Histoire politique

Byzance, un monde à part, retranché dans la splendeur de ses palais et de ses églises, peu accueillant envers l'étranger, menant une économie de subsistance ! Rien de plus faux que ces clichés persistants, rien de plus éloigné de la réalité historique. Il est question ici des Occidentaux dans les villes de provinces de l'empire byzantin, des relations diplomatiques et de Byzance entre Occident chrétien et monde musulman.

David Do Paço, « De l’État composite à l’État décomposé : le retour de l’Ancien Régime », Histoire@Politique, n° 38, mai-août 2019

This article examines the significant impact that the process of European construction has had on the historians of the modern era and their contribution to the history of regional integration. It sets the notion of the composite state in the context of the intellectual and political history of the twentieth century and shows how it was used to either support or challenge voluntary and/or forced regional integration. The new history of empires is thus seen as directly following from a history of composite states that has increasingly come to center on actors and agency. Drawing upon the author’s work, finally, the article suggests some new avenues for research into regional integration in an intercultural context.

En 1081, l’Empire byzantin, l’héritier de l’Empire romain d’Orient, est sur le point de sombrer dans le chaos
: à l’intérieur une série de rébellions a fragilisé le pouvoir ; à l’extérieur des ennemis menacent les
frontières. C’est alors qu’un jeune général, issu d’une famille aristocratique, prend le pouvoir par un coup
d’État.
Alexis Ier Comnène (1081-1118) connaît l’un des plus longs règnes de l’histoire byzantine : il réussit à
écarter le danger extérieur, réorganise les finances et l’administration, se fait le champion de l’orthodoxie
religieuse et ouvre l’Empire byzantin aux relations avec l’Occident. Son oeuvre a permis aux Comnène de
rester sur le trône tout un siècle.

Οι Εκδόσεις Εργατική Πάλη εκδίδουν τη μελέτη του Κωνσταντίνου Σηφάκη, Ο Εμφύλιος πόλεμος στη Ρωσία 1918-1921. Ένα θέμα δύσκολο, σχεδόν άγνωστο στη χώρα μας, αλλά και εξαιρετικά σημαντικό.
Σε όλη τη διάρκεια του 1918 και για σχεδόν 3-4 χρόνια σχηματίζονταν στρατοί (οι επονομαζόμενοι Λευκοί Στρατοί) της αντεπανάστασης, όπως και οι λεγόμενοι πράσινοι των αγροτών, σε όλα τα σημεία της απέραντης χώρας. Όμως, δεν ήταν μόνο αυτό, όλες οι ιμπεριαλιστικές δυνάμεις της εποχής και συνολικά 15 χώρες ανάμεσα στις οποίες και η Ελλάδα επέμβηκαν στρατιωτικά. Στο έργο του ο σύντροφος Κ. Σηφάκης αναλύει το ρόλο και τη δράση όλων πολιτικών δυνάμεων και αυτών που αναφέρονταν στην εργατική τάξη και τα λαϊκά στρώματα: Μπολσεβίκοι, Μενσεβίκοι, Εσέροι (δεξιοί και αριστεροί), Αναρχικοί.
Το πιο σημαντικό και ταυτόχρονα το πιο δύσκολο είναι η προσπάθεια του σ. Κ. Σηφάκη να αναλύσει τις επιπτώσεις που είχε ο εμφύλιος πάνω στο μπολσεβίκικο κόμμα και στη νεαρή σοβιετική δημοκρατία. Ακόμη να ξεκαθαρίζει ότι το σταλινικό καθεστώς δεν ήταν η συνέχεια της διακυβέρνησης των μπολσεβίκων κατά τη διάρκεια του εμφυλίου πολέμου. Αναμφισβήτητα κατά την διάρκεια των χρόνων του πολέμου έγιναν πολλά που δεν ήταν δυνατόν να προβλέψουν οι μπολσεβίκοι και το κυριότερο δεν ήταν δυνατόν μα μην επηρεάσουν το πρόγραμμα και την πολιτική τους. Επομένως, αποτελεί λάθος η απαίτηση ότι δεν θα έπρεπε να πάρουν το άλφα ή βήτα αντιδημοκρατικό μέτρο. Αυτό δε σημαίνει ότι τα όποια τυχόν λάθη δεν πρέπει να επισημανθούν αλλά «συγκεκριμένα και μέσα στη συγκεκριμένες συνθήκες» και βέβαια όπως σημειώνει ο Μπεζανσενό και παραθέτει ο Κ. Σηφάκης: «…το βάρος των παρελθουσών τραγωδιών μας επιτάσσει να ξανασυζητήσουμε τις επιλογές των μπολσεβίκων σε κάθε τους βήμα, όχι για να διατυπώσουμε υποθετικές “σωστές λύσεις”, που η άνετη χρονική απόσταση θα μας επέτρεπε να φανταστούμε, αλλά για να θεωρήσουμε τα λάθη, ως μαθήματα στρατηγικής στα οποία χρειάζεται να στοχαστούμε».
Οι εκδόσεις Εργατική Πάλη θεωρούν τη μελέτη του σ. Κ. Σηφάκη, δεδομένου των δυσκολιών που παρουσιάζει το ζήτημα του εμφυλίου πολέμου μια σημαντική προσφορά για το ελληνικό κοινό και ιδιαίτερα για τους αγωνιστές του εργατικού και κομμουνιστικού κινήματος. Οι Εκδόσεις μας, θα κάνουν μια προσπάθεια να φωτίσουν αυτό το τόσο κρίσιμο θέμα και με άλλες εκδόσεις.

En 1081, l’Empire byzantin, l’héritier de l’Empire romain d’Orient, est sur le point de sombrer dans le chaos : à l’intérieur une série de rébellions a fragilisé le pouvoir ; à l’extérieur des ennemis menacent les frontières : au nord les Petchénègues, à l’est les Turcs, à l’ouest les Normands. C’est alors qu’un jeune général, issu d’une famille aristocratique, prend le pouvoir par un coup d’État.
Alexis Ier Comnène (1081-1118) connaît l’un des plus longs règnes de l’histoire byzantine : il réussit à écarter le danger extérieur, réorganise les finances et l’administration, se fait le champion de l’orthodoxie religieuse et ouvre l’Empire byzantin aux relations avec l’Occident. Son œuvre a permis aux Comnènes de rester sur le trône tout un siècle.

Il y a 2 500 ans, les Grecs inventaient la raison. Confiants dans la capacité de l’esprit humain à découvrir la vérité, ils imaginaient une société où les hommes pouvaient se gouverner par eux-mêmes, au nom d’une nouvelle conception de la justice et du bien commun.

Quelles idées les sociétés européennes sont-elles allées puiser dans ce lointain héritage antique ? L’essor du christianisme a-t-il favorisé l’apparition d’une nouvelle conception du pouvoir en Occident  ? Peut-on identifier une «  renaissance médiévale » européenne annonçant les conceptions modernes de la philosophie et du droit ? Les idées sur la liberté proclamées au XVIIIe  siècle sont-elles l’aboutissement de changements culturels plus profonds  ? Les mouvements féministes et environnementalistes font-ils évoluer les conceptions de la justice en démocratie ? L’universalisme républicain est-il condamné par les appels croissants à la reconnaissance du pluralisme culturel ?

Devenu une référence depuis sa première édition, cet ouvrage parcourt plus de vingt-cinq siècles d’une histoire jalonnée de débats et de controverses sur la meilleure façon d’organiser nos sociétés. Il explore la marche des idées politiques à la lumière des grandes mutations sociales, économiques et culturelles qui ont marqué les sociétés occidentales. Croisant l’analyse du temps long avec l’étude des conflits, des révolutions et des luttes sociales, il offre une synthèse remarquable de la «  grande transformation  » qui a vu éclore les idées de la modernité démocratique, sans jamais tomber dans une lecture radieuse de notre passé.

Militant communiste et syndicaliste, Joseph Fontaine, 56 ans, est tué le 11 avril 1934 lors d'une contre-manifestation organisée à Hénin-Liétard par les forces de gauche contre la tenue d'une réunion publique de l'Action Française.
Les Camelots du Roi inculpés sont finalement relaxés en juin 1934 aux assistes de Saint-Omer. Cette affaire contribue au rapprochement du PCF et de la SFIO qui donnera naissance au Front populaire.

Engl.: Bernhard H. Bayerlein: No antifascism without antistalinism. Willi Münzenberg, "Die Zukunft" and the Antistalinist Turn in the German speaking Emigration 1933-1940. In: Global Spaces for Radical Transnational Solidarity, Bayerlein/Braskén/Sonnenberg (eds.), e-book, Berlin, 2018, p. 218-270. https://www.muenzenbergforum.de/ebook, freely accessible
This essay article attempts to show how Stalinism as the ideology and methodology of the Communist Parties and the Communist International not only contributed to the German and European catastrophe of 1933 and the defeat without a major fight of the world’s strongest labour movement and German Communism against Hitler, but also to the weakening of anti-fascism and the decline of German-speaking political emigration in the years to follow until the outbreak of WWII in the “midnight of the century”. The article critically scrutinizes not only the retrograde path of orthodox party anti-fascism which together with the Social Democratic Party SPD inhibited a united front and united action against Hitler in 1933, but also looks empirically for clues and arguments for the emergence of a counter-reaction of the political and social movements and outstanding contemporary actors.
In doing so, the article provides clear evidence of the unfolding of a widespread anti-Stalinist reflex and even a Stalinism-critical transformation and reorientation of the German (and partly also European) anti-Hitler opposition between 1933 and 1940 as a consequence of the establishment of the system of state terror and modern slavery in the Soviet Union and follows the different paths and transmissions of this new type of disastrous political culture and methodology on a transnational level. Besides giving some rather spectacular empirical hints, the article analyses this transnational paradigmatic shift and response to Stalinism which is often neglected in historical writing or political analysis, denying its significance for the traditional workers' movement and the left and democracy as a whole. The traditional workers movement with its instrumental party Marxism, nevertheless, was finally not strong enough to oppose orthodox Stalinist and social-democratic party politics and perished under fascist and Stalinst rule in the barbarism of the Second World war.
This shift in political and cultural history, crucial for the understanding of the 20th century, has often been overlooked and even denied by mainstream historiography and was later in a certain way pasted up by the victory of Stalin and the allies in 1945. Therefore, the article criticizes a trend that considers Stalinism either as a revolutionary and antifascist movement or as simply not existing, denying it or treating it as an irrelevant problem. Specially, its corrosive, disrupting and demoralizing influence on the history of German-speaking political emigration in Europe and the Americas has often been considered as trivial. The argumentation of the article is based on new research results mainly on the German émigré community in France and Mexico as well as on the modes of entanglement of the transnational network triangle connecting Germany, Russia and the Comintern. It mainly goes back to the history of the German-speaking world of political emigration and anti-fascist articulation. In this respect, the party-induced history of antifascism in the German émigré community proves to be a sequence of open or more or less covert political scandals, hostilities, acts of defamation and criminalisation of honest persons, independent personalities, among them outstanding critics, authors or organizers like Kurt Tucholsky, Walter Benjamin, Willi Münzenberg or Gustav Regler. In most cases, these developments can be empirically traced back to Stalinist practices of "line communism" in the words of Babette Gross (she was the wife of Willi Münzenberg and sister of Margarete Buber-Neumann). These practices arose from Great Russian nationalism and “Socialist colonialism” (Lenin), in the 1930s, this led to a global process of sometimes hybrid, sometimes brutal de-internationalisation of the communist movement.
This longer essay is also based on a research project on Münzenberg's weekly newspaper “Die Zukunft” (The Future) (1938-1940) at the Institute for Social Movements at the Ruhr University Bochum, with a two-year grant from the Fritz Thyssen Foundation. My thanks go to Uwe Sonnenberg (Berlin) for important hints.

The task to reshape governments in the countries confronted with the Arab Spring prompts the question whether there are necessary conditions to realize a stable society that simultaneously seeks to eliminate the elements that have led to the uprisings. Acknowledging some constitutional rights seems indispensable in such a process. I argue that such a state of affairs is indeed the case, at least now that the ‘old’ justifications to differentiate between people do not suffice anymore. That is not to say that the countries involved will have identical laws in each respect, but merely that a common basis has to be realized, manifested in political and legal equality, so this given does not derogate from the fact that each country’s specific legislation needs to be shaped in the light of its own history. Such a basis has no ‘moral’ character, but is simply a necessary condition to prevent sedition.

Les membres des chapitres nobles des espaces étudiés dans cet article étaient très attachés à leur vie séculière. Pour justifier celle-ci, ils arguaient de l'utilité sociale de ces compagnies, honorables asiles, prétendaient-ils, d'une noblesse impécunieuse à qui l'Eglise avait le devoir de ménager une condition spécifique. Mais qu'allaient devenir les "usages, coutumes et immunités" des chapitres nobles des "pays-d'en-bas" et "d'en-haut" dans une monarchie moins lointaine qu'au temps des prédécesseurs espagnols ? La noblesse de ces provinces conserverait-elle assez d'influence pour continuer à les contrôler ? S'interroger sur l'adhésion des chapitres nobles à l'unité française sous l'action du pouvoir politique, n'est-ce pas également éclairer celle des gentilshommes de ces provinces, adhésion dont les historiens ont affirmé qu'elle fut rapide en Franche-Comté, plus lente et conflictuelle dans les Pays-Bas français ? La comparaison des relations de la monarchie avec les chapitres nobles dans ces deux espaces, et des formes de ralliement ou des résistances qu'elles suscitèrent, devrait permettre en outre d'illustrer la permanence d'identités communes à ces terres, même après l'éclatement politique provoqué par les conquêtes françaises.

Une ascension sociale au XVIIe à Perpignan ? Pas pour un artisan pensera-t-on ? L’historiographie s’est longtemps attachée à décrire le Roussillon au XVIIe en crise économique, politique et sociale. Elle s’est également focalisée, jusqu’à aujourd’hui, à étudier particulièrement ses élites en laissant de côté les « catégories sociales inférieures » de la société. Ce mémoire tente de retracer le parcours d’un nattier de Perpignan au XVIIe siècle qui a réussi, par un jeu de fidélités, d’opportunités, d’alliances, de fraudes et de compétences professionnelles liées aux métiers de peseur à s’adapter puis à s’élever socialement. Cette analyse microhistorique redonne la part belle aux acteurs. D’une part, la trajectoire personnelle du « héros » questionne l’historiographie sur les relations verticales entre l’élite et les « petites gens », mais aussi sur la manière dont un homme tente d’échapper, pour sa famille et lui-même, à sa condition en souhaitant que ses enfants prennent un statut supérieur. En même temps, les cahiers du poids du Roi, droit royal rattaché au Domaine royal, tenus par François Millet i Català permettent, par une analyse quantitative des pesées et qualitative des acteurs du commerce, de questionner, entre autres, les relations commerciales tissées par le Roussillon après le traité des Pyrénées.

Cet article veut saisir le jeu binaire des rapports profonds entre les étudiants et le marché gouvernant camerounais. En s’appuyant sur les deux principales séquences politiques qui ont caractérisé l’étudiant camerounais sous Amadou Ahidjo et Paul Biya où le consentement à l’ordre de la domination et celui de la recherche hégémonique, en restituant les interactions entre ces entités sociologiques aux intérêts historiquement dichotomiques, étaient les éléments structurants de la machinerie du pouvoir. Il s’agit d’analyser historiquement un aspect sous-étudié de l’université: l’action collective des mouvements estudiantins au Cameroun dans le contexte autoritaire d’une part et accessoirement dans le contexte postautoritaire ou du pluralisme politique d’autre part. Plusieurs faits notables semblent donner à cette réflexion une pertinence. On peut singulièrement noter la place que le politique accorde au calme et l’ordre imposé dans les campus, d’une part et l’action de la corporation estudiantine, organisés en pôle de contre-hégémonie autoritaire, a joué dans la déconstruction de l’autoritarisme intervenue au Cameroun dans les années 1990, décennie du réveil démocratique de l’Afrique noire, d’autre part.

This article is focused on the problematic of access to civil status in Cameroun. The
civil status had been established in Cameroon during the colonial period. After
colonization, the Cameroonian civil status system was built in the logic of the
continuity of the colonial model. However, despite the reforms that were made in
1968, to bring services closer to the population, access to civil status remains a real
problem. Thus, what are the obstacles relating to access to civil status in Cameroon
between 1968 and 2020 in Cameroon and what are the prospects for improving the
rate of recording of facts? Based on archival sources, interviews and an indicative
bibliography, our purpose is to show that ignorance of the civil status by a section of
the population and poor coverage of the centers are the main problems of access to
civil status which must be remedied.
Keywords : Civil Status ; Civil Status Registration Center ; Access ; Cameroon

Cet article porte sur la problématique d’accès à l’état-civil au Cameroun. En effet,
l’institution de l’état-civil s’est faite dans un contexte de colonisation. Les méthodes et
les pratiques d’état-civil développées en France et en Grande-Bretagne avaient été
transposées et appliquées au Cameroun dès le début du XXème siècle. Le système
d’état-civil actuel, mis en place au Cameroun indépendant, a été construit dans la
logique de la continuité du modèle colonial. Cependant, malgré les réformes qui ont
été faites à partir de 1968 pour rapprocher les services de la population, l’accès à
l’état-civil demeure un véritable problème. La question qui oriente l’analyse dans cet
article est celle de savoir : quels sont les obstacles relatifs à l’accès à l’état-civil entre
1968 et 2020 au Cameroun et les perspectives pour l’amélioration du taux
d’enregistrement des faits ? En s’appuyant sur des sources d’archives, des
entretiens et sur une bibliographie indicative, cet article montre que la
méconnaissance de l’état-civil par une frange de la population et la mauvaise
couverture des centres sont les principaux problèmes d’accès à l’état-civil, auxquels
il est important d’apporter des solutions adéquates.
Mots clés : État-civil ; Centre d’État-Civil ; Accès ; Cameroun

Malgré l’impact décisif de ses travaux dans l’ensemble de l’Amérique latine, François-Xavier Guerra reste un historien relativement méconnu en France, en dehors des milieux spécialisés latino-américanistes. En ce sens, le livre rassemblé par Annick Lempérière en manière d’hommage remplit une fonction essentielle : il présente à un public français l’importance de l’œuvre et de l’héritage historiographique de ce grand historien, professeur à l’université Paris 1, disparu prématurément en 2002. Les textes réunis ici permettent en effet d’apprécier le rôle-clé joué par F.-X. Guerra, non seulement dans le développement des études historiques consacrées à l’Amérique latine en France, mais aussi dans le renouveau des historiographies latino-américaines et dans la formation d’historiens français et étrangers.

Historien de métier et professeur d’université, Éric Bédard, depuis quelques années, a décidé d’investir intensément le champ de la vulgarisation de l’histoire. Outre une chronique historique qu’il tient chaque dimanche dans les pages du Journal de Montréal («Le Québec, une histoire de famille»), il codirige une émission à caractère historique («Au tour de l’histoire») sur la chaîne MATV de Vidéotron. Soucieux de rendre l’histoire accessible au plus grand nombre, il a, dans la première décennie des années 2000, collaboré à plusieurs séries diffusées sur Historia. Durant l’été 2009, à l’occasion du 250e anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham, il a tenu une «Chronique de la conquête» dans les pages du Journal de Québec. Un an plus tard, il est revenu en publiant, dans le même quotidien, une série de textes soulignant le cinquantième anniversaire de la Révolution tranquille[1].

Plus récemment, Éric Bédard s’est fait connaître par ses interventions publiques en faveur du rétablissement de l’histoire politique et nationale dans l’enseignement scolaire. Instigateur du Collectif pour une éducation de qualité et membre fondateur de la Coalition pour l’histoire, il a fortement dénoncé la mise sur pied du cours Histoire et éducation à la citoyenneté parce que, apparemment, ce cours ne valorisait pas assez l’héritage de la nation québécoise auprès des jeunes[2]. Avec Myriam D’Arcy, il a publié un rapport sur l’enseignement et la recherche en histoire politique et nationale du Québec dans les universités de la province (Bédard et D’Arcy, 2011), affirmant, à propos de cet enseignement et de cette recherche, qu’ils étaient à toutes fins utiles inexistants. Bien que vivement contestée par les spécialistes (Fecteau, 2011), l’étude – commandée par la Fondation Lionel-Groulx –, s’ajoutant à d’autres actions publiques de l’historien[3], a néanmoins convaincu le Parti québécois, par l’entremise de Marie Malavoy qui a porté le dossier[4], d’inclure dans son programme une mention forte concernant l’enseignement de l’histoire nationale du Québec, et ce, de l’école primaire à l’université[5].

Que, dans ce contexte, Éric Bédard ait accepté l’invitation de rédiger une histoire du Québec pour les nuls ne surprend pas. Cette production va dans le sens de l’objectif qu’il s’est fixé de diffuser, parmi la population, une vision de l’histoire du Québec qui sied à la représentation qu’il privilégie du destin du peuple québécois, peuple à qui il croit nécessaire de rappeler d’où il vient, ce qu’il a fait et qui il est à défaut de lui dire où aller[6].

Via an analysis of men and women’s letters to individual French representatives in parliament (députés) between 1900 and the 1930s, the book seeks to offer new insights into these citizens’ lived experiences with political religion, republicanism and secularization, democratization without full citizenship, and tensions between left and right, governance and representation, clientelism and politicization. These insights contribute to our understanding of why the war was not necessarily a democratizing factor in France, or at least not on the formal, institutional level. Voters and non-voters, men and women seem to have been under the impression that they could actively contribute to their representation on a micro-political level, through their act of writing letters to deputies, which helps explain the remarkable legitimacy of the French Third Republic, despite its instability on the surface. In sum, Karen Lauwers explores the paradoxes of the regime and how these were (re)imagined by “ordinary” citizens facing rapidly succeeding governments, the Great War, the subsequent economic crisis, political scandals, anti-parliamentary sentiments, and changes in electoral laws that nonetheless still denied women the vote. Helping readers to reflect on the nuances of the politicization process, the book is aimed towards those researching French political history and modern European political culture.

RESUMEN Este trabajo observa la formación con los Borbones de una clase política ministerial y la recomposición de las jerarquías políticas y sociales que este cambio conllevó. Explora los rasgos sociales y culturales de esta clase política: su composición, reclutamiento, endogamias internas, valores, perfil ilustrado y reformista. La hipótesis general es que el cambio político del XVIII vino de la mano no de una burguesía, sino de los sectores administrativos, económicos e intelectuales más vinculados a la construcción del Estado español contemporáneo. Este cambio fue sectorial, pero más profundo de lo que se ha dicho. Su novedad se entiende mejor a la luz de la reciente revisión historiográfica sobre la monarquía jurisdiccional, cuyas permanencias llevan a reevaluar el significado del reformismo borbónico de la segunda mitad de la centuria.
ABSTRACT This work observes the formation with the Bourbons of a ministerial political class and the recomposition of the political and social hierarchies that this change entailed. It explores the social and cultural features of this political class: its composition, recruitment, internal endogamy, values, enlightened and reformist profile. The general hypothesis is that the political change of the XVIII came from the hand not of a

Abstract - This paper follows the attempt by Salvador Allende's short-lived government to create a computerized, cybernetic system of control for Chile's economy: Project Cybersyn. Led by Stafford Beer, British founder of management cybernetics Cybersyn was a project that sought to accomplish feats the superpowers thought impossible with a third-world budget. Cut short by the military coup that ended both Allende's government and his life, it is unclear what Cybersyn would have eventually amounted to. This paper argues that there are interesting conclusions to be drawn from the life of Cybersyn, despite its untimely death. Cybersyn is a window into how differing liberal and socialist visions of modernity played out in Latin America. Perhaps most importantly, Cybersyn offers us a vision of a computer network distinct from today's Internet, shaped by a society that embraced cybernetic socialism.

Résumé - Cet article retrace la tentative du gouvernement chilien de Salvador Allende d'implanter le Project Cybersyn, un système informatisé et cybernétique pour contrôler l'économie chilienne. Dirigé par Stafford Beer, le fondateur britannique de la gestion cybernétique, Cybersyn était un projet visant à accomplir les exploits économiques des superpuissances ce qui était considéré impossible avec le budget d'un pays du tiers-monde. Interrompu par le coup d'État qui mit fin au gouvernement d'Allende, il est peu certain que le Project Cybersyn aurait finalement abouti. Cet article argumente qu'il y a des conclusions intéressantes à tirer de la courte existence du Cybersyn Project au Chili. Ce projet est une fenêtre sur les distinctions dans les visions libérales et socialistes de la modernité dans le contexte de l'Amérique latine. Probablement encore plus significatif, Cybersyn Project offre une vision différente d'un réseau informatique distinct d'Internet, produit d'une vision socialiste de la cybernétique.

L’Afrique est le continent dans le monde qui présente la population la plus jeune. Si, a priori cet indicateur est une arme importante pour relever le défi du développement, il peut  également être une source de tension et de crise sociopolitique si la croissance économique ne s’accompagne pas de la réduction de la pauvreté au sein de cette catégorie sociale. Au Cameroun, le sous-emploi et le chômage ont fait grimper la criminalité urbaine et pousser les jeunes dans la rue à travers des manifestations violentes. Celles-ci ont failli faire sombrer le pays dans le chaos total. Il s’agit particulièrement  des grèves d’étudiants, des villes mortes et des émeutes de février 2008 que beaucoup ont qualifié « d’émeute de la faim ». Il apparaît selon cette logique, une relation de cause à effet entre chômage, stabilité et violence politique, d’où l’intérêt de cette réflexion. L’objet de la présente communication est d’en dégager la prégnance au Cameroun depuis 1990. Il s’agit exactement de voir en quoi le chômage et le sous-emploi des jeunes sont des facteurs de tension et déstabilisation d’un Etat. La présente réflexion postule que, le fort taux de chômage des jeunes en Afrique subsaharienne est une menace à la stabilité des Etats en général et du Cameroun en particulier. La présente communication se base sur des enquêtes de terrain effectuées à travers des interviews et l’administration d’un questionnaire standardisé auprès des jeunes. Elle se base également sur  l’exploitation de divers types de documents (coupures de presse, ouvrages, thèse, mémoire, iconographie, etc.).
Mots clés : chômage, jeunes, déstabilisation, crise sociale, violence.

Écrire l’histoire de la revendication du droit de vote en période d’exclusion partielle des femmes de la vie politique implique de revenir sur l’histoire des féminismes. Les questions qui consistent à comprendre comment ce droit a évolué après 1867, et à interroger l’octroi du droit de vote à certaines femmes par le gouvernement fédéral permettra de mettre en lumière cette période pendant laquelle les femmes du Québec peuvent voter aux élections fédérales, mais pas aux élections provinciales jusqu’en 1940. Nous appuyant sur les travaux témoignant du rôle essentiel d’organismes comme la FNSJB (Hebert, Cohen) ou des grandes figures suffragistes (Lévesque, Lamoureux, Maillé), on a choisi d’aborder les rivages moins connus des réseaux de femmes libérales. Le rôle du Parti libéral dans l’octroi du vote aux femmes nous semble avoir été souvent oublié dans ces histoires, alors même que la plupart des suffragistes, hommes et femmes se recrutaient en son sein. Nous présenterons ici certaines de leurs trajectoires comme autant d’exemples de leur implication. Cette histoire révèle les difficultés de l’analyse des différents paliers de gouvernement, qui implique de travailler sur une périodisation fine et sur les trajectoires de deux générations de militantes.

Le 10 décembre 1848, il y a bientôt 170 ans, les électeurs français étaient appelés aux urnes pour élire, pour la première fois, un homme qui porterait le titre de Président de la République. Une sélection de documents, pour certains exceptionnels, retrace entre 1840 et 1852 le parcours de cet homme 1 et nous rappelle les liens étroits qui unissent souvent histoire postale et histoire politique.

Les décennies 1970 à 1990 voient l'émergence et la pérennisation en Bretagne d'une nouvelle famille politique, les écologistes, organisés pour l'essentiel dans la formation Les Verts. Cette émergence traduit l'entrée dans le champ politique de nombreux militants associatifs, mais aussi le ralliement d'autres militants politiques, qui conduit à une présence croissante dans les institutions. Cette structuration paraît suivre une trajectoire linéaire : premiers candidats en 1977-1978, formation d'une organisation unifiée en 1982-1984, percée électorale en 1989-1992, conquête de nombreux mandats locaux, régionaux voire nationaux à partir de 1995. Pourtant cette relative linéarité vaut surtout à l'échelle de l'organisation. La prise en compte et la mise en série des trajectoires individuelles, qui pèsent lourd dans un parti aux effectifs limités 1 , mettent en effet à jour une forte discontinuité dans le temps. Nous limiterons notre étude aux cadres du mouvement, militants de premier plan, dirigeants ou élus-ce qui oblige à la plus grande prudence quant à toute généralisation 2. Au sein de cette génération fondatrice, on peut distinguer trois vagues, chacune caractérisée par des traits bien particuliers. D'abord les pionniers qui s'engagent en politique électorale dès 1977-1978 à l'occasion des élections législatives, ensuite ceux qui à partir de 1981 participent à la création de la Fédération écologiste bretonne (FEB) puis des Verts et enfin les nouveaux venus qui s'engagent en écologie politique à la fin des années 1980 et au début des années 1990. 1-Les pionniers de 1978-1981 : un engagement fondateur mais sans lendemain Jusqu'à 1978 l'engagement électoral d'écologistes bretons reste à la fois localisé et peu identifié 3. Les élections législatives donnent alors lieu à une structuration inédite à l'échelle régionale : six candidats se présentent sous l'étiquette du collectif Bretagne Écologie 78 à Guingamp, Morlaix, Douarnenez, Auray, Paimboeuf et Nantes. Une expérience politique marquée par la lutte anti-nucléaire Ces premiers candidats (et suppléants), trentenaires voire quadragénaires pour la plupart, disposent d'une expérience militante conséquente, surtout dans le mouvement anti-nucléaire. Celui-ci, exacerbant les clivages avec les formations politiques majoritaires, constitue pour la plupart le déclencheur de l'engagement électoral. Jean-Claude Demaure (suppléant à Paimboeuf , près du Pellerin) est l'exemple archétypique de cette trajectoire : co-fondateur de la section nantaise de la Société d'étude et de protection de la nature en Bretagne (SEPNB 4), il s'engage dès 1971 dans le combat contre l'implantation d'une 1 Au maximum 500 à l'échelle régionale sur la période étudiée ici. 2 Nous avons notamment eu recours à la presse, aux archives des Verts bretons, à des questionnaires et à une vingtaine d'entretiens. 3 Lors des élections municipales de 1977, des écologistes sont présents sur des listes comme à Belz (la liste anti-nucléaire du Dr Le Formal est victorieuse) à Étel (la liste divers-gauche et anti-nucléaire de Michel Le Corvec l'emporte) et à Rennes (les Amis de la Terre y participent à une liste avec le PSU, tout en restant au second plan). 4 Il considère l'engagement dans cette association comme un « apprentissage à la vie publique, préparatoire à l'engagement politique ».

Les processus complexes de fabrication des « mémoires collectives » sont désormais éclairés par de nombreux travaux, qui mettent avant tout l'accent sur l'importance de la valorisation d'un imaginaire commun structurant les communautés. L'étude des « lieux de mémoire », notamment, se place explicitement dans la dimension de la construction des identités nationales. Ces « lieux », réels ou symboliques, contribuent en effet aux dynamiques de renforcement de la cohésion sociale, et se prolongent par des commémorations, des rituels civiques qui font vivre ces références à des événements passés considérés comme fondateurs pour le présent. Cette dimension de la mémoire, entendue ici dans le sens d'usage politique du passé, et le discours qui porte sur l'importance de l'établissement de « mémoires partagées », ne doit pourtant pas dissimuler la tension politique qui procède à la sélection des « récits » valorisés, et de leurs représentations dans l'espace public qui découle de ce choix politique. Ce processus actif de construction des mémoires, enjeu de négociation et parfois de conflits, est particulièrement apparent dans les cas de sortie de crise, à l'issue de moments historiques caractérisés par la prolifération de violences politiques.