Bacterio Poly Dfgsm3 Juin23
Bacterio Poly Dfgsm3 Juin23
Bacterio Poly Dfgsm3 Juin23
Antibiologie
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1
Responsable : Dr D. Decré,
Pr A. Aubry, Dr C. Eckert, Dr F. Morel, Dr W. Sougakoff, Dr J. Tankovic, Pr N. Veziris, Dr S. Vimont
2
Chapitre 1 Démarche diagnostique en bactériologie Page 4
Fiche hémoculture Page 7
Chapitre 2 Anatomie fonctionnelle des bactéries Page 11
Chapitre 3 Génétique bactérienne Page 23
Chapitre 4 Familles d’antibiotiques Page 38
Mots clés et résumé généralités Page 45
Fiche coloration de Gram Page 47
Chapitre 5 Les flores microbiennes de l’organisme – relations Page 51
Hôte/Pathogène
Chapitre 6 Staphylocoques Page 55
Fiche Staphylococcus aureus
Chapitre 7 Streptocoques Page 61
- Pneumocoque
- Entérocoques
Chapitre 8 Neisseria Page 73
- Méningocoque
- Autres Neisseria
Chapitre 9 Entérobactéries Page 79
Chapitre 10 Bacilles Gram négatif exigeants Page 83
Chapitre 11 Bacilles Gram négatif aérobie stricts Page 86
- Pseudomonas aeruginosa
- Acinetobacter
Chapitre 12 Bactéries responsables de pneumopathie « atypique » Page 90
- Mycoplasma pneumoniae
- Chlamydia pneumoniae/C. psittaci
- Legionella
Chapitre 13 Bactéries responsables de diarrhées Page 96
- Salmonelles
- Shigelles
- Yersinia
- Escherichia coli
- Vibrio cholerae
- Campylobacter
- Clostridioides difficile
Chapitre 14 Bactéries responsables des infections sexuellement transmissibles Page 105
- Gonocoque
- Chlamydia trachomatis
- Treponema pallidum (syphilis)
- Mycoplasmes
- Points clés IST bactériennes
Chapitre 15 Mycobactéries Page 123
Fiche M. tuberculosis
Chapitre 16 Infections urinaires Page 132
Chapitre 17 Infections respiratoires communautaires de l’adulte Page 139
Chapitre 18 Méningites communautaires Page 144
Fiches signalétiques des principales bactéries
Chapitre 19 Infections cutanées Page 153 3
L'édition 2019 résultait de la fusion en 2011 des enseignements de bactériologie
par famille. Une troisième partie est consacrée à l’approche syndromique et aux
questions de rang A.
Pour rappel, l’examen porte sur les cours, les TP « virtuels (films et séances
4
Chapitre 1 : DEMARCHE DIAGNOSTIQUE EN
BACTERIOLOGIE
Le diagnostic bactériologique correspond à l’ensemble des moyens qui permettent d’identifier la
(ou les) bactéries responsables d’une infection bactérienne.
Ces moyens diagnostiques sont variés et caractérisent soit le diagnostic direct soit le
diagnostic indirect :
Le diagnostic direct permet la mise en évidence de la (ou des) bactérie(s) à partir d’un
prélèvement (culture, identification, sensibilité aux antibiotiques) responsable (s) d’une infection.
La qualité de ce prélèvement (mode de recueil, conservation, délai d’acheminement au
laboratoire) ainsi que les renseignements cliniques qui l’accompagnent sur la feuille de demande
sont essentiels à une bonne prise en charge (mise en œuvre optimale de tous les moyens pour isoler
la bactérie en cause).
L'examen cyto-bactériologique d'un prélèvement (en dehors de quelques types de prélèvement
comme écouvillons, hémocultures) va suivre différentes étapes :
2. Examen microscopique :
-cytologie à la recherche des éléments qui témoignent d’une réaction inflammatoire
(polynucléaires) ;
-visualisation des bactéries après coloration spécifique de Gram (coloration utilisée pour les
bactéries usuelles). Cet examen microscopique est primordial car il permet, s’il est positif, une
première orientation thérapeutique (empirique).
Exemples : cocci Gram+ en amas (staphylocoque), bacille Gram négatif (entérobactéries,
Pseudomonas…). Dans certains cas, on observe les bactéries sans coloration (état frais) pour
apprécier la mobilité éventuelle.
3. Mise en culture : l’échantillon est ensuite mis en culture sur différents milieux : ordinaires,
riches (avec présence de sang frais ou sang cuit), et sélectifs (qui inhibent certaines espèces
bactériennes pour permettre la culture de bactéries recherchées spécifiquement), chromogènes
(qui permettent de mettre en évidence une activité enzymatique spécifique d'une espèce
bactérienne donnant une couleur à la colonie, donc une identification rapide).
Ces milieux sont le plus souvent solides (géloses) mais des bouillons d’enrichissement peuvent être
ajoutés. Les cultures sont ensuite incubées dans une étuve à 37°C dans différentes atmosphères
(ambiante = aérobie, ou en l'absence d'oxygène (culture anaérobie)). Le choix de ces milieux est
directement fonction du type de prélèvements et des renseignements fournis par le clinicien
prescripteur.
5
Quelques exemples :
-Examen cytobactériologique des urines (ECBU): milieux standards car la plupart des bactéries
responsables d’infections urinaires sont de culture facile ou milieux chromogènes.
-Prélèvement respiratoires : milieux riches indispensables à la culture du pneumocoque ou de
Haemophilus influenzae.
-Coproculture : milieux sélectifs pour la recherche des quelques pathogènes responsables de
diarrhées (salmonelles, Campylobacter ...) au sein de la flore digestive qui est abondante et variée
en terme d’espèces.
Délai d'incubation : De très nombreuses espèces bactériennes poussent sur les milieux après 18 à
24 H d'incubation à 37°C. Cependant d'autres espèces ont des délais d'incubation plus longs
(exemples : Gonocoque, Brucelles, Mycobactéries ...).
Les cultures sont ensuite examinées ; chaque bactérie déposée sur la gélose va donner, en se
multipliant une colonie visible (environ 1-3 mm de diamètre). Dans le rendu du résultat, la quantité
de colonies sera appréciée semi-quantitativement (rares, quelques, nombreuses…) ou
quantitativement (104, 105, 106 …/ml) pour les types de prélèvement pour lesquels il existe un seuil
validé (ECBU, pulmonaires, cathéters).
4. L’identification des espèces présentes sur les cultures regroupe différentes données :
-L’aspect des colonies (présence d’une hémolyse sur gélose au sang, couleur d’une colonie sur
un milieu chromogène …) ;
-L’aspect microscopique à l’état frais (sans coloration) qui permet de voir si les bactéries sont
mobiles ;
-L’aspect au gram : Gram plus (violet) ou moins (rose), aspect de cocci, bacilles et leur
groupement ;
-De tests d’orientation rapides permettant de différencier par exemple les cocci à Gram positif
(un staphylocoque d’un streptocoque) ou parmi les bacilles à Gram négatifs (les
entérobactéries du bacille pyocyanique).
Actuellement la plupart des laboratoires de bactériologie disposent d’automates qui réalisent
l’identification, notamment les spectromètres de masse (analyse du profil protéique d’une
bactérie qui est confronté à la base de données de la machine). Cette technologie permet une
identification en 20 min à partir d’une colonie bactérienne. Cette méthodologie a remplacé les
galeries d’identification biochimiques qui étudient plusieurs caractères (enzymatiques,
utilisation/fermentation de sucres) et nécessitaient 18h d’incubation.
L’antibiogramme être réalisé sur milieu gélosé (méthode de diffusion en milieu gélosé ou
méthode des disques (voir « TP virtuels ») ou en milieu liquide. 6
La méthode des disques consiste à mettre la bactérie (inoculum calibré) en culture sur un milieu
standardisé puis déposer des disques (papiers buvards imprégnés d’une quantité d’un
antibiotique donnée). L’antibiotique diffuse dans la gélose et crée un gradient de concentration
circulaire. Après 18h d’incubation à 37°C, la bactérie va se multiplier sur la gélose autour de
chaque disque jusqu’à la zone où la concentration de l’antibiotique l’inhibe. Il existe une relation
linéaire entre les diamètres d’inhibition et les concentrations minimales inhibitrices (CMI). En
pratique, on mesure des diamètres d’inhibition et l’on déduit des CMI approchées.
L’interprétation finale repose sur les résultats in vitro (diamètres et CMI approchées) et des
données pharmacocinétiques. Un antibiogramme permet de tester simultanément un grand
nombre d’antibiotiques pour déduire un phénotype de sensibilité pour chaque bactérie testée et
donc aider aux choix thérapeutiques.
6. Autres moyens de diagnostic direct : il est parfois possible de rechercher des produits
bactériens qui témoignent de la présence de la bactérie dans l’échantillon.
- Recherche d’antigènes bactériens : Par exemple, on peut rechercher dans les urines des
antigènes de Legionella qui est une des bactéries à l’origine de pneumopathie dite atypique. Il
s’agit d’un test immuno-chromatographique.
- Méthodes moléculaires : recherche d’ADN ou d’ARN d’une bactérie donnée. Il existe de plus en
plus de moyens moléculaires de diagnostic appliqué à la bactériologie. Certains permettent de
détecter des bactéries non cultivables ou difficilement cultivables mais aussi de rechercher la
présence de la bactérie chez un patient ayant reçu des antibiotiques (infection décapitée). Ces
méthodes sont d’un grand intérêt (rapidité, spécificité, sensibilité) mais ne sont pas applicables à
toutes les bactéries et nécessitent une réflexion entre cliniciens et biologistes pour leur intérêt et
leur interprétation (Cf séance « TP virtuels » consacrée à ces méthodes).
Exemples : recherche des bactéries responsables de méningites communautaires sur le liquide
céphalorachidien, recherche des facteurs de virulence (toxines de Clostridium difficile, pathogène
entérique), diagnostic des infections sexuellement transmissibles (IST) (Chlamydia, gonocoque).
La présence de bactéries dans le sang définit la bactériémie. Le sang est en effet normalement
stérile (il peut exister des « bactériémies physiologiques », asymptomatiques avec passage de
bactéries transitoires : brossage des dents, digestion, endoscopie digestive)
La bactériémie résulte de décharges bactériennes à partir d’un foyer infectieux non contrôlé.
La bactériémie peut s’accompagner de sepsis ou de choc septique
• Faux négatif : Patient déjà sous antibiotiques +++, volume de sang prélevé insuffisant +++,
bactérie non cultivable dans les flacons d’hémoculture standard, incubation trop courte des
flacons (les flacons sont incubés 5jours)
• Ponction veineuse périphérique, idéalement pas sur dispositif intravasculaire (DIV) car
génère plus de contaminants,
• Si l’on veut documenter une infection du DIV (prélever en parallèle une hémoculture
périphérique et une hémoculture sur le DIV : on compare les délais de positivité des flacons
sur le DIV et en périphérie). Si le DIV est en cause, la culture sera plus précoce.
Mettre à incuber les flacons le plus vite possible (automates d’incubation). Ceci est le plus souvent
possible 24h/24 (des automates d’incubation sont le plus souvent présents dans les laboratoires de
biologie d’urgence). Si pas possible garder les flacons à température ambiante (jamais à 4°C ni
au chaud)
ON NE DEMANDE PAS LE RESULTAT DE L’EXAMEN DIRECT D’UNE HEMOCULTURE QUI VIENT
d’ETRE PRELEVEE: L’examen microscopique d’une hémoculture avant incubation n’est jamais
réalisé TROP PEU DE BACTERIES DANS LE SANG CIRCULANT POUR LES VOIR AU MICROSCOPE
L’incubation est poursuivie 5 jours dans l’automate.
Si l’on suspecte une bactérie de croissance lente (ex : certains germes des endocardites), il est
impératif de le noter dans les renseignements de manière à ce que les flacons soient incubés plus
longtemps Le laboratoire de microbiologie doit être informé de la suspicion d'endocardite
infectieuse.
Streptocoques oraux 20
Streptococcus gallolyticus (groupe D) 13
Entérocoques 10
Autres
- Bactéries du groupe HACEK
8
- Bactéries intracellulaires (Coxiella burnetii, Bartonella spp.,...)
- Candida
11
Chapitre 2 : ANATOMIE FONCTIONNELLE DES
BACTERIES
1. LA DECOUVERTE DU MONDE BACTERIEN
Antoni VAN LEEUWENHOEK (1632-1723), drapier hollandais et grand amateur de loupes et
instruments d'optique, découvre et décrit entre 1674 et 1687 le monde microbien ("les
animalcules"). Mais celui-ci n'est véritablement reconnu qu'à partir du milieu du XIXe siècle à la
suite des travaux de Louis PASTEUR et de ses élèves.
En 1866, HAECKEL crée le terme de protistes pour désigner, entre le monde animal et le monde
végétal, les êtres unicellulaires et les êtres pluricellulaires sans tissus différenciés. Les protistes sont
classés en deux catégories :
- Les procaryotes qui ont un chromosome unique, mais pas de noyau ni d'appareil appareil
de mitose, et ont une structure cellulaire élémentaire (pas de mitochondries). Les bactéries font
partie des procaryotes.
En 1878, SEDILLOT crée le terme de microbes parmi lesquels on distinguera ensuite les bactéries
proprement dites et les virus. Le terme virus, qui a désigné dans un premier temps tout agent
infectieux, est maintenant réservé à la catégorie bien particulière de microbes qui ne possèdent
qu'un seul type d'acide nucléique (ARN ou ADN) et qui sont incapables d'assurer à eux seuls la
synthèse de leurs propres constituants.
Aujourd’hui, le monde vivant est partagé en 3 domaines : les eucaryotes, les bactéries, les archées.
12
Eucaryotes Bactéries
Microbes : nom générique des algues, champignons, protozoaires, bactéries, virus (microbiologie).
Parasites : êtres vivants, animaux ou végétaux qui, pendant une partie de leur existence, vivent aux
dépens des autres êtres organisés.
Eau : 70 %
13
Figure 1 : Structure générale d’une bactérie
14
Diplocoques Gram - intracytoplasmiques
déformante
Spirilles
Vibrions, Campylobacter
Tréponème
3. L'ADN CHROMOSOMIQUE
Comme tous les protistes procaryotes, les bactéries possèdent un chromosome constitué d'une
double hélice d'ADN circulaire. Cette double hélice est sous forme compactée, surenroulée grâce à
l'action d'enzymes spécifiques, les topoisomérases. Le chromosome contient de l'ordre de 4
megabases (4 x 106 bases) et porte de l'ordre de 1000 gènes.
Les deux chaînes de nucléotides se répliquent selon le schéma classique de Watson et Crick.
L'appareil génétique est composé à 80% d'ADN (le chromosome), à 10% d'acide ribonucléique ou
ARN (rôle de structuration) et à 10% de protéines. Ces dernières sont représentées en particulier
par :
15
- Les topoisomérases, (ex. ADN gyrases), qui compactent et déroulent l'ADN pour permettre
l'action des polymérases.
Les plasmides portent des gènes qui confèrent aux bactéries la résistance à divers antibiotiques (ß-
lactamines, aminosides, macrolides, phénicolés, cyclines, sulfamides). Fait très important, la
résistance conférée par un plasmide peut concerner des antibiotiques appartenant à plusieurs
familles si le plasmide porte plusieurs gènes de résistance.
La résistance codée par les gènes plasmidiques est souvent liée à la production d'enzymes qui
inactivent les antibiotiques. Par exemple, des plasmides de résistance très fréquents (ex : chez les
staphylocoques, les gonocoques, les colibacilles...) portent un gène qui code pour la production
d'une pénicillinase qui inactive les pénicillines (pénicilline G, ampicilline...), ce qui rend la bactérie
résistante à ces antibiotiques.
Dans le plasmide, les gènes peuvent être organisés au sein de transposons, fragments d'ADN très
mobiles (cf. génétique bactérienne).
Certains plasmides sont responsables de la virulence de certaines espèces bactériennes par le biais
de la production de toxines (ex : colibacilles entérotoxinogènes des diarrhées), de système
d'attachement (ex : adhésines du vibrion du choléra) ou de facteur d'invasion tissulaire (ex :
shigelles de la dysenterie bacillaire).
16
4.4 Autres fonctions portées par les plasmides
Certains gènes plasmidiques peuvent coder pour la synthèse de bactériocines qui inhibent la
croissance d'autres bactéries (ex. : colicines létales pour les entérobactéries), ou pour des fonctions
métaboliques (métabolisme du lactose chez Proteus)
Enfin, les plasmides portent des gènes qui assurent leur réplication autonome. Certains plasmides
portent aussi des gènes qui assurent leur transfert par conjugaison (plasmides conjugatifs).
5. LE CYTOPLASME BACTERIEN
La structure du cytoplasme bactérien est beaucoup plus simple que celle du cytoplasme des
eucaryotes. Le cytoplasme ne contient pas en effet de mitochondries : les enzymes transporteurs
d'électrons sont associés à la membrane cytoplasmique.
Le cytoplasme est particulièrement riche en ARN libre (ARN messager et ARN de transfert) et
surtout en ARN ribosomal. Les ribosomes sont au nombre de 10 000 environ par bactérie,
représentent 20 % du poids sec de la bactérie et 90 % de l'ensemble de l'ARN.
Les ribosomes sont constitués de protéines ribosomales et de plusieurs molécules d'ARN (ARNr16S,
ARNr23S et ARNr5S). Ils sont anatomiquement divisés en 2 sous-unités : la sous-unité 30S est la
cible des aminosides et des cyclines ; la sous-unité 50S est la cible des macrolides et du
chloramphénicol (Tableau 1).
L'ensemble des constituants cytoplasmiques sont placés dans un gel colloïdal constitué
essentiellement d'eau, à une pression interne considérable (> 5 atmosphères) contenue par la
solidité du peptidoglycane (cf. ci-après).
6. LA MEMBRANE CYTOPLASMIQUE
6.1. La membrane cytoplasmique, ou membrane interne, limite le
cytoplasme (figure1).
Elle est constituée d'une double couche de phospholipides et de protéines qui lui sont associées.
Certaines de ces protéines jouent un rôle dans la synthèse du peptidoglycane, structure qui
recouvre la membrane cytoplasmique, et sont appelées protéines de liaison aux pénicillines (PLP)
car elles sont également la cible d'action des bêta-lactamines, famille d'antibiotiques à laquelle
appartient la pénicilline.
- Barrière osmotique et transport actif: la membrane est à la fois une barrière osmotique et un lieu
de transport actif grâce à des enzymes spécifiques (perméases) ;
- Support d'enzymes assurant le transport vers l'extérieur de molécules (précurseurs) qui sont
intégrées dans les polymères de la paroi (ex : peptidoglycane, LPS...).
7. LA PAROI BACTERIENNE
Malgré la forte pression osmotique (> 5 atmosphères) qui règne à l'intérieur du cytoplasme
bactérien, la bactérie n'éclate pas grâce à l'existence d'une structure-rigide, appelée paroi, de
nature polymérique. Les polymères et leur mode de liaison varient selon les espèces bactériennes.
Toutefois, une substance de base, spécifique des bactéries, est présente chez toutes les bactéries
"rigides" : le peptidoglycane.
- Des ponts interpeptidiques" entre les chaînes peptidiques, assurés par des transpeptidases
(appelées PLP ou PBP, localisées dans la membrane cytoplasmique) (cf. ci-dessus).
18
Figure 3 : Structure du peptidogycane
En général il n'y a pas ou peu de protéines dans la paroi des bactéries à Gram positif. Parmi les
exceptions, notons la protéine A de Staphylococcus aureus et la protéine M de Streptococcus
pyogenes (cf. chapitre sur ces espèces).
- Chez les mycobactéries, qui sont des bactéries à Gram positif très particulières, la paroi contient
en plus du peptidoglycane :
. Des lipides très longs (90 atomes de carbone), les acides mycoliques liés de manière covalente à
l'arabinogalactane.
La paroi des mycobactéries, très riche en lipide, confère à ces bactéries des propriétés particulières:
résistance naturelle à de nombreux antiseptiques et antibiotiques, propriétés tinctoriales ("acido-
alcoolo-résistance" mise à profit dans la coloration de Ziehl) (cf. chapitre mycobactéries).
19
- Chez les bactéries à Gram négatif, il n'y a qu'une ou deux couches de peptidoglycane qui ne
représente que 5 à 20 % des constituants de la paroi bactérienne. Une autre structure complexe
située à l'extérieur du peptidoglycane ("membrane externe") complète la paroi.
Le LPS est formé du lipide A auquel est attaché un polysaccharide qui est responsable de la
spécificité antigénique (antigène O), mis à profit pour le sérotypage de certaines bactéries
(ex : sérotypage de salmonelles, de E. coli...).
Sur le plan physiopathologique, le LPS est très toxique, c'est l'endotoxine des bactéries à Gram
négatif.
Acides teichoiques
Membrane externe Porine
peptidoglycane
espace périplasmique
Membrane
cytoplasmique
Figure 4 Figure 5
Bactéries à Gram positif Bactérie à Gram négatif
20
- Elle contient la pression osmotique interne. Sans paroi, les bactéries prennent une forme "molle"
sphérique (protoplaste ou sphéroplaste) et peuvent survivre et même se multiplier à condition
d'être placées dans un milieu dont la pression osmotique est équilibrée avec la pression
osmotique qui règne à l'intérieur de la bactérie (ex : à l'intérieur d'une cellule eucaryote).
- Elle joue un rôle déterminant dans la coloration de Gram. Chez les bactéries à Gram positif, la
paroi épaisse empêche la décoloration par l’alcool du premier colorant (violet de gentiane). En
revanche, les bactéries à Gram négatif sont décolorées par l’alcool et peuvent donc se colorer en
rose (deuxième colorant = fuchsine).
La capsule joue un rôle important dans le pouvoir pathogène de certaines espèces bactériennes
(Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae de type b, méningocoque, E. coli K1) par son
rôle protecteur contre la phagocytose.
Le caractère antigénique de la capsule permet le sérotypage et peut être mis à profit pour préparer
des vaccins (pneumocoque, méningocoque, Haemophilus influenzae b)
. Les flagelles sont ancrés dans la membrane cytoplasmique et la paroi par une structure complexe.
Ils constituent les organes de locomotion pour les bactéries qui en possèdent.
21
- Les pili communs, sont des structures protéiques filamenteuses, de 2 à 3 µm de long, disposés
régulièrement à la surface de la bactérie. Ils sont constitués par un polymère d’un polypeptidide
appelé piline, assemblé à des polypeptides mineurs dont l'adhésine. L'adhésine peut interagir
avec un récepteur hydrocarboné (glycolipides ou glycoprotéines) présent à la surface d'une cellule
eucaryote et permettre la fixation de la bactérie sur les muqueuses, ce qui conditionne leur
pouvoir pathogène : fixation de Escherichia coli sur la muqueuse vésicale, du gonocoque sur la
muqueuse de l'urètre, du vibrion cholérique sur les entérocytes...
- Les pili sexuels, plus longs mais en nombre plus restreint (1 à 4 par cellule) que les pili communs
sont codés par des plasmides (facteur F). Ils jouent un rôle essentiel dans l'attachement des
bactéries entre elles au cours de la conjugaison (cf. génétique bactérienne).
La spore est le résultat d'une différentiation cellulaire en réponse à des conditions d'environnement
défavorables (absence d'aliments, température...). La spore est une cellule bactérienne au repos,
hautement résistante à la dessiccation, à la chaleur, aux agents chimiques, et qui contient tout ce
qui est essentiel à sa survie, dont bien sûr son génome.
Replacée dans des conditions nutritionnelles favorables, la spore germe et redonne une bactérie
identique à celle qui lui a donné naissance. La spore, forme de résistance aux conditions
défavorables de vie, explique le mode de contamination de certaines maladies (tétanos, botulisme,
charbon, Clostridium difficile en milieu hospitalier).
9. LA CROISSANCE BACTERIENNE
9.1 Les besoins
Comme tout être vivant, les bactéries ont besoin de nutriments pour se multiplier. Sur le plan
qualitatif, elles ont besoin des éléments de structure (C, H, O, N, S, P) et d’éléments spécifiques,
notamment de facteurs de croissance comme certains acides aminés, les bases puriques ou
pyrimidiques, de vitamines et de certains métaux comme le fer. Sur le plan énergétique elles
synthétisent de l’ATP à partir de l’ADP par des réactions d’oxydo-réduction dont l’énergie est fournie
essentiellement par le glucose.
La température optimale de croissance des bactéries pathogènes pour l’homme est proche de
37°C ; on dit que ce sont des bactéries mésophiles (optimum de 20°C à 40°C). Certaines bactéries
sont dites psychrophiles car leur optimum de croissance est en dessous de 20° C. Enfin, les
bactéries thermophiles, de découverte récente, se multiplient à des températures supérieures à
60°C voire 80°C.
22
Le pH optimum de croissance est en général à la neutralité, il est parfois optimum à l’alcalinité (cas
du vibrion cholérique), et plus rarement à l’acidité.
La pression osmotique joue aussi un rôle dans la croissance bactérienne. En effet des pressions
osmotiques trop fortes comme la saumure (NaCl > 30 %) empêchent la croissance de certaines
bactéries
On peut mesurer cette croissance par la mesure de la densité optique ou par comptage du nombre
bactérien après repiquage sur milieu solide, une colonie correspondant à un individu bactérien
(UFC, Unité Formant Colonie). On peut ainsi établir un taux de croissance (nombre de division/unité
de temps), une courbe de croissance, et un temps de génération.
23
Chapitre 3 : GENETIQUE BACTERIENNE
L'ADN bactérien peut être l'objet de variations génétiques qui se traduisent par l'apparition de
différences héréditaires dans les structures ou les fonctions des bactéries. Les variations
génétiques, dites aussi génotypiques (le génotype est l'ensemble des déterminants génétiques
portés par une cellule), sont transmissibles (héréditaires) à la descendance et résultent de 2
phénomènes :
Les variations génétiques doivent être distinguées des variations phénotypiques (le phénotype est
l'ensemble des propriétés observables d'une cellule). Au contraire des variations génotypiques, les
variations phénotypiques sont non transmissibles (non héréditaires) à la descendance, transitoires
et résultent le plus souvent d'une adaptation à diverses conditions extérieures. Les variations
phénotypiques sont en relation avec la régulation de l'activité de certains gènes par des systèmes
plus ou moins complexes : induction (opéron lactose), répression (opéron tryptophane).
La mutation est une modification du génome bactérien (ADN), spontanée, discontinue (brusque),
héréditaire (stable), rare (10-6 à 10-9) et indépendante du caractère codé par le gène affecté (non
spécifique, aléatoire).
a) Spontanéité : La mutation est spontanée et n'est pas induite par l'agent sélecteur (antibiotique
par exemple) qui ne fait que "révéler" la conséquence phénotypique de la mutation. Ce caractère
spontané a été formellement établi par le test "des répliques"
Protocole : Cette expérience est basée sur la technique des répliques qui utilise un morceau de
velours stérile, tendu sur un cylindre dont le diamètre est légèrement plus petit qu'une boîte de
gélose (boite de Pétri), qui permet en appuyant légèrement sur la surface d'une gélose portant des
colonies bactériennes de prélever grâce aux fibres du velours une fraction de chaque colonie.
En appliquant ensuite la surface de ce velours sur une autre gélose vierge, on obtient d'un seul coup
un repiquage de chaque colonie présente sur la première gélose.
On étale un grand nombre de E. coli sur une gélose sans antibiotique. Après inoculation, on observe
d'innombrables colonies confluentes sur cette gélose. On en fait des répliques sur d'autres géloses
contenant un antibiotique. De très rares colonies de mutants résistants à l'antibiotique
apparaissent sur ces boîtes.
24
Un fragment de la culture de la gélose sans antibiotique est alors prélevé à l'emplacement
correspondant à une des colonies de mutants observées sur gélose avec antibiotique. Ce fragment
est ensemencé dans un tube de bouillon sans antibiotique. Un échantillon dilué du bouillon est étalé
sur une boîte de gélose sans antibiotique, dont les colonies (encore confluentes) obtenues après
incubation sont à nouveau "répliquées" sur de nouvelles boîtes contenant l'antibiotique. On
constate qu'il y a maintenant une plus grande proportion de colonies résistantes sur ces dernières
boites que la première fois. On prélève à nouveau un fragment de la culture de la gélose sans
antibiotique à l'emplacement correspondant aux colonies résistantes et on ensemence ce fragment
dans un nouveau tube de bouillon.
Si on répète ce processus plusieurs fois, on obtient des cultures de plus en plus riches en mutants
résistants à l'antibiotique.
Finalement, en n'ensemençant qu'un petit nombre (±100) de bactéries sur gélose sans antibiotique
on obtient plusieurs colonies résistantes par réplique sur gélose avec antibiotique. On peut alors,
sur la gélose sans antibiotique, prélever une seule colonie correspondante et vérifier qu'elle est
composée en totalité de cellules bactériennes résistantes à l'antibiotique.
Interprétation : sans aucun contact direct avec l'antibiotique, on a pu sélectionner une sous-
population constituée entièrement de mutants résistants, ce qui prouve que la mutation
conférant la résistance à l'antibiotique est apparue en l'absence de l'antibiotique qui ne joue dans
l'expérience que le rôle d'agent sélecteur.
Milieu sans
antibiotique 2)
Bo it e d e Pé t r i
san s
an tib io tiq u e
Ré p liq u e a v e c
1) Rép l i q u e av ec
tam p on d e
t am p on d e
v e lo u r s
Stabilité : Même en l'absence de l'agent sélecteur, le caractère acquis par la mutation est transmis
à la descendance et se maintient dans les subcultures. La stabilité n'exclut cependant pas la
réversibilité de la mutation ("mutation reverse"), qui est au moins aussi rare que la mutation initiale
(parfois beaucoup plus rare).
Rareté : La mutation est un phénomène rare qui n'affecte qu'une faible fraction de l'ensemble des
cellules bactériennes au sein d'une large population.
Pour une même espèce, la proportion de mutants présents (taux de mutation) au sein d'une
population sauvage peut différer beaucoup selon le caractère considéré. Par exemple, chez
Mycobacterium tuberculosis, la proportion de mutants résistants est de 10-5 pour la streptomycine,
10-6 pour l'isoniazide, 10-7 pour la rifampicine
Bien que rares, les mutants peuvent être sélectionnés au sein d'une population bactérienne
sauvage parce qu'ils possèdent un avantage physiologique dit "sélectif" (ex: vitesse de croissance,
pathogénicité, résistance à un antibiotique...).
Indépendance : La mutation d'un caractère donné ne modifie pas la probabilité de mutation d'un
autre caractère : indépendance des mutations. Il en résulte que la probabilité de deux mutations
simultanées est égale au produit des probabilités de chacune des mutations. La possibilité, chez M.
tuberculosis d'une mutation conférant la résistance, est de 10-5 pour la streptomycine, de 10-6 pour
l'isoniazide et de 10-5 x 10-6 = 10-11 pour la streptomycine et l'isoniazide (base de la
polychimiothérapie de la tuberculose).
Spécificité : La mutation n'affecte habituellement qu'un seul caractère en respectant les autres
(ex. : M. tuberculosis résistant à la streptomycine mais sensible aux autres antibiotiques). Dans
certains cas, lorsque les mutations résultent de la modification d'un gène gouvernant plusieurs
caractères phénotypiques (un opéron), elles peuvent affecter plusieurs caractères (mutation dite
pléiotrope).
Tout changement dans la séquence nucléotique d'un gène constitue une mutation. La séquence
nucléotidique peut changer soit par substitution d'une paire de bases par une autre, soit par
cassures de de l'ADN avec délétion, addition ou inversion d'une série de bases entre les deux
cassures.
a) Changement de séquence consécutif à la substitution d'une paire de base : il peut s'agir d'une
transition (ex. : AT est remplacé par GC), ou d'une inversion ou transversion (ex : AT‘TA).
26
La plupart des mutations par substitution sont réversibles (par mutations réverses).
Les mutations peuvent introduire un codon faux-sens (mutations nucléotidiques qui modifient la
séquence en acides aminés de la protéine codée par le gène). Certaines mutations sont silencieuses
(mutations nucléotidiques qui ne modifient pas la séquence en acides aminés de la protéine codée
par le gène), en particulier quand la substitution concerne le 3e nucléotide du codon
(dégénérescence du code génétique).
Lorsque la mutation introduit un codon non-sens, (codon STOP qui arrête la traduction), la protéine
est tronquée et sa fonction est perdue.
b) Changement de séquence consécutive à une cassure de l'ADN : la cassure affecte en général une
série séquencielle de bases et aboutit à la délétion (perte) de la séquence, l’insertion (ajout) d'une
nouvelle séquence, ou encore l'inversion de cette séquence. Ces mutations sont en général non
réversibles et sont souvent létales pour la fonction de la protéine.
Des variations génétiques peuvent résulter du transfert de matériel génétique d'une bactérie à une
autre par des processus aussi différents que la transformation, la transduction et la conjugaison.
2.1 La transformation est un transfert passif d'un fragment nu d'ADN d'une bactérie donatrice
à une bactérie réceptrice.
En 1944, Avery Mac Leod et McCarty démontrent que le "principe transformant" est l'ADN
bactérien, (a) en reproduisant in vitro la transformation en présence d'ADN fortement polymérisé
et (b) en montrant que l'activité transformante est perdue en présence de désoxyribonucléase.
27
Figure 2 : Expérience de Griffith
La transformation naturelle s'observe chez un nombre limité d'espèces bactériennes à Gram positif
(ex : Streptococcus) ou à Gram négatif (ex : Neisseria, Haemophilus).
Bien que la transformation ne permette que le transfert d'une petite fraction du génome bactérien
(<1%), soit d'efficacité relativement faible (la fréquence de transfert est de l'ordre de10-4 à 10-6)
et soit limitée à quelques espèces bactériennes, elle est d'un grand intérêt médical et scientifique :
28
- elle joue un rôle important dans l'évolution vers la résistance du pneumocoque, entre autres aux
ß-lactamines,
- elle a permis de démontrer l'universalité du code génétique (1961) en infectant des bactéries par
des ADN viraux.
Facteur de
Induction de nucléases
et d’autolysines qui vont
induire l’état de com pétence
29
2.2 La conjugaison, le facteur F, les plasmides conjugatifs
La conjugaison est un transfert actif d'ADN entre une bactérie donatrice et une bactérie réceptrice
qui résulte d'un contact physique entre ces bactéries (Figure 4). La conjugaison repose sur la
présence dans la bactérie donatrice (mâle) d'un facteur de sexualité ou de fertilité (facteur F).
Celui-ci permet la synthèse de pili sexuels et donne la polarité au chromosome.
Après plusieurs heures de contact entre les cellules T- L-, (qui sont M+ B+), et les cellules M- B-, (qui
sont T+ L+), ils ont isolé des cellules T+ L+ M+ B+ (environ 100 cellules pour un mélange de 108 cellules
au départ, soit une proportion de 10-6. Il y a donc eu "échange" de caractères : T+ L+ vers les bactéries
T- L- ou de caractères M+ B+ vers les bactéries M- B-.
bactéries
prototrophes
Milieu minimum
Figure 4 : Conjugaison
30
Caractères de la conjugaison
Spécificité
Le transfert d'ADN par conjugaison ne se produit qu'entre bactéries d'une même espèce ou
d'espèces très proches (spécificité). C'est un mode particulièrement fréquent de transfert
génétique chez les bactéries à Gram négatif telles que les entérobactéries (E. coli, Salmonella...).
Différenciation sexuelle
Le transfert, qui est à sens unique (donatrice -> réceptrice), repose sur la présence chez la bactérie
donatrice du facteur sexuel, ou facteur de fertilité (F), à laquelle il confère la polarité ou le caractère
mâle (F+). Le facteur F est le premier plasmide à avoir été identifié.
Contact ou appariement
Les pili sexuels (2 à 3 par bactérie F+) reconnaissent par leurs extrémités les zones de contact à la
surface des bactéries F- et s'y fixent, puis se rétractent en rapprochant les deux cellules. Ils
permettent ainsi leur contact et la formation d'un pont cytoplasmique de 100 à 300 µm par lequel
va s'opérer le transfert d'ADN (Figure 5).
Pi l i sexu el
F+ F-
Transfert de l'ADN
Le pont cytoplasmique formé, le transfert d'ADN peut commencer. Il ne porte que sur un brin
d'ADN, ce qui permet de restaurer l'intégrité du génome de la bactérie donatrice par réplication Le
transfert du brin d'ADN est à sens unique, orienté, progressif, parfois total.
31
Il commence par les premiers gènes répliqués, c'est-à-dire ceux situés en aval immédiat de l'origine
de réplication. Le nombre et la nature des caractères transférés dépend de la localisation
du facteur F.
Dans ce cas, le transfert débute par les gènes chromosomiques en aval immédiat du site
d'insertion et les premiers gènes transférés sont donc à haute fréquence de transfert ("Hfr")
(Figure 6). Le transfert des gènes du facteur F ne peut se produire que lorsque tous les gènes
chromosomiques ont été transférés.
Lorsque le facteur F est intégré dans un plasmide, le résultat est un plasmide conjugatif
(cf. ci-dessous) capable de transférer les gènes qu'il porte à une bactérie réceptrice : c'est la F-
duction ou sex-duction (Figure 6). De nombreux plasmides portant des gènes de résistance
aux antibiotiques sont des plasmides conjugatifs.
Le transfert d'ADN extra-chromosomique par plasmide conjugatif est plus répandu parmi les
espèces bactériennes et est moins spécifique d'espèce que ne l'est le transfert de gènes
chromosomiques lorsque le facteur F est intégré au chromosome.
32
F+ F- Hfr F-
33
2.3 Structure générale des plasmides (Figure 7)
Le terme de plasmide a été créé en 1952 par Lederberg pour désigner tout élément génétique
cytoplasmique extra-chromosomique, comme le facteur F. Les plasmides de résistance aux
antibiotiques ont été découverts en 1956 au Japon à l'occasion d'une épidémie de dysenterie
bacillaire (Shigella dysenteriae) à bacilles résistants.
Les plasmides sont des molécules d'ADN bicaténaire, circulaires et indépendantes du chromosome,
de petite taille (10 à 1000 fois plus petit que le chromosome), se repliant d'une manière autonome
et non indispensables au métabolisme normal de la cellule-hôte. Les plasmides confèrent aux
bactéries qui les hébergent de nombreux caractères génétiques supplémentaires. Ils représentent
un élément essentiel d'adaptation bactérienne. Ils sont responsables d'épidémies de gènes à
travers le monde bactérien, notamment de gènes de résistance aux antibiotiques.
34
2.4 La transduction
La transduction est le transfert d'ADN bactérien par l'intermédiaire de bactériophages (ou phages).
Ceux-ci sont des virus de bactéries, qui existent (Figure 8):
- sous forme tempérée : intégration dans le chromosome bactérien, réplication en même temps
que le chromosome, pas de lyse. Dans ce cas, le bactériophage est appelé prophage et la bactérie
qui en est porteuse est appelée bactérie lysogène.
infection induction
cycle cycle
Lyse cellulaire
lytique lysogène
35
Caractères de la transduction
Incidence
Résultat de la transduction
Dans certains cas, le génome du bactériophage contient en lui-même un nouveau caractère très
important pour la bactérie réceptrice : sécrétion de la toxine diphtérique par une corynébactérie,
sécrétion de la toxine érythrogène par un streptocoque A (scarlatine). On dit alors qu'il y a eu
conversion lysogénique (Figure 9). La conversion et la transduction sont des phénomènes qui font
tous deux intervenir un bactériophage. Mais, dans le premier cas, c'est le génome du bactériophage
qui est responsable du nouveau caractère acquis par la bactérie ; dans le second cas, le
bactériophage a seulement un rôle de vecteur et le génome transféré provient d'une autre bactérie.
Phage
Bactérie donneuse
Phages hébergeant
des gènes du donneur
Conclusions
Le transfert d'ADN bactérien par transduction a été très utilisé par les généticiens en raison de sa
faible fréquence (10-6), de son caractère partiel (1-2% du génome bactérien) et de sa relative non-
spécificité. Elle a probablement joué, plus que la transformation mais moins que la conjugaison, un
rôle important dans l'évolution bactérienne.
36
3. LES VARIATIONS GENETIQUES PAR REMODELAGE INTERNE
Le transposon (Figure 10) est constitué d'un fragment d'ADN limité de part et d'autre par des
séquences répétitives inversées (IR) qui encadrent des séquences d'insertion (IS) qui portent les
gènes nécessaires à la transposition par excision/intégration (tnpA). La partie centrale du
transposon porte les marqueurs spécifiques (exemple : gènes de résistance aux antibiotiques). La
transposition joue un rôle majeur dans évolution bactérienne en permettant l'échange de gènes
entre plasmides et entre plasmides et chromosomes.
L'acquisition de ces gènes se traduit par une augmentation de taille du plasmide ou du chromosome
récepteur et l'acquisition de propriétés nouvelles. L'intégration dans le plasmide ou le chromosome
se fait directement en l'absence "d'homologie" de séquence (recombinaison dite "illégitime").
Certaines séquences d’insertion apportent dans leur extrémités 3’ des séquences très proches des
séquences « consensus » de promoteurs procaryotes, permettant ainsi l’expression à haut niveau
des gènes en aval de l’insertion, gènes dont l’expression était initialement soit silencieuse soit à bas
niveau (Figure 11).
D’autres séquences d’insertion sont capables au moment de leur déplacement d’emmener une
partie de l’ADN adjacent. En termes de résistance aux antibiotiques, bon nombre de gènes de
résistance provenant du chromosome de bactéries de l’environnement ont été ainsi mobilisés sur
des plasmides conjugatifs.
Séquence d’insertion
Tnp : transposase
-35 -10
nnnTTGAAAnnnnnnnnnnnnnTACAATnnnnnnn
ATG
tnpA
CTX-M-15
ATG
ATG
CMY-4
ISEcp1
38
Chapitre 4 : FAMILLES D’ANTIBIOTIQUES
Item de connaissances 177 : questions de rang A
Connaître la définition d'un antibiotique
Connaître la définition du spectre antibactérien
Connaitre les différentes classes d'antibiotiques
Connaître les principes du mode d'action d'un antibiotique
Définition et principaux antibiotiques à risque générateur de résistance
Définition et principaux antibiotiques à risque générateur de résistance élevé
Comprendre le bon usage des antibiotiques chez l'adulte
Bactéries les plus fréquentes au cours des infections de l'enfant
Prescription d'une antibiothérapie chez le nourrisson et l'enfant
Comprendre le bon usage des antibiotiques chez l'enfant
Les antibiotiques sont des substances capables de détruire les bactéries (antibiotiques
bactéricides), ou d'en inhiber la croissance (antibiotiques bactériostatiques).
Le spectre antibactérien est l'ensemble des bactéries sur lesquelles l'antibiotique est actif.
La résistance bactérienne aux antibiotiques peut provoquer des infections plus difficiles à traiter
que celles dues à des bactéries non résistantes. Elle entraîne une augmentation des dépenses
médicales, une prolongation des hospitalisations et une hausse de la mortalité.
Dans certaines situations cliniques, les patients ne peuvent être correctement traités par aucun des
antibiotiques disponibles notamment lorsqu’ils sont infectés par des bactéries toto-résistantes aux
antibiotiques. Ces situations peuvent donner lieu à des complications, voire au décès du malade.
La résistance bactérienne aux antibiotiques peut nécessiter l’utilisation chez certains patients
d'antibiotiques plus onéreux, ou ayant des effets secondaires plus graves ou nécessitant davantage
de traitements invasifs (obligeant l’hospitalisation du patient).
39
1. CLASSIFICATION PAR FAMILLE (structure chimique de base)
FAMILLE SOUS-FAMILLE MOLECULES
Pénicilline G (IV ou IM) et V (PO)
β-LACTAMINES PENICILLINES Pénicillines M : (méticilline), oxacilline,
(cycle β-lactame) cloxacilline
Pénicilline A = aminopénicilline : ampicilline,
amoxicilline
Carboxypénicillines : ticarcilline
Uréidopénicillines : pipéracilline
Pénicillines + inhibiteur de β-lactamase :
Amoxicilline + acide clavulanique (Augmentin®)
Pipéracilline + tazobactam (Tazocilline®)
Céphalosporines de 1ère génération (C1G) :
CEPHALOSPORINES céfalotine, céfazoline
Céphalosporines de 2ème génération (C2G) :
céfamandole, céfuroxime
Et céphamycines : céfoxitine
Céphalosporines de 3ème génération (C3G) :
Injectables : céfotaxime (Claforan®),
ceftriaxone (Rocéphine®), ceftazidime
(Fortum®), céfépime (Axépim®),
ceftaroline
Orales : céfixime, cefpodoxime-proxétil
Céphalosporine + inhibiteur de β-lactamase :
Ceftazime + avibactam (Zavicefta®)
Ceftolozane + tazobactam (Zerbaxa®)
MONOBACTAMES Aztréonam
CARBAPENEMES Ertapénème, imipénème, méropénème
Gentamicine
AMINOSIDES Tobramycine
Amikacine
Acide nalidixique
QUINOLONES Fluoroquinolones
Ofloxacine, ciprofloxacine
Fluoroquinolones à activité
« antipneumococciques » :
Lévofloxacine, moxifloxacine
GLYCOPEPTIDES Vancomycine
GLYCOPEPTIDES Teicoplanine
et LIPOPEPTIDES Daptomycine
LIPOPEPTIDES
41
2. MECANISMES D’ACTION
Sulfamides
Inhibition de la synthèse des folates Enzymes de la voie de synthèse
Triméthoprime
Inhibition de la transcription de
Rifamycines ARN polymérase
l’ADN
Aminosides
Ribosomes (sous-unité 30S)
Cyclines
Phénicolés
42
Cas des antituberculeux
Parmi ces antibiotiques certains ont un spectre large comme la rifamycine (rifampicine), d’autres
ont un spectre étroit limité aux mycobactéries comme l’isoniazide et le pyrazinamide qui inhibent
la synthèse des acides mycoliques (constituants de la paroi) ou comme l’éthambutol qui empêche
la fixation de ces mêmes acides mycoliques dans la paroi.
Activité variable (NB : les entérocoques sont naturellement résistants aux C3G ; (ex : la
ceftazidime est inactive sur les bactéries à Gram positif y compris les staphylocoques)
43
Tableau 2- Spectre naturel d’activité des autres familles d’antibiotiques
1Aminosides : privilégier gentamicine pour les cocci à Gram positif et l’amikacine pour les bacilles à
Gram négatif
2Fluoroquinolones : meilleure activité des FQ « antipneumococcique » pour les cocci à Gram positif
44
4. PROPRIETES PHARMACOCINETIQUES ET PHARMACODYNAMIQUES
Diffusion Activité
Antibiotiques Administration Elimination
tissus os LCR IC* antibactérienne
Bactéricide tps
β-lactamines PO, IM, IV Rénale ++ ++ variable 0
dépendant
Bactéricide Cc
Aminosides IV Rénale + + médiocre +
dépendant
Bactéricide Cc
FQ PO, IV Rénale +++ +++ ++ +++
dépendant
Macrolides &
PO, (IV) Biliaire +++ +++ faible +++ Bactériostatique
apparentés
Teico
IV, IM
++> Bactéricide tps
Glycopeptides possible pour Rénale ++ faible 0
dépendant
teicoplanine Vanco
+
Bactéricide (dans le
Sulfamides-
PO, (IV) Rénale ++ +++ ++ + cadre de
triméthoprime
l’association des 2)
*intracellulaire
Terrain
β-lactamines ok ok ok
Aminosides CI1 ok ok
Quinolones CI2 CI CI 3
Cyclines CI CI CI
Phénicolés CI ok ok
CI : contre-indiqué
46
MOTS CLES et RESUME GENERALITES
ANATOMIE FONCTIONNELLE DES BACTERIES
Synthèse des protéines : assurée dans le cytoplasme par transcription de l'ADN en ARN messager
(par une ARN polymérase) puis traduction au niveaux des ribosomes.
Paroi des bactéries : à l'extérieur de leur membrane cytoplasmique qui assure la cohésion et la
forme de la bactérie (cocci, bacilles, spirochètes); comporte toujours une structure commune : le
peptidoglycane, polymère de sucres (N-acétyl muramique - N-acetyl glucosamine) et des
tétrapeptides.
Chez les bactéries à Gram négatif (ex. Escherichia coli), le peptidoglycane est recouvert, par une
membrane externe qui contient du lipopolysaccharide (antigénique : antigène O ; très toxique:
endotoxine).
Capsule : présente chez certaines bactéries (en général polysaccharidique) ; facteur de protection
de la phagocytose (pathogénicité) et est antigènique (ex. pneumocoque, méningocoque), ce qui
permet la préparation de vaccins (ex. : pneumocoque, méningocoque, Haemophilus influenzae b).
Spore : Certaines bactéries (Bacillus et Clostridium) ont la possibilité de survivre dans des
circonstances défavorables (état stationnaire sans réplication) sous la forme de spore.
47
PRINCIPE DE LA COLORATION DE GRAM
Coloration qui repose sur la différence fondamentale entre la paroi des bactéries à Gram positif
et à Gram négatif.
Elle repose sur l’utilisation de 2 colorants : 1/ le violet de gentiane, 2/ la fuchsine (rose) et un
agent décolorant (alcool)
Les étapes :
- Les bactéries sont étalées sur une lame de verre (frottis) puis fixées par l’alcool (ou la
chaleur)
- Le frottis est ensuite recouvert du violet de gentiane (30s)
- Le frottis est soumis à l’alcool (étape de décoloration) pendant quelques secondes puis rincé
à l’eau (les bactéries Gram négatif sont décolorées)
- Le frottis est recouvert de la fuchsine (contre-coloration) (30s) puis rincé et séché.
- L’examen de Gram est observé au microscope optique (immersion avec une goutte d’huile
et objectif 100)
Les parois des bactéries à GRAM négatif ont un taux élevé de lipides et une fine couche de
peptidoglycane. L'alcool (décolorant) extrait le lipide, et rend la paroi des bactéries à GRAM négatif
plus poreuse incapable de retenir le violet décolorant ainsi la bactérie.
Le peptidoglycane plus épais et le degré de réticulation plus élevé piège le violet plus efficacement,
ce qui rend la paroi GRAM positif moins sensible à la décoloration.
48
ACTION DES ANTIBIOTIQUES
Les antibiotiques sont des substances naturelles ou de synthèse qui empêchent la division
bactérienne (bactériostase) ou arrêtent la vie cellulaire (bactéricidie) en agissant spécifiquement
sur un des constituants bactériens.
Par exemple :
- les ß-lactamines et les glycopeptides inhibent la synthèse du peptidoglycane (paroi)
- les aminosides, les phénicols et les cyclines inhibent la synthèse protéique en interagissant avec
les ribosomes
- les quinolones inhibent la réplication de l’ADN et la transcription en interagissant avec l'ADN
gyrase
- les sulfamides inhibent la synthèse des acides nucléiques
- la rifampicine inhibe la RNA polymérase
49
Les catégories cliniques
S : Sensible à la posologie standard. Une bactérie est dite sensible dans ce cas lorsqu’il y a une
probabilité élevée de succès thérapeutique.
R : Résistant. Une bactérie est dite résistante lorsqu’il y a une forte probabilité d’échec
thérapeutique même en cas de forte exposition de la bactérie à l’antibiotique.
I (zone d’incertitude) Sensible à forte posologie de l’antibiotique testé. C’est à dire qu’il y a une
forte probabilité de succès thérapeutique si l’exposition de la bactérie à l’antibiotique est
augmentée : soit par l’utilisation de l’antibiotique avec des posologies élevées, soit par une
concentration spontanément élevée de l’antibiotique au niveau du site de l’infection en
raison de ses caractéristiques pharmacocinétiques.
Choix des antibiotiques testés: malgré la grande diversité des antibiotiques disponibles, ils sont
choisis selon leur spectre d’activité, leur capacité à détecter les mécanismes de résistance pour
effectuer une lecture interprétative.
Associations d’antibiotiques
Élargir le spectre
* surtout dans les prescriptions d’antibiothérapies de 1ère intention (probabilistes)
* infection poly-microbienne
Diminuer le risque de sélectionner un mutant résistant
* Fonction du germe ex: BK
* Fonction de l’ATB : ex : rifampicine, acide fusidique ( quinolones à ne jamais
prescrire en monothérapie)
Synergie : obtenir un effet bactéricide plus intense
Dosages d’antibiotiques
L'ADN bactérien est l'objet de variations génétiques qui peuvent entraîner des changements
phénotypiques.
Les mutations bactériennes sont des événements spontanés, rares, stables (mais la réversibilité
est possible). Elles peuvent entraîner la sélection des bactéries lorsqu'elles confèrent un "avantage
sélectif », physiologique (ex. : plus grande vitalité), ou du fait de la résistance à l'agent sélecteur
(antibiotique par exemple). Au niveau moléculaire, la mutation correspond soit à la substitution
d'une paire de bases par une autre (transition ou transversion), soit à la perte (délétion), l'addition
ou l'inversion d'un fragment d'ADN.
La bactérie peut également être l'objet de variations génétiques résultant du transfert de matériel
génétique d'une bactérie à une autre par transformation, conjugaison ou transduction.
La transformation est l'acquisition par une bactérie réceptrice en état de compétence d'un
fragment d'ADN exogène qui s'intègre au génome de la cellule réceptrice.
La conjugaison est un transfert orienté d'ADN entre une bactérie donatrice et une bactérie
réceptrice, qui met en jeu des pili sexuels codés par le facteur F (petit plasmide, facteur de fertilité)
permettant un contact physique entre les cellules.
La transduction est le transfert d'ADN bactérien par l'intermédiaire d'un bactériophage (virus des
bactéries).
Enfin, les plasmides (ADN circulaire à réplication autonome) et les transposons (fragments d'ADN
limités par des séquences répétées inversées et codant pour les gènes nécessaires à la
transposition) facilitent la diffusion des gènes qu'ils portent (en particulier gènes de résistance aux
antibiotiques et gènes de pathogénicité) et représentent un mécanisme particulièrement efficace
d'évolution génétique et d'adaptation des bactéries à leur environnement.
Il existe d’autres structures qui participent à la diffusion de gènes comme les transposons et les
intégrons (systèmes de captures de gènes).
51
Chapitre 5 :
LES FLORES MICROBIENNES NORMALES DE
L'HOMME – RELATIONS HOTE/PATHOGENE
Les flores microbiennes constituant des écosystèmes sont composées de micro-organismes divers
comme les bactéries, archées, champignons, protistes et virus.
L’organisme humain abrite des centaines de milliards de bactéries (peau, bouche, nez et tube
digestif) qui constitue un écosystème à part entière, appelé microbiote, (représente 1,5 à 2 kg et
joue un rôle indispensable (métabolisme, immunité, vieillissement...).
L’infection est une maladie provoquée par un agent pathogène. Les maladies infectieuses sont
dues à des interactions variables entre un agent infectieux et un hôte possédant des mécanismes
de défense spécifiques ou non : ces interactions sont nommées « relations hôte-pathogène ».
La virulence est une notion quantitative alors que le pouvoir pathogène est une notion qualitative.
Par ex, pour un même pouvoir pathogène, il peut exister des souches plus ou moins virulentes
(Shigella dysenteriae et Shigella flexneri sont responsables de dysenterie bacillaire mais avec des
doses infectantes très différentes : qq bactéries pour SD mais plusieurs milliers nécessaires pour
SF ; SF est donc moins virulente).
Réservoir : homme malade ± animaux malades ; mais aussi parfois les porteurs
asymptomatiques de bactéries pathogène (ex : le pneumocoque, le méningocoque qui
appartiennent à la flore commensale).
Les bactéries commensales peuvent être réparties en 4 flores principales (cutanée, respiratoire,
génitale et digestive).
2.1 La flore cutanée est variable en qualité et en quantité (102 à 106/cm2) selon la
topographie.
- La flore résidente est formée d'espèces à Gram + potentiellement peu pathogènes
. Staphylocoques à coagulase négative
. Corynébactéries
- La flore transitoire est plus polymorphe et peut comporter des espèces potentiellement
pathogènes provenant du tube digestif ou du rhinopharynx :
. Entérobactéries
. Staphylocoque doré (Staphylococcus aureus).
Les mains portent souvent une flore transitoire abondante, d'où leur rôle essentiel dans la
transmission croisée, par exemple des bactéries multirésistantes (staphylocoque doré résistant
à la méticilline, ou SARM) en milieu hospitalier, ou des pathogènes fécaux dans les collectivités
2.3 La flore génitale joue un rôle de protection, essentiel chez la femme (108/ml de
sécrétions), en particulier entre la puberté et la ménopause. Les oestrogènes favorisent la
constitution au niveau du vagin de réserves de glycogène. Celui-ci sera dégradé par les
lactobacilles en acide lactique, entretenant le pH vaginal à des valeurs très basses et protégeant
le vagin de la colonisation par des germes pathogènes.
Chez la femme en période d’imprégnation oestrogénique, une flore vaginale équilibrée est une
flore dominée par les lactobacilles (bacilles de Döderlein)
2.4. La flore digestive est la plus abondante et la plus importante. Elle varie en fonction
des différents étages du tube digestif.
Au niveau de la bouche (108/ml salive) peuvent se trouver la plupart des germes présents dans
le rhinopharynx avec comme particularité l'abondance des streptocoques non groupables, la
présence éventuelle d'entérobactéries et d'anaérobies. Les streptocoques jouent un rôle
important dans la genèse de la plaque dentaire et, s’ils passent dans le sang (soins dentaires),
dans le développement des endocardites.
La flore de l'estomac est très pauvre du fait de son acidité (10 à 102/ml).
La flore de l'intestin grêle est limitée en raison du péristaltisme et de l'abondance des sécrétions.
Les germes présents sont essentiellement des streptocoques, staphylocoques et lactobacilles
(108/ml).
11 12
La flore colique est extrêmement variée et abondante. Elle comprend 10 -10 bactéries/g avec
une nette prédominance des anaérobies stricts (flore dominante, 99,9 %), surtout Bacteroïdes
11
(10 par gramme de selle), Bifidobactderium, Clostridium. Viennent ensuite les Entérobactéries
8
(E. coli, 10 /gr), entérocoques et staphylocoques (flore sous-dominante).
La flore colique est habituellement stable et limite l'implantation d'espèces pathogènes telles
que salmonelles, shigelles ou Campylobacter et le développement de bactéries commensales
potentiellement dangereuses (staphylocoque doré).
La flore colique, par son abondance (il y a chez l'homme autant de bactéries dans le colon que
de cellules eucaryotes dans tout le corps) est le "creuset" des échanges génétiques entre
54
bactéries humaines, ainsi qu'entre bactéries humaines et environnementales (cf. génétique
bactérienne).
L'impact des traitements antibiotiques sur les flores commensales (pression de sélection), est
un élément-clef de l'évolution des résistances bactériennes (l'autre élément-clef est la
transmission croisée). Des antibiothérapies répétées au cours de la vie pourraient également
induire une évolution progressive et définitive du microbiote, potentiellement délétère, même
s’il semblerait que nous ne soyons pas tous égaux devant ce risque.
-les barrières s’opposant à la croissance bactérienne : nutriment (le seul réel est l’accès au Fe3+
non libre chez l’hôte, indispensable aux bactéries et qui nécessite des systèmes de captation =
sidérophores).
-l’immunité innée : cellules phagocytaires, complément … qui sont activés par des composants
bactériens (LPS des Gram négatif par ex) et qui conduisent à la libération de cytokines.
55
Chapitre 6 : STAPHYLOCOQUES
1. CLASSIFICATION BACTERIOLOGIQUE
Les bactéries du genre Staphylococcus sont des coques (cocci) à Gram positif aéro-anaérobies
groupés en amas irréguliers. L’espèce de loin la plus pathogène est Staphylococcus aureus. Elle est
la seule à posséder une enzyme appelée coagulase. Les autres espèces, regroupées sous le vocable
de « staphylocoques à coagulase négative » ou SCN sont des pathogènes opportunistes peu
virulents. Le SCN le plus fréquemment rencontré est Staphylococcus epidermidis. Une exception
parmi ces SCN, Staphylococcus saprophyticus, est un uropathogène majeur.
2.1.1 Germe pyogène par excellence, S. aureus est responsable d’infections suppuratives.
- Formes cutanées : atteinte plus ou moins sévère des follicules pilo-sébacés (folliculite, furoncle,
anthrax), impétigo, atteinte péri-unguéale (onyxis, périonyxis), atteinte du tissu sous-cutané
(panaris, abcès, phlegmons). S. aureus est aussi un agent de surinfection, des plaies notamment.
2.1.2 Certaines pathologies sont dues exclusivement à l’action d’une toxine que peuvent
produire certaines souches de S. aureus :
- Gastroentérite aigue (très fréquente, absence de fièvre) : intoxication alimentaire par absorption
d’entérotoxine staphylococcique thermostable préformée dans des aliments préalablement
56
contaminés par une souche productrice (voir physiopathologie).
- Syndrome de la peau ébouillantée du nouveau-né et du nourrisson : infection initialement
bénigne à S. aureus se compliquant de décollement cutané généralisé liée à la production par la
souche d’une toxine appelée exfoliatine ou épidermolysine (voir physiopathologie).
Les autres SCN sont peu virulents et se comportent comme des pathogènes opportunistes
responsables d’infections hospitalières avec trois facteurs de risque majeurs : la présence de
matériel étranger, l’immunodépression et l’utilisation répétée d’antibiotiques (qui va les
sélectionner). L’infection la plus classique est la bactériémie liée à l’infection d’un cathéter
intraveineux. D’autres infections surviennent également : ostéoarthrites sur matériel étranger,
endocardite sur prothèse, infection urinaire post-opératoire ou liée à la présence de matériel
étranger, etc…
S. aureus est une bactérie capsulée, entraînant une meilleure résistance à la phagocytose De
nombreuses souches de S. aureus (mais aussi de SCN) sont capables in vivo de produire un biofilm
polysaccharidique. Celui-ci est adhérent notamment aux biomatériaux, il entoure et protège les
bactéries. Il leur permet notamment d’infecter ces biomatériaux et de résister aux défenses de
l’hôte et aux antibiotiques (CMI dans le biofilm très supérieures aux CMI de bactéries en milieu
liquide).
- La protéine A, se lie au facteur von Willebrand et permet l’adhésion aux cellules endothéliales.
Elle se lie également au fragment Fc des immunoglobulines.
- La protéine de liaison au fibrinogène. Cette protéine est utilisée pour l’identification rapide de S.
aureus à partir de colonies (test d’agglutination rapide)
- La coagulase libre coagule le plasma d'homme ou de lapin. Elle est toujours produite par les
souches de S. aureus et non par les SCN. Elle active la prothrombine en thrombine. La thrombine
ainsi activée agit sur le fibrinogène qu'elle transforme en fibrine. C'est un facteur important dans
le pouvoir pathogène en coagulant le plasma autour des bactéries et en les protégeant de la
phagocytose. Elle est aussi à l'origine, en association avec les hémolysines, des thrombophlébites
suppurées. En pratique, sa recherche était auparavant très utilisée pour l'identification d’espèce.
59
4.2 Culture
S. aureus cultive facilement sur les milieux usuels (c’est une bactérie aéro-anaérobie). Les colonies
de S. aureus se pigmentent habituellement en jaune, typiquement couleur jaune d’or (aureus), alors
que celles des SCN sont le plus souvent non pigmentées.
L'identification de S. aureus repose sur la coagulase (libre et test d’agglutination rapide basé sur la
possession d’une protéine de liaison au fibrinogène) et le plus souvent sur la spectrométrie de
masse.
Les macrolides et ses apparentés (lincosamides, streptogramines), les aminosides (gentamicine), les
fluoroquinolones (ofloxacine, ciprofloxacine), la rifampicine sont naturellement actifs sur les
staphylocoques mais des résistances sont possibles. En revanche la résistance des staphylocoques
aux glycopeptides (vancomycine), au linézolide (famille des oxazolidinones) et à la daptomycine
(lipopeptide cyclique) est extrêmement rare.
5.2 Traitement
- Staphylococcies graves : pénicilline M + aminoside (gentamicine) par voie intra-veineuse. S’il s’agit
d’un SARM : vancomycine ou linézolide ou daptomycine.
- Dans tous les cas, la priorité doit être donnée au drainage des collections purulentes
60
Fiche signalétique de l'espèce : S. aureus
Réservoir :
Commensal (occasionnel ou permanent) de la peau et des muqueuses (fosses nasales antérieures :
environ 25% de la population) de l'homme et des animaux
Pathologie(s) provoquée(s) :
- Infections cutanéomuqueuses : folliculite, furoncle, anthrax, panaris, phlegmon, surinfections des
plaies et brûlures
- Infections généralisées : bactériémies avec localisations secondaires : ostéomyélite, abcès
pulmonaire, endocardite aiguë
- Intoxications alimentaires (endotoxines)
- Syndrome de choc toxique (toxines)
Diagnostic bactériologique :
-Examen microscopique des pus et tissus infectés
-Etude de la sensibilité aux antibiotiques : pénicilline-G, oxacilline (pénicilline-M), gentamicine,
macrolides, fluoroquinolones, acide fusidique, rifampicine, glycopeptides
Prévention/traitement :
- Mesures d'hygiène et d'asepsie individuelles (soins de plaies et brûlures)
- Décolonisation des porteurs (ex : pré-chirurgie cardiaque)
- Hygiène dans la préparation des aliments
- Traitement des infections cutanéo-muqueuses : oxacilline
- Traitement des infections généralisées : association de 2 antibiotiques bactéricides : oxacilline +
aminosides (gentamicine) ou fluoroquinolones. Si résistance à l'oxacilline (SARM) : glycopeptides
(vancomycine), daptomycine
- Drainage des collections purulentes
61
Chapitre 7 : LES STREPTOCOQUES,
PNEUMOCOQUES ET ENTEROCOQUES
Les bactéries des genres Streptococcus et Enterococcus sont des cocci à Gram positif, groupés en
chaînettes (voire en diplocoque pour Streptococcus pneumoniae ou pneumocoque), catalase
négative, aéro-anaérobies facultatifs, cultivant mieux en anaérobiose.
1. CLASSIFICATION
La classification des streptocoques par la méthode de Lancefield, est basée sur la structure
antigénique d’un constituant de la paroi streptococcique, le polyoside C. De nombreux groupes sont
décrits. Le caractère hémolytique des colonies de streptocoque constitue un autre mode de
classement. On décrit des streptocoques -hémolytiques (hémolyse vraie, complète), -
hémolytiques (hémolyse incomplète) et non hémolytiques.
Les groupes importants en bactériologie humaine sont les groupes A (Streptococcus pyogènes, -
hémolytique, espèce très virulente), B (Streptococcus agalactiae, bêta-hémolytique, espèce la plus
fréquemment en cause dans les infections néo-natales), C et G (Streptococcus dysgalactiae peut
grouper en C ou en G, -hémolytique, espèce de virulence non négligeable) et D (les streptocoques
commensaux de l’intestin groupent en D, ainsi que les entérocoques).
62
2. HABITAT ET POUVOIR PATHOGENE
2.1 Habitat
Les streptocoques regroupent de nombreuses espèces :
- Certaines espèces responsables d’infections humaines sont des commensaux des animaux
(Streptococcus dysgalactiae, streptocoque -hémolytique qui peut grouper en C ou en G).
S. pyogènes est une bactérie pyogène qui a un pouvoir pathogène varié qu’on peut séparer en
infections invasives et non invasives
Infections invasives
Elles se définissent par l’isolement de bactéries à partir d’un site normalement stérile ou bien d’un
site normalement non stérile mais en association avec des signes cliniques de syndrome de choc
toxique streptococcique (SCTS). Mais toutes les infections invasives peuvent se compliquer de SCTS,
ce dernier étant de sombre pronostic (mortalité avoisinant 50%). Les plus fréquentes sont les
infections des tissus mous et en particulier l’érysipèle.
L’érysipèle est une dermo-hypodermite aigue non nécrosante touchant principalement les
membres inférieurs. L’infection des tissus mous la plus grave est la redoutable dermo-hypodermite
nécrosante (qui peut compliquer un érysipèle). Viennent ensuite les bactériémies, souvent sans
foyer évident. Les autres infections invasives sont très variées : gynéco-obstétricales (fièvre
puerpérale), ostéoarticulaires, pleuropulmonaires, etc…
A l’échelle mondiale : plus de 500 000 cas par an et plus de 150 000 décès.
Complications post-streptococciques
Elles surviennent dans les semaines qui suivent une infection à streptocoque A. Les principales sont
le rhumatisme articulaire aigu (RAA) et la glomérulonéphrite aigue (GNA).
Infections aiguës :
Tableau 1 : Fréquence relative (%) des différentes bactéries à l’origine des méningites
selon le groupe d’âge, 2006, France métropolitaine
64
Infections subaiguës dont la plus classique et la plus grave est l’endocardite
Celle-ci est due à la greffe, sur des valves anormales (anomalie congénitale, séquelle de cardiopathie
rhumatismale, prothèse valvulaire, etc..) d'un streptocoque non-hémolytique ou alpha-
hémolytique non groupable comme S. sanguinis ou S. mitis (commensaux de la bouche) ou comme
S. bovis (commensal du tube digestif).
Il possède également de nombreuses protéines de surface qui jouent le rôle d’adhésines. La plus
importante d’entre elles est la protéine M. Il s’agit d’une protéine fibrillaire qui fait saillie (fibrilles)
à la surface de la cellule, (Figure 3). Elle constitue le facteur majeur de la virulence, car en plus de
son rôle d’adhésine, elle confère une résistance importante à la phagocytose indépendamment de
la capsule (dégradation de la fraction C3b du complément qui est opsonisante). La protéine M est
de plus très immunogène, c’est l’antigène majeur du streptocoque A. Le typage antigénique de la
protéine M était auparavant la technique de typage des souches de streptocoque A. Ceci est
maintenant remplacé par le séquençage du gène codant pour la protéine M, gène appelé emm
(génotypage moléculaire).
L’éruption cutanée de la scarlatine est due à la sécrétion par la souche d’une toxine érythrogène,
dont il existe trois types A, B et C. Les types A et C peuvent également avoir une activité
superantigénique et être impliqués dans le choc toxique streptococcique. D’autres protéines à
activité superantigénique, et donc impliquées dans le choc streptococcique, existent chez le
streptocoque A, par exemple, la protéine Ssa.
Le streptocoque A secrète de nombreuses toxines et enzymes (de façon similaire à ce que l’on
observe chez Staphylococcus aureus).
Parmi les toxines, il secrète deux hémolysines, les streptolysines O et S. Celles-ci sont antigéniques
65
et induisent la sécrétion d’anticorps. Le dosage des antistreptolysines O (ASLO) est utile pour faire
le diagnostic de complication post-streptococcique (RAA et GNA : ASLO élevées ou en cours
d’augmentation).
Parmi les enzymes on peut citer la streptokinase (fibrinolysine), la streptodornase (lysant les acides
nucléiques), la hyaluronidase (lysant l’acide hyaluronique du tissu conjonctif et permettant ainsi
une diffusion rapide dans les tissus mous).
4.2 Culture
Les streptocoques sont des germes exigeants qui ne cultivent pas sur milieu ordinaires : ceux-ci
doivent être additionnés de sang frais.
Les streptocoques sont des bactéries à métabolisme uniquement anaérobie, mais ils tolèrent la
présence d'oxygène. Ce sont donc des bactéries de culture aéro-anaérobie, mais qui cultivent mieux
en anaérobiose.
4.3 Identification
L’identification des streptocoques a reposé longtemps sur le type d’hémolyse observé sur gélose
au sang et sur le groupage par la méthode de Lancefield. Les streptocoques les plus virulents, ceux
des groupes A, B, C, G, sont dits bêta-hémolytiques. On observe une zone d’hémolyse large et
complète autour des colonies. Les autres streptocoques donnent une hémolyse partielle (hémolyse
dite "alpha") coloration brunâtre ou verdâtre autour de la colonie) ou pas d'hémolyse du tout
(streptocoques non hémolytiques).
Le caractère -hémolytique des colonies est toujours capital pour repérer ces espèces pathogènes
dans les cultures bactériennes sur gélose au sang. L’identification précise repose ensuite sur le
groupage de Lancefield (pour les espèces -hémolytiques) ou, de plus en plus, sur l’identification
par spectrométrie de masse.
La recherche d’anticorps antistreptococcique n’a aucun intérêt pour le diagnostic d’une infection à
streptocoque A. En revanche le dosage des ASLO est important pour le diagnostic du RAA et de la
GNA (voir supra).
5.2 Streptocoque B
Le diagnostic rapide de méningite néo-natale à streptocoque B peut se faire par PCR (PCR
syndromique « méningite » notamment).
De même des tests rapides basés sur la PCR permettent le dépistage du portage vaginal chez la
femme enceinte.
Aucune résistance acquise aux bêta-lactamines n’existe chez les streptocoques -hémolytiques des
groupes A, B, C et G. En revanche une résistance existe chez les streptocoques alpha- ou non-
hémolytiques : streptocoques D (ce sont les streptocoques du groupe « bovis ») et streptocoques
non groupables.
Les alternatives possibles sont les macrolides (mais environ 25% de résistance acquise chez le
streptocoque A), le cotrimoxazole, le linézolide et, dans les bactériémies, les glycopeptides ou la
daptomycine.
Ils sont naturellement résistants aux aminosides mais une synergie bactéricide avec les bêta-
lactamines existe. L’association amoxicilline (pénicilline A) + gentamicine (aminoside) est d’ailleurs
recommandée dans le traitement des bactériémies à streptocoque B ou à streptocoque D ou non
groupable de sensibilité diminuée aux bêta-lactamines.
67
LE PNEUMOCOQUE
1. HABITAT ET POUVOIR PATHOGENE
Le pneumocoque est un streptocoque particulier dénommé Streptococcus pneumoniae.
Caractéristiques spécifiques : diplocoques à Gram positif (plutôt que chainettes), capsulé (capsule
visible en microscopie optique comme un halo clair) qui explique en partie la virulence majeure de
ce pathogène (inhibition de la phagocytose).
Figure 4 : Relation entre l’âge et l’incidence des infections invasives à pneumocoques (Streptoccus pneumoniae) ici
des bactériémies
Noter : (a) la forme de la courbe, identique en 1920 -1930 et 1986-1987 (incidence élevée avant 4 ans et après 70 ans)
(b) la réduction de l’incidence, d’un facteur 10 environ, entre les deux époques (cf. les axes des incidences)
Infections loco-régionales
68
. Exacerbations aiguës de BPCO, sinusites, otites moyennes aiguës, conjonctivites. Le pneumocoque
et Haemophilus influenzae sont, de loin, les deux agents les plus fréquemment responsables d’otite
moyenne aiguë.
Un caractère général important des infections à pneumocoque est la fréquence des réactions
fibrineuses génératrices de cloisonnements (par exemple pleuraux ou méningés) qui aggravent le
pronostic.
3. PHYSIOPATHOLOGIE
Le pneumocoque est caractérisé par la présence d'une capsule de nature polysaccharidique dont il
existe une centaine de types immunologiques qui joue un rôle capital dans le pouvoir pathogène en
empêchant la phagocytose. En contact avec un anticorps spécifique, le polysaccharide forme un
complexe antigène-anticorps qui se traduit, à l'examen microscopique, par le phénomène du
gonflement de la capsule. Ceci permet le typage sérologique (sérotypage) des pneumocoques isolés
en culture (grand intérêt épidémiologique : choix des sérotypes pour les vaccins).
Au cours d'une infection à pneumocoque, la formation d'anticorps anti-capsule est capitale pour
permettre la phagocytose puis la destruction des pneumocoques par le système immunitaire.
- Sites normalement stériles : LCR (méningite) (ce qui est relativement aisé lorsque l'infection est
une (LCR), une pleurésie (liquide pleural), une otite moyenne aiguë (pus) ou encore lorsqu'une
pneumonie s'accompagne d'une bactériémie (hémoculture).
- En revanche, en raison de la flore oropharyngée et des nombreux streptocoques qui en font partie,
l'analyse bactériologique des crachats n'est pas un moyen très fiable pour faire le diagnostic d'une
pneumonie à pneumocoques.
69
Dans les pneumonies sévères le prélèvement des sécrétions bronchiques doit être fait sous
fibroscopie bronchique : brosse ou ponction distale protégée, lavage broncho-alvéolaire.
70
4.2. Examen direct
Les pneumocoques apparaissent comme des cocci à Gram positif, en flamme de bougie,
encapsulés, groupés par paire (diplocoque), parfois en courtes chaînettes (Voir Figure 5).
A l'inverse des autres espèces de streptocoques, le pneumocoque est sensible à l’optochine (un sel
de cuivre, l'éthyl-hydrocupréine) : cette propriété est utilisée pour l'identification du pneumocoque
au laboratoire.
En revanche le même test réalisé sur le LCR a une excellente valeur diagnostique (équivalente à celle
de la PCR) dans la méningite à pneumocoque
Adulte
Enfants
72
L'apparition et la diffusion des souches de pneumocoques résistantes ont été la conséquence d'une
forte consommation des antibiotiques, en particulier chez les jeunes enfants, et d’une transmission
croisée des souches résistantes, surtout dans les collectivités d'enfants (crèches). Des transferts de
matériel génétique par transformation ou par transposition entre les streptocoques commensaux et
les pneumocoques sont à l'origine de la résistance acquise du pneumocoque à la pénicilline.
L'évolution vers la résistance a été beaucoup plus marquée en France et en Espagne que dans les
autres pays européens, ce qui traduit des différences importantes en termes de consommation
d'antibiotiques. La résistance à l'érythromycine et au cotrimoxazole est plasmidique. Il semble
cependant que la situation s’améliore ces dernières années, en partie grâce à la campagne de
sensibilisation sur la prescription des antibiotiques en ville (« les antibiotiques,
c’est pas automatique »).
6. TRAITEMENT
Le traitement des infections pneumococcique repose en première intention sur l’utilisation de bêta-
lactamines : amoxicilline ou céphalosporine de 3ème génération.
Le traitement de l’otite moyenne aiguë à pneumocoque repose sur l’amoxicilline, mais à plus forte
dose que pour le traitement d’une pneumonie. La diffusion dans l’oreille moyenne de
l’amoxicilline est en effet moins bonne que dans le parenchyme pulmonaire. Il faut donc
augmenter la posologie pour pouvoir atteindre des concentrations efficaces sur les souches de
sensibilité diminuée.
73
LES ENTEROCOQUES
Les entérocoques sont des cocci à Gram positif, disposés en chaînettes comme les streptocoques,
commensaux du tube digestif (ils font partie avec les entérobactéries de la flore sous-dominante).
Les entérocoques cultivent sur milieu ordinaire et même sur milieu hostile (NaCl 6,5 %, bile), ils sont
aéro-anaérobies (en fait anaérobies aérotolérants).
Ils sont intrinsèquement nettement moins sensibles aux antibiotiques que les streptocoques. En
particulier, ils ne sont que modérément sensibles aux pénicillines (activité uniquement
bactériostatique versus activité bactéricide sur les streptocoques) et ils sont naturellement résistants
aux céphalosporines. De plus l’espèce E. faecium développe facilement une résistance acquise aux
pénicillines (mutation entraînant une modification de PLP). Dans ce cas le traitement de première
intention repose sur la famille des glycopeptides (vancomycine).
74
Chapitre 8 : NEISSERIA
Les bactéries du genre Neisseria sont des cocci à Gram négatif en diplocoques aérobie stricts.
Le genre Neisseria comprend deux principales espèces pathogènes : Neisseria meningitidis (le
méningocoque) et Neisseria gonorrhoeae (le gonocoque, voir chapitre IST). Le genre Neisseria
comprend également des espèces commensales de la flore oropharyngée (N. mucosa, N. elongata,
N. flavescens, …) non ou peu pathogènes. Le genre Moraxella comporte une espèce également
présente dans la flore oropharyngée et d’intérêt clinique : Moraxella catarrhalis ou Branhamella
catarrhalis.
En France, l’incidence des IIM est de 0,9 et 1,6 cas pour 100 000 habitants ; la majorité sont des cas
En 2015, le pic saisonnier de l’incidence a été observé en mars (66 cas), l’incidence étant la plus
sporadiques avec
faible au recrudescence
mois d’août (23 cas) hivernale.
(Figure 2).
Figure 2 : Évolution
Le méningocoque est l'agentmensuelle
pathogène prédominant
des cas déclarésdesd’infections
méningitesinvasives à 25
entre 1 et ans, mais peut
méningocoque
(moyennes mobiles sur 3 mois), France métropolitaine, 2006 – 2015
être en cause à tout âge (Voir Chapitre méningites bactériennes communautaires).
75
otification par années d’âge en 2015 montrent 2 pics : chez les nourrissons de moins de 1 an
,9/100 000 avec 70 cas) et les jeunes adultes de 18-20 ans (1,5/100 000 avec 34 cas) (Figure 4).
gure 4 : Taux de notification des infections invasives à méningocoque par groupes âge
ance entière, 2015
Infections invasives à méningocoque par groupes âge France entière, 2015.
Sur 469 cas, le sérogroupe était connu pour 453 cas (97%) : 242 (53,5%) étaient du B, 118 (26,0 %)
étaient du C, 32 (7,1%) du W, 54 (11,9%) du Y et 7 cas (1,5%) était dus à un sérogroupe plus rare (2
E, 1 X, 3 non groupables et 1 souche non capsulée).
Bilan annuel 2015 InVS (Santé Publique France)
En 2015, les taux de notification pour 100 000 habitants étaient de 0,37 pour les IIM B, 0,18 pour les
IIM C, 0,05 pour les IIM W et 0,08 pour les IIM Y (Figure 3).
Le méningocoque
Après une baisseest une
entrebactérie
2011 etcapsulée
2014, le(voir
tauxinfra) et plusieurs
de notification dessérogroupes
IIM B en 2015capsulaires
(0,37/100 de
méningocoque ont été de
000) était proche individualisés. Enen
celui observé France,
2014 les sérogroupes
(0,35/100 000). capsulaires B (prédominant)
Le taux de notification des IIM etC aC
sont légèrement
impliqués baissé
dans plus
entrede 90 et
2013 % 2015.
des cas d’IIM.
Il faut Le sérogroupe
cependant à l’augmentation
Y est également
noter une tendance associé des
depuis
IIM
Y dont le taux de notification a doublé entre 2010 (0,04/100
quelques années à une proportion significative de cas (10 %). 000) et 2015 (0,08/100 000). Pour les IIM
W, les taux de notification en 2015 (0,05/100 000) est comparable à celui de 2013 mais un peu
supérieur à celui de 2014.
Figure 3 : TauxInfections
de notification des à
invasives infections invasives
méningocoque à aux
liées méningocoque
principaux liées aux principaux
sérogroupes, France entière, 1999-2015
sérogroupes, France entière, 1999-2015
DansTous
le monde, les sérogroupes
sérogroupes confondus, A,
le B, C, YH/F
ratio et était
W135 dereprésentent plus de
1,1. L’âge médian 99de
était % des souches
19 ans. isolées.
Les taux de
notification par années d’âge en 2015 montrent 2 pics : chez les nourrissons de moins
L’Afrique subsaharienne regroupe à elle seule 90 % des cas d’IIM. Les IIM y évoluent sous la forme de 1 an
(8,9/100 000 avec 70 cas) et les jeunes adultes de 18-20 ans (1,5/100 000 avec 34 cas) (Figure 4).
de bouffées épidémiques (principalement en saison sèche) avec une prédominance des sérogroupes
C (majoritaire),
Figure 4 : ATaux de notification des infections invasives à méningocoque par groupes âge
et W135.
France entière, 2015
76
1.2 Physiopathologie
La fréquence de portage dans la population générale et la faible incidence des IIM indiquent que la
survenue d’une IIM chez un sujet est un accident ponctuel lié à des :
Une fois l’épithélium de la muqueuse rhinopharyngée franchi, la bactérie dissémine par voie
hématogène.
La survenue d’une méningite est liée à la capacité de la bactérie à adhérer aux cellules endothéliales
des capillaires cérébraux, à franchir la barrière hématoencéphalique puis à se multiplier dans le
liquide céphalorachidien (LCR).
1.3 Clinique
Les tableaux cliniques observés dans les IIM sont surtout des méningites et des méningococcémies
(bactériémie à méningocoque). Les formes les plus graves, de mortalité élevée, se compliquent de
choc septique avec souvent présence d’un purpura : cette forme clinique est appelée purpura
fulminans (30%).
Le purpura fulminans (Figure 1) : apparition d’un syndrome infectieux sévère et purpura (évolution
extensive rapide).
77
Figure 1 : Purpura fulminans
La recherche d’antigènes solubles de N. meningitidis dans le LCR n’est plus recommandée (manque
de sensibilité et manque de spécificité).
78
1.5 Culture
Le méningocoque est un germe fragile : mise en culture rapide (milieux riches au sang) ; culture
positive en 18/36h. Identification (spectrométrie de masse ou biochimique) et sérogroupage.
Les bêta-lactamines : traitement de référence des IIM (excellente activité intrinsèque sur
N. meningitidis et bonne diffusion méningée). Dans les IIM, le pronostic est déterminé par la
précocité de la mise en route du traitement (le retard à une antibiothérapie adaptée est fortement
corrélé à un pronostic défavorable et à une augmentation de la mortalité).
- Sans délai pour un purpura fulminans, y compris au domicile du patient : aucun prélèvement ne
doit retarder la mise en route du traitement ;
- Le plus tôt possible et moins d’une heure après l’admission à l’hôpital pour une méningite
bactérienne (penser à faire prélever des hémocultures si la ponction lombaire ne peut être
réalisée avant de débuter les antibiotiques.
- Les sujets contact sont définis ainsi : personnes ayant été exposées directement aux sécrétions
rhinopharyngées d’un cas d’IIM dans les dix jours précédant son hospitalisation ; l’Agence régionale
de santé (ARS) coordonne la prophylaxie des sujets contacts.
79
Les vaccins de nature polyosidique capsulaire n’existent que contre les méningocoques des
groupes A, C, Y et W135
Pour le sérogroupe B, il existe un vaccin multi-composant sous-capsulaire (Bexsero®), mais qui n’est
pas recommandé pour les sujets contacts de cas sporadiques d’IIM de sérogroupe B (indications
limitées aux épidémies ou zones géographiques à forte endémie ou patients atteints de certains
déficits immunitaires).
B. catarrhalis est présente dans la flore de l’oropharynx (portage sain) : environ 5% des adultes et
70% chez les enfants.
Chez les enfants : 3ème étiologie des otites moyennes aigues après Haemophilus influenzae et
Streptococcus pneumoniae. Elle peut être également l’agent d’infections des voies respiratoires
supérieures, notamment de sinusites.
En revanche, la famille des entérobactéries est très hétérogène pour la pathogénie et l'écologie:
- Pathogènes stricts : Shigella, Salmonella, Yersinia pestis
- Commensaux : Escherichia coli, Proteus mirabilis, Klebsiella
- Saprophytes : Enterobacter, Serratia.
2. REPARTITION EN GENRES
Au sein des entérobactéries, on distingue de nombreux genres (Shigella, Escherichia,
Enterobacter, Serratia, etc…). Initialement individualisés par des caractères phénotypiques
communs (caractères biochimiques comme la fermentation du lactose, production d'indole) et
maintenant identifiés par spectrométrie de masse.
On se sert aussi des caractères antigéniques. En effet, les entérobactéries possèdent toutes des
antigènes de paroi (LPS) ou antigènes O. Les entérobactéries mobiles possèdent en plus des
antigènes de flagelle ou antigènes H. Enfin, certains possèdent un antigène de capsule ou
antigène K.
a) Antigène O
L'antigène O est l'endotoxine des bactéries à Gram négatif (la dose létale pour la souris est de 200
mcg).
81
L'antigène O est constitué d'une mosaïque d'antigènes. On peut les mettre en évidence par
plusieurs techniques dont la plus courante est l'agglutination sur lame avec des anticorps
spécifiques
b) Antigène H
L'antigène H qui correspond aux flagelles (mobilité) n'est pas toxique. De nature protéique, il est
constitué d'une mosaïque d'antigènes. On peut les mettre en évidence par agglutination sur lame
avec des anticorps de collection (idem que ci-dessus).
c) Antigène K
4. ESCHERICHIA COLI
4.1 Définition
Escherichia coli (colibacille) est une entérobactérie mobile capable de produire de l'indole.
4.2 Habitat
E. coli est un commensal du tube digestif de l'homme et des mammifères. Il représente à lui seul
la plus grande partie de la flore bactérienne aérobie de l'intestin (espèce aérobie dominante) à
raison de 108 par gramme de fèces (flore totale : 1011 à 1012 bactéries par gramme).
- Par pénétration par voie urétrale ascendante (contiguïté) dans l'arbre urinaire (Voir Chapitre
infections urinaires), ils peuvent être à l'origine de cystite (infection "urinaire basse" limitée à la
vessie, sans fièvre) et de pyélonéphrite (infection urinaire "haute" du rein, avec fièvre et
bactériémie). E. coli est responsable de plus des trois-quarts des infections urinaires spontanées
en pratique de ville. La pénétration des colibacilles dans l'arbre urinaire est favorisée chez la
femme par la brièveté de l'urètre. La persistance dans les voies urinaires est favorisée par (1) la
présence de pili ou fimbriae (adhésines) à la surface des bactéries pour lesquels il existe des
récepteurs à la surface des cellules épithéliales urinaires et (2) toute anomalie fonctionnelle de
l'arbre urinaire (stase, obstacle, reflux...).
- Par essaimage à point de départ digestif : (a) régional : cholécystite suppurée, péritonite, (b)
général : bactériémie.
- Par contamination néonatale : méningite du nouveau-né (souche K1 dont la capsule ressemble à
celle du méningocoque B).
82
4.3.2 Certaines souches de colibacilles ont un pouvoir entéropathogène intrinsèque (Voir
chap. Diarrhées).
5. DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE
5.1 Dans les infections urinaires, le diagnostic bactériologique repose sur la mise en
évidence
- à l'examen microscopique : d'une réaction inflammatoire avec présence de polynucléaires (≥
104/ml)
- en culture : d'une concentration ≥ à 103/ml qui est suffisante pour établir le diagnostic d'infection
urinaire basse symptomatique à E. coli.
Lors d'une pyélonéphrite, les hémocultures peuvent être positives
5.2 Dans les infections locales autres qu'urinaires (péritonites...), le diagnostic est fait
selon les procédés habituels : prélèvements aseptiques, examen microscopique à la recherche
d'une réaction inflammatoire et de bacilles à Gram négatif, culture, identification et
antibiogramme.
Proteus mirabilis vient au second rang, après E. coli, dans l'étiologie des infections urinaires de
ville (10% des cas).
83
KLEBSIELLA PNEUMONIAE et KLEBSIELLA OXYTOCA
Ceux sont des espèces commensales du tube digestif et parfois des voies aériennes supérieures ;
K. pneumoniae, provoque des infections urinaires (5 % des infections en ville) et des surinfections
des bronches chez les bronchopathes chroniques, voire des abcès du poumon.
Toutes ces espèces sont naturellement résistantes à l'ampicilline et aux céphalosporines de 1ère
génération par production de céphalosporinase chromosomique inductible.
84
Chapitre 10 :
BACILLES A GRAM NEGATIF
EXIGEANTS OU HEMOPHILES
1. CLASSIFICATION
Genre Haemophilus :
- Exigeants pour leur croissance de 1 ou 2 facteurs présents dans le sang : Le facteur "V" (lettre "v"
majuscule), thermolabile = coenzyme 1 ou Nicotinamide- Adénine-Dinucléotide (NAD) et le facteur
"X" (lettre "x" majuscule) ou hémine, thermostable = ferroprotoporphyrine.
Le genre est composé d’espèces diverses primitivement commensales des muqueuses de l’homme
et des animaux : muqueuse de l’arbre respiratoire supérieur. Les Haemophilus peuvent également
être commensaux de l’appareil génital.
2. HAEMOPHILUS INFLUENZAE
2.1 Habitat - épidémiologie
En France, les infections invasives chez l’enfant (méningites, epiglottites, bactériémies, arthrites)
sont devenues rares depuis la vaccination anti-Hib obligatoire (incidence annuelle : enfants âgés de
0 à 4 ans à 2 pour 100.000).
- Méningites purulentes : souches capsulées chez enfant rares depuis vaccin ; souches non capsulées
rapportées chez adulte >60 ans.
- Infections voies aériennes supérieures : rhinopharyngites, sinusites et otites (H. influenzae est
l'agent le plus fréquent des otites moyennes, immédiatement suivi par le pneumocoque) ;
occasionnellement laryngites, laryngo-trachéite, épiglottite.
85
- Infections voies aériennes inférieures : rôle important au cours des exacerbations de BPCO et de
pneumonies compliquant des infections virales.
- Autres localisations : par voie hématogène HAI peut entraîner une endocardite, une arthrite.
Autres infections décrites : urétrites, endométrites, salpingites, infections néo-natales.
Prévention
Vaccination par polysaccharide capsulaire de type b (âge 2, 4 mois et rappel 11 mois).
Prévient les infections invasives mais a peu d'influence sur les infections ORL et respiratoires. La
vaccination a entrainé une diminution spectaculaire, durant les 10 dernières années, de l'incidence
des infections invasives de l'enfant (méningites…).
86
3. AUTRES HAEMOPHILUS
H. ducreyi, est l’agent du chancre mou (voir IST)
87
Chapitre 11 :
BACILLES GRAM NEGATIF AEROBIES STRICTS
1. PSEUDOMONAS AERUGINOSA
1.1 Modes de transmission et épidémiologie
Pseudomonas aeruginosa (PA) (couleur vert-de-gris) ou bacille pyocyanique (Gessard en 1882)
1ère guerre mondiale : agent du “pus bleu” à l'origine de la surinfection de plaies chez les soldats.
La dernière enquête de prévalence des infections associées aux soins organisée par Santé publique
France en 2012, classe PA au 3ème rang (8,4%) des espèces nosocomiales, derrière E. coli (26,0%) et
S. aureus (15,9%). Elle est une cause majeure d'infections pulmonaires nosocomiales (18,1%),
notamment dans les services de réanimation.
Réservoir “ubiquitaire”, en étroite relation avec les environnements hydriques riches en matière
organique (piscines, jacuzzi, égouts, lacs, estuaires...). L'hôpital est une niche écologique favorable
(siphons, douches, toilettes, endoscopes, nébulisateurs, humidificateurs, respirateurs...).
La contamination des malades peut être, soit directe à partir des réservoirs environnementaux, soit
indirecte par le matériel médical ou les mains du personnel soignant. Plus rarement, la bactérie peut
être retrouvée dans la flore digestive de l'Homme et s'y maintenir lorsque celle-ci est perturbée
(dysbiose) par la prise d'antibiotiques.
Les souches de PA sont isolées de façon sporadique ou être responsables de véritables épidémies
dans les services de soins (source environnementale).
1.2 Physiopathologie
PA est une bactérie opportuniste peu ou pas virulente chez l'individu sain mais qui peut s'avérer
redoutable chez les sujets dont l'immunité est affaiblie. Son génome, un des plus grands (6,3 millions
de paires de bases) parmi ceux des espèces bactériennes d'intérêt médical, lui permet de s'adapter
aux environnements hostiles et d'infecter divers hôtes dont l'Homme grâce à la production de
facteurs de virulence. On parle de virulence multifactorielle combinatoire (système de
communication intercellulaire, facteurs de virulence). De plus les cellules PA peuvent s'associer
entre elles pour former une structure hétérogène appelée biofilm : les bactéries s'entourent d'une
matrice complexe formée de polymères (ADN, polysaccharides) et de protéines, qui les met à l'abri
88
des défenses immunitaires de l'hôte. Cette forme de vie communautaire sessile s'oppose à la vie
planctonique, libre. La formation de biofilm s'accompagne d'une forte augmentation de la résistance
aux antibiotiques, source de difficultés thérapeutiques, ainsi que d'une chute dans la production de
la plupart des facteurs de virulence. Elle s'observe dans certaines infections chroniques en relation
avec la présence de matériel implanté (sondes urinaires, cathéters, sondes endotrachéales,
prothèses...) ou la production d'un mucus bronchique anormalement épais (cas de la mucoviscidose
ou de la bronchopneumopathie chronique obstructive). Cette forme de vie collective serait à
l'origine de la contamination des réseaux d'eau et, de fait, de cas d'infections nosocomiales en lien
avec ces systèmes de distribution.
1.3 Infections à PA
- Infections communautaires : PA est peu pathogène chez le sujet immunocompétent. Toutefois, à
l'occasion d'une baignade dans des eaux contaminées, il peut être responsable d'infections
communautaires le plus souvent bénignes telles que des folliculites, des surinfections de plaies ou
encore des otites externes. Les kératites méritent cependant une prise en charge anti-infectieuse
précoce pour éviter des séquelles cicatricielles, voire (cas rarissime) une fonte purulente de l'œil.
Les porteurs de lentilles sont plus à risque de développer des kératites à PA.
89
obstructive), les colonies ont un morphotype mucoïde (colonies luisantes, muqueuses, voire
coulantes) est associé à la production d’exopolysaccharide visqueux.
PA est capable de développer de nombreuses résistances, soit par l'activation de ses mécanismes
intrinsèques (naturels), soit par l'acquisition de matériel génétique étranger véhiculé par des
éléments mobiles (plasmides, transposons).
A. baumannii est susceptible de coloniser la peau, le tube digestif et l’oropharynx. Bien que son
pouvoir pathogène soit faible, il peut être responsable d’infections nosocomiales sévères comme
des pneumopathies (patients ventilés), des bactériémies ou encore des infections sur cathéter chez
des patients fragilisés, des infections urinaires sur sonde. D’autres localisations sont également
possibles : œil, SNC (méningite post-intervention neuro-chirurgicale). Les personnes à risque sont
les patients hospitalisés en réanimation, les immunodéprimés et les grands brûlés.
92
Chapitre 12 :
BACTERIES RESPONSABLES DE PNEUMONIES
ATYPIQUES
1. MYCOPLASMA PNEUMONIAE
1.1 Habitat et pouvoir pathogène
Découvert en 1944, M. pneumoniae (MP) a été considéré initialement comme un virus en raison de
sa petite taille.
Germe de transmission interhumaine (microgouttelettes de salive).
MP n’appartient pas à la flore commensale des voies respiratoires.
MP est responsable d’infections respiratoires surtout chez les jeunes enfants et jeunes adultes (5-
35 ans). Les infections sont endémiques avec des poussées épidémiques. MP est responsable de
30% des pneumonies communautaires (PAC) chez l’enfant (jusqu’à 50% entre 5 et 15 ans). MP est
le 2ème agent responsable de PAC après le pneumocoque.
1.2 Manifestations respiratoires
MP est responsable d’infections aiguës : trachéobronchites (majorité des cas) avec toux trainante.
Forme caractéristique : syndrome fébrile, tableau de pneumonie d’installation progressive avec
signes de la sphère ORL et toux sèche.
2. DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE
2.1 Diagnostic direct par culture
Les prélèvements doivent rapporter des cellules auxquelles adhère MP : prélèvement de gorge et
aspiration nasopharyngée (en milieu de transport) ; LBA (éviter les crachats en raison de la forte
contamination par la fore commensale).
Pas d’examen microscopique.
Culture de MP fastidieuse (milieux de culture complexes, 7 à 10 jours) : laboratoires spécialisés.
2.4 Traitement
Du fait de l’absence de paroi, MP est résistant aux bêta-lactamines. MP est sensible aux cyclines, aux
macrolides et aux fluroquinolones.
Le traitement repose sur les macrolides : durée de traitement fonction de la molécule.
3. CHLAMYDIA PNEUMONIAE
3.1 Habitat et pouvoir pathogène
Homme avec transmission exclusivement interhumaine.
La prévalence des anticorps spécifique est de 25-50% à l’âge adulte.
4. CHLAMYDIA PSITTACI
4.1 Habitat et pouvoir pathogène
Réservoir de germes : oiseaux (pigeon, perroquet, perruche) et mammifères. Distribution mondiale.
La maladie est souvent bénigne avec un syndrome pseudo-grippal (fièvre, céphalées, myalgie) et
une toux sèche. Elle peut être plus grave avec une pneumopathie atypique sévère (parfois SDRA),
ou plus rarement une forme extra-pulmonaire (rénale, encéphalite, myocardite, glomérulonéphrite
…) ; mortalité 1%.
4.3 Traitement
Préventif : règlements d'hygiène publique (pigeons) et d'importation des oiseaux d'agrément.
Curatif : antibiotiques qui ont une bonne pénétration cellulaire : cyclines (doxycycline) ou
macrolides.
5. LEGIONELLA PNEUMOPHILA
5.1 Classification
Le genre Legionella comprend environ 60 espèces. L’espèce « type » : Legionella pneumophila
responsable de 90% des cas de légionellose, parmi lesquels le sérogroupe 1 de cette espèce
prédomine (85% des cas).
Le nom de la maladie vient des circonstances de sa découverte en 1976 (Figure 5) chez des anciens
combattants ayant assisté à un congrès dans un hôtel de Philadelphie (Pennsylvanie), aux USA.
95
Facteurs de risque : âge (>50 ans), sexe masculin, tabac, diabète, corticothérapie, traitements
immunosuppresseurs, durée et répétition de l’exposition.
La légionellose est une maladie à déclaration obligatoire (UE6-142).
- Tous les cas de légionellose diagnostiqués doivent être déclarés (médecins et biologistes) aux
autorités sanitaires locales (Agences Régionales de Santé - ARS).
- Fiche de notification, permet une enquête autour du cas : questionnaire standardisé qui permet
de recueillir des informations complémentaires relatives aux caractéristiques du patient et à ses
activités pendant la période d’incubation (jusqu’à 10 jours) et de rechercher d'autres cas liés aux
expositions à risque identifiées. Une enquête environnementale autour du/des cas peut être
menée en complément.
- Culture : Legionella est aérobie et exigeant pour sa croissance (milieux spécifiques très riches) ; la
culture est lente (2 à 5 jours). Culture indispensable pour la comparaison des souches en cas de
cas groupés ou de recherche d’une source unique de contamination.
- Une surveillance environnementale de la prolifération des légionelles dans l'eau (voir circulaires
ministérielles): maîtrise et contrôle des réseaux d'eau, en particulier d'eau chaude, des tours aéro-
97
réfrigérantes et des installations d'hydrothérapie : réseaux en boucle, suppression des bras morts,
eau <20°C ou >50°C, désentartrage, entretien...
- Déclaration immédiate des cas communautaires pour identifier les cas reliés ou groupés. En cas de
légionellose nosocomiale : mettre en place une surveillance clinique de tous les patients
hospitalisés susceptibles d’avoir été exposés, afin de mettre en œuvre très rapidement le
traitement approprié si cela s’avère nécessaire.
98
Chapitre 13 :
BACTERIES RESPONSABLES DE DIARRHEES
Sources : REMIC 2018, PILLY 2016 et 2018, site web Institut Pasteur (site des CNR)
La diarrhée aigüe est définie par l’émission d’au moins 3 selles liquides et/ou molles par jour.
1.1 Clinique
Chez l’homme, les salmonelloses sont responsables de 2 grands types d’infections liés à certains
sérotypes :
1. Les fièvres typhoïdes et paratyphoïdes (maladies à déclaration obligatoire) causées par des
sérotypes de Salmonella strictement adaptés à l'homme, que l’on appelle encore les salmonelles
majeures : Salmonella Typhi (typhoïde), Salmonella Paratyphi A, Paratyphi B et Paratyphi C
(paratyphoïdes). La contamination se fait par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés (péril fécal).
En clinique, après un début progressif, à la phase d’état, la fièvre atteint un plateau à 40°C, associée à
des signes digestifs, neuropsychiques (tuphos), et parfois cutanéo-muqueux. Des formes à début
brutal ou atypiques peuvent se voir.
Les gastro-entérites sont provoquées par les autres sérotypes de Salmonelles, présents chez l’homme
et les animaux, qu’on appelle salmonelles mineures. Le sérotype majoritaire est Typhimurium
(ubiquitaire), puis le sérotype Enteritidis (« filière œuf »). Le principal mode de contamination est
l’ingestion d’aliments non suffisamment cuits.
Les manifestations cliniques sont une fièvre, une diarrhée, des vomissements et des douleurs
abdominales.
99
1.3 Traitement
- Fièvres typhoïdes/paratyphoïdes : fluoroquinolones ou ceftriaxone. L’azythromycine est une
alternative thérapeutique dans les formes non compliquées en cas de souche de sensibilité diminuée
aux fluoroquinolones
1.4 Prévention
- Hygiène générale : aliments, eau potable...
- Le vaccin anti-typhoïdique est bien toléré (une seule injection) et est recommandé aux voyageurs
qui se rendent dans des régions à risque.
- Bonne cuisson des aliments (viandes++), lavage des mains après contact avec un animal vivant
(reptiles ++)
2.1 Clinique
La forme dysentérique aiguë typique de l’adulte débute brusquement, après une incubation de 24 à
72h. Elle est caractérisée par des douleurs abdominales, souvent accompagnées de vomissements,
d’épreintes et de l’émission quasi permanente de selles innombrables, glairo-sanglantes et
purulentes, voire parfois hémorragiques. La fièvre est élevée, avec altération de l’état général. Des
complications sont possibles, (nourrisson et jeune enfant ++), responsables de formes graves
pouvant aboutir au décès.
Il existe également des formes bénignes (diarrhée aqueuse sans fièvre souvent due à S. sonnei), et des
formes subaiguës.
100
2.2 Bases biologiques
- Les shigelles sont très virulentes et quelques dizaines de bacilles suffisent à provoquer la maladie.
Elles envahissent les cellules épithéliales intestinales puis le tissu constituant la muqueuse recto-
colique, conduisant à une inflammation intense et la destruction des tissus (caractère entéro-
invasif).
- Plasmide de virulence
- Certaines souches de S. dysenteriae produisent une toxine (shiga-toxine) codée par un gène
chromosomique et pouvant causer un syndrome hémolytique et urémique (SHU). Ces souches sont
surtout rencontrées dans les pays en voie de développement.
2.4 Traitement
Réhydratation et antibiothérapie (en fonction de l’antibiogramme : amoxicilline, cotrimoxazole,
fluoroquinolone ou azithromycine). Cependant des souches multirésistantes émergent. Le recours aux
céphalosporines de 3ème génération peut s’avérer nécessaire.
2.5 Prévention
Hygiène générale : mains, aliments, eau potable (lutte contre le péril fécal).
Yersinia est une bactérie ubiquitaire très répandue dans la nature et capable de se multiplier à 4°C. Le
réservoir est principalement animal (porc +++). La transmission est féco-orale après ingestion
d’aliments contaminés.
3.1 Clinique
Yersinia est la 3e cause de diarrhée bactérienne en France (après Campylobacter et Salmonella).
Y. enterocolitica est responsable d’entérite aigue avec fièvre, diarrhées et douleurs abdominales et
prédomine chez l’enfant de moins de 10 ans.
101
Y. pseudotuberculosis touche surtout les personnes de plus de 60 ans. Elle est responsable d’adénite
mésentérique et peut donner un syndrome pseudo-appendiculaire.
Les yersinioses sont souvent sévères chez les personnes de plus de 60 ans qui développent des formes
généralisées souvent mortelles.
3.2 Diagnostic
Yersinia doit être recherchée à partir des selles sur milieux sélectif (coproculture) devant tout
syndrome digestif même en l’absence de diarrhées. Des hémocultures doivent être réalisées.
L’isolement d’une souche de Y. pseudotuberculosis signe la pathologie infectieuse observée. En
revanche les souches de Y. enterocolitica pathogènes appartiennent à certains sérogroupes
particuliers.
La recherche par amplification génique à partir des selles est également possible.
La sérologie peut être utile dans certains cas (après antibiothérapie, lors de complication
secondaires…).
3.3 Traitement
Y. pseudotuberculosis est habituellement sensible aux antibiotiques utilisés pour traiter les infections
à bacilles à Gram négatif.
Y. enterocolitica est naturellement résistant aux pénicillines et aux céphalosporines de 1 ère et 2eme
génération (pénicillinase et céphalosporinase chromosomiques). Y. enterocolitica est sensible à la
ciprofloxacine (première intention) et à la ceftriaxone (C3G).
E. coli est une bactérie retrouvée dans le tube digestif de l’homme et des animaux à sang chaud. La
plupart des souches de E. coli sont inoffensives, seules quelques-unes sont pathogènes. Les souches
responsables de diarrhées sont classées en 5 pathovars principaux : E. coli entérotoxinogènes (ETEC,
qui produisent des toxines), entéropathogènes (EPEC, qui remanient localement le cytosquelette en
adhérant à la membrane cytoplasmique et détruisent les microvillosités environnantes sans invasion
de la muqueuse), entéroaggrégatifs (EAEC, qui adhèrent aux entérocytes différemment des EPEC),
entérohémorragiques (EHEC ou STEC, qui sont des EPEC qui produisent en plus une shiga-toxine),
entéroinvasifs (EIEC, qui envahissent la muqueuse colique et induisent une réponse inflammatoire
destructrice).
Les E. coli entéro-hémorragiques (EHEC ou E. coli producteurs de shiga-toxines) : STEC sont des
pathogènes associés à des manifestations digestives qui vont de la diarrhée aqueuse bénigne à la
102
colite hémorragique pouvant évoluer vers un syndrome hémolytique et urémique (SHU) en
particulier chez l’enfant. Ils sont responsables de cas sporadiques ou d’épidémies.
La virulence est liée à la production de Shiga toxine (Stx). La technique de référence pour mettre en
évidence une infection à EHEC est la PCR qui détecte les toxines stx1 ou stx2 dans les selles. Les toxines
Stx peuvent aussi être détectées par des tests immunologiques mais leur sensibilité reste encore
insuffisante. Les EHEC doivent être recherchés devant une diarrhée sanglante, le plus tôt possible
après le début de la symptomatologie (brièveté de l’émission de EHEC).
La plupart des antibiotiques sont déconseillés pour traiter les infections à EHEC. En effet ils
entraînent la libération de shiga-toxines dans l’organisme par destruction des bactéries, ce qui peut
déclencher ou aggraver un SHU.
Les diarrhées aqueuses de retour de voyage (« turista ») sont le plus souvent liées aux E. coli
entérotoxinogènes (ETEC). Ces souches agissent par l’intermédiaire de leur entérotoxine pour
provoquer une diarrhée cholériforme. La recherche de ce pathotype n’est pas réalisée en pratique
courante (possibilité de détection par PCR des gènes des entérotoxines).
Les E. coli entéroinvasifs (EIEC) doivent être recherchés après un voyage récent en « pays tropical ».
Les E. coli entéropathogènes (EPEC) sont surtout cause de gastro-entérites infantiles dans les
maternités ou les crèches.
Les E. coli entéroaggrégatifs (EAEC) sont responsables du même type de diarrhée que les EPEC mais
avec une évolution parfois plus chronique. Ils sont aussi responsables de diarrhée du voyageur.
2/ les « Vibrions non cholériques » comprenant les sérogroupes autres que O1 ou O139 de l’espèce
V. cholerae ainsi que onze autres espèces du genre Vibrio (ex. V. parahaemolyticus).
Les vibrions non cholériques sont responsables de diarrhées aqueuses moins sévères.
5.6 Traitement
Réhydratation et traitement antibiotique (la doxycycline est le traitement de première intention mais
l’antibiogramme est nécessaire).
5.7 Prévention
Hygiène générale : eau potable.
Vaccination (efficacité limitée).
Les 2 principales espèces les plus fréquemment rencontrées dans les selles en France sont C. jejuni
et C. coli.
104
Les infections à Campylobacter sont la première cause d’infections bactériennes intestinales ; des
infections systémiques sont décrites. Elles représentent également la première cause du syndrome
de Guillain-Barré (complication post-infectieuse d’ordre neuro-immunologique).
La volaille est la principale source de contamination humaine. Mais d’autres sources sont possibles :
viande d’autres animaux domestiques, contacts avec animaux de compagnie (chats, chiens),
contamination de sources d’eau (pays en voie de développement).
6.1 Diagnostic
- Les selles doivent être acheminées rapidement au laboratoire (fragilité des Campylobacter spp.)
- La culture des selles est faite sur un milieu riche, sélectif, incubé en atmosphère microaérophile.
La recherche par amplification génique est également possible.
- Les tests immuno-chromatographiques rapides sont plus sensibles que la culture et ont une bonne
spécificité. Ils peuvent être utilisés en screening avant la culture.
- Le diagnostic sérologique n’est utile que pour confirmer l’étiologie d’un syndrome de Guillain-
Barré.
6.2 Traitement
L’infection peut guérir spontanément. L’azithromycine est le traitement de première intention.
L’antibiogramme est indispensable du fait de l’augmentation des résistances.
Un des aspects caractéristiques des ICD est le taux élevé de récidives (dans les 2 mois, chez environ
20 % des patients après un premier épisode et chez 40% des patients ayant fait une première récidive).
Les principaux facteurs de risques d’infection sont l’âge (≥ 65 ans), l’administration d’antibiotiques
(principalement céphalosporines de troisième génération, amoxicilline associée à l’acide
clavulanique, clindamycine et fluoroquinolones) et l’hospitalisation.
105
7.2 Base(s) biologique(s) du pouvoir pathogène
La virulence des souches est principalement liée à la sécrétion de 2 toxines : les toxines A et B.
Le diagnostic des ICD repose sur des arguments cliniques et sur la détection des toxines libres dans
les selles (affirme le diagnostic) ou sur la mise en évidence d'une souche toxinogène (ICD ou portage
d’une souche toxinogène chez un patient qui a la diarrhée pour une autre raison, à confronter au
contexte clinique). Un algorithme en deux étapes composé d'une méthode sensible de dépistage,
suivie d'une méthode de confirmation plus spécifique est recommandée. La recherche de C. difficile
ne fait pas partie de la coproculture standard.
7.4 Traitement
Réhydrater et, si possible arrêter l’antibiotique inducteur ou le remplacer par un antibiotique à
moindre risque. Le métronidazole per os reste le traitement de première intention des formes simples
d’ICD. La vancomycine per os est plus efficace que le métronidazole, en particulier pour les formes
sévères d’ICD. La fidaxomicine peut également être utilisée dans le traitement des ICD. Dans les cas
de récidives multiples la transplantation de microbiote fécal est recommandée.
7.5 Prévention
La prévention primaire repose sur le bon usage des antibiotiques. La prévention secondaire repose
sur la mise en place de précautions contact, l’isolement du patient en chambre seule, la désinfection
quotidienne des locaux par un produit sporicide (chambre), l’utilisation de matériel à usage unique, le
port de gants, l’hygiène des mains.
Certaines bactéries peuvent être responsables de TIAC par production de toxines présentes dans
l’aliment ingéré : Staphylococcus aureus, B. cereus.
106
9. POINTS CLES DIAGNOSTIC DES DIARREES BACTERIENNES
Diarrhée = ≥ 3 selles/jours non moulées ; la majorité de résolution spontanée avec un traitement
symptomatique (diarrhée aigue = évolution < 2 semaines)
Penser à faire des hémocultures si fièvre
Réalisation d’une coproculture indiquée si : diarrhée fébrile, immunosuppression, signes de gravité
(déshydratation, sepsis, syndrome occlusif…), retour des tropiques ..
Permet la recherche des Salmonelles, Shigella spp., Campylobacter, Yersinia
Une toxi-infection alimentaire (TIAC) = au moins 2 cas dont on peut rapporter la cause à une même
origine alimentaire ; Déclaration obligatoire ; les 3 principales causes de TIAC sont les salmonelles
(non typiques), Staphylococcus aureus et Bacillus cereus.
Prise en charge au laboratoire
Examen macroscopique : consistance, glaires, pus, sang (les recherches ne sont pas réalisées
sur les selles moulées)
Examen microscopique : peu informatif sauf vibrio
Cultures sur milieu sélectif (rechercher un pathogène parmi une flore riche et variée) =
milieux permettant de mettre en évidence une particularité du pathogène recherché ou de
favoriser sa culture/flore digestive
Milieux d’enrichissement (salmonelles)
Identifications et antibiogrammes, séroagglutination (salmonelles, shigelles..)
Développement de méthodes moléculaires plus rapides
107
Chapitre 13 :
LES INFECTIONS SEXUELLEMENT
TRANSMISSIBLES
INTRODUCTION
Terme : Infection sexuellement Transmissibles (IST) à utiliser plutôt que Maladies Sexuellement
Transmissibles (MST) car prend en compte la notion de formes asymptomatiques.
POINTS FORTS
Ne sont traités dans ce chapitre que les IST liées à des bactéries : Gonocoque, Chlamydia, Syphilis,
Mycoplasmes
108
1. INFECTIONS A NEISSERIA GONORRHOEAE
1.1 Habitat
Le gonocoque (NG) est un parasite strict de l'espèce humaine.
a) Chez l'homme :
2 à 7 jours d’incubation.
Urétrite antérieure aiguë avec écoulement purulent et brûlures vives à la miction ("chaude-pisse").
Dans moins de 5 % des cas, l'infection urétrale est pauci ou asymptomatique.
L'infection peut s'étendre aux glandes urétrales, à la prostate, aux vésicules séminales et à
l'épididyme.
Des bactériémies peuvent se produire, entrainer la dissémination de NG dans l'organisme et être
responsables de lésions cutanées (papules hémorragiques, pustules), d'arthrites ou de
ténosynovites (genou, cheville, poignet), etc...
b) Chez la femme :
L'infection est le plus souvent peu ou pas symptomatique (70% des cas).
Quand elle est symptomatique : urétrite, cervicite, bartholinite, peut donner lieu à un écoulement
purulent.
Extension possible de l'infection qui peut provoquer une salpingite (avec risque d'oblitération
secondaire et de stérilité), une pelvi-péritonite. Ces complications loco-régionales peuvent être les
premières manifestations de l'infection gonococcique chez la femme.
109
d) Chez le nouveau-né, l'ophtalmie purulente due à NG est acquise au moment de la
traversée de la filière génitale lorsque la mère est infectée et non traitée. Elle peut conduire à la
cécité.
2. ETUDE BACTERIOLOGIQUE
2.1 Microscope
Les gonocoques sont des cocci à Gram négatif, en diplocoques (grain de café). Dans les produits
pathologiques (pus urétral), NG apparaissent en amas plus ou moins importants à l'intérieur de
polynucléaires altérés (Figure 1). La sensibilité de cet examen est proche de 100% chez l’homme
symptomatique.
2.2 Culture
Les gonocoques sont des germes fragiles (très sensibles à la dessiccation) et exigeants. La culture
est indispensable pour l’étude de la sensibilité aux antibiotiques.
3. DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE
Le prélèvement bactériologique est indispensable avant la mise en route de tout traitement
antibiotique.
110
a) Prélèvements : pus et sécrétions à partir de l'urètre, col, muqueuse rectale, pharynx ;
premier jet d’urines (chez l’homme) doit être faits de préférence au laboratoire (avant émission
d'urine ou toilette génito-urinaire).
e) Détection des acides nucléiques par PCR (TAAN), La détection du gonocoque par PCR est de
plus en plus pratiquée : elle est souvent couplée avec la recherche de Chlamydia trachomatis (et
Mycoplasma genitalium). Elle est plus sensible que la culture mais ne permet pas de réaliser un
antibiogramme.
4. TRAITEMENT
4.1 Base du traitement curatif
Le traitement de NG, repose sur une antibiothérapie précoce et stérilisante, et doit répondre à
plusieurs impératifs :
Traiter à coup sûr l'infection pour rendre le malade non contagieux, en une prise unique
(traitement minute), seule garantie d'une bonne observance. L’antibiotique utilisé doit être
efficace sur les gonococcies pharyngées.
Traiter en même temps une éventuelle IST à Chlamydia trachomatis, en raison de la
fréquence de cette infection
Toujours rechercher une autre IST associée
S'adresser aux malades mais aussi à leurs partenaires sexuels pour éviter la réinfection (ping-
pong) et la contamination d'autres personnes.
Le traitement antibiotique doit s’accompagner d’un dialogue entre le praticien et son patient
sur les pratiques sexuelles et leurs risques, ainsi que sur les modes de prévention.
4.2 Traitement
Le traitement de référence est un traitement minute par une cephalosporine de 3 ème
génération : la Rocéphine (Ceftriaxone) IM (ou IV) en dose unique.
111
En cas de contre-indication aux bêta-lactamines : gentamicine IM dose unique (ou
ciprofloxacine p.o. dose unique). Attention, compte tenu de la proportion croissante de
souches résistantes à la ciprofloxacine (>40%), cet antibiotique ne peut être utilisé que si l’on
dispose de l’antibiogramme.
Dans tous les cas, les partenaires sexuels doivent être traités en même temps que le malade.
4.3 Prévention
- L'ophtalmie purulente du nouveau-né est prévenue par l'instillation conjonctivale systématique
d'un collyre à l'érythromycine à 0,5 % ou à la tétracycline à 1 %.
- La seule prévention : éducation sexuelle et protection mécanique (préservatifs)
112
5.2 Caractères généraux des chlamydiae
Les Chlamydiae possèdent des antigènes de genre communs à toutes les espèces, des antigènes
d'espèce différents chez C. trachomatis, C. psittaci et C. pneumoniae, et des antigènes de type
permettant de distinguer parmi l'espèce C. trachomatis les types A, B, C du trachome, D à K des
infections génitales et le type L de la lymphogranulomatose vénérienne (LGV). L'étude des anticorps
spécifiques est intéressant pour le diagnostic sérologique de l'infection par les Chlamydiae, quoique
la positivité du sérodiagnostic puisse traduire l'infection passée et non pas l'activité actuelle du
processus infectieux.
a) Le trachome (sérotypes A, B et C)
Maladie endémique largement répandue dans les zones intertropicales : touche 500 millions de
personnes ; Kérato-conjonctivite franche avec altération conjonctivale (papilles rouges et follicules
translucides pathognomoniques) et cornéenne (pannus=néovascularisation). L’infection évolue vers
la cécité par surinfection bactérienne, complications mécaniques et ulcération cornéenne.
Chez l’homme :
- Principal agent des urétrites non gonococciques (entre 20 et 50%) ; incubation très variable
(quelques jours à quelques mois).
- Signes cliniques dans environ 50% des cas (urétrite mucopurulente trainante, gène urétrale,
écoulement clair).
- Complication : épididymite aiguë.
- Syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter : arthrite réactionnelle (sex ratio homme 50/1) survenant
après une urétrite et associant conjonctivite bilatérale et signes articulaires (polyarthrite).
Chez la femme
113
Chez l’homme et la femme
- Rectites et rectocolites (surtout chez les HSH).
- CT peut être retrouvé au niveau du pharynx.
Infections néonatales
Transmission materno-fœtale pouvant entrainer : conjonctivite, pneumopathie interstitielle.
Sérotypes L (L1, L2, L2a et L3), la maladie de Nicolas et Favre est une IST très particulière : maladie
systémique à point de départ génital des régions tropicales et subtropicales. Dans sa forme rectale,
la LGV est en recrudescence dans les pays industrialisés chez les HSH séropositifs pour le VIH.
Après 3 à 30 jours d'incubation, un micro-chancre apparaît au point d'inoculation (gland, vagin, anus)
qui s'accompagne quelques jours plus tard d'une polyadénopathie inguinale qui va ensuite donner
lieu à de multiples fistules en pomme d'arrosoir.
b) Prélèvements
Un milieu de transport est nécessaire. Il doit être adapté à la technique de détection utilisée par le
laboratoire.
Chez la femme
- Dépistage par réalisation d’un auto-prélèvement vaginal.
114
- Prélèvement de l’endocol (sous spéculum) +/- urétral associé est conseillé (les 2 écouvillons
peuvent être déposés dans le même milieu de transport).
- En cas d’infection génitale haute : prélèvements tubaires sous coelioscopie, biopsie d’endomètre.
Chez l’homme
c) Détection par les Techniques de Biologie Moléculaire = détection des acides nucléiques (TAAN :
tests d’amplification des acides nucléiques), sensibles et spécifiques. Plusieurs kits sont disponibles,
la plupart associant la détection simultanée de CT et NG.
d) Culture cellulaire
Technique de référence (laboratoires de référence).
e) Sérologie
Aucun intérêt dans les infections génitales basses. Aide au diagnostic dans les formes compliquées
ou dans la maladie de Nicolas et Favre.
5.5 Traitement
a) Curatif
Les antibiotiques actifs sont ceux qui ont une bonne pénétration cellulaire
115
6. TREPONEMA PALLIDUM, AGENT DE LA SYPHILIS
6.1 Introduction et épidémiologie
Le genre Treponema fait partie des spirochètes qui sont des micro-organismes spiralés (hélicoïdaux),
flexibles, qui se déplacent par ondulations d'un filament axial (Figure 3)
Certains sont des commensaux des muqueuses humaines, notamment des muqueuses buccales,
digestives et génitales.
Espèces pathogènes : Treponema pallidum (TP) de la syphilis, Borrelia budgdorferi de la maladie de
Lyme, et Leptospira de la leptospirose.
TP est l'agent de la syphilis :
- Probablement introduite en Europe au 15e siècle par les marins de Christophe COLOMB,
- Mise en évidence pour la première fois en 1905 par SCHAUDINN et HOFFMANN,
- En 1906 WASSERMANN applique au sérodiagnostic de la syphilis la réaction de fixation du
complément décrite par BORDET.
D'autres tréponèmes sont responsables d'infections cutanées dans les zones tropicales ou
désertiques (Pian, Bejel).
La syphilis est en recrudescence depuis les années 2000 (système de surveillance mis en place car
ce n’est plus une maladie à DO). Maladie endémique dans les pays en voie de développement ; en
France, en majorité épidémie urbaine, chez les HSH, infectés par le VIH.
6.2 Bactériologie
- TP se présente sous forme de spires régulièrement espacées (5 à 15 microns de long sur 0,2 micron
de large) ; TP ne se colore pas ; TP peut être visualisé à l'état frais au microscope à fond noir, ou
après fixation avec des anticorps fluorescent.
- TP comme tous les tréponèmes pathogènes, n'a pas encore été cultivé sur milieu artificiel.
- TP entraîne la formation d'anticorps que l'on peut mettre en évidence par immunofluorescence
indirecte, ou hémaglutination passive.
- TP entraîne aussi la formation d'un anticorps - appelé réagine - que l'on peut mettre en évidence
par fixation du complément ou micro-agglutination, en utilisant des antigènes extraits de tissus
animaux (cardiolipides).
116
6.3 Pouvoir pathogène et clinique
Maladie strictement humaine ; transmission essentiellement vénérienne (chancres, plaques
muqueuses, syphilides érosives, condyloma). Dans 10 % des cas, la lésion primaire est extragénitale
(buccale, rectale). Elle peut être congénitale (contamination transplacentaire dans la seconde moitié
de la grossesse) et exceptionnellement d’origine transfusionnelle.
a) Syphilis primaire
- Dans les transmissions vénériennes, le chancre est constant (5-20 mm) : ulcération souvent unique
(2/3 des cas), indolore (bords réguliers, surface lisse rosée sur une base indurée), accompagné
d’adénopathies non inflammatoires, inguinales surtout sans fistulisation).
Le chancre siège le plus souvent dans la région génitale (chez l’homme : sillon balanopréputial,
prépuce ...; chez la femme col utérin le plus fréquent ou vulvaire au niveau des grandes ou petites
lèvres). Le chancre peut être extragénital (amygdales, langue, lèvre ou anal).
Non traité le chancre guérit spontanément en 3 à 6 semaines, et les adénopathies un peu plus tard.
b) La syphilis secondaire
Elle s’échelonne du 2e mois à la 4e année de la contamination. Les lésions de la syphilis secondaire
sont variées, disséminées et très contagieuses. Elle évolue par vagues et comporte des signes
cutanéo-muqueux, viscéraux et généraux.
La myriade de présentations possibles et la diffusion des lésions font de la syphilis secondaire une
« grande simulatrice », pouvant simuler toute la dermatologie.
- Eruption cutanée (lésions contagieuses++) qui évolue en 2 phases et peuvent durer 6 mois et
récidiver : la roséole puis des manifestations plus tardives (syphilides papuleuses rouge sombre et
cuivrées à base indurée) (Figure 4)
117
Roséole Syphilides
Figure 4 : Lésions cutanées de la syphilis secondaire
Dans environ 1/3 des cas, la syphilis guérit spontanément. Dans 1/3 des cas, malgré l'absence de
traitement, elle va rester latente et se traduire uniquement par une sérologie positive. Dans les 1/3
des cas, la maladie va évoluer d'une manière asymptomatique vers un stade tertiaire caractérisé
par :
- Le développement de lésions granulomateuses de la peau, des os et du foie : les gommes,
- Des lésions dégénératives du système nerveux central (paralysie générale, tabès) ou du système
cardio-vasculaire (aortite avec parfois formation d'anévrysme, insuffisance aortique).
Dans toutes les lésions tertiaires, les tréponèmes sont rares. Les lésions tissulaires sont attribuées à
un état d'hypersensibilité à l'égard du tréponème.
6.4 Diagnostic
a) Prélèvements
- Des frottis de la sérosité dermique du chancre et des lésions secondaires provoquées par grattage
des lésions avec un vaccinostyle pour recherche microscopique du germe.
- Des prélèvements de sang pour recherche des anticorps (sérodiagnostic).
b) Recherche du tréponème
- Par examen au microscope à fond noir, (tréponèmes typiques, mobiles) immédiatement après le
prélèvement qui doit être effectué en laboratoire, soit par immunofluorescence (fixation par un
sérum antitréponémique marqué par la fluorescéine).
L'examen microscopique est peu sensible mais très spécifique.
c) Sérodiagnostic
Le diagnostic sérologique de la syphilis utilise des antigènes non tréponémiques et des antigènes
tréponémiques.
1. Les antigènes non tréponémiques sont des lipides extraits de tissus normaux de mammifères. On
utilise le cardiolipide qui est un extrait de cœur de bœuf. Il réagit avec une substance présente dans
118
le sérum des sujets atteints de syphilis et que l'on appelle la "réagine" : apparaît dans le sérum des
syphilitiques 1 à 2 semaines après le début du chancre et dans le L.C.R., 4 à 8 semaines après le
début du chancre (fièvre). Des réactions dites de floculation ou d'agglutination, type VDRL sont
couramment utilisés pour mettre en évidence la réagine
Toutes les réactions utilisant des antigènes non tréponémiques peuvent donner des résultats
faussement positifs dus à la présence de réagine dans de nombreuses infections (paludisme, lèpre,
rougeole, mononucléose infectieuse, etc…), à des vaccinations, des maladies du collagène, etc…
2. Les antigènes tréponémiques sont des suspensions ou des extraits de TP. Ils permettent de
mettre en évidence des anticorps spécifiques anti-tréponèmes. Trois réactions sérologiques peuvent
être employées :
- La réaction d'hémagglutination passive des tréponèmes (TPHA) utilise comme antigène des
globules rouges de mouton, sur lesquels a été fixé un sonicat de TP. Cette réaction devient positive
un peu plus tardivement.
119
Interprétation schématique de la sérologie
6.5 Traitement
a) Syphilis précoce (primaire, secondaire, latente précoce) < 1 ans
b) Syphilis tardive (tertiaire, latente tardive) > 1 an repose sur les mêmes antibiotiques mais en
traitement prolongé
c) Neurosyphilis : repose sur la pénicilline mais à plus forte dose et en durée supérieure.
Il faut souligner que plusieurs IST peuvent être acquises simultanément. Par exemple un sujet atteint
de gonococcie peut avoir contracté en même temps la syphilis (ou avoir été infecté par le VIH et ne
pas encore en avoir les signes). Il faut mieux traiter la première maladie par des antibiotiques actifs
sur TP et capables de guérir une syphilis en incubation (ß-lactamines)
120
7. MYCOPLASMES
7.1 Classification
Classe des Mollicutes (de mollis cutis : peau molle) ; germes dépourvus de parois (d’où une
résistance naturelle aux bêta-lactamines) ; 18 espèces décrites chez l’homme dont 14 du genre
Mycoplasma, 2 du genre Ureaplasma et 2 du genre Acholeplasma. Certaines espèces colonisent les
muqueuses (respiratoire et génitale). Les espèces pathogènes chez l’homme sont :
7.2 Habitat-transmission
- MH – USP sont des commensaux du tractus uro-génital bas; Taux de colonisation variables (race,
âge, hormones, activité sexuelle, niveau socio-économique…). Chez la femme: USP. Peut-être
retrouvé chez 30% de femmes; MH < 10%.
- MG : agent d’IST; son caractère commensal n’est pas établi; en France, portage évalué à 1-3% dans
la population générale ; détecté chez 3.4% des patients dans les campagnes de dépistage de C.
trachomatis. Sa fréquence augmente fortement dans les populations à risque (HSH).
- Chez la femme: MH et MG sont impliqués dans des salpingites et endométrites. Dans les vaginoses,
MH peut être présent en grande quantité. MG est la seule espèce responsable de cervicites.
- Atteintes extra-génitales :
Les mycoplasmes doivent être recherchés chez les immunodéprimés (USP et MH) ; ils ont été
incriminés au cours de pathologies diverses (voir tableau).
- Troubles de la reproduction
USP (et MH dans moindre mesure) sont incriminés au cours de chorioamniotites, rupture
prématurée des membranes et infections du post-partum ; ils sont associés à un risque plus élevé
de fausses couches spontanées.
- Atteintes néonatales : USP sont incriminés dans prématurité, faible poids de naissance et avec MH
dans des pneumonies, détresses respiratoires et bactériémies. Le rôle de MG reste inconnu.
121
Pathologie Ureaplasma spp. M. hominis M. genitalium
- USP et MH sont cultivés en milieu liquide ; la positivité est vérifiée par repiquage sur milieu
gélosé (résultat en UCC, unité changement de couleur). Différentes trousses commercialisées
permettent la culture, la quantification et l’étude de la sensibilité aux antibiotiques.
122
Critère de pathogénicité :
Homme : prélèvement urétral : USP ≥ 104 UCC/ml et ≥103 UCC/ml dans les urines ;
Femme : vaginoses : MH ≥104 UCC/ml.
Nouveau-né : ≥104 UCC/ml mycoplasme dans un prélèvement endotrachéal ou nasopharyngé
est significatif.
- MG est recherché par biologie moléculaire (NON CULTIVABLE) : plusieurs trousses sont
disponibles.
Pour MG, les résistances acquises aux antibiotiques utilisés en thérapeutique peuvent être
détectées par biologie moléculaire (recherche de mutations).
La résistance acquise des mycoplasmes est due à la sélection de mutants résistants (modification
de la cible des antibiotiques ou protection de la cible liée à un transposon).
Chez MG : les tétracyclines sont peu actives malgré une sensibilité in vitro ; la résistance acquise aux
macrolides concerne 40% des cas ; des résistances acquises aux fluoroquinolones sont décrites.
7.6 Traitement
- UNG à USP : tétracyclines en 1ère intention (7 jours) ; macrolide (azithromycine en cas d’échec ou
de résistance).
- Infections à MG : azithromycine sur 5 jours (jamais en monodose du fait du risque de sélection de
mutants résistants). En cas de résistance, floroquinolone (moxifloxacine) 7 jours. La moxifloxacine
est recommandée dans les endométrites et salpingites.
Les IST Dans la majorité des cas, les IST sont asymptomatiques ou s’accompagnent de symptômes
bénins qui ne sont pas reconnus comme ceux d’une IST (surtout chez la femme).
Les IST bactériennes engagent rarement le pronostic vital mais :
Exposent à un risque d’infections hautes (salpingites) et de stérilité (femme)
Exposent à un risque fonctionnel (syphilis)
Les urétrites et cervicites bactériennes sont essentiellement dues à : Chlamydia trachomatis (la
plus fréquente), gonocoque et syphilis
Les ulcérations sont surtout dues à Treponema pallidum (syphilis Iaire).
Les prostatites, orchites et épidydimites sont des formes particulières d’infections urinaires
(surtout E. coli), dont exceptionnellement des IST
124
Item de connaissances 162 : Infections Sexuellement Transmissibles (IST)
Connaître les causes des IST selon leur expression clinique
Connaitre les mesures préventives des IST
Connaitre les principes de prise en charge du ou des partenaires
Connaître les causes des ulcérations génitales infectieuses ou non infectieuses
Syphilis primaire (chancre)
Connaitre les signes cliniques de l'urétrite masculine
Connaitre les signes cliniques d' une infection génitale basse chez la femme
Connaître les causes d'infections génitales basses chez la femme
Connaitre les examens complémentaires à réaliser en cas d'IST: ulcérations génitales,
urétrites, orchites, infections basses de la femme, infections hautes de la femme, localisation
extra-génitales
Connaître les modalités du traitement probabiliste des IST
Savoir choisir les antibiotiques après documentation microbiologique de l'IST
Connaître les modalités de prévention des IST
Connaitre les signes cliniques d’une syphilis précoce
Connaître et les tests sérologiques au cours de la syphilis
Savoir traiter la syphilis primaire
Principales conséquences à long terme des IGH chez la femme
125
Chapitre 15 : MYCOBACTERIES
1. CLASSIFICATION BACTERIOLOGIQUE (Figure 1)
1.1 Pathogènes stricts :
- Complexe Mycobacterium tuberculosis : 11 espèces au total dont les principales retrouvées
en clinique humaine sont :
o M. tuberculosis sensu stricto = bacille de Koch (BK),
o M. bovis (dont la souche vaccinale M. bovis BCG = bacille de Calmette et Guérin,
souche de M. bovis de virulence atténuée)
o M. africanum
- M. leprae (= bacille de Hansen) responsable de la lèpre
126
2. HABITAT
Parasite strict de l’homme pour les pathogènes stricts (à l’exception de M. bovis dont le réservoir est
animal).
Réservoir environnemental pour les pathogènes opportunistes (mycobactéries non tuberculeuses).
2.1.2 M. leprae
Agent responsable de la lèpre, maladie infectieuse chronique provoquant des lésions cutanées et
nerveuses conduisant à une invalidité sévère en l’absence de traitement.
2.1.3 MNT
127
ITL Tuberculose maladie
IDR ou test
libération Positive Positive
interféron
Culture des
prélèvements Négative Positive
respiratoires
Contagiosité Non Oui
Symptômes Non Oui
Traitement Préventif si patient à risque Curatif pour tous
Figure 2 : Différentes atteintes de M. tuberculosis, symptômes, résultats des tests
complémentaires et indication du traitement antibiotique
2.3 Clinique
2.3.1 ITL
- présence persistante de bacilles tuberculeux dans l’organisme
- pas de symptômes cliniques ni d’anomalie à l’imagerie
- pas de contagiosité
- positivité des tests immunologiques (intradermo-réaction à la tuberculine = IDR, tests de libération
de l’interféron)
2.3.2 Tuberculose maladie
- Tuberculose pulmonaire (75% des cas) :
o Symptômes respiratoires : toux chronique, expectorations, hémoptysies, douleur thoracique
en cas d’atteinte pleurale,
o Signes généraux : asthénie, amaigrissement, sueurs nocturnes, fièvre
- Tuberculose extra-pulmonaire : symptomatologie fonction de la localisation
128
2.4 Diagnostic
2.4.1 Diagnostic bactériologique classique (hors lèpre)
Diagnostic bactériologique difficile en raison de la croissance lente et des exigences nutritives des
mycobactéries (dans 10 à 30% des cas de tuberculose, les analyses bactériologiques restent
négatives).
a) Prélèvements
- A réaliser avant le début du traitement antibiotique.
- A répéter du fait de l’émission irrégulière des bacilles tuberculeux et de la faible quantité de bacilles
dans certains cas.
- Nature variée des échantillons :
o Sécrétions respiratoires si atteinte pulmonaire : expectoration, tubage gastrique,
prélèvements réalisés sous fibroscopie bronchique
o Autres prélèvements selon la localisation : ponction ganglionnaire ou osseuse, liquide de
séreuse, hémoculture, urines…
Éviter :
o Les expectorations salivaires ou de volume insuffisant (<2 mL),
o Les urines sans leucocyturie ni hématurie,
b) Les prélèvements systématiques sans clinique évocatrice
c) Examen microscopique
- Genre bactérien ne prenant pas la coloration de gram.
- Coloration spécifique mettant en évidence la propriété d’acido-alcoolo-résistance conférée par
l’épaisse paroi des mycobactéries riche en lipide : coloration de Ziehl-Neelsen (coloration
historique) ou à l’auramine fluorescente recherche de bacilles acido-alcoolo-résistants = BAAR
(Figure 3)
Remarques :
o La présence de BAAR ne signifie pas systématiquement tuberculose, il peut s’agir d’une
mycobactériose
o Pas de distinction entre bacilles vivants et bacilles morts
o En cas de tuberculose avec présence de BAAR à l’examen microscopique d’un
prélèvement respiratoire : nécessité de mettre en place des mesures d’isolement
respiratoire pour limiter la transmission de la maladie.
129
Figure 3 : Coloration de Ziehl-Neelsen (BAAR roses, photos à gauche et au centre)
et coloration à l’auramine (BAAR verts fluorescents, photo de droite)
avec présence de BAAR
d) Culture
e) Identification
- Recherche rapide de l’antigène MPT64 sur culture, spécifique des mycobactéries du complexe
tuberculosis
2.4.2 Diagnostic bactériologique par méthodes génotypiques
- Identification des mycobactéries par amplification génique sur prélèvement (si présence de BAAR
à l’examen microscopique et si forte suspicion de tuberculose) et sur culture positive
o Rapidité du résultat
130
o Intérêt diagnostique +++
o Intérêt thérapeutique +++ : permet la recherche de mutations de résistance aux
antituberculeux
Remarques :
o Une amplification génique négative réalisée sur un prélèvement BAAR négatif ne permet pas
d’exclure une tuberculose
o Bonne sensibilité sur les prélèvements respiratoires
o Ne pas faire d’amplification génique sur prélèvements extra-pulmonaires sauf chez sujet
hautement suspect de tuberculose
a) Sérologie
131
4) Traitement de l’ITL
- Indiqué dans certaines situations :
o Sujet immunodéprimé
o ITL récente (contamination dans l’année précédant le diagnostic de l’ITL)
o Enfants < 15 ans
- Repose sur une monothérapie isoniazide pendant 6 à 9 mois ou sur l’association de rifampicine +
isoniazide pendant 3 mois
132
Fiche signalétique de l'espèce : Mycobacterium tuberculosis
Réservoir
Transmission de la maladie essentiellement par voie aérienne au contact d’un malade.
Mycobactéries du complexe tuberculosis
Facteurs de risque
Immunodéprimés (dont VIH), tabagisme, migrants de zone d’endémie, diabète, etc.
Diagnostic bactériologique
Microscopie après coloration spécifique (sécrétions pulmonaires, tubages) : B.A.A.R.
Culture sur milieux spécifiques
PCR sur prélèvements BAAR+ ou si forte suspicion clinique
Antibiogramme phénotypique et génotypique
Pas de sérologie
133
Prévention/traitement
Traitement tuberculose pulmonaire : isoniazide+rifampicine pendant 6 mois supplémenté par
éthambutol et pyrazinamide pendant les 2 premiers mois (quadrithérapie 2 mois puis bithérapie)
Prévention :
-Vaccination des enfants à risque
-Isolement respiratoire des cas contagieux
-Dépistage autour des cas de tuberculose (maladie à déclaration obligatoire) et traitement
curatif des cas secondaires ou préventif des cas d’infections tubercules latentes.
134
Chapitre 16 :
DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE DES
INFECTIONS URINAIRES DE L’ADULTE
- Consensus et recommandation : SPILF 2015 – Diagnostic et antibiothérapie des infections
urinaires bactériennes communautaires de l’adulte/au cours de la grossesse
- Actualisation 2017 des recommandations de 2014
- Recommandations 2015 de bonne pratique pour la prise en charge des Infections Urinaires
Associées aux Soins de l’adulte
L’examen cytobactériologique des urines (ECBU) est l’un des examens les plus prescrits en
bactériologie pour le diagnostic d’infection urinaire. En théorie, d’interprétation facile (urine
normalement stérile), cet examen peut conduire à des résultats peu fiables (prélèvement souvent
incorrect) et donc inciter à instaurer une antibiothérapie non justifiée.
1. DEFINITIONS
1.1 Infection urinaire simple
Une infection urinaire (IU) simple : IU sans risque de complication. Elle concerne la femme jeune
sans facteur de risque (le diabète, même insulino-dépendant, n’est plus considéré comme un facteur
de risque de complication).
135
prostate est potentiellement infectée. Ceci implique de prendre en compte ce facteur pour le choix
de l’antibiothérapie pour éviter un passage à la chronicité.
Les infections survenant plus de 48 heures après une chirurgie au contact de l’urine,
Les infections survenant en présence d’un dispositif endo-urinaire ou moins de 7 jours après
l’ablation de celui-ci. En l’absence de dispositif endo-urinaire, la symptomatologie est celle
des IU communautaires décrites précédemment.
136
2.2 Physiopathologie
Le plus souvent, la porte d’entrée est urétrale et l’infection urinaire est ascendante (Figure 1).
Des infections rénales à Staphylococcus aureus peuvent survenir par voie hématogène (ex : patients
atteints d’endocardite). Les infections hématogènes à bacilles Gram négatif sont exceptionnelles.
2.3 IU communautaires
1 / Contamination de la région péri-urétrale et par contiguïté de l'urètre par les bactéries
uropathogènes commensales de l'intestin ;
2/ Migration des bactéries vers la vessie : expression de pili et d'adhésines qui conduit à la
colonisation et à l'invasion des cellules en parapluie (umbrella cells) de l’urothélium ;
3/ Réponse inflammatoire de l'hôte, dont l'infiltration des polynucléaires neutrophiles (PNN), qui
commence à éliminer les bactéries extracellulaires.
Certaines bactéries échappent au système immunitaire, soit par invasion des cellules hôtes, soit par
des modifications morphologiques qui entraînent une résistance aux PNN. Elles peuvent ainsi se
multiplier dans la vessie et former du biofilm.
Ces bactéries produisent des toxines et des protéases qui induisent des lésions aux cellules hôtes
libérant des nutriments essentiels qui favorisent la survie bactérienne et leur migration ascendante
vers les reins. La colonisation du rein entraîne une production de toxine bactérienne et des lésions
tissulaires de l'hôte. Si elles ne sont pas traitées, les IU peuvent évoluer vers la bactériémie si le
pathogène traverse la barrière épithéliale tubulaire du rein.
Recueil de l’urine
- 4h après la miction précédente
- 2ème jet ou milieu de jet (le sujet urine en 2 temps)
- Collecteur (poche) ou sondage « aller et retour » (fille) chez l’enfant
- Au niveau de l’opercule de la sonde si patient sondé
- Ponction vésicale sus-pubienne
Chez la femme
- VPN > 95% (en dehors d’un contexte de neutropénie/immunodépression)
- BU positive = IU (valable seulement pour la cystite)
- BU négative = chercher un autre diagnostic
Chez l’homme
- Une BU + avec leucocytes et/ou nitrites VPP > 85%
- BU positive = ECBU pour confirmer l’IU
- BU négative n’élimine pas le diagnostic
138
2.5.3 L’ECBU se compose de trois principaux résultats
L’examen microscopique
o Examen cytologique
Leucocyturie (GB/ml)
Hématurie (GR/ml)
Cellules épithéliales (cellule/ml) signe de mauvais prélèvement
Présence de bactéries
o Examen après coloration de Gram
Morphologie (cocci ou bacilles) et coloration de Gram (positif ou négatif)
La culture quantitative
- Nombre d’Unités Formant Colonie par ml (UFC/ml)
Identification bactérienne et antibiogramme si les seuils significatifs sont atteints
2) Culture bactérienne
Culture quantitative = de la bactériurie (UFC/ml). La limite de quantification est de 102 UFC/ml. Il
faut noter que les bactériuries sans leucocyturie peuvent résulter de :
Contamination
Colonisation urinaire
IU débutante
IU chez patient neutropénique
139
3) Seuils de significativité des cultures
4) Interprétation de l'ECBU
140
Points clefs à retenir sur infection urinaire/ECBU
Cystite simple
Bandelette urinaire à J0
Pas d’ECBU à J0 lors d’un 1er épisode, pas de contrôle sauf si évolution défavorable.
ECBU
Conditions de réalisation ++
Paramètres importants : leucocyturie, bactériurie
Interprétation fonction du germe et du sexe
141
Chapitre 17 :
INFECTIONS RESPIRATOIRES
COMMUNAUTAIRES DE L’ADULTE
Différentes entités existent : les bronchites et bronchiolites aiguës, d’étiologie
essentiellement virale ; les pneumonies aiguës communautaires ; les exacerbations aiguës de
pathologie respiratoire chronique, et notamment de BPCO (bronchopneumopathie chronique
obstructive) ou de mucoviscidose ; les pneumonies nosocomiales. Nous nous concentrerons
sur les pneumonies aiguës communautaires et les exacerbations de BPCO.
S’il y a des signes de gravité, ou s’il y a au moins deux facteurs de risque de mortalité
(notamment l’âge supérieur à 65 ans) ou bien encore en cas de condition particulière (par
exemple isolement social, etc.) l’hospitalisation est recommandée.
Aucun signe clinique, radiologique ou biologique n’a de valeur discriminante suffisante pour
identifier la bactérie en cause. Mais il existe des éléments d’orientation.
1. BACTERIES RESPONSABLES
Malgré des recherches microbiologiques poussées, actuellement plus de 30% des pneumonies
restent sans étiologie documentée.
Le pneumocoque est l’agent le plus fréquemment identifié (30 à 50% des cas) (Voir fiche
pneumocoque). Les éléments en faveur sont : début brutal, fièvre élevée dès le premier jour,
point douloureux thoracique, opacité alvéolaire systématisée, hyperleucocytose à
polynucléaires neutrophiles.
142
En cas de PAC post-grippale, en plus du pneumocoque, d’autres bactéries peuvent être
responsables (mais pas les atypiques) : Staphylococcus aureus, Streptocoque A, Haemophilus
influenzae (voir fiches correspondantes).
De même chez les patients âgés ou avec comorbidités d’autres pathogènes peuvent être
impliqués, notamment les bacilles à Gram négatif de type entérobactérie.
1.3 Expectoration
Ce prélèvement est source d’erreur car les secrétions pulmonaires sont forcément
contaminées par la flore oropharyngée salivaire. Il ne doit pas être réalisé si la PAC est traitée
en ambulatoire.
Il est largement utilisé également dans les pneumopathies nosocomiales, notamment chez
les malades de réanimation, en particulier pour les pneumopathies acquises sous ventilation
mécanique (PAVM).
143
Après blocage du bronchoscope dans une bronche de troisième ou quatrième génération, des
échantillons de 50 ml de sérum physiologique sont injectés 4 à 6 fois : 20 à 60% de la quantité
injectée est recueillie. Le premier aliquote de recueil, représentant la fraction bronchique
(contaminée par la flore) est éliminé.
144
3. BACTERIES RESPONSABLES (VOIR FICHES SPECIFIQUES)
Pneumocoque
Mycoplasma pneumoniae
Staphylococcus aureus
Moraxella catarrhalis
Haemophilus influenzae
Legionella pneumophila :
Chlamydia pneumoniae (et psittaci)
Bacilles Gram négatif de type entérobactérie
4. TRAITEMENT
Le traitement est probabiliste, il doit être mis en route rapidement (gravité potentielle), dans
les 4 heures qui suivent le diagnostic. Son efficacité doit impérativement être réévaluée après
48 à 72 heures. La voie orale doit être privilégiée quand elle est possible.
Le traitement des pneumonies à germes atypiques repose sur un macrolide. Les alternatives
sont une fluoroquinolone ou la pristinamycine.
En cas de BPCO avec dyspnée d’effort (en dehors de toute exacerbation), il faut traiter si
l’expectoration est franchement purulente verdâtre. Le traitement repose sur l’amoxicilline,
ou une céphalosporine orale, ou un macrolide, ou la pristinamycine.
En cas de BPCO avec dyspnée au moindre effort ou dyspnée de repos, l’antibiothérapie sera
systématique : amoxicilline – acide clavulanique ou céphalosporine de troisième génération
injectable ou lévofloxacine (fluoroquinolone anti-pneumococcique). L’échec d’un traitement
bien conduit impose de rechercher l’existence d’une pneumopathie aigue, ainsi que
145
l’implication de Pseudomonas aeruginosa dans les BPCO évoluées (qui nécessite un traitement
spécifique).
146
Chapitre 18 :
MENINGITES COMMUNAUTAIRES
1. INTRODUCTION
Méningite : envahissement des méninges et du liquide céphalorachidien par un
microorganisme.
Lorsque l’infection est limitée aux méninges, on parle de méningite (syndrome méningé +
fièvre). Dans certains cas l’infection touche également l’encéphale, et s’accompagne d’autres
signes, troubles des fonctions supérieures et / ou signes de localisation neurologique et l’on
parle alors de méningo-encéphalite.
Méningites d’étiologie virale : les plus fréquentes et les moins sévères.
Méningites bactérienne : urgence vitale ; mise en jeu du pronostic vital ; séquelles
neurologiques ; nécessité de mise en route d’un traitement antibiotique empirique rapide.
- L’hémoculture
147
- Plus rarement : Haemophilus influenzae (enfant non vacciné), Listeria monocytogenes
(sujet âgé, immunodéprimé).
148
Source : SPILF actualisation 2017 de la prise en charge des méningites bactériennes
D’après S. Bonacorsi
149
Signes Cliniques
Syndrome méningé
Raideur méningée
Fièvre, Céphalées
Vomissements
Photophobie
150
2.3. Interprétation
LCR normal Méningite à LCR Méningite à LCR clair
purulent
Aspect Eau de roche Trouble Clair
Eléments (leucocytes) < 5/mm3 > 20 et en général En général 5-100
et formule >1000/mm3 (parfois 100-
Nouveau-né 0-30 1000/mm3)
PNN>50% Lymphocytes >50%
Protéinorachie <0.40g/l Le plus souvent > 1g/l 1-2g si bactérien
(adulte) (<1g/l : si viral)
Glycorachie >2/3 x glycémie ≤ 0.4 x glycémie < 0.4 x glycémie
(spécificité 98% pour (listéria ou BK)
étiologie bactérienne Normal (>2/3 x
et sensibilité 80%) glycémie) si viral
Attention, aucun critère biologique du LCR (cellules, protides, glucose) ne permet d’exclure
une méningite bactérienne à lui seul.
Il n’y a aucun score prédictif de méningite bactérienne/virale utilisable pour un malade
donné.
POSITIF NEGATIF
DXM : dexaméthasone ;
En cas de forte suspicion de Listériose, la DXM ne doit pas être ajoutée
C3G : (céfotaxime ou ceftriaxone)
151
Item de connaissances 151 : Méningites et méningo-encéphalites
Définitions : Méningites et méningo-encéphalites infectieuses chez l'adulte et en
pédiatrie, abcès cérébral
Savoir suspecter cliniquement un syndrome méningé fébrile et connaitre les
particularités sémiologiques en fonction du terrain (enfant, personne âgé)
Connaitre les principales étiologies et l'épidémiologie bactériennes et virales des
méningites en fonction de l'analyse cytochimique du liquide cérébro-spinal (LCS) et
de l'âge du patient
Connaître les principales étiologies et l'épidémiologie infectieuses des méningo-
encéphalites
Méningites et méningo-encéphalites infectieuses chez le nouveau-né et le nourrisson
Indication d'une ponction lombaire
Indication et objectifs des examens d'imagerie devant une suspicion de méningite,
d'une encéphalite ou d'un abcès
Connaitre les signes cliniques de gravité d'une méningite
Savoir identifier un purpura fulminans
Connaitre la prise en charge thérapeutique d'un purpura fulminans
Connaître la prise en charge immédiate en cas de suspicion de méningite
Connaitre les indications et les modalités de l'antibiothérapie probabiliste devant une
méningite présumée bactérienne
Connaitre les mesures générales à prendre pour la personne atteinte et son entourage
en cas d'infection invasive à méningocoque
152
FICHES SIGNALETIQUES DES PRINCIPALES BACTERIES
RESPONSABLE DES MENINGITES
153
Méningite à pneumocoque : Streptococcus pneumoniae
Diplocoque à Gram positif, encapsulé.
Première cause de méningite bactérienne (cumul des cas tous âges confondus) et
associée au pronostic le plus grave.
Recrudescence hivernale.
Terrain particulier :
o Sujet âgé ;
o Pathologie chronique sous-jacente : diabète, éthylisme chronique, myélome ;
o Immunodépression ; Splénectomie.
Peut résulter de :
o Brèche ostéoméningée post-traumatique (parfois ancienne) ;
o Foyer infectieux de voisinage : pneumopathie, foyer ORL (sinusite, otite
suppurée, mastoïdite).
Une rhinorrhée ou des signes d’infection des voies aériennes peuvent accompagner le
tableau clinique.
LCR : le plus souvent méningite purulente ; hyperprotéinorachie, hypoglycorachie
La vaccination antipneumococcique des jeunes enfants avant 1 an a fait diminuer la
prévalence des méningites.
Traitement : C3G
155
Chapitre 19 :
LES INFECTIONS DE LA PEAU ET DES
PARTIES MOLLES
1. INTRODUCTION
Il existe de nombreuses formes cliniques des infections cutanées qui sont classées en fonction
du type et de la profondeur du tissu infecté ou sur la structure cutanée atteinte.
-Infections suppuratives : atteinte liée à la multiplication des bactéries (primaire sur peau
saine ou secondaire sur peau lésée (surinfection)
-Mécanisme toxinique : atteinte liée à la production d’une toxine agissant au niveau de la
peau.
Les infections cutanées superficielles sont très fréquentes, les infections sévères sont
rares.
Les dermo-hypodermites bactériennes (DHB) sont des infections profondes des tissus
cutanés (autrefois nommées cellulites, terme qui doit être abandonné car regroupe des
entités variables). Les infections cutanées profondes sont souvent poly-microbiennes
(flore aérobie + flore anaérobie).
Certaines infections cutanées sont consécutives à une morsure : on y retrouve des
pathogènes de la flore commensale buccale de l’animal en cause (ex : morsure, griffure
de chat ou chien : Pasteurella multocida ; morsure humaine : Eikenella corrodens).
Toute lésion cutanée (traumatique, plaie, post opératoire, brulure, escarre.) ou
dermatose (ex : eczéma ..) peut être le siège d’une surinfection (S. aureus, S. pyogenes
les plus fréquents mais aussi entérobactéries, P. aeruginosa, anaérobies stricts).
S. aureus est principalement à l’origine d’infections suppuratives mais certaines souches
produisent des toxines responsables de tableaux graves (voir Chap S. aureus):
TSST1 (toxine du choc toxinique staphylococcique : exanthème généralisé puis
desquamation) ;
Exfoliatine : impétigo bulleux et syndrome d’exfoliation généralisée (décollement de la
couche cornée) ;
LPV : dans certains cas, les furonculoses sont dues à des souches de S. aureus
productrices de Leucocidine de Panton & Valentine (LPV ; furonculoses récidivantes et/ou
familiales, abcès et plus rarement pneumonies nécrosantes et ostéites).
S. pyogenes est essentiellement à l’origine d’infections suppuratives ; elle possède de
nombreux facteurs de virulence (voir Chap. S. pyogenes) et parfois des toxines pyrogènes
superantigéniques.
156
2. CLASSIFICATION, GERMES EN CAUSE et FREQUENCE
157
3. DIAGNOSTIC BACTERIOLOGIQUE
Attention, le choix du prélèvement est primordial car les zones superficielles sont
contaminées par la flore commensale cutanée : préférer des échantillons recueillis à la
seringue, pièces opératoires, biopsies aux écouvillons.
Quelques exemples :
- Panaris : drainage souvent réalisé pour éviter les disséminations ; prélèvement utile
uniquement en cas de suspicion de bactérie multi-résistante (ex : SARM, S. aureus
résistant aux -lactamines).
- Furoncles : prélèvement si suspicion de souche toxinogène de S. aureus (recherche de
la LPV).
- Infections après morsure : prélèvement à la seringue (ou écouvillon) pour isolement
de la bactérie responsable (ex : Pasteurella multocida).
- DHB ou faciites nécrosantes : urgence médico-chirurgicale si signes de gravité locaux
(lésions nécrotiques, cyanose, crépitation …) et généraux (altération de l’état général,
sepsis). Le diagnostic repose sur les hémocultures (positives dans 10-20% des cas) et
des prélèvements pré ou per-opératoires. Privilégier les prélèvements profonds ;
importance de l’examen direct (ex si Bacille Gram positif évocateur de Clostridium, ou
cocci Gram + en chainettes).
158