| ◄ Bestiaire étrange | Musique et grenouilles ► | 
                        
                        L’Halloween c’est bien rigolo, ça oui !
                    
        
                    le samedi 8 novembre 2014 à 16h38


Cette année, pour Halloween, l’association des parents d’élèves m’a demandé de lire un conte aux enfants durant leur parcours aux bonbons.
Avec Reno on s’est pas mal défoncés pour que tout s’y prête : ambiance, déco, son, effets spéciaux, costumes…
En cherchant sur le net un conte horrifique qui le fasse bien, comme sans doute un paquets d’autres gens, je me suis rendue compte que y avait que du caca pourri ; histoires mal écrites, trop longues ou pas adaptées, voire carrément brèves façon article de fait-divers, rien ne convenait.
Alors j’ai écrit un truc, sur la base d’une histoire de ma mère. J’ai testé, ça a plutôt bien fonctionné auprès des mômes, du coup je me suis dit que ce serait pas mal de la mettre en ligne, histoire que d’autres parents puissent en profiter éventuellement (attention hein, à lire avec les formes, on n’est pas des bêtes) :
La petite fille au bonnet blanc
C’était un village majestueux, aux remparts millénaires, aux ruelles tortueuses et au
panorama irréel.
Puycelsi, petit bijou sur sa colline, dominant la vallée et les forêts environnantes,
n’était pas qu’un ravissement pour ses visiteurs et ses habitants. Car on
disait le lieu hanté. 
Une légende prétendait que, certaines nuits, lorsque la lune était pleine et laiteuse, on
pouvait apercevoir, marchant le long des remparts, une petite fille au
bonnet blanc, ces bonnets de grand-mère que l’on peut voir sur les gravures
anciennes. Une petite silhouette blanche, noyée dans le brouillard qui
s’abattait souvent sur la petite cité, la nuit venue…
C’est ici même, sur la place du Fus, qu’un beau matin débarqua la famille Delamarre. Le
père, Georges, la mère, Denise, et la petite Madeleine, une enfant chétive au
grands yeux bleus, avaient décidé de quitter la grand ville pour s’installer
dans cette maison ancienne, au cœur de ce village charmant parsemé de ses roses
trémières. 
En nettoyant la cave, Georges Delamarre avait déniché un coffre tout poussiéreux contenant
une antique dinette en porcelaine finement ciselée, ainsi qu’une poupée au
charme désuet. Madeleine tomba immédiatement amoureuse de la petite figurine au
sourire délicat, à la peau subtilement rosée, aux yeux ourlés de cils qui se
fermaient quand on la couchait. Jusqu’au soir, Madeleine va bercer ce poupon d’un autre âge dans l’odeur des roses et
les bourdonnements d’abeilles. 
Le crépuscule descend, posant un voile bleu sur le paysage. La fillette n’en a
cure. Perdue dans son rêve, elle se raconte mille histoires merveilleuses, tout
en cajolant son amie de cire. Puis vient la nuit, scintillante d’étoiles. Bien
que soit largement dépassée l’heure du coucher, Madeleine est toujours là. Ses
parents, occupés par l’emménagement, l’ont un peu oubliée, et il fait si doux,
dehors… 
Petit à petit, la place commence à se couvrir d’un tapis vaporeux. Mais la petite
fille ne remarque rien, toute à son jeu.
Soudain, dans la ruelle déserte, elle voit passer quelqu’un. Une silhouette blanche,
longeant le muret, qui semble flotter plus qu’elle ne marche. Intriguée, elle
se lève, s’approche. « Chouette, une copine ! » se dit
Madeleine. Elle hèle l’inconnue qui, pour autant qu’elle puisse en juger à la
clarté blème de la lune, a presque son âge.
Mais l’inconnue ne lui répond pas et continue son chemin.
« Elle ne m’a pas entendue » se dit Madeleine, l’appelant de nouveau. Seul un
sanglot discret lui parvient, porté par la brise. Madeleine, touchée par cette
tristesse inattendue, décide de suivre la petite silhouette. Peut-être est elle
perdue, peut-être cherche t’elle ses parents ? Elle appelle à
nouveau : « Hé ! Attends ! Je vais t’aider si tu veux, ne
pleure pas ! ».
Soudain, la silhouette fait volte-face, et s’approche en un clignement d’œil de la petite
Madeleine. Traversée d’un sentiment de panique, elle réalise alors l’étrangeté
de la situation. La petite fille, blanche de la tête aux pieds, ne repose pas
sur le sol, elle s’est déplacée sans bruits, et se trouve maintenant face à
elle. L’expression torturée, l’apparition hulule :
« RENDS-MOI
MA POUPÉE ! »
Terrifiée, Madeleine prend ses jambes à son cou, elle ne court pas, elle vole
littéralement, aveuglée par des larmes de peur. Elle fuit, fuit, et finit par
s’arrêter, figée, au cœur de la ruelle la plus sombre du village. Serrant le
poupon contre elle, plongée dans l’obscurité la plus totale, elle n’entend plus
que les battements de son cœur. Poum-poum. Poum-poum.
Tout s’est passé si vite, que Madeleine à présent n’est plus si sûre de la réalité des
choses. Elle se rend toutefois compte qu’elle est complètement perdue… 
« RENDS-MOI
MA POUPÉE ! »
Le cri lui a littéralement fait exploser le cœur. Le fantôme est là, devant elle, ses yeux
sans pupilles plongés dans ceux, larmoyants, de Madeleine. Cette dernière se
redresse d’un bond avant de filer à toutes jambes pour échapper à cette vision
de cauchemar…
Sa course folle la conduit au cimetière, en bas du village. La pauvre petite, essouflée, terrorisée,
se recroqueville derrière un tombeau. Le brouillard est si dense qu’elle ne
voit plus ses propres pieds, et un froid surnaturel se saisit d’elle.
Tremblante, elle sent la présence furtive du spectre qui erre entre les tombes
en geignant
« rends-moi ma poupée… rends-moi ma poupée… »
C’est là que Madeleine comprend. À ses pieds, pour autant de ce qu’elle aperçoit dans le
brouillard cotonneux, se trouve une pauvre tombe que personne ne fleurit plus
depuis bien longtemps. « Laurette Argenteau, morte à 9 ans le 31 octobre
1923 », lit-elle. Un médaillon attire l’attention de la jeune fille :
une photo pâlie, représentant un visage souriant. Celui du fantôme… 
Alors, Madeleine dépose la poupée auprès du portrait. L’apparition, soudain, semble
sereine, et, lentement, se dirige vers sa pierre tombale avant de disparaître
dans le sol, emportant avec elle son brouillard fantômatique…
famille Récit
                    
                    
                    
                    
wahou ! on s’y croirait !
Tonnerre de Puycelsi! Mais il y a combien de Gudules dans ce village?
Ayé je me souviens pourquoi j’hésitais entre écrivain et dessinatrice, quand j’étais petite et qu’on me demandait le métier que je voudrais faire plus tard.. C’est quand même hyper agréable d’écrire aussi ; et c’est VACHEMENT moins de boulot que dessiner !
Super sympa ta nouvelle mais j’ai un peu chialé à la fin quand même :/ comment l’ont accueillie les enfants? En tout cas c’est génial ce que vous avez fait pour eux, ça va leur faire de beaux souvenirs d’enfance
reno, on dirait une bêbete à Libon, son masque :p
oh j’adore, c’est bien écrit et prenant comme conte d’halloween!