α et β et peuvent faciliter la formation de phases métastables. Les
propriétés mécaniques des alliages résultants dépendent grandement de ces change-
ments microstructuraux.
20 CHAPITRE II. QUELQUES ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
Figure II.2 – Influence respective des éléments d’alliage sur la stabilité des formes
allotropiques du titane. D’après [67].
II.1. GÉNÉRALITÉS SUR LE TITANE ET SES ALLIAGES 21
— Les éléments neutres : leur effet sur la température Tβ est très limité. Ils ont,
par contre, une influence sur la stabilité « basse température » de la phase β,
c’est à dire la température Ms (Martensite Start).
L’ajout contrôlé d’éléments d’addition peut ainsi permettre une maîtrise fine de
la microstructure de l’alliage résultant et donc de ses propriétés.
Les alliages β
Leur composition riche en éléments β-gènes permet de retenir 100% de phase
β après une mise en solution à haute température suivie d’une trempe rapide [71].
Cette famille est dissociable en deux sous-groupes :
• Les alliages β-stables qui sont les plus fortement chargés en éléments β-gènes,
de sorte que la phase β est stable thermodynamiquement quelles que soient les
conditions de refroidissement et quels que soient les traitements thermiques
ultérieurs. Ils ne peuvent tirer parti d’aucun mécanisme de durcissement struc-
tural, ils restent par conséquent peu intéressants industriellement parlant. [71].
• Les alliages β-métastables présentent, en revanche, de nombreuses possibili-
tés de durcissement structural du fait des multiples phases hors-équilibre qui
peuvent apparaitre au cours des traitements thermomécaniques [71]. Parmi les
phases secondaires, on peut distinguer celles induites par traitements méca-
niques (comme la martensite α00 illustrée en figure II.3) et celles qui se forment
par traitement thermique (comme la phase α et les phases ω ath et ω iso ). Parmi
22 CHAPITRE II. QUELQUES ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
Figure II.3 – Exemple de microstructure observable par EBSD dans les al-
liages β-métastables après 5% de déformation : lors de la déformation, des macles
{332}<113> (332T) et de la martensite α” apparaissent dans la matrice β alors
que les précipités αp (primaire) sont formés par traitement thermiques [72].
Les alliages α + β
Ils ne contiennent pas suffisamment d’éléments β-gènes pour retenir la phase β
en totalité à température ambiante. Selon la microstructure de trempe obtenue, ils
sont divisés en trois sous-classes : les alliages proche-α, α+β et proche-β. Lorsque
moins de 2% en masse d’éléments β-gènes sont ajoutés (alliages proche-α), seule une
portion inférieure à 10% en masse de phase β est maintenue après refroidissement
depuis le domaine β. Cette microstructure confère au matériau une ductilité impor-
tante tout en conservant l’excellent comportement en fluage de ces derniers, ce qui
en fait des matériaux tout désignés pour les applications à haute température (par
exemple, Ti-6242 [70]). Les alliages α+β, présentant une proportion plus grande de
phase β, ont l’avantage de pouvoir former une grande variété de microstructures en
adaptant les traitements thermiques. Les figure II.4 a, b, et c illustrent leur diversité
en fonction de la gamme de température et de la vitesse de refroidissement tandis
que la figure II.4d représente les propriétés mécaniques principales associées à ces
différents types de microstructures.
Les alliages α+β représentent les alliages de titane les plus vendus sur le marché
du fait de leur combinaison de propriétés très attractives. Parmi eux, le TA6V (Ti-
6Al-4V), utilisé aussi bien dans l’industrie aéronautique (dans les aubes de turbine
II.1. GÉNÉRALITÉS SUR LE TITANE ET SES ALLIAGES 23
et les tuyères de compresseur [73]) que pour les applications biomédicales sous forme
ELI (Extra-Low-Interstitial) [74], est le plus commercialisé au monde.
Les alliages α
Dans la suite de ce chapitre, seules les propriétés des alliages α seront abordées
puisqu’elle constitue le cœur du travail présenté. En effet, nos travaux reposent no-
tamment sur l’utilisation de l’oxygène, qui possède un fort pouvoir alphagène en
tant qu’élément d’alliage. Sur cette base, il est évidemment important de mettre
en évidence l’influence potentielle d’un ajout d’oxygène sur les mécanismes de dé-
formation du titane, d’autant qu’en termes de mécanismes à proprement parler, le
rôle de l’oxygène recouvre en fait un grand nombre de questions encore mal com-
prises. Dans cette optique, nous présenterons d’abord ces aspects particuliers dans
le cas du titane pur, pour aborder ensuite plus spécifiquement les aspects liés à leur
évolution avec l’ajout d’oxygène.
Les dislocations, quant à elles, sont des défauts linéaires définis par un vecteur
~b nommé vecteur de Burgers. Ce dernier représente un vecteur de propagation de
la déformation dans le réseau cristallin.
Selon la nomenclature, on appelle « coin » une dislocation dont la ligne de dis-
location est perpendiculaire à ~b et on qualifie de « vis » une dislocation dont la
ligne de dislocation est parallèle à ~b. Le plan de glissement est défini comme le plan
contenant à la fois ~b et la ligne de dislocation.
Dans un cristal réel, il est rare que les dislocations soient purement vis ou coin.
Elles sont généralement mixtes, comme illustré en figure II.7.
26 CHAPITRE II. QUELQUES ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
Le maclage étant fortement inhibé par la présence d’oxygène [81, 82, 83], nous
nous focaliserons par la suite sur le glissement des dislocations et ses caractéristiques
dans le titane α.
s’applique sur un plan de glissement (hkl) dans une direction <uvw> est illustrée
en figure II.8 et décrite par la loi de Schmid [84] :
Le facteur de Schmid s = cosθ cosχ (ou facteur d’orientation) est compris dans
l’intervalle [0, 0.5]. Pour une sollicitation parallèle ou perpendiculaire au plan de
glissement, s devient nul tandis qu’il est maximal pour θ = χ = 45◦ .
Lorsque la cission résolue τ d’un plan dépasse une contrainte seuil (appelée
cission résolue critique τ CRSS ), le système de glissement correspondant est activé.
En connaissant les cissions critiques de déclenchement de chaque système, il est ainsi
possible de prédire l’ordre dans lequel ils se déclenchent pour un cristal donné, si
l’on connaît son orientation par rapport à la contrainte appliquée. Plus globalement,
en connaissant la texture d’un matériau (l’orientation majoritaire de ses grains), les
systèmes de glissement qui seront préférentiellement activés sont théoriquement
prévisibles.
Figure II.9 – Schéma des principaux systèmes de glissement pouvant être activés
dans le cas d’une structure hexagonale. D’après [70].
Parmi ces systèmes, ceux qui sont susceptibles de remplir le critère de Peierls-
Nabarro correspondent au système basal et au système prismatique. La prévalence
d’un de ces deux types de glissement sur l’autre dépend donc du rapport entre leur
distance inter-réticulaire :
√
c 3 d0002 c
d0002 = d101̄0 = a d0 où = √
2 2 d101̄0 a 3
Il est à noter que ce rapport dépend de la valeur de ac qui, dans le cas du titane
√
pur est égal à 1.587. Cette valeur étant inférieure à 3 [87], les plans prismatiques
constituent les plans les plus denses dans lesquels le glissement des dislocations sera
le plus facile.
Par ailleurs, le critère de Von Mises [88] stipule que la déformation plastique d’un
polycristal s’effectue sans orientation préférentielle si au moins 5 systèmes indépen-
dants sont activés. Or les systèmes de glissement où la contrainte de Peierls est la
II.2. LES MÉCANISMES DE DÉFORMATION DU TITANE PUR 29
plus faible (ceux dont la direction de glissement est la plus dense : <a>) ne peuvent
produire que 4 systèmes indépendants. Par conséquent, une déformation plastique
homogène du titane α exige l’activation d’au moins un des modes de déformation
suivants : le glissement <c+a> [89] ou le maclage [90]. Ce mode de déformation
complémentaire est important puisque c’est lui qui contrôle la déformation selon
l’axe ~c.
τ CRSS (P < a >) < τ CRSS (π1 < a >) < τ CRSS (B < a >)
Figure II.10 – Illustration des états d’énergies que peuvent adopter les dislocations
lors du phénomène de « Locking-Unlocking ». D’après [96].
De ce fait, nous avons assez peu de recul sur l’effet de l’interstitiel au-delà de
0.5%O mass. Cette section récapitule néanmoins les modifications engendrées par
l’ajout d’oxygène sur le titane qui ont été mises en évidence dans la littérature.
Figure II.11 – Illustration des sites interstitiels dans le titane α et β (a). Taille
de ces sites (b) et des principaux éléments interstitiels dans le titane (c). Le code
couleur des tableaux (b) et (c) indique dans quel site s’insère préférentiellement
chaque élément. D’après [87, 99, 100, 101].
32 CHAPITRE II. QUELQUES ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
Par ailleurs, la distorsion élastique provoquée par l’insertion de ces atomes dans
la maille cristalline entraîne une modification linéaire des paramètres de maille de la
matrice tant que l’élément reste en solution (évolution décrite par la loi de Végard
[102])
Dans le cas de l’oxygène, son insertion dans la maille hexagonale provoque une
distorsion tétragonale [103] et induit une augmentation du volume de la maille.
Cette dernière est cependant anisotrope puisque le paramètre c augmente plus vite
que a [103, 104, 105, 106], comme illustré en figure II.12, et conduit à une augmen-
tation du paramètre c/a.
Pour des teneurs en oxygène plus élevées, la rupture dans l’évolution de ces
paramètres vers 25 - 30%O at. permet de mettre en évidence une transition dans
l’ordonnancement de l’oxygène au sein de la phase α. Ce point a longtemps été
considéré comme la signature de la limite de solubilité de l’oxygène dans le titane.
Cependant, comme le montre la section suivante, la linéarité de la variation des
paramètres de maille n’est pas nécessairement le reflet de l’homogénéité chimique.
II.3. INFLUENCE DE L’OXYGÈNE SUR LE TITANE PUR 33
Figure II.13 – Signature thermique par absorption de chaleur (a) montrant un pic
d’absorption vers 440 ◦C attribué à la transition ordre-désordre liée à la phase Ti6 O.
Le cliché de diffraction des électrons (b) associé à ce composé révèle des taches de
surstructure dans l’axe de zone [11̄00]. D’après [110].
Les premières études [112, 113, 114] ont porté sur l’ajout par voie solide ou ga-
zeuse d’oxygène dans du titane de pureté supérieure à 99.8%. Les résultats, exposés
en figure II.15, montrent deux tendances nettes : une augmentation quasi linéaire de
la résistance mécanique et de la limite d’élasticité avec l’ajout d’oxygène et, malgré
une grande diversité des valeurs absolues, une diminution drastique de la ductilité.
Un indice semble cependant émerger dans la revue récente de Luo et al. [116]
sur l’effet de l’oxygène sur les propriétés du titane en métallurgie des poudres :
les valeurs de ductilité sont, certes, très hétérogènes entre les études mais les au-
teurs mettent en avant l’influence des traitements thermomécaniques sur celles-ci
36 CHAPITRE II. QUELQUES ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
(figure II.16a). Ils indiquent ainsi que l’utilisation de procédés tels que l’extrusion
ou le forgeage permettent de conserver de la ductilité en augmentant la teneur en
oxygène. Ils montrent également que les matériaux ayant seulement subi des cycles
de traitements thermiques connaissent une chute brutale de leur élongation à rup-
ture. Pour autant, aucune hypothèse n’est émise par ces auteurs pour expliquer
cette observation.
est-il possible que la distorsion de la maille induite par l’effet de solution solide soit,
à elle-seule, responsable d’une telle augmentation ou est-ce la conséquence d’un
autre phénomène ?
Le calcul de la distorsion, réalisé par plusieurs groupes [121, 122, 123, 124],
montre unanimement que l’interaction d’une dislocation vis avec le champ de dis-
torsion d’un atome interstitiel isolé ne suffit pas à expliquer le durcissement observé
expérimentalement.
D’après Tyson [125], la linéarité de l’augmentation de la limite d’élasticité té-
moigne plutôt d’une interaction particulière entre les atomes interstitiels et les dis-
locations.
Les effets de l’oxygène sur les propriétés mécaniques du titane mis en évidence
dans la littérature peuvent donc se résumer ainsi :
• L’ajout d’oxygène dans du titane pur s’accompagne d’une augmentation dras-
tique de la limite d’élasticité et de la résistance mécanique du matériau ainsi
que d’une baisse sévère de sa ductilité.
• L’origine de cette chute de la ductilité est aujourd’hui inconnue. Certaines
pistes tendent à montrer une influence de la présence de traitements thermo-
mécaniques sur ce paramètre.
• Le durcissement par l’oxygène ne peut pas être expliqué uniquement par la
distorsion de la maille induite par l’interstitiel. Il trouve potentiellement sa
source dans l’interaction entre les atomes d’oxygène et les dislocations.
Il est à noter que l’effet de l’oxygène sur la ductilité du titane pur (et sur la
ductilité de nombreux autres alliages de titane) est à la source de sa réputation
« d’élément fragilisant ». Ces résultats ont conduit les acteurs industriels à adopter
des procédés d’élaboration et de traitements thermiques sous vide ou sous atmo-
sphère contrôlée afin d’éviter toute contamination. Le coût de ces dispositions est,
au moins partiellement, à l’origine du prix élevé des alliages de titane en comparai-
son d’autres alliages métalliques.
Caractéristiques microstructurales
de la famille d’alliages Ti-Zr-O
41
42 CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
Nous avons pu établir un cahier des charge simplifié des spécifications désirées
en termes de propriétés mécaniques et physico-chimiques : les critères principaux
sont récapitulés en figure III.1
Figure III.2 – Illustration de la cytotoxicité des métaux les plus courants sur les
ostéoblastes en fonction de leur résistance à la polarisation. D’après [135, 134]
Nous pouvons noter que parmi les matériaux présentés sur le graphiques III.2,
seuls le titane et le zirconium disposent à la fois d’une excellente résistance à la
corrosion et d’une biocompatibilité supérieure (caractérisée ici par le métabolisme
des cellules ostéoblastes qui « construisent » le tissu osseux). L’autre point notable
est qu’un grand nombre d’éléments présentent une forme de cytotoxicité « directe »
qui jouent sur la viabilité cellulaire. De fait, les critères de biocompatibilité appa-
raissent très pénalisants dans le choix des éléments d’alliage de par le peu d’options
qu’ils laissent concernant la conception. Néanmoins l’approche reposant sur une
base d’alliage binaire Ti-Zr nous a paru intéressante sur différents points :
• Ces alliages présentent généralement une couche d’oxyde plus stable et donc
une résistance à la corrosion supérieure aux deux éléments pris séparément
[136]
• Ti et Zr proviennent de la même colonne IVb de la classification périodique et
présentent l’avantage de pouvoir se mélanger en toute proportion pour former
une solution solide de substitution hexagonale compacte α (voir figure III.3a),
plus résistante à la corrosion que la phase β [137, 138].
• Il est possible d’obtenir un durcissement structural du titane par un effet de
solution solide dû au zirconium, en raison de la différence de rayon atomique
entre les deux espèces.
44 CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
massiques afin de conserver une composition aussi proche que possible du titane pur
de façon à grandement accélérer les étapes de validation (par principe de similarité
avec un alliage connu bénéficiant déjà d’une autorisation de mise sur le marché). Par
ailleurs, d’après Correa et al., le fait d’ajouter une quantité en zirconium inférieure
à 10% massiques permet de maintenir le module d’élasticité le plus bas possible,
ce qui est favorable vis à vis de la problématique du « stress-shielding » [139] (voir
figure III.3b).
Nous avons fait reposer le reste de notre approche de conception sur un pari re-
lativement risqué. Nous souhaitions conserver une composition chimique cible aussi
proche que possible du titane pur de manière à conserver ses propriétés reconnues de
biocompatibilité. Nous avons donc pris le parti d’utiliser l’oxygène comme élément
durcissant interstitiel supplémentaire mais en le considérant comme un élément d’al-
liage à part entière. Sur cette base, l’idée était d’ajouter cet oxygène en voie solide
au cours des étapes d’élaboration (par fusion) et dans des proportions connues et
contrôlées.
Les trois idées sous-jacentes de base étaient :
• D’obtenir un durcissement important et rapide de la matrice Ti-Zr par ajout
d’oxygène ;
• D’augmenter la tolérance du titane à l’ajout d’oxygène par un effet « com-
pensateur » potentiel de l’élément zirconium, en particulier un effet stérique
lié à l’augmentation du volume de la maille hexagonale [137] ;
• D’utiliser une matrice expérimentale basée sur le système ternaire Ti-Zr-O
afin d’obtenir ainsi un compromis résistance/ductilité optimisé en fonction
des différents ratios Zr/O.
Selon Predel [137], l’ajout de zirconium à du titane induit une augmentation
concomitante des paramètres de maille a et c. Cela
√ a pour conséquence un accrois-
3 2
sement du volume de la maille de titane V = 2 a c qui pourrait jouer en faveur
d’une diminution des distorsions engendrées par l’oxygène et permettre une aug-
mentation de la tolérance du titane à l’incorporation d’oxygène (vis à vis de la
fragilisation).
De manière à travailler sur des systèmes modèles bien contrôlés du point de vue
des compositions chimiques, la teneur des impuretés (C, N, H et Fe) a, par ailleurs,
été volontairement maintenue à des valeurs les plus basses possibles.
Il présente en outre un effet durcissant vis à vis du titane qui se trouve être inégalé
parmi les éléments d’alliages possibles et pour des quantités d’ajout faibles (au-
dessous de 1% massique). Il forme également une solution solide à la fois avec le Ti
et le Zr jusqu’à une teneur d’au moins 5% atomiques, ce qui signifie que les alliages
TiZrO ainsi conçus sont en théorie dans un état microstructural monophasé α à l’
équilibre thermodynamique.
L’idée de conserver nos alliages dans un état monophasé, durci uniquement
par des effets de solution solide nous a paru intéressante. Cela nous permettait
de conduire un travail plus spécifique sur les effets de l’oxygène en solution solide
dans la phase α, et ceci de manière relativement indépendante des séquences de
traitements thermiques. Nous avons eu également dès le début le souci de pou-
voir transposer facilement les traitements réalisés sur nos alliages en laboratoire
vers la production d’implants dentaires par Biotech Dental (forgeage, traitements
thermiques de recristallisation et de restauration). Dans cette optique, un matériau
monophasé se trouve être plus robuste et beaucoup moins sensible aux séquences
de mise en forme, aux traitements thermiques et aux vitesses de refroidissement,
qu’un alliage multiphasé dont les propriétés dépendent de séquences de précipitation
potentiellement complexes.
Un des premiers objectifs de l’étude était donc de déterminer dans quelle propor-
tion il était possible d’ajouter, de manière contrôlée, de l’oxygène dans une matrice
Ti-xZr avec x compris entre 0 et 10% massiques. Un autre enjeu était de déterminer
si l’oxygène conservait le même caractère fragilisant dans le système Ti-Zr que dans
le Ti pur.
Des essais préliminaires sur des alliages TiZrO avec plusieurs concentrations en
oxygène ont donc été menés pour répondre à ces premières questions et évaluer le
risque lié à cette stratégie de conception.
= 0.15 , 0.25 et 0.35%O ont été élaborés par fusion à l’arc et testés mécaniquement
après laminage et recristallisation à 750 ◦C. Le tableau III.1 permet de comparer la
ductilité observée sur ces trois matériaux à celle d’alliages de titane commerciale-
ment purs correspondant aux grade 1, 3 et 4 du Ti CP (graduellement chargés en
oxygène).
Allongement à Allongement à
rupture TiZrO rupture Ti CP
Ti-4.5Zr-0.15O 34 18 Ti CP grade 1
Ti-4.5Zr-0.25O 31.5 10 Ti CP grade 3
Ti-4.5Zr-0.35O 29 7 Ti CP grade 4
Table III.1 – Comparaison des valeurs d’allongement à rupture à teneur en oxygène
équivalente entre les alliages Ti-4.5Zr-xO et des alliages de titane commercialement
purs. Les données de ductilité des Ti CP sont issues de [120].
Température du
Teneur analysée (%mass.) Teneur (%at) 1er laminage (◦C) Conditions de laminage
(Tβ estim - 100) en laboratoire
O N C H Fe O Zr
75% LAC à 600 ◦C
Ti-0.4O 0.392 0.007 <0.005 <0.006 <0.004 1.16 0.00 850
+ 40% LAF
75% LAC à 700 ◦C
Ti-0.6O 0.643 0.006 NA NA NA 1.90 0.00 900
+ 40% LAF
75% LAC à 600 ◦C
Ti-1Zr-0.6O 0.626 0.003 NA NA NA 1.89 0.52 900
+ 40% LAF
75% LAC à 600 ◦C
Ti-2Zr-0.6O 0.615 0.005 NA NA NA 1.86 1.05 900
+ 40% LAF
Ti-4.5Zr-0.15O 0.147 0.004 NA NA NA 0.45 2.41 790 85% LAF
Ti-4.5Zr-0.25O 0.242 0.003 NA NA NA 0.74 2.40 805 85% LAF
Ti-4.5Zr-0.35O 0.322 0.002 NA NA NA 0.98 2.40 820 85% LAF
Ti-4.5Zr-0.2O 0.199 0.009 <0.005 <0.006 <0.004 0.61 2.40 800 85% LAF
Ti-4.5Zr-0.4O 0.374 0.010 <0.005 <0.006 <0.004 1.13 2.39 850 85% LAF
75% LAC à 600 ◦C
Ti-4.5Zr-0.6O 0.561 0.003 NA NA NA 1.70 2.39 850
+ 40% LAF
Ti-4.5Zr-0.6O-Lingot-2 t 0.608 ± 0.012 <0.005 0.004 NA 0.015 1.84 2.38
75% LAC à 700 ◦C
Ti-4.5Zr-0.8O 0.835 0.003 <0.005 <0.006 <0.004 2.51 2.37 900
+ 40% LAF
Ti-9Zr-0.2O 0.199 0.008 NA NA NA 0.62 4.91 800 85% LAF
75% LAC à 600 ◦C
Ti-9Zr-0.4O 0.389 0.008 <0.005 <0.006 <0.004 1.21 4.89 800
+ 40% LAF
Table III.2 – Listes des nuances étudiées dans le cadre de cette étude. Les concentrations chimiques en O, N, C,
H et Fe sont précisées lorsqu’elles ont été mesurées (NA = Non Analysé). Les méthodes utilisées pour les analyses
chimiques sont précisées en annexe B. Pour chaque alliage, les conditions de forgeage et laminage réalisés par Timet
UK sont précisées ainsi que les conditions de laminage en laboratoire (LAC : Laminage à Chaud et LAF : Laminage
à Froid)
CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
III.2. ÉLABORATION ET ÉTATS DE RÉFÉRENCE 49
Les compositions des alliages ont été choisies majoritairement avec l’objectif de
déconvoluer la contribution de chacun des éléments d’alliage aux aspects étudiés,
tout en couvrant une gamme de composition suffisamment large permettant d’isoler
le rapport Zr/O optimum pour l’obtention d’une combinaison prometteuse entre
résistance et ductilité.
Nous n’avons pas eu matériellement le temps d’analyser en détails tous ces
alliages. Ainsi, le nom des alliages qui ont fait l’objet d’une étude plus en profon-
deur est surligné en gras. Pour chaque nuance, les conditions d’élaboration, sur
lesquelles nous reviendrons dans les sections suivantes, sont précisées. Il est à noter
que d’autres alliages ont été élaborés en lingots de 200g pour cette étude mais n’ont
pas été étudiés, faute de temps.
T β estim (K) = 1159 + 147.7 × %O mass. + 294.3 × %N mass. − 4.1 × %Zr mass.
Avant toute utilisation, cette couche d’oxyde est polie sur une épaisseur suffisante
pour s’affranchir de toute contamination liée aux étapes d’élaboration et de mise
en forme.
Les barres sont tout d’abord mises en solution à 900 ◦C pendant 10 min sous air
dans un four à moufle puis trempées à l’eau. Des échantillons de 2 cm de long sont
ensuite découpés, puis une étape de laminage est réalisée. Selon les matériaux, une
des deux voies thermo-mécaniques suivantes est adoptée :
1. Laminage à température ambiante (ou « à froid », noté LAF) jusqu’à une
réduction d’épaisseur de 85%.
2. Laminage à chaud (LAC) jusqu’à 75% de réduction d’épaisseur suivi d’une
deuxième réduction d’épaisseur de 40% à froid. Lors du laminage à chaud,
le matériau est alternativement réchauffé au four à moufle à 600 ◦C pendant
3 min puis laminé. La couche d’oxyde formée lors des chauffages est ensuite
polie avant le LAF.
La voie 1 est testée par défaut sur toutes les nuances de l’étude. Pour les nuances
qui se déforment le moins et pour lesquelles des fissures apparaissent durant la mise
en forme, la voie 2 (plus « tolérante ») est adoptée.
Pour les nuances dans lesquelles des fissures apparaissent durant la voie 2, la
température de laminage est augmentée à 700 ◦C.
Pour chaque alliage, le procédé de laminage adopté est précisé dans le ta-
bleau III.2. Cette étape permet d’écrouir les matériaux et de les mettre en forme.
Les plaques obtenues ont toutes une épaisseur finale de 0.6 mm
La figure III.6 récapitule l’ensemble des traitements réalisés pour aboutir à l’état
de référence de l’étude : un état recristallisé.
52 CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
Cet état de référence a été choisi afin d’uniformiser les états de caractérisation
des matériaux et de faciliter la comparaison de leurs microstructures et de leurs
propriétés mécaniques. A noter qu’étant donné le domaine de composition étudié
pour ces alliages TiZrO, ils devraient tous présenter en théorie une microstructure
monophasée en phase α dans cet état de référence.
microstructure est en outre très représentative de celles observées sur les autres
alliages de la famille.
Dans le but d’approfondir cette analyse, des cartographies EBSD sont réalisées
(voir protocole en annexe C). La cartographie EBSD de l’alliage, présentée en fi-
gure III.8a, permet d’estimer le diamètre moyen de ces grains à 6.7 ± 5 µm, par
mesure du diamètre circulaire moyen des grains détectés pour un angle de désorien-
tation supérieur à 10˚.
L’étude globale de la structure cristallographique de l’alliage est effectuée par
diffraction des rayons X (DRX) et est confirmée par la cartographie EBSD. Le
diffractogramme de l’alliage Ti-4.5Zr-0.4O représenté en figure III.9 montre la si-
gnature caractéristique d’une phase hexagonale compacte α. Le fait qu’aucun pic
supplémentaire ne soit visible permet de valider l’hypothèse que les alliages TiZrO
sont à 100% composés de phase α, du moins à l’échelle de l’analyse.
Les aspects microstructuraux communs des alliages TiZrO mis en évidence par la
caractérisation du Ti-4.5Zr-0.4O dans son état microstructural de référence peuvent
donc se résumer ainsi :
• Ce sont en apparence des matériaux monophasés α ;
• Ils sont composés de grains équiaxes de taille inférieure à 10 µm ;
• Ils possèdent une texture de type <0001> ⊥ RD (Direction de Laminage).
Cette « microstructure modèle » sert de référence pour les sections suivantes
afin de mettre en évidence les variations microstructurales observées en fonction de
différents paramètres.
Cependant, dans le but de pouvoir comparer les microstructures de nos alliages
entre elles, il nous a semblé important de vérifier avant tout que celles-ci n’étaient
pas notablement influencées par les procédés de mise en forme présentés en sec-
tion III.2.3.
Deux échantillons de cette nuance ont donc été laminés selon les deux protocoles
suivants :
• 75% de réduction d’épaisseur par laminage à chaud (à 600 ◦C) suivi de 40%
de réduction d’épaisseur par laminage à froid.
• 85% de réduction d’épaisseur par laminage à froid.
Puis les plaques laminées ont été recristallisées pendant 10 min dans un four à
bain de sels à 750 ◦C.
Les cartographies EBSD réalisées sur ces deux états sont présentées en figure III.10a
et b. L’histogramme comparant leurs tailles de grains respectives est présenté en
figure III.10c.
Le faible écart constaté entre les deux valeurs mesurées (11,8 et 12, 2 µm) ne
représente pas une différence significative. Par ailleurs, aucune autre caractéristique
microstructurale (texture, structure cristallographique...) ne semble être impactée
par la modification des traitements thermo-mécaniques.
56 CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
Nous en avons donc conclu que ces deux états sont équivalents à tout point de
vue au niveau microstructural et que les procédés de mise en forme n’avaient pas
d’influence significative sur les caractéristiques de l’état de référence étudié.
En revanche, une différence de taille de grains peut être observée entre le Ti-
4.5Zr-0.4O (6.7 ± 5 µm), analysé en section précédente, et le Ti-1Zr-0.6O (12.2 ±
5 µm). Cela suggère qu’au moins un des deux éléments d’alliage a une influence sur
ce paramètre.
Figure III.11 – Cartographies EBSD de la figure de pole inverse des alliages Ti-
xZr-0.4O avec x = 0 % Zr (a), 4.5 % Zr (b) et 9 % Zr (c) selon la direction normale.
L’histogramme (d) permet de constater l’évolution de la taille des grains en fonction
de la teneur en zirconium.TD : Direction Transverse, RD : Direction de laminage.
Afin de confirmer cette tendance, une deuxième série d’observations est conduite
sur les alliages suivants : Ti-0.6O, Ti-1Zr-0.6O, Ti-2Zr-0.6O et le Ti-4.5Zr-0.6O, qui
présentent donc toujours une teneur en zirconium variable et une teneur fixe en
oxygène, désormais de 0.6%.
La figure III.12 rassemble les cartographies EBSD pour ces 4 différents alliages
dans leur état de référence. Les observations montrent qu’à l’échelle mésoscopique,
les différents échantillons présentent une texture moyenne similaire et qu’aucune
précipitation additionnelle n’est visible. Nous pouvons par contre constater, en
cohérence avec les résultats précédents, que la taille moyenne des grains décroit,
d’abord nettement puis plus lentement avec l’augmentation de la teneur en zirco-
nium dans les alliages. La figure III.12e permet également de montrer le caractère
asymptotique de cette évolution et de mettre en évidence que dès l’ajout de 1 %
de zirconium, le diamètre moyen des grains présente une diminution très marquée
d’environ 58%.
Il est à noter que ce phénomène a déjà été précédemment observé lors de travaux
analysant l’effet du zirconium dans les alliages de titane α [143, 140]. Selon Ma-
tayashi et al. cette singularité proviendrait d’une différence de vitesse de diffusion
entre les joints de grains d’une part et les atomes de zirconium en solution solide
d’autre part.
Ainsi, lors d’une séquence de recristallisation, l’hypothèse est que les interfaces
diffuseraient plus vite que les éléments en substitution, conduisant à une ségrégation
locale du zirconium au niveau des joints de grains, ce qui contribuerait à inhiber la
migration de ces derniers (effet connu sous le nom de « Solute drag effect » [144]).
III.3. CARACTÉRISTIQUES MICROSTRUCTURALES DE L’ÉTAT DE RÉFÉRENCE59
Figure III.12 – Cartographies EBSD de la figure de pole inverse des alliages Ti-
xZr-0.6O avec x = 0 % Zr (a), 1 % Zr (b), 2 % Zr (c) et 4.5 % Zr (d) selon la
direction normale. L’histogramme (d) permet de constater l’évolution de la taille
des grains en fonction de la teneur en zirconium.TD : Direction Transverse, RD :
Direction de laminage.
60 CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
L’effet d’affinement des joints de grains par le zirconium que semble démontrer
une partie de notre travail apparaît très intéressant puisque, selon la loi de Hall
& Petch, une diminution de la taille des grains d’un matériau induit, dans le cas
général, une augmentation de sa limite d’élasticité [145, 146].
L’ajout de zirconium dans les alliages TiZrO s’avère donc doublement positif
dans la mesure où l’effet Hall & Petch qu’il induit apporte un durcissement supplé-
mentaire à celui attendu par effet de solution solide.
Par ailleurs, on peut remarquer que la taille des grains ne semble pas évoluer,
à taux de zirconium constant, entre les deux séries de microstructures caractérisées
dans cette section (Ti-xZr-0.4O et Ti-xZr-0.6O). Cette observation parait indiquer
que l’oxygène n’a pas d’effet notable sur la taille de grain. Cependant, une étude
sur une plus large gamme de composition est nécessaire pour tirer une conclusion
raisonnable sur cette question particulière.
III.3. CARACTÉRISTIQUES MICROSTRUCTURALES DE L’ÉTAT DE RÉFÉRENCE61
Figure III.14 – Cartographies EBSD de la figure de pole inverse des alliages Ti-
4.5Zr-xO avec x = 0.15 % O (a), 0.25 % O (b), 0.4 % O (c), 0.6 % O (d) et 0.8 % O
(e) selon la direction normale. L’histogramme (f) permet de constater l’évolution de
la taille des grains en fonction de la teneur en oxygène.TD : Direction Transverse,
RD : Direction de laminage.
III.3. CARACTÉRISTIQUES MICROSTRUCTURALES DE L’ÉTAT DE RÉFÉRENCE63
Il est par ailleurs très peu plausible que les alliages TiZrO présentent une den-
sité de dislocations et de contraintes internes suffisamment élevée pour provoquer
les asymétries systématiques observées en DRX étant donné que l’ensemble des ana-
lyses a été conduit pour des états microstructuraux bien recristallisés, comme nous
l’avons montré précédemment. Enfin, aucune macle n’a été observée sur aucun des
alliages de notre étude comme montré sur les cartographies EBSD présentées en
sections III.3.3.1 et III.3.4).
66 CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
Les asymétries relevées sur les diffractogrammes RX ne semblent donc pas pou-
voir être expliquées par la présence de défauts ou d’hétérogénéité chimique majeure.
Les microstructures des alliages étant totalement homogènes à l’échelle mésosco-
pique, l’existence de précipités ou de domaines ordonnés ne semble plausible qu’à
la condition que leur taille soit suffisamment petite pour ne pas avoir été obser-
vés en microscopie optique et cartographie EBSD. Leur composition chimique doit
également être suffisamment proche de celle de la matrice pour ne pas être mis
en évidence par spectroscopie EDX. Des méthodes d’analyse à plus petite échelle
doivent par conséquent être utilisées afin de chercher d’autres indices témoignant
de l’existence éventuelle de ces objets.
L’anneau de Debye, quant à lui, est cohérent avec la présence de très nombreux
cristallites de petite taille (comparée à la dimension du faisceau, donc probablement
sub-micrométrique) répartis uniformément dans le volume analysé. La contribution
de chaque nano-cristal étant très faible, l’intensité globale de l’anneau de diffraction
est peu intense, ce qui explique qu’il soit partiellement voire totalement masqué par
la contribution des grains.
III.4. MISE EN ORDRE DANS LES ALLIAGES TIZRO 69
λ
d=K×
H × cos θ
Figure III.19 – Comparaison des résultats d’une intégration complète (b) et fe-
nêtrée (c) du diffractogramme 2D du Ti-4.5Zr-0.8O (a). Une atténuation de la
contribution de certains grains très intense est constatée.
Ces résultats semblent corroborer l’hypothèse selon laquelle les asymétries ob-
servées en DRX à la section III.3.4 correspondent à la signature d’une structure
cachée.
D’autre part, si la taille estimée pour ces cristallites s’avère exacte, cela pourrait
expliquer pourquoi aucun signal n’a été décelé lors des analyses EBSD : des objets
de cet ordre de grandeur sont beaucoup trop petits pour être détectés avec ce type
de méthode.
Par ailleurs, il est à noter qu’une signature similaire a été observée pour tous les
alliages étudiés au synchrotron (parmi lesquels le Ti-9Zr-0.4O, le Ti-4.5ZR-0.8O, le
Ti-4.5Zr-0.4O), ce qui semble indiquer que les éléments microstructuraux nanomé-
triques mis en évidence sont caractéristiques de la famille d’alliages TiZrO.
La figure III.20 présente les images prises dans cet alliage selon l’axe de zone
[21̄1̄3].
Figure III.20 – Images MET prises sur le Ti-4.5Zr-0.8O dans l’état de référence.
Le cliché de diffraction (a) est pris à proximité de l’axe de zone [112̄3]. La tâche
entourée en rouge a été utilisée pour l’image en faisceau faible (c). Le champ clair
(b) et le faisceau faible mettent en évidence de nombreux objets dont la signature
en diffraction semble superposée à celle de la matrice.
Alors qu’aucune tâche supplémentaire n’est visible sur le cliché de diffraction (a),
les images en champs clair (b) et en faisceau faible (c) (condition où l’on s’éloigne
des conditions de diffraction afin de mettre en valeur simultanément deux objets
qui diffractent en même temps [150, 151]) révèlent la présence de nombreux objets
nanométriques. Bien que le contraste des images en faisceau faible ne soit pas adapté
à ce type d’analyse, le diamètre moyen de ces objets est estimé par analyse d’image
sur ImageJ entre 10 et 20 nm (en suivant le protocole détaillé en annexe C). C’est
un ordre de grandeur qui semble cohérent avec les estimations faites à partir de la
formule de Scherrer sur les données issues des diffractogrammes au synchrotron.
Cette observation laisse par ailleurs supposer que, selon cette orientation, la
signature de la matrice est superposée à celle de ces cristallites.
72 CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
Pour conforter cette affirmation, des calculs sont effectués pour déterminer si les
intervalles observés en diffraction des rayons X entre les pics de la matrice et ceux
des nano-cristallites pourraient aboutir à un écart suffisant pour distinguer les deux
tâches en diffraction des électrons.
La figure III.21 révèle que les distances en DRX sont suffisamment faibles pour
que les deux familles de tâches en diffraction des électrons soient quasi-superposées
et non discernables (et ce, d’autant plus si l’on considère que la phase nanométrique
présente une intensité plus faible en diffraction).
Ces premières observations au MET sont donc totalement cohérentes avec l’ana-
lyse effectuée à partir des DRX : on note la présence de nano-objets présentant un
diamètre d’environ 15 nm et dont la structure cristalline est très proche de celle la
maille α.
Une information plus importante encore est venue d’autres séries d’observations
en diffraction, selon différents axes de zones. Ces dernières ont permis de mettre
clairement en évidence des séries de tâches de sur-structure en plus de celles de la
matrice α.
La figure III.22 présente, en exemple, deux clichés de diffraction différents selon
ces orientations particulières ainsi que les champs noirs associés à l’une des tâches
de surstructure. De nombreux amas, de morphologie intermédiaire entre sphérique
et cuboïdale, sont observés. Leur diamètre moyen est estimé par analyse d’image
sur ImageJ à 13.5 nm selon le protocole détaillé en annexe C. Ils sont uniformément
répartis dans la matrice et similaires à ceux remarqués en figure III.20. Il est à noter
III.4. MISE EN ORDRE DANS LES ALLIAGES TIZRO 73
que les champs sombres obtenus à partir des autres tâches de surstructure éclairent
les mêmes objets.
L’apport de ces expériences est ici indéniable car elles mettent en évidence de
façon cohérente qu’il existe bien une phase supplémentaire dans la structure de
nos alliages. Elles permettent de montrer que cette phase correspond en fait à une
dispersion extrêmement fine de nano-domaines d’une taille moyenne comprise entre
10 et 15 nm et surtout que ces nano-domaines sont ordonnés puisqu’ils engendrent
en diffraction une série de tâches supplémentaires de faible intensité.
Figure III.22 – Clichés de diffraction selon les orientations [415̄6] (a) et [011̄2] (d)
de la matrice pris dans le Ti-4.5Zr-0.8O à l’état de référence et présentant des tâches
de surstructure (maille bleue). Pour chaque axe de zone, une image en champ clair
(b et e respectivement) et en champ sombre (c et f respectivement) de la tâche
entourée en bleu sont exposés.
Une analyse rapide des clichés de diffraction montre que ce type de signature ne
correspond en fait à aucune phase couramment observée dans le titane. Des analyses
complémentaires sont donc conduites afin de caractériser plus formellement cette
nouvelle structure. Dans cette optique, la structure exacte de ces objets et leurs
relations d’orientation avec la matrice doivent être identifiées avec précision.
74 CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
Les structures des sous-oxydes Ti-xO sont ensuite analysées, une par une pour
déterminer si ces distances interréticulaires peuvent être associées à certaines de
leurs familles de plans d’une part, et si leur structure pourrait correspondre à tous
les éléments mis en évidence lors de la caractérisation de cette nouvelle phase,
d’autre part.
Le composé Ti6 O (évoqué en section II.3.2) tel qu’observé et décrit par Yama-
guchi en 1966 [110] permet finalement de remplir tous ces critères. Appartenant au
groupe d’espace 159 "P31c", il présente des paramètres de maille reliés à ceux de la
phase α par les relations suivantes :
√
aT i6O = amatrice × 3 = 5.14 Å ; cT i6O = cmatrice × 2 = 9.48 Å
qui est un terme plus générique correspondant à l’hypothèse où les composés dits
de type « Ti6O » auraient incorporé une certaine quantité de zirconium au cours
du processus de mise en ordre.
La structure de type Ti6 O qui en résulte fait partie de la famille des compo-
sés interstitiels, ou composés de Hägg [153, 154]. Ces derniers sont formés lors-
qu’un élément interstitiel non-métallique est introduit dans une matrice de métal
de transition en concentration suffisante pour remplir des sites interstitiels de façon
ordonnée.
Figure III.23 – Série de clichés de diffraction selon les orientations [112̄3], [2̄116],
[0002] et [11̄02] de la matrice pris dans le Ti-4.5Zr-0.8O à l’état de référence. Le
déplacement en tilt X et Y nécessaire pour passer d’un axe de zone à un autre est
indiqué. Pour chaque cliché, les tâches sont indexées avec les structures Tiα et Ti6 O
et une relation d’épitaxie en est déduite. Au centre de la figure, une simulation
atomique représente l’arrangement théorique des deux structures selon la relation
d’épitaxie trouvée. Les atomes de Zr n’y sont pas représentés.
III.4. MISE EN ORDRE DANS LES ALLIAGES TIZRO 77
Table III.3 – Épaisseur des lames MET et diamètre moyen des COO observés dans
les échantillons de Ti-xZr-0.4O analysés en figure III.24. Les méthodes utilisées pour
mesurer ces paramètres sont précisées en annexe C.
Un premier constat tiré des images de la figure III.24 est l’existence de COO
dans l’alliage Ti-0.4O. Ce résultat est étonnant puisque de nombreux articles de la
littérature portent sur le binaire Ti-O dans cette gamme de composition sans pour
autant faire mention de ces objets. Cette singularité sera discutée plus en détail en
section V.3.
D’autre part, une différence de taille des précipités très notable est observé entre
la nuance dépourvue de zirconium et les alliages en contenant : le diamètre moyen
des COO est doublé en présence de zirconium, passant de 6 à 12 µm environ. Cette
évolution traduit une diminution du ratio Surf ace
V olume
des COO, paramètre dépendant
fortement de l’énergie d’interface du volume considéré. Ainsi, la diminution du ratio
Surf ace
V olume
constatée avec l’ajout de zirconium témoigne probablement d’une réduction
de l’énergie interfaciale des précipités.
Une analyse de ces évolutions par l’intermédiaire des figures III.25b et c révèle
un processus en deux temps :
1. Lorsque la composition en zirconium passe de 0 à 4.5%, les paramètres de
maille de la matrice suivent quasiment parfaitement l’évolution théorique dé-
crite par la loi de Végard. Dans le même temps, les paramètres de maille de
la structure Ti6 O évoluent très peu. Ces changements ont pour conséquence
une diminution du désaccord paramétrique entre les deux mailles cristallines.
Or, ce désaccord paramétrique est probablement accommodé par un champ
élastique interfacial qui diminue, par conséquent, avec l’ajout de zirconium.
Selon cette hypothèse, la conclusion serait totalement cohérente avec les ob-
servations au MET puisqu’un affaiblissement du champ élastique interfacial
se traduirait par une diminution du ratio Surf ace
V olume
et in fine par l’augmentation
du diamètre des COO.
2. Lorsque la composition en zirconium passe de 4.5 à 9%, une forte augmenta-
tion des paramètres de maille des COO est observée. Parallèlement, l’évolution
des paramètres de la maille α ne suit plus la loi de Végard. Une hypothèse
raisonnable pour expliquer ces observations serait qu’une partie du zirconium
ajouté entre dans la composition des composés interstitiels. Ainsi, de la même
manière que pour la phase α, le zirconium serait responsable de l’augmenta-
tion de leurs paramètres de maille. Selon ce raisonnement, il est alors logique
que les paramètres de maille de la matrice n’évoluent pas autant qu’ils le de-
vraient puisqu’une partie du zirconium qui est supposée les modifier est entrée
dans la composition des COO.
L’analyse des paramètres de maille des deux structures permet donc de faire
émerger l’hypothèse suivante :
Les composés ordonnés existent dans l’alliage Ti-0.4O mais leur diamètre est res-
treint par l’existence d’un fort champ élastique interfacial accommodant un désac-
cord paramétrique important entre les COO et la matrice. En présence de zirconium,
les paramètres de mailles de la matrice augmentent, réduisant ainsi l’écart paramé-
trique. Cela aurait pour conséquence une diminution du champ élastique interfacial
et une augmentation du diamètre des composés interstitiels. À partir d’un certain
seuil d’ajout de zirconium, qui pourrait être la concentration à laquelle le désaccord
paramétrique entre les deux phases est le plus faible, le zirconium entrerait dans
82 CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
la composition des COO. Cela aurait alors pour conséquence une augmentation de
leurs paramètres de maille et une variation moins rapide de ceux de la matrice.
Par ailleurs, que l’hypothèse précédente soit juste ou pas, la variation des para-
mètres de maille des composés ordonnés avec la teneur en zirconium témoigne très
certainement de l’incorporation de cet élément dans la composition des COO. Cela
conforte donc probablement l’hypothèse selon laquelle leur stœchiométrie varie avec
la composition de l’alliage.
Table III.4 – Épaisseur des lames MET et diamètre moyen des COO observés dans
les échantillons de Ti-xZr-0.4O analysés en figure III.26. Les méthodes utilisées pour
mesurer ces paramètres sont précisées en annexe C.
III.4. MISE EN ORDRE DANS LES ALLIAGES TIZRO 83
Figure III.26 – Clichés de diffraction et images en champ sombre à différents grandissement pris dans le Ti-
4.5Zr-0.2O (a et b, c, d respectivement), dans le Ti-4.5Zr-0.40 (e et f, g, h respectivement), dans le TI-4.5Zr-0.6O
(i et j, k, l respectivement) le Ti-4.5Zr-0.8O (m et n, o, p respectivement). Les tâches de diffraction utilisées
pour les champs sombres sont marquées d’un cercle bleu.
84 CHAPITRE III. MICROSTRUCTURE DES ALLIAGES TIZRO
Par ailleurs, la teneur en oxygène ne semble pas avoir d’influence sur la taille des
COO, contrairement à l’effet observé dans la section précédente. Leur diamètre reste
stable (entre 11.5 et 13.5 nm) et comparable à celui observé pour le Ti-4.5Zr-0.4O
et le Ti-9Zr-0.4O, ce qui soulève de nouveau la question d’un « facteur limitant » au
grossissement des précipités. En revanche, un accroissement très net de la densité
de composés interstitiels est observable avec l’ajout d’oxygène.
Figure III.27 – Évolution des paramètres de maille de la matrice et des COO des
alliages Ti-4.5Zr-xO en fonction de la teneur mesurée en oxygène. Ces valeurs sont
obtenues expérimentalement par raffinement Rietveld des données de DRX sur le
logiciel Maud selon le protocole présenté en annexe B.
La particularité de ce composé est qu’il peut présenter deux variants selon l’axe
de zone [011̄2]Tiα dont les signatures sont très proches de celle des COO , ce qui a
occasionné, au départ, de nombreuses confusions entre les deux structures.
La figure III.28 illustre la proximité que peuvent atteindre les tâches de diffrac-
tion des deux phases et montre des champs noirs associés à chacune d’elles.
Outre les examens au MET et en DRX, d’autres méthodes d’analyse ont été
employées afin, notamment, d’approfondir l’étude de la répartition chimique des
éléments entre la matrice et les COO.
Figure III.29 – Image STEM en champ clair (a) du Ti-4.5Zr-0.8 à l’état de ré-
férence. Les cartes élémentaires correspondantes issues d’une analyse STEM-EDX
pour le Ti (b), le Zr (c) et l’O (d) sont exposées. Les flèches rouges sur la carte de
l’oxygène indiquent des zones enrichies en interstitiel.
Cette méthode n’a donc pas permis de mettre en évidence des inhomogénéités
chimiques dans le matériau étudié.
Par ailleurs, des analyses de Sonde Atomique Tomographique (SAT) ont été
conduites sur le Ti-4.5Zr-0.8O dans l’état recristallisé. Aucune variation chimique
n’a été constatée dans la répartition spatiale des ions dans la reconstitution de la
pointe. Pour s’en assurer, une analyse de distribution des fréquences a été effectuée
pour chaque type d’ion. Aucun écart significatif à la distribution statistique n’a été
observé, ce qui témoigne d’une répartition homogène des ions à l’échelle de cette
analyse. La signature de plans basaux supplémentaires dus à la mise en ordre de
l’oxygène a été recherchée le long des pôles {0002} mais n’a pas pu être mise en
évidence.
Étant donné que la différence de composition entre les COO et la matrice semble
extrêmement faible, il est possible que le taux de détection des ions pour cette mé-
thode d’analyse ne soit pas suffisant pour mettre en évidence les variations chimiques
locales.
Par ailleurs, ce phénomène est probablement accentué par le fait que, lors de
l’analyse en SAT, la plage de détection des ions oxygène par spectroscopie de masse
est superposée à celle des ions Ti3+. La distinction des deux espèces en est d’autant
plus compliquée.
Les méthodes d’analyse chimique employées n’ont donc pas permis de mettre
en évidence des inhomogénéités chimiques pouvant être reliées aux structures vi-
sualisées au MET. Cependant, ces résultats peuvent être nuancés par le fait que les
fluctuations chimiques recherchées sont probablement très faibles et potentiellement
inférieures au seuil de détection de nombreuses méthodes d’analyse.
III.4. MISE EN ORDRE DANS LES ALLIAGES TIZRO 89
Dans la suite logique de notre analyse structurale des alliages TiZrO, ce cha-
pitre porte sur la caractérisation des propriétés mécaniques et des mécanismes
de déformation associés à cette famille d’alliages. Nous avons initié une dé-
marche visant en particulier à déconvoluer le rôle de chacun des éléments
d’alliage sur l’évolution de ces propriétés. Cela nous a conduit à établir des
premiers liens entre les microstructures mises en évidence dans le chapitre III
et les caractéristiques mécaniques qui en découlent.
Pour ce faire, une analyse du réseau de dislocations in situ et post mortem est
conduite afin d’approfondir la compréhension des mécanismes de déformation
actifs dans ces alliages et leur modification avec la composition des matériaux.
Au terme de cette démarche, l’ensemble de ces résultats est pris en considéra-
tion afin de sélectionner la nuance TiZrO présentant la meilleure combinaison
de résistance mécanique et ductilité. Ceci en vue d’une mise à l’échelle in-
dustrielle rapide pour le développement d’implants dentaires innovants par
Biotech Dental.
91
92 CHAPITRE IV. PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DES ALLIAGES TIZRO
Nous avons d’abord caractérisé en traction une série d’alliages Ti-4.5Zr-xO pré-
sentant des teneurs en oxygène très variables situées entre 0,15% et 0,8%. L’objectif
premier de cette partie est d’évaluer l’effet durcissant de l’oxygène et l’évolution
corrélée de la ductilité, dont nous avons pu voir précédemment qu’elle présentait
des caractéristiques atypiques associées à une grande stabilité (même à des teneurs
en oxygène élevées).
La raison essentielle ayant mené à l’ajout d’oxygène en grande quantité dans les
alliages TiZrO réside dans son très fort pouvoir durcissant vis à vis du titane, phé-
nomène très largement mis en évidence dans la littérature [87, 70, 116]. Les courbes
contrainte/déformation en traction uniaxiale et conditions quasi-statique associées
aux différents alliages Ti-4.5Zr-xO sont présentées en figure IV.1a. Les principales
grandeurs mécaniques macroscopiques que l’on peut extraire de ces courbes sont en-
suite récapitulées en figure IV.1b et comparées à celles du TA6V (qui représentent
nos propriétés « cibles »).
IV.1. COMPORTEMENT EN TRACTION DE LA FAMILLE D’ALLIAGES 93
Parmi les alliages présentés en figure IV.1, deux nuances spécifiques (le Ti-4.5Zr-
0.6O et le Ti-4.5Zr-0.8O) présentent une combinaison de propriétés très supérieure à
celles du TA6V-ELI. Il est important de signaler que cette combinaison de résistance
et de ductilité n’est que très rarement atteinte parmi l’ensemble des alliages de
titane, toutes familles confondues [164].
La compréhension des mécanismes menant à ces caractéristiques mécaniques
particulières est primordiale pour notre étude. Une réflexion en profondeur est donc
nécessaire afin de mieux comprendre l’origine des propriétés mécaniques observées.
IV.1. COMPORTEMENT EN TRACTION DE LA FAMILLE D’ALLIAGES 95
Comme montré précédemment, la taille des grains des alliages Ti-4.5Zr-xO reste
quasi-stable en fonction de x (voir section III.3.4) sur l’ensemble du domaine de com-
position (de même que la texture). Le durcissement induit par l’ajout d’interstitiels
peut donc être exprimé simplement de la manière suivante :
∆σ = ∆σsol.sol. + ∆σCOO
Un autre aspect, qui n’a pas encore été discuté, ressort par contre clairement sur
les courbes contrainte/déformation présentées en figure IV.1 : l’évolution progressive
de la transition élasto-plastique lorsque la teneur des alliages en oxygène augmente.
Sur ce point particulier, les courbes d’écrouissage exposées en figure IV.3 per-
mettent de mettre plus facilement en évidence l’évolution constante de l’aspect de
cette transition entre les alliages à basse et à haute teneur en oxygène. Le détail du
calcul du taux d’écrouissage est précisé en annexe B.
Figure IV.3 – Courbes d’écrouissage des alliages Ti-4.5Zr-xO avec x = 0.15, 0.25,
0.4, 0.6 et 0.8%O dans l’état de référence. σT : contrainte vraie, p : déformation
plastique.
La donnée qui est alors surprenante repose sur l’observation que cette loca-
lisation, que semblent suggérer à la fois l’évolution progressive de l’aspect de la
transition élasto-plastique et l’évolution de la stabilité de l’écrouissage, ne s’avère
que très peu affecter la ductilité macroscopique des alliages à rupture. Celle-ci reste
très élevée, quel que soit le taux d’oxygène étudié et décroît, de fait, beaucoup
moins rapidement que pour les différentes nuances de titane CP de grade indus-
triel. Cela laisse suggérer que la modification potentielle du réseau de dislocations
engendrées par l’ajout d’oxygène ne semble pas de nature à accélérer les phénomènes
de localisation des déformations, au niveau macroscopique. C’est une information
complètement nouvelle par rapport à l’ensemble des données de la littérature, et
c’est évidemment une observation qui pose un grand nombre de questions sur l’in-
fluence particulière des COO vis à vis des propriétés de ductilité. À ce stade, nous
ne pouvons pas nous appuyer sur quelque socle bibliographique que ce soit sur ce
phénomène, et c’est une question qui méritera une étude (expérimentale et en mo-
délisation) plus détaillée que nous n’avons pas pu conduire dans ce présent travail.
Une étude approfondie est menée dans le but de comprendre les différents aspects
qui sont à l’origine de ces propriétés mécaniques.
avec σ0 , la limite d’élasticité d’un titane pur pour une même teneur en impuretés
que les TiZrO.
De ce fait, le durcissement observé, pour une même teneur en oxygène, entre
deux nuances ∆σ est décrit par la formule suivante :
∆σ = ∆σ HP + ∆σ sol.sol. Zr + ∆σ COO
σ HP = σi + k.d−1/2
0.4% massique environ) et à 300 K. Étant donné que nos alliages sont relativement
dilués (la composition en zirconium ne dépasse pas 5% at.), k est estimé constant
sur la gamme de composition analysée.
0% Zr → 4.5% Zr 4.5% Zr → 9% Zr
∆σHP 125 MPa 40 MPa
Table IV.1 – Calcul du gain en limite d’élasticité résultant de la diminution de la
taille induite par le zirconium. Les valeurs mesurées en section III.3.3.1 sont utilisées
pour ce calcul.
Bien que ces valeurs soient surestimées pour les raisons évoquées ci-dessus, elles
permettraient d’en déduire une approximation réaliste de la contribution ∆σ COO :
IV.1. COMPORTEMENT EN TRACTION DE LA FAMILLE D’ALLIAGES 101
Une étude effectuée par Kuroda et al. montre l’évolution de la limite d’élasticité
dans des alliages Ti-xZr avec x = 0, 5 et 10%. Les contributions ∆σlitt sont calculées
à partir de ces résultats.
∆σ litt Estimation de
∆σ HP ∆σ ∆σ COO
(d’après [143, 52]) ∆σ sol.sol. Zr
0 → 5% mass. 150 MPa 125 MPa 25 MPa 160 MPa 10 MPa
5 → 10% mass. 70 MPa 40 MPa 30 MPa 140 MPa 70 MPa
0 → 10% mass. 220 MPa 165 MPa 55 MPa 300 MPa 80 MPa
Bien que les différentes contributions représentées en figure IV.5 soient estimées
de manière grossière, des tendances nettes se dégagent :
102 CHAPITRE IV. PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DES ALLIAGES TIZRO
Il est par ailleurs nécessaire de souligner que les propriétés des alliages Ti-xZr-
0.4O sont sans commune mesure avec celles des binaires Ti-Zr étudiés dans la litté-
rature [143, 166, 52, 140, 165], principalement grâce à la teneur élevée en oxygène
que nos matériaux comportent initialement. De ce fait, le Ti-9Zr-0.4 constitue un
candidat possible pour l’industrialisation puisque ses propriétés rivalisent avec celles
du TA6V, autant en terme de ductilité, que de résistance mécanique.
IV.2. ÉTUDE DU RÉSEAU DE DISLOCATIONS 103
La figure IV.6 présente les réseaux de dislocations observés dans deux grains
différents de l’alliage Ti-4.5Zr-0.35O. L’analyse conjointe des images MET et des
projections stéréographiques selon le protocole décrit en annexe C permet d’identi-
fier les systèmes de glissement activés et de déterminer l’orientation des traces cor-
respondant à chaque plan de glissement. Les facteurs de Schmid associés à chaque
plan sont calculés pour les deux systèmes de glissement et récapitulés dans le ta-
bleau IV.3.
104 CHAPITRE IV. PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DES ALLIAGES TIZRO
Ces observations, tirées de la figure IV.6, concordent totalement avec celles que
Barkia et al. font dans l’alliage Ti-0.32O, présenté dans leurs travaux étudiant
l’influence de l’oxygène sur le réseau de dislocations des alliages de titane commer-
cialement purs [91]. Dans le même travail, les auteurs soulignent la différence de
comportement de l’alliage riche en oxygène par rapport à un Ti-0.045O. À teneur
moins élevée en oxygène, ils montrent que le glissement des dislocations s’effectue
dans des plans définis et ne présente pas de glissement dévié. Le mouvement des
dislocations est saccadé, dû au mécanisme de « Locking-Unlocking ».
Facteurs de Schmid
π1b : 0.52
P : 0.5
π1a : 0.36
B : 0.17
Table IV.4 – Facteurs de Schmid calculés pour chaque plan de glissement du
système de glissement activé dans l’échantillon de Ti-4.5Zr-0.6O analysé en traction
in situ.
Figure IV.7 – Projection stéréographique (a) du grain étudié et images en champ clair (b, c, d, e, f et g)
montrant le réseau de dislocation du Ti-4.5Zr-0.6O dans l’état de référence en traction in situ. La trace
du plan de glissement de la dislocation étudiée n’étant pas visible au cours de la déformation, des cercles
rouges sont ajoutés pour indiquer les points d’intersection successifs entre la dislocation et le bord de la
lame. La flèche rouge sur l’image (d) montre l’interaction répulsive entre la dislocation et un complexe
ordonné, visible grâce à l’épaississement apparent de la dislocation. La direction T correspond à l’axe de
traction. La dislocation étudiée glisse dans le système bproj = a3 [21̄1̄0]. Les traces des plans de glissement
et le vecteur ~g avec lequel les images sont prises sont indiqués sur les images b et g.
IV.2. ÉTUDE DU RÉSEAU DE DISLOCATIONS 109
Par ailleurs, une autre conséquence de la multiplication des COO a été mise en
évidence en figure IV.8.
Figure IV.8 – Séquence d’images prises en traction in situ au MET dans le Ti-
4.5Zr-0.35O à l’état de référence retraçant l’ouverture d’une boucle de dislocation
menant à la création de deux nouveaux défauts linéaires. La boucle est très proba-
blement formée par interaction entre une dislocation et le complexe ordonné marqué
d’une flèche rouge en figure (d).
Par ailleurs, des paires de dislocations, illustrées en figure IV.10 ont été observées
112 CHAPITRE IV. PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DES ALLIAGES TIZRO
dans plusieurs alliages. Étant donné que la distance entre les deux dislocations ne
varie pas en fonction du vecteur ~g selon lequel on les observe, cela pourrait signifier
que cette mise en paire est issue d’une interaction entre les dislocations observées
et un composé ordonné à courte distance dans la matrice [171].
L’hypothèse pourrait ainsi être faite que ce processus soit à l’origine de la mise
en bande des dislocations. En effet, étant donné la taille de nos composés inter-
stitiels, ils sont probablement cisaillés par les dislocations. Selon cette hypothèse,
dès lors que l’ordre du précipité est détruit selon le plan de glissement concerné, le
libre parcours moyen de la dislocation suivante serait moins affecté par la présence
d’ordre et celle-ci glisserait par conséquent plus facilement dans le même plan [172].
Au fur et à mesure, des bandes se formeraient dans lesquelles les dislocations glisse-
raient toutes dans le même plan ce qui pourrait expliquer qu’elles présentent moins
d’interactions entre elles.
De plus, cette diminution des interactions entre les dislocations pourrait expli-
quer le faible mais constant écrouissage observé en figure IV.3.
Figure IV.10 – Images de paires de dislocations selon +~g (a) et -~g prises dans le
Ti-4.5Zr-0.4O dans l’état de référence et déformé à 3%.
En revanche, la question ouverte qui reste posée à ce stade est reliée à la relation
d’échelle entre la très forte évolution de l’architecture du réseau de dislocations à
l’échelle microscopique, pour les forts taux d’oxygène, et la relative insensibilité
de la ductilité macroscopique à ce taux d’oxygène tel qu’observé sur les courbes
contrainte/déformation (voir figure IV.1).
IV.2. ÉTUDE DU RÉSEAU DE DISLOCATIONS 113
Intuitivement, le fait que le taux écrouissage associé aux nuances riches en oxy-
gène soit quasi nul nous fait néanmoins penser que la quantité totale d’interfaces
entre bandes de localisation et matrice ne doit évoluer que peu au cours de la défor-
mation plastique. En l’occurrence, nous ferions donc plus favorablement l’hypothèse
que l’accommodation macroscopique de la déformation repose en fait sur un méca-
nisme de croissance (donc d’épaississement des bandes existantes plutôt que par une
multiplication de ces bandes qui devrait conduire à une limitation plus rapide du
libre parcours moyen des dislocations (mobilité des dislocations dans des « canaux »
plus réduits en taille).
Il nous semble évident que cette partie du travail est encore très incomplète. Elle
ne constitue en fait qu’une première étape visant à identifier les questions clés qui
permettront dans le futur d’analyser complètement le comportement mécanique de
ces alliages en relation avec les mécanismes élémentaires de déformation plastique.
Deux des questions ouvertes les plus cruciales nous paraissent reliées :
L’ensemble de ces résultats a mené au dépôt conjoint d’un brevet par PSL, le
CNRS et Biotech Dental en novembre 2017, protégeant ainsi l’intégralité du domaine
de composition des alliages présentés dans ces travaux [173].
IV.3. SÉLECTION D’UN ALLIAGE POUR L’IMPLANTOLOGIE DENTAIRE115
Parmi les compositions analysées, trois nuances présentent des propriétés dépas-
sant le cahier des charges établi au chapitre I : le Ti-9Zr-0.4O, le Ti-4.5Zr-0.6O et
le Ti-4.5Zr-0.8O. Un choix a dû être effectué afin de déterminer quelle composition
pouvait raisonnable faire l’objet d’un développement industriel. La sélection n’a pas
seulement été réalisée sur la base des propriétés exposées en section B mais en pre-
nant également en compte les risques potentiels de développement de ces nouveaux
alliages.
En effet, nos alliages présentent des teneurs élevées en oxygène, élément intro-
duit par ajout de poudre de TiO2 et sur lequel les élaborateurs n’ont aucun recul.
La preuve de concept confirmant que la fabrication de ces alliages était possible par
élaboration au four à arc a été apporté durant ces travaux mais elle ne peut pas
préfigurer d’un succès d’une coulée de 2 tonnes ou plus. Un risque qui est parti-
culièrement craint, est de ne pas pouvoir garantir des spécifications assez robustes
pour l’industrialisation future.
Le tableau IV.5 récapitule les avantages et les inconvénients pour chaque nuance.
de grande taille, tandis que le Ti-9Zr-0.4O est jugé trop cher vis-à-vis du gain en
résistance qu’il apporte par rapport au Ti-4.5Zr-0.6O.
Bien que l’analyse des réseaux de dislocations n’ait pas permis de trouver
d’explication claire à ce phénomène, les points suivants sont ressortis :
• Le comportement des dislocations s’est révélé très similaire à celui ob-
servé dans les Ti-O.
• Les dislocations montrent une forte tendance au glissement dévié que la
présence de COO semble, au moins accentuer, sinon provoquer.
• Un confinement des dislocations dans des « bandes » est constaté dans
le matériau le plus riche en oxygène dès 3% de déformation.
L’hypothèse d’une multiplication ou d’un épaississement de ces bandes au cours
de la déformation a été évoquée et devra être analysé plus en profondeur pour
expliquer les propriétés de cette nuance.
Enfin, la comparaison des propriétés des alliages TiZrO avec celles du TA6V
a permis de faire ressortir trois compositions présentant des caractéristiques
similaires voire très supérieures à cette référence. Ce constat a mené :
• Au dépôt d’un brevet protégeant le domaine de composition de la famille
d’alliage.
• Au développent industriel du matériau le plus prometteur, le Ti-4.5Zr-
0.6O et à l’élaboration d’un lingot de 2 t de ce matériau à destination de
l’implantologie dentaire et de la recherche.
118 CHAPITRE IV. PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES DES ALLIAGES TIZRO
Chapitre V
119
120CHAPITRE V. OPTIMISATION MICROSTRUCTURALE ET PERSPECTIVES
Par ailleurs, les suivis en température in situ réalisés au synchrotron ont été
l’occasion d’étudier les alliages TiZrO dans de multiples états et d’évaluer l’influence
de ces derniers sur la stabilité de la microstructure en température.
Les pics correspondant aux familles de plan (011̄3) et (112̄2) sont ceux qui
permettent le mieux de suivre l’évolution de l’intensité des pics des COO en fonction
de la température puisque la contribution des grains de la matrice y est inexistante
ou très peu intense.
Une déviation linéaire des pics de phase α (trainées rouges pour les pics (02-20)
et (02-21)) est constatée sur toute la plage de température considérée, témoignant
de la dilatation thermique de la phase α.
122CHAPITRE V. OPTIMISATION MICROSTRUCTURALE ET PERSPECTIVES
Une déviation similaire est observée entre 25 et 150 ◦C pour les pics des COO,
mais, contrairement à la maille α dont la dilatation reste constante sur toute la
plage de température considérée, celle des composés interstitiels ne semble plus se
dilater au-delà de 150 ◦C.
Étant donné qu’il semble étonnant qu’une phase ne soit plus dilatée thermique-
ment à partir d’une certaine température, nous avons plutôt interprété ce phéno-
mène comme la signature d’une mise à l’équilibre thermodynamique des composés
ordonnés suite à la trempe grâce à l’énergie thermique apportée lors du chauffage.
Par ailleurs, on constate une diminution de l’intensité des pics de COO à partir
de 450 ◦C jusqu’à 600 ◦C. À partir de 600 ◦C, la signature des composés intersti-
tiels évolue : les pics s’élargissent, deviennent moins intenses et dérivent vers les
bas angles, traduisant une disparition de l’ordre cristallin qui s’accompagne très
probablement de la formation d’une solution solide localement enrichie en oxygène.
V.1. CONDITIONS DE FORMATION ET DOMAINE DE STABILITÉ DES CLUSTERS123
Cependant, une dilatation des grains de la matrice α peut advenir avec l’aug-
mentation de la température et faire apparaître ou disparaître la contribution de
certains grains à l’intensité globale (comme c’est le cas pour le pic (022̄2)).
Afin de vérifier que la disparition des pics à 600 ◦C ne provient pas de ce phéno-
mène, les diffractogrammes d’autres nuances de la famille TiZrO sont examinés. Par
ailleurs, ces observations peuvent également permettre de mettre en évidence une
différence de stabilité thermique résultant de la différence de composition chimique
des alliages.
On constate que, d’une part, l’intensité des pics augmente avec la teneur en
oxygène, et d’autre part, la température à laquelle ces pics sont enregistrés est
d’environ 450 ◦C. L’ensemble de ces publications considérant invariablement leurs
alliages comme monophasés, sans référence à quelque précipitation que ce soit, ce
phénomène a généralement été interprété comme un effet de relaxation d’atomes
isolés ou par paire [174, 179]. Il est cependant tout à fait possible qu’il constitue
une confirmation des observations réalisées au synchrotron in situ, ce qui restera à
montrer dans une étude ultérieure.
Les éléments que nous avons à notre disposition, à ce stade, pour comprendre
la formation des COO tiennent aux trois points suivants :
• Les composés ordonnés ne sont pas stables thermiquement au-delà de 450 ◦C ;
• Les COO ne sont pas formés lors du processus de trempe depuis une tempé-
rature élevée ;
• Pourtant, des COO sont observés dans tous les états traités thermiquement
au-delà de 450 ◦C puis trempés à l’eau.
Ces éléments conduisent à considérer que les trempes effectuées sur des alliages
TiZrO chauffés à haute température ne sont probablement pas assez rapides pour
empêcher la mise en ordre de l’oxygène.
V.1. CONDITIONS DE FORMATION ET DOMAINE DE STABILITÉ DES CLUSTERS127
• Dans l’optique d’une utilisation de ces matériaux dans d’autres champs d’ap-
plication que le biomédical (l’aéronautique, par exemple), une utilisation à
haute température ne peut pas être envisagée telle quelle étant donné la pro-
bable dégradation des propriétés mécaniques au-delà de la température de
dissolution des COO.
Les alliages TiZrO ont montré, dans l’ensemble, des propriétés mécaniques su-
périeures à celles de la plupart des alliages de titane dans l’état recristallisé (voir
chapitre IV). Les alliages employés en implantologie dentaire sont cependant sou-
vent utilisés à l’état écroui ou restauré (c’est-à-dire écroui puis recuit de telle sorte
que la recristallisation n’est pas atteinte), ce qui leur confère un durcissement sup-
plémentaire moyennant une perte plus ou moins importante de ductilité. L’objectif
de cette section est donc d’explorer empiriquement le potentiel d’optimisation des
alliages TiZrO par l’application de traitements de restauration. Nous nous concen-
trerons, dans cette partie, uniquement sur les aspects mécaniques de l’étude, les
aspects microstructuraux seront, de fait, peu ou pas abordés.
Figure V.6 – Illustration des évolutions microstructurales entre les états écroui,
restauré et recristallisé. ⊥ : dislocation.
L’état restauré, tel qu’il est envisagé ici, est obtenu par un processus en deux
temps :
1. Le matériau subit une déformation plastique sévère qui génère de nombreuses
dislocations et diminue leur libre parcours moyen. Cette étape induit un dur-
cissement drastique accompagné d’une perte de ductilité substantielle (voir
la comparaison entre l’état écroui et recristallisé dans le Ti-4.5Zr-0.2O en
figure V.7).
2. Un traitement de restauration est ensuite réalisé à une température inférieure
à la température de recristallisation (qui dépend de l’écrouissage apporté au
matériau). Il en résulte une annihilation des dislocations de signes opposés
et un réarrangement des dislocations restantes en « cellules ». Cette phase
restaure une partie du libre parcours moyen des dislocations et de la ductilité
perdus au stade précédent mais la diminution de la densité de dislocations
rend le matériau plus mou. L’objectif recherché ici est donc de conserver au
maximum le gain en résistance obtenu par écrouissage tout en regagnant un
maximum de ductilité par traitement thermique.
ajustés pour les transposer à d’autres nuances plus riches en oxygène. Pour limiter
le nombre de paramètres, un seul taux de déformation est adopté.
Cette section a permis de montrer que les propriétés mécaniques des alliages
Ti-Zr-O, et en particulier de la nuance Ti-4.5Zr-0.6O, peuvent être optimisées par
l’intermédiaire de traitements de restauration. Les états qui en résultent offrent un
grand panel de propriétés et sont susceptibles de remplir une grande diversité de
cahier des charges par modification du compromis résistance/ductilité. L’adoucisse-
ment dynamique que présentent ces états peut néanmoins se révéler problématique
pour des applications pouvant notamment nécessiter une résistance en fatigue im-
portante.
Ce résultat révèle donc qu’il existe des conditions dans lesquelles l’oxygène n’est
pas fragilisant pour le titane α, ce qui est contradictoire avec la majorité des publi-
cations sur le binaire Ti-O (évoquées en section II.3.3), notamment celles traitant
des différents grades de titane commercialement pur.
Cela soulève de nombreuses questions sur le rôle que joue et que pourrait jouer
l’interstitiel dans l’industrie du titane.
Afin de répondre à ces questions, une liste des éléments qui peuvent différencier
nos alliages Ti-O des binaires présentés dans la littérature est dressée :
• La limite du taux d’impuretés : les alliages de cette étude ont été élaborés
à partir de matériaux purs tandis que la plupart des alliages étudiés dans la
littérature présentent des teneurs non négligeables en impuretés ou ne sont
même pas analysés pour les quantifier [117, 120] ;
• L’existence des COO, qui n’a jamais été mise en évidence dans des alliages
structuraux ;
• Les procédés de mise en forme et de traitements thermo-mécaniques. Certains
travaux s’affranchissent de ce type de procédés puisque la microstructure du
134CHAPITRE V. OPTIMISATION MICROSTRUCTURALE ET PERSPECTIVES
Enfin, le fait que l’oxygène ne soit pas systématiquement fragilisant pour le ti-
tane soulève de nombreuses autres interrogations : Quelle est la concentration limite
en oxygène à partir de laquelle les COO se forment ? Y a-t-il d’autres éléments d’al-
liage que le zirconium qui peuvent les stabiliser ? Y en a-t-il qui peuvent inhiber
V.3. LES COO DANS LE BINAIRE TI-O 135
leur formation ? Quelle est la limite à l’ajout d’oxygène ? Une concentration im-
portante d’oxygène, comme dans le Ti-4.5Zr-0.8O par exemple, peut-elle limiter la
corrosion de l’alliage (l’oxygène déjà présent dans le matériau limitant les cinétiques
de diffusion) ? Les COO peuvent-ils exister dans un alliage α + β étant donné que
l’interstitiel est majoritairement soluble dans la phase α ?
Par ailleurs, des essais d’optimisation des propriétés mécaniques par traite-
ments thermo-mécaniques ont été conduits sur le Ti-4.5Zr-0.6O. Les états res-
taurés qui en résultent montrent qu’il est possible d’atteindre toute une gamme
de caractéristiques mécaniques en ajustant le compromis résistance/ductilité.
Un adoucissement dynamique pouvant être problématique a néanmoins été
noté.
Conclusions et perspectives
137
138 CHAPITRE VI. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Dans cette logique, la famille d’alliages qui est présentée dans ce manuscrit
a été conçue et développée « de zéro », en adoptant une stratégie de conception
reposant sur le critère de composition le plus limitant c’est à dire la biocompatibilité
intrinsèque du matériau. L’originalité de notre travail porte sur le fait que nous
avons pris le parti de travailler sur des alliages présentant des teneurs extrêmement
élevées en oxygène (jusqu’à 0,8 % massique), en considérant cet oxygène comme un
élément d’alliage à part entière, dans des alliages de type Ti-xZr-yO.
Ce choix nous a évidemment contraint à une plongée dans l’inconnu sur différents
aspects :
— Les aspects reposant sur l’élaboration et la mise en forme de ces alliages,
sur lesquels nous n’avions aucune expérience et pour lesquels nous avons du
développer des gammes de traitements thermomécaniques spécifiques (mise en
forme, mise en solution, recristallisation...). Il est important de noter que nous
avons bénéficié sur ce point de l’expertise de Timet en tant qu’élaborateur.
— Les aspects liés à l’étude de leur microstructure, qui ont été, de très loin, les
plus difficiles à appréhender. Un certain nombre de résultats sont rassemblés
dans ce manuscrit mais il est important de savoir que les tentatives de ca-
ractérisation ont été extrêmement nombreuses au cours de ce travail (sonde
139
— Des observations microscopiques au MET devraient être conduites sur tous les
états n’ayant été analysé qu’en DRX afin de confirmer les conclusions tirées.
— Dans l’optique d’évaluer les risques liés à la production industrielle d’un lingot
de 2 tonnes de Ti-4.5Zr-0.6O, la résistance en fatigue et la résistance à la
corrosion de cet alliage doivent être évaluée.
— La présence de COO dans le binaire Ti-O soulève de nombreuses questions.
La stabilité des COO dépend-elle de leur taux d’impuretés ? Si oui, serait-il
possible et viable, industriellement de fabriquer un Ti-0.8O.
— À la lumière des résultats présentés, le rôle de l’oxygène pourrait devenir
central dans la métallurgie du titane. Il faudrait déterminer s’il existe des
éléments d’alliages qui « rendent » l’oxygène fragilisant et s’il en existe qui,
au contraire le stabilisent en COO.
— L’analyse de l’influence du zirconium sur les propriétés des COO, notamment
leur structure cristallographique, leur composition chimique et les conditions
de leur formation doit être approfondie. Une compréhension de ces méca-
nismes pourrait permettre de trouver d’autres éléments d’alliage susceptibles
de stabiliser les COO.
— Une caractérisation plus quantitative de l’évolution du réseau de dislocations
en fonction de la teneur en oxygène, en termes de mécanismes de déformation
et de cinétique des dislocations devrait être menée. Une attention particulière
devrait alors être portée sur l’influence de la présence et de la densité des
COO sur ces aspects.
— Dans l’optique de faire le lien entre les propriétés mécaniques macroscopiques
et les caractéristiques du réseau de dislocations, une étude approfondie devrait
être menée afin de mettre en évidence la « brique scientifique » qui manque
entre les deux aspects. Plus particulièrement, l’origine de la ductilité dans les
alliages présentant des bandes de localisation devrait être investiguée.
142 CHAPITRE VI. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Annexe A
Préparations d’échantillons
Polissage miroir
Les états de surface « miroir » sont utilisés pour les caractérisations au mi-
croscope optique, les mesures de micro-dureté et les analyses par diffraction de
rayonnement synchrotron. Les échantillons sont polis sur des polisseuses Buehler
MetaservTM 250 à l’aide de papiers SiC de différentes granulométries (80, 240, 400,
800, 1200, 2400). Après 30 s à 1 min de polissage sur un papier, des striures visibles
à l’œil nu apparaissent à la surface de l’échantillon. Celui-ci est alors tourné de 90˚
et poli de nouveau jusqu’à disparition des précédentes striures.
Quand ce cycle est terminé, on le répète sur un papier de granulométrie plus
petite.
Lorsque toutes les étapes sont terminées, l’échantillon est ensuite poli suivant
le sens de rotation opposé à celui de la polisseuse sur un drap de polissage lubrifié
par une solution de silice colloïdale, d’eau et de H2 O2 . Cette phase dure entre 10 et
30 min selon la qualité de l’état de surface souhaité.
Le nettoyage s’effectue à l’aide d’un coton imbibé d’eau savonneuse suivi d’un
lavage à l’eau. L’échantillon est ensuite rincé à l’éthanol et séché au sèche-cheveux.
143
144 ANNEXE A. PRÉPARATIONS D’ÉCHANTILLONS
Éprouvette de traction
Les éprouvettes de traction sont prélevées dans des plaques de matière à l’état
écroui, restauré ou recristallisé en conservant l’axe de traction parallèle à la direction
de laminage.
Les essais de traction effectués dans cette étude sont réalisés sur des éprouvettes
droite de dimensions 50× 5× 0.5 mm. Deux essais de traction au minimum ont été
réalisés pour chaque état.
Dans le cas des lames préalablement déformées, le sens de traction est repéré à
l’aide d’une encoche réalisée à la micro-tronçonneuse.
Ces lamelles sont ensuite amincies par polissage mécanique jusqu’à une épaisseur
de 100 µm environ en attachant un soin particulier à la planéité de l’échantillon.
Ce dernier subit enfin un amincissement électrolytique similaire à celui présenté
pour les lames MET. Toutefois, un masque d’or est ajouté d’un côté au niveau du
centre de l’échantillon afin, d’une part, de concentrer l’amincissement à cet endroit
et, d’autre part, de masquer la détection laser sur les bords du congé.
Annexe B
Méthodes d’analyse
147
148 ANNEXE B. MÉTHODES D’ANALYSE
Au cours des mesures, de nombreux pics parasites ont pu être observés et sont
visibles sur le diffractogramme du Ti-4.5Zr-0.8 redonné en figure B.1.
Deux types de pics parasites différents ont pu être distingués :
• Le pic marqué d’une étoile rose en figure B.1 est d’origine inconnue. Il a
cependant été observé sur les diffractogrammes de tous les matériaux analysés
lors de la campagne menée, y compris dans des alliages à base de fer. Ce pic ne
correspond donc pas à la signature d’une structure cristallographique présente
dans nos échantillons.
• Les quatre pics marqués d’une étoile bleue sont issus de l’interaction entre le
faisceau et la cloche en graphite utilisée lors des expériences de chauffage in
situ (voir annexe D).
149
La figure B.2 présente un exemple d’affinement réalisé avec MAUD sur le Ti-
4.5Zr-0.8O dans l’état de référence :
150 ANNEXE B. MÉTHODES D’ANALYSE
Figure B.2 – Exemple d’affinement Rietveld réalisé à l’aide du logiciel MAUD sur
Ti-4.5Zr-0.8O dans l’état de référence.
Traction uniaxiale
Les essais de traction uniaxiaux sont réalisés sur une machine Instron 5966 de
capacité 10 kN. La déformation est suivie par l’intermédiaire d’un extensomètre
analogique pour plus de précision. L’acquisition des données au cours de l’essai est
prise en charge par le logiciel Bluehill
R
. Pour tous les essais présentés dans cette
étude, la vitesse de traction est fixée à ε̇ = 1, 6.10-3s-1.
Plusieurs paramètres peuvent être tirés des essais de traction : le module d’élas-
ticité (E), la limite d’élasticité conventionnelle (Rp0.2 ), la résistance maximum à la
traction (Rm) et l’allongement à la rupture (Ar).
Il est également possible de calculer le taux d’écrouissage : dσ T
dp
où σT correspond
à la contrainte vraie et p se rapporte à la déformation plastique.
Ces variables sont calculées à partir des expressions suivantes :
σT = σ × (1 + )
p = − h
où h correspond à l’allongement à partir duquel la déformation n’est plus homogène.
Mesure de microdureté
La dureté Vickers d’un matériau est calculée en mesurant l’empreinte résiduelle
résultant de l’application d’une charge statique sur un indent en diamant de forme
pyramidale normalisée. Le schéma présenté en figure B.3 illustre le principe de la
mesure.
151
Observations microscopiques
Microscope optique
Les observations macroscopiques sont réalisées avec un microscope optique nu-
mérique Keyence VHX-5000 sur des échantillons polis miroir. Les images sont enre-
gistrées sous lumière polarisée, ce qui permet d’augmenter le contraste dû à l’orien-
tation cristallographique des grains.
Les cartographies EDX sont enregistrées à une tension de 15 kV, une ouverture
de faisceau de 30 µm et une distance de travail de 15 mm. Le temps d’acquisition
des cartographies est de minimum 90 min. Les éléments analysés sont le titane, le
zirconium et l’oxygène.
Les analyses EBSD sont réalisées à une tension de 20 kV et une ouverture de fais-
ceau de 240 µm. Les images sont collectées par l’intermédiaire du logiciel NORDIF
153
154 ANNEXE C. OBSERVATIONS MICROSCOPIQUES
Les observations des COO dans les échantillons de TiZrO dans l’état de référence
ont été réalisées sur un microscope électronique à transmission JEOL 2100Plus
fonctionnant à 200 kV.
La détermination de la taille des COO à partir des images MET a été effectuée
à l’aide du logiciel ImageJ.
Figure C.2 – Exemple de seuillage réalisé avec ImageJ sur une image en champ
sombre présentant des COO (a) et résultats de l’analyse de particules (b).
43.5 %mol Li2 CO3 - 31.5 %mol Na2 CO3 - 25 %mol K2 CO3
Ce mélange est employé pour les traitements thermiques dans la gamme com-
prise entre 500 et 1000 ◦C [191]. Avant chaque utilisation, les sels sont préchauffés à
la température voulue et celle-ci est contrôlée par l’intermédiaire d’un thermocouple
avant le traitement. Tous les échantillons sont trempés à l’eau après recuit.
157
158 ANNEXE D. TRAITEMENTS ET SUIVIS THERMIQUES
Figure D.1 – Montage expérimental pour les essais de chauffage in situ au syn-
chrotron
Table des figures
159
160 TABLE DES FIGURES
C.1 Mesure de l’épaisseur des lames MET par la méthode des franges . 154
C.2 Illustration de l’analyse d’image par le logiciel ImageJ . . . . . . . . 155
163
164 LISTE DES TABLEAUX
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RÉSUMÉ
Cette étude rapporte les résultats de travaux réalisés dans le cadre d’une thèse en collaboration avec l’entreprise Biotech
Dental sur le développement de nouveaux alliages de titane à destination de l’implantologie dentaire. L’un des matériaux
les plus commercialisés dans ce domaine, le Ti-6Al-4V ou TA6V, est de plus en plus critiqué du fait de sa composition,
suspectée d’être nocive à long terme (présence d’Al et de V) pour les patients implantés. Pour le substituer, une nouvelle
famille d’alliages reposant sur le système ternaire Ti-xZr-yO entièrement biocompatible, est développée. En apparence
monophasés, ces matériaux se révèlent plus complexes à l’échelle atomique et présentent des nano-précipités ordonnés
riches en oxygène de structure cristalline de type Ti6O. Bien que l’existence de ce type de phase ait été prédite par calcul
ab-initio et que sa signature ait déjà étudiée par plusieurs méthodes d’analyse, elle a pu être imagée en microscopie
électronique à transmission, pour la première fois, au cours de ces travaux. Ces observations combinées à une étude au
synchrotron révèlent un effet stabilisateur du zirconium sur la phase Ti6O. L’augmentation de la teneur en oxygène, en
revanche, semble induire une multiplication des précipités. Par ailleurs, la contribution de ces derniers au durcissement
des alliages TiZrO se montre notable, notamment en raison de sa forte interaction avec les dislocations mobiles lors d’une
sollicitation mécanique. Les propriétés mécaniques qui en résultent ont la particularité d’atteindre un compromis résis-
tance/ductilité encore jamais vu dans des alliages de titane. En raison de leur composition plus saine et leurs propriétés
mécaniques supérieures, plusieurs nuances peuvent être considérés comme de sérieux candidats au remplacement au
TA6V. Ces résultats ont conduit d’une part au dépôt d’un brevet protégeant le domaine de compositions de cette famille
d’alliages et d’autre part à l’industrialisation à grande échelle de l’une des nuances, dans une optique de développement
rapide de nouveaux implants ostéo-intégrés, à court terme.
MOTS CLÉS
ABSTRACT
This study deals with the development of new titanium alloys for dental implant applications and has been carried out
in collaboration with the company Biotech Dental. The Ti-6Al-4V or Ti64, one of the top-selling material in this field,
is more and more criticized due to its chemical composition, suspected of having harmful impacts on the patients (on
account of Al and V). In order to find a substitute to this material, a new Ti-xZr-yO family, entirely biocompatible, is
developed. Having seemingly a single-phase microstructure, these materials prove to be more complex at the atomic
scale and present oxygen-rich nano-precipitates with a Ti6O-type crystal structure. The existence of this phase had
been predicted by ab-initio calculations and some physical evidences had been detected but this work is the first one to
expose some images of it, taken by transmission electron microscope. These observations combined to a synchrotron
XRD study reveal a stabilising effect of the zirconium on the Ti6O phase. The increase in oxygen content seem, however,
to induce a multiplication of the precipitates. Furthermore, the contribution of the latter to the TiZrO alloys hardening
is found to be significant, mostly because of their strong interaction with the moving dislocations under a mechanical
stress. The resulting mechanical properties overcome the strength/ductility trade-off, generally observed in most materials.
Moreover, several grades of TiZrO alloys are considered as serious candidates to the replacement of Ti64 due to their
healthier components and their superior mechanical properties. These results have led to a patent deposit to protect the
composition range of the alloy family on the one hand and to a higher scale industrialisation of one alloy on the other, thus
targeting a short-term new osseo-integrated implants launching.
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