Trouble Obsessionnel Compulsif: J. Cottraux
Trouble Obsessionnel Compulsif: J. Cottraux
Trouble Obsessionnel Compulsif: J. Cottraux
Décrit par la psychiatrie du XIXe siècle, le trouble obsessionnel compulsif (TOC) est un syndrome qui
recouvre vraisemblablement une pathologie hétérogène, comme le suggèrent des données de la clinique,
de la génétique et de la neuro-imagerie cérébrale. La thérapie comportementale et cognitive, et les
antidépresseurs sérotoninergiques ont amélioré son pronostic. Cependant les formes graves, invalidantes
et résistantes justifient la recherche de traitements biologiques et psychologiques innovants.
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Volume 13 > n◦ 4 > octobre 2016
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-1072(16)75242-4
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37-370-A-10 Trouble obsessionnel compulsif
psychasthénie est le sentiment d’incomplétude de la pensée et de • l’ambivalence correspond à la fixation au stade anal et à
l’action, ainsi que la perception douloureuse par les patients du l’intériorisation lors de l’apprentissage de la propreté d’un « sur-
fait qu’ils sont imparfaits. L’inhibition de l’action se manifeste par moi cruel », qui entre dans un conflit sadomasochiste avec le
le doute, l’aboulie, l’indécision, la gêne. La psychasthénie sert de moi du sujet ;
socle commun aux obsessions et aux phobies ainsi qu’aux états • des mécanismes de défense particuliers se manifestent : le dépla-
anxieux aigus ou chroniques. Elle sous-tend donc l’ensemble de cement des affects sur d’autres représentations, l’isolation qui
la pathologie névrotique, mise à part l’hystérie, qui dérive d’idées sépare l’affect de sa représentation, et l’annulation rétroac-
fixes subconscientes. tive qui oppose des paroles et des pensées contraires à l’affect
d’origine : ainsi l’obséquiosité prendra la place de l’agressivité,
Agitations forcées la propreté du désir de souiller, l’avarice du désir de jeter l’argent
par les fenêtres ;
Ils correspondent à l’activité compulsionnelle : le patient se
• les comportements liés au caractère anal résultent de cette
sent forcé de manière irrésistible à penser ou à accomplir des
fixation et mettent en actes les formations réactionnelles :
actes. Janet parle à ce propos d’agitations forcées qui sont divisées
ordre, entêtement, parcimonie, pédanterie, souci du détail aux
en trois catégories : agitations mentales (ou manies), agitations
dépens d’une perception globale des situations et des relations
motrices (tics et rituels), agitations émotionnelles. Chacune de
humaines.
ces trois catégories correspond à un trouble limité ou diffus.
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Tableau 2. Tableau 3.
Comorbidité des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) avec les autres Critères de personnalité obsessionnelle compulsive : adaptés du Diagnos-
syndromes psychiatriques. D’après Rasmussen (1998) (TOC primaires, tic and Statistical Manual of Mental Disorders-5 (DSM-5).
n = 100).
1. Souci exagéré du détail aux dépens des buts
Dépression majeure : 67 % 2. Perfectionnisme qui entrave l’achèvement des tâches
Phobie sociale : 18 % 3. Zèle excessif au travail au détriment des loisirs et de l’amitié
Troubles des conduites alimentaires : 17 % 4. Scrupules et rigidité en matière de valeurs éthiques et religieuses
Alcoolisme : 14 % 5. Incapacité à se séparer d’objets usés même s’ils n’ont pas d’utilité ni
Trouble panique : 12 % de valeur sentimentale
Gilles de la Tourette : 7 % 6. Réticence à déléguer ou à travailler en groupe. Cherche à soumettre
Phobie simple : 2 % les autres à son point de vue
Anxiété de séparation : 2 % 7. Avarice et thésaurisation en vue de catastrophes futures
8. Rigidité et entêtement
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une thérapie de groupe. Les résultats ont montré le parallélisme trait, mais représenteraient un marqueur d’état, sensible aux trai-
d’action de la thérapie cognitivocomportementale et de la fluoxé- tements par les antidépresseurs sérotoninergiques ou la thérapie
tine sur des structures cérébrales impliquées dans le contrôle de cognitivocomportementale.
l’activité motrice et qui pourraient être la base biologique des
obsessions-compulsions. Chez les répondeurs aux deux formes de Continuum impulsivité-compulsivité
traitement, il y avait une décroissance de l’hyperactivité méta-
L’impulsivité peut se définir comme l’incapacité à différer, si
bolique dans le noyau caudé droit. Cependant, il existait une
néfastes qu’en soient les conséquences, un comportement qui
différence entre la thérapie comportementale et la fluoxétine,
pourrait aboutir immédiatement à une expérience de plaisir. On
en ce qui concerne leur action sur les structures cérébrales. La
la retrouve dans la personnalité antisociale ou psychopathique.
fluoxétine avait une action plus large car elle entraînait une dimi-
Les troubles impulsifs et compulsifs (TOC) pourraient se situer
nution de l’hyperactivité métabolique non seulement dans le
chacun à une des extrémités d’une même dimension de dyscon-
noyau caudé droit, mais aussi dans le cortex cingulaire droit,
trôle comportemental [39, 49, 50] . Le dénominateur commun des
et le thalamus gauche ; alors que la thérapie comportemen-
troubles impulsifs et compulsifs pourrait être l’échappement au
tale, bien qu’égale au niveau de la réduction des symptômes, ne
contrôle social qui est assuré par le cortex frontal et le retour à
réduisait l’hyperactivité métabolique que dans le noyau caudé
des programmes automatiques innés, mentaux et moteurs sous la
droit.
dépendance de circuits sous-corticaux. Un autre point commun
Deux confirmations ont été publiées. Schwartz et al. [45] ont
est l’altération de la fonction sérotoninergique que l’on retrouve
repris l’étude de Baxter [44] et lui ont ajouté neuf sujets. Avec la TEP
aussi bien dans les impulsions que dans les compulsions. En effet,
au 18-FDG, ils montrent que les répondeurs à la thérapie cogniti-
les antidépresseurs sérotoninergiques agissent positivement aussi
vocomportementale avaient une décroissance bilatérale d’activité
bien sur le TOC que sur les troubles impulsifs. Il est possible
dans le noyau caudé, supérieure à celle des non-répondeurs. Avant
qu’impulsions et compulsions présentent un déficit de la fonction
le traitement, il y avait des corrélations significatives de l’activité
sérotoninergique.
cérébrale entre le gyrus orbitaire et la tête du noyau caudé, et entre
Le concept de spectre compulsivité-impulsivité a été proposé
le noyau caudé et le thalamus du côté droit. Il semble donc bien
par Eric Hollander [49] . La Figure 1 schématise le modèle proposé.
exister un circuit préfrontal cortico-striato-thalamique impliqué
La maladie de Gilles de la Tourette qui présente à la fois des com-
dans la médiation des symptômes des TOC. Il faut noter que le
pulsions (rituels obsessionnels) et des impulsions (tics moteurs)
fait d’augmenter l’échantillon aboutissait à la conclusion que les
se retrouve au centre du spectre, le TOC et les personnalités du
deux noyaux caudés étaient impliqués alors que seul le droit l’était
groupe B, personnalité antisociale et borderline, se retrouvant aux
dans l’étude princeps de Baxter.
extrémités.
Nakatani et al. [46] ont étudié les effets de la thérapie compor-
tementale sur le flux sanguin cérébral des TOC. Ils ont utilisé
Un modèle cognitif intégratif du trouble
l’inhalation de xénon pour mesurer le flux sanguin cérébral. La
méthode de thérapie comportementale était l’exposition et la obsessionnel compulsif : impulsivité perçue
prévention de la réponse aidées par un thérapeute, associées au Selon ce modèle, proposé par Cottraux et Gérard [39] , le
soutien et à la prévention des rechutes qui ont été appliquées chez TOC serait caractérisé par la compulsivité qui vient compenser
31 patients, réfractaires au traitement, dont certains prenaient des l’impulsivité perçue par le patient comme dangereuse. La vulné-
médicaments. L’étude de 22 répondeurs à la thérapie comporte- rabilité sous-jacente au TOC serait représentée par un trait à la
mentale a montré une décroissance du flux sanguin cérébral dans fois psychologique et biologique : l’impulsivité est perçue par le
le noyau caudé droit. Il n’y avait pas de différence, que les patients patient comme mettant autrui en danger et qui va déclencher une
soient sous clomipramine ou non. intervention immédiate de contrôle de soi ou de l’environnement
D’autres études mettent en évidence des modifications des ce qui va se manifester par des rituels compulsifs. L’interaction
régions préfrontales et cingulaires lors de thérapie cognitivocom- entre l’environnement social et l’impulsivité perçue entraîne le
portementale. Ainsi, Yamashini et al. [47] ont montré avec le développement des schémas stables de responsabilité qui fonc-
single photon emission computed tomography (SPECT) que le cortex tionnent comme un système automatique de détection du danger.
orbitofrontal est associé à une réponse favorable à la thérapie com- Ces schémas une fois en place aboutissent à une vision particulière
portementale, mais que les changements ont lieu principalement du monde : le patient pense qu’il est potentiellement dange-
dans le cortex frontal médian et moyen. Une étude de Morgiève reux pour les autres et émet différentes formes de comportements
et al. [48] , effectuée avec l’IRMf chez 35 patients, avant, à mi- de neutralisation pour réduire sa « responsabilité » vis-à-vis des
course et après trois mois de thérapie cognitivocomportementale, autres. Ainsi, le patient procrastinateur ne prend jamais de déci-
a montré que la réponse initiale se situait dans le cortex cingulaire sion, de peur d’être responsable de conséquences fatales à autrui.
et orbitofrontal bilatéralement. Au fur et à mesure du traite- Les rituels de lavage et de nettoyage visent à prévenir la contami-
ment, la réponse hémodynamique diminuait en même temps que nation des autres. Les rituels de vérification sont mis en jeu pour
les symptômes dans les cortex cingulaires bilatéralement, mais arrêter à temps les catastrophes qui menacent autrui.
seulement dans la région orbitofrontale gauche. Après la stabi- Plusieurs auteurs ont remarqué que les scores de patients
lisation des symptômes, l’activité hémodynamique continuait à obsessionnels étaient identiques, sur des échelles d’obsession et
décroître. d’hostilité, à ceux obtenus par des patients ayant une personna-
Pour résumer, les TOC seraient sous-tendus par une circuite- lité délinquante et antisociale [50, 51] . L’hyperactivité orbitofrontale
rie qui correspondrait à un réseau situé entre le noyau caudé, les notée à la caméra à positons chez les TOC correspondrait à une
régions orbitofrontales et les régions cingulaires. Les dysfonction- lutte pour la mise sous contrôle des impulsions, et en cas de lésion
nements de ce réseau ne correspondraient pas à un marqueur de de la région orbitofrontale, il existe une incapacité à programmer
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À bien des égards, les données modernes sur l’efficacité des thé- Fluoxétine Prozac® 20–80
rapeutiques valident les propositions faites par Pierre Janet, il y a Sertraline Zoloft® 50–200
plus d’un siècle. Paroxétine Deroxat® 20–60
Traitements pharmacologiques DCI : dénomination commune internationale. Certaines doses rapportées dans
et leurs résultats ce tableau sont celles publiées dans les essais cliniques sur les TOC et non pas
les doses usuelles de l’autorisation de mise sur le marché.
Quelle classe de psychotrope choisir ?
Les résultats de la recherche pharmacologique de ces 30 der- 520 patients traités par clomipramine à 355 patients traités par
nières années permettent d’aboutir à des conclusions précises qui fluoxétine, 320 traités par fluvoxamine, 325 traités par sertra-
ont abouti à un consensus d’experts [55] . line, et un groupe placebo, conclut que les quatre produits sont
supérieurs au placebo, mais le produit de référence, la clomi-
Anxiolytiques pramine, avait un pourcentage plus élevé d’améliorations que
Ils sont un palliatif pour diminuer l’anxiété. Ils ne réduisent ni les trois autres IRS. Il n’y avait pas plus de sorties d’essai pour
obsessions, ni rituels, ni dépression. effets secondaires avec la clomipramine qu’avec les trois autres
Neuroleptiques sédatifs IRS.
Les neuroleptiques sédatifs tels que la lévomépromazine Buspirone (Buspar® )
(Nozinan® ), la cyamémazine (Tercian® ), l’halopéridol (Haldol® ) C’est un agoniste 5HT-1-A qui a été commercialisé comme un
sont à réserver aux états aigus où l’anxiété est incontrôlable par anxiolytique, mais il est sans doute un antidépresseur. La bus-
les tranquillisants. Il faut savoir que les neuroleptiques donnés pirone a montré des effets positifs dans deux études contrôlées,
da façon prolongée aggravent la dépression. À hautes doses, ils comportant peu de patients, sur l’anxiété, les rituels et la dépres-
ne peuvent donc représenter qu’un traitement d’urgence, sur sion. Elle possède également un effet additif aux antidépresseurs
quelques jours, en cas d’anxiété incoercible et incontrôlable par sérotoninergiques. Elle est surtout utilisée comme un produit de
les anxiolytiques et/ou les antidépresseurs en perfusion. À doses deuxième intention, ou d’addition aux IRS. Le Tableau 7 résume
moyennes (par exemple 2 à 6 mg d’Haldol® , ou 2 à 4 mg de les effets des différentes classes de psychotropes.
pimozide), ils peuvent avoir un effet additif aux antidépresseurs
sérotoninergiques. De petites doses de rispéridone (Risperdal® ) ou Antidépresseurs efficaces sur les rituels
de ziprasidone (Zyprexa® ), qui sont des neuroleptiques atypiques,
ont été recommandées. Les antidépresseurs sérotoninergiques, dont l’efficacité sur les
rituels a été démontrée dans les études contrôlées, sont représen-
Normothymiques tés sur le Tableau 8. Comme on peut le voir, les doses plafond
Le lithium n’a pas d’action prouvée sur les symptômes obses- recommandées sont notablement supérieures aux doses utilisées
sionnels ou la dépression des obsessionnels. Il a été proposé pour en moyenne dans les états dépressifs. L’effet sur les rituels n’est
accroître les effets des antidépresseurs sérotoninergiques. Il en pas lié à l’effet antidépressif : car des antidépresseurs tels que
va de même pour un autre normothymique, la carbamazépine l’imipramine (Tofranil® ) ou la désipramine (Pertofran® ) qui sont
(Tégrétol® ). Certains TOC comorbides avec les troubles bipolaires actifs sur la dépression n’ont pas montré d’effet notable sur les
peuvent en bénéficier grandement. rituels dans les études contrôlées.
Amphétamines
Comment prescrire ?
Elles ont montré une amélioration des symptômes obsession-
nels corrélés avec une amélioration de l’attention dans une seule Délai d’action
étude de brève durée. Elles ne sont de toute manière pas recom- Il se situe le plus souvent entre 15 jours et un mois. Les résul-
mandables pour une prise au long cours. Elles ont été proposées tats chez certains sujets n’apparaissent qu’après trois mois. Il faut
comme additif aux antidépresseurs sérotoninergiques, dans les cas donc envisager dès l’abord un traitement prolongé à des doses éle-
rebelles. vées, si nécessaire durant deux mois, avant de considérer qu’un
antidépresseur a échoué.
Antidépresseurs sérotoninergiques
Depuis l’introduction de la clomipramine (Anafranil® ) dans le Dose efficace
traitement des obsessions-compulsions, la chimiothérapie anti- Comme il n’y a aucun moyen de prédire quelle sera la dose
dépressive par les IRS est devenue le traitement pharmacologique efficace, il convient d’augmenter progressivement la dose jusqu’à
de choix. La clomipramine est le traitement de référence qui n’a ce qu’un effet clinique net sur les rituels apparaisse. Une fois
pu être qu’égalé par des molécules plus récentes qui donnent la dose efficace atteinte, il faut la maintenir pendant au moins
moins d’effets secondaires, en particulier cardiaques. Néanmoins, six mois et ne chercher une dose efficace d’entretien qu’ensuite.
la clomipramine présente une supériorité dans les études contrô- Beaucoup d’échecs des traitements antidépresseurs sont liés à des
lées. Une méta-analyse conduite par Greist [56] qui comparait doses insuffisantes, prescrites pendant trop peu de temps. Un
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antidépresseur d’effet démontré ne doit être remplacé qu’après au Pratique de la thérapie comportementale par exposition
moins deux mois, s’il n’a pas d’effet secondaire invalidant. Enfin, et prévention de la réponse
il faut clairement prévenir le patient qu’il n’existe pas de produit C’est une thérapie brève, de 20 à 25 séances d’une à deux heures,
sans effet secondaire, et que le délai d’action peut aller jusqu’à à raison d’une à deux séances par semaine, qui utilise le prin-
deux mois. cipe d’exposition aux situations anxiogènes, avec prévention de
la réponse ritualisée. La thérapie commence par l’établissement
Quand arrêter les antidépresseurs ?
d’un agenda : le relevé des obsessions, des compulsions et des évi-
Les rechutes sont fréquentes. Elles surviennent trois semaines tements qui permet la mise au point des exercices. Le thérapeute
après arrêt du traitement, même si celui-ci a duré six ou neuf mois. aide le patient à affronter les situations qu’il redoute sans ritua-
Ce qui aboutit à des traitements de plusieurs années et même liser : par exemple toucher des poignées de porte ou des objets
parfois à des traitements de durée indéfinie, à doses modérées, qu’ils jugent sales, mais qui ne le sont pas suivant les critères
qui sont exigés par les patients. Pour l’instant il n’existe pas de habituels, sans se laver les mains une dizaine de fois. Il faut,
règle précise issue d’études contrôlées. Il est apparu, dans une bien entendu, fractionner la difficulté, établir une progression
étude contrôlée, que la combinaison de la fluvoxamine avec la et souvent commencer par des techniques où le patient imagine
thérapie comportementale permettait plus facilement l’arrêt du la situation d’exposition avec prévention de la réponse avant de
médicament, que le médicament prescrit seul [57] . l’affronter en réalité. Enfin il faut transférer ce qui a été appris au
Combinaisons de traitement cours de la séance dans la vie quotidienne sous la forme de tâches
sur lesquelles les patients et les thérapeutes se mettent d’accord.
En cas d’effet insuffisant, il faut envisager une combinaison
Il est souvent utile d’impliquer l’entourage direct du patient dans
avec la thérapie comportementale [58] . On peut aussi envisa-
les efforts d’exposition et de prévention de la réponse. La thérapie
ger la combinaison avec les neuroleptiques, la buspirone, les
comportementale peut s’effectuer en individuel ou en groupe.
normothymiques. Dans les cas graves, la combinaison la plus
Il existe plusieurs formules pour soigner le TOC en groupe. Le
recommandable est un antidépresseur sérotoninergique associé
groupe de soutien est réalisé avant que le sujet ne débute un trai-
à un neuroleptique à petite dose et à la thérapie cognitivo-
tement et permet de donner une information sur le TOC et les
comportementale intensive pendant une durée de six mois. Cette
traitements. L’intérêt est que le sujet prend ainsi conscience de ne
association sera suivie par programme comportemental de main-
pas être le seul à souffrir d’un TOC. Le groupe de maintien des
tenance par des tâches à domicile et la prise d’un antidépresseur
gains thérapeutiques est réalisé après une thérapie. Il permet de
sérotoninergique pendant au moins six autres mois.
suivre les patients et de généraliser les gains thérapeutiques par
des séances de rappel. Enfin, il existe le groupe de traitement sou-
Psychothérapies et leurs résultats vent mis en place pour les TOC résistants en association avec des
traitements chimiques. Les séances varient de 7 à 24 suivant les
Psychanalyse et thérapies d’inspiration analytique études.
Des histoires de cas ont été publiées par divers auteurs, psycha-
nalystes, qui ont surtout proposé des considérations théoriques. Pratique de la thérapie cognitive
En particulier sur les processus de défenses psychologiques et les
La thérapie cognitive cherche à modifier les schémas cognitifs
pulsions anales agressives qui seraient à la base de la « névrose
sous-jacents aux pensées et aux rituels [64] . Des pensées automa-
obsessionnelle ». Cependant, il n’existe pas de travail contrôlé
tiques préconscientes reflètent ces schémas. Les schémas sont des
qui valide les interprétations analytiques du TOC et surtout qui
structures cognitives stables, stockées dans la mémoire à long
établisse, de manière méthodologiquement acceptable, l’efficacité
terme (mémoire sémantique) et fonctionnent automatiquement.
de la psychanalyse ou des thérapies analytiques dans cette indi-
Acquis au cours d’expériences précoces par interaction entre les
cation. Ceci est illustré par une étude de suivi des traitements
structures neuronales et l’expérience, ils peuvent être activés par
psychanalytiques, de faible qualité méthodologique [59] . Seule-
des émotions qui sont analogues à celles du moment où ils ont
ment 20 % des patients obsessionnels compulsifs s’améliorent
été imprimés. Ils sont activés de manière inconsciente par des cir-
spontanément au cours d’un intervalle qui va de 13 à 20 ans,
constances triviales de la vie qui entrent en résonance avec leur
contre 21 % suivis en thérapie psychanalytique. Une étude contrô-
contenu : danger, responsabilité, culpabilité, infériorité.
lée bien conduite montre qu’il n’y a aucun effet supplémentaire
C’est une thérapie individuelle à court terme de 20 séances
à attendre de l’adjonction de la thérapie psychanalytique brève
d’une heure qui utilise les moyens suivants :
ajoutée à un antidépresseur sérotoninergique chez des patients
• apprendre aux sujets à observer leurs propres phénomènes men-
atteints de TOC présentant aussi une dépression [60] . Une revue
taux et à modifier le système de défense : pensées automatiques,
de l’ensemble des traitements psychologiques du TOC aboutit
pensées neutralisantes et rituels en réaction aux pensées « intru-
à la conclusion que les thérapies psychanalytiques ne sont pas
sives » ;
efficaces dans le TOC [61] .
• aider le sujet à s’exposer aux pensées intrusives jusqu’à
ce qu’elles perdent leur impact émotionnel. Des auteurs
Thérapies comportementales et cognitives d’orientation cognitiviste utilisent des enregistrements de pen-
Ce sont actuellement les seules psychothérapies validées selon sées intrusives pour aider le sujet à s’y habituer. Ce qui est en
le rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) sur les TOC résis- ligne avec le modèle cognitiviste qui considère que les intru-
tants [62] . sions cognitives des TOC sont des « obsessions normales » qui
ne parviennent pas à s’habituer ;
Relation et alliance thérapeutique en thérapie • mettre en question les systèmes dysfonctionnels de pensée : ils
cognitivocomportementale correspondent à des schémas cognitifs de culpabilité, de res-
Le thérapeute doit établir avec le patient une relation de colla- ponsabilité ou d’infériorité qui sous-tendent les pensées et les
boration empirique : comme deux savants travaillant sur le même émotions et régulent les comportements. On utilise alors la
projet et font des hypothèses en commun pour promouvoir des discussion socratique qui met progressivement en question la
techniques de changement. Le thérapeute s’efforcera d’accroître validité et l’utilité à court, moyen et long termes des schémas
la motivation et la persistance du patient devant les difficultés de et cherche à mettre en place des schémas alternatifs qui traitent
la thérapie, en renforçant systématiquement par de l’approbation l’information d’une manière plus réaliste ;
les progrès, même si au début ils sont forcément minimes. Les • proposer des expériences comportementales pour mettre en
qualités relationnelles du thérapeute peuvent faciliter ce proces- question les pensées neutralisantes et les schémas dysfonction-
sus. Une étude a montré que si un thérapeute est respectueux, nels. Il s’agit donc d’une forme « allégée » d’exposition avec
compréhensif, intéressé, encourageant, explicite, et qu’il est prévention de la réponse, moins intensive que les interventions
capable de proposer des défis au patient, il aura de meilleurs résul- comportementales classiques. En fait, les deux méthodes sont
tats dans la thérapie cognitivocomportementale des TOC, qu’un très voisines et les deux approches sont souvent regroupées sous
thérapeute moins actif [63] . le terme de thérapie comportementale et cognitive.
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Résultats des thérapies comportementales et cognitives • la quatrième semaine est effectuée une intervention à domicile
Une revue [63] a étudié neuf cohortes de patients inclus dans des pour assurer la généralisation aux situations de la vie quoti-
études contrôlées qui comparaient la thérapie comportementale dienne hors hôpital : deux interventions (4 h au total) ;
au placebo, à la relaxation, et aux antidépresseurs sérotoniner- • pendant huit semaines, une séance de thérapie individuelle de
giques. Une supériorité nette apparaît vis-à-vis du placebo et de 45 minutes assure la généralisation des résultats.
la relaxation. L’exposition in vivo avec prévention de la réponse Chez les patients qui avaient complété le traitement, des résul-
ritualisée améliorait de 50 à 70 % des patients complètement trai- tats positifs ont été obtenus pour 86 % pour l’exposition et
tés avec un rapport coût/efficacité positif. prévention de la réponse, 48 % pour la clomipramine, 79 % pour
Van Balkom et al. [65] ont inclus, dans une méta-analyse, la combinaison d’exposition avec prévention de la réponse et clo-
111 études dont 25 ont été exclues pour mauvaise qualité ; mipramine et 10 % pour le placebo. Dans cette étude, l’exposition
86 études qui avaient trait à 160 conditions thérapeutiques ont avec prévention de la réponse intensive était donc supérieure à la
été incluses ; 7 % des études avaient trois comparaisons et 10 % clomipramine seule et leur combinaison n’était pas supérieure à
avaient quatre comparaisons. Ces études rassemblaient un total l’exposition avec prévention de la réponse sans clomipramine.
de 2954 patients et se situaient entre 1970 et 1993 ; 385 patients Les recherches sur les facteurs qui prédisent les résultats des
étaient en sortie d’essai. Les résultats sont donnés au pré- et au thérapies cognitivocomportementales suggèrent que le facteur
post-test et un suivi qui va de 3 à 6 ans. Un failsafe (nombre critique est la capacité du sujet à s’engager initialement dans
d’études nécessaire pour invalider les conclusions) est rapporté l’affrontement des situations génératrices d’obsessions : celle-ci
et l’homogénéité étudiée. D’une manière globale, la méta-analyse peut se mesurer avec un test comportemental d’évitement [70, 71] .
aboutit à la conclusion que sur les auto- et les hétéroévaluations Les autres facteurs prédictifs qui sont la croyance dans l’efficacité
des symptômes obsessionnels compulsifs, les antidépresseurs séro- des traitements, les traits de personnalité anxieuse, paranoïaque
toninergiques, la thérapie comportementale et la combinaison des ou schizotypique, les facteurs familiaux, la dépression, la fixité des
antidépresseurs sérotoninergiques avec la thérapie comportemen- croyances obsessionnelles (idéation surinvestie) ou l’âge jouent
tale étaient plus efficaces que le placebo. Les effets des thérapies un rôle certain, mais plus secondaire [18] .
cognitivocomportementales se différenciaient du placebo égale-
ment sur la dépression, l’anxiété et l’ajustement social. Les tailles
d’effets pour les thérapies comportementales se situaient entre Traitements biologiques et leurs résultats
1,46 et 0,70 selon le critère envisagé.
Une autre méta-analyse due à Kobak et al. [66] a identifié
Psychochirurgie
295 études dont 218 ont été rejetées parce qu’elles étaient de qua- La psychochirurgie a suscité un grand enthousiasme dans les
lité médiocre, ce qui laissait 77 études avec 106 comparaisons années 1937 à 1950, et a été utilisée dans les TOC, la dépression
de traitement. Les études allaient de 1973 à 1997. La thérapie et la schizophrénie. Elle est tombée en désuétude du fait de pra-
comportementale présentait un d à 0,81 avec un intervalle de tiques douteuses et d’une absence relative d’efficacité. La référence
confiance allant de 0,65 à 0,97 ; l’association thérapie comporte- initiale est le travail original d’Egas Moniz (1937) sur la leucoto-
mentale et IRS : 0,90 avec un intervalle de confiance allant de 0,59 mie préfrontale qui lui valut le prix Nobel. Egas Moniz fut blessé
à 1,21. La thérapie comportementale apparaissait supérieure aux par un de ses opérés, mécontent, et refusa de porter plainte contre
IRS, en tant que classe, mais cette différence disparaissait quand ce dernier, car il avait conscience du caractère problématique de
on contrôlait les résultats en fonction des méthodes utilisées et de ses résultats. De même, on doit souligner le caractère excessif de la
l’année de publication. vague des lobotomies aux États-Unis et en France dans les années
Une revue des traitements psychologiques du TOC [61] , qui 1940 à 1950. La technique sommaire par voie transorbitaire abou-
a inclus 45 études de qualité, aboutit à la conclusion que tit à la condamnation de cette pratique par les instances médicales
l’exposition avec prévention de la réponse et la thérapie cog- officielles de l’époque.
nitivocomportementale étaient efficaces et spécifiques du TOC, La psychochirurgie est à nouveau pratiquée en Suède, en
alors que les interventions cognitives « pures » c’est-à-dire sans Belgique, aux États-Unis, mais sous une forme limitée et stéréo-
exposition et prévention de la réponse ritualisée, n’étaient que taxique rendue possible par des atlas d’anatomie meilleurs et les
marginalement efficaces. nouvelles techniques d’imagerie. D’autres méthodes agissent sans
Une étude contrôlée plus récente montre qu’une intervention ouvrir le crâne en utilisant le rayonnement gamma : le gamma
cognitive avec un programme léger d’exposition avec prévention knife. Les risques du gamma knife sont souvent sous-estimés. En
de la réponse est moins efficace qu’une thérapie comportemen- effet, cette méthode peut entraîner à terme des zones de nécrose
tale intensive utilisant de manière systématique l’exposition avec plus étendues que prévues. Ce fait est reconnu même par ceux qui
prévention de la réponse. Dans cette étude le médiateur du chan- soutiennent l’usage de cette technique dans les TOC [72] .
gement était la réduction de la dépression [67] . Une revue systématique [73] concernant la cingulotomie dor-
La thérapie cognitivocomportementale peut être présentée en sale antérieure et la capsulotomie antérieure, qui portait sur
groupe et rester efficace, comme le montre une méta-analyse de 193 patients réfractaires aux traitements habituels, rapporte des
13 études qui retrouve une taille d’effet supérieure de 1,12 pour résultats satisfaisants (cingulotomie 51 % de répondeurs et capsu-
la thérapie cognitivocomportementale comparée à des conditions lotomie 54 %), mais au prix d’effets secondaires graves transitoires
contrôles [68] . (cingulotomie 14 % et capsulotomie 52 %) et d’effets secondaires
Il faut insister, surtout dans les cas graves, sur l’intensité de graves permanents (cingulotomie 5 % et capsulotomie 21 %). Le
l’exposition avec prévention de la réponse, ce qui pose le problème risque suicidaire après une psychochirurgie inefficace n’est pas à
d’unités spécialisées dans le traitement du TOC. En effet une étude négliger. Mais, surtout, il n’y a pas d’études véritablement contrô-
de Foa et al. [69] a apporté des résultats significatifs d’une étude lées, selon les standards de la médecine fondée sur des preuves,
contrôlée randomisée et en double aveugle, comparant exposi- qui permettent de valider cette approche.
tion intensive, clomipramine, leur combinaison et le placebo. Elle Du fait de ces risques majeurs, soulignés par les neurochi-
portait sur 122 patients ambulatoires répartis au hasard dans les rurgiens, la décision de psychochirurgie repose sur des comités
quatre groupes. Le programme de thérapie cognitivocomporte- spécialisés ; elle est compassionnelle et accordée en fonction de
mentale consistait en trois phases : la résistance du TOC à l’ensemble des traitements chimiques et
• durant trois semaines, le principe est de répéter les expositions psychothérapiques validés seuls, ou en association les uns avec
avec prévention de la réponse en imagination et en réalité les autres, comme le souligne le rapport de la HAS sur le TOC
deux heures par jour cinq jours sur sept en hôpital de jour. résistant publié en 2005 [62] .
Une approche cognitive est également effectuée consistant en
la confrontation des croyances dysfonctionnelles à la réalité et
discussion des postulats qui le sous-tendent. Des tâches quoti-
Stimulation cérébrale profonde (SCP)
diennes d’exposition sont discutées avec les patients et mises en La SCP par pose d’électrodes intracrâniennes a été proposée
place avec le conseil de ne pas ritualiser, en expliquant la néces- dans des études de cas. Une étude contrôlée par des pseudostimu-
sité d’une exposition prolongée pour parvenir à l’habituation ; lations a montré des résultats positifs chez huit TOC réfractaires
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37-370-A-10 Trouble obsessionnel compulsif
à tout traitement, mais avec 15 sérieux effets secondaires [74] . Une Tableau 9.
méta-analyse [75] a repris les résultats de 31 études portant sur des Troubles obsessionnels compulsifs : critères de réponse thérapeutique [84] .
stimulations profondes dans des régions sous-corticales variées : I. Guérison : plus de maladie ; Y-BOCS < 8
noyau caudé, capsule interne, nucleus accumbens, noyau sous-
II. Rémission : Y-BOCS < 16
thalamique, etc. Elle retrouve un taux de 60 % de répondeurs,
mais sans différence quelle que soit la région stimulée : ce qui III. Réponse complète : réduction : 35 % du Y-BOCS, CGI = 1 ou 2
pose le problème de la spécificité de ces interventions et/ou d’une IV. Réponse partielle : réduction du Y-BOCS entre 25 et 35 %
formulation plus précise de la circuiterie cérébrale qui sous-tend V. Pas de réponse : moins de 25 % de réduction du Y-BOCS, CGI = 4
les différents types de TOC. Un âge avancé et des obsessions reli- VI. Rechute : retour des symptômes, CGI = 6 ou augmentation de 25 %
gieuses prédisaient un bon résultat. de la Y-BOCS après 3 mois d’un traitement adéquat
La SCP constitue donc une alternative, qui présente des effets
VII. Pas de changement ou aggravation avec toutes les thérapeutiques
secondaires, mais qui reste viable. Elle est préférable à la chirurgie
disponibles
lésionnelle du TOC résistant, dont on a vu les inconvénients par-
fois irréversibles. Des travaux plus poussés sont nécessaires pour Y-BOCS : Yale-Brown Obsessive Compulsive Scale ; CGI : Clinical Global Impres-
aller plus loin avec cette méthode qui demeure une alternative sions.
compassionnelle pour les patients qui résistent aux traitements
pharmacologiques et à la thérapie cognitivocomportementale ou
la combinaison des deux méthodes. Mais elle risque d’être rapide- Tableau 10.
ment dépassée par de nouvelles méthodes qui agissent sans ouvrir Troubles obsessionnels compulsifs (TOC) : degrés de non-réponse aux
le crâne comme la stimulation corticale transcrânienne répétitive traitements [84] .
(rTMS). I. IRS ou TCC
II. IRS + TCC
Stimulation corticale transcrânienne répétitive III. Deux IRS successifs essayés + TCC
Elle présente l’avantage de ne pas être invasive et a pour IV. Trois IRS successifs + TCC
but d’inhiber le fonctionnement cortical par un courant élec- V. Trois IRS successifs (dont clomipramine) + TCC
trique très bref à travers une bobine posée sur le crâne sur une VI. Trois IRS successifs (dont clomipramine augmentée) + TCC
région spécifique. Le passage du courant électrique très rapide le VII. Trois IRS successifs (dont clomipramine
long de la bobine est capable de créer un champ électromagné- augmentée) + TCC + psychoéducation et autres classes de médicaments
tique qui traverse le crâne sans résistance. Les contre-indications (benzodiazépines, neuroleptiques, normothymiques, psychostimulants)
absolues sont : la présence d’éclat métallique ou d’implant intra-
VIII. Trois IRS successifs dont clomipramine
crânien (sauf les implants dentaires), les maladies épileptiques, les
intraveineuse + TCC + psychoéducation
porteurs de stimulation ou défibrillateur cardiaque implanté ou
externe. IX. Trois IRS successifs dont clomipramine
intraveineuse + TCC + psychoéducation et autres classes
Une étude initiale [76] ne permettait pas de conclure à son effi-
d’antidépresseurs : IRSNA, IMAO
cacité. Dans les travaux récents, elle apparaît plus efficace si elle
est appliquée sur le cortex orbitofrontal [77, 78] . Elle en diminue le X. Tous les traitements précédents : psychochirurgie ?
métabolisme bilatéralement comme le montre une étude contrô- IRS : inhibiteur de la recapture de la sérotonine ; IRSNA : inhibiteur de la recap-
lée avec la tomographie à émission de positrons (TEP)-scan où elle ture de la sérotonine et de la noradrénaline ; TCC : thérapie comportementale
était comparée à des pseudostimulations [79] . et cognitive ; IMAO : inhibiteurs de monoamine oxydase.
Elle ne présente pas de danger et apparaît donc comme une
méthode prometteuse, facile à appliquer aux cas rebelles aux trai-
tements habituels, et justifie donc des recherches plus poussées. L’échelle de Yale Brown permet de calculer un score global qui
Elle devrait prendre progressivement une place plus importante va de 0 à 40 (pensées obsédantes : 0–20 ; comportements ritualisés :
dans l’arsenal thérapeutique, y compris dans le TOC résistant, 0–20). Des seuils ont été établis pour la Y-BOCS :
et devrait donner lieu dans les prochaines années à des études • 0 à 7 : TOC infraclinique ;
contrôlées sur de larges échantillons de TOC de différents types • 8 à 15 : TOC léger ;
pour préciser ses indications et ses limites. • 16 à 23 : TOC modéré ;
• 24 à 31 : TOC sévère ;
• 32 à 40 : TOC extrême.
Réponse thérapeutique et résistance On considère généralement comme répondeur au traitement
pharmacologique ou psychologique un patient qui présente une
au traitement décroissance de 25 % de ses rituels, ce qui peut être insuffisant
Le TOC résistant ou resistant obsessive compulsive disorder (ROC) pour améliorer la qualité de vie. Cependant beaucoup de patients
a été étudié dans une population française appartenant à une asso- qui avaient 6 à 8 heures de rituels par jour se trouvent nettement
ciation de patient présentant un TOC [80] . Le taux de « ROC » était améliorés et peuvent mener une vie normale avec « seulement »
de 44,2 %, contre 25,3 % de bons répondeurs et 30,5 % de réponses deux heures de rituels par jour. Une étude [83] comparant la thé-
partielles. Comparés aux répondeurs, les ROC étaient caractérisés rapie comportementale à la thérapie cognitive a montré qu’en
par un taux plus élevé d’hospitalisation psychiatrique, de tenta- prenant un critère de diminution de 25 %, plus de 70 % des TOC
tives de suicide, de consultations de médecins, de compulsions, étaient améliorés, avec un critère de réduction de 50 %, le taux de
de troubles psychiatriques comorbides comme l’agoraphobie et résultats positifs n’était plus que de 46 %, et le retour à la normale
l’anxiété sociale. De plus les ROC présentaient des scores plus éle- (défini par un score de 8 ou moins sur l’échelle de Yale Brown)
vés sur des échelles mesurant les tempéraments cyclothymiques, était de seulement 16 % des TOC et ce en fin de traitement. Ces
dépressifs et irritables. Les facteurs prédictifs de ROC étaient une chiffres, cependant, s’amélioraient au suivi.
évolution lente et progressive, l’aggravation sous IRS, l’anxiété Pallanti et al. [84] ont proposé des critères de réponse résumés
sociale, un âge supérieur à 40 ans et l’hospitalisation en psychia- dans le Tableau 9.
trie.
Des critères internationaux empiriques de réponse et de résis-
tance ont été établis en utilisant l’échelle d’hétéroévaluation des
Critères de résistance
TOC la mieux validée et la plus diffusée dans le monde : l’échelle Dans la mesure où il n’y avait pas de consensus sur les critères
de Yale Brown : la Yale-Brown Obsessive Compulsive Scale (Y- de réponse et de non-réponse, il était difficile de fixer un taux
BOCS) [81] qui mesure les TOC selon deux dimensions, la pensée de non-répondeurs. C’est pourquoi Pallanti et al. [84] ont proposé,
obsédante et les comportements ritualisés. Cette échelle a été reva- également, des degrés de non-réponses aux traitements qui sont
lidée en France [82] . représentés dans le Tableau 10.
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Trouble obsessionnel compulsif 37-370-A-10
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J. Cottraux, Psychiatre honoraire des Hôpitaux, ancien chargé de cours à l’Université Lyon I (cottraux@univ-lyon1.fr).
21, chemin de Rochebozon, 69660 Collonges, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Cottraux J. Trouble obsessionnel compulsif. EMC - Psychiatrie 2016;13(4):1-15 [Article 37-370-A-10].
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